La lecture n'est plus à la mode : beaucoup de nos contemporains ne lisent plus.
Notre monde est celui de l'immédiateté, des informations qui défilent, de la vitesse. Alors, forcément, la lecture qui implique attention, repli sur soi, lenteur n'est plus dans l'air du temps.
Et pourtant, c'est la lecture qui nous apporte réflexion, découvertes, culture. Il est donc essentiel de lire, et utile aussi de relire.
Pourquoi relire ? Parce qu'on n'épuise pas un chef d'oeuvre par une seule lecture. La relecture permet de découvrir d'autres aspects d'une oeuvre que l'on n'avait pas d'abord bien repérés.
Il faut imaginer tout le travail de l'écrivain : il passe beaucoup de temps lui-même à se relire, à raturer, à recommencer pour obtenir le résultat qu'il souhaite. Il suffit d'examiner les manuscrits d'un auteur pour s'en convaincre.
Relire, c'est accéder à une meilleure compréhension des intentions de l'auteur, c'est savourer un style, des mots.
Relire, c'est s'attarder sur un description, un portrait... On perçoit mieux alors la construction, l'humour, la sensibilité de l'écrivain.
La poésie se prête plus particulièrement à des relectures mais aussi les romans, les essais.
En relisant un poème, on peut percevoir des harmonies nouvelles, des effets de sonorités, des figures de style.
" Le soleil s'est couché ce soir dans les nuées..."
En relisant ce vers de Victor Hugo, on apprécie les sonorités de sifflantes emplies de douceur qui ponctuent ce vers. On est sensible à une musicalité propre à la poésie.
Le rythme régulier restitue toute la beauté et le calme du moment évoqué dans ce vers : un coucher de soleil.
D'autres sonorités viennent souligner cette évocation : une chuintante "ch", les sons "ou" et "an" qui ralentissent le rythme.
La poésie est musique, elle se savoure avec attention et concentration.
Elle offre l'occasion de s'attarder sur certains vers :
"Les sons et les parfums tournent dans l'air du soir ;
Valse mélancolique et langoureux vertige !"
Baudelaire évoque, ici, une sorte de vertige des sensations, lié au crépuscule.
Par une inversion dans l'ordre des mots, Baudelaire nous fait bien ressentir ce doux vertige d'une valse...
"Voici des fruits, des fleurs, des feuilles et des branches
Et puis voici mon coeur qui ne bat que pour vous. "
Comment résister à cette déclaration ? La douceur des sonorités de fricatives "f", de sifflantes"c", de la chuintante "ch" nous séduit et nous invite à la rêverie...