"Pétarader" ! Il suffit de prononcer ce verbe pour entendre des bruits tonitruants et répétés...
Les moteurs d'autrefois pétaradaient souvent au démarrage et c'était un festival de sonorités éclatantes... On entend, encore, parfois, certains de ces engins bruyants, des grosses motos qui produisent des sons démesurés.
Les feux d'artifices, aussi, pétaradent vivement dans des envolées de poudre étincelantes et rayonnantes...
On voit des girandoles, des explosions colorées qui traversent le ciel, on perçoit des fontaines de lumières dans l'obscurité de la nuit.
On admire des éclats, des envolées d'éclairs, des tableaux éblouissants qui enflamment les ténèbres.
On est ébloui et subjugué par des flammèches qui semblent surgir du monde de la nuit...
Ce verbe aux sonorités évocatrices nous fait percevoir des crépitements soudains, avec sa labiale initiale, ses dentales "t" et d", sa gutturale "r", et sa voyelle réitérée "a".
Des échos semblent se répondre, se répandre, envahir l'espace, dans ce verbe plein d'expressivité...
Dérivé d'un verbe latin, "pedo", ce mot appartient à la même famille que les termes "pet, péter, pétard, pétoire, pétarade, pétoche, contrepèterie".
On perçoit toute la familiarité de ces mots qui évoquent des réalités du corps ordinaires ou encore des objets de fête, comme le "pétard", ou un outil usagé comme la "pétoire", qui est un vieux fusil...
On connaît aussi l'interjection "pétard !", qui marque la surprise, l'étonnement, une forme de stupéfaction soudaine... On utilise volontiers dans le sud, à Marseille, cette exclamation familière : "Pétard ! Que c'est beau !"
On ne peut manquer d'évoquer, en cette occasion, Rabelais, passé maître en l'art du pet et de la contrepèterie, on songe à la verve et à la truculence rabelaisienne, à des jeux de mots qui rebondissent, on songe au jeune Gargantua "barytonnant du cul".
Tous ces mots remonteraient au grec "bdéo" "péter"... Aristophane utilise ce verbe dans certaines de ses comédies...
On voit ici toute la richesse de dérivation des mots, toute leur expressivité dans les sonorités !
Comment ne pas être sensible à la bonhomie de tous ces termes familiers, qui appartiennent au langage populaire, qui nous font entendre la voix du peuple ?
J'aime ces mots simples, ordinaires et si expressifs...
Ils nous font apprécier la langue française, sa diversité, ils nous font percevoir des sons, des images variées qui appartiennent au passé ou au présent, ils évoquent des souvenirs, une vieille guimbarde d'un grand-père paysan, qui ne pouvait démarrer qu'avec un tour de manivelle, un vieux fusil de chasseur usagé, des feux d'artifice éblouissants sur l'eau...
Des feux d'artifice, symboles de fêtes et de célébrations... des éclats lumineux qui rebondissent, retentissent et se répercutent dans l'ombre de la nuit...
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