Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
26 janvier 2024 5 26 /01 /janvier /2024 12:32
Les nuits de la lecture : rencontre avec Jean-Philippe de Tonnac...

Jean-Philippe de Tonnac est un homme de livres, il a vécu dans les livres, pour les livres, avec les livres... essayiste, éditeur, journaliste, romancier, il aime les livres...

"Nous sommes tous des amoureux des livres, même quand nous ne le savons pas..." dit-il.

"Le livre est rentré dans ma vie, à l'adolescence, en catimini... ce fut comme une lumière, la puissance du livre est si grande !

Des auteurs qui avaient vécu à Saint Petersbourg pouvaient m'être si proches, partager mes douleurs, mes désirs, mes souffrances... dès lors, on a envie d'appartenir à cette famille, de se mettre au service du livre.

Et j'ai passé ma vie au service des livres : d'abord éditeur chez José Corti, perçu par le monde éditorial comme le "nec plus ultra", avec cette devise : "Rien de commun".

J'ai commencé par vendre les livres de José Corti, j'ai travaillé ensuite chez Grasset, puis au Livre de Poche... et enfin, j'ai publié mes propres livres, 35 livres au total."

 

Jean-Philippe de Tonnac évoque alors deux de ses ouvrages : N'espérez pas vous débarrasser des livres, écrit avec Umberto Eco et Jean-Claude Carrière, et Un été chez Umberto Eco.

Dans ce livre, il raconte la bibliophilie de Umberto Eco :

"A Milan, où habitait Eco, j'ai visité sa bibliothèque : Umberto Eco m'a conduit dans un couloir au bout duquel se trouvait une pièce fermée à clé comme un coffre-fort."

Umberto Eco lui a dit alors : "vous allez être déçu !" Là se trouvaient les incunables de sa collection, 1200 incunables ! Le berceau de la littérature !"

Un incunable est un ouvrage imprimé antérieur à 1500, tiré à peu d'exemplaires.

"Et Umberto Eco sort les quatre pièces les plus remarquables de sa collection, notamment Le Songe de Poliphile, un livre qui a plus de 5 siècles, en très bon état..."

Et Jean-Philippe de Tonnac se pose cette question : "Comment peut-on passer sa vie à collectionner des objets qui n'intéressent personne ? En fait, il faut connaître l'histoire de ce livre pour l'apprécier.

 

Jean-Philippe de Tonnac ne se dit pas passionné par l'objet en lui-même : seul le contenu importe, à la différence d'Umberto Eco, pour qui le livre était aussi une oeuvre d'art.

Ainsi, pour Jean-Philippe de Tonnac, le livre de poche est une invention extraordinaire : on peut en faire un cahier, l'annoter...

Jean-Philippe de Tonnac dit aussi qu'il ne pratique pas la lecture sur tablette : difficile d'annoter une tablette.

 

"Dans une bibliothèque, il y a des livres que nous n'avons pas lus et que nous lisons un jour, des livres qu'on a mal lus et qu'il faut relire, des livres dont nous parlons et que nous n'avons pas lus, des livres si familiers que nous avons l'impression de les connaître...

 

Umberto Eco a connu des difficultés en France pour faire publier son roman Le nom de la rose. Le Seuil refuse d'abord la publication : Les rapports de lecture du Nom de la rose étaient négatifs, et ce même aux éditions du Seuil où était déjà publié Umberto Eco. "On n'y comprend rien", "Ce n'est pas un romancier", "C'est intraduisible" lisait-on alors !

Incroyable quand on connaît l'immense succès qu'a remporté ce roman par la suite !"

 

Jean-Philippe de Tonnac anime aussi des séances de "parcoeur"... le principe : réunir des gens qui ont appris des textes par coeur pour les réciter devant les autres...

Apprendre, réciter, découvrir des textes nouveaux : une belle expérience !

Une façon aussi de revenir aux origines de la littérature, à l'oralité, comme au temps des aèdes qui récitaient des textes par coeur, à l'époque homérique...

Une façon aussi de cultiver sa mémoire en un temps où elle n'est plus guère sollicitée...

 

 

 

Partager cet article
Repost0

commentaires

L
Difficile d'annoter une tablete ? Non, au contraire, les applications de lecture ont tout pour surligner, annoter, chercher des mots dans le dictionnaire embarqué... Il m'arrive de copier des extraits de texte et de les envoyer par WhatsApp ou par email.
Répondre
R
Et le plaisir d'écrire, de souligner à la main ? Des gestes qui se perdent... et le plaisir de tourner les pages, etc.
A
Je me sens incapable de souligner des phrases ou d'écrire des notes personnelles sur un livre, même s'il s'agit d'un livre de poche...comme si c'était sacrilège de ma part de polluer un livre avec mes banalités, qui plus est un livre qui pourrait passer ensuite dans les mains d'un autre lecteur. <br /> <br /> Seule exception qui confirme la règle: Il y a 15 jours j'ai offert à ma fille le livre LE CHRIST S'EST ARRÊTÉ À EBOLI de Carlo Levi et j'ai écrit sur la première page blanche une dédicace pour elle. Parce que sur ce coup-là je tiens à ce qu'elle garde le souvenir de son père qui lui a offert cette oeuvre comme un coureur de relais passe le témoin à son coéquipier...Ce livre transmet une partie de l'histoire de ma famille...une histoire que ma fille ne connaît pas, celle des ses arrière-grands-parents qui étaient paysans en Calabre. Ma fille a eu la chance d'être bercée par ma grand-mère, en dialecte calabrais on dit la "nánna" avec accent tonique sur le premier a. Ma fille ne s'en souvient plus mais, quand elle avait moins d'un an, " la Nánna" lui a chanté des berceuses de son pays ...
Répondre
R
Une dédicace à ta fille : oui, c'est très particulier...<br /> Pour ma part, il m'arrive souvent de souligner des passages essentiels d'un livre : une façon de les retrouver plus facilement. Vive le livre de poche !
A
Trop drôle l'anecdote d'Umberto Eco qui a eu des difficultés à publier LE NOM DE LA ROSE...Une petite leçon pour les auteurs qui ont essuyé un premier refus.<br /> Merci pour tes explications au sujet du livre de Tonnac.<br /> J'aimerais ajouter que les réseaux sociaux (et notamment facebook) sont aussi des lieux où on cultive la mémoire. Par exemple, pas plus tard que ce matin , j'ai découvert sur facebook un extrait du livre témoignage LES YEUX OUVERTS de Marguerite Yourcenar. Du coup ça m'a donné envie de le lire...<br /> <br /> Voici cet extrait qui date de 1981, bien avant les théories du genre dont on nous rebat les oreilles aujourd'hui:<br /> "Enfin, les femmes qui disent "les hommes" et les hommes qui disent "les femmes", généralement pour s’en plaindre dans un groupe comme dans l’autre, m’inspirent un immense ennui, comme tous ceux qui ânonnent toutes les formules conventionnelles.<br /> Il y a des vertus spécifiquement "féminines" que les féministes font mine de dédaigner, ce qui ne signifie pas d’ailleurs qu’elles aient été jamais l’apanage de toutes les femmes : la douceur, la bonté, la finesse, la délicatesse, vertus si importantes qu’un homme qui n’en possèderait pas au moins une petite part serait une brute et non un homme.<br /> Il y a des vertus dites masculines, ce qui ne signifie pas plus que tous les hommes les possèdent: le courage, l’endurance, l’énergie physique, la maîtrise de soi, et la femme qui n’en détient pas au moins une partie n’est qu’un chiffon, pour ne pas dire une chiffe.<br /> J’aimerais que ces vertus complémentaires servent également au bien de tous. Mais supprimer les différences qui existent entre les sexes, si variables et si fluides que ces différences sociales et psychologiques puissent être, me paraît déplorable, comme tout ce qui pousse le genre humain, de notre temps, vers une morne uniformité. "<br /> <br /> Les yeux ouverts de Marguerite Yourcenar.<br /> <br /> https://www.babelio.com/livres/Yourcenar-Les-yeux-ouverts/257906<br /> <br /> <br /> Bonne journée
Répondre
R
Merci pour l'extrait de Yourcenar... Mais j'évoque ici la mémorisation par coeur de poèmes ou d'extraits de livres, un exercice qui se perd et que Jean-Philippe de Tonnac essaie de revivifier...<br /> Je conseille à tout le monde cet exercice !<br /> <br /> <br /> Belle soirée, AJE