Molière, en son temps, a fustigé et ridiculisé le langage ampoulé, plein d'emphase des précieux et des précieuses qui s'appliquaient à utiliser des périphrases, pour désigner des réalités très ordinaires : le "fauteuil" devenait "les commodités de la conversation", "le miroir" recevait l'appellation de "conseiller des grâces"...."le balai", celle de "l'instrument de la propreté..." "la chandelle" devenait "le supplément du soleil."
Et, plus de 300 ans plus tard, voilà que ce langage grotesque ressurgit, dans les termes de la nouvelle réforme des collèges !
On se croirait revenu au temps de Molière !!
Mais qui a osé rédiger et publier de tels textes qui défient la compréhension et font appel à un jargon d'un autre âge ?
Des responsables du ministère sont, donc, payés pour perdre les gens dans un fatras de mots incompréhensibles ?
Ces responsables sont-ils incultes, n'ont-ils pas lu Molière ? N'ont-ils même perçu le ridicule et le grotesque des mots qu'ils utilisent ?
La piscine devient "un milieu aquatique profond et standardisé", dans lequel il convient de "traverser l’eau en équilibre horizontal par immersion prolongée de la tête."
Il n'est plus question de "courir", mais de "créer de la vitesse". L'apprentissage des langues étrangères devrait maintenant se résumer en cet obscur et magnifique slogan : "aller de soi et de l’ici vers l’autre et l’ailleurs". L'éducation aux médias est censée être « spiralaire », vocable dont on ignore encore le sens !
Un jeu de raquettes devient "un duel médié par une balle ou un volant."
Les EPI ou Enseignements pratiques interdisciplinaires sont créés ! Un fourre-tout dans lequel on trouve : Le monde économique et professionnel, Les langues et cultures de l'antiquité, Les langues et cultures étrangères et régionales, Le développement durable, Sciences et société, Corps, santé et sécurité, Information, communication, citoyenneté, Culture et création artistique...
Le texte officiel indique les directives suivantes :
"Les nouveaux EPI seront une modalité explicite de mise en œuvre des programmes dans lesquels ils sont définis. Le conseil d'administration du collège, sur proposition du conseil pédagogique, déterminera les thématiques qui seront traitées dans les classes de 5e, 4e et 3e.
Les EPI devront aussi contribuer de façon concrète à la mise en œuvre au collège des trois parcours éducatifs : le parcours citoyen, le parcours d'éducation artistique et culturelle (PEAC) et le parcours individuel d'information et de découverte du monde économique et professionnel (PIODMEP)."
On se perd dans des sigles, et on perçoit l'inanité et le vide de tous ces mots ! On est sidéré, devant un tel langage !
La réforme des collèges, telle qu'elle est présentée, défie l'entendement !
Dans le monde éducatif, où il est essentiel, plus que dans un autre, d'employer un langage clair et accessible à tous, c''est l'inverse qui se produit...
On nous sert une "bouillie" prétentieuse : mais de qui se moque-t-on ? Des élèves, des parents d'élèves, des enseignants eux-mêmes ?
Veut-on, vraiment, faciliter l'accès de la culture à tout un chacun ? On ne saurait le dire, car un tel vocabulaire va dans le sens contraire !
Assez de jargon incompréhensible ! Assez de technocrates qui osent signer de telles réformes qui vont à l'encontre du bon sens !
Les enseignants qui sont sur le terrain en ont assez d'être dirigés par des gens incompétents qui osent produire de telles inepties !
Devant les difficultés que rencontrent les élèves, il est essentiel de recentrer l'enseignement sur l'apprentissage de la grammaire, de l'orthographe, sur l'importance de la lecture, de la compréhension et de l'analyse des textes, en lieu et place, on nous sert des textes pompeux, éloignés des réalités du terrain...
Les gens du ministère feraient bien de relire leurs classiques, Molière, notamment, lui qui a montré le ridicule de certains de ses contemporains... Le temps a passé mais on voit que la prétention, l'inanité, le vide existent toujours et ce, dans les plus hautes instances de la société !