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15 mars 2024 5 15 /03 /mars /2024 12:53
"Monoloy", disait le vent...

 

Une magnifique dénonciation du racisme et de la discrimination qu'ont subis les Indiens dans cette chanson de Gilles Vigneault. Une belle chanson d'amour tragique aussi et un hymne à la nature...

La situation est résumée très simplement dès les premiers mots du texte :

"Jack Monoloy aimait une blanche
Jack Monoloy était indien
Il la voyait tous les dimanches
Mais les parents n'en savaient rien"

Un amour secret, caché, car les deux amoureux n'ont pas la même couleur de peau... L'emploi de l'imparfait à valeur durative traduit tout de même une sorte de stabilité, de sérénité. Tout de suite, le personnage de Jack nous apparaît familier et proche de nous car il désigné par son prénom et son patronyme.

 

On perçoit aussitôt une nature complice des deux amoureux dans ces deux vers :

"Tous les bouleaux de la rivière Mingan
Tous les bouleaux se rappellent"

Cette nature bienveillante sert de refuge aux deux personnages et à leurs amours clandestines. On découvre aussi le prénom de la jeune fille : la Mariouche... Le poète évoque sa beauté sans la détailler, ce qui contribue à donner au texte une valeur universelle.

 

La présentation qui est faite du personnage de Jack Monoloy souligne aussi sa proximité avec la nature, la rivière, les arbres, les oiseaux, le vent... une nature personnifiée qui répète les prénom et nom du personnage...

Le poète nous fait ainsi habilement entendre les voix des "canards, des perdrix et des sarcelles" à travers cette répétition "Jack, Jack, Jack", la gutturale "k" restituant les cris de ces oiseaux.

Et le vent, lui aussi personnifié, lance le nom du personnage : "Monoloy disait le vent". Grâce à  ces sonorités très douces et répétitives, on croirait effectivement écouter le souffle du vent...

Jack est encore associé à la nature puisqu'il a "écrit au couteau d'chasse Le nom d'sa belle sur les bouleaux..."

 

Une indication de temps marque soudain une rupture dans l'histoire des deux amoureux : "Un jour, on a trouvé leurs traces  On les a vus au bord de l'eau." Le passé composé utilisé dans ces deux vers souligne aussi cette rupture. Le pronom indéfini "on" renvoie à l'opinion commune, à la foule : un racisme généralisé. On voit aussi que les personnages sont traqués comme des bêtes avec cette expression : "on a trouvé leurs traces."

 

L'emploi du présent vient accentuer les conséquences douloureuses pour les deux personnages, un présent à valeur durative, comme une éternité de malheurs et de souffrances :

"Jack Monoloy est à sa peine
La Mariouche est au couvent
Et la rivière coule à peine
Un peu plus lentement qu'avant"

 

Jack Monoloy se suicide alors dans l'indifférence générale, en dehors de la prière énoncée par le poète :

"Jack Monoloy Dieu ait son âme
En plein soleil dimanche matin
En canot blanc du haut d'la dam
Il a sauté dans son destin"

 

Depuis, seuls les bouleaux semblent en porter le deuil :

"Tous les bouleaux de la rivière Mingan
Tous les bouleaux ont mémoire
Et leur écorce est toute noire
Depuis qu'Monoloy a sacré l'camp"

 

La mélodie enjouée restitue la beauté, la vitalité de la nature, un élan amoureux, hélas brisé par la bêtise des hommes, comme le suggère cette phrase scandée dans le refrain : "La Mariouche est pour un blanc."

 

 

Le texte :

 

http://www.chansons.lespassions.fr/chanson-vigneault-3.html

 

 


 

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14 février 2024 3 14 /02 /février /2024 10:35
Fly me to the moon...

 

Une fort jolie déclaration d'amour dans cette chanson : Fly me to the moon...

Une déclaration imagée qui passe d'abord par l'évocation d'un voyage vers les astres et les étoiles... une façon de suggérer tous les bonheurs et toutes les aventures du transport amoureux...

La Lune, les étoiles, Jupiter, Mars ont toujours fait rêver les humains de mondes nouveaux à découvrir...

 

L'amour est aussi associé traditionnellement à la joie, au printemps : on retrouve ces aspects dans ces expressions :

"Laisse-moi jouer parmi les étoiles
Laisse-moi voir à quoi ressemble le printemps"

Des expressions imagées, savoureuses, et pleines de suggestions... on peut y déceler un double sens... par exemple quand il s'agit de "voir à quoi ressemble le printemps", on peut penser à une invitation pressante de l'amoureux qui souhaite découvrir les beautés de la jeune femme...

 

La déclaration se précise encore dans les vers suivants :

"En d'autres mots, prends ma main
En d'autres mots, bébé, embrasse-moi"

Les impératifs : "Envole-moi jusqu'à la lune, Laisse-moi, prends ma main, embrasse-moi" sont autant d'exhortations insistantes à l'amour, avec une gradation dans les idées, les gestes de plus en plus précis et pressants...

 

Le bonheur procuré par l'amour est aussi associé à une chanson, grâce au rapprochement de ces deux termes "coeur, chanson."

"Emplis mon coeur d'une chanson
Et laisse-moi chanter éternellement..."

Le poète en demande même toujours plus : il souhaite une éternité d'amour...

 

La déclaration s'achève avec ces mots qui impliquent un amour exclusif, total, quasiment religieux avec notamment l'emploi du  verbe "adorer" et du pronom indéfini "tout".

"Tu es tout ce que je désire,
Tout ce que je respecte et adore
En d'autres mots, s'il te plaît sois sincère
En d'autres mots, je t'aime !"

Les deux derniers vers se présentent comme une véritable supplique... et avec une grande simplicité dans cette affirmation émouvante et directe  : "je t'aime."

 

Une chanson qui n'a rien perdu de son charme, offrant une promesse de magie, de découvertes, d'aventures, de séduction...

La mélodie rythmée, enjouée participe aussi à cette magie !

 

Fly Me to the Moon (en français "Envole-moi vers la Lune") est un standard de jazz américain, chanson écrite et composée par Bart Howard en 1954. La version de Frank Sinatra dans son album It Might as Well Be Swing  enregistrée en 1964 est une des plus célèbres.

 

Les paroles :

 

https://www.lacoccinelle.net/250253-frank-sinatra-fly-me-to-the-moon.html

 

"Envole-moi jusqu'à la Lune
Laisse-moi jouer parmi les étoiles
Laisse-moi voir à quoi ressemble le printemps
Sur Jupiter et Mars
En d'autres mots, prends ma main
En d'autres mots, bébé, embrasse-moi

Emplis mon coeur d'une chanson
Et laisse-moi chanter éternellement
Tu es tout ce que je désire,
Tout ce que je respecte et adore
En d'autres mots, s'il te plaît soit sincère
En d'autres mots, je t'aime !

Emplis mon coeur d'une chanson
Et laisse-moi chanter éternellement
Tu es tout ce que je désire,
Tout ce que je respecte et adore
En d'autres mots, s'il te plaît sois sincère
En d'autres mots, je t'aime !"

 

 

 

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2 février 2024 5 02 /02 /février /2024 13:33
Fellini Blues...

 

Une lecture-concert : une idée originale pour ce spectacle présenté lors du Festival de la Biographie...

 

Des extraits du nouveau roman de Jean-Pierre Milovanoff intitulé Fellini Blues ont été lus par son auteur avec un accompagnement des musiciens Raphaël Lemonnier au piano et Marc Simon, à la guitare, batterie, aux percussions tonales, à la trompette...

Un joli moment de grâce et de bonheur musical avec des airs de Nino Rota et des notes de blues...

 

"Valentin, 50 ans, vit avec sa mère. Il a peu lu, alors qu’il travaille comme magasinier dans une bibliothèque, et nourrit un complexe d’infériorité intellectuelle. Il est fin cuisinier et amateur de bons vins.

Il s'agit d'un modeste employé d'une bibliothèque de quartier qui est en fait manutentionnaire, il trimbale toute la journée des livres qu'il n'a pas lus. C'est un homme jeune, grand amateur de vins, ce n'est pas un séducteur mais il plaît presque malgré lui à des femmes qui apprécient son allure, sa discrétion et sa bienveillance.

On a donc un portrait de ses différentes compagnes...

Lorsqu'il rencontre Tancrelle qui est professeur de lettres et passionnée de cinéma et surtout des films de Fellini, toutes ses routines de célibataire s'effondrent. C'est le grand amour qui commence."

Une musique de jazz vient ponctuer cette présentation du roman...

 

"Valentin n'ignore pas que sa mère veille sur lui comme l'apiculteur sur les abeilles. Aussi se croit-il tenu, par une délicatesse de sentiment qui va bien au delà du respect filial, de lui cacher ses espérances et plus encore ses penchants assez éloignés de ceux qu'elle attend de son fils...

Impossible de lui confier sa secrète prédilection qui s'apparente à de la tendresse pour certains crus du Languedoc, les rouges surtout quand ils possèdent des notes denses, calcaires, avec des fragrances de mûres et de figues de ronciers, lesquelles s'assortissent merveilleusement à ses cordes vocales un brin éraillées au point qu'il n'est pas rare de les entendre résonner harmoniquement dès le premier cruchon. Cet attrait pour la production locale de qualité ne témoigne d'aucun chauvinisme. Si un supermarché vend en promotion des Bordeaux déclassés ou des vins chiliens, Valentin ne manque jamais d'en faire une ample collecte, quitte à s'attirer une remontrance de sa banquière pour ces dépenses imprévues.

Dans un registre différent (mais à peine), Valentin cache à sa mère qu'il fréquente peu, voire pas du tout, les sages demoiselles de la Haute Société financière, destinées à devenir chefs d'entreprise du Cac 40, qu'elle rêve d'avoir pour belles filles.

Soyons plus clair : Valentin s'amourache exclusivement de partenaires à grande valeur ajoutée, il aime les beautés fruitées, fardées, maquillées, millésimées, souvent trafiquées, longues en bouche et dotées d'une belle réputation, qui ont connu avant lui des transports nombreux et parfois la vie de château, et lui procurent une griserie joyeuse sans remords.

Peu lui importe que ces séductrices aient grandi en Bourgogne, en pays d'Oc ou sous le soleil d'Algérie. Amateur de vendanges tardives, il apprécie la saveur généreuse des Vénus expérimentées, qu'elles aient mûri en Alsace ou au Portugal, c'est pourquoi il fréquente en fin de semaine les bodégas propices aux rencontres sans lendemain."

Jusqu'à ce qu'il rencontre Tancrelle, après avoir subi un accident cardiaque et avoir changé de mode de vie...

 

Après le récit de son accident, on écoute le thème du film de Fellini : Huit et demi, un régal de fantaisie, de gaieté...

(Huit et demi (Otto e mezzo est un film franco-italien réalisé par Federico Fellini, sorti en 1963. Il est considéré comme l'un des meilleurs films jamais réalisés.

Le film suit un cinéaste dépressif qui fuit le monde du cinéma et se réfugie dans un univers peuplé de souvenirs et de fantasmes. Surgissent des images de son passé, son enfance et l'école religieuse de sa jeunesse, la Saraghina qui dansait sur la plage pour les écoliers, ses rêves fous de "harem", ses parents décédés.)

Puis, après la rencontre avec Tancrelle, on est ému par la célèbre musique de La Strada...

 

Ensuite, on reconnaît le thème enjoué de Amarcord... 

 

"Un roman "humain", chaleureux, nostalgique, aussi imprévisible que l’est la vie, aussi guetté par la fin que nous le sommes tous  : comme un blues de nos existences trop brèves…" peut-on lire dans quatrième de couverture de ce roman...

 

Merci aux musiciens et au conteur pour ce délicieux moment de fantaisie et de nostalgie...

 

 

 

https://books.google.fr/books?id=6OraEAAAQBAJ&pg=PA1897&lpg=PA1897&dq=Impossible+de+lui+confier+sa+secr%C3%A8te+pr%C3%A9dilection+qui+s%27apparente+%C3%A0+de+la+tendresse+pour+certains+crus+du+Languedoc.&source=bl&ots=HBMMcwxrMc&sig=ACfU3U3rqZzrymi7vuTnmZ5OyyPzY_YGrg&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwjmnOPj1ISEAxX2caQEHXMNAtMQ6AF6BAglEAM#v=onepage&q=Impossible%20de%20lui%20confier%20sa%20secr%C3%A8te%20pr%C3%A9dilection%20qui%20s'apparente%20%C3%A0%20de%20la%20tendresse%20pour%20certains%20crus%20du%20Languedoc.&f=false

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10 novembre 2023 5 10 /11 /novembre /2023 12:30
Sous le ciel de Paris s'envole une chanson...

 

Un bel hommage à la ville de Paris avec cette célèbre chanson : Sous le ciel de Paris...

Une chanson sous le signe de l'amour et de la gaieté...

 

Dès le premier couplet, on voit une chanson "s'envoler sous le ciel de Paris", magnifique image qui assimile cette chanson à un oiseau, lui-même symbole de liberté, d'élégance.

Et cette chanson est associée à l'amour puisqu'elle est "née Dans le coeur d'un garçon" et qu'elle accompagne les pas des amoureux.

 

Puis, c'est "Sous le pont de Bercy" que nous emmène le poète, un des ponts qui enjambe la Seine : une foule diverse est évoquée : "un philosophe assis, Deux musiciens, quelques badauds, des gens par milliers."

Le savoir symbolisé par "un philosophe assis", la musique, la curiosité des badauds, la foule, grâce au procédé d'énumération, suggèrent une ville animée, pleine de vie, un réservoir de culture.

Et cette foule rassemblée "chante L'hymne d'un peuple épris De sa vieille cité." La chanson d'amour évoquée au début s'élargit pour devenir un véritable hymne à la louange de la vieille cité...

L'amour est aussi celui des habitants pour leur cité.

 

On découvre ensuite un autre lieu emblématique "Près de Notre Dame" où "Parfois couve un drame...", soudain apparaît une touche d'inquiétude et de tristesse, vite oubliée car la magie de "Paname" opère.

Ce nom familier donné à la ville de Paris qui évoque d'autres chansons suggère la joie avec aussi la lumière de "quelques rayons d'un ciel d'été et un air d'accordéon"... une ambiance festive...

Comment peindre Paris sans faire référence à la Seine associée encore à l'idée de joie ? Et même les plus humbles se plaisent dans ce décor : on voit alors "les clochards et les gueux" se laisser bercer par le murmure du fleuve :

"Sous le ciel de Paris
Coule un fleuve joyeux
Hum Hum
Il endort dans la nuit
Les clochards et les gueux"

 

On perçoit une ville bienveillante pour les humbles.

 

Et "les oiseaux du Bon Dieu" participent aussi à l'harmonie et la gaieté du décor : venus du "monde entier", ils semblent célébrer la ville de leurs bavardages. L'hyperbole vient souligner la renommée immense de Paris...

Le ciel de Paris est personnifié dans les vers suivants, ainsi que l'Ile Saint Louis : amour, sourire, habit, tristesse, jalousie...

Différents sentiments apparaissent et soulignent la vie bouillonnante de la ville, le ciel est présenté comme une entité vivante, tutélaire, "il est épris de l'Ile Saint-Louis" (encore l'amour !) qui lui sourit, il met alors "son habit bleu"... une succession d'images emplies de tendresse.

La pluie symbolise sa tristesse, le tonnerre représente sa jalousie de voir des millions d'amants (toujours l'amour !)

Enfin la chanson s'achève sur un tableau plein de gaieté :

"Mais le ciel de Paris
N'est pas longtemps cruel
Hum Hum
Pour se fair' pardonner
Il offre un arc en ciel."

 

La mélodie légère, virevoltante restitue un air de danse, une ambiance joyeuse... c'est un Paris romantique qui est décrit et qui nous fait rêver...

Cette chanson fut composée par Hubert Giraud, écrite par Jean Dréjac et originellement interprétée et enregistrée par Jean Bretonnière pour la musique du film Sous le ciel de Paris, de Julien Duvivier de 1951.

 

 

Les paroles :

 

https://www.paroles.net/edith-piaf/paroles-sous-le-ciel-de-paris
 

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15 septembre 2023 5 15 /09 /septembre /2023 12:33
Dans les yeux d'Emilie...

 

L'amour qui suit le rythme des saisons, le bonheur d'aimer assimilé à un soleil rayonnant, ce sont là des thèmes traditionnels que l'on retrouve dans cette chanson de Joe Dassin dont le texte a été écrit par Pierre Delanoë et Claude Lemesle, et la musique composée par Yvon Ouazana et Vivien Vallay.

 

Les auteurs ont su renouveler ces motifs par l'évocation de paysages et de saisons contrastés... 

 

Le texte nous emporte dans un quartier du vieux Québec, où les rues chantent l'accent de ce pays et sont personnifiées, dotées de vie. On perçoit un pays de contraste où se côtoient tradition et modernité, avec de vieilles maisons et l'évocation de l'an 2000.

 

La description de l'hiver qui suit est saisissante : le fleuve Saint Laurent apparaît "prisonnier" de l'hiver, image très forte qui suggère bien les rigueurs de la saison...

Les jours et les nuits se ressemblent alors et on éprouve bien des difficultés à croire au retour de l'été : désespoir, tristesse, obscurité règnent en maîtres.

 

Mais, le refrain vient montrer que l'amour défie les saisons, il apporte au poète, malgré le froid, un soleil présent dans les yeux mêmes de la femme aimée, prénommée Emilie...

Des jeux d'opposition, "jour et nuit, mélancolie et joie de vivre" soulignent le miracle opéré par le sentiment amoureux : il transcende le monde, le sublime et le bonheur l'emporte sur tout.

 

Le printemps tant attendu par tous arrive enfin, symbolisé par la couleur verte, par "les gens qui sortent de la terre", par le renouveau du Saint Laurent.

 

Mais l'amour d'Emilie s'est évanoui et désormais, le froid envahit le poète : chaleur et lumières ont disparu... malgré l'arrivée du printemps. On retrouve des contrastes très forts entre le paysage et l'état d'âme du poète...

 

Ainsi, la chanson montre que l'amour est essentiel : il peut ensoleiller des jours tristes et une fois perdu, il fait oublier tous les bonheurs de la vie...

 

La mélodie endiablée insiste sur le tourbillon provoqué par le sentiment amoureux : un rythme rapide scande le texte et souligne la joie de vivre perdue...

 

Les sonorités de sifflantes, de chuintante dans le refrain traduisent la douceur associée à l'amour...

"Moi, j'avais le soleil
Jour et nuit dans les yeux d'Émilie
Je réchauffais ma vie à son sourire
Moi, j'avais le soleil
Nuit et jour dans les yeux de l'amour
Et la mélancolie au soleil d'Émilie
Devenait joie de vivre"

 

Cette chanson nous émeut, par sa simplicité, par ses jeux de contrastes, par cette association entre soleil et amour, par des images qui personnifient les paysages...

 

 Cette chanson de Joe Dassin a plus de 45 ans, et pourtant elle n’a jamais autant été écoutée qu’aujourd’hui. Dans les yeux d’Émilie est en train de devenir l’hymne officieux de la Coupe du monde de rugby 2023.

 

Le texte :

 

https://www.paroles.net/joe-dassin/paroles-dans-les-yeux-d-emilie

 

 

 

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30 juin 2023 5 30 /06 /juin /2023 11:38
L'art méconnu des troubadours...

 

D'après une conférence donnée par Matthieu Poitavin, auteur occitan, professeur de Provençal et Yanira Martinez, née à Cuba, musicologue et ethnologue : L'inspiration des troubadours dans le monde, entre France et Cuba...

 

Pourquoi a-t-on occulté cette littérature occitane : l'art des troubadours ? Qui est capable, de nos jours, de citer un seul nom de troubadour ?

Pourtant, ils étaient pas moins de 500 dans la région occitane...

Des auteurs tombés dans l'oubli alors qu'ils ont exercé une influence considérable dans le temps et dans l'espace...

Qui connaît Bernard de Ventadour, Cercamon, Marcabru, Geoffroy Rudel, Peire Cardinal, Guillaume d'Aquitaine ? Qui connaît la Comtesse de Die ?

Qui connaît leurs oeuvres ?

L'art du trobar couvre pourtant un grand espace des Alpes aux Pyrénées, 32 départements du sud de la France...

Et cet art va se déplacer en Italie, en Catalogne jusqu'à Valence, au Portugal, en Angleterre.

Cette littérature va devenir la première littérature de l'occident, et elle va influencer la littérature moderne, et contemporaine.

Dante et Pétrarque se réfèrent à cette littérature.

Une littérature qui chante l'amour...

L'influence de cette littérature s'est étendue jusqu'à Cuba ! Comment ? C'est difficile de le préciser...

Des comédiens venus d'Espagne, d'Italie, de France débarquent à Cuba pour divertir la population et cette tradition musicale va arriver dans les villes principales à la fin du 19ème siècle et au début du 20ème siècle.


Au 19ème siècle à Cuba, des chanteurs de rues allaient de ville en ville avec leur guitare pour interpréter leurs compositions. Ce mouvement emblématique est considéré comme l’âme de la chanson cubaine. 

C'est tout un art de faire des sérénades avec des textes qui décrivent la beauté de la femme créole, on trouve aussi des textes patriotiques qui évoquent la bravoure de ceux qui se battent pour la liberté du pays.

C'est toute une génération d'auteurs-interprètes qui chantent seuls, en duo, ou trio accompagnés d'une guitare qui apparaissent au début du XXe siècle, appelés trovadores, ces groupes de troubadours chantent des habaneras, des guajiras, ou boléros, chansons sentimentales nées vers 1880 à Santiago de Cuba...

 

En Occitanie, il faut oublier l'image du troubadour qui va de château en château. L'art du troubadour appartient d'abord à de riches seigneurs, c'est un art très savant, codifié... un art porté et diffusé ensuite par des "jongleurs" qui interprètent les oeuvres des troubadours.

La femme est souvent déifiée, elle apparaît lointaine, inaccessible...

 

Le terme d'ancien occitan  "paratge" est relativement fréquent dans la poésie des troubadours où il revêt tour à tour le sens premier de "noblesse de sang" et le sens plus original de "noblesse de cœur  ou de mérite", c'est une ouverture d'esprit aux autres...

La civilisation occitane est ainsi une civilisation de progrès.

 

On distingue plusieurs genres : la cansoun, genre le plus noble, une poésie chantée consacrée à la louange et à l'amour associé à la galanterie et la politesse... l'alba, texte narratif où les personnages se séparent et sont en attente... le sirvantès, genre politique, satirique, littérature de combat... la pastourelle, chanson qui évoque l'amour pour une bergère... la romance, récit d'une aventure amoureuse.

 

Mais cette culture occitane des troubadours a été quelque peu oubliée : on ne l'enseigne que très peu dans nos écoles...

 

Certains groupes font renaître la chanson occitane : par exemple, Massilia Sound System, avec cette chanson :

"Les compagnons du fin amour
Oh braves gens de ce quartier, je viens chanter la gloire de ceux qui ont fait notre histoire : les compagnons de fin amour
Je chanterai pour tous ceux qui ont mis dans notre mémoire le plaisir, la peine et la noblesse, un trésor pour nos enfants
Hélas il nous faut le chanter car ils ne l'ont pas dit à l'école
Je vais maintenant commencer le voyage avec Guilhem d'Aquitaine qui fut le premier d'entre eux il ya plus de mille ans
Jaufré Rudel est devenu fou d'une princesse de Tripoli et sans avoir jamais vu son visage, pour elle, il fit toutes ses chansons
De Ventadorn il faut que je parle et de Vidal et de Cerveri car ils nous ont envoyé le message : le plaisir ne dure pas qu'un instant
Je chante aussi pour Peire Cardinal qui nous a appris le courage de ne jamais se taire quand gouvernent les méchants
Nous en avons plein encore dans notre camion, de quoi remplir un dictionnaire, plaisir, poésie et noblesse, un trésor pour nos enfants..."

 

 

https://www.moyenagepassion.com/index.php/2019/04/03/quan-lerba-fresch-ou-la-joie-du-troubadour-bernart-de-ventadorn-au-renouveau-printanier/


https://www.lemonde.fr/blog/mundolatino/2011/01/11/des-troubadours-a-la-trova-cubaine/

 

https://genius.com/Massilia-sound-system-lei-companhs-de-fin-amor-lyrics

 

 

 

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14 février 2023 2 14 /02 /février /2023 13:28
J'ai rendez-vous avec vous...

 

Un rendez-vous qui comble un amoureux... un rendez-vous avec celle qu'on aime plus que tout : tel est le thème de cette chanson célèbre de Georges Brassens...

 

Dans le premier couplet, c'est "Monseigneur l'astre solaire" qui est mis en concurrence avec l'amoureuse... La personnification du soleil, l'emploi de la périphrase et le titre de noblesse lui donnent une importance évidente... 

Et, pourtant, l'amoureux ne s'en soucie guère : ce titre ronflant ne l'impressionne pas, comme le suggère bien l'expression familière : "j'm'en fous".

 

Peu lui importe d'être privé du feu solaire, ses préférences vont à la lumière des yeux de son amoureuse.

Voilà un bel hommage adressé au regard de la jeune femme, une jolie façon de souligner l'éclat de ses yeux.

Et le refrain vient souligner toute l'importance du rendez-vous amoureux :

"Tout le restant m'indiffère
J'ai rendez-vous avec vous"

 

Dans le deuxième couplet, apparaît un autre personnage qui s'enfle aussi de son rôle, et de ses prérogatives, comme l'indique l'expression : "Monsieur mon propriétaire"... puisqu'il est prêt à chasser son locataire, mais l'amoureux n'en a cure... 

C'est la "robe à froufrous" de la jeune femme qui devient alors sa "demeure".

Evidemment, on note une progression coquine dans les idées : il ne s'agit plus seulement d'admirer les yeux de l'amoureuse, mais de s'abriter sous sa robe...

 

Encore un autre personnage avec "Madame ma gargotière" qui use de son pouvoir pour chasser l'amoureux de sa table, ce qui permet encore de ménager une malicieuse progression : le poète pourra, à la place, se rassasier d'un autre menu : la chair du cou de la jeune femme...

 

Enfin, dans le dernier couplet, une autre instance est convoquée : "sa majesté financière", encore une appellation pompeuse... et c'est alors le coeur de la jeune femme qui devient un trésor inestimable : "une fortune" ! C'est alors l'amour qui est présenté comme l'essentiel.

On retrouve dans cette chanson un Brassens dédaigneux des biens matériels : Brassens refusait le luxe, l’argent étant fait pour être redistribué.

 

La mélodie enjouée, pleine d'entrain vient souligner le bonheur de l'amoureux comblé par le rendez-vous à venir.

 

On aime la simplicité du texte qui se présente comme un discours direct, avec l'emploi du présent, l'alternance de la première et de la deuxième personne.

On aime la progression malicieuse de cette jolie déclaration d'amour...

 

 

Les paroles :

 

https://www.paroles.net/georges-brassens/paroles-j-ai-rendez-vous-avec-vous

 

 

Photo : Pixabay

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11 novembre 2022 5 11 /11 /novembre /2022 13:20
Manon Lescaut : quelles visions du monde ?

 

Présentation : le roman raconte une histoire d'amour entre un noble et une jeune fille légère. Ce roman très célèbre a connu un succès de scandale : les journaux de l'époque qualifient le héros d'escroc, l'héroïne de catin ou de prostituée. Un fils de bonne famille est ensorcelé par une fille de joie !

 

Quelles sont les visions du monde présentes dans ce roman ?

 

I Ce roman est d'abord le reflet d'une époque : la Régence (début du 18ème siècle), une période libertine, débridée.

 

Louis XIV meurt en 1715 : c'est la fin d'un long règne qui s'achève dans l'austérité, la tristesse. Louis XIV représentait l'absolutisme, le conformisme, un catholicisme rigide et étroit.

A la mort du roi, Philippe d'Orléans devient régent : on assiste alors à une libération des moeurs. Le grand argentier Law, un écossais, invente le papier-monnaie, la banque, le crédit, c'est le début du capitalisme moderne.

 

1) Importance du plaisir, du luxe

Manon représente bien ce goût du luxe : elle a sans cesse besoin d'argent. C'est l'époque où le peintre Antoine Watteau met en scène dans ses tableaux des couples dans des habits somptueux en train de se distraire...

2) Le goût du jeu

On s'adonne au jeu avec frénésie : les pertes d'argent sont pour certains si grandes que certains jeux sont interdits par ordonnance. Les maisons de jeu clandestines se multiplient. Des joueurs ruinés se suicident.

 

3) Les déportations en Louisiane

La Louisiane, nouvelle colonie récemment conquise par Louis XIV doit être peuplée : des femmes, des prisonnières, des prostituées sont envoyées en déportation pour peupler cette colonie. Le transport de ces femmes a lieu dans des charrettes : l'embarquement se fait au Havre de Grâce ou à La Rochelle. Des gravures de l'époque représentent ces convois de déportées.

Au début du roman, le Marquis de Renoncour voit pour la première fois Manon dans l'un de ces convois.

4) Les personnages du roman symbolisent bien cette époque

Manon est coquette, avide d'argent, de plaisirs, elle ne supporte pas le manque, la pauvreté.

Des Grieux lui-même subit l'influence de Manon : il enfreint la loi à plusieurs reprises : vol, tricheries, meurtre.

L'argent est un thème essentiel dans le roman.

 

II La vision du romancier transforme les faits et les personnages.

 

1) Si les personnages s'insèrent dans un cadre réaliste et une époque précise, ils sont aussi idéalisés et deviennent des symboles.

Les deux héros ne sont jamais décrits longuement ( à la différence des héros de romans du 19ème siècle ).

Le lecteur ne voit pas Manon : elle est simplement charmante, il s'agit d'exalter l'imagination du lecteur qui a une connaissance lyrique du personnage.

Manon et Des Grieux symbolisent la passion amoureuse : un couple idéal, ravissant, émouvant, malgré tout.

2) Les faits et les lieux sont aussi idéalisés, embellis ou stylisés.

L'évocation du convoi des déportées reste très sobre. Manon elle-même en haillons rayonne, elle attire tous les regards.

Les maisons de jeux ou tripots sont évoqués dans un langage noble, élégant : on parle "d' Académie."

La prison, ( l'hôpital de la Salpêtrière ) n'est pas vraiment décrite : elle est d'ailleurs transformée grâce à la présence de Manon : elle devient un palais, "Versailles."

Prévost transfigure la réalité : il utilise souvent un langage noble, un style classique, plein de pudeur... l'amour embellit tout, transforme les êtres et les lieux.

 

III Quelle est la signification de l'oeuvre ?

 

1) C'est apparemment une oeuvre morale : au 18ème siècle, la religion exerçait encore toute son influence, la morale religieuse occupait une place importante.

La religion jouait un rôle essentiel : les précepteurs, les maîtres étaient souvent des religieux. L'abbé Prévost est lui-même un ecclésiastique.

Le récit a une valeur morale : la passion conduit Des Grieux vers la déchéance. A la fin du roman, Manon est punie, elle meurt en Amérique.

On perçoit encore l'influence de la littérature du 17ème siècle et de ses auteurs dont la devise était "Instruire et plaire". Prévost montre les dangers de la passion amoureuse de manière plaisante, à travers un roman d'aventures aux multiples péripéties.

2) Pourtant, le message est plus ambigu 

La passion amoureuse est aussi valorisée : les héros attirent la sympathie de nombreux personnages, Tiberge l'ami fidèle de Des Grieux, l'homme de qualité, ou encore l'administrateur de la prison, M. de T.

La plupart des personnages secondaires aident le couple en perdition.

Le sujet lui-même était audacieux à l'époque : un noble s'éprend d'une fille des rues qui l'entraîne dans la déchéance.

 

Conclusion :

 

On perçoit dans ce roman un monde en train d'évoluer sous la Régence : le plaisir, l'argent occupent une place importante. Le monde semble se libérer aussi du carcan de la religion.

Manon et Des Grieux sont, en ce sens, des héros modernes, ils revendiquent une certaine liberté de vie, de moeurs.

De plus, les romanciers dépassent souvent le contexte historique et social pour donner à leur oeuvre une valeur universelle : Prévost se livre à une réflexion universelle sur la passion amoureuse, il nous en présente à la fois les dangers et les attraits.

 

 

 

 

 

 

Manon Lescaut : quelles visions du monde ?
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19 octobre 2022 3 19 /10 /octobre /2022 09:48
S’endavalèm de vos... Nous descendons de vous...

 

 Voici un bel hommage aux troubadours, à ces poètes d'autrefois, chanteurs, musiciens, créateurs qui se sont illustrés au Moyen Age, par des oeuvres d'une diversité et d'une créativité étonnantes... un hommage que l'on doit à Francis Cabrel dans sa chanson "Rockstars du Moyen Âge".

Le mot "troubadour" chante le sud, la langue d'oc, celle du soleil, de la mer, des collines, des paysages méditerranéens.

 

Et c'est cette langue du sud, l'occitan que Cabrel met à l'honneur dans ce texte.

 

Le titre lui-même de la chanson unit et réunit le présent et le passé : Rockstars del Media d'Atge...

Pourquoi donc parler de "langues anciennes" ? L'occitan, c'est aussi notre langue, notre littérature qui a brillé pendant des siècles et qui a raconté l'humanité, ses joies, ses peines, ses amours... La répétition du mot "même" souligne bien ce lien avec le passé dès la première strophe.

 

Et le poète s'adresse directement à ces écrivains du passé, en employant la deuxième personne du pluriel, une façon de faire revivre ces précurseurs que nous avons tendance à oublier :

"C’est écrit dans vos pages
en mieux et bien avant nous."

 

Dans la strophe suivante, Cabrel restitue toute une époque, une ambiance, grâce à quelques détails bien choisis : la plume des poètes,  leurs chants dédiés à des dames, la lenteur du pas des chevaux...

"Vous, c’est un trait de plume,
c’est le pas des chevaux,
c’est chanter à vos Dames
tout ce qu’il y a de plus beau..."

Les sonorités de sifflantes  "s" et chuintantes "ch" traduisent toute la délicatesse de ces poètes d'autrefois...

 

Cabrel évoque ces poèmes de l'Amour courtois, des chants qui honoraient la beauté des visages et des coeurs... Le superlatif et des équivalents de superlatifs "loin au dessus de tout" viennent souligner la profondeur et la sincérité des sentiments.

 

Et la réussite de ces chants d'amour, c'est que chacun peut s'y associer et s'y reconnaître, comme le fait une simple "fille à la fenêtre" :

"La fille à la fenêtre
qui chante les yeux clos
cherche à se reconnaitre
dans chacun de vos mots.
Ça vaut bien davantage
que le plus lourd bijou."

Cabrel peint là un véritable tableau en quelques traits : on voit l'encadrement de la fenêtre, les yeux clos de la jeune fille, on entendrait presque sa voix qui chante...

Et les mots du troubadour deviennent alors un trésor inestimable, comme le suggère le superlatif : "le plus lourd bijou."

 

On voit dès lors une scène de l'époque : le troubadour sous le balcon de la dame, armé d'un tambourin, dans la nuit venir chanter ses poèmes pour une "Belle en cage". La dame étant jalousement gardée et enfermée, le troubadour prend aussi des risques, avec pour "seule armure un tambourin"... cette image guerrière souligne ainsi une forme de danger à courtiser la belle...

 

La strophe suivante en occitan nous permet d'entendre cette belle langue :

"La filha a son fenestron
canta los uèlhs barrats
e dins cada cançon
espera se trobar.
Aquò val fòrça mai."

« La fille à sa fenêtre
chante les yeux fermés
et dans chaque chanson
espère se trouver.
Cela vaut bien plus. »

Il s'agit d'une version en occitan du troisième couplet...

 

Enfin, dans la dernière strophe, Cabrel rend précisément hommage à ces poètes d'autrefois, en citant quelques noms, autant de poètes du passé dont on a oublié les noms, et les oeuvres, autant d'auteurs dont les noms aux sonorités lointaines nous émeuvent et nous intriguent :

 
"Jaufré Rudel, Guillaume
Bernard de Ventadour
Pèire, Bertran de Born,
cent autres troubadours."

Francis Cabrel se veut l'héritier de ces troubadours oubliés, comme le soulignent les derniers mots de la chanson...


"On veille à l’héritage
guitares autour du cou."

Le refrain "Rockstars du Moyen Âge, nous descendons de vous." vient insister sur cette idée tout au long de la chanson.

 

La mélodie très douce, délicate, les choeurs, la langue occitane nous transportent au Moyen Age...

 


 


Paroles de « Rockstars du Moyen Âge »
 

https://lyricstranslate.com/fr/francis-cabrel-rockstars-du-moyen-age-lyrics.html

 

 

 

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26 août 2022 5 26 /08 /août /2022 10:30
Ma petite est comme l'eau, elle est comme l'eau vive...

 

 

Une chanson limpide ! Une chanson qui célèbre l'amour, l'enfance, la jeunesse, la beauté, la liberté !

Cette chanson, c'est L'eau vive de Guy Béart...

Quelle tendresse, quel amour on perçoit dans cette expression qui ouvre la chanson : "Ma petite" !

On entre alors dans l'intimité d'un père qui évoque sa fille avec des termes dont on perçoit aussitôt toute la valeur et toute la dimension affective...

Avec cet emploi, on ressent tout l'attachement d'un père pour son enfant qu'il veut protéger...

 

D'autant que cette "petite" aime la liberté, ce que suggère bien la comparaison avec "l'eau vive, et le ruisseau." Image de fraîcheur et de beauté, elle est aussi un coeur qui ne se laisse pas facilement dompter.

Associée à des verbes de mouvement "courir, poursuivre, rattraper", la petite paraît insaisissable et incontrôlable....

Cette vivacité de l'enfant est aussi soulignée par la répétition du verbe à l'impératif :  "Courez, courez" . 

On est sensible ici à la simplicité du vocabulaire, à sa limpidité : le verbe "être" répété, le style parlé avec les impératifs, l'emploi de la deuxième personne du pluriel....

En même temps, l' enfant n'est pas nommée, ce qui donne à la chanson une valeur universelle...

 

Le deuxième couplet nous montre la jeune fille dans un cadre naturel magnifique, sensuel, avec le chant des pipeaux, la vision de l'eau qui danse, des "troupeaux", des herbes et arbres de Provence qui embellissent le paysage " l'olive, le laurier, le thym et le serpolet..."

On entend même la voix de la petite, ce qui la rend plus proche : "Venez, venez, mes chevreaux, mes agnelets..."

 

Ce tableau charmant, idyllique est brusquement interrompu par une notation temporelle, dans le couplet suivant : "Un jour", et par l'emploi d'un passé simple qui marque une rupture, un événement inattendu : "Vinrent les gars du hameau pour l’emmener captive".

Encore un double impératif pour suggérer l'idée de capture : "Fermez, fermez votre cage".

 

Mais l'eau vive ne se laisse pas si facilement emprisonner, on peut être sûr qu'elle "s'envolera", un verbe de mouvement encore qui souligne une idée de liberté infinie : c'est là l'image d'un oiseau insaisissable...

 

Nouvelle comparaison dans la strophe suivante : ce sont les jouvenceaux qui, cette fois, sont assimilés à "de petits bateaux emportés par l'eau vive", ils sont comme subjugués par les beaux yeux de la petite qui deviennent de véritables paysages  où "les jouvenceaux voguent à la dérive..."

Belle image de l'amour qui rend fou et obsède !

Cependant, ces jouvenceaux peuvent bien voguer, ils sont voués à "accoster", donc voués à l'immobilité, bien loin de l'eau vive qui "n'est pas encore à marier".

 

Pourtant, c'est inéluctable et le narrateur le sait bien : 

"un matin nouveau à l’aube, mon eau vive
Viendra battre son trousseau, aux cailloux de la rive."

Le futur montre bien que la jeune fille un jour prochain est destinée à venir battre son trousseau de mariage et à s'éloigner.

Dès lors, les autres sont invités à "pleurer" devant la solitude du narrateur.

 

Et le texte s'achève encore avec un verbe de mouvement au passé composé : "Le ruisselet, au large, s’en est allé". Comme par enchantement, la petite est devenue elle-même cette eau vive à laquelle elle était comparée au début de la chanson...

 

Cette chanson est un magnifique condensé de vie : l'enfance, le père protecteur, la beauté de la nature, les dangers que l'on peut rencontrer, l'amour, l'envol, le mariage, l'éloignement, la solitude...

 

Voilà un bel hymne à la beauté de l'enfance, à la nature, à l'eau, symbole de vie, de liberté, un bel hommage à sa fluidité, sa magie, cette chanson nous émeut aussi par sa simplicité, son évidence.

 

La mélodie limpide, le texte font songer à une comptine, une chanson enfantine, donc particulièrement adaptée au thème traité...

 

Le texte :

 

https://www.paroles.net/guy-beart/paroles-l-eau-vive

 

 

 

 

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