C'est fait : la réforme du collège a été inscrite au Journal officiel, quelques heures seulement, après les manifestations d’enseignants contre le projet, lors de la journée de grève du 19 mai...
Une triste réforme, une de plus, qui va entériner, encore, une baisse du niveau des collégiens : comment pourrait-il en être autrement puisque le projet vise à supprimer des heures de cours au profit d'EPI, enseignements pratiques interdisciplinaires ?
Encore une fois, les principaux intéressés, les acteurs de l'éducation, les enseignants, qui sont sur le terrain, ne sont même pas écoutés ni entendus.
C'est comme si des robots ou des ordinateurs dirigeaient le ministère de l'Education nationale... D'ailleurs, la gestion des personnels se fait de plus en plus grâce à l'informatique.
Dans une démocratie, les principaux intéressés, les professeurs devraient, tout de même, avoir leur mot à dire sur une réforme qui impacte leur métier et l'avenir des adolescents.
Les enseignants savent mieux que d'autres quelles sont les difficultés et les besoins des élèves : ils sont, tous les jours, confrontés à ces problèmes.
Pourquoi le pouvoir en place méprise-t-il les inquiétudes du corps enseignant ? Comment expliquer cette attitude rigide et irresponsable ?
Depuis des années, des réformes ont été menées dans le secteur éducatif : elles ont consisté à reduire les programmes, à aplanir les difficultés par l'affaiblissement des enseignements de la grammaire et de l'orthographe.
Ce sont ces disciplines qu'il faudrait rétablir et renforcer...
Sous le prétexte de rendre l'enseignement plus attractif, on a, pendant des années, sacrifié des apprentissages fondamentaux : il ne faut pas s'étonner de la baisse du niveau des élèves.
Oui, cette réforme proposée par Najat Vallaud-Belkacem est triste, contrairement à l'impression qu'elle veut donner...
Elle est triste, parce qu'elle va aggraver les difficultés croissantes des élèves, elle est triste, car elle ne tient pas compte de l'avis même des enseignants qui connaissent leur métier.
Elle est triste, parce qu'elle fait fi des mécontentements qu'elle suscite un peu partout... Une réforme menée contre les enseignants eux-mêmes peut-elle être efficace et pertinente ?
Cette réforme inquiète : elle tend à supprimer des enseignements optionnels, pourtant très formateurs, comme le latin et le grec, elle sacrifie les classes bi-langues, et surtout, elle ne restaure pas la place essentielle que doit occuper le savoir, dans une société moderne.
Nous ne voulons pas d'une société robotisée : le ministère doit entendre ce que disent les enseignants...
Alors que cette profession connaît des difficultés grandissantes, le gouvernement semble faire la sourde oreille et ne pas vouloir comprendre le message.
Sommes-nous donc gouvernés par des robots aveugles et sourds ?
C'est l'impression qu'ont les enseignants depuis des années : des réformes successives ont laminé l'éducation, et malgré les grèves, les mouvements de protestation, on ne les entend pas, on les méprise, même.
La crise sert de prétexte pour réaliser toutes sortes d'économie : classes surchargées, accompagnement personnalisé devant des groupes de 36 élèves, suppression d'options jugées peu rentables.
Oui, on peut dire que cette réforme est triste : elle ne tient plus compte des êtres humains qui oeuvrent pour l'éducation, elle en vient à nier leur opinion, elle risque d'aggraver les inégalités, en supprimant des enseignements qui peuvent hisser les élèves vers un niveau d'excellence...
Cette réforme provoque un nouveau malaise dans le monde éducatif : elle ne répond pas aux difficultés rencontrées par les élèves dans la maîtrise de la langue... Encore une fois, les gens du ministère ne voient pas du tout les réalités, ils sont comme déconnectés du monde...
Un article du journal Le Monde sur le sujet :