L'Espagne en détresse, l'Espagne exsangue, l'Espagne qui souffre, qui se désespère car, malgré les promesses, malgré les sacrifices exigés, malgré les plans sociaux, malgré la rigueur, la crise persiste et les espagnols n'en voient pas l'issue...
Ce samedi 22 mars, une foule immense, venue de toute l'Espagne a manifesté dans les rues de Madrid : le désespoir est à son comble, après toutes les affaires de corruption qui ont éclaboussé le gouvernement en place de Mariano Rajoy.
Ce pays connaît un taux de chômage supérieur à 25 % : un quart de la population se retrouve sans travail, dans un état extrême de désarroi, sans espoir, sans perspectives d'avenir. De nombreux jeunes sont, ainsi, contraints de fuir leur pays pour survivre.
Une société en panne qui ne fournit plus de travail, qui pratique des coupes sombres dans les budgets, qui persiste dans une politique d'austérité, de rigueur, qui sacrifie les plus pauvres, voilà ce qu'est devenue l'Espagne.
Une société qui désespère les plus démunis, qui les exclut, les rejette, leur enlève leur dignité, voilà ce qu'est devenu ce pays....
Alors que la corruption règne au sein même du gouvernement conservateur, alors que la famille royale est elle-même impliquée dans des scandales et des détournements d'argent, comment les espagnols pourraient-ils accepter qu'on leur demande toujours plus de sacrifices ?
Les injustices flagrantes, auxquelles ils sont soumis, ne peuvent que les révolter...
Oui, la révolte gronde, oui, la situation vécue par le peuple espagnol est intolérable.
Un gouvernement ne peut, sans cesse, exiger d'un peuple tant de sacrifices, les espagnols ne peuvent accepter tant d'injustices, tant de malheurs, tant de souffrances.
Des incidents ont émaillé la manifestation dans la soirée de samedi, la police a chargé plusieurs dizaines de jeunes qui jetaient des projectiles sur les forces de l'ordre.
Beaucoup de manifestants ont décidé de rester à Madrid et de camper sur place. Des assemblées générales sont prévues pour lundi et les jours suivants.
La mobilisation des espagnols est historique : la révolte est en marche et elle est légitime.
L'Europe et ses dirigeants ne peuvent demander plus au peuple espagnol, on n'a pas le droit de désespérer les peuples alors que les écarts entre les plus riches et les plus pauvres se creusent sans arrêt, alors que certains gouvernements se vautrent dans la corruption et les scandales.
Un gouvernement ne peut avoir le droit de pratiquer une politique qui vise à anéantir les peuples, à leur enlever tout espoir dans l'avenir.