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18 avril 2025 5 18 /04 /avril /2025 11:34
A l'ombre bleue du figuier...

 

Une merveilleuse chanson interprétée par Jean Ferrat, ainsi qu'un bel hommage à la nature déjà présente dans le titre : A l'ombre bleue du figuier...

 

Une chanson sur le temps qui passe irrémédiablement... Pour souligner la fuite du temps, le verbe "passer" est réitéré à cinq reprises dans le refrain... employé au présent, puis au passé composé, il marque une fuite inéluctable... Le poète évoque une saison particulière qui les résume toutes : "Passent, passent les étés"... C'est la saison par excellence du bonheur, de l'épanouissement comme le suggère bien l'indication de lieu : "À l'ombre bleue du figuier", image de beauté, de réconfort.

C'est la saison où l'on peut plus intensément communier avec la nature symbolisée ici par l'ombre apaisante d'un figuier. C'est la saison sans doute qui marque le plus la fuite du temps, car elle est associée plus particulièrement à la nature qui, elle, est immuable.

Mais on perçoit un bonheur devant l'évocation de ce passé, une joie épicurienne bien restituée par ce cadre magnifique : A l'ombre bleue du figuier...

 

Dans le premier couplet, le poète s'exprime à la première personne : J'étais comme les bergers, Un chien fou sur les talons
J'étais comme les bergers, Moitié blé moitié chardon".

L'imparfait vient encore mettre en évidence le thème de la fuite du temps, signalant un passé révolu... comparé à un berger, le poète se présente encore comme proche de la nature, communiant avec elle... on retrouve là les attributs d'un berger : "un chien fou" qui l'accompagne, et une nature complice " Moitié blé, moitié chardon", qu'elle soit cultivée ou sauvage. On peut percevoir une sorte de bonheur à parler de la jeunesse dans l'évocation de ce "chien fou".

 

Ainsi, la nature occupe une place essentielle dans les chansons de Jean Ferrat. L'espoir est aussi un de ses thèmes de prédilection, et on le retrouve dans cette chanson avec la vision du jour qui se lève, l'aurore symbolisant un renouveau : on entrevoit un enthousiasme qui caractérise la jeunesse dans cette expression :

"Voyant se lever le jour, j'y croyais à chaque fois"

Et l'espoir est aussi un rêve d'amour partagé, nous dit le poète, et il donne tant de bonheurs au point de se voir comme un "prince", puis un "roi".

 

On retrouve la présence de la nature dans le couplet suivant ainsi que l'élan de la jeunesse symbolisé par cette belle image de l'ivresse des oiseaux qui donne une impression de liberté infinie :

"Ivre comme les oiseaux, J'étais poussé par le vent
Ivre comme les oiseaux, Je me suis cogné souvent"

Le vent, les oiseaux permettent d'atteindre un monde céleste, fait de bonheurs mais aussi d'incertitudes, de douleurs, comme le suggère le verbe "cogner".

Et le poète était alors à la recherche d'une lumière représentée par "une lampe", et d'un idéal qui peut être symbolisé par "un drapeau" :

Non sans humour, il évoque ses déboires : la perte de "quelques plumes", de quelques illusions sans doute, mais "j'ai gardé mon chapeau", dit-il, signifiant qu'il a su garder la tête droite, fidèle à ses idées.

 

Dans le dernier couplet, c'est le Ferrat chanteur qui est dépeint, un Ferrat pour qui l'amour est essentiel :

"A la bouche une chanson
Dans mon cœur un amour fou"

On perçoit aussi un rêve, un désir de laisser une empreinte dans la mémoire... Le poète imagine que, plus tard, son identité sera sujet de conversation ou de curiosité. Il imagine aussi un hommage empli de délicatesse avec la belle image de "roses-thé" lancées en son souvenir.

La chanson s'achève sur l'idée d'une paix intérieure, d'une complète sérénité, d'un destin accompli :

"Moi je dormirai tranquille
Heureux d'avoir pu chanter"

 

La mélodie pleine de tendresse restitue la douceur et le bonheur des souvenirs : si on perçoit un peu de nostalgie dans les paroles, la musique et la beauté des évocations de la nature nous font percevoir gaieté et enchantement.

 

Pour mémoire :

Cette chanson sortie en 1972 a été écrite par Michelle Senlis, la musique a été composée par Jean Ferrat.

 

Les paroles :

https://genius.com/Jean-ferrat-a-lombre-bleue-du-figuier-lyrics

 

 

 

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11 avril 2025 5 11 /04 /avril /2025 11:51
La musique comme un volcan !

 

Dans le cadre du 27ème Printemps des Poètes, et de son thème national "La Poésie Volcanique", Marc Simon nous a livré une conférence musicale mettant à l'honneur d’autres secousses telluriques… en musique ! TABULA RASA : chaque artiste novateur, inconnu ou célèbre, est au moins une fois amené à faire table nette, par un jaillissement créatif qui sonne comme un coup de tonnerre, et propose une version vierge du monde : Stravinsky avec son Sacre du Printemps, Sun Ra et son jazz cosmique, Beethoven avec sa 5ème Symphonie, les punks Sex Pistols… De Magma à Björk l’islandaise, Marc Simon nous a fait vivre quelques éruptions musicales, avec des découvertes étonnantes...

Marc Simon nous interprète d'abord une chanson qu'il a écrite et composée, complètement déjantée, rythmée par des percussions sur une poubelle...

La musique comme un volcan !

Une éruption, c'est d'abord une longue préparation sous la terre... et la musique de György Ligeti avec son morceau Artikulation nous fait entendre ce qu'en terme sommaire on peut nommer un "gargouillis" comme venu des entrailles de la terre... oui, ça gargouille... est-ce là le bruit du monde à sa naissance ?

 

Soudain, voici que surgit un son humain : il s'agit d'une voix féminine... une artiste islandaise Björk, une voix et un style très particuliers...

 

Puis, c'est le compositeur américain Harry Partch qui nous surprend de sa musique inouïe avec un morceau intitulé Même les chevaux sauvages... Une grande partie de sa musique était destinée à des instruments préparés qu'il fabriquait lui-même...

 

Et voici que répondent les Gamelans de Bali, des sons de cloches vifs... Le gamelan est composé essentiellement de percussions : gongs, cymbales, métallophones de différents types... De nombreux musiciens se côtoient, il n'y a pas de partition... La musique de gamelan est cyclique, liée au cosmos, et aux forces de la nature.

 

Soudain, Marc Simon nous fait écouter une musique étrange qui ressemble à celle du vent ! Il s'agit d'un rhombe que l'on fait tourner au bout d'une corde...Cet aérophone est sans doute un des plus anciens instruments connus (on a retrouvé des modèles vieux de 17 000 à 25 000 ans selon les sources en Dordogne ou en Amazonie). On le retrouve chez tous les peuples premiers.

 

Puis, c'est un Jour de Colère, Dies irae qui nous saisit, une composition de Krzysztof  Penderecki, un Polonais. Ce morceau ténébreux est dédié à la mémoire des victimes d'Auschwitz. Le texte alterne des extraits bibliques, des poèmes polonais, des extraits des Euménides d'Eschyle et une partie d'un poème de Louis Aragon.

 

Un jour, Beethoven était seul à son piano et une idée lui est venue : il compose alors la 5ème Symphonie, dite Symphonie du Destin... Le premier mouvement Allegro con brio est l'un des plus intenses de l'histoire de la musique.

 

"A ce morceau intense, je vous propose une réponse bien française...", enchaîne Marc Simon. Et on écoute cette chanson :

"On a fait toute une affaire
Des lutteurs, des catcheurs, des boxeurs, des tombeurs
Pour moi, ça, c'est de la petite bière
Tous ces mecs à biceps ne m'ont jamais fait peur
Leur soi-disant combat, c'est du chiqué
Ils passent leurs temps à s'caresser
Si y en a un dans la salle aujourd'hui
Qu'il vienne ici, il sera servi
C'est moi la môme catch-catch
Voyez mes gros biscoteaux, costauds
Avec ça j'ai l'air vache
Et une paire de pectoraux, taureau
J'ai une poigne de fer
Un cœur en acier
La gueule en or
Et les deux pieds nickelés
J'fais les pieds au mur
Comme un échalas
Le grand écart
Et je crache à quinze pas
Je bois du gros qui tache
C'est moi la môme catch-catch"

Une chanson percutante de Fréhel qui a eu une carrière étonnante : elle chantait dans les bars à 17 ans. Surnommée "la môme Pervenche" à ses débuts, elle devient Fréhel en hommage au cap Fréhel de ses racines bretonnes, avant de conquérir le Paris de la Belle Époque. Elle apparait au générique de nombreux films, dont le célèbre Pépé le Moko qui lui offre une scène d'anthologie avec Jean Gabin. Une artiste très éruptive...

 

Et voici le grand Igor : Igor Stravinski et son sacre du Printemps ! L'œuvre a été créée par les Ballets russes de Diaghilev et dirigée par Pierre Monteux au théâtre des Champs-Élysées à Paris, le 29 mai 1913. Elle a provoqué un scandale artistique célèbre... un vrai séisme dans le domaine musical !

 

De la Russie aux USA : voici la réponse de Little Richard... . Les vocalises émotives et innovantes de Richard et sa musique rythmique endiablée ont joué un rôle clé dans la formation d'autres genres musicaux populaires, notamment la soul et le funk. "Tutti Frutti" (1955), l'une des chansons phares de Richard , devint un succès immédiat.

 

Beverly Guitar Watkins était une guitariste de blues américaine. Sandra Pointer-Jones a écrit à son sujet : "Beverly Watkins est une experte en guitare pyrotechnique dont les attaques fulgurantes et explosives à la guitare sont devenues des légendes au sein de la communauté blues." 

 

 Jay Hawkins, lui, était le plus excentrique des chanteurs afro-américains. Il ne prenait rien au sérieux, surtout pas la mort. Quand il faisait son entrée en scène, c'était caché dans un cercueil. On connaît sa célèbre chanson : I Put a Spell On You...

"Je t'ai jeté un sort
Car tu es à moi.

Tu ferais mieux d'arrêter de faire ce que tu fais.
Je ne mens pas
Non, je ne mens pas..."

 

 

Béla Bartók fut un grand découvreur de musique : il a parcouru les campagnes de Roumanie, de Hongrie pour collecter chants et musiques. Pionnier de l’ethnomusicologie, il enregistrait sur le vif nombre de morceaux de musique folklorique d’Europe de l'Est et il s'en inspirait.

 

Merci à Marc Simon pour ce magnifique moment de découvertes de musiques et de chansons éruptives ! Ce fut aussi un merveilleux voyage à travers le monde : Islande, Etats-Unis, Bali, Pologne, Allemagne, France, Russie, Roumanie, Hongrie...

 

                       

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4 avril 2025 5 04 /04 /avril /2025 11:43
Mon pays était beau...

Encore une belle célébration du pays natal et de la vie rurale d'autrefois dans cette chanson de Jean Ferrat : Mon pays était beau... un titre et un texte empli de lyrisme, de nostalgie...

Le refrain qui ouvre la chanson oppose un passé fait de beauté, de simplicité, d'harmonie à un présent devenu invivable... L'imparfait suggère ce passé qui semblait immuable, éternel, alors que le présent vient rompre cette illusion...

L'harmonie qui régnait parvenait à rassembler "l'homme le cheval et le bois et l'outil" : l'humain, l'animal, l'arbre, l'objet étaient réunis, mis sur le même plan, comme unis par un lien indéfectible... L'homme et la nature ne pouvaient être dissociés, ils étaient intimement liés, comme le suggère bien l'énumération...

Mais de manière allusive, le poète évoque un "grand saccage" et fait ce constat amer :

 "Personne ne peut plus simplement vivre ici"

L'adverbe "simplement" est à prendre sans doute aussi dans son sens fort : avec simplicité... La vie simple a disparu, l'harmonie est rompue, sans doute en raison de la modernité qui s'est installée, qui a "saccagé" les paysages, fait fuir les gens...

Mais rien n'est dit explicitement : tout est suggéré...

L'évocation du présent se poursuit dans les vers suivants :

"Il pleut sur ce village
Aux ruelles obscures
Et rien d'autre ne bouge"

La pluie, l'obscurité, le vide, l'absence de mouvements, de vie restituent une ambiance faite de tristesse et de désolation... quoi de plus triste qu'un village abandonné ? On songe au roman de Giono : Regain... , Giono décrit lui aussi dans son oeuvre une harmonie, une véritable fusion de l'homme et de la nature. L'histoire est celle d'un village abandonné : Aubignane. Tous sont partis. Panturle se retrouve seul dans ce village de Haute-Provence battu par les vents au milieu d’une nature âpre et sauvage. 

 

Autre marque de désolation dans la chanson de Jean Ferrat : le silence qui règne dans ce village abandonné.

Et le poète en appelle à ce silence dans une apostrophe solennelle, avec des métaphores emplies de poésie :

"O silence
Tendre et déchirant violon
Gaie fanfare"

Associé paradoxalement à un instrument de musique, et à une fanfare, ce silence semble curieusement à la fois pénible et réconfortant... pénible car il marque une absence, une beauté disparue,  réconfortant parce qu'il permet un repli intérieur capable de préserver le souvenir de cette beauté passée essentielle...

Le poète en appelle même à ce silence comme une ultime protection, il devient un "grand manteau de nuit", il devient un refuge pour oublier la réalité présente trop déchirante... dans une vision onirique,il devient un oiseau aux "ailes géantes", magnifique image empruntée au monde de la nature et qui renvoie bien à cette "beauté sauvage" que regrette et désire le poète...

 

La mélodie douce restitue une harmonie et une mélancolie face à un monde qui semble perdu... elle se ralentit et devient plus triste encore lors de l'évocation du présent.

 

Pour mémoire : cette chanson sortie en 1980  a été écrite et composée par Jean Ferrat...

 

Les paroles :

https://genius.com/Jean-ferrat-mon-pays-etait-beau-lyrics

 


 

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28 mars 2025 5 28 /03 /mars /2025 12:44
Mon chant est un ruisseau...

 

Une chanson de Jean Ferrat qui, dès les premiers vers, fait le pari d'une utopie : 

"Quand le monde sera une étable comblée
Quand les guerres seront finies"

L'emploi du futur de l'indicatif marque une forme de certitude heureuse : un jour, le monde connaîtra l'abondance symbolisée par une belle image, celle d'une "étable comblée", un jour, le monde connaîtra la paix...

 

Dès lors, le poète invite les auditeurs avec un impératif : "buvez mon chant" comparé à "du thé au lait", donc à une boisson apaisante, réconfortante... et le récipient "des tasses myosotis" évoque un monde de beauté, d'harmonie...

 

Le poète s'adresse dans le refrain aux gens les plus humbles, les plus démunis : "Vous affamés d'hier ombres maigres et dures", leur apportant un peu d'espoir par son chant... l'esquisse qui est faite de ces pauvres gens est saisissante, elle se réduit à des "ombres maigres et dures"... comme s'ils n'avaient déjà plus d'existence, bien qu'étant endurcis par leur vie de labeur. Et le chant du poète est là pour leur apporter un réconfort.

Ce chant devient ainsi "un ruisseau", "une mûre", de belles images poétiques empruntées au monde de la nature, qui sont destinées à étancher la soif et la faim de ceux qui souffrent.

 

Dans le deuxième couplet, on retrouve l'emploi du futur :

"Quand le choeur des humains fera sonner le monde
Comme un atelier de potier"

Le poète imagine les humains réunis dans un choeur harmonieux, tout en étant au travail, un travail créatif qui leur permet de s'épanouir, comme dans "un atelier de potier"...

Et il invite les humains à "manger son chant", avec un impératif, une belle image suggérant que son oeuvre peut être un soutien pour tous ceux qui souffrent en ce monde.

L'image se développe avec cette précision : "dans une assiette ronde Ornée d'un motif d'oignon bleu..." ce qui évoque encore un monde de beauté...

 

Dans le couplet suivant, le poète compare le monde à une "barque qui penche", pour en suggérer toute l'incertitude, et c'est l'occasion d'une nouvelle injonction grâce à un impératif " Mordez dans mon chant travailleurs". Ce chant est assimilé à du "pain blanc à la fraîche odeur.", magnifique comparaison qui suggère une nourriture essentielle... 

 

Le dernier couplet s'ouvre sur une invocation solennelle : "O ma patrie de monts et de rivières vertes", et le poète se présente alors "comme le coq dressant au ciel sa crête", le coq symbole de la France, affirmant "Je chante et chante tout le temps..." Le verbe "chanter" répété traduit cette volonté de se faire le porte-parole et le soutien de tous ceux qui sont malheureux.

 

On retrouve dans cette chanson un Jean Ferrat engagé pour défendre le monde des travailleurs... On aime dans ce texte les nombreuses références à la nature, fleur, fruit, ruisseau, monts, rivières... La mélodie qui coule comme une source nous emporte dans ses notes radieuses et limpides !

 

Pour mémoire : 

Les paroles de cette chanson sortie en 1975 ont été écrites par Henri Gougaud, d'après un poème de Vítězslav Nezva, la musique a été composée par Jean Ferrat.

 

Les paroles :

 

https://www.frmusique.ru/texts/f/ferrat_jean/monchantestunruisseau.htm

 

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21 mars 2025 5 21 /03 /mars /2025 12:41
D'où que vienne l'accordéon...

 

Une magnifique ode à cet instrument de musique : l'accordéon, dans cette chanson composée et interprétée par Jean Ferrat...

L'instrument est personnifié  et donc magnifié dès les premiers mots de la chanson, il est présenté comme un instrument voyageur d'Amsterdam à la Baltique... un instrument empli de savoirs puisqu' "Il connaît toutes les musiques Il connaît toutes les chansons"... le verbe "connaître" répété et l'emploi du pluriel insistent bien sur ce savoir universel.

 

La personnification se poursuit, se développe même dans le premier couplet : doté d'une "âme sentimentale", d'un "coeur international", l'accordéon est humanisé et associé à notre affectivité...

Instrument populaire, ce piano du pauvre qui se joue dans les "vieux faubourgs" exprime des sentiments divers : "la peine, l'amour"...

Le procédé de personnification s'intensifie encore dans les vers suivants où le son de cet instrument est assimilé à la voix humaine, il devient un chant qui a traversé toute l'Europe :

"Il a chanté à Varsovie
En Ukraine et en Roumanie
Il a bercé la vieille Europe"

Instrument populaire par excellence, c'est "Devant un verre ou une chope" qu'on l'a souvent écouté et apprécié. L'accordéon suggère ainsi une convivialité.

 

Ce piano à bretelles délivre aussi un magnifique message d'unité, d'harmonie universelle : 

"Il dit encore il dit quand même
Que le sang qui bat dans nos veines
Que le sang qui bat dans nos cœurs
A partout la même couleur"

Le message est pacifiste dans les vers suivants : est convoquée alors l'évocation d'une des plus grandes batailles de l'histoire, Waterloo :

"Lui qui sait combien de drapeaux
Se sont couchés à Waterloo
Et que la chanson des soldats
Finit souvent la tête en bas"

Une bataille incertaine où nombre de drapeaux ont vacillé... l'accordéon connaît le prix de la guerre : le bonheur anéanti est symbolisé par "la chanson des soldats qui finit la tête en bas"... une image frappante par le contraste qu'elle révèle...

 

L'accordéon en vient à délivrer un beau message d'amour, un message qu'il "crie" pour en montrer toute l'importance : 

"Et c'est pour ça qu'il crie si fort Que rien n'est plus beau que l'amour".

La musique devrait ainsi servir de rempart contre les guerres et les haines... C'est un langage universel. La musique nous rassemble, dans un monde où règnent une compétition acharnée, des luttes d'influence féroces...

 

Et le poète de souhaiter "Que tous les gens de la planète Qu'ils soient de Chine ou de perpette Reprennent en chœur la chanson Que chantent les accordéons"

Le poète rêve d'une harmonie universelle : le mot "accordéon" lui-même n'est-il pas forgé sur le mot "accord" ? Il contient même le nom latin "cor, cordis", "le coeur"...et il est empli de générosité.

Quel instrument pourrait sceller mieux cette harmonie, cette union que l'accordéon ? 

 

La mélodie chantante nous fait entendre ce besoin d'harmonie, elle devient plus forte, plus insistante à la fin, quand l'accordéon se fait "cri" pour lancer son message d'amour.

 

Pour mémoire : 

Les paroles de cette chanson sortie en 1976 ont été écrites par Claude Delécluse, la musique composée par Jean Ferrat.

Les paroles :

 

https://genius.com/Jean-ferrat-dou-que-vienne-laccordeon-lyrics

 

 


 

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14 mars 2025 5 14 /03 /mars /2025 12:53
Les belles étrangères qui vont aux corridas...

 

Une chanson qui évoque la corrida, toute en nuances... une chanson interprétée par Jean Ferrat...

La mélodie joyeuse nous entraîne, dès le début, dans l'ambiance festive d'une corrida... un sifflet empli de gaieté, d'enthousiasme ouvre la chanson.

 

Le regard se porte alors sur "Les belles étrangères Qui vont aux corridas", une vision idyllique d'un spectacle qui attire un public de choix, des femmes venues sans doute de loin pour assister à la corrida, des femmes riches puisque le regard s'attarde aussi sur "leur chapeau huppé". La corrida est ainsi associée à la beauté, à la musique, elle est aussi présentée comme un loisir pour touristes riches.

On  voit même ces belles étrangères "se pâmer d'aise devant la muleta", une expression très forte, une hyperbole qui traduit un ravissement infini, une admiration sans bornes.

 

Et, pourtant, la fin du premier couplet révèle une autre réalité : soudain, ces belles étrangères "Ont le teint qui s'altère À l'heure de l'épée".

Sous les apparences festives, elles découvrent l'horreur de la corrida simplement suggérée par l'évocation de l'épée destinée à tuer le taureau... tout un art de la suggestion !

 

Et soudain, on entend une voix qui pourrait être celle d'un défenseur et d'un amateur de la corrida, qui se moque de la sensibilité des détracteurs de ce spectacle : 

"Allons, laissez-moi rire
On chasse on tue on mange
On taille dans le cuir
Des chaussures, on s'arrange"

L'emploi du pronom indéfini "on" suggère que tous les hommes s'accommodent bien de la mort des animaux, dans d'autres circonstances : la chasse, la nourriture, l'utilisation du cuir...

Et l'évocation des "abattoirs" vient compléter cet argumentaire, d'autant que les boeufs y sont "traînés"... et alors "La mort ne vaut guère mieux Qu'aux arènes le soir"...

 

Mais le regard se porte à nouveau sur les belles étrangères, alors que "montent les clameurs de la foule"... on retrouve une ambiance festive et voilà que ces étrangères "se lèvent les premières En se tenant le coeur..."

Le coeur symbole qui représente traditionnellement le centre des émotions, de l'affectivité est évoqué pour mettre en évidence le trouble produit par le spectacle qui se déroule dans les arènes.

Et dès lors, plus question pour elles de rêver  au plus célèbre des toreros, Ordóñez.

 

Et voici que s'élève, cette fois, la voix d'un opposant à la corrida, répondant à l'amateur de ce spectacle... on retrouve la même formule de dérision au début :

"Allons laissez-moi rire
Quand le toro s'avance
Ce n'est pas par plaisir
Que le torero danse"

Cet opposant fustige le principe même de la corrida : le danger, la mort érigés en spectacle de "danse".

L'explication qui est donnée de cet engouement pour la corrida, c'est qu'elle a une dimension sociale : en Espagne, on envoie des enfants risquer leur vie dans les arènes pour essayer d'échapper à la misère...

Le choix qui leur est donné se résume alors à cette alternative scandaleuse : "La faim ou le toro".

 

Dans les derniers vers, on voit "Les belles étrangères Quitter leur banc de pierre Au milieu du combat".

On perçoit là tout un art du sous entendu : elles ne peuvent supporter la violence et l'horreur de ce spectacle sanguinolent et elles quittent les arènes.

Le narrateur ne décrit pas l'horreur de ce spectacle mais en suggère ainsi d'autant mieux toute la brutalité et l'ignominie...

Et comment ne pas voir une note d'humour dans cette qualification appliquée aux belles étrangères : "Végétariennes ou pas" ?

C'est là comme un écho contre les arguments des défenseurs de la corrida qui se moquent de la sensibilité des anti corridas...

Sans être végétarien, on peut percevoir l'horreur de ce spectacle où la mort est longuement préparée et mise en scène...

 

La mélodie emplie de gaieté nous transporte dans l'ambiance d'une corrida, mais elle se ralentit et s'interrompt même lors de l'évocation de la mort dans les arènes et lors du rappel de la misère sociale qui pousse le torero à combattre des toros.

 

Magnifique chanson qui met en évidence le fait que, sous des apparences clinquantes (beauté, richesse, musique) se cachent la mort, la peur, l'horreur, la misère de la corrida...

 

Pour mémoire : 

Les paroles de cette chanson sortie en 1965 ont été écrites par Michelle Senlis, la musique composée par Jean Ferrat.

 

Les paroles : 

https://genius.com/Jean-ferrat-les-belles-etrangeres-lyrics

 

Vidéo :

https://youtu.be/Gf-UmwOAHpE?si=isopkn1OqjXO52-_

 

D'autres chansons sur la corrida : 

https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/ces-chansons-qui-font-l-actu/ces-chansons-qui-font-l-actu-le-taureau-ou-le-torero-de-quel-cote-est-la-chanson_4366563.html

 

 Et d'autres belles chansons de Ferrat :

 

https://rosemar.over-blog.com/search/ferrat/

 

 

https://rosemar.over-blog.com/2016/09/pourtant-que-la-montagne-est-belle.html

 

https://rosemar.over-blog.com/2016/03/vos-siecles-d-infini-servage-pesent-encore-lourd-sur-la-terre.html

https://rosemar.over-blog.com/2018/01/je-n-en-finirai-pas-d-ecrire-ta-chanson-ma-france.html

 

https://rosemar.over-blog.com/2020/03/deux-branches-de-tilleul-entrent-par-la-fenetre.html

 

https://rosemar.over-blog.com/article-les-saisons-122821567.html

 

https://rosemar.over-blog.com/article-j-ai-froid-114968871.html

 

https://rosemar.over-blog.com/2024/11/l-amour-est-cerise.html

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7 mars 2025 5 07 /03 /mars /2025 12:44
Restera-t-il un chant d'oiseau ?

 

Une chanson interprétée par Jean Ferrat qui évoque la disparition possible des oiseaux, un sujet dont on parle peu face aux menaces de guerres qui envahissent la planète...

Prête-t-on encore la moindre attention aux oiseaux ? Dans nos villes, leurs chants s'effacent déjà dans le bruit des moteurs de voitures... De nombreuses espèces disparaissent aussi, on ne les voit plus...

 

Dès le début de la chanson, une question désabusée nous est posée :

"Que restera-t-il sur la terre
Dans cinquante ans"

Et les constats qui suivent sont effrayants : la pollution est partout dans "les rivières, les fleuves, les océans", et nous l'acceptons, comme le suggère l'emploi du pronom indéfini "on" et du présent de l'indicatif :

"On empoisonne les rivières
Les océans
On mange des hydrocarbures
Que sais-je encore"

Le verbe "empoisonner" est particulièrement fort et souligne comme une volonté d'anéantir et de détruire cette ressource si précieuse : l'eau... Le problème, c'est que les hommes en sont eux-mêmes victimes en "mangeant des hydrocarbures"...

Et de citer un exemple concret : 

"Le Rhône charrie du mercure
Des poissons morts"

Toute la chaîne alimentaire est ainsi saccagée...

 

Le refrain vient alors s'inquiéter de l'avenir sombre réservé aux "enfants des temps nouveaux" : "Restera-t-il un chant d'oiseau". Telle est la question désabusée que pose le poète se souciant de la planète et de l'avenir des enfants...

 

Une expression familière vient ensuite souligner encore la folie de nos sociétés : 

"Le monde a perdu la boussole".

Le "pétrole, l'atome" règnent en maîtres : l'un pollue nos "plages", l'autre s'impose comme un nouveau Dieu, "un Seigneur", à qui l'on voue un culte...

Et le poète s'inquiète de cette prolifération de l'atome : 

"Qu'en ferons-nous c'est une affaire
Qui me fait peur"

 

Le constat qui suit est désolant : 

"A peine le malheur des hommes
Est-il moins grand
Que déjà pourrissent les pommes
Des nouveaux temps"

Et le dernier couplet est un appel insistant aux enfants grâce au procédé de répétition et à l'emploi de l'impératif :

"Enfants enfants la terre est ronde
Criez plus fort
Pour que se réveille le monde
S'il n'est pas mort"

Mais ce dernier vers démontre encore l'apathie de notre monde face au désastre écologique que nous connaissons.

 

Magnifique chanson mise en valeur par la voix chaleureuse de Jean Ferrat ! La mélodie lancinante se fait plus douce et flûtée dans le refrain avec l'évocation du chant des oiseaux menacé de disparition...

 

Pour mémoire :

Les paroles de cette chanson sortie en 1962 ont été écrites par Claude Delécluse...

 

Les paroles :

 

https://genius.com/Jean-ferrat-restera-t-il-un-chant-doiseau-lyrics


 

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28 février 2025 5 28 /02 /février /2025 13:04
Tangos y otras cosas... la suite


Un merveilleux voyage de l'Espagne à l'Amérique du Sud, du romantisme au tango autour des grands maîtres de la guitare classique (de Fernando Sor à Heïtor Villa-Lobos) et des grands compositeurs argentins (de Carlos Gardel à Astor Piazzolla)... c'est ce que nous a offert le guitariste Ludovic Michel, lors du Festival de la Biographie..

Et tout d'abord, au cours de cette deuxième partie du récital, Ludovic Michel évoque la carrière de Carlos Gardel :

" Carlos Gardel qui était une star mondiale incontournable dans les années 30, forma un duo  avec le poète Alfredo Le Pera. On ne reviendra pas sur ses origines, française, uruguayenne, cela fait partie de la légende du tango...

Quoi qu'il en soit, l'oeuvre et la voix de Carlos Gardel ont été classées Mémoire du monde de l'UNESCO depuis 2003 et on présente l'artiste comme un chanteur argentin, né en France.

Carlos Gardel comme le tango appartiennent désormais au monde entier. C'est peut-être son dernier chef d'oeuvre que je vais vous interpréter, un" tango cancion" comme on l'a surnommé, parce qu'il chantait vraiment, c'est l'un des premiers à avoir chanté le tango. Il l'a composé peu de temps avant son tragique accident d'avion, le 24 juin 1935 à Medellin, en Colombie, en compagnie d'Alfredo Le Pera et de tous ses musiciens : El dia que me quieras, Le jour où tu m'aimeras..."

On est sous le charme de cette douce mélodie aux sonorités envoûtantes, interprétée à la guitare.

 

Ludovic Michel nous présente l'extrait suivant :

"Une balade sur les sentiers du tango nous ramène parfois au point de départ, et notamment en Europe, avec la valse et cette charmante valse d'Hector Stamponi et d'Enrique Francini : Morceau de ciel. Enrique Francini, grand violoniste virtuose qui lui aussi a fait partie du Quinteto Real et Hector Stamponi, pianiste, compositeur, qui fut baptisé par Astor Piazzolla lui-même comme étant le Strauss de Buenos Aires."

On écoute alors avec ravissement ce joli morceau de ciel qui nous emporte dans un tourbillon de notes...

 

"Avec la valse, on va y rester, le temps de ce petit morceau et revenir au romantisme avec un grand compositeur pour guitare Francisco Tarrega qui nous a laissé cette pièce absolument sublime : Recuerdos de la Alhambra, ce magnifique ensemble palatial que l'on trouve à Grenade." nous dit Ludovic Michel.

On se laisse alors  entraîner par ces souvenirs de l'Alhambra, aux sonorités envoûtantes...

 

Ludovic Michel reprend la parole : 

"On ne peut pas parler de romantisme sans parler des nectars qui exaltent les sentiments et qui colorent nos nuits de désirs, de tristesse ou encore de solitude. Enrique Cadicamo a fait un poème fabuleusement mis en musique par le compositeur argentin Juan Carlos Cobian, et qui est peut-être à ce jour l'un des plus beaux tangos : Los Mareados, Les Grisés, Les Eméchés... cette ode à l'ivresse a fait les frais de la censure sous la dictature militaire pour en nettoyer toute référence à l'alcool."

Et on est ébloui par ce tango enivrant !

 

"Maintenant, je vais vous interpréter le plus beau tango du monde pour certains et le plus laid des tangos pour d'autres comme pour Astor Piazzolla et Jorge Luis Borges qui détestaient ce tango qui pourtant est devenu l'hymne du tango, et qui est un tango uruguayen : La Comparsita..." poursuit Ludovic Michel...

On écoute alors ce tango très rythmé, un des plus connus...

 

"Qui mieux qu'Astor Piazzolla pour achever ce voyage, lui qui se rêvait compositeur de musique classique, après avoir écouté Jean Sébastien Bach dans la cour de son immeuble, et avant de renaître au tango, grâce aux conseils avisés de son professeur de composition à Paris, Nadia Boulanger ? nous dit Ludovic Michel.

Alors, tout à l'heure, je vous ai parlé de ce tragique accident de Carlos Gardel, à Medellin, le 24 juin 1935 : il revenait d'une tournée en Europe avec ses musiciens. En 1935, Astor Piazzolla a 13 ans, et Astor Piazzolla devait faire partie de cette tournée. A 13 ans, son papa lui a dit : "Non, non, mon fils, tu restes ici, tu ne pars pas en Europe."

Voilà à quoi tient peut-être l'histoire musicale du tango. Astor Piazzolla a composé l'un de ses plus beaux tangos pour le film Henri IV de Marco Bellocchio : Oblivion..."

 

 Oblivion de Piazzolla nous enveloppe alors dans ses notes envoûtantes emplies d'émotion et de sensibilité... Cette oeuvre traite musicalement le douloureux sentiment de l’oubli –  "oblivion" étant le terme poétique en anglais désignant cette pénible réalité. 

 

Merci à Ludovic Michel pour ce merveilleux moment de culture et de passion musicales ! 

 

https://www.radiofrance.fr/francemusique/podcasts/guitare-de-legende/guitares-de-legende-recuerdos-de-la-alhambra-de-francisco-tarrega-1852-1909-5815928

 

 

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21 février 2025 5 21 /02 /février /2025 13:32
Tangos y otras cosas...

 

Un merveilleux voyage de l'Espagne à l'Amérique du Sud, du romantisme au tango autour des grands maîtres de la guitare classique (de Fernando Sor à Heïtor Villa-Lobos) et des grands compositeurs argentins (de Carlos Gardel à Astor Piazzolla)... c'est ce que nous a offert le guitariste Ludovic Michel, lors du Festival de la Biographie...

 

Le récital s'ouvre sur le magnifique Libertango du compositeur argentin Astor Piazzolla, une oeuvre dont le titre  mêle les mots "libertad et "tango".

 

Et Ludovic Michel nous raconte alors son parcours :

"Je suis né au tango un soir de décembre. Alors, on raconte que naître un soir de décembre peut parfois être annonciateur de bonnes nouvelles et j'étais loin de m'imaginer que cet univers musical serait pour moi synonyme de résurrection. Rien ne me prédestinait, pourtant, à succomber aux sanglots langoureux des maîtres de cette discipline, et même à observer, des heures durant, ces corps enlacés, à la démarche cadencée et à l'élégance certaine.

Alors, c'est la Lorraine dans mes bagages, la guitare chevillée au coeur que j'ai atterri à l'âge de 18 ans au conservatoire national supérieur de musique de Paris, bien décidé à conquérir Mozart et les grands classiques."

 

On écoute alors les variations sur un thème de la Flûte enchantée de Mozart du compositeur espagnol et guitariste virtuose, Fernando Sor, un air empli de charme, de gaieté : un pur bonheur !

Ludovic Michel évoque ensuite ce musicien Fernando Sor : "un personnage atypique, tout d'abord au service de la duchesse d'Alba, il a soutenu ensuite les troupes napoléoniennes, ce qui l'a contraint à l'exil, une fois la défaite actée. Traversant l'Europe de Londres à Moscou, il posa définitivement ses bagages à Paris...

Une des portes par lesquelles on entre dans cet univers, c'est bien la porte de l'exil... l'autre porte qui nous mène au coeur du tango est aussi bien sûr celle des sentiments, de l'amour, de la passion, mais également celle de la jalousie, de la trahison, de la colère. Quel autre mouvement culturel aussi bien littéraire, pictural, que musical a su définir lui aussi bien l'expression de tous ces sentiments sinon le romantisme ?

Chez les romantiques, comme dans le tango, tout est psychodrame absolu, ampleur dramatique, nostalgie infinie.

Encore jeune étudiant au conservatoire, un livre sur ma table de chevet, le Werther de Goethe, un disque sur ma platine, celui du Sexteto Major, grand orchestre de tango des années 80, et créateur du célèbre spectacle "Tango Pasion", qui a fait le tour du monde et qui a apporté le tango en Europe, dans les années 80...

Werther qui lui également dut se résigner à l'exil, après sa rencontre lors d'un bal avec son impossible amour, Charlotte promise à un autre. Seule la mort l'en délivra. On peut dire qu'au 18ème siècle, Werther était déjà un peu un tango."

 

On est ensuite ébloui par ASTURIAS d'Isaac Albeniz, qui "est à la fois passionné, mélancolique et romantique", comme le présente Ludovic Michel...nous voilà saisis, littéralement subjugués par la vivacité puis la délicatesse de cet air célèbre d'Isaac Albeniz...

 

"Et maintenant TANGO, nous dit Ludovic Michel, avec Horacio Salgan, grand réformateur du célèbre  Quinteto Real. (Le Quinteto Real était un groupe de tango de premier plan fondé par Horacio Salgán en 1960. Ses premiers membres comprenaient Salgán lui-même au piano, Pedro Laurenz au bandonéon). Pourquoi commencer avec Horacio Salgan ? Parce qu'il aura traversé toute l'histoire du tango du 20ème siècle : né en 1916, et mort en 2016, il aura côtoyé et travaillé avec tous les plus grands artistes du 20ème siècle, chanteurs, danseurs, musiciens.  

Même le grand pianiste classique Arthur Rubinstein ne manquait jamais l'occasion de lui rendre visite lors de ses concerts à Buenos Aires pour que Salgan lui joue ses tangos préférés et notamment "A fuego lento, A petit feu", qui s'inspire du célèbre Air de la calomnie de l'opéra Le Barbier de Séville de Rossini : un thème lancinant qui se répète sans cesse, pour se finir dans une grande variation finale assez virtuose qui est un peu la tradition dans les tangos instrumentaux."

Et Ludovic Michel nous joue ce tango au rythme captivant... puis, évoque le rôle essentiel des femmes inspiratrices de tangos :

"Les femmes sont incontournables avec le tango et je dirai même qu'elles en sont les principales inspiratrices et Malena en est l'incarnation parfaite... tango mythique de Homero Manzi et Lucio Demare, dont la légende raconte que le compositeur aurait écrit la musique en un quart d'heure, sur le coin d'une table, après avoir lu les vers du poète.

Mais la grande question que se sont posée tous les historiens du tango est : qui est Malena ? Malena Toledo ? Azucena Maizani ? Tita Merello ? Mercédès Simone ? Toutes de grandes chanteuses... Malena n'est peut-être pas une seule femme mais toutes les femmes qu'Homero Manzi a aimées dans sa vie...

Malena est peut-être la synthèse poétique de toutes ces femmes réelles ou fantasmées..."

On est subjugué par cette douce mélodie, emplie de tendresse et d'amour : Malena...

 

"Il n'y a pas que désolation et tristesse dans le tango, nous dit encore Ludovic Michel, on peut également se réchauffer aux couleurs de la joie, de la gaieté, comme dans cette milonga de Pedro Laurenz, la Milonga de Mis Amores, la Milonga de Mes Amours... on reste toujours dans le même thème, évidemment.

La milonga est une danse beaucoup plus gaie, beaucoup plus rapide que le tango, elle est née au milieu du 19ème siècle dans les faubourgs de Buenos Aires et de Montevideo d'un mélange de candombe afro-argentin et de habanera cubaine...

Etant antérieure au tango, c'est elle également qui a donné son nom au lieu où on pratique ces danses : on ne va pas danser au bal mais à la milonga, et l'on y danse trois styles de rythmes différents, le tango, la milonga et la valse..."

 

On se laisse alors emporter par le tempo rapide et envoûtant de la Milonga de Mis Amores...

 

Merci à Ludovic Michel pour ce somptueux récital mêlant récit et musique : un moment  enchanteur !

 

A suivre...

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14 février 2025 5 14 /02 /février /2025 13:14
Love is in the air...

 

Une chanson d'amour où l'amour se répand, et envahit l'espace : on aimerait bien que ce soit une réalité... Love is in the air nous entraîne ainsi dans un tourbillon de rêves et de notes...

Cette chanson se présente comme une sorte de confidence, grâce à l'emploi de la première personne du singulier :

"Partout où je regarde
Il y a de l'amour dans l'air"

Et cette phrase répétée dans le refrain "il y a de l'amour dans l'air" nous donne bien l'impression que l'amour est partout...

 

Il est "Dans chaque regard et dans chaque son", dit le poète, envahissant les perceptions du locuteur, perceptions visuelle et auditive...

 

Et l'amour est souvent tissé d'impressions diverses, contrastées, est-il fait d'idiotie ou de sagesse ? C'est l'incertitude qui domine.

Et pourtant, il faut "y croire", un terme très fort qui renvoie à une sorte d'acte de foi religieux.

 

Et le poète s'adresse alors à celle qu'il aime, en employant la deuxième personne du singulier : "quand je regarde dans tes yeux", les yeux de la femme aimée lui apportant cette certitude de l'amour, un regard qui ne trompe pas, en quelque sorte.

 

Et le poète d'énumérer tous les lieux où transparaît aussi l'amour : 

"Dans le chuchotement d'un arbre
Dans la tempête marine"

Ainsi, la nature dans son ensemble  semble elle-même s'imprégner de cet amour, une vision très romantique : les paysages deviennent le reflet des états d'âme du poète...

 

L'incertitude revient, tout de même, propre au sentiment amoureux :

"Et je ne sais si je suis juste en train de rêver
Je ne sais pas si je me sens en sécurité"

Mais la foi en l'amour revient aussi, "quand tu prononces mon nom", dit l'amoureux... insistant sur l'importance de l'échange, du dialogue.

 

Et, non seulement l'amour est partout, mais il est aussi présent tout le temps, du matin au soir :

"Il y a de l'amour dans l'air
Au lever du soleil
Il y a de l'amour dans l'air
Quand la journée prend fin"

Présent partout et toujours malgré des doutes qui subsistent : 

"Et je ne sais pas si tu es une illusion
Je ne sais pas si je vois la vérité"

Mais toujours revient cette foi en l'amour, désigné par le mot "chose", comme si c'était là tout un mystère indéfinissable :

"Mais c'est une chose en laquelle je dois croire
Et tu es là quand je te cherche"

La présence de la femme aimée est alors comme une assurance de cet amour...

 

La mélodie légère, rythmée évoque bien ce bonheur idyllique associé au sentiment amoureux...

 

 

Pour mémoire :

Love Is in the Air " est une chanson disco de 1977 du chanteur australien John Paul Young . Elle a été écrite par George Young (aucun lien de parenté) et Harry Vanda...

 

Les paroles :

 

https://www.lacoccinelle.net/277214-john-paul-young-love-is-in-the-air.html

 

 

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