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28 avril 2024 7 28 /04 /avril /2024 12:48
Douces fleurs de seringat...

 

 

Des nuées de boutons sur un feuillage touffu, le seringat se pare de tous ses atours dès qu'arrive le printemps...

 

 

 

Bientôt apparaissent des fleurettes fragiles, légères, aux teintes lumineuses et éclatantes...

 

 

 

 

Elles envahissent l'arbre, s'emparent de tout le feuillage...

 

 

 

Un foisonnement de fleurs aériennes, des myriades d'étoiles sur les branches...

 

 

 

 

L'arbre rayonne sur le ciel du printemps... de loin on aperçoit un éblouissement de blanc, une parure élégante, un vertige de fleurs !

 

 

 

De près, on est ébloui par des senteurs enivrantes, des vagues de parfums subtils...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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26 avril 2024 5 26 /04 /avril /2024 12:18
 "Ce qu’on exige de la mère du XXIe siècle est exorbitant..."

Elisabeth Badinter était l'invitée de La Grande Librairie ce mercredi 24 avril : elle a présenté son ouvrage intitulé Messieurs, encore un effort :

"Faire un bébé aujourd'hui, c'est accepter une moindre rémunération tout en assumant les contraintes de la double journée, c'est supporter, bien davantage que le père, le poids psychologique de la parentalité. Les mentalités évoluent, dit-on... Pas assez, et sûrement pas assez vite, et même les politiques natalistes sont insuffisantes, qui ciblent les aides à la petite enfance, alors que la charge mentale des mères se prolonge bien au-delà."

 

"Le problème qui se pose actuellement concerne avant tout les hommes qui, hélas, ne font pas les efforts nécessaires pour que les femmes aient envie d'avoir un enfant de plus, parce que, dans la famille, il y a encore une inégalité des sexes qui est très lourde pour les femmes...

Pourquoi cette persistante inégalité des sexes dans la famille ?

C'est dû en grande partie à ce qu'on appelle les stéréotypes de genre, à savoir si une femme fait des enfants, elle est mère, elle s'occupe de son bébé, il faut constamment penser à mille choses qui vous prennent la vie, j'avais envie de dire, qui vous bouffent la vie.

Et c'est fatigant, surtout quand on travaille à temps complet. Ce qui est quand même le cas de beaucoup de femmes aujourd'hui en France. Et donc, trop c'est trop...

Au fond, il ressort de tout cela au bout du bout, que les femmes en font toujours plus que les hommes."

 

Ménage, vaisselle, entretien du linge, rangements, cuisine : le travail accompli par les femmes reste très lourd et pesant.

Même si les hommes prennent part à certains de ces travaux, les femmes accomplissent le plus souvent la plupart de ces tâches...

C'est à elles que reste dévolu l'entretien de la maison, c'est à elles que sont réservés cuisine, ménage.

 Et, en même temps, dorénavant les femmes travaillent...

Mais quel boulot d'être une femme ! C'est un travail à part entière...

 Les femmes qui ont des enfants, qui travaillent, doivent jongler sans arrêt entre les obligations de leur profession et le temps dévolu à leur famille.

 Alors, bien sûr, certains hommes font des efforts mais le partage des tâches reste très inégalitaire.

Voyez-vous beaucoup d'hommes faire le ménage, la vaisselle, la cuisine ?

 Dans  ce domaine, les habitudes restent bien ancrées : les hommes répugnent à faire le ménage ou la cuisine...

Il est même des hommes qui adorent voir leurs femmes s'adonner à ces activités ménagères : ils regardent, avec bonheur, leur femme s'activer, tandis qu'ils s'affalent sur un canapé.

 

"La charge mentale : toutes ces pressions, toutes ces injonctions, comment les femmes réagissent face à cela ? Une partie des femmes se laisse faire, elles se laissent happer par cette nouvelle éducation qu'on appelle éducation positive, éducation bienveillante qui est née au début du XXIème siècle et qui avait pour objectif de tracer les postulats de la "bonne mère".

Et alors, au lieu de soulager les mères, cette nouvelle éducation apporte un surplus d'angoisses, d'anxiété, d'exaspération des femmes.

L'une des causes principales de la dénatalité serait la révolution féministe inachevée. On n'en a pas pris assez compte.

Pendant 40 ans, il y a eu des progrès considérables pour les femmes, à la fin du vingtième siècle, les trente dernières années, l'influence de Simone de Beauvoir, les féministes américaines ont été extrêmement bien entendues des femmes, et ainsi, on a fait des études plus longues, les femmes ont compris qu'il y avait là un moyen d'accéder à plus de liberté, à plus d'indépendance.

Et ce qui est très intéressant, c'est que le phénomène de dénatalité est le même dans tous les pays industrialisés, de l'ouest à l'est, de l'Italie à la Corée du sud, partout où l'on confond femme et mère, la natalité chute.

J'habite devant un jardin et j'avais remarqué quelque chose : c'est qu'on emmenait nos enfants au bac à sable et les mères montraient un ennui stupéfiant, et j'ai senti là une lassitude de la maternité. Je ne partageais pas cet ennui parce que je n'étais pas une mère à temps complet, je travaillais.

Il y a 50 ans, beaucoup de femmes ne travaillaient pas, elles étaient à plein temps à la maison.

Depuis 20 ans, 30 ans, on fait vraiment de gros efforts pour reculpabiliser les femmes. Pourquoi ? Parce qu'aujourd'hui, on peut ne pas avoir d'enfants, c'est votre choix. Les femmes françaises se posent de plus en plus la question : est-ce que vraiment j'ai envie d'avoir un enfant ? Et elles font une chose qu'il était impensable de faire avant, c'est à dire le calcul des plaisirs et des peines... Qu'est-ce qu'un enfant va m'apporter et aussi quel prix je dois payer ?

Les femmes de ma génération jamais n'ont imaginé se poser la question : est-ce que je vais faire un enfant ou pas ? Cela allait de soi... d'abord pour beaucoup, la maternité représentait l'achèvement d'une nature féminine, on allait jusqu'au bout de sa nature, et donc on était une femme, comme disait Beauvoir, complète. Si on n'avait pas d'enfant, on était un pruneau sec.

 

Tout change dans le début des années 70, avec la loi Veil et le droit de prendre une pilule comme contraception.

Il y a aussi un risque qui pèse sur les droits des femmes, y compris le droit à disposer de leur corps. Ce droit à disposer de son corps, à mes yeux, n'est pas négociable. C'est une liberté obtenue après des siècles de non liberté. Je considère, pour ma part, qu'une femme dispose entièrement de son corps, et je me suis même heurtée à certaines collègues féministes : si une femme voulait se prostituer, à condition qu'elle n'y soit pas contrainte par des proxénètes ou autres, elle faisait ce qu'elle voulait.

Je suis inquiète : il faut aussi tenir compte du contexte international, du contexte politique... il y a quand même de plus en plus de pays même en Europe, qui deviennent ultra conservateurs, on pourrait dire d'extrême droite, et avec l'extrême droite, souvent apparaissent des exigences religieuses extrêmement strictes...

Et cela me fait peur, je me dis que si on devait voir arriver majoritairement en Europe des réticences, voire des interdictions, voire des limitations de la maîtrise du corps des femmes, cela serait, à mes yeux, une catastrophe.

Le monde ne va pas bien, il est en révolution, est-ce que ce sera au bénéfice des libertés ou le contraire ? Il y a trop de bouleversements politiques, économiques, démographiques et je me dis que peut-être nous achevons une grande période de libertés... je ne suis pas tellement optimiste.

Je ne serais pas si étonnée que d'ici quelque temps certains pays abandonnent l'abolition pour rétablir la peine de mort, je ne pense pas à la France, mais à une atmosphère générale dans les pays occidentaux en fonction de la montée des extrémismes."

 

Source :

https://www.france.tv/france-5/la-grande-librairie/saison-16/5857521-emission-du-mercredi-24-avril-2024.html

 

 

 

 

 "Ce qu’on exige de la mère du XXIe siècle est exorbitant..."
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24 avril 2024 3 24 /04 /avril /2024 09:29
Des hackers d'élite russes s'attaquent... à un moulin !

 

Le groupe Sandworm (des hackers d'élite russes) s'est attaqué à un moulin qui produit de l'électricité. L'attaque, sans envergure, n'a fait que peu de dégâts.

   Ils ont l'habitude de vanter leurs actions sur internet : le 2 mars, des pirates informatiques russes ont publié une vidéo, repérée par le journal Le Monde. Dans celle-ci, ils revendiquent l'attaque d'une centrale hydro-électrique française :

"On va jeter un coup d'oeil au barrage de Courlon et leur faire des farces... Bon visionnage ! Gloire à la Russie !"

 

 Les hackers filment leur sabotage : une intrusion dans les systèmes informatiques qui leur permet d'ouvrir des vannes à distance. En fait, une grossière manipulation... En réalité, l'intrusion a eu lieu dans un autre site, nettement moins stratégique, dans un petit moulin de la Marne qui fournit très peu d'électricité.

Les habitants ont du mal à comprendre...

"Ils ont dû se rendre compte tout de même que c'était pas la bonne cible, avec tout ce qui est là-haut, satellites et compagnie, là c'est tout petit..." commente une habitante.

"D'entrée de jeu, ça me fait un peu rire, mais c'est vrai qu'on se dit : "Mince, s'ils peuvent s'attaquer à ce genre de petites choses...", déclare une autre.

L'eau serait montée d'à peine 20 centimètres... sans faire d'autres dégâts.

Pourtant, ces hackers appartiendraient à une troupe d'élite qui travaille pour le ministère de la Défense à Moscou. Il s'agit du groupe Sandworm, dirigé par un espion recherché par le FBI. Depuis dix ans, les membres de ce groupe ont attaqué d'importantes installations électriques en Ukraine, ils ont infiltré la messagerie d' Emmanuel Macron, qui était alors candidat et ont perturbé les communications des JO d'hiver en Corée du Sud.

Sans compter les nombreuses demandes de rançon...

"Attaquer directement les intérêts civils des sociétés constitue un intérêt pour la Russie et pour cela, ils utilisent des hackers qui sont des corsaires. Et donc ils peuvent au passage gagner de l'argent dans ces actions.", explique le général Dominique Trinquand.

En France, les spécialistes s'interrogent : quel est l'intérêt de publier la vidéo  d'une attaque sans envergure. "L'important pour eux, c'est que ce soit diffusé, que la rumeur puisse se répandre, c'est leur mission", explique Damien Bancal, spécialiste de cyberintelligence, fondateur du site Zataz.com.

Le groupe Sandworm peut-il perturber les JO de Paris, la cérémonie d'ouverture ? Les services de cyberdéfense surveillent de près toute tentative d'intrusion.

 

Pas très doués, tout de même, ces hackers russes qui, voulant cibler une centrale, s'attaquent à un moulin ! La guerre est aussi une guerre des informations... La propagande est partout ! Il s'agit peut-être d'un exercice d' un entraînement pour de futures attaques plus importantes... Et là, c'est plus inquiétant.

 

 

Source :

https://www.francetvinfo.fr/france/grand-est/marne/cyberattaque-des-hackers-russes-ont-cible-un-moulin-dans-la-marne_6494624.html

 

 

 

 

Des hackers d'élite russes s'attaquent... à un moulin !
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22 avril 2024 1 22 /04 /avril /2024 11:25
Iran : la répression s'accentue...

 

"Depuis l'attaque de l'Iran menée contre Israël dans la nuit du samedi 13 au dimanche 14 avril, le régime iranien accentue la répression contre les femmes qui ne portent pas le voile. Face à ce durcissement, la population résiste autant que possible.


Sur une vidéo, on voit des femmes brutalement arrêtées par la police dans les rues de Téhéran parce qu'elles ne portent pas le voile, on entend des cris de protestation et on perçoit l'impuissance de ceux qui filment. Des scènes similaires se multiplient dans la capitale iranienne depuis samedi 13 avril, depuis que la police a annoncé renforcer ses contrôles sur le port obligatoire du foulard. Comment expliquer le durcissement du régime iranien après des mois de relative tolérance ?

Un journaliste local a interrogé des femmes confrontées à cette nouvelle répression... une architecte de 35 ans ne porte plus le voile depuis plusieurs mois... selon elle, ce raidissement est lié aux tensions avec Israël.

Mais, à Téhéran, elle continue de conduire, les cheveux découverts, malgré le danger...

Elle témoigne : "Si on est arrêté au volant sans le foulard, on sait qu'on n'a plus le choix et qu'on va suivre un stage pour apprendre à bien le porter... c'est la seule façon de récupérer notre véhicule qui est saisi. C'est un comble pour nous ! Le gouvernement fait ça pour mettre la pression sur la population et pour détourner la population du conflit avec Israël."

Une démonstration de force de la ligne dure du régime iranien, visible avec la présence accrue de policiers à chaque carrefour de Téhéran...

Prise au piège, une majorité de la population continue de résister et la solidarité se manifeste par tous les moyens.

Sur les réseaux sociaux, les internautes se livrent des conseils pour résister à la répression.

"Comment réagir, si la police des moeurs vous interpelle ? C'est un tutoriel : à l'aide de l'intelligence artificielle qui circule sur les réseaux sociaux, des conseils sont donnés en cas d'arrestation :

"Appelez les autres à l'aide, filmez", il y a même des schémas pour apprendre à s'échapper...

Dans un clip militant, les femmes finissent par gagner leur droit de choisir...

 

Le soir, à l'abri des regards sur les hauteurs de Téhéran, la jeunesse iranienne veut encore continuer d'y croire... les femmes se dévoilent, des couples s'embrassent librement.

Mais une Iranienne de 40 ans, comme beaucoup d'autres,  craint le durcissement de ces derniers jours :

"Depuis l'attaque sur Israël, on est très stressé, on a peur d'un nouveau conflit, et la vraie guerre ici, c'est celle que les autorités mènent dans les rues contre les femmes pour nous contrôler... en fait, on subit une double guerre."

Face à face, plus que jamais, un état qui se raidit et une population excédée qui pourrait de nouveau se rebeller..."

Des lois qui sont la négation de la vie : interdiction de faire la fête, de chanter, interdiction de danser, et même pour les filles, interdiction de penser...

 

Source :
 

https://www.francetvinfo.fr/monde/iran/iran-au-c-ur-d-une-population-sous-tension_6494582.html

Iran : la répression s'accentue...
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21 avril 2024 7 21 /04 /avril /2024 12:15
Premières feuilles sur les micocouliers...

 

Premières feuilles sur les micocouliers... sur les branches ténébreuses, des éclats de verdures, des embruns lumineux...

 

 

Le soleil éclaire les nouvelles feuilles, il diffuse ses rais de lumières à travers les branches...

 

 

 

Le ciel bleu, le soleil redessinent les arbres en ombres chinoises, tandis que les feuilles resplendissent de luminosité...

 

 

 

Un somptueux spectacle ! Un étonnant contraste de couleurs !

 

 

 

Les feuilles nouvelles d'un vert tendre rayonnent d'autant plus sur ces branches obscures...

 

 

 

Plus loin, nouveau contraste éblouissant ! Des dentelles de fleurs d'un blanc éclatant près des feuilles sombres d'un seringat...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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19 avril 2024 5 19 /04 /avril /2024 12:01
Le fabuleux destin de Jean-Baptiste Tavernier...

 

Un homme qui cultivait l'exotisme, qui aimait bien se mettre en scène dans les tenues des pays qu'il fréquentait... un garçon très peu connu, une sorte de Marco Polo ignoré... Il s'appelle Jean-Baptiste Tavernier...

Pierre Ménard est venu présenter son ouvrage intitulé Le chasseur de diamants. Les fabuleuses aventures de Jean-Baptiste Tavernier, lors du Festival de la Biographie :

"Un homme connu seulement des connaisseurs de diamants... mais qui a vie assez fascinante. C'est un libraire au départ, fils de graveur qui a un inconvénient pour un libraire, ce qui lui rendait la vie très dure, c'est qu'il détestait lire...

Il était tout de même fasciné par les livres de voyage et un jour, dès qu'il a terminé sa période chez le libraire qui l'employait, il s'est dit : plutôt que lire des livres de voyages, je vais voyager moi-même.

Il est né en 1605, et en 1623, sous Louis XIII, il part avec son petit baluchon pour l'Europe, il découvre un monde qui est en pleine mutation, notamment en Hollande : il y a énormément d'échanges, beaucoup de richesses qui arrivent d'un peu partout dans le monde...

C'est quelqu'un qui navigue à vue : il se laisse porter par les événements, il fait des rencontres, il tombe à moitié amoureux de la femme d'un colonel de l'armée allemande, il s'engage dans l'armée, il combat d'abord les catholiques, après il va chez les protestants, puis il repasse chez les catholiques...

C'est l'époque de la guerre de Trente ans : tout le monde se bat en permanence...

Lui a des formules assez amusantes : il raconte que la guerre est bonne, il voit des personnages qui se font étriper devant lui, tout le monde se fait tuer, mais ça l'amuse beaucoup. Il combat dans énormément d'armées et à un moment, il rencontre le père Joseph qui est le bras droit de Richelieu. Et très vraisemblablement, le père Joseph souhaite l'employer comme espion, parce que la France a un grand projet : depuis des années, la France se fait sortir du commerce oriental qu'elle contrôlait en partie puisqu'elle avait un gros avantage en Méditerranée, et donc Richelieu souhaite absolument remettre la main sur ce commerce qui est pris par les Anglais et les Hollandais...

Tavernier, sans doute en tant qu'espion, est chargé d'aller voir un peu ce qui se passe en Perse.

Tavernier voyage absolument partout, il voyage à cheval, il voyage à pied, il voyage en bateau, il lui arrive chaque fois des aventures extraordinaires... dans les montagnes, les chevaux crèvent sous lui, il voit des Tartares qui se jettent sur la carcasse de son cheval, c'est le premier steak tartare qui est décrit dans la littérature !

Il raconte avec délectation des scènes de combat où les gens s'étripent devant lui, on voit des Tartares en train de dépecer le cheval et de le mettre sous leur selle et il dit qu'il est alors incapable de manger de la viande pendant une semaine.

A cette époque, la Perse est redevenue un grand empire, la Perse est une plaque tournante du commerce oriental très important notamment pour les épices, ce qui permet d'accumuler des fortunes phénoménales, donc la Perse est une route d'entrée terrestre vers les Indes. D'où cette idée d'aller remettre la main sur le commerce persan qui a été trusté par les Anglais et les Hollandais.

Honnêtement, on ne sait pas exactement ce qu'a fait Tavernier à ce moment-là. Il raconte qu'il a écrit des rapports... j'ai regardé aux archives, je ne les ai pas trouvés.

Tavernier a écrit un livre qui n'est pas vraiment merveilleux, en fait, ce n'est pas lui qui l'a écrit... mais c'est quand même mal écrit. Louis XIV lui a demandé d'écrire ses mémoires pour donner le goût du commerce aux Français. C'est une sorte de guide Michelin de l'époque, de guide du routard. C'est honnêtement assez mal écrit avec beaucoup d'erreurs, tout est faux... quand on est biographe, on se demande s'il a voulu nous nuire... je ne sais pas si c'est un mensonge ou si c'est son nègre qui a voulu se venger puisqu'ils ont été beaucoup en conflit, mais tout est faux partout : il n'y a aucune date qui coïncide, il se trompe d'année à chaque fois.

On arrive à retracer son parcours parce qu'il a été suivi de près par des espions, notamment par des Hollandais.

Après la Perse, il arrive en Inde, et ensuite il va descendre jusqu'à Ceylan, il passe toute sa vie à voyager, il revient de temps en temps en France, il a besoin d'accumuler de l'argent pour investir dans ses voyages, notamment racheter des diamants. Il a parcouru à peu près les deux tiers de la distance de la terre à la lune.

Effectivement, il parcourt les Indes, c'est là qu'il découvre les diamants et il ira jusqu'à Ceylan où il retrouvera son frère qu'il avait envoyé là-bas en éclaireur. Tavernier veut participer à la création de la Compagnie française des Indes qui était, en fait, en concurrence avec lui. Lui faisait ses petits trafics, il était très content qu'il n'y ait pas de Français, il a tout fait pour les discréditer, la moitié de son livre raconte des horreurs sur les envoyés de la Compagnie des Indes qui sont radins, qui sont tous alcooliques, dépressifs, qu'on va ramasser dans les caniveaux au petit matin parce qu'ils sont complètement saouls... il envoie ça à Louis XIV pour se faire bien voir...

On connaît surtout Tavernier pour ses diamants, dans ses voyages, il trafiquait beaucoup de diamants, il a trafiqué d'absolument tout, des métaux, de l'opium même, et le gros avantage des diamants, c'est que vous transportez d'énormes sommes d'argent de manière très discrète.

Il voyageait souvent avec une vingtaine d'hommes armés étant donné les quantités de biens précieux qu'ils convoyaient. Les diamants, ça se mettait dans la doublure d'un manteau, ça passait complètement inaperçu.

Il en a rapporté notamment de son sixième voyage- il vient de se marier, il a alors 58 ans, c'est son premier mariage avec la fille d'un joailler qui s'appelle Jean Goisse, ça prédestine le voyage ! et le voyage se passe assez mal, il force sa femme à venir, elle était assez âgée et assez laide...

Il parle avec vraiment beaucoup de compliments des femmes orientales, on peut imaginer qu'il s'est passé quelque chose, même s'il dit le contraire. On a des témoignages de Boileau, de gens qui l'ont connu à Paris, à son retour, et qui racontent qu'il était extrêmement graveleux, désinhibé par les 50 ans de voyages qu'il avait faits et qu'effectivement il racontait ses aventures avec des femmes aux Indes.

Aventurier, découvreur, trafiquant, il est tout ça, mais il n'est pas écrivain... c'est quelqu'un qui était extrêmement libre, il avait le goût du voyage et le goût de l'argent puisqu'il a fait une fortune abyssale.

Dans son dernier voyage, quand il a épousé la fille de Jean Goisse, il la kidnappe un peu, il l'emmène avec lui, elle arrive à s'échapper dès qu'ils arrivent dans l'empire Ottoman, elle rentre à Paris, et lui poursuit jusqu'aux Indes, il veut faire la plus belle cargaison de diamants qui ait jamais été faite, et donc il rassemble mille diamants là-bas, les plus beaux diamants. Il était encore en concurrence avec les Hollandais qui lui ont fait de mauvais coups puisqu'ils l'ont dénoncé aux douanes, donc il fait tout pour s'échapper et il arrive à rentrer en France avec un millier de diamants.

Et si vous avez vu le film Titanic, il y a un diamant bleu, c'est inspiré du diamant bleu qui a été rapporté par Tavernier.

Tavernier revend ses mille diamants à Louis XIV qui aime beaucoup les diamants. Il a fait une fortune immense, il a pris goût au luxe : il s'est acheté un immense hôtel particulier à Paris, il a fait construire un grand château en Suisse avec une sorte de bulbe oriental.

Au bout d'un moment, il s'ennuie un peu, Louis XIV lui ordonne d'écrire ses mémoires, et Tavernier force un collaborateur (qui écrit d'ailleurs très mal) à écrire...

Comme il veut continuer à commercer, il met tous ses efforts sur son neveu, il lui donne la moitié de sa fortune, et puis le neveu est victime d'une attaque, on sait qu'il arrive en Perse, et après, plus de nouvelles... le neveu, en fait, est parti avec la caisse ! Lui qui a passé sa vie à tromper tout le monde se fait encore berner par un aventurier qui se fait passer pour le fils caché du shah de Perse et qui lui dit : "Moi je vais chercher la fortune qui vous a été volée, donnez-moi donc le reste de votre fortune et je vais vous aider à l'attraper." Et évidemment, il part avec l'argent à Moscou, et Tavernier qui a plus de 80 ans part chercher cet aventurier et son neveu, mais il meurt en cours de route."

 

Un personnage célèbre en son temps qui a sombré complètement dans l'oubli... un personnage d'aventurier optimiste qui a toujours eu confiance en lui... un personnage haut en couleurs qui mérite d'être redécouvert...

 

 

L'histoire du diamant bleu :

https://www.lavoixdunord.fr/900843/article/2020-11-30/titanic-la-veritable-histoire-du-coeur-de-l-ocean-connu-sous-le-nom-de-hope

 

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17 avril 2024 3 17 /04 /avril /2024 09:19
Inondations en Russie : des gens modestes crient leur colère...

 

"Provoquées par une remontée brutale des températures, les crues record de ces derniers jours ont très largement inondé des régions entières au Kazakhstan mais aussi en Sibérie orientale et dans le sud de l'Oural.

Les cours d'eau ont débordé comme rarement, du jamais vu depuis au moins 80 ans à Orsk, cette ville ouvrière traversée justement par le fleuve Oural.

Résultat : au moins 2000 maisons inondées, 8000 personnes évacuées et des habitants très en colère...

Depuis bientôt une semaine, ils sont des centaines à venir tous les jours faire la queue au théâtre d'Orsk pour récupérer un colis d'aide alimentaire comme Serguei dont la maison est sous deux mètres d'eau.

"Je l'ai construite il y a douze ans, tout était bien ! C'était rénové, et maintenant tout est sous l'eau... je ne sais plus comment rentrer chez moi, je ne sais même plus où vivre. Je suis hébergé chez des amis. Merci à eux ! Mais quand est-ce que l'eau va baisser, maintenant ? Où vais-je aller ? Où vais-je dormir ?" témoigne ce Russe...

Avec ses tramways bringuebalants, ses usines qui crachent une fumée ocre et ses portraits de travailleurs méritants sur la place Lénine, Orsk n'est pas sorti indemne de l'époque soviétique, raconte un journaliste de la région :

"Orsk est une ville pauvre, c'est un grand centre industriel, mais malheureusement, dans les années 80, de nombreuses usines ont fermé. Concrètement, les premiers quartiers inondés, la vieille ville, sont très pauvres. Forcément, les habitants ont perdu leurs biens, ils sont choqués, ils ont peur."

Et c'est précisément un quartier de gens modestes parmi les modestes qui a été submergé dans la soirée du 5 avril, quand un barrage a cédé contrairement à ce qu'affirmaient les autorités, se souvient Natalia :

"Notre maire est venu, il nous a rassurés : "Les gars, vous inquiétez pas, tout est normal, tout est sous contrôle. Le barrage tiendra. Rien de grave." Quand le barrage à cédé, l'eau a recouvert tout le rez-de-chaussée en une seconde. Personnellement, je suis partie en pantoufles..."

Le barrage en question est plutôt une grosse digue de terre. Certains racontent qu'on y a tout mis, des vieilles planches, des déchets... "malfaçons, corruption", répondent les habitants au maire qui affirme que ce sont les castors qui ont fragilisé le barrage...

Des habitants qui, en plus, ne reçoivent quasiment aucune aide : "Nous nous sommes débrouillés tout seuls, les gars travaillaient dans notre quartier les deux premiers jours sur un bateau à rames, c'est très difficile quand l'eau vient du barrage et qu'il y a un fort courant. Tous les habitants du quartier se sont donc cotisés pour leur acheter un bateau à moteur... je pense que ça en dit long, lorsque des gens modestes apportent de l'argent et de l'aide.", témoigne Natalia.

Natalia, comme ses voisins, n'est pas assurée.

La semaine dernière, les sinistrés ont crié : "Poutine, à l'aide !" Mais le président n'a pas cillé, il ne viendra pas à Orsk, a dit le Kremlin, comme souvent, Moscou laisse les autorités locales promettre qu'il y aura des indemnisations...

Polina veut y croire : "L'espoir fait vivre et j'ai vraiment envie d'y croire, mais mon mari qui est réaliste dit : "Je ne crois pas qu'ils paieront... j'aimerais beaucoup que le président soit impliqué dans cette affaire, parce que, maintenant, ils vont tous oublier ce qui nous est arrivé. Nous serons livré au maire qui nous avait promis que le barrage ne romprait pas..."

 

Hors micro, pourtant, de nombreux habitants disent qu'en fait ils n'ont confiance en personne. Ni à Orsk, ni à Moscou.

L'image du pays tout entier derrière le pouvoir en prend un coup. Elle s'est fracassée sur le mur d'eau du fleuve Oural..."

Des gens modestes qui crient leur colère contre le pouvoir en place : des oubliés du pouvoir fédéral... ils doivent gérer une situation difficile sans l'aide de l'état...

 

 

Source : à 12 minutes, 30

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/journal-de-18h/journal-de-18h-emission-du-jeudi-11-avril-2024-2784111

 

 

Inondations en Russie : des gens modestes crient leur colère...
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15 avril 2024 1 15 /04 /avril /2024 11:56
Pauvres motards !

 

Pauvres motards ! Pauvres victimes ! On veut leur imposer un contrôle technique des deux roues à partir du 15 avril !

Mais, au fait,  pourquoi seraient-ils dispensés de contrôle technique alors que tous les automobilistes sont soumis à ce contrôle depuis des années ?

Pollution de l'air, pollution sonore, vitesse excessive, la moto est à l'origine de nombreuses nuisances...

Motos débridées, bruyantes, des motos qui pétaradent, qui font un vacarme infernal, nous en avons tous fait l'expérience...

Le contrôle technique, c'est aussi une question de sécurité : sécurité pour le motard lui-même, sécurité pour les autres usagers de la route...

 

Nonobstant, "plusieurs rassemblements de motards en colère ont eu lieu dans toute la France samedi 13 avril. 10 000 manifestants étaient notamment présents à Paris. Ils s’opposaient au contrôle technique des deux-roues, obligatoire à partir du 15 avril.


Un cortège de plusieurs milliers de motards sur le périphérique parisien s’est déversé dans les rues de la capitale, samedi 13 avril. Une démonstration de force pour dire non au contrôle technique des véhicules deux-roues motorisés. Plus de 10 000 manifestants se sont regroupés, selon les organisateurs, dans l’ouest de Paris à la mi-journée.

De nombreux motards affirment qu’ils refuseront de faire contrôler leur véhicule. Ils jugent cette réforme inefficace pour la sécurité et parlent de racket fiscal.  Allons, donc comme si la sécurité ne dépendait pas aussi de l'état du véhicule...

"On entre en résistance, on appelle les motards à boycotter le contrôle technique", assure Jean-Mars Belotti, coordinateur de la Fédération française des motards en colère de Paris. 


Un arrêté imposant le contrôle technique des deux-roues motorisés, appliqué à partir du lundi 15 avril, a provoqué la colère des motards. Il sera obligatoire mais étalé dans le temps entre 2024 et 2026 selon l’ancienneté du véhicule. Les techniciens inspecteront notamment l’état des freins, les émissions polluantes et sonores, l’état des volants, guidons et rétroviseurs, mais aussi le fonctionnement des roues et des suspensions." Des vérifications qui semblent utiles et même indispensables. N'est-ce pas ?

Pauvres motards ! "Nos sociétés font une allergie aux contraintes...on constate, par exemple, une aversion de nos contemporains à toute politique des limitations qui invite à réduire la vitesse sur les routes... on l'a oublié mais l'obligation de la ceinture de sécurité avait suscité en son temps des controverses furieuses.", écrit Pascal Bruckner dans son ouvrage Je souffre, donc je suis...

 

 

Source :

 

https://www.francetvinfo.fr/societe/securite-routiere/colere-des-motards-des-manifestations-dans-toute-la-france-contre-le-controle-technique_6484925.html

 

 

 

Pauvres motards !
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14 avril 2024 7 14 /04 /avril /2024 12:34
Fleurs fragiles...

 

 

Plumetis de fleurs légères si fragiles, fleurs aériennes, floconneuses...

 

 

Sur un ciel bleu lavande, les fleurs rayonnent de leurs éclats neigeux...

 

 

Etoiles et envolées de fleurs sur des branches sombres, luisantes... fleurs foisonnantes, frissonnantes sous le vent de printemps...

 

 

Les amélanchiers nous offrent le spectacle de ces fleurs si délicates...

 

 

D'autres fleurs encore sur les arbres de Judée forment des grappes et des bouquets de splendeurs...

 

 

Le soleil caresse les feuilles nouvelles des arbres du printemps... et des roses éphémères commencent à s'épanouir...

 

 

 

Magnifique spectacle du printemps !

 

 

 

 

 

 

 

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12 avril 2024 5 12 /04 /avril /2024 11:54
De la cruauté en politique...


Cruauté et politique : il serait présomptueux de vouloir traiter ce thème dans toute son amplitude historique alors que depuis la plus Haute Antiquité les hommes ont eu une singulière tendance à obéir à l'impératif "Massacrez-vous les uns les autres !"
Si la cruauté est de toutes les époques, elle est aussi de tous les continents, même si l'ouvrage dirigé par Stéphane Courtois privilégie l'Europe " de l'Atlantique à l'Oural ", un espace géo-politico-culturel qui nous concerne au premier chef.

Stéphane Courtois est venu présenter son livre De la cruauté en politique lors du Festival de la Biographie... un ouvrage collectif puisque vingt-quatre auteurs ont participé à la rédaction.

"La cruauté commence presque déjà avec Cain et Abel et ensuite cela prend des proportions gigantesques... au départ, c'est un colloque international que j'ai organisé et cette idée m'est venue, il y a déjà pas mal d'années, parce que j'étais un peu énervé par mes collègues historiens qui travaillent sur la première guerre mondiale, sur la deuxième guerre mondiale, sur la shoah, ils ont toujours du mal à nommer les choses...

"Il y a eu de la violence, il y a eu de la violence extrême, il y a eu des exactions..." disent-ils. Mais parlons de ce qui s'est réellement passé : la cruauté... le mot "cruauté" vient du latin "crudelitas" et en latin "crudelitas", c'est la chair sanguinolente, là, on est dans le coeur du sujet.

 

Pour m'amuser dans l'introduction, j'ai évoqué une phrase que j'avais trouvée dans Le Figaro qui parlait de la cruauté des remaniements ministériels... oh ! cela m'avait fait beaucoup rire !

Ce n'est pas de cela qu'on parle dans ce livre... dans ce livre, on parle vraiment de la cruauté réelle, c'est à dire toutes les relations entre la question du pouvoir et puis le fait d'assassiner, de torturer, de violer, etc. qui est le propre de la cruauté.

Bien entendu, n'importe quel gouvernement doit avoir la force, on parle des forces de l'ordre, et la force est un élément positif... si vous n'avez pas la force, vous ne pouvez pas gouverner.

La violence, c'est déjà autre chose. La force est légale, la violence, ce sont des actes illégaux qui sont des atteintes aux personnes, des pressions, des intimidations...

La cruauté, c'est encore autre chose, parce que c'est, d'une part, la chair sanguinolente, c'est vraiment l'assassinat, et puis, il y a un élément supplémentaire dans la cruauté qui est l'élément du plaisir : le bourreau, celui qui assassine prend du plaisir à assassiner ses ennemis. C'est quelque chose qu'il faut avoir bien en tête, surtout au XXème siècle. Cela dit, il n'y a pas que le XXème siècle.

 

Dans ce livre, j'ai recruté des collègues et amis, surtout des historiens, des professionnels, depuis l'antiquité avec Eric Teyssier qui a écrit un chapitre sur la gladiature... tout le monde est persuadé à cause des péplums que la gladiature, c'est abominable, c'est d'une cruauté épouvantable, avec du sang partout... Que nous raconte Teyssier ? Pas du tout, la gladiature, c'étaient des choses très codifiées...

La cruauté est d'abord liée à la nature humaine, parce que, si chacun se regarde un peu dans la glace, n'a-t-il pas eu un jour l'envie d'étrangler un ministre, un président, un professeur, que sais-je, un voisin  ? 

ça, c'est quelque chose qui est vraiment dans la nature humaine. Dans la relation à la politique, il est tout à fait clair que depuis la haute antiquité, depuis la guerre de Troie, la violence, la violence extrême, la cruauté, c'est à dire le plaisir d'exterminer ses ennemis a été constante.

 

Et il faut bien dire que c'est plutôt dans la période la plus récente depuis le milieu du XIXème siècle, que la progression des régimes démocratiques a quand même contribué à rejeter aux limites extérieures de la société la cruauté dans le cadre de sa relation au pouvoir.

 

Bien sûr, vous ne pouvez pas empêcher des citoyens pour des raisons lambda de s'entretuer, ce sont des affaires privées, mais pour ce qui est du pouvoir, la démocratie parlementaire justement en concentrant les conflits au sein d'une enceinte réglementée, le parlement, une constitution, le vote qui donne un certain état des rapports de force qui est accepté par les partis, a quand même contribué à rejeter très fortement vraiment le plus loin possible du centre de la société, et du pouvoir de l'état, ce qu'était la cruauté.

 

C'est quand l'état est faible que les éléments de cruauté peuvent se multiplier.

Par exemple, au Haut Moyen âge, l'état monarchique est très faible, et il y a toutes sortes de petits barons, de petits chevaliers qui règnent sur leurs territoires, ils sont particulièrement cruels et ils agissent en toute impunité. Même certains hauts personnages de l'état, à commencer par le fameux Gilles de Rais qui est le compagnon de Jeanne d'Arc, connétable de France, qui a commis ensuite des crimes abominables, des assassinats d'enfants.

Mais finalement, quand l'état monarchique est assez fort, il commence à mettre de l'ordre, il commence à mettre les petits méchants au pas, et même dans l'affaire de Gilles de Rais qui est pourtant un notable extraordinaire, eh bien, à un moment donné, l'église a dit : "ça suffit !" On le fait arrêter, et on le remet à l'état monarchique qui l'a fait condamner en bonne et due forme.

Pas assez d'état provoque de très nombreux actes de cruauté parce qu'il y a des petits pouvoirs qui sont incontrôlables et qui agissent en toute impunité.

 

Par contre, l'effet inverse est encore plus dramatique : quand l'état devient tout puissant, et au XXème siècle Dieu sait si on a eu des états tout puissants, que ce soit le nazisme, que ce soit le communisme, alors là on atteint des niveaux de cruauté qui étaient inconnus jusque là.

Des millions de morts dans des conditions abominables, il suffit de voir l'extermination des juifs, il suffit de voir comment le camarade Staline se conduisait avec les paysans Ukrainiens, avec la fameuse famine de 1933 qui fait mourir de faim 5 millions de paysans, hommes, femmes et enfants en dix mois, de manière tout à fait volontaire.

On trouve aussi la cruauté dans les guerres civiles... en cas de guerre civile, l'état est affaibli par la force des choses, donc on a alors un affrontement entre deux parties qui en général vise à l'extermination d'une des deux parties : par exemple la Saint Barthélémy, la population parisienne devient enragée contre les protestants, c'est une tuerie incroyable entre "chrétiens", entre guillemets...

C'est vrai que les guerres civiles sont des moments de cruauté extrême, alors que pendant la guerre de 14, la cruauté n'est pas tellement présente, c'est une guerre qui a fait énormément de morts de tous les côtés... dans les premières semaines, c'est vrai qu'on se tue de près, à la baïonnette, mais ensuite on se tue de loin à coups d'artillerie... mais il y a un code très important : on n'extermine pas les prisonniers... mon grand-père a été blessé pendant la guerre de 14, il s'est fait ramasser par les Allemands, il a été soigné et en 1918, il est rentré.

 

Ce point est très important : en temps de guerre, est-ce qu'on massacre des civils ?

Comme vous le voyez avec ce qui se passe au Moyen Orient, nous sommes en plein dedans, il y a eu une attaque extraordinaire contre Israël le 7 octobre et à partir de ce moment on a d'autres actes de cruauté, il est très difficile d'ailleurs de départager, de dire qui a tort, qui a raison...

C'est un des problèmes de la cruauté : quand les phénomènes de cruauté se déclenchent, en général ils sont  contagieux, c'est à dire qu'on rentre dans un enchaînement qu'il est extrêmement difficile d'arrêter.

Regardez la deuxième guerre mondiale : les nazis sont partis dans un déchaînement pas seulement de violence, mais de cruauté : ils ont martyrisé, torturé, assassiné des gens par millions. D'un autre côté, les Soviétiques ont fait la même chose, ils le faisaient déjà chez eux, ils l'ont fait dans les pays où ils ont pénétré, on ne faisait alors pratiquement pas de prisonnier.

Les Khmers rouges, un petit groupe de révolutionnaires, s'emparent du pays et ils tuent à peu près le quart de la population dans des conditions abominables. A Phnom Penh, il y avait un centre de mise à mort où quinze mille personnes ont été emmenées et il n'y en a pas une qui est sortie vivante, elles ont toutes été torturées à mort. Et Duch, le monsieur qui dirigeait ça a quand même été arrêté par la suite, il est passé dans un procès international, et il a expliqué : "Oui, c'est moi qui ai tenu ce centre, c'est moi qui ai formé tous les bourreaux à torturer pour obtenir des aveux complètement bidons d'ailleurs... et puis ensuite comment il fallait achever le travail, assassiner... Tout ça pourquoi ? Pour une idéologie... ça c'est un élément nouveau de l'histoire de la cruauté, l'émergence d'idéologies modernes, les grandes idéologies, communisme, nazisme, etc. qui légitiment non plus quelques crimes, quelques massacres, mais qui légitiment des crimes de masse, des crimes contre l'humanité.

Dans ce livre, vous avez un chapitre d'un collègue russe sur les bourreaux de Staline, un de ces bourreaux Vassili Blokhine a assassiné d'une balle dans la tête environ quinze mille personnes.

Vous avez des sadiques et des psychopathes et comme par hasard ce type de régime recrute ce type de personnes pour faire le travail. Chez un type comme Blokhine, il tue, cela ne lui pose aucun problème, c'est comme s'il allait au bureau, c'est comme s'il fumait une cigarette, il tue, il tue toute la nuit. Alors quel plaisir a-t-il ? Il a le plaisir d'être un bon communiste qui fait le travail qu'on lui demande de faire. Mais il a un autre plaisir : ce sont des gratifications très importantes... en tant que bourreau en chef, reconnu par Staline, il reçoit un ordre de Lénine, un ordre du drapeau rouge, avec chaque fois des gratifications financières importantes, il reçoit une montre en or, il reçoit une voiture, à l'époque dans les années 30, c'étaient des gratifications extraordinaires."

 

 

 

 

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