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4 août 2024 7 04 /08 /août /2024 13:55
Arbres de Provence...

 

Arbres du sud, arbres de Provence, cyprès fuseaux sombres sur l'azur, pins tout en rondeurs, cèdres aux tourbillons de verdure...

 

 

 

Micocouliers aux frondaisons ondoyantes... oliviers, bouquets argentés rayonnants sur un ciel bleu lavande...

 

 

 

Oliviers encore aux feuillages luminescents sous le soleil du midi...

 

 

 

Ombrages apaisants des micocouliers au tronc massif où l'on découvre, parfois, avec émerveillement des mues de cigales aux teintes nacrées...

 

 

 

 

Tandis qu'un vent léger fait danser les feuillages sombres  des micocouliers, douces caresses du vent, douce brise d'été si apaisante...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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22 septembre 2023 5 22 /09 /septembre /2023 12:08
Danses provençales : le passé, le vrai, le beau, la poésie à l'honneur !

 

Des jupons qui volent, des tissus provençaux aux motifs variés, des coiffes à l'ancienne, de savants chignons, des dentelles... pour un spectacle de danses traditionnelles de Provence, organisé dans un cadre prestigieux : les Jardins de la Fontaine à Nîmes.

Un spectacle rythmé par les instruments traditionnels de la Provence : des fifres, des tambourins, des galoubets...

Un spectacle empli de charme, et d'élégance : des costumes chatoyants, des danses d'autrefois, des musiques douces, harmonieuses qui nous transportent dans le passé...

 

Après une petite introduction musicale, ce sont des fillettes qui ouvrent le bal : on admire leurs robes colorées, leurs sourires, leur application dans l'exécution de la danse...

Pas de fête provençale sans farandole : et c'est la farandole technique que nous offrent danseurs et danseuses. La farandole est une danse traditionnelle, considérée comme la plus ancienne, la plus caractéristique et la plus représentative de la Provence. 

On est charmé encore par la danse des jardinières avec leurs arceaux de fleurs, une danse qui accorde certains attributs magiques aux arceaux. Cette danse était à l'origine, liée aux festivités de printemps...

Quelle fraîcheur encore avec la danse des chapeaux ! Une bien jolie ronde où les chapeaux virevoltent entre les mains des danseuses...

La Mazurka souto li pins nous fait ensuite entendre la belle langue de Provence...


Refrain
Venès, que l’ouro s’avanço,
Es fèsto au mas d’Escanin.
La mazurka, gènto danso,
La faren souto li pins. (bis)       

 Venez, que l’heure s’avance,
C’est [la] fête au mas d’Escanin.
La mazurka, gracieuse danse,
Nous la ferons sous les pins. (bis)

1er couplet
Galanti chatouno,
Amourous jouvènt,
La roso boutono,
Ansi nous counvèn.
Aujourd’uei qu’es fèsto,
Anen la culi,
Qu’en danso moudèsto
Devèn trefouli.         

Charmantes jeunes filles,
Amoureux jeunes gens,
La rose boutonne,
Ainsi (cela) nous convient.
Aujourd’hui (que) c’est fête,
Allons la cueillir,
Qu’en danse modeste (sage)
Nous devons tressaillir de joie (nous égayer).

 

La danse des fileuses nous montre que la quenouille était l'arme de la femme. La Provence était région d'élevage et de regroupement des bergers. Aussi la laine a une grande importance et les fileuses un grand pouvoir magique, faisant et défaisant les liens de la vie quotidienne et ceux de la destinée. Les danses à liens évoquent le système solaire et la dépendance des planètes par rapport au soleil.

Les jeunes bergers qui venaient conter fleurette à ces fileuses étaient bien vite remis à leur place et proprement ficelés ! La danse des fileuses est liée à la séduction : un berger qui courtise un groupe de fileuses.

 

 Dans la Volte, le cavalier  fait virevolter sa partenaire...

 


Au pays des marins-pêcheurs, la danse simule la pêche avec des filets et des paniers pour recueillir les poissons et les produits de la mer... La danse simule aussi  les gestes propres à la navigation afin d’attirer les bonnes grâces des divinités, de la mer ou des éléments.

 

Les Cordelles mettent en scène la roue, emblème solaire. Les Cordelles font partie de ce que l’on appelle les danses astrales ou cosmiques (liées au Soleil, à la Lune…) Elles figurent également une danse de métier, les Cordelles représentant le tressage de la corde.

 

Autre accessoire utilisé : Les Grelots. Munies de grelots, les danseuses exécutent des figures variées.

 

Le Pas Grec associe maîtres et élèves qui exécutent des pas compliqués en alternance.

 

Les Filles de Marbre ou le Ballet Provençal sont une danse très ancienne dont la reprise dans une pièce de théâtre de 1850 : "Le Ballet des Filles de Marbre", a été tellement popularisée que finalement le nom de la pièce a prévalu pour désigner la danse. Les danseurs forment un cercle dans lequel les mouvements de va-et-vient se font de droite à gauche qui représente la marée et l’influence lunaire puis chacun avance à son tour au centre du cercle en faisant l’enchaînement de pas qu’il réussit le mieux. Entre chaque solo, l’ensemble des danseurs reprend le pas du début.

 

Un autre accessoire utilisé :  Le Tambourin : les danseurs frappent sur un petit tambourin pour chasser le mauvais sort.

 

La Mazurka est une danse d’origine polonaise qui s’est répandue en Europe au milieu du 19ème siècle, comme la polka ou la valse. Et on a le plaisir de découvrir la Mazurka de Nîmes...

 

Quel bonheur encore d'entendre la Coupo Santo, le merveilleux hymne provençal ! Le passé, la poésie, le vrai, le beau mis à l'honneur !

    Coupe sainte


Provençaux, voici la coupe
Qui nous vient des Catalans
Tour à tour buvons ensemble
Le vin pur de notre cru.

   Coupe sainte
Et débordante
Verse à pleins bords
verse à flots
Les enthousiasmes
Et l'énergie des forts !


D'un ancien peuple fier et libre
Nous sommes peut-être la fin ;
Et, si les Félibres tombent
Tombera notre nation.


 D'une race qui regerme
Peut-être sommes nous les premiers jets ;
De la patrie, peut-être, nous sommes
Les piliers et les chefs.


 Verse nous les espérances
et les rêves de la jeunesse,
Le souvenir du passé
Et la foi dans l'an qui vient.


 Verse nous la connaissance
Du Vrai comme du Beau,
Et les hautes jouissances
Qui se rient de la tombe.


 Verse nous la Poésie
Pour chanter tout ce qui vit,
Car c'est elle l'ambroisie
Qui transforme l'homme en Dieu.

 

   Pour la gloire du pays
Vous enfin nos complices
catalans, de loin, ô frères,
Tous ensemble, communions !

 

Et cette jolie fête s'achève avec une grande farandole à laquelle les spectateurs sont invités à se joindre.

 

Bravo à tous les groupes qui ont participé à ce spectacle : Le Cordon Camarguais, Flour d'Immourtalo, Le Temps du costume Nîmes, Farandoleurs Cheminots Nîmois...

 

 

 

http://mtcn.free.fr/lyrics/mazurka-pins.php?lng=fr

 

 

https://www.gavaresse.fr/blog-lemasdelagavaresse/chanson-et-histoire-de-la-coupo-santo-la-provence

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25 décembre 2022 7 25 /12 /décembre /2022 12:01
La crèche de Noël...

 

La crèche de Noël ! Toute une tradition en Provence ! Quelle famille ne possède pas des petits santons en argile, ces petites figurines colorées qui représentent le boeuf, l'âne, l'enfant Jésus, Marie, Joseph, les bergers, les anges etc.

 

Un peu de mousse, du houx pour décorer la crèche, et c'est tout un monde d'autrefois qui surgit...

 

C'est une tradition à laquelle je suis très attachée, peut-être parce qu'elle remonte à l'enfance...

 

Nous avions chez nous une vieille crèche napolitaine, en carton bouchonnée et chaque année, on la décorait avec amour à l'occasion de Noël...

 

Cette tradition se perpétue encore dans de nombreuses églises en Provence...

Crèches confectionnées par des enfants, des adultes, une exposition leur était consacrée comme chaque année en l'église Saint-Charles de Nîmes...

 

Crèche en bois entourée de feuillages ondoyants, crèche rustique en carton où les personnages sont figurés par des pignes de pin...

 

Crèche où les personnages sont dessinés en relief, crèche au bord de l'eau, décorée de galets et de fougères...

 

 Crèche en bois recouvert d'écorces, crèche où les personnages sont enfermés dans des bulles transparentes, crèche photographique, crèche avec des santons cubiques où sont représentées toutes les ethnies, avec même des diables tentateurs...

 

Crèche encadrée avec un voile lumineux sur le côté... crèche en carton à étages...

 

Mais, incontestablement, la plus rustique, la plus originale est cette crèche faite de pignes de pins, avec des manteaux et des couronnes  de feuilles pour les personnages...

 

Le boeuf, l'âne sont réalisés avec des pignes de pins, le berceau de l'enfant roi est lui-même constitué d'écailles de ces pignes.

 

De belles créations, beaucoup d'inventivité et d'imagination pour ces crèches de Noël version 2022 !

 

 

 

 

Photo et vidéo : rosemar

La crèche de Noël...
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4 septembre 2022 7 04 /09 /septembre /2022 11:49
Provence !

 

Des pins qui s'élancent sur l'azur ! Un nuage léger qui flotte dans le bleu infini du ciel...

 

 

 

Des cyprès qui traversent le paysage de leurs longs fuseaux verdoyants...

 

 

 

Un micocoulier dont les feuilles bruissent légèrement sous le vent...

 

 

 

Des oliviers aux teintes argentées, arbres du sud nimbés de lumières ! Des oliviers qui vibrent, vacillent d'éclats sous la chaleur âpre et intense du sud...

 

 

Provence ! Terre lumineuse et solaire ! Royaume des pins !

 

 

Arbres du sud aux formes variées, aux teintes nuancées de verts ! Lumières intenses du sud qui magnifient les paysages !

 


 

Provence, terre de splendeurs ! Magie de la lumière !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Photos et vidéo : rosemar

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11 juin 2021 5 11 /06 /juin /2021 12:26
Un après-midi provençal...

 

Nombre de traditions sont essentielles : elles constituent pour chacun d'entre nous des repères, un ancrage dans le passé... elles nous offrent un lien avec ceux qui nous ont précédés...

 

Je suis née en Provence, du côté de Marseille. Mon grand-père et ma grand-mère maternels appartenaient au monde paysan : ils cultivaient la terre dans le pays d'Aix. Mon grand-père paternel était pêcheur à l'Estaque.

Mes racines sont donc provençales.

 

Comment ne pas être attaché à cette terre du sud et à ses traditions ancestrales ?

 

La Feria de Nîmes est aussi l'occasion de faire revivre certaines de ces traditions, notamment des danses provençales.

 

Le spectacle se déroulait dans un lieu somptueux et prestigieux  les Jardins de la Fontaine, devant l'antique temple de Diane...

 

Un temple vieux de 2000 ans, monument le plus romantique, et aussi le plus mystérieux de Nîmes, un édifice associé au culte impérial...

Etait-ce un temple ou une bibliothéque ? Ce bâtiment  était l’une des composantes du grand sanctuaire dédié à Nemausus et au culte impérial.


On ne connaît pas la véritable fonction de cet édifice dans le sanctuaire antique : bibliothèque ? salle cultuelle ? On ne sait pas vraiment...

En tout cas, un lieu empli de charmes et d'histoire...

 

Au cours de ce spectacle, on pouvait admirer des costumes et des robes d'autrefois, des tissus provençaux aux motifs variés, des coiffes à l'ancienne, de savants chignons, des dentelles, des jupes empesées...

 

Au rythme d'un orchestre provençal, les danseurs et les danseuses ont offert aux spectateur un florilège de danses traditionnelles.

Danse des jardinières, danse des pêcheurs, danse des rubans, farandoles, ballet des filles de marbre, volte, le spectacle était haut en couleurs...

 

On pouvait entendre les instruments traditionnels de la Provence : les fifres, les tambourins, les galoubets...

 

La musique, les costumes, les chorégraphies nous permettaient de retourner dans le passé, et de retrouver une certaine douceur de vivre : des airs et des rythmes apaisants, des costumes confectionnés avec soin, des danses pleines de gaieté, de charme.

 

Un spectacle simple, sans fioriture, sans artifice, en plein air, à la lumière du soleil de Provence, sous les tilleuls et les marronniers qui bordent le temple de Diane...

Un spectacle harmonieux qui apporte douceur et réconfort...

 

 

 

 

 

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22 décembre 2019 7 22 /12 /décembre /2019 13:02
La crèche des garrigues...

 

Qu'elle est belle la crèche des garrigues ! Comme la plupart des crèches, elle représente tous les petits métiers, les lieux de nos villages et de nos villes...

 

En Provence, la crèche est entourée de collines pentues où s'accrochent des moulins d'autrefois... de la mousse décore les escarpements...

 

Sur ces collines, des bergers, des moutons, des paysans, une porteuse d'eau, une fileuse...

 

Au centre, une auberge où vacille un feu chaleureux : les gens s'affairent autour du feu pour préparer un repas,un musicien avec sa guitare est posté à l'entrée...

 

Tout à côté, une épicerie avec ses paniers d'osiers remplis de victuailles, avec ses grands tonneaux de vin...

 

Dans un coin, des danseurs forment une ronde autour d'un mât où sont suspendus des rubans...

 

La crèche elle-même couverte de paille accueille un boeuf, des moutons... un berger avec son bâton se tient à l'entrée, dans une attitude humble, pleine de révérence.

 

Au dessus, un ciel illuminé d'étoiles...

 

On entend aussi le doux murmure de l'eau qui fait tourner les moulins...

 

L'ensemble suscite une impression d' apaisement infini : on peut ne pas être croyant et admirer ces constructions éphémères qui évoquent la naissance de Jésus.

 

En Provence, la préparation de la crèche est entourée d'un véritable rituel : quelques jours avant de l'installer, il convient d'aller chercher de la mousse, des branches de houx et de pins dans les sous-bois...

Puis, on dispose les santons en argile aux couleurs vives dans cet écrin de verdure...

Le rémouleur, le puisatier, la bohémienne, le ravi, le meunier, le berger et ses moutons, les anges, Joseph, Marie, une foule de figurines familières...

 

La crèche reste un magnifique symbole...

Symbole de la famille qui se perpétue, symbole du renouveau de la vie...

L'enfant fragile, la famille, les voisins qui viennent admirer le nouveau-né.

Symbole d'amour et de réunion, encore.

 

Préservons ces traditions ancestrales : elles nous relient au passé, à tous ceux qui nous ont précédés...

 

 

 

 

 

La crèche des garrigues...
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27 décembre 2018 4 27 /12 /décembre /2018 12:29
Une leçon d'étoiles...

 

Pour apprendre les étoiles, rien de mieux que d'écouter un berger de Provence nous en parler : on ne peut que savourer sa façon de décrire le ciel et ses mystères...

Il faut relire le récit intitulé Les étoiles, inséré dans le recueil d'Alphonse Daudet, Les lettres de mon moulin.

Un texte où un jeune berger raconte à la première personne une nuit passée à la belle étoile auprès de Stéphanette, la fille de ses maîtres...

 

Le berger solitaire, occupé à garder ses bêtes sur Le Luberon, pendant le mois de Juillet, reçoit la visite inhabituelle de Stéphanette  qui lui apporte ses "vivres de quinzaine."

Bloquée par un orage, la jeune fille est contrainte de passer la nuit auprès du berger.

Le jeune homme amoureux est ravi de cette opportunité qui lui permet de mieux faire connaissance avec la demoiselle.

 

Il nous raconte alors la nuit et ses mystères... Un monde poétique où l'obscurité amplifie les bruits, les lumières qui brillent... "un monde mystérieux s'éveille dans la solitude et le silence..."

La nature se met à vivre plus intensément : "les sources chantent bien plus clair, les étangs allument de petites flammes". Personnifiée, la nature est ainsi magnifiée par ce berger poète qui évoque "les esprits de la montagne qui vont et viennent librement".

 

Puis, la jeune fille émerveillée tourne son regard vers le ciel, éblouie par tant d'étoiles.

C'est alors que le berger lui donne une leçon d'étoiles...

Il lui montre la Voie lactée ou "le Chemin de Saint-Jacques", puis la Grande Ourse ou "le Char des Ames"...

Des noms surgissent dans la nuit, emplis de symboles et de poésie.

Les étoiles ouvrent des chemins, font naître des images de char lumineux, prennent vie, deviennent des personnages, "un Charretier, Trois Rois, Jean de Milan, le flambeau des astres"...

Le berger évoque aussi des histoires merveilleuses, des mariages d'étoiles...

Enfin, il nomme "la plus belle des étoiles", "l'Etoile du Berger" qui "éclaire à l'aube quand nous sortons le troupeau et aussi, le soir quand nous le rentrons..."

Elle devient elle aussi un personnage prénommée "Maguelonne".

La scène s'achève dans une ambiance de complicité entre les deux personnages puisque la jeune fille pose sa tête sur l'épaule du berger et s'endort. Les étoiles comparées à un troupeau se meuvent dans le ciel et le berger imagine alors qu'une étoile "la plus fine, la plus brillante" vient de se poser sur son épaule...

 

 

 

Le texte :

 

"Cependant la nuit était venue tout à fait. Il ne restait plus sur la crête des montagnes qu’une poussière de soleil, une vapeur de lumière du côté du couchant. Je voulus que notre demoiselle entrât se reposer dans le parc. Ayant étendu sur la paille fraîche une belle peau toute neuve, je lui souhaitai la bonne nuit, et j’allai m’asseoir dehors devant la porte… Dieu m’est témoin que, malgré le feu d’amour qui me brûlait le sang, aucune mauvaise pensée ne me vint ; rien qu’une grande fierté de songer que dans un coin du parc, tout près du troupeau curieux qui la regardait dormir, la fille de mes maîtres, — comme une brebis plus précieuse et plus blanche que toutes les autres, — reposait, confiée à ma garde. Jamais le ciel ne m’avait paru si profond, les étoiles si brillantes… Tout à coup, la claire-voie du parc s’ouvrit et la belle Stéphanette parut. Elle ne pouvait pas dormir. Les bêtes faisaient crier la paille en remuant, ou bêlaient dans leurs rêves. Elle aimait mieux venir près du feu. Voyant cela, je lui jetai ma peau de bique sur les épaules, j’activai la flamme, et nous restâmes assis l’un près de l’autre sans parler. Si vous avez jamais passé la nuit à la belle étoile, vous savez qu’à l’heure où nous dormons, un monde mystérieux s’éveille dans la solitude et le silence. Alors les sources chantent bien plus clair, les étangs allument des petites flammes. Tous les esprits de la montagne vont et viennent librement ; et il y a dans l’air des frôlements, des bruits imperceptibles, comme si l’on entendait les branches grandir, l’herbe pousser. Le jour, c’est la vie des êtres ; mais la nuit, c’est la vie des choses. Quand on n’en a pas l’habitude, ça fait peur… Aussi notre demoiselle était toute frissonnante et se serrait contre moi au moindre bruit. Une fois, un cri long, mélancolique, parti de l’étang qui luisait plus bas, monta vers nous en ondulant. Au même instant une belle étoile filante glissa par-dessus nos têtes dans la même direction, comme si cette plainte que nous venions d’entendre portait une lumière avec elle.

— Qu’est-ce que c’est ? me demanda Stéphanette à voix basse.

— Une âme qui entre en paradis, maîtresse ; et je fis le signe de la croix.

Elle se signa aussi, et resta un moment la tête en l’air, très recueillie. Puis elle me dit :

— C’est donc vrai, berger, que vous êtes sorciers, vous autres ?

— Nullement, notre demoiselle. Mais ici nous vivons plus près des étoiles, et nous savons ce qui s’y passe mieux que des gens de la plaine. 
Elle regardait toujours en haut, la tête appuyée dans la main, entourée de la peau de mouton comme un petit pâtre céleste :

— Qu’il y en a ! Que c’est beau ! Jamais je n’en avais tant vu… Est-ce que tu sais leurs noms, berger ?

— Mais oui, maîtresse… Tenez ! juste au-dessus de nous, voilà le Chemin de saint Jacques (la voie lactée). Il va de France droit sur l’Espagne. C’est saint Jacques de Galice qui l’a tracé pour montrer sa route au brave Charlemagne lorsqu’il faisait la guerre aux Sarrasins. Plus loin, vous avez le Char des âmes (la grande Ourse) avec ses quatre essieux resplendissants. Les trois étoiles qui vont devant sont les Trois bêtes, et cette toute petite contre la troisième c’est le Charretier. Voyez-vous tout autour cette pluie d’étoiles qui tombent ? ce sont les âmes dont le bon Dieu ne veut pas chez lui… Un peu plus bas, voici le Râteau ou les Trois rois (Orion). C’est ce qui nous sert d’horloge, à nous autres. Rien qu’en les regardant, je sais maintenant qu’il est minuit passé. Un peu plus bas, toujours vers le midi, brille Jean de Milan, le flambeau des astres (Sirius). Sur cette étoile-là, voici ce que les bergers racontent. Il paraît qu’une nuit Jean de Milan, avec les Trois rois et la Poussinière (la Pléiade), furent invités à la noce d’une étoile de leurs amies. La Poussinière, plus pressée, partit, dit-on, la première, et prit le chemin haut. Regardez-la, là-haut, tout au fond du ciel. Les Trois rois coupèrent plus bas et la rattrapèrent ; mais ce paresseux de Jean de Milan, qui avait dormi trop tard, resta tout à fait derrière, et furieux, pour les arrêter, leur jeta son bâton. C’est pourquoi les Trois rois s’appellent aussi le Bâton de Jean de Milan… Mais la plus belle de toutes les étoiles, maîtresse, c’est la nôtre, c’est l’Étoile du berger, qui nous éclaire à l’aube quand nous sortons le troupeau, et aussi le soir quand nous le rentrons. Nous la nommons encore Maguelonne, la belle Maguelonne qui court après Pierre de Provence (Saturne) et se marie avec lui tous les sept ans.

— Comment ! berger, il y a donc des mariages d’étoiles ?

— Mais oui, maîtresse.

Et comme j’essayais de lui expliquer ce que c’était que ces mariages, je sentis quelque chose de frais et de fin peser légèrement sur mon épaule. C’était sa tête alourdie de sommeil qui s’appuyait contre moi avec un joli froissement de rubans, de dentelles et de cheveux ondés. Elle resta ainsi sans bouger jusqu’au moment où les astres du ciel pâlirent, effacés par le jour qui montait. Moi, je la regardais dormir, un peu troublé au fond de mon être, mais saintement protégé par cette claire nuit qui ne m’a jamais donné que de belles pensées. Autour de nous, les étoiles continuaient leur marche silencieuse, dociles comme un grand troupeau ; et par moments je me figurais qu’une de ces étoiles, la plus fine, la plus brillante, ayant perdu sa route, était venue se poser sur mon épaule pour dormir…"

 

 

 

https://fr.wikisource.org/wiki/Lettres_de_mon_moulin/Les_%C3%A9toiles

 

 

 

 

Une leçon d'étoiles...
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21 décembre 2018 5 21 /12 /décembre /2018 14:38
Crèches de Noël...

 

 

"La crèche est un moyen d'expression... Au fond, nous sommes toujours à l'époque des cavernes : il nous faut dessiner sur les parois.

Il n'y a pas que les santons. Il y a la composition du paysage. Ce n'est jamais un paysage de Judée. C'est toujours celui qui nous est familier ; le Marseillais y représente Marseille ; le Manosquin, Manosque ; le Parisien, Paris...."

C'est ainsi que Jean Giono évoque la confection des crèches de Noël, dans un ouvrage intitulé Provence.

 

Les crèches varient en fonction des villes, des pays, des continents, de nos personnalités, de notre culture, de nos goûts.

 

Les crèches nous ressemblent : crèches monumentales, modestes, humbles, crèches colorées, lumineuses, crèches modernes ou traditionnelles...

 

On aime leur simplicité, leur harmonie, l'impression de paix, de bonheur qui émane de ces créations humaines...

Crèches confectionnées par des enfants, des adultes, une exposition leur était consacrée en l'église Saint-Charles de Nîmes...

Une occasion de s'émerveiller et de découvrir toutes sortes de compositions.

 

Crèches somptueuses, aux décors et aux personnages multiples, simple crèche avec une hutte primitive où l'enfant Jésus repose sur la paille, crèche-vitrail, éclairée par des bougies, crèche moderne aux faisceaux lumineux, crèche africaine composée de cases, crèche traditionnelle en carton pâte, garnie de mousse, crèche aux épis de blé qui sertissent les personnages de Joseph et Marie, crèche qui s'anime de personnages variés, crèche garnie de tissu provençal....

Crèche stylisée, simplifiée à l'extrême, crèche arche de Noé...

Beaucoup d'imagination et de créativité dans cette exposition...

 
En Provence, la crèche se doit d'être garnie de mousse fraîche, recueillie préalablement dans des sous-bois bien ombragés et humides de la campagne environnante, une mousse épaisse qui sent bon la terre et l'humus.On dispose tout autour des branches légères de sapin et du houx aux feuilles dentelées et vernissées, aux baies flamboyantes, feuillages qui simulent une forêt d'arbres.


Les santons de Provence aux couleurs éclatantes, figurines d'argile peintes avec minutie évoquent tout un petit peuple de travailleurs simples et modestes, un univers familier...

 
Toute la population d'un village vient apporter ses cadeaux à l'enfant nouveau né. Les santons célèbrent la vie quotidienne de la Provence et symbolisent tous ceux qui viennent pour admirer Jésus.
 

Voilà une belle tradition à préserver...
 

 

 

 

 

Crèches de Noël...
Crèches de Noël...
Crèches de Noël...
Crèches de Noël...
Crèches de Noël...
Crèches de Noël...
Crèches de Noël...
Crèches de Noël...
Crèches de Noël...
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26 août 2018 7 26 /08 /août /2018 13:59
Forêts méditerranéennes...

 

 

 

Forêts d'arbres entremêlées d'un vert léger ou profond, cyprès élancés et pointilleux, pins parasols qui s'épanouissent en rondeurs superbes, cèdres merveilleux aux couleurs ombrées, palette de couleurs infinie dans le paysage : vert tendre, foncé, brun, rougeoyant, roux...

 

Voilà que les cyprès se transforment en pinceaux de couleur, leurs pointes effilées en imitent le panache fuselé, les cèdres s'étalent et sembler vriller le ciel en un tourbillon de vert.

 

Les pins montrent leur crêtes rondes d'un vert doux sous le soleil. Les cyprès s'élancent vers le ciel, impérieux et sombres, des bouquets d'arbres font voir leurs rondeurs de branches moutonnantes. Le troupeau d'arbres se confond en une harmonie de vert, bleu, sombre, noir, amande, irisé...

 

Un pin fait surgir des touffes joufflues qui s'enflent, bourgeonnent, rebondissent de bonheur sous le soleil...

 

Des pins parasols altiers et superbes dominent, encadrent la scène et la ponctuent d'un vert plus doux et plus subtil....

 

Forêts d'arbres pleines de mystère et d'ombre... tant de beautés variées, tant de tableaux aux couleurs étonnantes ! On a envie de se couler sous ces ramures somptueuses, de rejoindre ces apaisements de jours d'été, ces obscurités secrètes...

 

Forêts surprenantes aux teintes infinies, conifères, cytises, qui illuminent l'horizon de formes si différentes, qui composent, chaque jour, mille tableaux étincelants... Vous ruisselez de lumières, vous inondez le paysage de vos charmes apaisants...

 

Forêts méditerranéennes, vous retentissez du bruissement des cigales que vous répercutez et reproduisez à l'infini, vous réfléchissez la chaleur du midi rayonnant !

 

Arbres sombres, noirs d'ombre secrète, arbres aux éclaircies lumineuses, vous mêlez vos branchages et confondez vos ramures aux mille teintes....

 

 

  
 

 

 

 

 

Photos : rosemar

Forêts méditerranéennes...
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24 août 2018 5 24 /08 /août /2018 07:39
Des touristes incommodés par le chant des cigales !

 

 

Voilà une information pour le moins surprenante : des touristes venus passer des vacances dans le sud de la France se sont plaints d'être dérangés par le chant des cigales... !

Georges Ferrero, le maire de Beausset dans le Var a reçu deux plaintes de vacanciers concernant "le bruit" généré par les cigales.

 

"Est-ce que vous avez des produits insecticides pour passer sur les arbres ? Comment se débarrasser des cigales ?", ont osé demander les touristes.

 

Sacrilège ! Comment peut-on être incommodé par ce doux chant qui se répercute dans les pins ?

Dans la Grèce antique, les cigales étaient le symbole de la musique, de l’art, de la création.

 

Elles sont depuis longtemps l'emblème par excellence de la Provence, elle font partie des paysages du sud, elles scandent de leur murmure les journées chaudes de l'été... 

Divines enchanteresses, elles se cachent dans les arbres, discrètes, secrètes...

Et seules leurs voix sont perceptibles, si douces, si harmonieuses.

 

Elles semblent se répondre d'un arbre à un autre, formant un concert inextinguible au coeur de l'été...

 

Il est vrai que la canicule les a rendues plus loquaces, cette année...

Mais, comment s'en plaindre ?

Les cigales sont un des charmes de la Provence... elles accompagnent les chaleurs intenses du midi, elles nous ensorcellent de leur musique douce comme le miel.

Amoureuses des pins, elles nous invitent à des bonheurs simples...

 

Cigale ! Quel nom évocateur ! En le prononçant, on entend ce doux murmure de l'été...

Jolie cigale aux ailes translucides, aux teintes ambrées !

Des touristes venus du nord osent se plaindre de ton chant ! ?

C'est une hérésie...

 

Les cigales sont indissociables de la Provence : ceux qui ne veulent pas les entendre sont priés d'aller voir ailleurs...

Oui, les cigales chantent une mélodie, elles ne font pas du "bruit", mais une musique si douce qu'elles nous bercent de leurs voix...

Et les touristes qui arrivent dans le sud, comme en terrain conquis, doivent s'accommoder de leur présence...

Ces insectes sont menacés par les pesticides, par la pollution, il ne faudrait pas que les touristes représentent aussi un danger pour leur survie.

Et puis, où est le plaisir de voyager, si l'on n'accepte pas les particularités du pays que l'on découvre ?

Où est le plaisir du voyage, si on refuse ce qui est nouveau et différent ?

Souvenons-nous de ce que disait Montaigne à ce sujet : "La diversité des façons d'une nation à autre ne me touche que par le plaisir de la variété. "

Montaigne était curieux des usages et des particularités des pays qu'il traversait...

Une curiosité qui manque à ces touristes qui ne savent pas apprécier la diversité du monde...


 

 

 

 

 

 

http://www.lepoint.fr/environnement/var-des-touristes-veulent-eliminer-les-cigales-trop-bruyantes-a-leur-gout-20-08-2018-2244670_1927.php

 

 

Des touristes incommodés par le chant des cigales !
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