Humbles requêtes adressées à Vladimir Poutine...

"Cher commandant en chef des armées, Vladimir Poutine..."

Après ce préambule très respectueux, des soldats russes se plaignent de leur situation sur le front ukrainien...

Tous les jours, ces dernières semaines, de nouvelles vidéos de ce type ont été publiées sur les réseaux sociaux : des soldats russes masqués interpellent directement le Président russe...

"Nous ne sommes pas des morceaux de viande..."

Un appel au secours lancé à Vladimir Poutine en personne par des soldats de différentes unités, récemment mobilisés sur le front ukrainien...

Tous partagent ce même sentiment d'être envoyés vers une mort quasi certaine.

"Nous n'avons pas reçu d'entraînements adaptés, nous avons été envoyés dans des assauts sans en avoir les compétences, sans le soutien de l'artillerie, sans communication, sans mission de reconnaissance. Nous sommes envoyés à l'abattoir."

"Nous ne refusons pas de servir notre mère patrie, nous refusons d'être lancés dans des assauts absurdes, comme des produits consommables."

Les journalistes ont identifié une dizaine de vidéos de ce type, envoyées depuis l'Ukraine par des unités provenant d'un peu partout en Russie.

Un phénomène qui se propage et qui a un écho en Russie même.

Une vidéo a été réalisée, par exemple, par des soldats de l'unité 14 39 originaire de Sibérie. Leurs épouses ont relayé leur appel à Vladimir Poutine...

"Vous êtes notre dernier espoir. Sauvez nos hommes !"

Pas de réaction officielle du Kremlin ou de l'armée russe face à la multiplication de ces appels au secours.

Dans une autre vidéo, deux soldats de la ville de Samara en Russie ont été contraints de s'excuser publiquement devant leur régiment.

Deus semaines plus tôt, ils avaient publié une vidéo pour se plaindre de leur hiérarchie.

"Je me repens pour les paroles qui ont été prononcées. J'espère gagner votre pardon..."

Ces deux soldats adressent leurs excuses au Président Vladimir Poutine.

D'après leurs proches, ils ont été renvoyés au front."

On le voit : des soldats rapidement mis au pas, menacés sans doute des pires châtiments et qui n'ont qu'une solution : le repentir et les plus plates excuses... et le retour à l'abattoir.

Ce reportage m'a remis en mémoire cet extrait du Voyage au bout de la nuit de Céline :

"Les Aztèques éventraient couramment, qu’on raconte, dans leurs temples du soleil, quatre-vingt mille croyants par semaine, les offrant ainsi au Dieu des nuages, afin qu’il leur envoie la pluie. C’est des choses qu’on a du mal à croire avant d’aller en guerre. Mais quand on y est, tout s’explique, et les Aztèques et leur mépris du corps d’autrui, c’est le même que devait avoir pour mes humbles tripes notre général Céladon des Entrayes, plus haut nommé, devenu par l’effet des avancements une sorte de dieu précis, lui aussi, une sorte de petit soleil atrocement exigeant. Il ne me restait qu’un tout petit peu d’espoir, celui d’être fait prisonnier. Il était mince cet espoir, un fil."

Voilà ce qu'est la guerre : un abattoir en folie où l'homme est sacrifié pour satisfaire les puissants de ce monde.

Source :

https://www.francetvinfo.fr/monde/europe/manifestations-en-ukraine/guerre-en-ukraine-ces-militaires-russes-qui-epinglent-le-kremlin_5713367.html

Comments

[LH]

C'est ça la puissante armée rouge ? Ou les recrues du mercenaire en chef de Wagner qui permet de préserver les hommes de l'armée rouge ?

[rosemar]

Beaucoup de manques et d'impréparation dans cette armée : des soldats qui disent leur désarroi.

[ALEA JACTA EST]

Ces mères savent-elles à quel grand criminel de masse elles s'adressent?

Rien ne viendra sauver la vie de leurs enfants.
La Russie devient un régime de terreur. La future mobilisation a de quoi effrayer toute la population.
Voici ce que dit André Markowicz.

"Le parlement russe vient de rendre caduques toutes les convocations possibles et imaginables sur papier pour la mobilisation. Maintenant (je ne sais pas comment, techniquement, ça va marcher, mais ça va marcher), le simple fait que vous soyez un homme, en Russie, et que vous ayez entre 18 et 50 ans (50, et pas 30 comme je l’avais cru d’abord) fait de vous un soldat mobilisable. Les convocations sont envoyées par internet et le fait qu’elles aient été envoyées suffit à laisser considérer, au bout d’une semaine, que vous les avez reçues, ce qui entraîne que, si vous n’y répondez pas dans la semaine, vous serez considéré comme un réfractaire, et un réfractaire ne peut avoir aucune vie : il ne peut pas travailler légalement, il ne peut pas payer un logement, prendre des emprunts, acheter, je ne sais pas, une voiture ou quoi ou qu’est-ce. Il n’est pas dit que vous serez, là, maintenant, tout de suite, envoyé sur le front, mais il est sûr que vous le serez à un moment où un autre.
Tous les commentateurs critiques de Poutine avaient toujours affirmé que la mobilisation finirait par être générale. Elle l’est, dorénavant, par un simple jeu d’écriture électronique. Cela signifie autre chose, d’essentiel : c’est aujourd’hui tout le pays, et ce sont toutes les classes sociales qui sont concernées. Parce que, jusqu’à présent, il y avait eu une claire inégalité dans l’application de la mobillisation. La grande majorité des morts russes (c’est par ce moyen macabre que la chose avait été établie, et sans cesse confirmée depuis) pendant « l’opération militaire », justement, ne sont pas Russes, mais appartiennent à des autres nationalités, généralement d’Asie, qui font partie de la « Fédération de Russie », mais ont été, à un moment où à un autre, colonisées par l’Empire russe. Cette répartition des pertes avait d’ailleurs, en Russie même, fait voler en éclats (s’il y en avait besoin) le mythe de l’égalité entre les peuples de Russie. Clairement, les habitants, majoritairement russes, des capitales sont beaucoup plus égaux que tous les autres. — Et c’est cette égalité-là qui a été rayée par l’ajout d’une case informatique. A partir du moment où cette loi va s’appliquer, tous les hommes, sans exception, sont concernés, et « l’opération militaire spéciale » devient, pour chacun, une tragédie à la fois nationale et privée — ce qu’elle n’était toujours pas, il faut bien le reconnaître, puisqu’il y avait beaucoup de gens, dans les capitales, qui, d’une façon ou d’une autre, s’arrangeaient pour vivre normalement. Maintenant, pour chacun, il n’y aura plus de « normalité », pour personne — sauf, évidemment, à corrompre tel ou tel fonctionnaire (ce que les gens ne manqueront pas de faire, à l’évidence).
Cette mobilisation qui ne porte pas son nom et jette sous les balles, potentiellement, des millions et des millions d’hommes, montre ce que je ne cesse de dire depuis Boutcha. La Russie ne peut que s’enfoncer dans l’horreur, parce que le régime ne reculera pas — pour la raison qu’il ne peut pas reculer. Son message est clair : tout le monde est concerné, tout le monde peut (doit) mourir pour « sauver la Russie »...

Plus loin il ajoute:

"En Russie, la montée de la dictature est patente. Nous sommes entrés dans une phase que j’appellerais de terreur active. Cette terreur n’est pas encore une terreur de masse, mais on s’en approche régulièrement, jour après jour. Les peines demandées pour les procès des opposants sont de plus en plus grandes (on en arrive à 25 ans de prison pour s’être opposé à la guerre)".

En 2023, après 2 décennies de poutinisme, c'est devenu un grand malheur que d'être russe. Être russe c'est infliger au monde et à soi-même les pires abominations, des abominations comparables à celles commises par les Aztèques et dont parlait Céline.
Bonne fin de journée l'amie

[caius]

Malgré l'absence de données statistiques fiables, des rumeurs sur Twitter et Telegram émanant de républiques ethniques du pays telles que la Bouriatie, le Daghestan, la Kabardino-Balkarie, le Bachkortostan, etc… font effectivement état d’une mobilisation disproportionnée des habitants de ces régions. C’est possible et des facteurs socio-économiques liés au faible développement industriel de ces régions peuvent en effet favoriser cette tendance.
« Il est plus facile de recruter des soldats dans les régions les plus pauvres, et il se trouve que nombre d'entre elles sont des régions où vivent des minorités ethniques. »
https://thediplomat.com/2022/10/the-war-in-ukraine-is-decimating-russias-asian-minorities/

Ceci dit l’Ukraine semble aussi recourir à la mobilisation forcée de ses minorités ethniques :
https://rmx.news/hungary/ethnic-cleansing-hungarians-being-rounded-up-and-conscripted-into-ukrainian-army-after-massive-losses-in-the-east/

https://hhrf.org/2023/01/05/romania-disapproves-of-the-ukrainian-minority-laws-shortcomings/

https://www.ecmi.de/infochannel/detail/ecmi-minorities-blog-ukraines-national-minorities-trapped-by-the-war-the-cases-of-ethnic-romanians-and-hungarians

« Après chaque guerre, si longue qu'elle soit, même après la guerre de Trente Ans, la paix se signe, et, une fois la paix signée, les rois qui se sont fait la guerre s'embrassent, sans qu'il soit le moins du monde question des milliers d'hommes qui, sacrifiés à ces querelles momentanées, pourrissent sur les champs de bataille, des milliers de veuves qui pleurent, des milliers de mères qui se tordent les mains, des milliers d'enfants qui s'habillent de deuil. » Alexandre Dumas- Le sphinx rouge

[ALEA JACTA EST]

Caius
Je crois que l'essentiel du commentaire de Markowicz tient au fait (qui ne fait pas de doutes, notamment grâce à certaines ONG) que la première mobilisation a fait appel surtout eux ethnies défavorisées du régime, ethnies hors de la "Russie blanche". Les poids respectifs ethniques n'ont absolument pas été respectés lors de la première mobilisation. Maintenant c'est tout le pays qui est impliqué dans cette guerre et le régime s'est assuré qu'il n'y aura pas d'exodes de deserteurs. Bref, la Russie c'est de plus en plus un régime de TERREUR. Le pays retombe dans ses pires travers, nous offre son pire visage.

En ce qui concerne Markowicz qui est un littéraire russophile qui a passé sa vie à traduire des textes le conflit ukrainien est pour lui un drame personnel dont il ne se remet pas.
Markowicz n'est pas russophobe mais est sans aucun doute (et tout comme moi) profondément poutinophobe...Il assiste à cette guerre avec la même profonde affliction avec laquelle un germanophile démocrate aurait assisté à la montée du nazisme en 1933...
Markowicz, par ailleurs ne sait plus s'il doit employer l'expression " des russes" ou " les russes" tant il est profondément déprimé par le succès de la propagande fascistoïde poutinienne...
Les pourritures du régime poutinien s'en remettront probablement un jour de cette guerre....Markowicz ne s'en remettra jamais...

[caius]

M. Markowicz emploie un mot qu’il a ramassé dans le vocabulaires des russophobes les plus bellicistes : «colonisé ».
Terme qui dans l’esprit de ceux qui l’emploient signifie qu'ils désirent une "décolonisation" de la Fédération de Russie, en réalité son démantèlement en entités trop faibles pour se défendre que l’on pourra piller économiquement à son aise et qui sent d’une lieue le plan Prométhéus du dictateur polonais Pilsudski.

[rosemar]

A Piro :

On connaît la pratique des sacrifices humains chez les Aztèques :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Sacrifice_humain_chez_les_Azt%C3%A8ques#:~:text=Les%20m%C3%A9thodes%20de%20sacrifice%20et,au%20sommet%20d'une%20pyramide.

C'est peut-être exagéré mais cela a existé et c'est LF Céline qui les évoque dans son roman pour dénoncer les horreurs de la guerre.

[rosemar]

Merci pour ce message d' André Markowicz : une mobilisation qui ne dit pas son nom, mais qui devient massive, il faut espérer une réaction du peuple russe, hélas la répression reste féroce.

https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/l-intrus-de-l-actu/russie-qui-est-vladimir-kara-mourza-l-opposant-russe-condamne-a-25-ans-de-prison-pour-avoir-denonce-la-guerre-en-ukraine_5748332.html

Belle soirée, AJE

[Piro]

Oups ! 11428... par jour.

[Piro]

Je ne sais pas pourquoi vous vous en prenez aux Aztèques ? Ils ne peuvent plus se défendre. C'est plein d'exagérations ce qu'on raconte sur les Aztèques. Des racontars des Espagnols pour justifier leurs propres massacres. 80000 par semaine cela fait 41600000 par an et entre 11428 et 11429 par semaine tout cela ritualisé. Les sacrificateurs ne devaient pas chômer.