C'est le style qui fait l'écrivain, dit-on souvent... Le style est la marque d'un auteur, et on reconnaît souvent les caractéristiques d'un style : celui de Rabelais, de Chateaubriand, de Proust ou Céline...
Ce mot signe et évoque un univers, une personnalité unique : il est empreint de mystères, dans sa brièveté, ses deux consonnes combinées, sifflante et dentale, au début, sa voyelle "i" qui fait penser à un surgissement, un cri....
D'où vient ce mot étrange ? Le style, c'est en fait, dès les origines le stylet qui sert à écrire.
Le mot est issu du latin "stilus, tige de plante, poinçon, stylet pour écrire".
Dans l’Antiquité, le style désignait ce poinçon, morceau de bois ou de fer qui servait à écrire sur de la cire... Mais à l’époque déjà, par glissement métonymique de l’instrument à son résultat, le style était aussi la manière d’écrire...
Notre "stylo" moderne vient de ce même radical : on voit là une belle continuité de l'antiquité à nos jours : on retrouve presque le même mot pour désigner un instrument qui sert à écrire même si les techniques ont considérablement évolué.
Comment ne pas être ému par cet héritage venu de l'antiquité ? Un simple bâton de bois à l'origine du mot "style" ! Un objet rustique et pastoral devenu symbole d'une manière d'écrire !
Ce mot est d'ailleurs utilisé dans d'autres domaines : peinture, musique, cinéma, architecture....
Chaque auteur possède un style, une originalité, une empreinte particulière que l'on reconnaît assez facilement...
J'aime ce mot simple et étrange, à la fois : il évoque toute une littérature, un héritage culturel venu des grecs et des latins qui écrivaient laborieusement avec un stylet : belle écriture appliquée sur un support de cire !
Le style de chaque écrivain est unique : on reconnaît une page de Proust, un poème de Baudelaire, un roman de Balzac ou de Flaubert....
Leurs phrases, leurs mots nous émeuvent souvent, nous marquent, s'impriment en nous...
Leurs idées nous façonnent, nous invitent à la réflexion : Montaigne et ses extraordinaires divagations nous fascinent, La Fontaine nous transmet des leçons universelles à travers ses fables aux récits animés, La Bruyère peint des portraits en action qui dénoncent la société de son temps et qui ont aussi une valeur d'universalité....
Molière stigmatise des défauts éternels : l'avarice, l'hypocrisie, la fausseté, le mensonge, la bêtise humaine, à travers des caricatures, en faisant appel au rire, au comique...
Comment ne pas être sensible à l'ironie de Voltaire, à la verve de Rabelais, aux descriptions poétiques de Chateaubriand ?
Comment ne pas apprécier la sensibilité de Verlaine, le foisonnement de Victor Hugo ?
Leurs styles variés nous font accéder à toutes sortes d'idées, de découvertes, de sentiments, d'expériences...
Photos : Pixabay
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