Notre monde souffre, il va mal : c'est un monde de divisions permanentes, de fractures, les gens vivent, en fait, sur des planètes différentes : certains ont droit au bien-être, au confort, au bonheur matériel, d'autres rêvent d'y accéder et n'ont qu'une envie : quitter leur pays pour rejoindre un Eldorado...
Car, malgré la crise qu'ils subissent de plein fouet, de nombreux pays d'Europe restent un Eldorado pour beaucoup de gens... A une époque où la mondialisation permet de voir s'étaler les richesses de certains pays, il n'est pas étonnant de constater tous les flux migratoires qui assaillent l'Europe : des gens en perdent même la vie sur le chemin de leur rêve évanoui...
L'affaire Leonarda n'est que le résultat de toutes ces fractures : cette jeune rom née d'un père kosovard, qui avait entamé une scolarité, il y a quatre ans dans un collège de Pontarlier, dans le Doubs, avait espéré rejoindre cet Eldorado avec sa famille réfugiée en France : on peut rappeler que le Kosovo est le pays le plus pauvre d'Europe : qui ne rêverait de changer son destin, de connaître un avenir meilleur dans un pays de cocagne lui offrant des avantages, une forme de bonheur ?
Avoir le malheur de naître ou de vivre dans un pays déshérité apparaît comme une sorte de malédiction : dès lors, certains espèrent sortir de cette malédiction, échapper à une forme d'injustice qui leur semble tout à fait intolérable...
On est face à un problème insoluble : la misère de certains est effrayante, inadmissible au regard de la fortune, du luxe éhonté dont bénéficient certains privilégiés mais elle est même inacceptable face au petit confort dont nous profitons tous...
Certains n'ont rien, certains n'ont pas accès à l'eau potable, à une nourriture quotidienne, certains vivent dans la misère la plus noire, dans des taudis insalubres : sont-ils voués définitivement à la misère ? Quelle faute ont-ils commise ? De quoi sont-ils responsables ? De quoi sont-ils coupables ?
Tout simplement d'être nés dans un pays pauvre, dans un pays qui connaît la guerre, qui n'a pas d'avenir, un pays où les plus pauvres n'ont aucun espoir, aucune perspective, rien...
L'affaire Leonarda n'est qu'un révélateur de cette situation, un de plus, après le naufrage de migrants à Lampédusa et près de l'île de Malte.
Notre monde se retrouve face à des contradictions intenables : gaspillage, frénésie d'achats, obésité pour certains, malheur absolu, privations, misère pour d'autres....
Jamais sans doute, les déséquilibres n'ont été aussi grands, jamais sans doute les gens n'ont été autant informés de ce qui se passe ailleurs, du "bonheur" des autres, de leur confort...
Jamais le monde n'a connu de telles fractures si visibles, si évidentes : et personne n'a trouvé le moyen de les résoudre.
L'idée de partage semblerait, pourtant évidente : partager le travail, partager les richesses, le bien-être.... Certains sont accablés de travail , d'autres sont au chômage... Certains ont tout, d'autres n'ont rien...
Au lieu de progresser vers ces idéaux, le monde ne fait qu'accentuer les divisions, les inégalités, les injustices...
Tous les jours, des réfugiés tentent de venir en France, en Europe, attirés par un rêve de bonheur et même s'ils éprouvent des difficultés dans leur pays d'exil, ils s'estiment plus heureux que dans leur propre pays...
Quelle est la solution ? Face à des inégalités criantes, le monde politique n'a trouvé aucun moyen pour apaiser les souffrances de certains : ces souffrances ont tendance à s'aggraver, en Europe même, où la crise réduit certains à néant, les prive de travail, les accable de misères.