Non, ce n'est pas une blague belge...
Cette idée nous vient pourtant des Belges, plus exactement de deux professeurs wallons : ils proposent de simplifier l'accord du participe passé employé avec l'auxiliaire avoir...
Trop difficiles ces règles d'accord ? Qu'à cela ne tienne ! On va rendre le participe passé invariable !
Il est vrai que la mode est aux simplifications, à tel point que l'enseignement de l'orthographe et de la grammaire a été négligé depuis un certain temps.
On en voit les résultats : les élèves font de plus en plus de fautes, ont des difficultés à rédiger, à structurer leurs phrases...
Mais, en fait, les règles d'accord du participe passé permettent aussi de comprendre le fonctionnement de notre langue, notamment quand on l'utilise avec l'auxiliaire avoir : quand le complément d'objet direct est placé avant le verbe, le participe s'accorde avec ce cod.
On dit ainsi : "La décision que j'ai prise était la bonne..."
Mais, si le cod est placé après, on ne fait pas l'accord : "j'ai pris une décision qui était la bonne..."
Ainsi, cette règle d'accord permet de repérer la construction de la phrase...
Elle favorise et facilite la compréhension... c'est une question de logique grammaticale.
Faut-il supprimer la logique ?
Si on commence à simplifier, on n'en finit plus : et puis, cette règle d'accord n'est pas si compliquée, si on comprend bien le fonctionnement de la langue...
On voit bien aussi qu'à l'oral, si on ne fait pas l'accord, certaines phrases sont dissonantes.
"La décision que j'ai pris n'était pas la bonne..."
A force de simplifications, on va finir par appauvrir notre langue...
Le passé simple est difficile ! Supprimons-le !
Le subjonctif est compliqué ! Il faut l'éradiquer !
Les verbes irréguliers posent problème ! On pourrait les oublier !
Et pourquoi ne pas adopter une écriture phonétique ? Finies les dictées, finies les fautes d'orthographe et d'accord !
Bientôt on en viendra à parler par signes, à écrire avec des émoticônes, des abréviations, du langage SMS.
Et quand on aura tout simplifié, que restera-t-il de notre langue ?
http://www.lepoint.fr/societe/le-participe-passe-n-est-pas-un-tabou-03-09-2018-2248041_23.php