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4 juillet 2025 5 04 /07 /juillet /2025 12:10
Nuits d'Espagne...

 

Une belle chanson d'amour hispanisante dans le répertoire de Dalida...

 

La chanson s'ouvre sur un air langoureux et enchanteur : La, la, la, la...

Le texte se présente sous la forme d'un discours direct avec l'emploi de la deuxième personne du singulier : "Te souviens-tu des nuits d'Espagne... ?" On perçoit ainsi une proximité, une intimité...

Le thème du souvenir fait intervenir plusieurs aspects : souvenir auditif, avec l'évocation d'une chanson gitane, souvenir visuel des nuits d'Espagne :"quand tout le ciel brillait Que mille étoiles scintillaient mettant un peu de rêve bleu Dans nos yeux". Ce souvenir semble ainsi particulièrement intense et fort.

 

Un somptueux tableau de la nuit apparaît... les hyperboles : "tout le ciel brillait, mille étoiles" viennent souligner la splendeur du spectacle... d'autant que les étoiles réunissent les deux amoureux, et se reflètent dans leurs yeux...

Ce souvenir reste gravé dans la mémoire de l'amoureuse et nous fait entrer dans l'intimité des personnages :

"Je n'oublierai jamais que tu m'as serrée chéri dans tes bras
Ce soir-là"

Dans la strophe suivante, on retrouve cette interrogation insistante : 

"Te souviens-tu des nuits d'Espagne
Et de cette chanson gitane"

 

Et l'amoureuse de dérouler le sujet de cette chanson : "Qui racontait l'histoire de cette rose noire Toujours plus belle à l'infini mais qui fleurissait dans la nuit Si jolie"

 

Cette "rose toujours plus belle à l'infini" n'est-elle pas le symbole de l'amour intense qui réunit les deux amoureux ? Un amour né dans la nuit comme la fleur...

Et c'est l'occasion d'évoquer le bonheur des amoureux dans un décor de rêve :

"Et sous la lune bleue comme on était heureux
Seuls tous les deux"

 

La fin de la chanson vient conforter cette idée d'un amour infini, éternel :

"C'est depuis ce soir-là que j'ai eu la joie
De t'avoir à moi pour la vie
La, la, la, la, la..."

 

La mélodie radieuse vient souligner tous les bonheurs associés à ces Nuits d'Espagne...

 

Cette chanson sortie en 1961 est une adaptation française d'une chanson de Jerry Leiber et Phil Spector : Spanish Harlem... André Salvet a écrit les paroles françaises.

Les paroles :

https://genius.com/Dalida-nuits-despagne-lyrics

 

 

A propos de la chanson Spanish Harlem :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Spanish_Harlem_(chanson)

 

 

Les paroles de Spanish Harlem :

https://www.lacoccinelle.net/262566.html

 

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27 juin 2025 5 27 /06 /juin /2025 11:50
L'arlequin de Tolède...

 

Une chanson qui commence sur un magnifique tableau nocturne hispanisant : une guitare ornée d'une rose, un rayon de lune qui éclaire la scène, et qui "joue sur la peau brune" d'un "arlequin de Tolède"...

 

Le tableau s'anime avec ce rayon de lune qui "joue", l'arlequin qui "passe dans la nuit tiède" et qui chante "la sérénade des amants de Grenade."

 

Et déjà dans ce premier couplet, on perçoit plusieurs fragilités : celle de la "rose", symbole de beauté fugace et éphémère, celle que suggère que le verbe "passer" pouvant évoquer aussi le temps qui passe inexorablement, celle de l'amour enfin.

 

Et on retrouve plus précisément et plus intensément ce thème de la fuite du temps dans le refrain avec de nombreuses indications de temps : "hier, printemps, hier, vingt ans, le temps d'un instant", avec une anaphore insistante de l'adverbe de temps "hier".

L'imparfait vient souligner aussi le temps qui a passé : "le printemps, les vingt ans" qui se sont enfuis... et l'amour paraît fragile face au temps qui s'écoule. Cette idée est scandée avec intensité dans le refrain :

"Hier, il avait vingt ans
Mais cela ne dure
Que le temps d'un instant
Car la vie est dure
Pour les jeunes amants
Qui veulent croire aux serments"

Les noms propres qui ponctuent le texte : "Tolède, Grenade, Estrémadure" confèrent un charme exotique à la chanson.

 

Dans le couplet suivant, l'arlequin de Tolède fait naître sur son instrument des images :

"Un écho de mandoline
Il revoit Colombine
Vibrant à la sérénade
D'un Pierrot de Grenade"

Des personnages de la Commedia dell'arte surgissent : Pierrot épris de Colombine, Pierrot qui chante une sérénade, chanson d'amour pour sa Colombine...

 

Le refrain vient briser cette douce ambiance amoureuse avec encore l'évocation du temps qui passe et emporte les serments des amants. On perçoit toute la mélancolie du musicien dans cette phrase : "Hier, c'était lui l'amant, Mais cela ne dure Que le temps d'un serment."

 

Voilà l'arlequin de Tolède qui "avec cette leçon En a fait une chanson", une sorte de mise en abyme, la chanson évoquée étant aussi celle que nous écoutons...

Et l'arlequin de Tolède d'entendre "sous la lune blonde
Tous les amants du monde
Qui chantent la sérénade
Des amants de Grenade"

Une généralisation de cette sérénade qui apparaît ainsi universelle....

 

Et le refrain de scander encore le thème mélancolique de la fuite du temps : le printemps, les vingt ans, la jeunesse enfuis...

 

Pourtant, la chanson s'achève brusquement sur ces mots, comme une urgence :

"Aujourd'hui c'est l'été
Et vive la liberté!"

C'est le présent qui importe, c'est le présent qu'il faut savourer avec bonheur... La mélancolie s'efface pour laisser la place à un message différent : jouir de l'été, de la liberté qu'il offre, jouir de l'instant... Ce message n'étant au fond que la conséquence du message contenu dans toute la chanson : le temps passe très vite, il faut savoir le savourer...

 

Magnifique chanson qui délivre un message simple mais essentiel !
 

La mélodie très douce, mélancolique s'intensifie dans le refrain comme pour souligner la dureté du temps qui passe...

 

Pour mémoire :

Cette chanson parue en 1960 a été écrite par Jean Dréjac et composée par Hubert Giraud.

Les paroles :

 

https://www.paroles.net/compagnons-de-la-chanson/paroles-l-arlequin-de-tolede

 

 

 

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20 juin 2025 5 20 /06 /juin /2025 12:30
Mes jeunes années courent dans la montagne...

Une chanson emplie de nostalgie de l'enfance et de la jeunesse : une jeunesse vécue au plus près de la nature, une nature sauvage, éblouissante tout en étant pleine de simplicité...

 

Dès le premier couplet, le champ lexical de la nature est amplement développé : "la montagne, les sentiers pleins d'oiseaux et de fleurs, les Pyrénées, au vent d'Espagne..."

On le voit : ce sont des mots simples qui sont ici utilisés...

 

Et l'on perçoit toute la vivacité et l'élan de la jeunesse grâce à l'emploi réitéré du verbe "courir" : "Mes jeunes années courent dans la montagne Courent dans les sentiers"

 

La nature elle-même est personnifiée, présentée comme une entité vivante puisque le poète fait chanter le vent :

"Et les Pyrénées chantent au vent d'Espagne
Chantent la mélodie qui berça mon cœur"

 

Trenet nous emmène parcourir les paysages de sa terre natale, les Pyrénées balayées par le vent d'Espagne : une jolie ballade sentimentale, quasi amoureuse au pays de l'enfance...

 

Le verbe "chanter" employé en début de vers à quatre reprises souligne le bonheur d'autrefois, et ces chants sont emplis de nostalgie de l'enfance disparue. Les mots associés à l'enfance sont pleins de douceur : "berça mon coeur, ma tendre enfance, tous les beaux jours".

Amour, tendresse, beauté : on perçoit là une une vision idyllique et enchantée de l'enfance...

 

Trenet nous fait entendre aussi le chant des bergers des montagnes de France, à travers une comparaison, eux qui "Chantent le ciel léger de son beau pays".

 

Et il nous fait écouter encore le chant des "sources vagabondes, des cascades", avec tant de poésie !

 

Mais le poète est désormais loin "des fraîches chansons des eaux", "loin des sources", "loin des cascades" et l'adverbe "loin" réitéré souligne le regret de ces paysages perdus de l'enfance.

Il "songe" parfois "aux jours bénis des premières saisons." qu'il chante, comme pour essayer de les revivre...

 

Quelle douce  nostalgie dans cette chanson qui évoque le temps béni de l'enfance !

La mélodie enchanteresse nous donne l'impression d'entendre le vent, les cascades, les bruissements de l'eau qui court dans les montagnes...

 

Pour mémoire : cette chanson sortie en 1949  a été écrite et composée par Charles Trenet pour les Compagnons de la Chanson, un ensemble vocal formé dans les années 40.

 

 

Les paroles :

https://www.paroles.net/charles-trenet/paroles-mes-jeunes-annes

 

 

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13 juin 2025 5 13 /06 /juin /2025 12:03
Le marchand de bonheur...

 

Un bel  hymne à la générosité...Distribuer du bonheur ! Tout un programme ! Tel est le thème de cette chanson célèbre dans le répertoire des Compagnons de la Chanson : Le marchand de bonheur...

 

Le texte se présente sous la forme d'un discours direct à la première personne :

"Je suis le vagabond, le marchand de bonheur,
Je n'ai que des chansons à mettre dans les cœurs"

Le personnage qui s'exprime nous paraît ainsi aussitôt familier et proche, même s'il n'est qu'un "vagabond" sans fortune mais il nous offre le réconfort de ses "chansons" et on sait que la musique génère nombre de bienfaits.

 

Le vagabond s'adresse à chacun d'entre nous, annonçant son passage "au bon vent de l'amour", belle expression imagée et poétique qui associe la nature à un sentiment bénéfique et précieux.

 

Et que possède ce vagabond ? Rien, si ce n'est la nature environnante : "le vent, les quatre saisons, le ciel, la mer". Et c'est comme s'il nous offrait et nous faisait découvrir cette nature qui lui permet de "semer des moissons de baisers", belle image qui suggère toutes les richesses de la nature, et les bonheurs infinis qu'elle peut nous procurer.

Le bonheur n'est pas ici associé à l'argent, à des biens matériels, mais à la beauté, la diversité de la nature.

Ainsi, les saisons, les éléments de la nature sont présentés dans une énumération, une façon d'en souligner l'abondance, la richesse :

"J'ai l'automne et l'hiver, le ciel et la mer,
Le printemps et l'été pour chanter."

La nature apparaît aussi comme une source d'inspiration inépuisable pour "chanter" et elle offre l'occasion de célébrer toutes ses beautés.

 

Et le vagabond de s'adresser à la foule :

"Vous êtes des enfants qui vous donnez du mal
Du mal pour vous aimer et du mal pour pleurer"

Le mot "mal" répété souligne la détresse humaine, et le terme "enfants" renvoie à une forme d'immaturité car ce mal vient des hommes eux-mêmes qui ne savent pas bien gérer leurs sentiments...

Mais le marchand de bonheur est là "Pour aller réparer ce que vous déchirez." Et de rappeler : 

"J'ai les quatre saisons pour sécher vos pleurs
Et changer l'horizon de vos cœurs"

Les saisons, leur variété, la nature sont convoqués pour apporter un réconfort à tous ceux qui sont dans la peine.

 

Dans le couplet suivant, c'est le "rire" qui est offert en partage, et c'est une invitation à l'optimisme qui est lancée :

"Je donne à bon marché de quoi rire de tout
De quoi rire de tout plutôt que d'en pleurer"

Le verbe "donner" utilisé au début et à la fin du dernier couplet souligne bien la générosité du personnage. La musique, le chant sont présentés comme ayant un pouvoir réconfortant et apaisant... l'art étant une source de bonheur.

 

Voilà une belle critique de nos sociétés de consommation matérialistes : le bonheur y est envisagé comme un don et un partage de musique, d'émotions, de rires.

 

La mélodie rythmée, entraînante nous emporte dans une ambiance joyeuse.

 

Pour mémoire :

 

Cette chanson sortie en 1959 a été écrite par Jean Broussole, la musique a été composée par Jean-pierre Calvet.

 

Les paroles :

 

https://lyricstranslate.com/fr/les-compagnons-de-la-chanson-le-marchand-de-bonheur-lyrics.html

 

 

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30 mai 2025 5 30 /05 /mai /2025 12:10
Tombé du ciel !

 

Une chanson pour célébrer la terre et ses merveilles : et quel meilleur procédé pour la célébrer que celui du regard neuf ou naïf ? Le regard de quelqu'un qui tombe du ciel et qui découvre pour la première fois la terre...

Est-ce un ange tombé du ciel comme il est dit dans le premier couplet qui n'apparaît pourtant pas dans la version chantée par Charles Trenet, l'auteur de cette chanson ?

 

Peu importe... cette chute est vécue comme un "destin providentiel". Car elle permet une découverte de la terre où "Tout est charmant" et le terme a ici son sens fort : c'est un charme magique, envoûtant qui séduit et ravit le personnage dont on suit le regard... 

Le voici qui s'émerveille devant le printemps : c'est une nature animée, vivante qui est décrite : "les étangs Pleins de lumière...  un oiseau se pose Sur un roseau morose."

La nature est ainsi humanisée, avec ce roseau qui a des états d'âme, et c'est comme si l'oiseau était là pour le réconforter...

 

Dans la suite du texte, c'est "un nuage d'orage" qui est personnifié et semble doté de la parole puisqu'il "Semble vous dire : ami, J’éclate en voyage…"

Un nuage bienveillant tout de même puisqu'il prévient de l'orage à venir...

 

Et la pluie elle-même paraît bienvenue, elle tombe en rythme, créant une forme de musique :

"La pluie qui tombe du ciel
C’est le rythme éternel"

 

Dans le dernier couplet, c'est l'amour qui est célébré et il apparaît comme tombé du ciel, tel un oiseau qui "se pose sur un destin morose", il est célébré comme une chance à saisir, un bonheur à découvrir...

Et il est une source de beauté symbolisée par une "rose" :

 "cette rose
C’est notre amour, amie,
Que nos larmes arrosent…"

Larmes de bonheur, sans doute, larmes de joie pour cet amour qui tombe du ciel...

 

Il est bon d'écouter cette chanson en ces temps où nous sommes de plus en plus déconnectés de la nature, et où nous oublions de la regarder, et de l'admirer...

 

Voilà un bel hymne poétique à la nature et à l'amour sur une mélodie emplie de douceur et rythmée en même temps qui restitue magnifiquement tout l' émerveillement du personnage... 

 

Les paroles :

http://www.charles-trenet.net/chansons/tombe_ciel.html

 

 

Une émission consacrée à Charles Trenet sur France Musique :

https://www.radiofrance.fr/francemusique/podcasts/retour-de-plage/charles-trenet-la-joie-eternelle-4868421

 

 


 

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23 mai 2025 5 23 /05 /mai /2025 12:32
J'ai ta main dans ma main...

 

Une belle ode à la nature dans cette magnifique chanson d'amour qui se déroule dans un cadre champêtre : J'ai ta main dans ma main... on la doit à Charles Trenet... 

Deux amoureux sont réunis "allongés sur l'herbe de l'été". La nature se met alors à l'unisson de l'amour et des amoureux :

"On entend chanter
Des amoureux et des oiseaux."

Le monde des humains et celui des oiseaux sont ainsi associés et réunis dans une belle harmonie... La nature participe  à ce tableau qui réunit les deux amoureux.

Et même le vent, la montagne personnifiés sont là pour accompagner les amoureux dans leur idylle : 

"On entend chuchoter
Le vent dans la campagne.
On entend chanter la montagne."

Les verbes "chuchoter, chanter" avec leurs douces sonorités restituent bien cette complicité avec les amoureux. C'est comme si la nature était là pour célébrer l'amour des deux personnages...

C'est alors qu'intervient le refrain :

"J'ai ta main dans ma main.
Je joue avec tes doigts.
J'ai mes yeux dans tes yeux"

On remarque une sensations tactile, puis visuelle, un parfait accord, une complicité entre les amoureux, grâce au jeu des adjectifs possessifs et aux noms qui se répondent... Ce refrain est constitué uniquement de monosyllabes qui viennent scander le bonheur des amants enlacés.

Et "la belle nuit" les recouvre de son ciel "Qui fleurit", jolie métaphore qui suggère les étoiles, un ciel "tour à tour tendre et mystérieux" donc à même d'accompagner et de réunir les étreintes des amoureux. Le cosmos se fait le complice des deux amants.

L'amour, la beauté apparaissent ainsi indissociables.

Dans les vers suivants, l'amoureux se montre empressé avec l'emploi d'impératifs : "Viens plus près... et dis-moi". Le vocabulaire amoureux se précise avec les expressions "mon amour", "Ton coeur contre mon coeur". Le discours utilisé se veut pressant au point d'exiger une déclaration  :
"Et dis-moi qu'il n'est pas de plus charmant bonheur
Que ces yeux dans le ciel, que ce ciel dans tes yeux,
Que ta main qui joue avec ma main."

L'on découvre ensuite que les deux amoureux sont "deux vagabonds", démunis : 

"Ta robe est déchirée.
Je n'ai plus de maison.
Je n'ai plus que la belle saison"

Mais, c'est comme si l'amour comblait ces manques, puisque le poète enchaîne avec le refrain : 

"Et ta main dans ma main
Qui joue avec mes doigts.
J'ai mes yeux dans tes yeux
Et partout, l'on ne voit

Que la nuit, belle nuit, que le ciel merveilleux,
Qui fleurit, tour à tour, tendre et mystérieux."

 

L'amour, la complicité, la tendresse et la beauté apparaissent ainsi comme essentiels.

Comment ne pas aimer la simplicité de ce texte, la fusion intime des deux amoureux, avec une belle évocation de la nature ?

 

La mélodie emplie de douceur devient plus rythmée et joyeuse encore dans le refrain pour suggérer tout le bonheur des gestes d'intimité entre les deux amants.

 

Les paroles :

 

https://www.paroles.net/charles-trenet/paroles-j-ai-ta-main

 

A propos de cette chanson :

https://www.radiofrance.fr/francemusique/podcasts/1936-conges-enchantes/j-ai-ta-main-charles-trenet-6304201

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16 mai 2025 5 16 /05 /mai /2025 11:32
Maman, papa !

Une chanson de Georges Brassens qui nous touche tous parce qu'elle évoque l'amour filial, les souvenirs des parents qui nous sont chers...

De plus, cette chanson prend la forme d'un discours direct adressé familièrement à "maman, papa" où le poète évoque son enfance et comme par magie, le voici "redevenu petit garçon".

Et chacun peut alors se reconnaître dans les propos adressés à "Maman", avec tous les indices du discours : l'emploi de la première et de la deuxième personne du singulier, le temps du présent :

"Alors je suis sage en classe
Et, pour te faire plaisir
J'obtiens les meilleures places
Ton désir"

De jolies résolutions qu'on a tous un jour voulu tenir pour "faire plaisir"...

 

De la tendresse encore dans les vers suivants avec un besoin de proximité, tendresse de la voix féminine de la maman et de ses "refrains charmants", proximité avec cette volonté de "demeurer sur ses genoux" plutôt que se livrer à "des jeux fous".

 

La répétition du mot "maman", ce mot d'enfant restitue aussi tout l'amour du monde : c'est bien le premier mot qui vient à la bouche des enfants, le premier mot que l'on apprend à écrire, aussi. C'est un doux murmure apaisant, un mot empli d'échos sonores : labiale "m" réitérée, voyelle "a" redoublée d'une voyelle nasalisée "an".

 

Et papa n'est pas oublié, un papa bienveillant qui cherche à donner du réconfort et "du courage" à ses enfants quand gronde "l'orage", en déployant "tout son humour".

Un père protecteur est ainsi évoqué, une image traditionnelle...

Et là encore, le mot "papa" est réitéré, un mot d'enfant pour mieux restituer ce retour dans le passé... comme un besoin de nostalgie...

 

On perçoit aussi une certaine pudeur, et retenue dans cette relation au père, encore une vision traditionnelle du père : 

"Papa, papa, il n'y eut pas entre nous
Papa, papa, de tendresse ou de mots doux"

 

La chanson débouche sur une prise de conscience face aux "sacrifices" accomplis par les deux parents, une forme de reconnaissance et de gratitude... 

La chanson s'achève sur des regrets :

"Maman, papa, toujours je regretterai
Maman, papa, de vous avoir fait pleurer
Au temps où nos coeurs ne se comprenaient encore pas"

Et là encore, comment ne pas être touché par ces regrets ? Car nous avons tous pu éprouver ce sentiment d'avoir un jour blessé nos parents, de n'avoir pas su les comprendre...

 

La mélodie légère, au swing sautillant nous transporte dans le monde de l'enfance... Un bijou !

 

Pour mémoire :

 

Cette chanson fut interprétée en duo avec Patachou le 23 décembre 1952.
Composée au camp de Basdorf en 1943  alors que Brassens effectue son STO et jamais interprétée sur scène, cette chanson fut la première véritable composition du grand Georges...

 

Les paroles :

 

https://www.musixmatch.com/fr/paroles/Patachou-Georges-Brassens/Maman-papa

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9 mai 2025 5 09 /05 /mai /2025 11:22
Dans le silence de la ville...

 

Un moment de paix, un instant fragile de bonheur et tout un monde de sensations qui surgissent dans le silence de la ville... tels sont les thèmes de ce poème de Louis Aragon mis en musique par Jean Ferrat.

Pourtant, le poème s'ouvre sur une impression de bruits intenses qui caractérisent d'ordinaire la ville :

"Derrière les murs dans la rue
Que se passe-t-il? Quel vacarme
Quels travaux, quels cris, quelles larmes"

Les allitérations de gutturales "r", "k" restituent bien ce vacarme et ce trouble des villes... d'autant que les mots "cris", "larmes" évoquent le malheur, la douleur, la tristesse.

Mais soudain, ces sensations auditives brutales laissent la place à une sensation visuelle de la vie quotidienne, emplie de sérénité :

"Ou rien, la vie, un linge écru
Sèche au jardin sur une corde"

C'est comme si le soir évoqué dans le vers suivant avait effacé ce tumulte et les malheurs générés par la ville...Ce tableau est complété par une agréable et douce sensation olfactive : "cela sent le thym", et par d'autres sensations auditives atténuées : "Un bruit de charrette s'éteint Une guitare au loin s'accorde"

C'est l'heure du repos attendue et bienvenue... comment ne pas aimer ces murmures du soir qui suggèrent la fin du travail et une musique qui s'annonce ?

Le tableau nocturne qui suit est magnifique : c'est une nature souveraine, vivante qui est esquissée, avec ce "zeste de lune" qui éclaire la nuit et cet arbre personnifié qui "salue un nuage". De belles images poétiques d'une nature stylisée et sereine...

Et le poète de préciser :

"Et le coeur n'entend plus que lui", comme si le silence naissait de ce spectacle muet de la nuit : le ciel, la lune, un nuage, un arbre...

Le poète semble alors s'adresser à une présence près de lui, avec un impératif qui invite à goûter ce moment de bonheur :

"Ne bouge pas, c'est si fragile
Si précaire, si hasardeux
Cet instant d'ombre pour nous deux
Dans le silence de la ville"

Voilà deux êtres réunis dans une sorte de communion où les sonorités de sifflantes "s", de fricatives "f", "v", où les voyelles nasalisées "in", "an", "on" traduisent toute la douceur de ce moment... un instant fragile dans un monde où les villes sont souvent saturées de bruit, un instant précieux, car il permet la contemplation et la rencontre.

Voilà un merveilleux poème, une ode à la nature, à l'harmonie du monde dans un cadre plein de simplicité... On aime aussi la voix emplie d'émotion et de sensibilité de Jean Ferrat.

 

La mélodie nous berce d'un air plein de douceur, de limpidité pour restituer ce moment magique de bonheur et de recueillement dans le silence de la ville. Une bien jolie ballade qui fait du bien...

 

Cette chanson sortie en 1975 a été composée par Jean Ferrat sur un poème de Louis Aragon.

 

Le texte :

 

https://genius.com/Jean-ferrat-dans-le-silence-de-la-ville-lyrics

 

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2 mai 2025 5 02 /05 /mai /2025 12:00
Au point du jour...

 

Encore une merveilleuse chanson dans le répertoire de Jean Ferrat, une chanson intitulée Au point du jour... une magnifique ode au matin qui se lève...

 

Le jour est personnifié dès le premier vers avec cette expression : "Encore un jour qui vient au monde", une naissance saluée comme celle d'un enfant... une naissance ponctuée par des sensations auditives, puis visuelles...

D'abord "le premier moteur qui gronde", puis "le premier enfant qui pleure", "la rumeur du point du jour" que le poète "écoute" : ce verbe restitue une attention portée à tous ces bruits qui caractérisent un début de journée... le poète célèbre ainsi la beauté et la poésie du quotidien à travers des scènes familières. Il nous laisse aussi entrevoir la douleur de la vie humaine avec les pleurs d'un enfant.

 

Les sensations visuelles qui suivent évoquent un matin d'hiver avec "la buée" que "quelqu'un efface sur la vitre du boulanger", avec "les arbres tout détrempés" et "les cheminées qui fument". Et là encore on constate une acuité dans cette attention portée au monde environnant... notamment avec ce geste entrevu sur "la vitre du boulanger".

 

Après ce regard sur l'extérieur, les yeux du poète se tournent vers l'intérieur du logis : 

"Je vois ma rose s'éveiller
ses yeux s'ouvrent sur l'oreiller
ils regardent la fin d'un rêve"

La jeune femme est assimilée à une rose grâce à une image pleine de beauté, d'autant que ses yeux sont soulignés et qu'ils sont encore emplis d'"un rêve": le poète nous convie ainsi à une scène intime pleine de douceur et de sensualité bien loin des bruits extérieurs de la ville...

L'image de la rose vient suggérer aussi traditionnellement toute la fragilité de la vie humaine, son caractère éphémère.

 

On assiste même au lever de la belle... au point du jour, ce qui fait naître un joli tableau plein de sensualité :

"Elle jette bas sa chemise
elle est nue comme une cerise
un rayon de soleil l'inonde
elle est la plus belle du monde"


Le soleil apparaît alors pour la première fois et vient éclairer la beauté rayonnante de la jeune femme... le superlatif vient traduire admiration, amour, tendresse...

 

Le dernier couplet élargit la scène... avec "la radio qui donne des nouvelles du monde" :

"quelque part la vie n' est pas belle
des bombes crient dans le lointain
défense de voir le matin
au point du jour"

Le contraste est saisissant entre la douceur du tableau précédent et l'évocation des nouvelles de la guerre diffusées par la radio avec "des bombes qui crient dans le lointain". La violence fait aussi partie de ce monde. Et certains sont malheureusement privés de ce point du jour, symbole d'espoir, de tendresse et de renouveau... On perçoit là toute la sensibilité du poète face aux malheurs du monde.

Et le poète en vient à éprouver "un peu de honte" de son propre bonheur... Mais l'espérance reste au coeur de la chanson avec ces vers :

"tandis que dans ma chambre monte
la bonne odeur de café noir
encore un jour, la vie, l'espoir
Le point du jour"

Une nouvelle sensation olfactive, cette fois, celle du café noir du matin vient réactiver l'espoir, le bonheur du jour qui recommence...

 

On aime la sensualité de cette chanson, où affleurent de nombreuses sensations associées au bonheur de vivre, et aussi la fragilité de ce bonheur et de la vie.

 

La mélodie emplie de douceur célèbre merveilleusement ce point du jour, avec un crescendo sur cette expression qui revient comme un refrain : "Au point du jour".

Pour mémoire : 

Le texte de cette chanson sortie en 1967 a été écrit par Henri Gougaud, la musique a été composée par Jean Ferrat.

 

Les paroles :

 

https://genius.com/Jean-ferrat-au-point-du-jour-lyrics

 

Un auteur à découvrir :

 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Henri_Gougaud

 

 

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27 avril 2025 7 27 /04 /avril /2025 11:52
Des surprises aux Jardins de la Fontaine...


Le parc de la ville offre parfois de belles surprises et des découvertes...

 

Au cours d'une promenade, je suis tombée en arrêt devant une ligne de panneaux suspendus à un fil : sur un des cartons qui se balançait au vent, on pouvait lire cette question : "Qu'est-ce que l'amitié ?"

Et tout à côté, d'autres panneaux qui étaient autant de réponses à cette question.

 

Comme je m'attardais devant cet étendage insolite, une fillette souriante se mit à m'aborder et m'interroger : "Que représente, pour vous, l'amitié ?"

J'hésitai car il est difficile de définir en quelques mots l'amitié...

"Parce que c'était lui, parce que c'était moi"... c'est ainsi que Montaigne définissait son amitié avec Etienne de La Boétie... montrant que ce sentiment relève souvent de l'indéfinissable. Après avoir réfléchi, je répondis, alors : "L'amitié, c'est une forme de tendresse et de complicité..."

La fillette était ravie de pouvoir installer un nouveau panneau sur le fil tendu entre deux marronniers du jardin...

 

Voilà une belle initiative d'un centre aéré qui permet aux enfants de leur donner confiance, de s'exprimer sur un thème essentiel, d'aller à la rencontre d'inconnus, d'oser poser des questions, une belle ouverture sur les autres.

 

Un autre jour, j'aperçois une artiste peintre qui a établi son chevalet devant le nymphée du jardin : elle peint, à l'ombre d'un tilleul, un des angelots de ce monument qui date du 18ème siècle...

La peinture est naïve, quelque peu maladroite, mais on admire la constance de cette dame qui observe attentivement le décor du nymphée pour en extraire la substance.

Tout à côté, installées sur des bancs, d'autres personnes dessinent au crayon, d'autres décors du nymphée, le motif central... de jolies esquisses au crayon.

L'art s'invite au jardin qui suscite de belles vocations : peindre, dessiner, c'est se livrer à une observation attentive du monde, et de telles activités ont tendance à se perdre...

 

Parfois, c'est un groupe scolaire qui visite le jardin, sous la conduite d'un guide original : il accompagne les adolescents, au son d'une flûte, une musique entraînante qui donne envie de le suivre...

 

Le jardin s'emplit et résonne alors de ces sonorités limpides, la musique envahit l'espace et contribue à la rêverie..

 


 


  

   
 

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