Je viens d'entamer la correction d'un paquet de copies de seconde et je découvre que de plus en plus d'élèves sont confrontés à des difficultés d'expression : pauvreté du vocabulaire, indigence des idées, incorrections, barbarismes, répétitions, fautes d'orthographe...
Comment s'attaquer à tous ces problèmes, comment résoudre tant de lacunes ?
J'avoue que la tâche risque d'être insurmontable : un petit nombre maîtrise bien les codes de l'écrit, mais beaucoup écrivent comme ils parlent dans un style familier, avec des phrases incomplètes, mal construites.
La classe est chargée : 36 élèves et l'on dispose seulement d'une heure où la classe est dédoublée...
Certains de ces élèves ont, de toute évidence, des difficultés de concentration : la prise de notes est parfois très insuffisante, certains redoublent la classe de seconde et je les sens déjà perdus.... Une réorientation devrait être envisagée, d'autant que ces élèves ne lisent pas et n'en perçoivent pas l'intérêt.
Je vais batailler avec certains adolescents pour leur inculquer l'envie de se mettre au travail, de progresser.
Heureusement, la classe est vivante et beaucoup manifestent l'envie de participer, mais les réponses fusent parfois dans le désordre, à la volée et la réflexion n'est pas toujours au rendez-vous : au fond, l'oral fonctionne mieux que l'écrit parce qu'il est immédiat, spontané, alors que l'écrit réclame plus de temps, plus de concentration et de réflexion.
Ces adolescents vivent dans l'immédiateté, l'instantanéité.... La classe est très hétérogène, quelques-uns maîtrisent l'art de la réflexion et de l'analyse mais beaucoup n'arrivent pas à développer leurs idées.
Et même à l'oral, certains ont des difficultés à s'exprimer sous forme de phrases : certains pratiquent le style SMS à l'oral : on lance un mot au hasard sans se préoccuper de la pertinence de la réponse.
La volonté de certains est évidente mais d'autres décrochent déjà, disent leurs difficultés, leurs manques : j'insiste sur la nécessité de lire, mais les adolescents lisent de moins en moins.
Quand je donne un travail à la maison, certains se précipitent sur internet pour faire un copié collé sans se livrer à une réflexion personnelle : j'espère qu'ils en retirent un petit profit mais ce n'est pas sûr.
L'exemple est essentiel : il faut leur donner le goût de bien s'exprimer en leur montrant la richesse infinie du vocabulaire qu'ils ne maîtrisent pas, mais pour la syntaxe, la tâche est bien plus complexe.
Souvent, ces adolescents ignorent le sens de certains mots qu'ils lisent mais ils n'ont même pas la curiosité de chercher ces mots sur un dictionnaire : les verbes "vociférer, balbutier" leur échappent mais peu importe, il faut aller vite dans la lecture, zapper pour passer à une autre activité...
Le plus grave : on perçoit chez un certain nombre d'élèves un manque évident de motivation : ils font acte de présence mais ne font pas les efforts nécessaires pour progresser. Face à de tels refus, les enseignants se retrouvent bien démunis.