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9 septembre 2022 5 09 /09 /septembre /2022 12:09
"Poutine n'est pas la Russie..."

 

Il s'appelle Pavel Filatiev, ce soldat russe a fui la Russie, refusant une guerre qu'il juge désastreuse et inutile...

"A son arrivée en France, dans les toilettes de l'aéroport Paris Charles de Gaulle, le premier geste symbolique de Pavel Filatiev est de détruire tous ses papiers :

"Voilà, ce sont mes papiers, ma carte d'identité militaire", dit-il, en se filmant avec son portable et il déchire le document...

"Mon passeport de citoyen russe..." Et il le déchire à nouveau. Puis il jette le tout dans la cuvette des toilettes...

"J'aime la Russie, j'aime les Russes, mais Poutine n'est pas la Russie, le gouvernement n'est pas la Russie... Poutine, va te faire voir !", déclare le militaire.

 

Après 48 heures dans un centre de rétention, des journalistes rencontrent l'ancien militaire de 34 ans, désormais considéré comme déserteur par la Russie...

Il va faire avec son avocate une demande de droit d'asile. Son témoignage est accablant sur la guerre en Ukraine, menée par Vladimir Poutine :

 

"On s'entretuait entre militaires russes et ukrainiens, mais je voyais qu'on était aussi en train de tuer des civils, il y a eu beaucoup de civils tués..

Bien sûr, j'ai pu être cruel parfois, mais je ne pouvais pas accepter ce qui se passait : nous arrivions et nous détruisions des villes entières, on rasait tout."

 

Pavel Filatiev était un soldat d'élite, un commando parachutiste, il affirme n'avoir commis aucune exaction. Il était prêt à mourir pour son pays, mais après deux mois de guerre en première ligne, il dénonce une guerre inutile.

"Aujourd'hui, beaucoup de militaires russes refusent tout simplement d'aller à la guerre, et ceux qui y vont n'ont pas de motivation. C'est pour cela que Poutine essaie de recruter des gens en prison et des vieux."

 

Blessé en mai, le soldat d'élite est écarté de la ligne de front. Finis les tranchées et les combats, c'est à l'hôpital qu'il va commencer à écrire sur la guerre.

Son récit est intitulé ZOV, un appel à l'aide équivalent à un SOS : il y raconte la désorganisation de l'armée russe et les morts inutiles.

Un site internet russe publie des extraits puis la chaîne d'un militant des droits de l'homme invite Pavel Filatiev.

 

"Vous êtes le seul à briser le silence dans l'armée russe. Est-ce qu'aujourd'hui vous êtes devenu l'homme à abattre ?" interroge une journaliste.

"Moi, je voulais juste réveiller les consciences, que les gens se rendent compte de ce qui est vrai... Si vous allumez la télévision, vous allez entendre les Russes dire qu'ils chassent les nazis d'Ukraine, que cette opération, c'est pour libérer la population de ces nazis.

J'ai appris que mon commandement avait demandé 15 ans de prison pour moi, en m'accusant de diffamation contre l'armée. Mais se retrouver en prison en Russie, c'est être à la merci de l'état : on peut être torturé, humilié... c'est une bonne raison pour quitter le pays.

J'étais devenu pour eux un traître, un ennemi."

 

Dès lors, il a peur pour sa vie et doit quitter le pays dès que possible... après un mois de cavale, il est exfiltré par des lanceurs d'alerte et est arrivé à Paris, il y a quelques jours.

 

"Aujourd'hui, je pense que beaucoup de Russes ne veulent pas de cette guerre, malgré ce que raconte le pouvoir. L'Ukraine, c'est une honte pour notre pays.", déclare encore Pavel Filatiev.

 

“Je sais que je ne peux pas dire le mot ‘guerre’. C’est interdit. Mais je le dis quand même : c’est la guerre. Les soldats des deux camps meurent, tout comme les civils qui ont la malchance de vivre dans un pays contre lequel on a lancé cette guerre, appelée ’opération militaire spéciale’. J’ai 33 ans maintenant et toute ma vie je n’ai dit que la vérité.”

Ainsi commence le récit de ce témoin de la guerre en Ukraine.

 

Il y dépeint une armée russe en lambeaux, à peine équipée et manquant de formation, "dans le même état que ce qu'est devenue la Russie ces dernières années". 

"D'année en année, le bazar et la corruption deviennent de plus en plus prégnants", explique Pavel Filatiev. "La corruption, le désordre, le je-m'en-foutisme ont dépassé les limites de l'acceptable", ajoute-t-il, racontant avoir très vite déchanté après avoir signé son contrat. 

 

Un témoignage qui en dit long sur l'état de l'armée russe et qui peut expliquer les revers subis par cette armée... 

 

 

Sources :

 

https://www.courrierinternational.com/article/guerre-en-ukraine-pavel-filatiev-soldat-russe-transfuge-demande-l-asile-a-la-france

 

https://www.francetvinfo.fr/monde/europe/manifestations-en-ukraine/guerre-en-ukraine-un-soldat-russe-desabuse-trouve-refuge-en-france_5342386.html

 

 

 

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commentaires

L
Courageux soldat, bravo à lui.
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R
Il ose défier Poutine, ce qui est courageux, oui. En même temps, ce qui l'a motivé, c'est sans doute le manque d'organisation de l'armée russe, les mauvaises conditions faites aux soldats.
A
Merci pour ce témoignage qui ne fait que confirmer le mépris de Poutine pour la vie des ukrainiens, mais aussi le mépris total pour ses propres soldats qui se font trouer la peau dans des conditions honteuses pour une armée digne de ce nom. <br /> Toujours aussi édifiant la capacité des autorités russes de faire perdurer le mensonge dans cette farce tragique...Ce soldat témoigne simplement qu'il n' a pas vu de nazis en face et que personne n'est venu l'accueillir en l'applaudissant. On s'en doutait.<br /> A Caius<br /> Les mercenaires pro-Poutine du sinistre groupe Wagner confirment aussi une partie des propos de ce soldat russe réfugié en France sur l'incurie de cette armée russe.<br /> <br /> https://www.courrierinternational.com/article/guerre-face-a-l-avancee-ukrainienne-la-colere-des-troupes-russes-sur-telegram#:~:text=Guerre.-,Face%20%C3%A0%20l'avanc%C3%A9e%20ukrainienne%2C%20la%20col%C3%A8re%20des%20troupes%20russes,'ils%20accusent%20d'incurie.<br /> <br /> Il y a des victimes aussi de côté ukrainien et leurs autorités, afin de maintenir le moral des troupes qui viennent de réussir une incroyable et vaillante percée, minimisent probablement leurs pertes.<br /> <br /> Chaque jour qui passe le projet fou/délirant de Poutine qui croyait faire une opération de quelques semaines et qui persiste dans l'erreur se solde par une fracture de plus en plus béante entre les 2 peuples.<br /> Je vais me lancer dans la lecture de cet ouvrage qui vient de sortir. J'espère qu'il éclairera un peu ma lanterne sur cette guerre hors-normes.<br /> <br /> https://www.babelio.com/livres/Colin-Lebedev-Jamais-freres--Ukraine-et-Russie--une-tragedie-/1446441<br /> <br /> Bonne fin de journée à tous
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C
A ALEA JACTA EST<br /> Vos arguments sont a priori très raisonnables mais je n'y crois pas.<br /> 1- Sous-évaluation de la capacité de riposte des ukrainiens : objectivement personne au Kremlin ne pouvait imaginer que la guerre se conclurait en quelques jours. On ne pouvait qu'y être conscient que depuis 2014 les forces armées ukrainiennes étaient devenues la plus puissante armée d'Europe occidentale (je suis convaincu que ni l'Allemagne ni la France n'auraient fait mieux face à l'Ukraine) la quantité fantastique de missiles antichars et anti-aérien portatifs tirés par les ukrainiens en atteste.<br /> Comme l'a si bien dit Jean de Gliniasty : "l'Ukraine n'était pas dans l'OTAN mais l'OTAN était dans l'Ukraine" <br /> <br /> Le Donbass est de plus une région qui parait-il peut-être comparée à la Ruhr : une vieille région de charbonnages et d'industries très densément urbanisée. Depuis 2014, les ukrainiens avaient converti la région faisant face aux insurgés en zone fortifiée avec de nombreux sites industriels en béton armés convertis en forteresses, des bunkers, des réseaux de tranchées, barbelés ,champs de mines, etc... Personne ne s'attendait donc à une promenade militaire et ainsi que vous le soulignez le chef du renseignement n'était pas chaud pour une attaque.<br /> <br /> 2- Des rapports sur place en Ukraine des partisans pro-russes qui ont trompé complètement Poutine sur l'accueil que recevraient ses troupes, notamment à l'Est : je ne crois pas non plus que l'on s'attendait à autre chose de la part de la majorité des populations russophones qu'à une neutralité bienveillante en attendant de voir quel camp l'emportera.<br /> <br /> Je sais que Rosemar tonnera que RT est un immonde site de propagande mais j'y trouvais des articles souvent bien argumentés comme celui-ci sur les origines internes à l'Ukraine du conflit :<br /> https://archive.ph/KZpwn<br /> <br /> Quant à l'attitude des USA, si l'administration Biden et le gouvernement Johnson ont effectivement hurlé à la menace d'invasion russe dès le lancement des manœuvres conjointes de la Russie et de la Biélorussie à la frontière de l'Ukraine, je vous rappelle qu'ils ont opposé une fin de non recevoir aux demandes de Poutine d'organisation d'une conférence globale sur la sécurité en Europe. <br /> <br /> Le fait que l'opération ait finalement été lancée en plein dégel (la pire période pour les véhicules blindés) me semble indiquer que jusque dans les dernières heures Moscou espérait une solution négociée.
R
Le témoignage est accablant pour Poutine, et ton lien vient bien confirmer ses propos : "les mercenaires de Wagner et d’autres membres de forces spéciales fustigent, sur leurs chaînes Telegram, le commandement de l’armée russe, qu’ils accusent d’incurie."<br /> <br /> Merci pour les liens.<br /> Les combats sont violents et font évidemment des victimes, des morts, des blessés, des mutilés dans les deux camps. <br /> <br /> Merci pour le conseil de lecture...<br /> <br /> Belle soirée, AJE<br />
C
Je ne doute pas de la sincérité de ce déserteur mais du côté ukrainien aussi le moral n'est pas au beau fixe. Je vous conseille de lire l'article du Washington Post du 7 septembre par John Hudson. Il a le courage de décrire l'enfer dans lequel Zelensky a jeté ses soldats dans sa folle tentative vers Kherson. Des soldats avec « membres coupés, blessures par des éclats d’obus, mains mutilées et articulations brisées » racontent le déséquilibre écrasant des forces : « Si nous tirons trois mortiers, ils en tirent 20 en retour »,« Dès que nous allumons nos portables ou nos radios, ils connaissent immédiatement notre présence et les tirs commencent », « nous perdons 5 hommes là où ils n'en perdent qu'un », etc... En fait ce massacre semble n'avoir pas d'autre but que d'impressionner les gouvernements occidentaux pour soutirer des fonds et des armes. <br /> <br /> https://www.washingtonpost.com/world/2022/09/07/ukraine-kherson-offensive-casualties-ammunition/ <br /> <br /> J'attire par ailleurs l'attention sur le surnom malsain dont s'est affublé l'un des soldats, il est possible que je fasse de la généralisation abusive mais cela me semble symptomatique de la fascination d'une partie de la population ukrainophone pour certaines figures et symboles du fascisme et de l'extrême-droite.
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A
A Caius<br /> J'essaie de suivre la logique de vos suspicions. Ces agissements des américains se seraient produits sous le mandat d'Obama et de Trump qui n'ont pas agi dans la continuité. <br /> C'est pas simple d'imaginer que les Etats-Unis ont essayé de provoquer un choix politique aussi téméraire et aventureux.<br /> Poutine a commis une énorme et dramatique erreur de discernement qui a nécessité en amont des erreurs de jugements dans son entourage<br /> 1- Sous-évaluation de la capacité de riposte des ukrainiens (c'est donc l'intelligence russe et l'Etat-major russe qui auraient induit Poutine en erreur. On a quand même vu que le chef du renseignement n'était pas chaud pour une attaque).<br /> 2- Des rapports sur place en Ukraine des partisans pro-russes qui ont trompé complètement Poutine sur l'accueil que recevraient ses troupes, notamment à l'Est.<br /> Arriver à penser que les américains anticiperaient de telles erreurs (pour ne pas dire de telles bourdes) me paraît difficilement crédible.<br /> Ça supposerait que les américains auraient compté et misé sur un certain aveuglement de Poutine et de ses conseillers...<br /> Tout est possible mais j'ai du mal à imaginer ça...
C
Ma conviction est que Washington a encouragé le régime de Kiev à ne pas respecter les engagements qu'il avait pris à Minsk et à attaquer les républiques de Donetsk et Lougansk pour précisément forcer la Russie à intervenir militairement. Leur raisonnement était que l'armée Ukrainienne était l'une des armées les plus puissantes de l'Occident, qu'en 8 ans la frontière du Donbass était devenue la zone la plus fortifiée de la planète après la frontière entre les deux Corées et que Zelensky tiendrait le temps que les sanctions économiques fassent leur effet : les banques russes allaient faire faillite, l'industrie fermer, les magasins se vider et les Russes allaient porter au pouvoir un nouveau fantoche à la Eltsine qui mangerait dans la paume de Biden.
R
Merci pour le lien : on y voit les horreurs de la guerre, une guerre qui fait forcément des victimes dans les deux camps... Vous parlez de l'enfer dans lequel Zelensky a jeté ses soldats, mais qu'a fait Poutine en envoyant son armée dans ce même enfer, en envahissant et attaquant par surprise un pays frère souverain ? C'est l'enfer de la guerre des deux côtés.<br /> En effet, le surnom de Pinochet est vraiment malvenu et malsain, on peut y voir aussi une provocation face à des ennemis : la guerre a tendance à annihiler le bon sens et conduit à une forme d'inhumanité, de démesure.