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10 août 2022 3 10 /08 /août /2022 08:30
Société du dédain : la fin de la promotion sociale ?

De plus en plus difficile pour des jeunes d'origine modeste d'obtenir une promotion sociale...

 

Ainsi, dans le domaine de l'éducation, existaient autrefois les IPES : un concours permettait à des étudiants d'être payés pendant leurs études, s'ils s'engageaient à rentrer dans l'enseignement.

Trois ou quatre années d'études payées, c'était appréciable !

 

Mais les IPES ont disparu depuis longtemps.

Créés en 1956, les IPES permettaient à des étudiants en fin de première année d'université d'obtenir le statut d'élève professeur salarié pendant leur préparation au CAPES (Certificat d'aptitude au professorat de l'enseignement du second degré) et, pour un quart d'entre eux, pendant leur préparation à l'agrégation.

En échange d'un engagement à servir l'État pendant au moins dix ans, les "ipésiens" recevaient un traitement mensuel. 

 

Ainsi, "de réforme en réforme, l'angoisse des parents à situation modeste demeure. Il y a longtemps que les systèmes qui brillaient dans les années 1970 comme les IPES (instituts de préparation aux enseignements du second degré) permettant aux élèves de famille à revenu bas ou moyen de préparer les concours de professeurs en bénéficiant d'un salaire, se sont évaporés. Ils disparaissent dès 1979 sans avoir été réellement remplacés.", déplore Christian Vigouroux dans son ouvrage La société du dédain...

 

Et il ajoute : "Aujourd'hui, pour qu'un jeune issu de famille très modeste rejoigne les futures élites à HEC, à l'X, il faut avoir, au prix de démarches assidues, décroché une bourse. Les filières de type IPES ne sont plus de mise. Les ascenseurs sociaux sont ralentis. Le dédain de l'appareil d'Etat est ressenti devant la porte close."

 

Hélas ! Même le métier d'enseignant n'est plus attractif : sous payés, méprisés, déconsidérés, les professeurs n'ont plus la cote...

Il convient de revaloriser ce métier essentiel pour l'avenir d'un pays.

Et il conviendrait aussi de permettre à des jeunes d'origine modeste d'accéder à des formations d'excellence, grâce à des bourses, des soutiens pour mener leurs études.

Il est urgent de favoriser la promotion sociale ! 

"L'avenir de notre société dépendra en grande partie de notre capacité à dépasser le dédain.", écrit Christian Vigouroux.

Et il ajoute : "Le dédain attise et entretient la sauvagerie alors que la vie sociale crée des liens apprivoisés. Le dédain est négation.

En nous souvenant que, de toute façon, nous ne saurions nous priver de la solidarité dans une société organisée. Alors que le dédain n'a jamais produit que de l'isolement et des tensions."

 

 

 

 

Société du dédain : la fin de la promotion sociale ?
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commentaires

A
Etant moi-même issu d'un milieu modeste (père mineur et mère femme de ménage) c'est grâce à mon salaire d'élève -professeur fonctionnaire stagiaire à l' ENS de Cachan que j'ai pu me former en tant qu'enseignant à partir de 1979.<br /> Bourdieu qui a passé sa vie a dénoncer les inégalités sociales n'a jamais imaginé que ses propres partisans auraient fini par provoquer , à travers les réformes successives de l'enseignement, l'exact contraire de ce qu'ils prétendaient défendre. L'ascenseur social est bien plus en panne aujourd'hui qu'il ne l'était dans les années 70. Ce n'est pas une opinion, c'est un fait mesurable et mesuré.<br /> En mettant en place des réformes éducatives de plus en plus laxistes afin de ne pas mettre certains élèves en situation d'échec, la discrimination sociale s'est accentuée entre les enfants des élites et les autres. Tout le monde a le bac certes, mais pas avec la même note...Pire, bien souvent les types de devoirs à la maison demandés aux élèves donnent l'avantage à ceux qui vont avoir accès à des cours de soutien privés et à ceux qui bénéficient à la maison d'un environnement qui leur donne plus facilement accés à la connaissance( bibliothèque, internet,etc..) et à la culture. En Espagne, une véritable industrie de l'éducation parallèle s'est créée qui finit par pervertir le système. Presque tous le élèves de familles aisées reçoivent du soutien/perfectionnement en anglais, en math... Si c'était du sport, on parlerait de dopage (car une partie du travail de l'élève n'a pas été réalisée par lui d'une part et qu'il reçoit des heures supplémentaires de formation d'autre part ...égalité des chances, mon oeil !)...<br /> Le résultat final est là, indiscutable: les enquêtes sociologiques révèlent que la situation s'est empirée...Comment ne pas en vouloir aux papes des néo-pédagogies.<br /> https://www.babelio.com/livres/Brighelli-La-Fabrique-du-Cretin--La-mort-programmee-de-lec/13338<br /> Bonne journée l'amie
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A
Rectification: Henri Meirieu surnommé le PAPE des IUFM...
A
A Piro<br /> En France les réformes se sont faites, entre autres , sous l'impulsion de Philippe Meirieu, surnnommé le papre des IUFM)...<br /> Voici un extrait sede sa fiche wikipedia:<br /> <br /> "Les travaux de Philippe Meirieu sont l'objet de controverses, notamment de la part de Liliane Lurça, l'association Sauver les lettres, l'association Reconstruire l'École et l'association SOS Éducation.<br /> Des intellectuels tels que Régis Debray, Marcel Gauchet, Alain Finkielkraut, ou Jacqueline de Romilly considèrent leur application par le corps enseignant comme partiellement responsable d'une baisse générale du niveau de l’Éducation nationale qu'ils disent constater.<br /> En 2011, le Club de l'horloge lui attribue le prix Lyssenko pour « sa contribution majeure à la ruine de l'enseignement ».<br /> Des enseignants contestent ses théories éducatives fondées sur l'« élève apprenant » plutôt que sur des savoirs fondamentaux. « Philippe Meirieu a été très souvent pris à partie par les républicains ou les disciplinaristes qui l'accusent d'avoir contribué à la baisse du niveau des élèves ainsi qu'à l'effondrement de l'autorité des enseignants par son idéologie pédagogiste, égalitariste et démagogique. » Il a été contesté par des journalistes tels que Natacha Polony, des enseignants comme Agnès Jost ou Jean-Paul Brighelli."<br /> <br /> https://fr.wikipedia.org/wiki/Philippe_Meirieu<br /> <br /> Or, parole de Meirieu a été durant des décennies dans les IUFM parole d'évangile...On commence seulement maintenant à en revenir et à rectifier...partiellement d'ailleurs...
A
A Piro<br /> Bien évidemment l'effondrement du niveau des candidats recrutés par l'EN a et va avoir une influence de plus en plus néfaste mais avant d'en arriver là le niveau avait baissé depuis 3 décennies (contrairement à 2 sociologues des années 80 qui avaient osé pondre un essai intitué " le niveau monte"). Et ce phénomène s'est bien produit sous l'impulsion des inspections exigeant aux professeurs des niveaux de réussite préétablis (indépendamment du niveau de formation des maîtres donc). Tout le monde a le bac, mais tout le monde n'a pas le même bac (qui ne vaut plus grand chose par ailleurs), ni avec la même note...Par ailleurs en ce qui concerne les néopédagogies Brighelli explique bien que les nouvelles façons d'enseigner le français (méthodes alphasyllabiques,etc...) mais aussi les maths (nouvelles façons d'éxécuter des opérations élémentaires comme la division,etc...) ont eu des effets délétères sur le niveau réel de connaissances des élèves. Durant mes dernières annés d'enseignement dans le secondaire on a essayé de m'inculquer des nouvelles pédagogies basées sur l'évaluation par compétences, avec de belles idées du genre: "l'élève doit découvrir par lui-même", etc..Alors si vous attendez qu'un élève découvre par lui-même les bases du calcul infinitésimal vous risquez d'attendre quelques siècles.Toutes ces nouvelles pédagogies de ces dernières années n'ont fait que compliquer ma tâche sans rien m'apporter de plus. Au contraire, c'est souvent en ayant recours( mais sans le dire expréssement) aux bonnes vieilles méthodes que j'arrivais plus facilement à mes fins. Y' a pas 50 000 façons d'expliquer le calcul infinitésimal et les nouvelles technologies nous permettent de mieux faire visualiser le concept aux élèves, grâce à des animations, ce qui va ensuite aboutir à une définition qu'il faudra comprendre tôt ou tard. Les nouvelles technologies ne permettent pas aux élèves de faire l'impasse sur l'effort mental nécessaire pour comprendre un concept comme celui de la dérivée d'une fonction en un point. Je termine avec une métaphore à 2 balles. Si l'effort que doit fournir l'élève s'apparente à une montagne qu'il faut gravir avec patience et ténacité, beaucoup de néo-pédagogues ont cru que les nouvelles technologies de l'information seraient comme un hélicoptère qui amène directement l'élève en haut de la montagne...et bien, ça marche pas comme ça l'enseignement.
P
Qu'entendez-vous par néo-pédagogies ? Car s'il y a des néo-pédagogies il y a aussi forcément des archéo-pédagogies. Le problème ne vient pas des pédagogies, à mon avis quelles qu'elles soient mais de savoir les appliquer à bon escient. Le problème est donc à la base un problème de formation des professeurs qu'ils soient des écoles, des collèges, des lycées.
R
Merci pour ton précieux témoignage, et toutes ces réflexions... En effet, la plupart des réformes de l'éducation ont aggravé la situation : on a voulu aplanir les difficultés, supprimer les obstacles, c'est absurde. En France, aussi, les cours privés de soutien se développent un peu partout, accentuant les inégalités.<br /> <br /> Merci pour le lien.<br /> <br /> Belle soirée, AJE
A
Je me suis partiellement trompé avec le lien sur le livre de Brighelli. C'est le récent tome 2 que je voulais partager....avec les sous-titre " la mort programmée de l'école"<br /> https://www.babelio.com/livres/Brighelli-La-Fabrique-du-Cretin--La-mort-programmee-de-lec/13338