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11 octobre 2014 6 11 /10 /octobre /2014 17:41

 

île 2

Une chanson qui évoque l'éloignement de celle qu'on aime, c'est, là, un thème plein de mélancolie : ce sujet est abordé, avec tendresse et poésie, par Alain Souchon dans une chanson intitulée Le coeur grenadine, mise en musique et interprétée par Laurent Voulzy...

 

Le texte est imagé, puisqu'il est question d'une "mandarine", dans laquelle le poète a laissé un morceau de son coeur, ainsi qu'une coquille de noix et une voile, symboles du voyage désiré, des îles lointaines, d'où est originaire Laurent Voulzy.

 

La mandarine représente bien le soleil et ces îles de Martinique, de la Guadeloupe, chères au coeur du chanteur...

 

"Le vent tropical", le "pays sucré doucement" suggèrent ces paysages lointains, au climat plein de douceurs.

Au passage, le poète rappelle qu'il est né dans "le gris" à Paris, alors que ses racines, celles de ses parents, de ses ancêtres se trouvent en Guadeloupe.

 

Des images de "jolie Doudou, sous le soleil" obsèdent le poète, qui est comme exilé : il voit ces images dans les tiroirs, dans son sommeil, jour et nuit, semble-t-il nous dire.

 

Le verbe "laisser" revient, comme pour mieux souligner l'idée d'abandon de ces terres originelles.

Le poète les a laissées "sur une planisphère" et ces îles deviennent des "points entourés d'eau", comme pour souligner des coins perdus, sur la planète, qui paraissent dérisoires et lointains.

 

L'image de la "fille au corps immobile ", qui suit, semble bien représenter cette île de la Guadeloupe, à l'autre bout du monde, une fille inaccessible, avec laquelle on ne peut danser la "biguine".

L'île est, ainsi, magnifiquement personnifiée...

 

Le refrain rappelle, d'une façon poétique et imagée, que le coeur du poète est ailleurs, dans ce pays : "j'ai le coeur grenadine", dit-il... une façon de suggérer et d'évoquer les "îles Grenadines", proches de la Martinique.

 

Le poète en est réduit à caresser du papier, pendant des nuits, à écrire des textes, à lire des lettres de ces terres lointaines.

L'absence de soleil sur la peau, l'absence de cet amour éloigné sont évoquées de manière obsédante, par des répétitions du mot "nuits", du verbe "passer", de l'adverbe "tellement".

 

L'île se transforme en jeune femme qui porte "des traces de sel sur les paupières", au "corps tout mouillé", qui attend impatiemment son amoureux.

 

Et le poète en perd tout"plaisir" de vivre. La distance : "à cinq mille lieues derrière la mer" aggrave la douleur et rend impossible tout rapprochement.

 

"Tout mon coeur est resté là-bas" , affirme le poète, jolie phrase qui souligne le profond attachement au pays d'origine, aux racines. Et pourtant, le chanteur ne connaît même pas ce pays lointain, où il n'est jamais allé : la mélancolie est d'autant plus grande !

 

L'île, sans cesse, assimilée à une jeune femme aimée devient, dans ce poème, une image pleine de vie : elle s'anime sous nos yeux et paraît être l'essentiel pour l'auteur.

 

La mélodie à la fois douce et mélancolique traduit bien l'amour et la nostalgie de ce pays inconnu et mythique.

 

http://youtu.be/cYtAs9P6AJA

 

 

 

 

île Numéro1963

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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10 octobre 2014 5 10 /10 /octobre /2014 16:07
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"Disposant un nuage dans le ciel, une orange dans une assiette, les peintres éclairent ce qu'il reste de jour dans le soir, inventent la juste distance qui permet à l'espace de s'ouvrir, et à l'amour de danser." C'est ainsi que Christian Bobin évoque le travail des peintres, dans son oeuvre, Le huitième jour de la semaine. Les artistes recréent le monde, par des jeux de lumières, par un regard nouveau porté sur l'horizon, sur les nuages...
 
 Le mot "nuage", issu du substantif latin, "nubes", le "nuage" est d'une grande poésie... Ce terme vient, lui-même, d'un verbe "nubo" qui signifie "couvrir, voiler".

Les nuages, comme les nuées, de la même famille, voilent le ciel, le soleil.

 

Le verbe latin "nubo" avait, également, le sens de "prendre le voile", donc, "se marier, épouser".

On perçoit, alors, aussitôt, la relation avec l'adjectif "nuptial" ou, encore, avec le mot "noce".

 

Curieuse parenté entre le nuage et la noce ! Deux mots, qui semblent si éloignés, se rejoignent par leur étymologie.

 

Le mot "nuage" nous emmène vers les hautes sphères célestes, avec ses voyelles nuancées et contrastées qui se combinent, ce substantif nous étonne et nous fait rêver : la chuintante "g", au centre du mot, lui confère une certaine douceur et lui donne une tonalité pleine de tendresse.

 

Les nuages peuplent le ciel, de mille nuances de gris, de blancs, d'or, de mille motifs : cripures légères, moutonnements infinis, bourgeonnements de fleurs cotonneuses, amas de noirs, pliures, étagements et superposition de nuées, effilures...

 

Les nuages offrent des tableaux d'une beauté inouie, au soleil couchant, quand les clartés finissantes les nimbent de couleurs dorées de miel.

 

Les nuages s'éparpillent dans le ciel, le couvrent d'un voile somptueux...

Le voile des nuages, le voile de la mariée évoquent de belles images de bonheur, d'harmonie.

 

Si la mariée cache sa beauté derrière un voile, c'est pour mieux la révéler.

 

Les nuages, aussi, sont les parures du ciel, ils le voilent, pour mieux nuancer l'azur de formes étonnantes et curieuses.

 

Les nuages, voiles du ciel, le nimbent d'une variété infinie de formes et d'éclats.

J'aime ce mot "nuage", qui sert à voiler le ciel, à en révéler la beauté... J'aime ce mot qui fait rêver.

 

De fait, les nuages font songer à des voiles tantôt subtils, tantôt plus épais et plus denses... lourdes cotonnades, gazes évanescentes, mousselines, dentelles de nuées, duvets soyeux, guipures légères...

 

http://youtu.be/j2R5-xaR3oE

 

http://youtu.be/KzNERXayVi4

 

http://youtu.be/wWBFFTAxWeU

 

http://youtu.be/Wa_vgkAxxXs

 

 

 

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Photos : rosemar



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6 octobre 2014 1 06 /10 /octobre /2014 16:41

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La simplicité de cette chanson écrite et composée par Alain Barrière, sa clarté, son évidence nous émeuvent...

 

Ponctué par des adverbes d'intensité : "si jolie", "trop jolie", le texte évoque une beauté qui attire, et éloigne en même temps : la beauté fait peur, parfois, elle effraie, elle laisse sans voix l'amoureux.

 

Associée au vent qui l'emporte, la jeune femme désignée simplement par le pronom "elle", terme assez vague, paraît d'autant plus lointaine... elle s'enfuit, alors que le vent personnifié raconte encore la beauté de la jeune femme.

 

Le texte écrit au passé, à l'imparfait évoque un souvenir d'autrefois d'un amour qui semble perdu irrémédiablement.

 

Brusquement, le retour au présent redonne une forme d'espoir, mais le vent parle au poète et évoque une forme d'impossibilité à aimer toute une vie.

 

Par ailleurs, l'évocation de l'automne associé aux larmes montre et souligne l'éloignement de la jeune femme.

 

Le poète voit alors "sa robe tourbillonner", dans un parc où virevoltent les feuilles d'automne qui sont personifiées puisqu' elles "frissonnent".

Mais, la jeune femme n'est désormais, plus qu'un rêve...

 

Ce paysage automnal représente bien l'état d'âme du poète : ce sont ses propres frissons que l'on perçoit, en fait, dans cette description pleine de regrets et de mélancolie liée à l'automne.

 

La nature personnifiée, le vent qui parle, les feuilles qui frissonnent donnent à cette évocation une grande poésie...

 

Le vent apparaît bien, ici, comme le symbole de la fuite du temps qui emporte tout sur son passage... Les vers très courts peuvent suggérer l'envolée du vent et l'écoulement rapide du temps qui passe.

 

La mélodie souligne la douceur, le rêve représenté par la beauté de la jeune femme. Les finales de voyelles féminines soulignées dans la prononciation, "joli-e, ravi-e, parti-e" accentuent cette impression de douceur.

 

On retrouve dans ce texte, des thèmes traditionnels : le temps qui passe, l'amour et la difficulté de l'exprimer, l'automne qui évoque la tristesse, un amour perdu que le souvenir garde intact.

 

La simplicité, l'harmonie de la mélodie redonnent vie à ces thèmes éternels...

 

http://youtu.be/nNYLj_Rdx9c

 

http://youtu.be/nO3DyGZhq2o

 

http://youtu.be/ZVkdMRmSCuo

 

 http://youtu.be/kx-18sc1wNE

 

Photos d'automne : creative commons  Bluepoint / Jean Pol Grandmont / Tracy

 

 

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28 septembre 2014 7 28 /09 /septembre /2014 17:41

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Voilà une romance pleine de douceur, au texte un peu suranné, une belle déclaration d'amour à la fois passionnée et teintée de retenue...

 

Extrait d'un opéra, que l'on doit à François Bazin, pour la musique, la romance de Maître Pathelin émeut par sa simplicité, sa poésie.

Texte lyrique, à la première personne, cette chanson, créée en 1856, évoque un amour qui n'ose pas se déclarer.

 

La pensée obsédante de l'amoureux se traduit par des répétitions de constructions : "quand je m'éveille, quand je sommeille"... Jour et nuit alternent, avec toujours la même idée en tête.

 

Les sonorités de sifflantes, de chuintantes restituent la douceur et la tendresse de cet amour secret.

Le bonheur serait de voir cet amour partagé, avec l'espoir d'un aveu...

 

Par l'alternance entre la première et la deuxième personne, le poète instaure un dialogue, mais la distance semble infranchissable entre les deux êtres.

L'emploi de la deuxième personne du pluriel "vous" souligne la séparation, l'éloignement.


Et curieusement, c'est la peur qui domine, marquée par l'interjection "hélas", et soulignée par l'adverbe "trop". "J'ai trop peur de vous", déclare le poète.

 

L'amoureux "guette" la jeune femme, espère une rencontre : il se parle à lui-même, comme pour se donner du courage " je me dis par un doux langage/ Aujourd'hui je veux l'émouvoir..."

Le verbe "vouloir", répété à trois reprises, insiste sur un désir très intense qui n'arrive pas à son terme.

 

A la fin du texte, la distance semble presque abolie par le passage à la deuxième personne du singulier : "Je veux, je veux, dans mon brûlant délire / Dire je t'aime en tombant à genoux."

 

Mais la peur réapparaît, paralysante, inexorable, interdisant, apparemment, tout espoir.

 

Amour intense, pudeur, exaltation caractérisent le texte de cette romance.

 

Quant à la mélodie, elle est conforme aux sentiments, pleine de sensibilité et d'émotions...

Cette romance emplie de tendresse évoque, en moi, des souvenirs : mon père fredonnait, autrefois, cette chanson... Pleine de simplicité, dans le texte, elle est facile à retenir, elle traduit, aussi, une émotivité, une difficulté à s'exprimer, à dire ses sentiments.

 

Mes parents, issus d'un milieu très modeste, étaient, ainsi, des gens qui parlaient peu, qui ne s'épanchaient pas : au fond, cette chanson restitue bien la vie de gens humbles et simples, leur difficulté à s'exprimer, à mettre en évidence des sentiments...

J'écoute, chaque fois, avec émotion, cette mélodie et cet air d'autrefois... Cette chanson familière suggère une forme de pudeur, de réserve infinies...

 

 

http://youtu.be/Fi45IhItHTA

 

 

 

 

 

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19 septembre 2014 5 19 /09 /septembre /2014 15:14

 

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Une chanson consacrée au pouvoir des fleurs, c'est comme un hymne à la douceur, la tendresse : dans cette chanson, écrite par Alain Souchon, l'auteur évoque ses souvenirs, des projets d'autrefois qui semblent être devenus inaccessibles avec l'emploi du passé : "on avait des projets pour la terre / pour les hommes comme la nature / faire tomber les barrières, les murs, / les vieux parapets d'Arthur".

 

Abattre les murs, les barrières, voilà un beau symbole : il s'agit de vaincre les différences, les différents, les conflits en tous genres.... il s'agit, aussi, de préserver la nature et de la respecter.

 

Les "jasmins, les lilas" remplaçaient, alors, les "soldats" : on pouvait espérer "changer" le monde, les êtres humains avec de simples fleurs : bouquets de roses, géraniums. Bel espoir !

Les chansons étaient associées à des pétales et des corolles, leurs parfums évoquaient l'image d'un Eden, d'un paradis.

 

Le poète revient, ensuite, au présent : cette envie de modifier le monde reste intacte : l'idée de douceur apparaît et s'impose.

Mais, changer les âmes et les coeurs, ce n'est pas simple ! Car cela suppose d'envoyer "la guerre au vent" pour accorder toute sa place à l'amour : "l'amour devant", écrit l'auteur.
 
La tâche paraît difficile : l'emploi du pluriel, de l'adverbe d'intensité "tant" souligne l'ampleur des problèmes : "y a des choses à faire / pour les enfants, les gens, les éléphants / ah ! tant de choses à faire."
 
Et le poète fait une offrande de fleurs, pour donner du coeur au lecteur, à qui il s'adresse directement à la deuxième personne.
 
L'espoir se renouvelle avec l'emploi du futur : "tu verras qu'on aura des foulards, des chemises / et que voici les couleurs vives / et que même si l'amour est parti / ce n'est que partie remise / pour les couleurs, les accords, les parfums."
 
Il serait temps, en effet, de changer ce "vieux monde" pour en faire "un jardin"...
 
Il serait temps de redonner de l'espoir à tous, il serait temps de ne plus se perdre dans de vaines querelles, aussi vieilles que le monde !
 
On aimerait se laisser aller à cette "idée pop", contenue dans la chanson et dans la musique de Laurent Voulzy.
 
Hélas ! Même les fleurs n'ont plus trop de saveurs pour certains : ils préfèrent les invectives, les insultes !
 
Oui, vraiment, il serait temps de redonner le pouvoir aux fleurs, à une forme de tendresse et de générosité qu'on a tendance à mépriser et à oublier !
 
Notre monde se perd dans une recherche effrénée de l'argent : partout, règne une forme de compétition, on essaie d'anéantir l'autre, de le rabaisser, de l'amoindrir...
 
L'homme en perd son humanité, l'essence même de ce qu'il est.
 
Les fleurs représentent bien l'harmonie du monde : formes, couleurs, parfums, éclats, on oublie trop souvent tout ce que peut nous offrir la nature, des bonheurs simples, des accords.
 
La mélodie de cette chanson très douce, et rythmée traduit un espoir de renouveau... une envie de reconstruire une autre société plus humaine.
 
Ne nous perdons plus dans un monde matérialiste, sans idéal : retrouvons des accords oubliés, retrouvons le pouvoir des fleurs !
 
 
 
Photos de fleurs : Christelle et rosemar
 
 
 
 
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29 août 2014 5 29 /08 /août /2014 18:23

 

Haute-savoie-Largue240-creative.JPG

 

Véritable hymne à la nature, cette chanson de Francis Cabrel nous transporte dans des paysages de haute montagne.

 

Elle évoque, aussi, un monde fait de dureté, de fatigue, celui dans lequel nous vivons, tous, accablés de travail et de tourments... et il faut, à tout prix, échapper à cet enfer.

 

Le mot "fatigué" répété traduit une lassitude, les "murs" suggèrent l'enfermement du monde moderne où les attitudes sont feintes : il s'agit de "sourire" à des gens qui "écrasent" le poète et l'anéantissent...

 

L'image "les brumes d'un rêve" renvoie à un univers cerné, enfermé, où l'on n'est plus libre et où l'on ne perçoit même plus la réalité...

 

Le métier, le travail ne sont que des contraintes et ne permettent aucun épanouissement : c'est ce que restituent les mots : "un métier où tu marches ou tu crèves"... avec cette expression très familière et l'emploi de la deuxième personne du singulier, on perçoit la violence du monde du travail.

 

L'image de la "meute aux abois" très forte suggère, à nouveau, un monde inhumain, où l'artiste est poursuivi par une horde d'admirateurs féroces et cruels...

 

Dès lors, il faut fuir, trouver un autre cadre et aller se réfugier chez "la dame de haute savoie"...

 

Un décor féérique est, alors, décrit avec simplicité et mystère : on voit des "étoiles qui courent dans la neige", belle métaphore qui transforme la neige en un miroir d'étoiles vivantes...

 

On voit "un chalet de bois, des guirlandes qui pendent du toit", une ambiance de fête...

 

On retrouve un monde où tout est possible, où l'on peut imaginer que la nuit apparaît par un simple claquement de doigts de la dame de Haute Savoie, devenue fée.

 

L'auteur n'oubliera pas "sa guitare", son "chien" pour l'accompagner dans cette fuite vers un monde meilleur, dans un cadre naturel, loin des villes frelatées, où la sincérité et l'harmonie n'ont plus leur place.

 

Le rythme endiablée de cette chanson restitue une envie d'échapper à une modernité artificielle et pesante, peut-être, à un succès qui empêche toute vie simple et secrète. Les consonnes dentales "d" et "t" qui scandent le refrain insistent sur une volonté de retrouver un bonheur perdu.

 

On est sensible à la simplicité de ce texte, à cette envie de fuir un monde peu épanouissant, fait de stress, d'angoisse... On est sensible au symbole de cette Dame de Haute Savoie qui représente à la fois l'amour et la simplicité d'une vie près de la nature..

 

 

http://dai.ly/xp4f30

 

 

http://dai.ly/x2fpso

 

 

 http://youtu.be/xdqg9nJgmaY

 

 

 

 

monviso Franco franco 56

 

 

Mont Viso wikimédia commons

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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7 août 2014 4 07 /08 /août /2014 18:07

 

machine à laver 

 L'amour qui s'enfuit, l'amour qui s'altère, la difficulté d'aimer, tels sont les thèmes de cette chanson d'Alain Souchon, L'amour à la machine... thèmes, maintes fois, traités, mais le poète a su renouveler ces lieux communs et créer un texte original et plein de modernité.

 

L'auteur imagine de passer un amour ancien à la machine, pour restaurer le bonheur d'antan, symbolisé par des "couleurs d'origine"... Voilà une idée étonnante qui surprend et amuse à la fois !

 

Il imagine, aussi, d'utiliser de l'eau de javel pour retrouver une "pureté originelle" !

L'idée de "blancheur éternelle " renvoie à des sentiments d'autrefois qui se sont étiolés et qu'il faudrait renouveler.

 

Des couleurs se sont perdues : "le rose d'une joue a pâli, le bleu des baisers" a disparu, belles images de teintes associées traditionnellement à l'amour...

 

La couleur bleue évoque, immanquablement, Matisse et ses tableaux, mais aussi la difficulté de la vie, des bleus à l'âme, les caresses font naître des images d'ardeur et de rouge mais le soleil les anéantit, les "tabasse", terme très fort.

 

L'auteur semble vouloir inventer des recettes pour résoudre d'autres problèmes : le désarroi des gens âgés, le racisme, l'intolérance.

 

On peut imaginer, aussi, que du "rouge" puisse faire disparaître la misère des gens âgés, que des "mains noires" soient associées à des "boucles blondes", pour réunir des gens venus d'horizons différents...

 

Le texte se présente comme une recette, une expérience à tenter pour faire ressurgir un amour disparu : l'auteur emploie des impératifs :" passez, faites le bouillir, allez."

 

On retrouve, dans ce texte, un thème éternel : celui du temps qui passe, qui affaiblit les sentiments et les ternit : mais quelle modernité et quelle originalité dans la façon d'évoquer ces couleurs disparues et qui pourraient être ravivées par un simple lavage !

 

Vaine illusion, vaine recette ! La machine à laver évoque et suggère, aussi, immanquablement la vie quotidienne qui use et érode les sentiments...

 

L'alternance de vers longs et de vers très courts crée des effets de surprise, des décalages entre le présent et le passé : l'averbe de temps "avant" est ainsi rejeté dans un autre vers, en fin de phrase.

 

Le rythme de la mélodie très vif semble restituer la rapidité du temps qui passe, une accélération de la vie, à laquelle personne n'échappe.

 

A travers cette chanson, Alain Souchon renouvelle complètement un thème éternel : la fuite du temps qui nous emporte dans ses tourbillons et qui altère les sentiments, les affadit.

 

 

http://youtu.be/r_zTEHa0Ikw

 

 

 

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Camelia Gisse

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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26 juillet 2014 6 26 /07 /juillet /2014 17:02

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Dans cette belle chanson d'amour, forte et passionnée, Francis Cabrel évoque les tourments de celui qui aime : la chanson s'ouvre sur le pronom "elle", qui désigne la femme aimée... celle-ci semble dotée de tous les pouvoirs : capable de "faire changer la course des nuages", capable de "balayer les projets" de l'amoureux.

 

L'amour emporte tout, sur son passage, il est si fort, provoque tant de tortures qu'il "fait vieillir, bien avant l'âge".

 

La femme, même volage, même disparue et perdue, dans "les vapeurs des ports", est toujours présente, à l'esprit de l'homme qui aime et on perçoit, malgré toutes ses infidélités, un amour qui reste immuable.

 

Malgré les trahisons, les révoltes, l'amour s'impose. Le verbe "hurler", la malédiction, à laquelle est vouée la femme, suggèrent toute la violence de la passion.

L'emploi du futur : "elle te fera, tu la perdras, elle rentrera" souligne une sorte de fatalité inéluctable, à laquelle l'amoureux ne peut échapper.

 

Et même le pardon est inéluctable : "Elle voudra que tu pardonnes et tu pardonneras"... La volonté de la femme aimée l'emporte sur tout.

Une phrase, brève, récurrente et péremptoire, "c'est écrit", restitue cette fatalité irréversible.

 

L'utilisation de la deuxième personne "tu", tout au long du poème, confère une sorte d'universalité et de familiarité au message... Tout le monde a pu connaître ce sentiment du caractère impérieux de l'amour.

 

Le thème de l'attente transparaît dans les prières, dans les nuits passées à regarder dehors, dans les bars écumés, pour retrouver l'amoureuse perdue. Les pluriels : "les heures, tous les bars, les nuits" soulignent cette attente et cette quête inlassable.

 

Une succession de questions restitue l'angoisse de l'amoureux : "Qu'est-ce qu'elle aime, qu'est-ce qu'elle veut ? Qu'est-ce qu'elle rêve, qui elle voit ?"

 

L'image des "ombres", sous les yeux, dessinées par la jeune femme, celle des "cordes", qu'elle enroule autour des bras, traduisent bien, à la fois, les tourments de l'amour et sa force.
 
Un nouvel interlocuteur semble intervenir pour évoquer "les soupirs, les dentelles" de l'amoureuse qui a vieilli, qui "n'est plus vraiment belle".
 
Mais, peine perdue, l'amour est toujours là, intense, dans le refrain : "Elle n'en sort plus de ta mémoire..."
 
L'image de la femme réapparaît, sans cesse, comme dans un rêve récurrent, elle "danse derrière les brouillards." Cette simple phrase imagée suffit à évoquer une sorte d'obsession de l'amoureux : les sonorités de dentale "d", de gutturale "r" répétées peuvent suggérer une forme de hantise.
 
Le poème s'achève avec l'idée de quête "tu cherches et tu cours ", et avec l'emploi insistant de la première personne : "Moi, j'ai vécu la même histoire"...
 
Le poète en vient à évoquer sa propre expérience douloureuse, sa propre quête de l'amour et réaffirme à trois reprises qu'il "compte les jours". Ainsi, l'attente semble se prolonger à l'infini...
 
La mélodie retranscrit bien les difficultés de la passion amoureuse, alternant douceurs, tendresse, force et éclats.
 
Photos : 1: Vassil / 2 : tableau de Sisley / 3 : llias 81   creative commons                                         
 
  
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brouillard llias 81 Libre
brouillard D Friedrich)



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18 juillet 2014 5 18 /07 /juillet /2014 17:57

 

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Le hasard d'une rencontre espérée, le bonheur entrevu, alors que les âmes sont "grises", un bonheur que l'on sent fragile, tels sont les motifs de cette chanson de Mouloudji : Un jour, tu verras...

 

En même temps, une sorte de certitude transparaît, à travers l'emploi du futur : "tu verras, on se rencontrera, nous nous regarderons, Et nous nous sourirons... nous irons... Il y aura un bal."

 

Le poète s'adresse à quelqu'un qu'il ne connaît pas, mais la force de l'espoir le conduit à affirmer une rencontre prochaine : le tutoiement, "tu verras" marque une familiarité, une proximité évidentes...

 

La réunion des deux amoureux semble assurée, quel que soit le lieu, ou le moment.

Regards, sourires, gestes identiques scellent une union de deux âmes... Le pronom "nous", utilisé à plusieurs reprises, marque cet accord.

 

Une inquiétude se fait jour, pourtant, avec l'évocation du temps qui passe "si vite."

Il faut presque "cacher" son bonheur dans le soir qui tombe, pour le préserver : on perçoit, là, toute la fragilité de ces instants volés dans une vie de doute, de douleurs...

L'évocation du bal qui suit est pleine de mélancolie : brume, pauvreté sont au rendez-vous.
 
Seuls, les pavés sont "doux", l'air du bal musette est "le plus beau", des termes élogieux qui atténuent la tristesse du paysage.
 
L'aveugle qui joue de l'orgue de barbarie complète ce tableau, empreint, à la fois de joie et de mélancolie.
 
La danse est, enfin, l'occasion de se réunir, loin du monde : il s'agit de "danser l'amour, les yeux dans les yeux", mais le poète évoque aussi "une fin du monde", "une nuit profonde", symboles, sans doute de l'oubli du monde extérieur, de ses angoisses.
 
La certitude de la rencontre est, ensuite, réaffirmée dans le refrain : "Tu verras, on se rencontrera"...
 
Le texte oscille entre mélancolie, tendresse et bonheur rayonnant...
 
On perçoit, là, toute l'ambiguité de la vie :  dureté du monde, pauvreté, ciel gris, joie rêvée, douceur espérée.
 
La mélodie restitue cette ambiance de douce mélancolie.
 
Poème plein d'émotions, de sensibilité, cette chanson réveille en nous des sentiments nuancés de tristesse, et de bonheur...
 
 
 
 
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Photos : rosemar



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2 mai 2014 5 02 /05 /mai /2014 16:10

 

-Petit Trianon - Belvédère - Bas-relief - Saturne auteur
Il porte un joli nom Saturne ! Un nom aux sonorités de sifflante, de dentale, de gutturale, consonnes contrastées emplies de douceur, d'éclats, de rudesse !

Le maître du temps, Saturne chez les romains, a inspiré une chanson pleine de charme et d'humour à Georges Brassens...

 

Qualifié de "morne", de "taciturne", au début du texte, le dieu Saturne apparaît froid, impitoyable, lointain, inaccessible au commun des mortels.

 

"Dieu inquiétant", mystérieux, tel est bien ce maître du temps qui passe, malgré son joli nom.

 

On le voit s'amuser à "bousculer les roses", jeu cruel, car le dieu joue à blesser, de sa marque, des fleurs fragiles, symboles et raccourcis saisissants de la vie humaine.

 

Un jeu de mots subtil apparaît alors : "le temps tue le temps, comme il peut"...L'expression "tuer le temps" semble prendre, ici, tout son sens, car Saturne s'amuse à pousser les roses vers le déclin et la mort...

 

Soudain, le poète s'adresse à la femme qu'il aime, de manière familière, avec une apostrophe élogieuse "ma belle ". Et, il prend conscience de la fuite du temps : c'est elle, la victime du temps... D'une manière imagée et somptueuse, Georges Brassens évoque un changement subtil : "Toi qui as payé la gabelle / Un grain de sel dans tes cheveux."

 

L'expression répétée suggère bien l'action inexorable du temps, mais le poète commente, aussitôt, en associant la "belle" à "l'automne" et affirme, familèrement, la beauté de sa bien-aimée : "c'est pas vilain, les fleurs d'automne."

 

L'image de la fleur réapparaît et sa splendeur semble inaltérable.

 

L'invitation qui suit est pleine de charmes et d'insistance, avec l'impératif répété "viens", avec l'apostrophe, "ma favorite" qui magnifie la femme, avec cette demande pressante, pour visiter le jardin et "effeuiller la marguerite."

 

Le poète réaffirme l'idée de beauté, en employant le pluriel : "je sais par coeur toutes tes grâces..." Et, à la fin du poème, par une belle inversion, Saturne, si puissant, apparaît vaincu...

 

Belle parodie de ces poèmes d'antan, où le temps est victorieux, où les poètes essaient de convaincre de toutes jeunes filles de les aimer, car le temps presse et détruit inexorablement toutes beautés !

 

Et la jeune fille en fleur, appelée de manière amusante "la petite pisseuse d'en face", est invitée à aller "se rhabiller".

 

La mélodie, assez lente et pesante, semble mimer le rythme du temps qui passe.

 

On perçoit, dans cette chanson, tout l'art de Georges Brassens : le poète mêle, harmonieusement, des références littéraires, un langage familier, un humour plein d'élégance...

 

 

http://youtu.be/bOpfbj5-rGg

 

 

 

 

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saturne versailles auteur urban

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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 Photos : auteurs : Starus / Urban / Rufus46/ Twice25  creative commons



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