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13 octobre 2023 5 13 /10 /octobre /2023 12:01
Une si jolie grenouille...


           "Les hommes,
           Les hommes,
Sont seuls à n’être pas contents.
Pluie ou soleil, tu les entends
Toujours geindre à cause du temps.
Ô mal satisfaits que nous sommes!
Grenouille et cigale ont chanté,
Chacune à son tour, cet été
Mais rien n’a pu mettre en gaité
           Les hommes,
           Les hommes.

           Poète,
           Poète,
Toi, du moins, ne sois pas ainsi.
Au temps, comme il vient, dis merci,
Au soleil, à la pluie aussi,
Et tâche d’être, et le souhaite,
Grenouille et cigale à la fois,
Pour chanter tout ce que tu vois
De bon coeur et de belle voix,"
           

Tel est le conseil donné aux poètes par Jean Richepin dans une de ses chansons...

"La grenouille, la rainette" : il suffit de prononcer ces mots pour voir de vives couleurs de verts, comme des éclats de feuilles...

La grenouille est forcément un mot sympathique, avec avec sa finale de palatale, ses gutturales initiales, le son "ou" plein de douceur...

 

Issu du latin "ranuncula", formation de diminutif, le mot a, anciennement, une valeur affective.

Le nom "rana" désigne, en latin, la grenouille et le terme "ranuncula", la petite grenouille...

 

Ainsi la rainette et la grenouille sont issues d'un même radical, bien que les mots ne se ressemblent guère...

 

En tout cas, ce mot familier "la grenouille" nous fait percevoir des étangs, des plans d'eau, une nature luxuriante, des roseaux.

 

Grenouille verte, rousse, des champs, grenouille rieuse : de jolis noms pour différentes variétés...

 

Les grenouilles sont pleines de vivacité, elles bondissent soudain, dans un élan, elles sont des virtuoses du saut...

 

L'univers aquatique dans lequel elles vivent est rempli de surprises : nénuphars aux fleurs éclatantes, fougères, lianes, roseaux, renoncules, tout un entrelacement de plantes.

Curieusement, le mot "renoncule" est issu du même terme latin "ranonculus", qui désignait la petite grenouille. Pourquoi ce rapprochement et cette association entre le monde animal et celui des fleurs ?

 

La renoncule apprécie, elle aussi les marécages, elle pousse volontiers près de l'eau.

"Grenouille, renoncule", ces deux mots pourtant différents viennent du même vocable latin : l'un (renoncule) est une formation savante où l'on a conservé les sonorités anciennes, l'autre (grenouille) est une formation populaire avec des évolutions phonétiques importantes...

 

Les noms de fleurs ont, ainsi, souvent gardé leurs racines anciennes.

 

La grenouille, elle, affirme une forme de familiarité sympathique, avec des sonorités pleines de bonhommie.

 

Mais les grenouilles sont menacées ! Si les humains poursuivent leurs habitudes de consommation, certaines espèces risquent de disparaître...

 

"L'Union européenne est responsable de l'extinction en cascade des populations de grenouilles" en Europe de l'Est et dans certains territoires d'Asie, fustigent deux ONG. Ainsi, la grenouille des marais d'Anatolie (en Turquie), surexploitée, pourrait s'éteindre d'ici 2032.

 

Des populations entières de grenouilles seraient menacées par la consommation massive, en France et en Europe, des cuisses du petit batracien. Un nouveau rapport établi par deux ONG pointe du doigt cette pratique pouvant s’avérer fatale sur le long terme pour toute une espèce.

 

 

 

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6 octobre 2023 5 06 /10 /octobre /2023 11:54
Le temps d'une chanson...

 

Que serions nous sans les chansons ? Elles nous accompagnent dès l'enfance, avec des comptines, elles nous charment de musiques, de poésie, de rêves, en maintes occasions...

 

Le mot "chanson" lui-même nous entraîne dans une envolée de voyelles nasalisées qui tourbillonnent... La chuintante initiale, la sifflante donnent à ce nom une douceur infinie.

 

Le nom est ancien, bien sûr : comment pourrait-il en être autrement : la chanson appartient à l'histoire de notre monde : la mer ne chante-t-elle pas des ritournelles incessantes, le vent ne murmure-t-il pas des airs apaisants ?

 

Les oiseaux se font, aussi, les chantres et les poètes de la nature...

Les cigales nous murmurent de doux refrains, dès qu'arrive l'été.

 

Le mot "chanson" remonte au latin "cantio", il est issu d'un verbe très ancien : "cano", "chanter".

Et dès les temps les plus anciens, la chanson est associée à la poésie...

 

La "cantio" désignait, aussi, en latin,  l'incantation, le charme, l'enchantement.

Et, de fait, les chansons nous envoûtent souvent, ells suscitent tant d'émotions, de bonheurs et d'hamonies.

Elles relèvent d'une forme de magie, elles nous emportent, par l'imagination, dans des univers oniriques, elles nous séduisent souvent, nous font pleurer ou rire de bonheurs...

Elles délivrent tant de messages qui restent gravés dans nos esprits !

Comment ne pas être transporté par la "Javanaise" ? Comment ne pas être ému par "l'Ame des poètes" ? Comment ne pas tomber sous le charme de cette chanson ; "Un p'tit coin de parapluie" ?

Des joies, des peines, des tourments, des détresses, des désarrois nous sont racontés dans des ritournelles inoubliables...

La chanson nous fait vivre et revivre toutes sortes de moments intenses, toutes sortes d'émotions..

Elle parle à notre sensibilité...

"Chanter, enchanter", ces mots n'ont-ils pas la même origine ?

Oui, la chanson comporte une part de rêve...

Elle est une part essentielle de notre culture, car elle s'adresse à notre sensibilité, elle participe à notre compréhension du monde .

Quoi de mieux qu'une chanson pour dénoncer la guerre et ses horreurs ?

Que de chansons pour évoquer l'amour, ses exaltations, ses souffrances !

Brassens, Brel, Ferré, Ferrat, Béart, Bécaud nous ont offert des mélodies et des textes inoubliables...

 

 http://rosemar.over-blog.com/tag/jean%20ferrat/

 

http://rosemar.over-blog.com/tag/brassens/

 

http://rosemar.over-blog.com/2018/02/quand-on-n-a-que-l-amour-pour-unique-chanson.html

 

http://rosemar.over-blog.com/2022/08/ma-petite-est-comme-l-eau-elle-est-comme-l-eau-vive.html

 

http://rosemar.over-blog.com/article-les-souliers-121740673.html

 

 

 

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10 novembre 2021 3 10 /11 /novembre /2021 11:10
La calligraphie est l'algèbre de l'âme...

 

"La calligraphie est l'algèbre de l'âme tracée par l'organe le plus spiritualisé du corps, sa main droite. Elle est la célébration de l'invisible par le visible."

Voilà une belle définition de la calligraphie que l'on doit à Michel Tournier, dans son roman intitulé La goutte d'or.
 

 

L'art de la calligraphie tend à disparaître : de plus en plus, le clavier remplace l'écriture manuelle, le travail patient de la main qui trace des pleins et des déliés....

Arrondis, boucles, arabesques, l'écriture trace des motifs qui sont, parfois, de véritables oeuvres d'art...

 

Le mot lui-même, plein d'élégance, révèle des sonorités contrastées de gutturales assez dures, "k", "g", "r", qui s'adoucissent en une fricative finale "f".

Les voyelles "a" et "i" bien distinctes peuvent traduire la diversité des formes tracées sur la feuille de papier...

 

Ce mot très ancien remonte au grec, "καλλιγραφία, kalligraphía" étymologiquement, "la belle écriture"... La calligraphie est, dès les origines, liée à l'idée de beauté et d'harmonie...

"Calligramme, calliphlox, callipyge, hémérocalle", tous ces mots contiennent l'idée de beauté et viennent de ce mot ancien : "κάλλος kállos, la beauté..."

 

Calligraphie persane, extrême orientale, ou latine ont donné lieu à des chefs d'oeuvre...

L'écriture déroule et fait tourbillonner des arabesques, de vagues, des volutes, des envols de brumes... Les motifs virevoltent, éblouissants...

On perçoit le trait, toute l'habileté de l'artiste qui a peint ces dessins, écriture et oeuvres d'art se mêlent sur ces pages dignes de la technique d'un peintre...

 

Avant l'apparition de l'imprimerie, les livres étaient des manuscrits, copiés par des moines dans des ateliers, ils étaient aussi décorés par des enlumineurs...

Ainsi, au Moyen-Age, le livre d'Heures connut un immense succès , c'était un ouvrage de piété personnelle, avec un calendrier, des prières, des extraits de l'Evangile, des litanies des saints...

 

Des enroulements de feuilles, des fleurs, des oiseaux accompagnent les calligraphies des copistes, dans un ensemble harmonieux...

Quel travail patient et minutieux ! Que d'heures passées à décorer ces pages, à les illustrer, à les embellir de ces écritures savamment ouvragées !

 

La calligraphie semble appartenir à un temps révolu, surtout avec l'apparition d'internet et son développement...

"Les mains n'ont plus rien à faire dans un monde numérisé... Dans ces conditions, quel destin peut-on imaginer pour nos mains, de plus en plus dépourvues de fonctions ? Avec le visiocasque, il sera possible d'effectuer n'importe quelle recherche et d'établir toutes sortes de communications grâce à des ordres dictés directement par la voix ou par l'oeil, sans le moindre mouvement de la main, ni même du doigt.", écrit Konrad Paul Liessmann dans son ouvrage La haine de la culture.

 

Pourtant, certains passionnés s'adonnent encore à l'art de la calligraphie, il existe des cours de calligraphie qui permettent de retrouver cet art ancien, si riche, si précieux...

 

 

 

 

 

 

La calligraphie est l'algèbre de l'âme...
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21 mai 2021 5 21 /05 /mai /2021 09:14
Moutons, canaille, sotte espèce !

 

- "Sire, dit le Renard, vous êtes trop bon Roi ;
Vos scrupules font voir trop de délicatesse ;
Eh bien, manger moutons, canaille, sotte espèce,
Est-ce un péché ? Non, non. Vous leur fîtes Seigneur
En les croquant beaucoup d'honneur."

 

Tel est le discours du renard dans la fable Les Animaux malades de la peste... 

La Fontaine, dans cette fable,  met en scène un procès truqué au cours duquel on cherche un coupable, une victime expiatoire, lorsqu'une maladie, la peste, se déclare. Le lion, le Roi des animaux vient d'avouer qu'il a dévoré "force moutons" et qu'il lui est même arrivé de manger le berger...

Mais le Renard, en courtisan rusé, le disculpe : il n'a fait que dévorer de "la canaille".

 

"Canaille, racaille, valetaille, marmaille", autant de termes péjoratifs qui comportent la même finale, à valeur dévalorisante...

 

Ainsi, Maupassant écrit au début de la nouvelle intitulée "Aux champs" : "Les deux chaumières étaient côte à côte, au pied d'une colline, proches d'une petite ville de bains. Les deux paysans besognaient dur sur la terre inféconde pour élever tous leurs petits. Chaque ménage en avait quatre. Devant les deux portes voisines, toute la marmaille grouillait du matin au soir."

 

Ces noms ont, de plus, une valeur collective et englobent plusieurs personnes...

Ces mots résonnent, pourtant de sonorités éblouissantes : voyelle "a" réitérée, gutturales variées, dentale, fricative...

Ces mots appartiennent souvent au peuple et désignent parfois, le peuple...

"La canaille" désigne la "vile populace", le petit peuple souvent méprisé par les grands de ce monde...

 

"La marmaille" s'applique à un groupe d'enfants souvent modestes, pauvres, sans ressources.

 

J'aime ces mots familiers et populaires, j'aime leurs éclats, leur gouaille !

 

La canaille est pourtant un terme à l'origine péjoratif : formé sur le mot  latin "canis", le chien, ce terme renvoie au monde animal, par l'emploi de ce mot, l'homme est ravalé au rang d'un animal, méprisé, avili...

Ce terme plein d'expressivité dans son radical, avec le suffixe -aille dit l'essentiel : un certain mépris pour le peuple, la piétaille !!

 

Bien sûr, il existe, aussi, de vraies "canailles", des bandits, des escrocs de bas étage : eux méritent le mépris et le rejet....

 

Ce mot oscille entre sympathie et dégoût : formation populaire, il fait tout de même résonner la voix du peuple, on entend ce langage haut en couleurs qui est celui du peuple !

 

"Bafouille, bâfrer, bastonner, cagnard, clébard, emmouscailler, décarcasser... flicaille, rouste, mariole, mouscaille, etc."

Que de mots évocateurs ! On aime ces sonorités familières, ce verbe populaire, celui de Céline et de Rabelais...

 

On apprécie ce parler qui rayonne, qui nous charme de mots différents : on perçoit, là, une vraie inventivité dans les suffixations, les sonorités....

Ces mots chantent, et disent la voix du peuple.

Ces mots reflètent aussi les difficultés du peuple déconsidéré, mis à mal, déprécié...

 

 

 

 

 

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5 juin 2020 5 05 /06 /juin /2020 08:19
Voyage au pays des mots latins...

 

 

De nombreux mots français nous permettent de voyager à travers la langue latine....

 

Ainsi, ce voyage nous permet d'aborder une île, en latin "insula", et ses nombreux dérivés : "l'insulaire, la péninsule", les personnes "isolées", c'est à dire séparées, à part, comme dans une île.

L'île est bien un lieu distinct, qui isole du reste du monde.

 

Le navire qui nous conduit vers cette île vient du latin "navis" : on reconnaît le radical des termes "nautique, nautisme, nautile, nautonier, naviguer, internaute" et pourquoi pas "agoranaute".

 

Nous aurions pu prendre l'avion pour nous rendre dans cette île, et même ce mot qui désigne une réalité très moderne vient du latin "avis, l'oiseau".

 

Le ciel nous invite à le contempler, encore un mot latin, "caelum". Il est coloré d'un bleu profond, "céruléen", et cet univers "céleste" est empli de mystères....

 

C'est un beau voyage qui nous est offert : issu du terme latin "via", la voie, la route, le mot évoque l'idée antique du voyage sur des voies romaines... La Via Appia, la Via Domitia sont les plus renommées...

Le "viatique" nous permet aussi de nous déplacer plus facilement, il s'agit de provisions ou d'argent donnés pour un voyage.

 

Un soleil rayonnant nous accompagne, du latin populaire "soliculus", en latin classique, "sol".

De là viennent "le parasol, le tournesol, le solstice, le solarium, l'ensoleillement" qui peut donner une "insolation"...

 

La mer, "mare" en latin, nous emmène encore vers d'autres pays, d'autres îles, la mer, son air "marin", ses voies "maritimes", ses odeurs salées et iodées.

 

L'odeur "odor" nous transporte vers de nouveaux paysages "olfactifs" : nous découvrons des arbres "odorants", des pins, des cyprès.... en latin "arbor, pinus, cyparissus".

Nous percevons des "essences" parfumées, nous atteignons alors l'essentiel, l'être même de ces végétaux.

 

Nous entendons alors des oiseaux aux ramages somptueux, dans les branches, les rameaux des arbres : le mot est dérivé du latin "ramus", le rameau.

 

Nous visitons de nombreux pays, encore un mot venu du latin "pagensis", "habitant d'un bourg, d'un canton"...

 

Que de mots latins dans la langue française ! Nous oublions souvent que notre langue est constituée de mots très anciens dans tout un réseau de significations.

Nous oublions souvent tout cet héritage latin dont nos sommes redevables...

 

 

 

 

 

 

Voyage au pays des mots latins...
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22 mars 2020 7 22 /03 /mars /2020 11:08
L'oasis comme un éblouissement...

 

Pour se détendre et rêver... la poésie des mots...

 

Dans le cadre de la Semaine de la langue française et de la Francophonie... du 14 au 22 mars 2020... Dis-moi dix mots : au fil de l'eau.

 

L'oasis ! Il suffit d'entendre ce mot plein d'exotisme pour voir se dérouler des paysages magiques de déserts, des dunes et des barcanes incendiées de soleils et de lumières, et soudain, comme un miracle, apparaît un lieu de verdures, aux palmes alanguies...

 

Le mot lui-même aux douces sonorités de sifflantes "s", réitérée nous apaise, et nous étonne aussi, avec ses voyelles variées qui s'enchaînent dans ce nom très court.

 

L'oasis semble, ainsi, comme un éblouissement, une découverte soudaine et inattendue...

 

L'oasis évoque l'Egypte, des dieux antiques aux sonorités voisines : Isis, Osiris, Apis, Anubis, Sérapis, Satis...

 

Ce mot venu du grec"ὄασις" a, aussi, des origines égyptiennes : issu de langues anciennes, il revêt un caractère mystérieux, étrange, d'autant que ce nom est resté intact au fil des siècles.

Préservé de toute altération, le mot "oasis" nous étonne, et nous éblouit...

 

Havre de paix, de repos et de bonheur, l'oasis sollicite tous les sens : on perçoit des couleurs nouvelles, on entend des clapotements d'eau, la fraîcheur d'une source nous apaise, on peut goûter une eau vivifiante...

 

Repos, détente, harmonie du lieu, brise légère, l'oasis apporte bonheur et réconfort, au milieu d'un désert de solitude.

Une palmeraie, une eau bruissante, des teintes verdoyantes..., l'oasis offre un bonheur longtemps attendu.

 

Un bruit d'eau, des frémissements de palmes agitées doucement, des murmures d'oiseaux, des reflets d'or sur les palmiers dattiers, des bruits d'eau "avec des rayons d'or dans les palmes...

 

Quels apaisements et quelle harmonie ! Miroirs d'ondes où se reflètent les longs fuseaux de palmiers hérissés de buissons ! Roseaux ondoyants !

 

L'oasis nous fait rêver à des lieux de paix, de repos, elle nous fait voyager vers d'autres paysages aux couleurs étonnantes...

Le vert côtoie des ocres aux douceurs de sables, le brun illumine le vert...

L'oasis nous offre un réservoir de sensations : couleurs, fraîcheur du lieu, bruissements de l'eau...

 

 

Les dix mots retenus :

aquarelle (nom)
à vau-l'eau (adv.)
engloutir (v.)
fluide (adj.)
mangrove (nom)
oasis (nom)
ondée (nom)
plouf (interj.)
ruisseler (v.)
spitant (adj.)

 

 

http://www.dismoidixmots.culture.fr/ressources/la-thematique-et-les-dix-mots-au-fil-de-leau

 

 

 

L'oasis comme un éblouissement...
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16 mars 2020 1 16 /03 /mars /2020 11:16
Au fil de l'eau : une ressource qui s'épuise...

 

Dans le cadre de la Semaine de la langue française et de la Francophonie... du 14 au 22 mars 2020... Dis-moi dix mots : au fil de l'eau...

 

La magie de l'eau ! Sa fluidité, ses transparences, ses mystères, les symboles qu'elle représente : la vie, la pureté, la fraîcheur...

 

L'eau peut être fontaine, source, rivière, fleuve, torrent, lac, mer, océan, pluie, rosée du matin...

 

Que de mots sont associés à l'eau ! Des mots anciens car l'eau est à l'origine de la vie et elle a toujours accompagné l'homme...

 

On admire depuis toujours sa fluidité : venu du latin "fluo" et plus anciennement du grec φλύω, le mot restitue bien avec sa fricative initiale cette caractéristique de l'eau, un radical que l'on retrouve dans le nom "le fleuve".

 

On est parfois surpris par une "ondée" : une pluie soudaine, souvent bienvenue et bienveillante... Là encore, le mot remonte au latin "unda", et plus anciennement au grec "ὕδωρ"... L'ondée rafraîchissante embellit les jardins, magnifie les fleurs, régénère les arbres...

 

Et l'eau ruisselle, se répand, devient petits ruisseaux ondulants... des mots anciens, venus du latin populaire rivuscellus, diminutif de rivus "petit cours d’eau", "rivière".

 

L'eau est encore si bienveillante quand elle fait naître des "oasis" dans un désert hostile... l'oasis, lieu de verdure aux palmes alanguies nous fait rêver... le mot nous promet une halte reposante, emplie de fraîcheur, de luxuriance...

Ce mot venu du grec"ὄασις" a, aussi, des origines égyptiennes : issu de langues anciennes, il revêt un caractère mystérieux, étrange, d'autant que ce nom est resté intact au fil des siècles.

 

L'eau peut aussi devenir "mangrove", formation végétale caractéristique des littoraux marins tropicaux, où dominent les palétuviers...

La mangrove joue un rôle écologique essentiel dans la conservation des littoraux tropicaux. ... La mangrove abrite une grande biodiversité animale. Certains poissons viennent s'y reproduire, d'autres y assurent leur croissance.

 

L'eau peut se faire aussi oeuvre d'art, elle permet de dessiner des "aquarelles", peintures légères sur papier avec des couleurs transparentes délayées dans de l'eau... des paysages, des arbres, des portraits naissent alors sous la main experte des artistes...

On reconnaît immédiatement l'ancienneté du mot : il vient bien sûr du latin "aqua"... un radical que l'on retrouve dans les termes "aqueduc, aquarium, aquatique."

 

Plus étrange encore, pour les Belges, l'eau peut être "spitante", chez nous elle serait plutôt pétillante... Et quelle agréable sensation procure cette eau pétillante au plus fort de la chaleur de l'été ! Elle stimule les papilles...

 

Mais l'eau peut soudain devenir turbulente, terrifiante quand tumultueuse, elle "engloutit" des rues, quand elle se fait torrentielle et qu'elle inonde des paysages entiers.

Et voici encore un mot ancien puisqu 'il est issu du verbe latin "inglutire", "avaler gloutonnement, faire disparaître dans un gouffre."

Quel verbe expressif dans ses sonorités de consonnes : gutturale "gu", dentale "t"!

 

Et parfois plus rien n'empêche le passage de l'eau, elle s'emporte et emporte tout sur son passage : alors, tout s'en va à vau-l'eau...

Ce nom "eau" a lui-même des origines anciennes puisqu'il est issu à nouveau du latin "aqua", par une dérivation populaire : "aqua" est devenu au XIe siècle egua et ewe, au XIIe siècle aive, aigue, eve puis eaue.

 

Enfin, on ne peut oublier la chanson de l'eau, ses murmures, ses bruissements, ses glouglous... ou encore le bruit d'un corps ou d'un objet qui tombe dans l'eau : "Plouf !", une onomatopée sympathique... 

 

Hélas, l'eau est devenue une ressource menacée : pollution, surexploitation, gaspillages, prélèvement des eaux souterraines, agriculture intensive. Un million de personnes meurent chaque année de maladies liées au manque d'eau potable et c'est la mauvaise gestion humaine de l'eau qui en est la cause.

 

 

http://www.dismoidixmots.culture.fr/ressources/la-thematique-et-les-dix-mots-au-fil-de-leau

 

 

Les dix mots :

 

aquarelle (nom)
à vau-l'eau (adv.)
engloutir (v.)
fluide (adj.)
mangrove (nom)
oasis (nom)
ondée (nom)
plouf (interj.)
ruisseler (v.)
spitant (adj.)

 

 

Au fil de l'eau : une ressource qui s'épuise...
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9 décembre 2019 1 09 /12 /décembre /2019 13:26
Le lundi réunit la brillance du jour et celle de la lune...

 

 


"Lundi" : nous utilisons tant de fois ce mot qui nous paraît si familier ! Un mot venu, en fait, du latin... pour les Romains, le lundi était le jour de la lune, "lunae dies".

 

En fin de mot, le radical "-di" désigne le jour, et on peut rattacher ce terme à l'adjectif "diurne".

 

Le mot "jour", lui, vient du latin "diurnus", d'un radical qui signifie"briller" et apparenté au mot "deus", le "dieu" et, notamment, à "Zeus" dans la mythologie grecque !

Le mot "luna" comporte le même radical que les noms "lux, lumen" qui désignent la lumière.

 

Ainsi le mot "lundi" réunit la brillance du jour et celle de la lune ! 

 

Il évoque des divinités, il renvoie à la mythologie gréco-romaine.

Tous les jours de la semaine s'achèvent avec cette finale -di, sauf le dimanche qui, lui, s'ouvre sur cette syllabe et marque, ainsi, sa singularité.

 

On voit, à travers ces exemples, l'empreinte qu'a laissée le latin sur notre langue : le latin est présent dans de nombreux mots de vocabulaire, il nous accompagne tous les jours sans qu'on en ait conscience.

Notre langue, notre culture sont latines et grecques.

 

Grâce à l'étymologie, le mot "lundi" prend une toute autre dimension : devenu jour de la lune, il peut permettre quelques distractions, il revêt, aussi, un charme poétique, il évoque des images de nuits étoilées auréolées de différentes formes de lunes...

Croissants de lune, lune pleine, lune qui émerge des nuages, qui se voile de nuées ondoyantes et légères...

 

Le lundi n'est plus un jour ordinaire : il devient jour lumineux, divin, il se pare d'un passé mythique et mythologique : la déesse de la lune dans l'antiquité était la soeur d'Hélios.

On la représente guidant un char argenté à travers le ciel obscur, tiré par des chevaux blancs. Elle brille d'une douce lumière argentée pendant qu'elle voyage à travers les cieux, renvoyant une douce lumière sur la terre ensommeillée.

 

Le mot "lundi" qui nous apparaît si commun revêt, soudain, un charme particulier...

Il contient la lune, le jour, la lumière, il nous raconte des histoires mythologiques...

Il suggère d'autres déesses lunaires : Séléné, Diane, Artémis, Hécate...

Il suggère tant de noms aux sonorités exotiques, mystérieuses, empreintes de poésie....

Séléné, la grecque ! Diane, la romaine !

 

Il évoque un monde peuplé de dieux et déesses, une nature vivante, animée.

 

Si le lundi fait rêver, que dire du vendredi, le jour de Vénus ?

Le vendredi devient un jour idyllique, associé à l'amour, la tendresse, il est vrai qu'il annonce de jolies perspectives avec l'arrivée de la fin de semaine et du repos dominical...

 

Que dire du mardi, le jour de Mars, le dieu guerrier et du jeudi, le jour de Juppiter ?

 

Ainsi, les jours de la semaine évoquent des divinités anciennes, ils se parent d' un relief particulier, d'une dimension mythique et mythologique...

 

 

 

http://www.cosmovisions.com/$Selene.htm

 

 

 

 

 

 

Le lundi réunit la brillance du jour et celle de la lune...
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17 octobre 2018 3 17 /10 /octobre /2018 08:53
Un mot qui invite à la discrétion : le secret...

 

 

 

Issu du mot "secretus", participe passé adjectivé du verbe latin "secerno, séparer, mettre à part", le mot "secret" suscite notre curiosité...

Ce terme composé du préfixe se- qui marque la séparation et du verbe "cerno", "séparer, distinguer", comporte deux fois cette idée de mise à l'écart...

Sifflante initiale, gutturales au centre "c" et "r", le mot "secret" symbolise bien une forme de discrétion, de mystère lourd et pesant.

Avec ses voyelles peu marquées, ses deux syllabes, le mot lui même invite à la discrétion.

 

Le secret, qui est caché, suggère parfois une faute, un manquement à ne pas révéler...

Il est empreint d'échos négatifs, d'une volonté de masquer certaines réalités.

 

Mais ce mot suggère aussi des énigmes à découvrir, le secret de l'apparition de la vie, celui de la création du monde, celui des pyramides...

Ces secrets éveillent notre imagination, une envie de découvrir de nouveaux horizons, de percer certains mystères.

 

J'aime ce terme expressif et bien évocateur de l'idée qu'il exprime, ses sonorités feutrées et rugueuses à la fois...

Le secret nous invite à la curiosité et à la découverte : il attire l'attention, intrigue, étonne.

 

Le thème du secret hante notre littérature : depuis le mythe de Pandore, rapporté par Hésiode, ce motif apparaît de manière récurrente.

Pandore, la première femme, apporte le malheur aux hommes en ouvrant la fameuse boîte que Zeus lui avait donnée : en voulant découvrir un secret, Pandore libère les forces du mal et conduit les hommes vers une forme de déchéance...

Certains secrets apparaissent ainsi dangereux... 

 

Ce mythe ancien dévalorise la femme, fait d'elle un modèle de curiosité néfaste...

On retrouve ce thème dans l'histoire de Psyché racontée par Apulée, récit inséré dans son roman l'âne d'or, ou encore dans un conte de Perrault, Barbe bleue...

Dans la bible, c'est le personnage d'Eve qui fait preuve de curiosité et entraîne le malheur des hommes.

Dans tous ces récits primitifs, la femme est souvent montrée du doigt, discréditée, responsable des douleurs et des détresses humaines...

 

Et, pourtant, la curiosité, l'envie de découvrir ne font-elles pas avancer le monde ?

Tant d'énigmes encore à résoudre, tant de secrets nous hantent et nous font avancer vers la connaissance !

 

La curiosité permet de se poser des questions, de les résoudre, de progresser...

Au fond, l'être humain est toujours en quête de secrets et de mystères : il se pose tant de questions sur le monde qui l'entoure...

 

 

 

 

  
 

 

 

 

Un mot qui invite à la discrétion : le secret...
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2 juin 2018 6 02 /06 /juin /2018 13:22
Au-dessus, les météores hirondelles...

 

 


 "Le peuple des prés m'enchante. Sa beauté frêle et dépourvue de venin, je ne me lasse pas de me la réciter. Le campagnol, la taupe, sombres enfants perdus dans la chimère de l'herbe, l'orvet, fils du verre, le grillon, moutonnier comme pas un, la sauterelle qui claque et compte son linge, le papillon qui simule l'ivresse et agace les fleurs de ses hoquets silencieux, les fourmis assagies par la grande étendue verte, et immédiatement au-dessus, les météores hirondelles ..."
 
  

C'est ainsi que René Char décrit une nature pleine de vie qui l'éblouit et l'enchante... Les hirondelles devenues des "météores" grâce à une image poétique couronnent le tableau...

 

Le nom "météore" nous fait lever les yeux vers le ciel : ce mot ancien désigne, d'abord, des phénomènes atmosphériques, comme les éclairs, le tonnerre, la pluie, la neige....

Il évoque aussi un corps solide qui se consume en traversant l'atmosphère, et dans un sens figuré, un être ou un objet qui font une impression très fugace...

 

Le mot nous laisse entendre des consonnes variées : labiale "m" pleine de douceur, dentale éclatante "t" et une gutturale "r" emplie de force...

Beauté, éclats, vivacité sont, ainsi, restitués dans ce mot aux sonorités poétiques : la voyelle "é" réitérée traduit une sorte d'écho apaisant.

 

Le météore peut briller de feux somptueux, éblouir les regards, attirer l'attention, scintiller dans les airs...

Le météore évoque un ciel parcouru d'étoiles filantes, des éclairs de feux dans la nuit, des embruns lumineux qui traversent la voûte céleste.

Fugitif, le météore s'évanouit, s'évapore, en laissant dans les yeux des images de lumières...

 

Les "Météores" désignent aussi des pitons rocheux où ont été construits, en Grèce, des monastères... Paysages abrupts de rocs qui s'élèvent vers le ciel... Paysages somptueux aux rochers abrupts et escarpés.... Visions aériennes de pics inaccessibles voués à la méditation et la contemplation.

Les Météores fascinent par leur hauteur impressionnante, leurs rochers dupliqués, leurs envols de pierres.

 

Ce mot ancien venu du grec "μετέωρος, meteôros, élevé, dans les airs" suggère des envolées aériennes.

Issu d'un verbe "airo, lever, élever", ce terme nous transporte sur des sommets, des hauteurs vertigineuses.

 

Il nous fait rêver à des visions fugitives d'étoiles à peine entrevues, éblouissantes...

Ce terme assez rare, peu employé, revêt une dimension poétique et suscite l'imagination. Ce mot aérien nous séduit par ses résonances, les images qu'il suggère...

 

Les "météores hirondelles" évoquées par René Char nous emmènent dans un univers poétique où les oiseaux sont assimilés à de fugitives apparitions d'étoiles : merveilleuse métaphore qui restitue le vol rapide et virevoltant des hirondelles !

 

 


 

 

 

 

 

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