ROSEMAR
La fresque du pêcheur ! Elle nous est parvenue intacte avec ses couleurs éclatantes par delà les siècles , une fresque qui date de plus de 3500 ans ! Une fresque qui a été préservée sous les cendres d'une éruption volcanique survenue sur l'île de Santorin ,une des cyclades au sud de la Grèce...
Les fresques de l'époque minoenne révèlent un art plein d'élégance et de raffinement.Les couleurs éclatantes resplendissent sur le fond ocré de la fresque et font ressortir les motifs....La civilisation minoenne s'est développée en Crète et au sud de la Grèce de 2700 à 1200 av. J.-C..Elle tient son nom du légendaire roi de Crète,Minos...
Les fresques d'Akrotiri (anciennement Théra)à Santorin,île des cyclades, sont les plus anciennes peintures murales connues d'Europe. La cité minoenne d'Akrotiri a été enfouie sous une éruption volcanique il y a plus de 3500 ans ,vers 1600 avant J. C. :elle a été découverte en 1967 sous une épaisse couche de cendres et de pierres ponces , au sud de l'île.Les fresques de Santorin font songer à celle des civilisations Crétoise et Mycénienne. Une des plus connues et des plus belles est sans doute la fresque du pêcheur.Elle représente un jeune homme tenant des poissons enfilés par les ouïes sur des filins.
Le corps apparaît dans sa nudité, un corps vigoureux, jeune, élancé, à la carrure d'athlète : la couleur brune de la peau du personnage se détache sur un fond très clair. Les poissons abondants tenus par le pécheur ,de teinte bleutée semblent laisser entrevoir leurs écailles irisées.La pêche abondante est tenue à bout de bras et on perçoit une cascade de poissons étincelants.
Le jeune garçon apparaît de profil, un profil grec bien dessiné et l'oeil vu de face bien grand, bien ouvert traduit le contentement, le plaisir du pêcheur ravi du travail accompli.
La coiffure de ce pêcheur a de quoi surprendre :elle semble évoquer un style original que ne renieraient pas certains jeunes d'aujourd'hui, de couleur bleu, elle laisse sortir une tresse vers l'arrière et une mèche de cheveux sur l'avant...
Cette fresque a été retrouvée dans les vestiges d'une maison de Santorin, l'île des pêcheurs.Santorin,la seule île grecque perchée sur un ancien volcan a été associée au mythe de l'Atlantide , une île qui aurait été engloutie dans la pré-Antiquité. Elle est mentionnée pour la première fois par Platon dans le Timée puis le Critias.Santorin , avec ses plages de sable noir,ses paysages contrastés et escarpés fait rêver,et nous introduit dans un monde de mystères...
Que de simplicité, que d'harmonie dans les couleurs !Ce tableau peint il ya environ 3500 ans nous offre une scène de la vie quotidienne de ces pêcheurs d'autrefois. J'aime cette fresque qui nous est parvenue dans un état de conservation remarquable, avec des couleurs intactes.J'aime la fraîcheur naïve de cette image, j'aime l'élégance du personnage, les longs poissons effilés qu'il nous présente comme une offrande...J'aime les teintes contrastées,le brun, le bleu, l'ocre du fond du tableau...
Cette fresque si belle dans sa simplicité est également un témoignage qui nous arrive de temps bien éloignés ,et pourtant elle nous semble si familère,si émouvante dans sa simplicité.Ce pêcheur de l'époque minoenne nous offre une image pleine d'élégance , de jeunesse, de beauté et d'harmonie.
Les photos proviennent de wikipédia (fresque du pêcheur) et de creative commons.
La France pourrait devenir" le plus grand danger pour la monnaie unique européenne et la crise pourrait frapper dès l’an prochain".C'est le très influent et libéral hebdomadaire britannique du monde des affaires"The Economist" qui lance ce véritable anathème contre la France et le gouvernement de F. Hollande. On peut même apprendre en couverture de son numéro du 17 novembre que la France est une "bombe à retardement au cœur de l’Europe".
On le voit : ce titre, l'annonce ou plutôt la prédiction à laquelle se livrent les journalistes de cet hebdomadaire relèvent de la dramatisation pure et simple : superlatif, vocabulaire guerrier, outrancier . On est bien dans la polémique et la volonté de stigmatiser la politique de la France et de son gouvernement : on joue, une fois de plus sur la peur, on use et on abuse d' hyperboles .
L’image qui accompagne ce dossier spécial est elle même forte et symbolique : des baguettes de pain entourées d’un ruban bleu-blanc-rouge, comme des bâtons de dynamite, sont reliées à une mèche allumée.
Il semble que ce journal dirigé par le monde de la finance veuille faire pression sur l'opinion et sans doute sur l'opinion des britanniques eux-mêmes qui commencent à remettre en cause la politique menée par le gouvernement du conservateur David Cameron. La révolte gronde en Angleterre :les anglais contestent de plus en plus la politique de rigueur et d'austérité menée par le leader conservateur.La situation économique de ce pays est au bord de l'implosion :il serait d'ailleurs peut être plus adapté de parler de bombe prête à exploser pour l'Angleterre que pour La France.
Quoi qu'il en soit, les procédés utilisés par ce journal visent à répandre la peur et il semble bien désormais que les marchés financiers dominent le monde en faisant régner la terreur. Ainsi, on agite sans cesse sous nos yeux le spectre de la Grèce, de sa déchéance, de sa misère et de ses malheurs...On stigmatise ces peuples, on les montre du doigt comme si les pauvres grecs étaient responsables de la situation qui les accable...
La peur et le rejet fonctionnent d'ailleurs à merveille : beaucoup se désolidarisent des grecs, les accusent de tous les maux alors que le petit peuple grec subit des souffrances inouies,que le nombre de suicides augmente...
The Economist est particulièrement acerbe et virulent à l’encontre du nouveau président, François Hollande, et de son Premier ministre Jean-Marc Ayrault et leur reproche de manquer de courage. Et de citer l'exemple de la Grèce, de l'Italie et de l'Espagne qui ont lancé d'importantes réformes structurelles et qui se seraient donc engagées dans la bonne voie.
Quand on voit le désespoir des grecs, des italiens et des espagnols , on se demande si les journalistes de cet hebdomadaire qui se prétend très sérieux, ont bien le sens des réalités !
Il semble que le règne de la Peur ait commencé : de tous les côtés, cette méthode est mise en application, les travailleurs sont soumis à la flexibilité, aux emplois précaires et sont oblligés de renoncer à tous les avantages acquis. Le spectre du chômage s'impose à chacun.
Dans une Europe en crise, alors que les peuples sont acculés aux pires régressions, c'est bien par la peur que les gouvernements, les marchés financiers imposent leurs décisions.
L'amour qui rend fou est bien un thème littéraire de tous les temps : ne dit-on pas : "être fou d'amour "ou "aimer à la folie" ? L'amour revient souvent sous la plume des plus grands poètes. Il donne lieu à des oeuvres touchantes, émouvantes que l'on n'oublie pas.
Victor Hugo, le plus prolixe de nos poètes nous a laissé un de ces poèmes d'amour qui reste à jamais gravé dans les esprits. Ce poème intitulé "Guitare" extrait du recueil "Les rayons et les ombres" ne vous rappelle peut-être rien mais c'est un des plus connus de Victor Hugo car il a été mis en musique et adapté par Georges Brassens sous le titre "Gastibelza".
Gastibelza ! Comment oublier un tel nom aux sonorités si flamboyantes ? Le héros de l'histoire, c'est bien lui, l'homme à la carabine, brigand peut-être mais brigand amoureux !
Hugo nous fait entendre la chanson de ce brigand énamouré, qui ne peut oublier celle qu'il nomme sa "sénora", celle qui éclipse la beauté d'une reine, une femme fatale dont il perçoit les dangers mais qu'il ne peut s'empêcher d'aimer...
Le texte est ponctué par ce refrain mélancolique : "Le vent qui vient à travers la montagne/ Me rendra fou. "
La belle s'appelle "Sabine", la perfide Sabine qui dans les derniers vers du poème finit par se vendre au plus offrant, c'est une femme vénale qui donne "Tout son amour/ Pour l’anneau d’or du Comte de Saldagne /Pour un bijou ". Dès lors, le brigand qui se confond avec le poète perd la raison : "Le vent qui vient à travers la montagne m'a rendu fou" écrit-il.
Le poème est plein d'harmonie notamment grâce à l'emploi de noms propres aux sonorités espagnoles et exotiques : "le mont Falu, Antequarra,Tolède, Saldagne, Gastibelza", le nom même du héros malheureux de l'histoire...
On retrouve dans ce texte des lieux communs de la littérature : l'amour qui rend fou, la femme qui entraîne le malheur, la femme à la beauté idéale, la belle qui suscite même l'amour du roi...
La simplicité émouvante du texte sous forme de ballade avec son refrain nous touche... Le bonheur des villageois qui célèbrent l'arrivée de la nuit en chantant et dansant contraste avec la tristesse, le désarroi de l'homme amoureux trahi dans ses attentes et qui en perd la raison.
Victor Hugo alterne dans ce poème vers longs et vers courts créant ainsi un rythme régulier de chanson... Le titre prévu aurait été d'abord « Ce que m’a raconté une guitare ». La guitare symbolisait alors l’Espagne chère à V. Hugo auteur d'Hernani et Ruy Blas, l'Espagne qui est largement présente dans le poème grâce aux noms des personnages et aux lieux évoqués...
Un peu de guitare aussi :
Vladimir Kush ,un peintre russe surréaliste et illuminé est l'auteur de toiles étonnantes, parfois déconcertantes, pleines d'émotions, de sensibilité...Vladimir Kush est un artiste peintre surréaliste et sculpteur né à Moscou en 1965. Il s’inspire grandement du travail effectué par Salvador Dalí.
Un tableau de Kush est souvent comme un nouveau pays à découvrir, à aborder, à déchiffrer parfois...Un de ces tableaux que j'apprécie le plus est un paysage marin qui représente une mer démontée et déchaînée sur laquelle un frêle esquif est pris dans la tourmente...
Voilà qui pourrait être une oeuvre académique et banale mais Kush transforme la scène avec sa vision d'artiste, avec son regard de visionnaire, de peintre halluciné....La représentation de la mer est à la fois étonnante de vérité et onirique dans ses creux et ses replis infinis.Les vagues apparaissent acérées, agressives.Le ciel couvert de nuages épais et gris traduit la violence de la tempête....Une sorte d'être gigantesque semble d'ailleurs être dessiné par ces nuages.
Le petit navire est comme soulevé et submergé par les flots, il semble n'être plus qu'une coquille de noix emporté par la tempête, et les êtres qui peuplent cet esquif ne sont que de vagues silhouettes à peine perceptibles.
On perçoit toute la fragilité de l'homme et du navire dans un univers hostile et violent, on voit toute la violence du monde !
La voile du navire est vrillée par le vent, dont on ressent la virulence infinie...C'est comme si Kush nous transportait dans l'univers de cette tempête...C'est comme si on ressentait le roulis des vagues.
Mais le plus étonnant dans ce tableau, c'est la représentation du phare ! Il apparaît comme une énorme bougie protégée par deux mains en prière...deux mains qui essaient de protéger la flamme de la bougie et qui y parviennent ...Un triangle lumineux émane de la bougie et illumine le navire en détresse, le guide dans la tempête.
Faut-il y voir un symbole divin ? Les mains gigantesques semblent appartenir à un être invisible caché par les nuages...
Les tableaux de Kush sont remplis de créatures fantasmagoriques venues de l'inconscient. La peinture en tant que telle doit être comparée à l’activité onirique. Le monde des rêves et des songes, voilà bien l'univers surréaliste de Vladimir Kush...
Ce qui est particulièrement émouvant et surprenant dans cette toile, c'est qu'on y perçoit la fragilité humaine et même temps sa force, force de la foi, ou force de l'être humain lui- même puisqu'il parvient malgré tout à résister à la violence de la tempête, guidé par une lumière que l'on peut croire divine ou plus simplement venue de l'imagination même de l'homme...
La couleur bleu domine cette toile et on perçoit d'autant mieux le faisceau lumineux doré qui illumine le tableau, l'éclaire et donne au navire toute son importance dans l'immensité de la mer .
ATTENTION dans cette dernière vidéo, les tableaux présentés sont faussement attribués à Dali, ce sont bien des tableaux de Kush...
Monsieur Dassault n'en est pas à sa première déclaration remarquée et intempestive et, une nouvelle fois, le sénateur UMP propriétaire du Figaro se signale par des propos largement commentés dans certains médias...Il s'en prend notamment au mariage homosexuel initié par les socialistes.Décidément, le projet du gouvernement d'ouvrir le mariage aux couples de personnes du même sexe a du mal à passer.
Les propos de Serge Dassault en ont choqué plus d'un...S'exprimant sur France culture, le sénateur UMP semble voir dans l'homosexualité un signe de décadence.Pour mieux étayer ses affirmations, Monsieur Dassault n'hésite pas à citer l'exemple de la Grèce antique...
Dans l’enregistrement diffusé par le journal de France Culture mercredi matin, on entend M. Dassault se demander, à propos du mariage homosexuel : « il n’y a plus de renouvellement de la population, à quoi ça rime ? ».« Regardez dans l’histoire, la Grèce, c’est une des raisons de sa décadence, à l'époque », poursuit Serge Dassault. « Décadence totale, bien sûr. C’est l’arrêt de la famille, c’est l’arrêt du développement des enfants, c’est l’arrêt de l'éducation. C’est un danger énorme pour l’ensemble de la nation, énorme », insiste- t-il.
Cette façon de stigmatiser l'homosexualité apparaît à la fois maladroite , malhonnête et indigne...malhonnête parce que, bien sûr la décadence de la Grèce n' a jamais été liée à l'homosexualité qui était une pratique très ancienne, qui remonte à l'époque d'Homère aux origines même de la civilisation grecque...Cette pratique a perduré pendant des siècles sans mettre en péril la Grèce ...indigne parce que c'est là une façon de mettre à l'index, une fois de plus, les homosexuels tandis qu' une certaine homophobie triomphe encore dans nos sociétés...
Alors qu'il intervenait sur France culture, il serait bon de faire remarquer à Monsieur Dassault que sa propre culture est fort approximative...Evoquer la décadence des grecs en relation avec l'homosexualité est un non sens historique complet, pire c'est une absurdité...
Non content de révéler sa propre homophobie, Monsieur Dassault en montre l'exemple en s'exprimant comme il le fait , et en citant,en plus des sources historiques erronnées..
Quand des hommes politiques donnent l'exemple du rejet, de l'exclusion, de l'homophobie, qu'il se permettent de condamner les différences, on est en droit de se demander si leur légitimité ne doit pas être remise en cause...Quand on s'exprime devant des micros, en public, la réflexion devrait être de mise. Quand on représente l'état, on se doit de mesurer ses propos...
Est ce trop demander à un homme politique ?
David Assouline, porte-parole du PS a réagi vivement aux propos de Monsieur Serge Dassault :« Propos honteux de S.Dassault » dit-il .Il dénonce à juste titre sa "vulgarité homophobe ".
Manque de références cuturelles, homophobie,irresponsabilité dans les propos, cela fait beaucoup pour un sénateur à la tête d'un grand groupe de presse !
Source:Libération
"Le poète des sens perce la triste brume
L'aveugle voit dans l'ombre un monde de clarté
Quand l'oeil du corps s'éteint,l'oeil de l'esprit s'allume..."
Victor Hugo Les Contemplations
"Quelle épopée !"Disons-nous parfois après avoir vécu un voyage tumultueux, des événements exceptionnels ou inhabituels, même si n'avons pas connu les épopées héroïques et glorieuses du passé .Ce mot connu de tous renvoie à une réalité ancienne, puisque ce mot a été créé en Grèce, il y a bien longtemps...
L’épopée est le genre littéraire le plus ancien , celui qui précède tous les autres, genre considéré dans l’antiquité comme le plus noble, le plus vénérable.Le récit épique prend sa source dans les temps reculés, à l’origine du monde ou des civilisations. Il s’imprègne ainsi d’une atmosphère mythique ...
L’épopée est à l’origine un genre oral, ce qui prouve bien son ancienneté et sa primauté :le mot vient d’ailleurs du grec « épos » qui signifie « la parole ».Avant même l'apparition de l'écriture, ces récits étaient appris par coeur et récités ou déclamés par des aèdes, au son d'un instrument de musique.
Les grandes épopées à l’origine de notre littérature sont l’Iliade et l’Odyssée, récits fabuleux dont l’auteur supposé est Homère, selon la légende car l’existence même d’Homère a été contesté : ces épopées pourraient être l’œuvre de différents aèdes ou poètes ,on parle parfois de traditions orales qui auraient été fixés ultérieurement par écrit.Ces récits dateraient du 8ème siècle avant J. C. mais la datation est incertaine...
Homère, selon la légende, était aveugle : c’est ainsi que l’on représentait dans l’antiquité grecque les gens inspirés, les devins. Obligé à une forme d’intériorité l’aveugle avait reçu, selon les anciens grecs, un don :inspiré par les dieux, il pouvait prédire l’avenir et créer des œuvres divines. Ainsi Tirésias, un des plus illustres devins de l’antiquité est représenté sous les traits d’un aveugle.
Quelles sont donc les caractéristiques de l’épopée ?
L’épopée relate des faits extraordinaires, elle met en scène des héros d’exception amenés à accomplir des exploits surhumains : Ulysse doit ,avant de retrouver la terre d’Ithaque, affronter le Cyclope, Charybde et Scylla, la magicienne Circé, des tempêtes provoquées par le dieu Poséidon, ses compagnons meurent et ,lui, parvient à survivre grâce à ses ruses, à sa force, sa bravoure…
Dans l’Iliade, on assiste aux exploits guerriers des héros de la guerre de Troie qui oppose les Grecs et les Troyens.Les noms de ces héros sont illustres:Achille, Agamemnon,Ajax , Diomède, Hector, Patrocle, Sarpédon ...Ces épopées obéissent à des règles précises : écrites en vers, elles font intervenir tous les procédés de la poésie :images ou métaphores, comparaisons épiques, des effets de sonorités : allitérations, assonances…Les vers utilisés sont, dès l'antiquité, des hexamètres dactyliques, des vers qui comportent 6 mesures alternant voyelles longues et brèves.
Par ailleurs, l’épopée fait appel à l’hyperbole ou exagération, dans la mesure où elle magnifie les exploits d’un personnage : ainsi dès le début de l’Odyssée, dans l’invocation à la muse, Ulysse est présenté comme un héros d’exception qui a beaucoup souffert, beaucoup erré sur les mers ,un héros dont les talents et la ruse sont à la mesure des épreuves endurées. Un mot est récurrent pour le qualifier : poly- , beaucoup…
Le ton est donné : l’épopée a pour but de susciter l’admiration du lecteur à l’égard du héros de l’histoire…
Le héros épique est doté de qualités particulières, souvent exceptionnelles : Ulysse est « polytropos »,rusé, c’est l’homme aux mille tours…Achille, lui, est bouillant, passionné, ardent dans la lutte.
L’épopée étant dès les origines un genre oral, l’aède semble souvent s’adresser à un auditoire qu’il interpelle, il insère des commentaires élogieux sur les héros, leurs actions…
L’auteur fait intervenir dans le récit de nombreuses comparaisons qui servent à grandir le héros : ce sont des comparaisons épiques amplement développées qui mettent en jeu des éléments naturels : le héros guerrier, le combattant peut être alors comparé à un torrent dévastateur qui emporte tout sur son passage…
L’épopée, un genre très ancien, se caractérise aussi par le recours au merveilleux : en ces temps lointains, les gens croyaient encore dans la magie, le surnaturel :pour les anciens les dieux faisaient partie de la nature,au même titre que les hommes. Dans chaque arbre, chaque fleur, chaque fleuve,les grecs voyaient un dieu ou une déesse . Ainsi, les dieux sont constamment présents dans la lutte qui oppose les Grecs et les Troyens ,et les dieux prennent parti pour les uns ou pour les autres, ils interviennent sans cesse dans les destins des hommes : dans l’Odyssée, Athéna protège Ulysse, Poséidon le poursuit de sa haine : ainsi les hommes deviennent des jouets entre les mains des dieux. Le merveilleux épique apparaît aussi dans l’évocation de certains personnages :le cyclope ,la magicienne Circé, des êtres fabuleux qui n’existent pas dans la réalité : en ce sens l’épopée ressemble aux contes pour enfants.
Pour autant, l'épopée relate aussi une certaine réalité : les moeurs d'une époque,des guerres, certains faits historiques....elle évoque souvent le destin, les modes de vie de tout un peuple:dans l’Odyssée, on perçoit toute l’importance des lois de l’hospitalité pour les grecs : il convient de recevoir le xénos, l’étranger avec les plus grands égards :les grecs étaient et sont restés un peuple très accueillant, ouvert aux autres, à la différence. C’est le sens de l’épisode des Phéaciens chez lesquels Ulysse est accueilli comme un prince, après avoir été malmené par les flots dans le chant VIII de l'Odyssée.
L'Iliade raconte la guerre de Troie qui opposa Grecs et Troyens ,et cette guerre recouvre sans doute une réalité historique...
L'épopée est enfin une oeuvre de longue haleine, elle est chez Homère le résultat d'une ample tradition orale.L’Odyssée est composée de 12 000 vers...
Quels sont les héritiers de l’épopée primitive ?
On retrouve, bien sûr, le genre de l’épopée à Rome : Virgile, grand poète latin du premier siècle s’inspire à la fois de l’Odyssée et de l’lliade pour écrire l’Enéide.Cette vaste épopée a pour but de retracer les origines de Rome, avec l’histoire d’Enée, un troyen fils d’Anchise et de la déesse Vénus…
Enée parti de Troie, quittant sa terre natale part à la recherche d’une nouvelle patrie :ses voyages le conduiront jusqu’au Latium où il fonde une ville qui deviendra plus tard Rome….On le voit, le but de Virgile est de donner une origine divine à la ville de Rome, de magnifier le pouvoir romain, d’en faire un éloge…L’épopée virgilienne joue ainsi un rôle de propagande : c’est une glorification des débuts de l’Empire…
Au fond, ce genre littéraire est un peu aussi l’ancêtre du roman , tel qu’il était écrit surtout au Moyen âge ,le roman courtois par exemple, dans lequel un chevalier se met au service d’une dame pour accomplir des exploits…On songe aux romans de Chrétien de Troyes comme Yvain ou le Chevalier au lion...Les chansons de Gestes racontent aussi les exploits merveilleux des chevaliers et des guerriers de l'époque.
Mais ce genre littéraire n’ a pas vraiment survécu après le Moyen âge :on trouve bien quelques tentatives pour faire renaître l’épopée au 16ème et au 18 ème siècle mais ces épopées n'ont pas eu de succès retentissants : Ronsard écrit La Franciade, une épopée inachevée qui devait constituer l’histoire chantée de la nation française. Voltaire est l'auteur de la Henriade en l’honneur du roi de France Henri IV .
En fait , l’épopée réapparaît surtout au 20 ème siècle, au cinéma, avec le western, nouvelle forme cinématographique de l’épopée et certains films de science fiction comme la série des Star Wars…
Pour autant, l’épopée n’ a pas complètement disparu de la littérature puisque de nombreuses œuvres font appel au registre épique inspiré de l’épopée : au 19ème siècle, Zola dans Germinal évoque les luttes des mineurs pour obtenir des conditions de travail décentes et humaines, il restitue le monde de la mine qui apparaît comme une sorte de monstre dévorant les hommes, un combat s’engage entre l’ouvrier et la mine qui engloutit les ouvriers, et ce combat digne d’une épopée est raconté avec tous les procédés du registre épique : images guerrières, métaphores empruntées au monde de la nature, agrandissements épiques, exagérations...
Hugo n’hésite pas dans nombre de ses romans on de ses poèmes à utiliser ce registre…Au 20ème siècle, on le retrouve dans de nombreuses œuvres, Le voyage au bout de la nuit de Céline ,par exemple…
On peut aussi remarquer l'utilisation du registre épique dans les compte rendus sportifs de certains journaux:un exploit sportif est alors évoqué de manière à susciter l'intérêt et l'admiration du lecteur.
L'épopée contient des aspects essentiels de toute littérature : poésie, récit, réalité historique, merveilleux, héros auxquels on a envie de s’identifier, et même une idéologie, une façon de percevoir le monde…
Homère a-t-il existé ? La question est encore débattue mais peu importe…Les Grecs nous ont légué des œuvres inestimables, par leur style, leurs idées, par leur poésie…des œuvres qui en ont inspiré beaucoup d’autres...