Entre retraite-chapeau et travailleurs détachés, le journal télévisé de 20 heures, sur France 2, ce mercredi 27 Novembre, égrène ses infos. A tout seigneur, tout honneur : le journal s'ouvre sur la retraite-chapeau d'un grand patron, Philippe Varin : le directeur de PSA qui a occupé son poste, durant seulement 4 ans, qui a imposé des sacrifices aux travailleurs du groupe, qui a licencié des salariés, à qui on propose, en récompense, des sommes faramineuses en guise de retraite...
Gloire à ce patron ! Il a, tout de même, renoncé à sa retraite-chapeau, devant le tollé provoqué par les sommes indécentes qui lui étaient réservées, en période de crise...
Gloire à lui ! Tout le monde salue son geste !
Mais l'indécence est que de telles pratiques existent encore et qu'elles perdurent... L'indécence est que, face à ce patron aux salaires exorbitants, on parle, plus tard, dans le journal de la situation des travailleurs détachés venus de Roumanie, de Pologne, du Portugal et même d'Allemagne pour exercer leur métier en France... des menuisiers, des maçons sont recrutés à l'étranger...
Des travailleurs exploités, parfois, par ces mêmes patrons aux salaires indécents, des travailleurs qui, parfois, ne sont pas déclarés, qui sont sous-payés : certains, loin de toucher le smic, se contentent d'un maigre salaire de misère qui, pour eux, représente, tout de même, une aubaine...
Des travailleurs qui, loin de leur pays, de leur famille, essaient de survivre...
Dans quel monde insensé vivons-nous ? Quelle est cette injustice, cette incohérence permanente ?
Dans quel engrenage infernal sommes nous lancés ? Comment ne pas être heurté par ce choc des informations ?
D'un côté, un patron omnipotent, qui décide du sort de centaines de travailleurs, qui les prive de leur emploi, qui licencie, qui reçoit des sommes, des salaires mirobolants, de l'autre, des pauvres, des esclaves qui subissent la loi du plus fort...
La raison du plus fort est toujours la meilleure ! Cet adage reste, encore, hélas, d'actualité et la situation n'a guère évolué : les miséreux vivent, toujours, et encore, sous la botte des riches.
Les miséreux se satisfont des miettes qu'on leur donne : ils honorent même, parfois, le seigneur qui les exploite.
Dans un monde où la misére s'accroît, où les disparités de salaires entre les différents pays perdurent, il est facile d'exploiter les plus pauvres : l'Europe est trop diverse, trop dispersée, elle aggrave les problèmes au lieu de les résoudre souvent.
Le déroulement du journal semble lui-même révéler l'ordre immuable de la société : tout d'abord, au début, le grand patron à qui on rendrait presque hommage et, plus tard, les travailleurs exploités, vers la fin du journal... des exilés de la pauvreté qui essaient de survivre... des exilés que l'on soupçonne même de venir voler un travail qui pourrait être dévolu à des chômeurs français...