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9 août 2023 3 09 /08 /août /2023 09:22
Le courage d'une pianiste russe qui s'oppose à la guerre en Ukraine...

 

Difficile d'exprimer toute forme d'opposition à la guerre menée contre l'Ukraine, quand on est une citoyen ou une citoyenne russe : la répression est féroce et menaçante...

Pourtant, certaines voix s'élèvent pour dénoncer les horreurs de cette guerre fratricide... une guerre qui tue des civils, des hommes, des femmes, des enfants.

On ne peut que saluer le courage de ces opposants à la guerre.

 

"Polina Osetinskaya, concertiste réputée en Russie n'a pas hésité à prendre position contre la guerre en Ukraine. Depuis, beaucoup de ses concerts sont annulés en Russie. Une représentation a même été interrompue le 31 mars dernier.

Cette pianiste a de plus en plus de mal à se produire dans son pays. Ses concerts sont annulés en Russie en raison de son opposition au conflit en Ukraine.

 

Dans un centre culturel de Moscou, la police a suspendu une de ses représentations...

Les policiers interviennent une première fois : "Cette représentation n'est pas autorisée", disent-ils.

Cela n'empêche pas Polina Osetinskaya de monter sur scène où elle participe à un concert de musique de chambre avec au programme Chostakovitch, mais la police revient à la charge juste avant la seconde partie.

"Des officiers de police sont entrés avec des chiens, ils nous ont montré des sortes de documents et ont dit qu'ils avaient reçu un appel qui parlait d'une bombe dans la salle de concert... ils ont dit à tout le monde de partir..."

Les musiciens et le public attendent dehors, sous la pluie.

Une demi heure plus tard, la police sort de la salle, sous les applaudissements ironiques des spectateurs.

Le concert peut reprendre : mais Polina Osetinskaya ne croit pas une seconde à l'hypothèse de l'alerte à la bombe.

 

"Ils voulaient juste que mon concert n'ait pas lieu, ils ont déjà annulé tous mes concerts durant la saison. J'ai pris position contre la guerre et je continue à m'exprimer contre la guerre. Mais la nouvelle politique du ministère de la culture russe, c'est d'empêcher de travailler tous ceux qui s'opposent à la guerre, d'empêcher qu'on leur verse un salaire. C'est une forme de pression."

 

La pianiste confie aux journalistes avoir reçu des menaces : "J'essaie de ne pas trop m'exposer, j'ai des enfants, je m'inquiète pour leur sécurité."

Les annulations successives pèsent sur ses épaules : "Je continue de faire ce que je peux et je continue ici en Russie, mais cela devient jour après jour plus difficile."

 

Ce n'est pas la première fois que la police russe intervient en plein concert : l'an dernier, elle avait interrompu une représentation du pianiste Alexeï Lubimov car il avait programmé des oeuvres d'un compositeur ukrainien..."

 

Sources :

 

 

 

 

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/journal-de-18h/journal-de-18h-emission-du-mercredi-05-avril-2023-5732847

 

https://www.radiofrance.fr/francemusique/podcasts/reportage/j-ai-recu-quelques-menaces-le-temoignage-inquietant-de-la-pianiste-russe-polina-osetinskaya-2064741

 

 

https://www.diapasonmag.fr/a-la-une/alexei-lubimov-25774.html

Le courage d'une pianiste russe qui s'oppose à la guerre en Ukraine...
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commentaires

A
Je viens de terminer le livre d'Alain Bauer.<br /> <br /> https://www.babelio.com/livres/Bauer-La-fin-de-linsouciance-tome-1--Au-commencement-e/1497120<br /> <br /> La lecture impressionne, donne le vertige, tant par la surmultiplication des très nombreuses formes de mener la guerre que par le fait d'un ordre international perdu et d'une entrée dans une ère à la fois dangereuse et pleine d'incertitudes. De quoi regretter le bon vieux temps de la guerre froide.<br /> Le livre est franchement déprimant et inquiétant.<br /> Sans se prononcer sur l'issue du conflit ukrainien Bauer ne serait pas surpris par une situation comme celle de la Corée divisée en deux pays différents et sans traité de paix.<br /> PS. on apprend dans le livre que Brezinski avait tout fait pour faire tomber les russes dans le piège afghan...bien avant l'entrée des chars soviétiques en 1979. Il n' a pas hésité à aider les moudjahidines sans se soucier des effets pervers que cela allait induire.<br /> Pour Bauer l'attaque menée sans mandat de l'ONU de l'OTAN contre la Serbie pour protéger le Kosovo serait le point de départ d'un revirement géopolitique militaire des russes.
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A
Je pense que le livre mérite largement d'être lu car il offre une synthèse complète de l'évolution des choix militaires et géostratégiques de chacun des grands acteurs de notre temps: Etats-Unis, Chine, Europe, OTAN, Inde, Pakistan,etc...Bauer explique bien qui sont dans chacun de ces pays ceux qui ont inspiré les doctrines qui prévalent aujourd'hui et aussi l'évolution dans le temps de certaines de ces doctrines...C'est un livre ambitieux et instructif. J'ai notamment appris grâce à Bauer l'importance du rôle de l'ex- premier ministre Primakov qui a essayé de promouvoir toute une série de principes militaires et stratégiques qui ont fortement influencé Poutine.<br /> Du côté américain on ne comprend rien si on ne connaît pas les profondes convictions et influences de Kissinger et surtout de Brezinsky.
R
Merci pour ce lien : je ne sais pas si j'aurais vraiment envie de le lire, si c'est déprimant...
C
Certes mais les Ukrainiens qui s'opposent à la guerre sont eux-mêmes l'objet de persécutions :<br /> <br /> "Le régime de Zelensky fait porter un bracelet électronique à un évêque orthodoxe ukrainien<br /> Un tribunal de Kiev a ordonné samedi l'assignation à résidence du métropolite Pavel, un évêque orthodoxe ukrainien qui est le supérieur du monastère historique de Pechersk Lavra.<br /> Pavel est soupçonné d'avoir justifié l'invasion de la Russie, ce qui constitue une infraction pénale en Ukraine. Il a nié ces allégations, affirmant qu'il n'avait "jamais été du côté de l'agression".<br /> Après une audience au tribunal samedi, un bracelet de surveillance a été placé à la cheville de Pavel malgré ses protestations. Les accusations portées contre lui ont été formulées par le Service de sécurité de l'Ukraine (SBU), et des agents du SBU ont effectué une perquisition au domicile de Pavel.<br /> Cette arrestation s'inscrit dans le cadre d'une vaste campagne de répression menée par le gouvernement du président ukrainien Volodymyr Zelensky à l'encontre de l'Église orthodoxe ukrainienne . L'Église orthodoxe ukrainienne a des liens historiques avec la Russie, mais elle a dénoncé la guerre et pris ses distances avec Moscou après l'invasion.<br /> Les communiqués de l'Église orthodoxe ukrainienne n'ont pas suffi au gouvernement ukrainien, puisque d'autres prêtres ont été arrêtés et sanctionnés dans le cadre de la répression.<br /> L'assignation à résidence de Pavel intervient alors que Kiev tente d'expulser les prêtres de l'Église orthodoxe ukrainienne de la laure de Pechersk, connue sous le nom de "monastère des grottes" en français.<br /> L'état ukrainien est propriétaire de la laure de Pechersk et prétend que les prêtres qui y vivent ont violé leur bail en apportant des modifications au monastère historique. Mais les prêtres de l'Église orthodoxe ukrainienne affirment que ces accusations ne sont qu'un prétexte pour les expulser. Les prêtres de la Laure de Pechersk ont refusé de partir, et plusieurs jours se sont écoulés depuis la date limite fixée par l'Ukraine pour leur expulsion." <br /> <br /> https://www.zerohedge.com/geopolitical/zelensky-govt-tags-senior-ukrainian-orthodox-bishop-ankle-monitor?fbclid=IwAR0J_hL62_u7xljay_kJen9gX3MZz0A2P8lln6ziTlMo-plauZY9kpX_I7o
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C
Bonjour Alea jacta est, merci pour le lien. Oui Lira a en effet noté qu'il a reçu bien plus d'assistance de l'ambassade du Chili à Kiev que de celle des USA. Un traitement à mettre en parrallèle avec l'assistance dont bénéficie le journaliste américain Evan Gershkovich arrêté en russie pour espionnage. <br /> Pour le reste Il semble que Lira a échoué dans sa tentative de psser la frontière hongroise et soit de nouveau entre les mains du SBU.
A
jamais entendu parler de Conzalo Lira dans la presse espagnole. J'ai trouvé ce lien récent sur un canal chilien.<br /> <br /> https://www.t13.cl/noticia/mundo/periodista-chileno-acusa-torturas-detenido-carcel-ucrania-1-8-2023
C
Au fait, la presse hispanophone a-t-elle donné quelques détails sur le sort du journaliste américano-chilien Gonzalo Lira (Gonzalo Ángel Quintilio Lira López) ? A ce jour, à ma connaissance, seuls quelques journalistes anglophones se sont inquiétés de lui depuis son arrestation par le SBU.
A
Rebonjour Caius<br /> Quand on parle d'un chef religieux dans un pays en état de guerre, un pays agressé, on ne parle pas d'un citoyen lambda, donc une écoute qu'elle soit légale ou pas ne me choque pas, de la même manière que si j'apprenais que les imams en France étaient surveillés pour détecter ceux qui, par derrière, tiennent des discours dangereux pour la sécurité nationale...<br /> Si l'imam de Ripoll avait été mieux surveillé en Espagne ça nous aurait évité les tristes attentats que nous avons subi...
C
Bonjour ALEA JACTA EST,<br /> <br /> Merci pour ces articles, nous pouvons tirer de leur lecture que Mgr. Pavel était sur écoute (légales ?) et qu'il est condamné non pour des déclarations publiques mais pour des propos privés, ce qui revient à dire que le régime de Kiev lui dénie sa liberté d'opinion (comme au reste de la population de l'Ukraine, je le crains). <br /> <br /> Quant à son message vidéo "humiliant" Mgr Epiphane, ce dernier étant le chef de l'église autocéphale ukrainienne, instaurée par Porochenko en 2018, dont Pavel ne reconnaît pas l'autorité, j'imagine qu'il y disait en termes plus ou moins mesurés où Ephiphane pouvait se mettre ses pastorales mais un état laïque et démocratique n'a pas à intervenir dans des querelles de clocher. <br /> <br /> Sur ce point je rejoins Maître Klarsfeld : "La Russie comme l'Ukraine sont deux régimes détestables"
A
a noter cet extrait sur le belgium times qui pointe du doigt la réaction PLEINE D'INCOHERENCE CRIMINELLE de ce sinistre clown qu'est le patriarche Kirill qui défend les droits des religieux anti-guerre en Ukraine mais pas en Russie.<br /> .<br /> <br /> "Le patriarche russe Kirill n’a pas caché sa joie à l’occasion que cette nouvelle lui donne de reprendre le sujet de « l’Église canonique ukrainienne en persécution, qui a besoin de protection contre le régime impie de Kiev ».<br /> <br /> Lors de la conférence épiscopale qui s’est tenue le 20 juillet à Moscou, le patriarche Kirill a désigné le métropolite Pavel comme confesseur et a déclaré : « Une personnalité religieuse ne peut et ne doit pas être soumise à de telles mesures répressives en raison de ses convictions religieuses. Je note avec une grande inquiétude que le changement de la détention provisoire du métropolite Pavel, un homme d’âge avancé, de l’assignation à résidence à la détention provisoire le menace d’une grave détérioration de sa santé et peut entraîner sa mort au centre de détention.<br /> <br /> Cependant, le patriarche Cyrille ne prend aucune mesure envers ses (anciens) clercs détenus en Russie, parmi lesquels le P. Ioan Kurmoyarov, qui est également d’un âge avancé et emprisonné pour ses convictions anti-guerre, avec le refus de la communion et la possibilité de porter des symboles chrétiens."<br /> <br /> Et cette conclusion de Dougunine:<br /> <br /> "Et Alexander Dugin aurait déclaré : « Nous allons libérer Kiev. Nous rendrons la Laure au peuple. Tout le reste est inutile. Nous rayerons l’Ukraine de la surface de la terre, puis traiterons avec ses maîtres. Mais pas tout de suite. Nous avons dit : de la face de la terre !"<br /> <br /> https://www.belgium-times.be/2023/07/le-metropolite-pavel-lebed-a-ete-place-en-detention-provisoire/
A
Le métropolite Pavel est accusé de faits très graves qui ressemblent comme 2 gouttes d'eau à de l'intelligence avec l'ennemi. Evidemment il n'est pas suffisemment idiot au point de justifier directement l'agression de Poutine. Mais ça ne fait certainement pas de lui un innocent.<br /> <br /> Des enregistrements de conversations téléphoniques du père Pavel avec une fidèle paroissienne Tamara Fedyuk (p.Pavel a fait des remarques qui justifient l’agression de la Fédération de Russie, et il a également enregistré un message vidéo aux croyants de l’EOU PM dans lequel il a humilié l’EOU Mgr Epiphane) . SBU a déduit que le père Pavel soutenait les agresseurs russes.<br /> <br /> https://parlonsorthodoxie.wordpress.com/2023/04/01/le-tribunal-de-kiev-a-prescrit-au-metropolite-pavel-detre-assigne-a-residence-loin-de-la-laure/<br /> <br /> <br /> https://www.belgium-times.be/2023/07/le-metropolite-pavel-lebed-a-ete-place-en-detention-provisoire/<br /> <br /> Bonne journée à tous
L
Polina et Alexeï... Gloire à eux !
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R
Ils ont bien du courage, oui !
A
Les artistes sont devenus (malgré eux) les seules autorités morales qui peuvent encore se faire entendre, au prix d'énormes risques. Saluons ces personnes qui sauvent l'âme (ou le peu qui en reste) du peuple russe...D'ailleurs je ne crois plus à l'existence d'un peuple russe, c'est un mot qui ne veut plus rien dire et qui ne recouvre plus une réalité homogène. Aujourd'hui il y a les "collabos" avec qui l'histoire sera très sévère et les autres terrés dans leur silence complice ou dans une ignorance entretenue par le régime.<br /> Bonne journée l'amie<br /> Au sujet du traitement des prisonniers ukrainiens, voici ce qu'écrivait Markowicz sur sa page facebook.<br /> avec notamment une reflexion sur Poutine qui affiche sa monstruosité<br /> <br /> " Prisonniers ukrainiens<br /> Conversation entre Vladimir Ossetchkine, fondateur de Gulagu.net et Youlia Latynina, une des journalistes opposantes à Poutine les plus suivies sur youtube – au sujet des prisonniers ukrainiens. De la façon dont les prisonniers de guerre (mais il y a aussi des civils) sont traités par les Russes. <br /> D’abord, dès qu’ils sont pris, et pendant deux à trois semaines, ils sont battus, sans arrêt – roués de coups pendant des heures, puis, après une pause qui leur permet de ne pas mourir tout de suite (mais certains meurent tout de suite), battus à nouveau, le jour ou la nuit, sans que ce soit prévisible, – et l’idée est de les transformer en loques, de les détruire. On les interroge, s’ils savent quelque chose de ce que les Russes veulent savoir, sur, par exemple, l’organisation de l’armée, la disposition des troupes, etc... – ce qui, je le remarque, est de toute façon stupide à cause, aujourd’hui, des moyens de géolocalisation, – et imaginez les civils arrêtés, qui, eux, n’ont juste rien à dire, rien à « avouer ». et puis, après des deux semaines, ils sont transportés dans des prisons l’intérieur de la Russie (pas toujours, puisqu’il y a des camps de prisonniers dans la région de Donetsk.. en fait, il y a des camps partout), et, là, le régime est encore plus dur : les tortures continuent, la nourriture est limitée à ce qui leur permet de ne pas mourir de faim, – tout en gardant à chaque instant le sentiment de la faim qui vous ronge, et, là encore, vous rend fou. La nourriture, explique Ossetchkine, qui parle après avoir interrogé (lui ou son équipe) les quelques survivants qui, pour une raison ou une autre, se retrouvent dans un hôpital européen, est donnée généralement une fois par jour, et donnée absolument brûlante, bouillante, et, pour la manger, vous avez une minute. Soit vous mangez, en une minute, sans prendre, donc, le temps de refroidir la soupe maigre qu’on vous sert, et vous vous brûlez les boyaux, soit, au bout d’une minute, on vous la retire, et si vous essayez de souffler sur la soupe, vous êtes battu à nouveau. Les prisonniers sont à dix, douze dans des cellules prévues pour quatre. Ils doivent rester debout pendant 17 heures (ils n’ont pas le droit de s’allonger pendant ces 17 heures), et, la nuit, ils sont réveillés pour des appels, pendant lesquels ils doivent rester, le temps de l’appel, soit les mains derrière la nuque, soit derrière le dos, doigts écartés (pour être sûrs qu’ils ne cachent rien dans les poings) et rester immobiles ; si un prisonnier a le malheur, je ne sais pas, de se gratter, ou s’il bouge d’une façon ou d’une autre, il est sorti des rangs et roué de coups devant ses camarades. Les appels peuvent durer une heure, voire plus. – Ossetchkine raconte qu’un problème s’est posé, récurrent. Les matraques qui servaient à battre les prisonniers étaient utilisées si violemment qu’elles finissaient par se casser, ce qui entraînait la nécessité de les remplacer, et donc de faire des rapports à l’administration pour casse de matériel. La solution a été d’utiliser des tuyaux, des tubes de plastique, qui ont l’avantage de pouvoir être jetés après usage (et donc de disparaître sans trace) : ces tubes sont aujourd’hui utilisés sur tout le territoire de la Fédération de Russie, mais surtout en Tchétchénie.<br /> Tout est fait pour transformer les hommes en zombies, en loques (alors que, je le rappelle, il s’agit de prisonniers de guerre, protégés par toutes les conventions possibles et imaginables – mais voit-on la Croix rouge dans ces prisons ? non. Et entend-on dans le monde des protestations répétées de la Croix-rouge de ne pas être admise dans ces prisons ? Je crois que non). <br /> *<br /> Les prisonniers sont divisés en deux catégories : ceux qui sont échangeables (contre des prisonniers de guerre russes) et ceux que, pour telle ou telle raison, les autorités russes considèrent comme « non-échangeables ». Ceux-là sont, purement et simplement, destinés à être exécutés, et à disparaître. Généralement, oui, ils disparaissent. C’est-à-dire que même leur mort est camouflée ; on leur donne une autre identité, et, explique Ossetchkine, souvent, des identités triples : l’une dans les registres du FSB, l’autre pour celles de l’administration pénitentiaire, et l’autre pour les services internationaux, de façon à ce que la personne soit encore plus difficile à retrouver. Ils peuvent être enterrés, donc, sous une fausse identité, et Ossetchkine mentionne des cas où ils sont enterrés avec des civils décédés de mort naturelle dans la ville où se trouve la colonie pénitentiaire (auquel cas n’apparaît sur la tombe que le nom du civil en question, lequel n’a rien à voir avec la guerre). l y a, ainsi, des exécutions pour l’exemple, et, souvent, dès le début de la détention. Les survivants de Boutcha (et de beaucoup d’autres lieux) expliquaient la même chose : on attache les uns aux autres quatre ou cinq personnes, et, tout de suite, on en assassine une, au hasard, pour que les autres comprennent qu’ils doivent « collaborer ». On ne compte pas le nombre de viols.<br /> Les autres sont destinés à être échangés. Et, généralement, au bout de je ne sais combien de mois, ils finissent par l’être. C’est-à-dire que tous ces gens échangés peuvent témoigner contre leurs tortionnaires, et le font, ou le feront. Mais, finalement, on n’en parle pas tant que ça. Pour une raison simple : c’est que ceux qui restent sont les garants du silence de ceux qui ont été libérés. Parler, donner des noms, c’est signer l’arrêt de mort de leurs camarades.<br /> Une fois encore : ces pratiques ne sont pas isolées. Elles sont absolument systématiques, c’est-à-dire qu’il s’agit d’un plan, d’une méthodologie réfléchie, énoncée. <br /> De combien de personnes parlons-nous, demande Youlia Latynina ? Ossetchkine explique qu’on estime à 7000 le nombre de détenus concernés par ces tortures.<br /> Pourquoi tout ça ?<br /> *<br /> Parce que les Russes savent qu’ils seront impunis. Il existe, aujourd’hui, 92000 cas de crimes de guerre répertoriés par l’Ukraine, – c’est-à-dire 92000 dossiers, avec les noms, les preuves, toutes les circonstances. 92000. Mais ces 92000 sont, évidemment, une petite partie de tout ce qui s’est passé, et qui se passe encore, et encore et encore. Les tortionnaires savent que, même si leurs noms sont connus (et les noms sont connus), eh bien, ils sont trop nombreux pour être tous jugés, – à supposer qu’ils soient jugés un jour, c’est-à-dire à supposer qu’on puisse arriver à un moment où un pouvoir politique en Russie décrète que, sans une série de procès inspirés de Nuremberg, il n’y a d’avenir possible pour le pays. D’ici que ça arrive, ça, pensent-ils, de l’eau aura coulé sous les ponts. – Je crois toujours que Poutine tombera, mais je sais que les dizaines de milliers d’assassins qui sont impliqués dans ces crimes vieilliront, sauf malchance pour eux, sans remords de conscience.<br /> Parmi les dizaines de milliers d’assassins nazis (les centaines de milliers ?), on en a jugé combien ? 1%, 2 % ? – <br /> Et, encore une fois, il ne s’agit pas pour Poutine de cacher ses crimes, mais, au contraire, de les exhiber aux yeux du monde. Là est la différence avec le nazisme qui faisait de la « Solution finale » un secret absolu. Non, ici, avec l’exemple des prisonniers échangés, – qui, tous, racontent la même chose, les mêmes tortures, les mêmes horreurs, – il y a cette jouissance du monstre qui jouit de se voir si beau en son miroir. Vous voyez, je fais ça, et je vous em...., et vous, qui savez ça, vous faites tout pour que je reste au pouvoir, parce que je vous fais peur.<br /> *<br /> Et puis, il faut bien l’avouer, il y a une autre raison. Ce que je décris là du système russe, le système russe a-t-il été le seul à le faire ? Comment ne pas penser à Abou Ghraib ou à Guantanamo ? Et à la façon dont, partout dans le monde, les USA ont soutenu – ont installé – des tortionnaires ?.... Et, bien avant, nous, en France, avons-nous la conscience tranquille après l’Algérie ?... Non que Poutine s’inspire de ça, non, pas du tout. C’est juste que, pour les USA en tout cas, personne n’a balayé devant la porte, et personne n’a réellement l’intention de le faire.<br /> *
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R
Si c'est vrai, ce sont des traitements indignes et monstrueux. Le règne assumé de la peur : c'est terrifiant !<br /> <br /> Merci pour ce témoignage de Markowicz.