C'est le printemps : le jardin s'épanouit sous le soleil, la nature s'illumine de nouvelles teintes, l'air doux envahit l'espace, les fleurs distillent des senteurs éblouissantes...
Les genêts couleur d'or répandent des odeurs enivrantes, les marronniers se parent de bouquets floconneux, les lilas commencent à se couvrir d'épis rayonnants...
Les soleils deviennent plus vifs, plus intenses....
Et les êtres humains se mettent à l'unisson de ce monde qui s'éveille, qui s'anime de lumières, de chants d'oiseaux...
"Le printemps déchire les robes", il affûte et aiguise les tentations et les regards, il libère les désirs, il dynamise, il apporte un regain de bonheurs, une envie de renouveau.
Dès lors, une simple promenade dans le parc suscite, parfois, quelques sollicitations masculines...
Il est étonnant d'observer ce jeu de séduction, qui, soudain, apparaît, avec l'éveil de la nature.
Regards énamourés, appuyés, et parfois même, des tentatives pour aborder une inconnue.
Un cycliste, qui circule dans les allées du jardin, me lance, avec un grand sourire, des "Bonjour, ça va ?", à chaque passage...
Un jour, alors que je quitte le jardin, il me suit et comme je lui intime l'ordre de me laisser tranquille, il rebrousse enfin chemin et prend une autre direction.
Une autre fois, un passant m'aborde, alors que je contemple les cygnes qui s'ébrouent sur le plan d'eau : "Ils sont beaux, les cygnes", me dit-il... "Ce sont des cygnes ?"
On imagine l'originalité d'une telle entrée en matière !!
Puis, l'homme me propose de "boire un verre". Je décline l'invitation et m'éloigne rapidement du plan d'eau...
Une autre fois, un jeune homme m'adresse la parole, d'une manière aussi peu originale : "Bonjour, il fait beau, on se promène ??"
Autant de clichés pour séduire une inconnue qui passe, autant de banalités pour attirer mon attention !
A l'entrée même du jardin, un homme d'âge mûr, cette fois-ci, me demande si on peut pêcher des poissons dans les bassins du parc, je lui réponds : "Ah, non, je ne pense pas".
"Je plaisante... ", me dit-il, alors, et il enchaîne sur le fait que ces poissons ne sont pas vraiment comestibles, pestant contre la pollution des eaux.
Finalement, j'interromps ma marche pour me débarrasser de ce dragueur maladroit.
Oui, vraiment, difficile d'aborder une inconnue !
Les clichés, les phrases toutes faites, les stéréotypes reviennent, et ne peuvent que lasser...
Mais, oui, décidément, le printemps s'affiche, il stimule, il fait naître des désirs, il déborde d'énergie et entraîne, avec lui, des ardeurs, des rêves... même si la poésie n'est pas toujours au rendez-vous...
Photos : rosemar