Comment restituer toute la magie de l'art théâtral ? Le meilleur moyen est, sans doute, de nous entraîner dans le sillage de ces comédiens qui vont de ville en ville pour donner des représentations et pour animer des soirées, de leurs spectacles...
Un hommage aux comédiens, à cet art ancien du théâtre qui nous fait rêver, à cet art éphémère qui reste, pourtant, gravé dans nos esprits, c'est, là, le thème d'une célèbre chanson de Charles Aznavour...
Le texte est une invitation pressante et insistante à aller voir des comédiens qui arrivent : l'impératif réitéré "viens" souligne l'exhortation, ainsi que la répétition du verbe "voir'.
Grâce à ce verbe "voir", on prend conscience que le théâtre est, avant tout, un art du spectacle : il est fait pour être représenté sur une scène, et c'est ainsi qu'il prend vie...
L'emploi de la deuxième personne du singulier "viens" apporte une tonalité familière : l'auteur semble, ainsi, s'adresser à chacun d'entre nous.
Les comédiens sont associés dans cette invite, à des musiciens et des magiciens.
La comédie, le théâtre ne sont-ils pas des spectacles complets et magiques qui nous transportent dans d'autres univers ?
L'emploi de la fricative "v" dans le refrain peut suggérer tout le charme et toute la fascination qu'exercent ces comédiens sur le public...
Le poète nous montre, d'abord, tout ce qui précède les représentations : l'installation des tréteaux, tout un travail que révèlent des verbes d'action : "installer, dresser, tendre".
Puis, c'est l'évocation de la parade qui permet de prévenir la foule, de lui présenter le spectacle à venir. A grands bruits de tambours, les comédiens attirent "un cortège en folie".
Le poète plante, alors, le décor coloré du spectacle, en plein air :
"Devant l'église une roulotte peinte en vert
Avec les chaises d'un théâtre à ciel ouvert "
Puis, il déroule, de manière très vivante, certaines intrigues mises en oeuvre dans de nombreuses pièces de théâtre : histoires de coquins qui finissent par être punis, histoires d'amours, bien sûr, qui font "trembler" ou "rire".
Les impératifs "Poussez la toile et entrez" sont, à nouveau, une invite insistante à aller suivre le spectacle.
Le poète magnifie, aussi, le théâtre en évoquant encore le cadre : "Sous les étoiles…" et le rituel théâtral qui donne tout son charme et son mystère à cet art : "les trois coups, le rideau va se lever..."
"Quand les trois coups retentiront dans la nuit
Ils vont renaître à la vie, les comédiens."
Le poète décrit, enfin, dans le dernier couplet, le départ des comédiens, soulignant le caractère éphémère de cet art du théâtre...
"Les comédiens ont démonté leurs tréteaux
Ils ont ôté leur estrade
Et plié les calicots..."
Il évoque, enfin, l'empreinte que laisseront, malgré tout, les comédiens, des souvenirs inoubliables gravés "au fond du coeur" de chacun..."sérénade, bonheur d'Arlequin", des souvenirs étincelants de musique douce, de joie.
Ils laisseront à chacun l'impression d'avoir rêvé, avant de rejoindre d'autres lieux, pour donner d'autres spectacles...
L'emploi du futur, en fin de texte, souligne bien la permanence du souvenir... "ils laisseront, nous croirons avoir rêvé..."
La mélodie entraînante, vive et virevoltante nous emporte dans le sillage de ces comédiens qui vont de ville en ville, pour jouer leur spectacle... Elle traduit un enthousiasme, celui des spectateurs mais aussi celui des acteurs, passionnés par leur art...
Paroles de Jacques Plante :
http://www.paroles.net/charles-aznavour/paroles-les-comediens