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26 mai 2023 5 26 /05 /mai /2023 11:34
Il y avait un jardin...

 

En hommage à Georges Moustaki qui disparaissait il y a dix ans...

 

Une chanson sous forme de plaidoyer pour défendre la nature, notre terre si belle, si féconde et si malmenée... une chanson de Georges Moustaki : Il y avait un jardin...

 

Dans le premier couplet, le poète évoque le monde moderne dans lequel naissent et vivent les enfants d'aujourd'hui, un monde fait "d'acier, de bitume, de béton et d'asphalte"... L'énumération vient souligner un univers artificiel, étouffant, à l'inverse de l'image d'un "jardin".

Ce jardin qu'était autrefois la terre, comme le suggère l'emploi de l'imparfait, les enfants, eux, ne le connaîtront peut-être jamais... 

L'image du "jardin" évoque un lieu protégé où l'homme et la nature se côtoient dans une belle harmonie...

La terre assimilée à un jardin appartient alors au passé, comme le montrent les nombreux imparfaits récurrents : 

"Il y avait un jardin qu'on appelait la terre
Il brillait au soleil comme un fruit défendu
Non ce n'était pas le paradis ni l'enfer"

Ce jardin est valorisé, il apparaît comme un joyau dans l'expression : "Il brillait au soleil", il est comparé à un "fruit défendu", belle image biblique qui évoque le jardin d'Eden...

Pourtant, dit le poète, "ce n'était pas le paradis ni l'enfer", mais un lieu unique, inédit donc exceptionnel :  "rien de déjà vu ou déjà entendu".

 

Dans le couplet suivant l'image de ce jardin est esquissée en quelques mots :

"Il y avait un jardin une maison des arbres
Avec un lit de mousse pour y faire l'amour
Et un petit ruisseau roulant sans une vague
Venait le rafraîchir et poursuivait son cours"

La description suggère un lieu accueillant et protecteur : présence d'une nature bienveillante, idyllique, propice à l'amour et au bonheur. L'énumération traduit une abondance : "un jardin, une maison, des arbres, un lit de mousse, et un petit ruisseau."

Les sonorités de gutturales "r", "g", "k" nous font entendre le murmure du ruisseau : "ruisseau roulant, une vague, rafraîchir, poursuivait son cours".

La sifflante "s" réitérée donne une impression de bonheur et d'apaisement...

 

Ce jardin était aussi une terre nourricière offrant ses fruits et ses fleurs malgré la rudesse du climat fait de contrastes : "Sur la terre brûlante ou sur l'herbe gelée"...

Présence des fleurs, des arbres, de l'eau sous la forme d'un ruisseau : tous les éléments sont réunis pour favoriser la vie.

 

Dans la strophe suivante, le poète insiste sur l'idée de transmission :

"Il y avait un jardin qu'on appelait la terre
Il était assez grand pour des milliers d'enfants
Il était habité jadis par nos grands-pères
Qui le tenaient eux-mêmes de leurs grands-parents"

La terre est un héritage qu'il nous faut préserver et chérir... et cette strophe a encore plus de résonances de nos jours où on sait notre belle planète de plus en plus menacée, où on assiste à une extinction de nombreuses espèces, où la biodiversité est en danger.

 

Tout au long de la chanson, le poète nous fait entendre la voix des enfants qui regrettent ce monde perdu : la terre...

Et dans la dernière strophe, on entend ces enfants poser des questions insistantes :

"Où est-il ce jardin où nous aurions pu naître
Où nous aurions pu vivre insouciants et nus
Où est cette maison toutes portes ouvertes
Que je cherche encore et que je ne trouve plus?"

L'emploi de la première personne du pluriel, le recours au discours direct soulignent la présence de ces enfants, on entend leur désarroi, leur tristesse, leur regret suggéré par les conditionnels passés.

Le passage à la première personne du singulier dans le dernier vers permet d'individualiser le reproche qui peut nous être adressé...

 

La mélodie très douce et mélancolique restitue le bonheur perdu procuré par cette terre...

 

Les paroles :

 

https://www.paroles.net/georges-moustaki/paroles-il-y-avait-un-jardin

 

 

En complément de cette chanson :

Vivant, un film de Yann Arthus-Bertrand :

https://www.lemonde.fr/culture/article/2023/05/23/dans-vivant-sur-france-2-yann-arthus-bertrand-remet-l-humain-au-c-ur-de-la-biodiversite_6174532_3246.html

 


 

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commentaires

L
Moustaki manque à mon répertoire, magnifique chanson, merci rosemar.
Répondre
R
Ravie de te faire découvrir cette chanson de Moustaki... mais tu dois connaître :<br /> <br /> <br /> http://rosemar.over-blog.com/article-le-meteque-118011685.html<br /> <br />
A
Toujours à ce propos j'ai dans ma liste d'attente ce livre-ci.<br /> <br /> A l'aube de la 6ème extinction : Comment habiter la Terre<br /> <br /> https://www.babelio.com/livres/David-A-laube-de-la-6eme-extinction--Comment-habiter-l/1276716<br /> <br /> <br /> Bruno David est un naturaliste français spécialisé en paléontologie et en sciences de l’évolution et de la biodiversité, président du Muséum national d'histoire naturelle depuis septembre 2015.
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R
Merci pour ce conseil de lecture : ce livre a l'air passionnant...
A
Le poème est très joli mais il entretient aussi le faux mythe biblique d'un Eden originel, d'un paradis sur terre que nous aurions perdu...Or, la réalité de l'homo sapiens a été toute autre. L'Homo sapiens a été confronté à un milieu d'une immense richesse mais dans lequel la survie était la préoccupation constante principale des habitants.<br /> Dès le départ il y avait la maladie, le froid et la faim contre lesquels il fallait lutter et qui obligeaient les populations à se déplacer. Plus tard l'agriculture permettra la sédentarisation mais amènera aussi d'autres aliénations...Même sur les îles paradisiaques du Pacifique il y avait les guerres et la vie sociale générait parfois un stress important.<br /> <br /> https://www.babelio.com/livres/Diamond-Le-monde-jusqua-hier--Ce-que-nous-apprennent-les/526221<br /> <br /> Pour revenir à la chanson de Moustaki elle reste aujourd'hui une très belle métaphore "rousseauiste" d'une richesse perdue et d'un lien sacré rompu avec notre terre nourricière.<br /> <br /> Bonne journée l'amie<br /> <br /> PS: A la même époque Leforestier avait composé cette chanson-ci que j'ai fredonné des milliers de fois:<br /> <br /> https://www.youtube.com/watch?v=clDxk0Wh--4
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R
La chanson de Moustaki évoque, je pense, un état avancé de civilisation dans lequel les hommes vivent assez aisément grâce aux ressources fournies par la terre : l'eau, les arbres, les fleurs... On trouve ce vers : "Non ce n'était pas le paradis ni l'enfer"... donc pas vraiment d'image paradisiaque...<br /> Merci pour le lien et pour la magnifique chanson de Leforestier.<br /> <br /> <br /> Belle soirée, AJE