Certains cours se transforment en un combat contre les élèves : il faut canaliser une attention défaillante, il faut contrôler les bavardages, s'imposer par la voix, avoir un sens immédiat de la répartie, il faut réprimander, parfois punir...
Face à certaines classes de 36 élèves, le combat est rude et on en sort parfois épuisé : rires, bavardages, ricanements fusent !
Les punitions sont un moyen de calmer le jeu mais il est difficile de les multiplier : les parents, on s'en rend compte, ne jouent plus leur rôle : ils contestent les punitions, admettent les mensonges de leurs enfants, les justifient même.
Incroyable ! J'ai reçu récemment une parente d'élève en présence de sa fille : celle-ci n'a pas hésité à mentir sur ses résultats scolaires : elle prétendait avoir de bonnes notes dans des disciplines fondamentales, après vérification, l'élève avait menti sur toute la ligne !
La réaction de la mère a été, alors, étonnante : elle a couvert, justifié les mensonges de sa fille par une forme d'inquiétude mais elle ne les condamnés à aucun moment...
L'élève en question a "séché" plusieurs cours de latin mais la mère n'a pas réagi face à ces absences injustifiées : la jeune fille semble être excusée de toutes ses fautes par sa propre mère...
Comment peut-on gérer en tant que professeur de tels adolescents à qui on donne toutes les excuses, qui peuvent faire preuve de paresse, mentir de manière éhontée et effrontée ?
Quand les parents ne jouent plus leur rôle, dédouanent leurs enfants de tout devoir, acceptent sans sourciller leurs mensonges, leur passivité, que devient la fonction d'un professeur ?
Certains de ces adolescents ne semblent avoir aucun sens moral : ils peuvent mentir, bavarder, répondre à un professeur, manquer les cours et ils n'en éprouvent aucun remords, d"autant que leurs parents leur accordent toutes les excuses.
L'enfant-roi peut-il vraiment être heureux, lui à qui on offre tout, on pardonne tout, lui à qui on ne donne pas de règles de conduite, lui qui a tous les droits ?
Dans le combat qui oppose les enseignants aux élèves, bien sûr, l'autorité revient aux enseignants, mais quand les parents battent en brèche cette autorité, le combat des enseignants se révèle être un dur labeur, une fatigue intense..
Un cours qui devient un combat, on peine à le croire, mais c'est le quotidien que vivent de plus en plus d'enseignants, dans une société de laxisme, de permissivité, de laisser-aller.
Si les parents ne jouent plus leur rôle éducatif, les professeurs ne peuvent assumer cette éducation face à des classes surchargées...
La fonction d'un enseignant est de transmettre des connaissances, de susciter une réflexion, mais il n'est pas possible d'assurer une formation morale sans le soutien des parents.