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26 avril 2024 5 26 /04 /avril /2024 12:18
 "Ce qu’on exige de la mère du XXIe siècle est exorbitant..."

Elisabeth Badinter était l'invitée de La Grande Librairie ce mercredi 24 avril : elle a présenté son ouvrage intitulé Messieurs, encore un effort :

"Faire un bébé aujourd'hui, c'est accepter une moindre rémunération tout en assumant les contraintes de la double journée, c'est supporter, bien davantage que le père, le poids psychologique de la parentalité. Les mentalités évoluent, dit-on... Pas assez, et sûrement pas assez vite, et même les politiques natalistes sont insuffisantes, qui ciblent les aides à la petite enfance, alors que la charge mentale des mères se prolonge bien au-delà."

 

"Le problème qui se pose actuellement concerne avant tout les hommes qui, hélas, ne font pas les efforts nécessaires pour que les femmes aient envie d'avoir un enfant de plus, parce que, dans la famille, il y a encore une inégalité des sexes qui est très lourde pour les femmes...

Pourquoi cette persistante inégalité des sexes dans la famille ?

C'est dû en grande partie à ce qu'on appelle les stéréotypes de genre, à savoir si une femme fait des enfants, elle est mère, elle s'occupe de son bébé, il faut constamment penser à mille choses qui vous prennent la vie, j'avais envie de dire, qui vous bouffent la vie.

Et c'est fatigant, surtout quand on travaille à temps complet. Ce qui est quand même le cas de beaucoup de femmes aujourd'hui en France. Et donc, trop c'est trop...

Au fond, il ressort de tout cela au bout du bout, que les femmes en font toujours plus que les hommes."

 

Ménage, vaisselle, entretien du linge, rangements, cuisine : le travail accompli par les femmes reste très lourd et pesant.

Même si les hommes prennent part à certains de ces travaux, les femmes accomplissent le plus souvent la plupart de ces tâches...

C'est à elles que reste dévolu l'entretien de la maison, c'est à elles que sont réservés cuisine, ménage.

 Et, en même temps, dorénavant les femmes travaillent...

Mais quel boulot d'être une femme ! C'est un travail à part entière...

 Les femmes qui ont des enfants, qui travaillent, doivent jongler sans arrêt entre les obligations de leur profession et le temps dévolu à leur famille.

 Alors, bien sûr, certains hommes font des efforts mais le partage des tâches reste très inégalitaire.

Voyez-vous beaucoup d'hommes faire le ménage, la vaisselle, la cuisine ?

 Dans  ce domaine, les habitudes restent bien ancrées : les hommes répugnent à faire le ménage ou la cuisine...

Il est même des hommes qui adorent voir leurs femmes s'adonner à ces activités ménagères : ils regardent, avec bonheur, leur femme s'activer, tandis qu'ils s'affalent sur un canapé.

 

"La charge mentale : toutes ces pressions, toutes ces injonctions, comment les femmes réagissent face à cela ? Une partie des femmes se laisse faire, elles se laissent happer par cette nouvelle éducation qu'on appelle éducation positive, éducation bienveillante qui est née au début du XXIème siècle et qui avait pour objectif de tracer les postulats de la "bonne mère".

Et alors, au lieu de soulager les mères, cette nouvelle éducation apporte un surplus d'angoisses, d'anxiété, d'exaspération des femmes.

L'une des causes principales de la dénatalité serait la révolution féministe inachevée. On n'en a pas pris assez compte.

Pendant 40 ans, il y a eu des progrès considérables pour les femmes, à la fin du vingtième siècle, les trente dernières années, l'influence de Simone de Beauvoir, les féministes américaines ont été extrêmement bien entendues des femmes, et ainsi, on a fait des études plus longues, les femmes ont compris qu'il y avait là un moyen d'accéder à plus de liberté, à plus d'indépendance.

Et ce qui est très intéressant, c'est que le phénomène de dénatalité est le même dans tous les pays industrialisés, de l'ouest à l'est, de l'Italie à la Corée du sud, partout où l'on confond femme et mère, la natalité chute.

J'habite devant un jardin et j'avais remarqué quelque chose : c'est qu'on emmenait nos enfants au bac à sable et les mères montraient un ennui stupéfiant, et j'ai senti là une lassitude de la maternité. Je ne partageais pas cet ennui parce que je n'étais pas une mère à temps complet, je travaillais.

Il y a 50 ans, beaucoup de femmes ne travaillaient pas, elles étaient à plein temps à la maison.

Depuis 20 ans, 30 ans, on fait vraiment de gros efforts pour reculpabiliser les femmes. Pourquoi ? Parce qu'aujourd'hui, on peut ne pas avoir d'enfants, c'est votre choix. Les femmes françaises se posent de plus en plus la question : est-ce que vraiment j'ai envie d'avoir un enfant ? Et elles font une chose qu'il était impensable de faire avant, c'est à dire le calcul des plaisirs et des peines... Qu'est-ce qu'un enfant va m'apporter et aussi quel prix je dois payer ?

Les femmes de ma génération jamais n'ont imaginé se poser la question : est-ce que je vais faire un enfant ou pas ? Cela allait de soi... d'abord pour beaucoup, la maternité représentait l'achèvement d'une nature féminine, on allait jusqu'au bout de sa nature, et donc on était une femme, comme disait Beauvoir, complète. Si on n'avait pas d'enfant, on était un pruneau sec.

 

Tout change dans le début des années 70, avec la loi Veil et le droit de prendre une pilule comme contraception.

Il y a aussi un risque qui pèse sur les droits des femmes, y compris le droit à disposer de leur corps. Ce droit à disposer de son corps, à mes yeux, n'est pas négociable. C'est une liberté obtenue après des siècles de non liberté. Je considère, pour ma part, qu'une femme dispose entièrement de son corps, et je me suis même heurtée à certaines collègues féministes : si une femme voulait se prostituer, à condition qu'elle n'y soit pas contrainte par des proxénètes ou autres, elle faisait ce qu'elle voulait.

Je suis inquiète : il faut aussi tenir compte du contexte international, du contexte politique... il y a quand même de plus en plus de pays même en Europe, qui deviennent ultra conservateurs, on pourrait dire d'extrême droite, et avec l'extrême droite, souvent apparaissent des exigences religieuses extrêmement strictes...

Et cela me fait peur, je me dis que si on devait voir arriver majoritairement en Europe des réticences, voire des interdictions, voire des limitations de la maîtrise du corps des femmes, cela serait, à mes yeux, une catastrophe.

Le monde ne va pas bien, il est en révolution, est-ce que ce sera au bénéfice des libertés ou le contraire ? Il y a trop de bouleversements politiques, économiques, démographiques et je me dis que peut-être nous achevons une grande période de libertés... je ne suis pas tellement optimiste.

Je ne serais pas si étonnée que d'ici quelque temps certains pays abandonnent l'abolition pour rétablir la peine de mort, je ne pense pas à la France, mais à une atmosphère générale dans les pays occidentaux en fonction de la montée des extrémismes."

 

Source :

https://www.france.tv/france-5/la-grande-librairie/saison-16/5857521-emission-du-mercredi-24-avril-2024.html

 

 

 

 

 "Ce qu’on exige de la mère du XXIe siècle est exorbitant..."
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12 avril 2024 5 12 /04 /avril /2024 11:54
De la cruauté en politique...


Cruauté et politique : il serait présomptueux de vouloir traiter ce thème dans toute son amplitude historique alors que depuis la plus Haute Antiquité les hommes ont eu une singulière tendance à obéir à l'impératif "Massacrez-vous les uns les autres !"
Si la cruauté est de toutes les époques, elle est aussi de tous les continents, même si l'ouvrage dirigé par Stéphane Courtois privilégie l'Europe " de l'Atlantique à l'Oural ", un espace géo-politico-culturel qui nous concerne au premier chef.

Stéphane Courtois est venu présenter son livre De la cruauté en politique lors du Festival de la Biographie... un ouvrage collectif puisque vingt-quatre auteurs ont participé à la rédaction.

"La cruauté commence presque déjà avec Cain et Abel et ensuite cela prend des proportions gigantesques... au départ, c'est un colloque international que j'ai organisé et cette idée m'est venue, il y a déjà pas mal d'années, parce que j'étais un peu énervé par mes collègues historiens qui travaillent sur la première guerre mondiale, sur la deuxième guerre mondiale, sur la shoah, ils ont toujours du mal à nommer les choses...

"Il y a eu de la violence, il y a eu de la violence extrême, il y a eu des exactions..." disent-ils. Mais parlons de ce qui s'est réellement passé : la cruauté... le mot "cruauté" vient du latin "crudelitas" et en latin "crudelitas", c'est la chair sanguinolente, là, on est dans le coeur du sujet.

 

Pour m'amuser dans l'introduction, j'ai évoqué une phrase que j'avais trouvée dans Le Figaro qui parlait de la cruauté des remaniements ministériels... oh ! cela m'avait fait beaucoup rire !

Ce n'est pas de cela qu'on parle dans ce livre... dans ce livre, on parle vraiment de la cruauté réelle, c'est à dire toutes les relations entre la question du pouvoir et puis le fait d'assassiner, de torturer, de violer, etc. qui est le propre de la cruauté.

Bien entendu, n'importe quel gouvernement doit avoir la force, on parle des forces de l'ordre, et la force est un élément positif... si vous n'avez pas la force, vous ne pouvez pas gouverner.

La violence, c'est déjà autre chose. La force est légale, la violence, ce sont des actes illégaux qui sont des atteintes aux personnes, des pressions, des intimidations...

La cruauté, c'est encore autre chose, parce que c'est, d'une part, la chair sanguinolente, c'est vraiment l'assassinat, et puis, il y a un élément supplémentaire dans la cruauté qui est l'élément du plaisir : le bourreau, celui qui assassine prend du plaisir à assassiner ses ennemis. C'est quelque chose qu'il faut avoir bien en tête, surtout au XXème siècle. Cela dit, il n'y a pas que le XXème siècle.

 

Dans ce livre, j'ai recruté des collègues et amis, surtout des historiens, des professionnels, depuis l'antiquité avec Eric Teyssier qui a écrit un chapitre sur la gladiature... tout le monde est persuadé à cause des péplums que la gladiature, c'est abominable, c'est d'une cruauté épouvantable, avec du sang partout... Que nous raconte Teyssier ? Pas du tout, la gladiature, c'étaient des choses très codifiées...

La cruauté est d'abord liée à la nature humaine, parce que, si chacun se regarde un peu dans la glace, n'a-t-il pas eu un jour l'envie d'étrangler un ministre, un président, un professeur, que sais-je, un voisin  ? 

ça, c'est quelque chose qui est vraiment dans la nature humaine. Dans la relation à la politique, il est tout à fait clair que depuis la haute antiquité, depuis la guerre de Troie, la violence, la violence extrême, la cruauté, c'est à dire le plaisir d'exterminer ses ennemis a été constante.

 

Et il faut bien dire que c'est plutôt dans la période la plus récente depuis le milieu du XIXème siècle, que la progression des régimes démocratiques a quand même contribué à rejeter aux limites extérieures de la société la cruauté dans le cadre de sa relation au pouvoir.

 

Bien sûr, vous ne pouvez pas empêcher des citoyens pour des raisons lambda de s'entretuer, ce sont des affaires privées, mais pour ce qui est du pouvoir, la démocratie parlementaire justement en concentrant les conflits au sein d'une enceinte réglementée, le parlement, une constitution, le vote qui donne un certain état des rapports de force qui est accepté par les partis, a quand même contribué à rejeter très fortement vraiment le plus loin possible du centre de la société, et du pouvoir de l'état, ce qu'était la cruauté.

 

C'est quand l'état est faible que les éléments de cruauté peuvent se multiplier.

Par exemple, au Haut Moyen âge, l'état monarchique est très faible, et il y a toutes sortes de petits barons, de petits chevaliers qui règnent sur leurs territoires, ils sont particulièrement cruels et ils agissent en toute impunité. Même certains hauts personnages de l'état, à commencer par le fameux Gilles de Rais qui est le compagnon de Jeanne d'Arc, connétable de France, qui a commis ensuite des crimes abominables, des assassinats d'enfants.

Mais finalement, quand l'état monarchique est assez fort, il commence à mettre de l'ordre, il commence à mettre les petits méchants au pas, et même dans l'affaire de Gilles de Rais qui est pourtant un notable extraordinaire, eh bien, à un moment donné, l'église a dit : "ça suffit !" On le fait arrêter, et on le remet à l'état monarchique qui l'a fait condamner en bonne et due forme.

Pas assez d'état provoque de très nombreux actes de cruauté parce qu'il y a des petits pouvoirs qui sont incontrôlables et qui agissent en toute impunité.

 

Par contre, l'effet inverse est encore plus dramatique : quand l'état devient tout puissant, et au XXème siècle Dieu sait si on a eu des états tout puissants, que ce soit le nazisme, que ce soit le communisme, alors là on atteint des niveaux de cruauté qui étaient inconnus jusque là.

Des millions de morts dans des conditions abominables, il suffit de voir l'extermination des juifs, il suffit de voir comment le camarade Staline se conduisait avec les paysans Ukrainiens, avec la fameuse famine de 1933 qui fait mourir de faim 5 millions de paysans, hommes, femmes et enfants en dix mois, de manière tout à fait volontaire.

On trouve aussi la cruauté dans les guerres civiles... en cas de guerre civile, l'état est affaibli par la force des choses, donc on a alors un affrontement entre deux parties qui en général vise à l'extermination d'une des deux parties : par exemple la Saint Barthélémy, la population parisienne devient enragée contre les protestants, c'est une tuerie incroyable entre "chrétiens", entre guillemets...

C'est vrai que les guerres civiles sont des moments de cruauté extrême, alors que pendant la guerre de 14, la cruauté n'est pas tellement présente, c'est une guerre qui a fait énormément de morts de tous les côtés... dans les premières semaines, c'est vrai qu'on se tue de près, à la baïonnette, mais ensuite on se tue de loin à coups d'artillerie... mais il y a un code très important : on n'extermine pas les prisonniers... mon grand-père a été blessé pendant la guerre de 14, il s'est fait ramasser par les Allemands, il a été soigné et en 1918, il est rentré.

 

Ce point est très important : en temps de guerre, est-ce qu'on massacre des civils ?

Comme vous le voyez avec ce qui se passe au Moyen Orient, nous sommes en plein dedans, il y a eu une attaque extraordinaire contre Israël le 7 octobre et à partir de ce moment on a d'autres actes de cruauté, il est très difficile d'ailleurs de départager, de dire qui a tort, qui a raison...

C'est un des problèmes de la cruauté : quand les phénomènes de cruauté se déclenchent, en général ils sont  contagieux, c'est à dire qu'on rentre dans un enchaînement qu'il est extrêmement difficile d'arrêter.

Regardez la deuxième guerre mondiale : les nazis sont partis dans un déchaînement pas seulement de violence, mais de cruauté : ils ont martyrisé, torturé, assassiné des gens par millions. D'un autre côté, les Soviétiques ont fait la même chose, ils le faisaient déjà chez eux, ils l'ont fait dans les pays où ils ont pénétré, on ne faisait alors pratiquement pas de prisonnier.

Les Khmers rouges, un petit groupe de révolutionnaires, s'emparent du pays et ils tuent à peu près le quart de la population dans des conditions abominables. A Phnom Penh, il y avait un centre de mise à mort où quinze mille personnes ont été emmenées et il n'y en a pas une qui est sortie vivante, elles ont toutes été torturées à mort. Et Duch, le monsieur qui dirigeait ça a quand même été arrêté par la suite, il est passé dans un procès international, et il a expliqué : "Oui, c'est moi qui ai tenu ce centre, c'est moi qui ai formé tous les bourreaux à torturer pour obtenir des aveux complètement bidons d'ailleurs... et puis ensuite comment il fallait achever le travail, assassiner... Tout ça pourquoi ? Pour une idéologie... ça c'est un élément nouveau de l'histoire de la cruauté, l'émergence d'idéologies modernes, les grandes idéologies, communisme, nazisme, etc. qui légitiment non plus quelques crimes, quelques massacres, mais qui légitiment des crimes de masse, des crimes contre l'humanité.

Dans ce livre, vous avez un chapitre d'un collègue russe sur les bourreaux de Staline, un de ces bourreaux Vassili Blokhine a assassiné d'une balle dans la tête environ quinze mille personnes.

Vous avez des sadiques et des psychopathes et comme par hasard ce type de régime recrute ce type de personnes pour faire le travail. Chez un type comme Blokhine, il tue, cela ne lui pose aucun problème, c'est comme s'il allait au bureau, c'est comme s'il fumait une cigarette, il tue, il tue toute la nuit. Alors quel plaisir a-t-il ? Il a le plaisir d'être un bon communiste qui fait le travail qu'on lui demande de faire. Mais il a un autre plaisir : ce sont des gratifications très importantes... en tant que bourreau en chef, reconnu par Staline, il reçoit un ordre de Lénine, un ordre du drapeau rouge, avec chaque fois des gratifications financières importantes, il reçoit une montre en or, il reçoit une voiture, à l'époque dans les années 30, c'étaient des gratifications extraordinaires."

 

 

 

 

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1 mars 2024 5 01 /03 /mars /2024 13:12
Gustave Caillebotte, l'impressionniste inconnu...

À la fois collectionneur, mécène et peintre, Gustave Caillebotte a été un personnage central du mouvement impressionniste. Grâce à des archives familiales inédites, Stéphanie Chardeau-Botteri nous emmène sur la piste d’un homme qui a marqué le milieu artistique du XIXe siècle, symbole d’un Paris en proie au renouveau.
 

Invitée lors du Festival de la Biographie, Stéphanie Chardeau-Botteri a présenté son ouvrage : Gustave Caillebotte, l'impressionniste inconnu...

"Gustave Caillebotte a aidé énormément le mouvement impressionniste et 130 ans après, très peu de personnes le connaissent, donc je me suis dit : Il faut absolument que j'écrive sa biographie, je suis une des descendantes de Caillebotte par son frère parce que l'artiste n'a pas eu d'enfant.

 

Sa vie m'a été racontée par sa nièce, Geneviève Caillebotte (Caillebotte avait 3 frères, l'ainé était un prêtre, le deuxième est mort à 25 ans, très jeune donc sans enfant, et le dernier, c'était mon arrière arrière grand-père qui a eu deux enfants, le premier est mort pendant la guerre de 14, donc il ne restait plus que Geneviève...) Geneviève que j'ai connue jusqu'à mes 14 ans, et qui nous a baignés d'histoires impressionnistes, jusqu'à ce qu'elle décède à à peu près cent ans. C'est elle la principale source, relayée par mon grand-père qui était très proche de sa maman et qui nous a baignés aussi dans cet univers impressionniste.

 

Gustave Caillebotte avait plusieurs casquettes, il n'est pas qu'un peintre impressionniste, mais aussi un très grand collectionneur (Monet, Manet, Renoir, Sisley, Pissarro, Cézanne), il était  un grand régatier, un grand horticulteur, et un philatéliste renommé.

Il a suivi les cours des beaux arts, c'est là qu'il a peint ses Raboteurs de parquet, il a présenté cette oeuvre au Salon officiel, le tableau a été refusé, parce qu'il choquait trop. Donc, à partir de ce moment-là, il s'est dit : "Je vais me tourner vers de nouveaux peintres, la nouvelle peinture et là, il a rencontré Degas qui lui a permis de rencontrer Renoir, Manet, Cézanne et tous les autres. Il est devenu très ami avec Renoir et Monet.

 

Caillebotte avait hérité jeune de son papa, il était relativement aisé, il n'avait pas besoin de vendre ses tableaux, il était très peu vendu à l'époque, il offrait beaucoup de ses tableaux, les oeuvres offertes au Musée d'Orsay sont souvent des cadeaux qui ont été faits à ses descendants. Pendant cent ans, son oeuvre a été oubliée parce qu'il est mort très jeune à 45 ans et qu'il n'a pas cherché à vendre...

 

Ses sources d'inspiration ? D'abord, la nature, avec les régatiers, les rameurs, un sport qui commençait à devenir à la mode, Caillebotte était lui-même un grand régatier, il a gagné énormément de régates, il a construit ses propres bateaux, et aussi le Paris d'Hausman, les rues, les pavés, la pluie qui tombe, les ponts, tout ce qui était moderne. Il a voulu montrer le nouveau Paris, la gare Saint-Lazare, le Pont de l'Europe, il était très attiré par la nouveauté...

 

Il était très proche de sa famille, mais malheureusement, son père, sa mère, son frère sont morts en trois ans à la suite. Avec un autre frère, ils ont vendu leur maison en Essonne, et leur maison rue de Miromesnil à Paris, après ces trois décès, ils ne pouvaient plus vivre dans cette maison, c'était trop triste. Donc, ils ont habité tous les deux ensemble, boulevard Haussmann, ils louaient un appartement très moderne. Après, mon arrière grand-père s'est marié, et Caillebotte est parti vivre au Petit Gennevilliers, et là il vivait avec sa compagne Charlotte.

 

Il a peint environ 500 tableaux... à sa mort, les oeuvres n'étaient pas vendues, elles n'étaient pas sur le marché. La famille ne cherchait pas à les vendre, il n'était pas connu du marché de l'art. Il avait beaucoup aidé Monet, Renoir, Pissarro en leur donnant beaucoup d'argent et en achetant leurs oeuvres. A cette période, il est très connu parmi le mouvement impressionniste, mais quand il est mort, avec les années, on l'a un peu oublié...

 

Caillebotte avait une vision très moderne de la vie : les peintures en perspective, peintes de haut, en haut des toits de Paris, avec de nouveaux points de vue... Pour lui, c'était important d'innover, il a beaucoup influencé les peintres actuels.

 

Je suis moi-même experte en tableaux et cela vient de la famille, j'ai été bercée dans cet univers-là. Mon grand-père m'emmenait voir des expositions. Il nous expliquait tout, tous les mouvements, j'ai fait des études de droit et rapidement, je me suis dit : "Non, ce n'est pas pour moi..."

Caillebotte a peint aussi des nus, mais ça ne plaisait pas du tout, c'était beaucoup plus rude, sans aucune mythologie...

 

Le journaliste qui interroge Stéphanie Chardeau-Botteri lui pose alors cette question : "Est-ce qu'on ne peut pas dire aujourd'hui que le marché de l'art est devenu un peu fou ?", le journaliste citant alors l'exemple d'un peintre qui a mis une merde, un étron dans un tube, qui s'est vendu une fortune. "ça, moi je sais le faire.", commente le journaliste.

"Un petit peu, le marché de l'art accepte trop de choses", répond la jeune femme.

Le journaliste insiste : "L'art est devenu un marché spéculatif."

"Oui, un  peu plus... je pense que l'histoire de l'art fera son travail, et à la fin, ne resteront que les bons.", répond Stéphanie Chardeau-Botteri.

"Est-ce que le truc qu'on a payé 300 millions de dollars, demain ça vaudra des cacahuètes ?"

Réponse : "Je pense peut-être. L'histoire de l'art va choisir certains artistes et d'autres seront éjectés."

 

 

 

 

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2 février 2024 5 02 /02 /février /2024 13:33
Fellini Blues...

 

Une lecture-concert : une idée originale pour ce spectacle présenté lors du Festival de la Biographie...

 

Des extraits du nouveau roman de Jean-Pierre Milovanoff intitulé Fellini Blues ont été lus par son auteur avec un accompagnement des musiciens Raphaël Lemonnier au piano et Marc Simon, à la guitare, batterie, aux percussions tonales, à la trompette...

Un joli moment de grâce et de bonheur musical avec des airs de Nino Rota et des notes de blues...

 

"Valentin, 50 ans, vit avec sa mère. Il a peu lu, alors qu’il travaille comme magasinier dans une bibliothèque, et nourrit un complexe d’infériorité intellectuelle. Il est fin cuisinier et amateur de bons vins.

Il s'agit d'un modeste employé d'une bibliothèque de quartier qui est en fait manutentionnaire, il trimbale toute la journée des livres qu'il n'a pas lus. C'est un homme jeune, grand amateur de vins, ce n'est pas un séducteur mais il plaît presque malgré lui à des femmes qui apprécient son allure, sa discrétion et sa bienveillance.

On a donc un portrait de ses différentes compagnes...

Lorsqu'il rencontre Tancrelle qui est professeur de lettres et passionnée de cinéma et surtout des films de Fellini, toutes ses routines de célibataire s'effondrent. C'est le grand amour qui commence."

Une musique de jazz vient ponctuer cette présentation du roman...

 

"Valentin n'ignore pas que sa mère veille sur lui comme l'apiculteur sur les abeilles. Aussi se croit-il tenu, par une délicatesse de sentiment qui va bien au delà du respect filial, de lui cacher ses espérances et plus encore ses penchants assez éloignés de ceux qu'elle attend de son fils...

Impossible de lui confier sa secrète prédilection qui s'apparente à de la tendresse pour certains crus du Languedoc, les rouges surtout quand ils possèdent des notes denses, calcaires, avec des fragrances de mûres et de figues de ronciers, lesquelles s'assortissent merveilleusement à ses cordes vocales un brin éraillées au point qu'il n'est pas rare de les entendre résonner harmoniquement dès le premier cruchon. Cet attrait pour la production locale de qualité ne témoigne d'aucun chauvinisme. Si un supermarché vend en promotion des Bordeaux déclassés ou des vins chiliens, Valentin ne manque jamais d'en faire une ample collecte, quitte à s'attirer une remontrance de sa banquière pour ces dépenses imprévues.

Dans un registre différent (mais à peine), Valentin cache à sa mère qu'il fréquente peu, voire pas du tout, les sages demoiselles de la Haute Société financière, destinées à devenir chefs d'entreprise du Cac 40, qu'elle rêve d'avoir pour belles filles.

Soyons plus clair : Valentin s'amourache exclusivement de partenaires à grande valeur ajoutée, il aime les beautés fruitées, fardées, maquillées, millésimées, souvent trafiquées, longues en bouche et dotées d'une belle réputation, qui ont connu avant lui des transports nombreux et parfois la vie de château, et lui procurent une griserie joyeuse sans remords.

Peu lui importe que ces séductrices aient grandi en Bourgogne, en pays d'Oc ou sous le soleil d'Algérie. Amateur de vendanges tardives, il apprécie la saveur généreuse des Vénus expérimentées, qu'elles aient mûri en Alsace ou au Portugal, c'est pourquoi il fréquente en fin de semaine les bodégas propices aux rencontres sans lendemain."

Jusqu'à ce qu'il rencontre Tancrelle, après avoir subi un accident cardiaque et avoir changé de mode de vie...

 

Après le récit de son accident, on écoute le thème du film de Fellini : Huit et demi, un régal de fantaisie, de gaieté...

(Huit et demi (Otto e mezzo est un film franco-italien réalisé par Federico Fellini, sorti en 1963. Il est considéré comme l'un des meilleurs films jamais réalisés.

Le film suit un cinéaste dépressif qui fuit le monde du cinéma et se réfugie dans un univers peuplé de souvenirs et de fantasmes. Surgissent des images de son passé, son enfance et l'école religieuse de sa jeunesse, la Saraghina qui dansait sur la plage pour les écoliers, ses rêves fous de "harem", ses parents décédés.)

Puis, après la rencontre avec Tancrelle, on est ému par la célèbre musique de La Strada...

 

Ensuite, on reconnaît le thème enjoué de Amarcord... 

 

"Un roman "humain", chaleureux, nostalgique, aussi imprévisible que l’est la vie, aussi guetté par la fin que nous le sommes tous  : comme un blues de nos existences trop brèves…" peut-on lire dans quatrième de couverture de ce roman...

 

Merci aux musiciens et au conteur pour ce délicieux moment de fantaisie et de nostalgie...

 

 

 

https://books.google.fr/books?id=6OraEAAAQBAJ&pg=PA1897&lpg=PA1897&dq=Impossible+de+lui+confier+sa+secr%C3%A8te+pr%C3%A9dilection+qui+s%27apparente+%C3%A0+de+la+tendresse+pour+certains+crus+du+Languedoc.&source=bl&ots=HBMMcwxrMc&sig=ACfU3U3rqZzrymi7vuTnmZ5OyyPzY_YGrg&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwjmnOPj1ISEAxX2caQEHXMNAtMQ6AF6BAglEAM#v=onepage&q=Impossible%20de%20lui%20confier%20sa%20secr%C3%A8te%20pr%C3%A9dilection%20qui%20s'apparente%20%C3%A0%20de%20la%20tendresse%20pour%20certains%20crus%20du%20Languedoc.&f=false

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8 janvier 2024 1 08 /01 /janvier /2024 13:10
L'appel de la forêt... numérisé...

J'ai vu récemment une adaptation cinématographique du roman de Jack London, L'appel de la forêt... tout le monde connaît l'histoire de ce célèbre roman :  un chien domestique, enlevé à ses maîtres, vendu comme chien de traîneau à l'époque de la ruée vers l'or, revient à ses instincts naturels une fois confronté aux pièges et à la rudesse du territoire du Yukon, au Canada.

Mais quelle déception !

Dans cette adaptation du chef d’œuvre de Jack London, les chiens et les loups sont en images de synthèse, les vastes paysages travaillés à la palette graphique..

Le chien Buck humanisé semble singer les humains : on ne peut y croire.

 

Un film sur la nature, ses beautés, en images de synthèse : quelle aberration ! Quel ratage ! Tout semble truqué, factice...

Ce film réalisé en 2020 par Chris Sanders est donc une version moderne du roman de Jack London...

 

Le cinéma propose même désormais la numérisation de célébrités : bientôt on pourra décerner des oscars à des acteurs disparus que la numérisation fera revivre sur les écrans.

Est-ce un progrès ?

 

Bientôt des présentateurs de télévision virtuels, des avatars numériques ?

Le but : faire baisser le coût de production... ces avatars sont capables bien sûr d'assurer l'antenne 24 heures sur 24, ils existent déjà en Chine.

On peut faire dire à ces avatars n'importe quoi, encore plus que d'habitude.

 

L'innovation technologique à tout prix nous conduit ainsi au pire : une déshumanisation totale...

Des emplois supprimés, du chômage, un monde aseptisé, artificiel, inhumain...

On en arrive à un point où le progrès nous fait régresser : nous sommes dans la démesure, l'excès, l'hubris, comme le disaient les anciens Grecs...

L'humain perd sa place, et on assiste là à une régression dangereuse...

 

Dans le confort de nos villes modernes et bétonnées, nous avons aussi tendance à perdre le contact avec la nature : et on nous propose des films avec des animaux factices, numérisés...

 

Pour découvrir une nature authentique, il vaut mieux regarder La Panthère des Neiges, un documentaire où le photographe Vincent Munier entraîne l’écrivain Sylvain Tesson dans sa quête de la panthère des neiges. Il l’initie à l’art délicat de l’affût, à la lecture des traces et à la patience nécessaire pour entrevoir les bêtes. En parcourant les sommets habités par des présences invisibles, les deux hommes tissent un dialogue sur notre place parmi les êtres vivants et célèbrent la beauté du monde.

 

 

 

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5 mai 2023 5 05 /05 /mai /2023 11:29
La reine de l'Egyptologie...

 

Claudine Le Tourneur d'Ison a rédigé une biographie de Christiane Desroches Noblecourt, égyptologue : elle a été son élève et elle est venue présenter son ouvrage lors du Festival de la Biographie à Nîmes...

Christiane Desroches Noblecourt est une des rares femmes à avoir laissé son nom dans l'histoire de l'Egyptologie.

 

"Elle a fait beaucoup pour l'Egypte, pour le musée du Louvres qu'elle a vraiment enrichi. C'est elle qui a initié la campagne de Nubie : en 1954, Nasser qui arrive au pouvoir décide qu'il faut moderniser et industrialiser le pays. Il va faire construire un grand barrage au sud d'Assouan. Ce grand barrage va créer un lac de 500 kilomètres qui va noyer la Nubie. Il noie ainsi toute une partie de l'histoire, avec deux temples emblématiques, le temple d'Abou Simbel et les temples de l'île de Philae.

 

Christiane Desroches Noblecourt clame qu'on ne peut pas laisser disparaître un patrimoine aussi colossal. C'est elle qui génère le début de la campagne de Nubie qui va durer 20 ans, et pendant 20 ans de sa vie, elle va se battre pour que les temples soient sauvés, déplacés.

Et elle y parvient grâce à l'Unesco et au soutien des Egyptiens. C'est une énorme aventure humaine.

 

Construire ces temples a été déjà une colossale entreprise humaine. Ce qu'ont fait les Egyptiens anciens, construire ces temples, cela a déjà été colossal... Ceux qui ont déplacé le monument et qui ont découpé Abou Simbel, (parce qu' Abou Simbel, c'était un temple creusé dans la roche), tous ces hommes qui ont découpé, qui ont démonté, qui ont remis le temple dans un endroit préservé ont fait un vrai travail de génie.

 

Dans le livre, il y a deux chapitres sur la campagne de Nubie : une grande aventure humaine... on n'imagine pas aujourd'hui que cinquante nations dans le monde ont donné de l'argent pour sauver des temples...

Aujourd'hui, cela paraît vraiment inimaginable et cette grande aventure humaine nécessite d'être remise au goût du jour et racontée, parce qu'il faut voir ce que les hommes au XXème siècle ont fait aussi. L'amitié et la coordination entre les peuples, à ce moment-là, entre 1960 et 1980 a fait en sorte qu'un patrimoine mondial a été sauvé.

 

Et c'est de là qu'est issue la notion de patrimoine mondial de l'Unesco.

 

Christiane Desroches Noblecourt a aussi régné 50 ans sur le Louvres, c'est elle qui a vraiment démocratisé et popularisé l'Egyptologie. Avant, c'était quand même un domaine très intimiste et grâce aux grandes expositions qu'elle a initiées, comme en 67 l'expo Toutankhamon, en 76, l'expo Ramsès, ces expositions qui attirent énormément de monde... en 67, il y a un million deux cent mille personnes qui vont voir Toutankhamon, alors que personne n'allait en Egypte et que les voyages en Egypte, c'était pour une toute petite élite."

 

https://www.babelio.com/livres/Le-Tourneur-dIson-Christiane-Desroches-Noblecourt--La-reine-de-lg/1435086#!

 

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13 août 2016 6 13 /08 /août /2016 13:28
La lecture sur internet...

 

 

 

 

La lecture suppose attention et concentration, elle exige une certaine rigueur... Or, la lecture sur internet est, souvent, perturbée par des publicités, des annonces de toutes sortes.

 

Comment se concentrer face à tous ces écrans qui nous sollicitent de toutes parts ?

Ordinateurs, tablettes, i-phones, tant d'écrans sont mis à notre disposition pour délivrer des informations.

Mais, comment lire attentivement un journal dont la page unique est fondée sur la dispersion et des informations multiples ?

 

Quand on ouvre un article sur internet, on voit s'afficher sur les côtés, de nombreux autres titres.

Et même si on utilise un bloqueur de publicités, l'attention se disperse souvent  sur certains sites qui font leur propre promotion, de manière tapageuse.

On est face à une mosaïque de messages qui attirent l'attention si bien qu'on est tenté de passer d'un site à un autre...

Certains articles sont surchargés de liens qui conduisent le lecteur à une dispersion plus grande, encore...

 

Par ailleurs, l'écran d'un ordinateur, par ses reflets, sa brillance, fatigue, rapidement, les yeux du lecteur.

 

Internet, c'est, aussi, le règne de l'immédiateté et de l'instantanéité : il faut s'informer vite, parcourir les titres, on en vient à grappiller sans vraiment approfondir...

 

La profondeur, c'est ce qui manque dans le monde moderne.

Et internet a tendance à aggraver et encourager une certaine légèreté dans la lecture.

 

Notre monde de sollicitations permanentes, avec des loisirs qui se sont diversifiés, n'aime plus la profondeur et la rigueur de l'analyse : à l'ère de Twitter, les internautes se délectent de propos à l'emporte-pièces, ils apprécient les réactions immédiates, lancées à la volée.

A l'heure d'internet, la tendance est, souvent, à l'émiettement et à la dispersion.

 

Partout, et même sur internet, la propagande va bon train, car cette propagande ne se cantonne pas aux médias traditionnels, comme la télévision ou la radio.

 

La propagande se trouve aussi sur internet, et comme nous sommes abreuvés d'informations, il est difficile de faire le tri.

 

Des erreurs se propagent, car chacun peut diffuser toutes sortes d'articles et de messages. Ces erreurs peuvent être volontaires, ou, parfois, elles sont dues à une forme d'ignorance...

 

Lire sur internet demande un esprit critique : il faut vérifier les sources, s'interroger, et souvent le monde moderne qui nous bouscule, ne nous en laisse pas le temps.

 

En fait, pour lire en toute sérénité, rien ne vaut le livre : on peut facilement souligner des phrases, des extraits, le regard est sollicité par un seul message, et l'attention est bien meilleure.

Le livre doit rester une référence essentielle : il permet de trouver une vraie sérénité et une concentration accrue dans la lecture.

 

 

 

 

 

La lecture sur internet...
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13 juin 2016 1 13 /06 /juin /2016 13:46
Pour découvrir les secrets et les mystères des jardins...

 

 

Une conférence consacrée aux secrets des jardins, voilà de quoi passionner tous les amoureux de la nature...

 

Dans un cadre champêtre, Pauline Tanon, auteur, metteur en scène, comédienne nous a fait découvrir un de ses ouvrages dédiés aux Secrets des jardins.

 

Elle évoque tour à tour ces lieux associés à des personnalités, des écrivains, des chanteurs, des scientifiques,  des hommes et des femmes politiques.

 

Tout d'abord, elle nous révèle les mystères du jardin de William Christie en Vendée : ce chef d'orchestre, spécialiste de musique baroque a composé un jardin inspiré des jardins italiens et français du Grand siècle... On y voit se dérouler des broderies végétales étonnantes et somptueuses par leurs formes. 

 

Puis, Pauline Tanon nous raconte le rôle artistique des jardins, avec l'exemple de celui de Monet à Giverny : un jardin foisonnant, où se mêlent des fleurs sauvages à des variétés plus rares et plus recherchées, un jardin auquel le peintre a consacré beaucoup de temps et qui a inspiré tant d'oeuvres de sa création...

On songe au pont japonais, aux nymphéas, aux massifs, aux arceaux de fleurs, aux iris, aux roses, aux agapanthes, aux glycines.

 

Le jardin peut être, aussi, un lieu social et utile à la santé... ainsi, Michèle Obama a voulu, à travers le jardin de la Maison Blanche délivrer ce message : il faut bien manger et bouger. Le jardin acquiert, ainsi, un rôle thérapeutique. Ce lieu de convivialité se veut également solidaire, puisqu'il accueille des cultures indiennes, chinoises, du monde entier...

 

Le cas du chanteur de blues Joe Cooker est remarquable : son jardin du Colorado l'a sauvé de la drogue, il y a cultivé uniquement des tomates et cette activité l'a détourné de son addiction.

 

Soliman le magnifique a, quant à lui, créé 20 jardins à Contantinople, où il montra une forme de sensibilité surprenante qui contraste avec la violence des moeurs de son règne. Sa passion des jardins étonne, dans une société si cruelle.

Il appréciait des jardins d'agrément et d'apparat : tous les jours, Soliman visitait un de ses jardins, s'y recueillait, s'adonnait à la poésie...

 

Christian Dior passa son enfance dans une maison à Granville, avec un jardin au bord de la mer : il se passionna, plus tard,  pour la culture du muguet, qui devint pour le couturier une plante fétiche, au parfum enivrant...On apprend, alors, que l'on ne peut extraire le parfum de cette fleur, qu'il faut le reconstituer chimiquement. 

 

Le botaniste Jussieu pratiqua une médecine philanthropique, grâce à la culture du quinquinna, en Amérique du sud.

 

Ainsi, l'ouvrage de Pauline Tanon met en évidence toutes sortes de fonctions des jardins : jardin vivrier, jardin d'agréments, jardin social.

 

Son livre nous fait voyager dans le temps et l'espace, il nous fait partager des passions, des bonheurs, évoque des destins humains souvent exceptionnels...

Le cadre dans lequel s'est déroulée cette conférence était, évidemment, un jardin : à l'ombre des tilleuls, en fleurs, sous les douces senteurs printanières de ces arbres apaisants...

Ce fut l'occasion de redécouvrir tout l'art des jardins et des plantes, leur beauté, leur utilité, leur harmonie.

 

On pouvait percevoir tout un bonheur de nommer les plantes, d'en déceler les vertus, de déambuler dans une grande variété de jardins...

 

 

 

http://www.franceculture.fr/emissions/ne-parle-pas-la-bouche-pleine/dans-les-jardins-des-grosses-legumes

 

 

 

 

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11 juin 2015 4 11 /06 /juin /2015 16:22
Merveilles de la lecture...

 


 

Victor Hugo a découvert, très jeune, le bonheur de la lecture : il raconte cette expérience, dans un de ses poèmes les plus connus, extrait des Contemplations, intitulé Aux Feuillantines.


Les Feuillantines étaient un ancien couvent désaffecté où résida la mère de Hugo de 1809 à 1812... Ce poème nous replonge dans le monde merveilleux de l'enfance : Victor Hugo évoque ses deux frères, sa mère, dans une scène familière...


La mère apparaît à la fois protectrice et impérieuse : le jeu est permis mais il est interdit de piétiner "les fleurs" et d'escalader les "échelles"... Son discours, plein de simplicité, est reproduit directement, avec l'emploi de la première personne et du présent d'énonciation : "
je défends Qu'on marche dans les fleurs et qu'on monte aux échelles."

L'impératif "jouez", les subjonctifs "qu'on marche " qu'on monte" traduisent la bienveillance attentive de la mère. 


L'enfance associée au jeu, au bonheur, au rire, au bon appétit, apparaît, aussi, comme un monde de découvertes, de nouvelles expériences. Le grenier du couvent, lieu de jeu et de mystères, attire les jeunes enfants que sont Abel, Victor et Eugène.

L'imparfait d'habitude souligne l'intérêt que suscite ce grenier : "nous montions, nous regardions...  un livre inaccessible."

Le verbe "regarder" met en évidence, aussi,  toute la curiosité des enfants, car il évoque une observation attentive.

Et les enfants sont, rapidement, éblouis par ce livre lointain, situé sur le "haut d'une armoire", un livre qui leur paraît comme un trésor à atteindre et conquérir.


Ce livre devient l'objet d'une quête, d'une curiosité infinie, il est "noir", étrange, mystérieux, et finalement les enfants parviennent à atteindre l'objet, une "Bible", le livre par excellence.


Ce sont, alors, de véritables éclats de sensations qui apparaissent, soulignés par des exclamations : l'odeur du livre, la magie des images, des estampes, le ravissement de la découverte !

Les exclamations répétées restituent ce plaisir inédit de la découverte : "Des estampes partout ! quel bonheur ! quel délire!"


Et, dès lors, les enfants se mettent à lire avec enchantement : des mots magiques apparaissent, exotiques et lointains, des noms bibliques : "Joseph, Ruth, Booz, le bon samaritain..."


La comparaison finale du livre avec "un oiseau des cieux" traduit le bonheur infini de cette découverte...un bonheur fait de rires, d'étonnements et d'enthousiasmes...


Le livre est assimilé à un oiseau inaccessible capturé par les enfants. La dernière sensation tactile du poème traduit encore leur émerveillement  : ils sentent dans leurs mains comme 'une douceur de plumes".


Le bonheur de tenir en mains le livre est, ici, exprimé par une image pleine de beauté et de rêves. Le champ lexical du rire et du plaisir souligne cet enchantement : "charmés, en riant, joyeux". Le participe passé "charmé" a un sens très fort et restitue une sorte d'ensorcellement magique. Le verbe "lire", répété à trois reprises, montre la fascination des enfants, qui en oublient de "jouer".

 

Les sonorités de sifflantes, à la fin du poème, suggèrent, aussi, le bonheur de cette découverte :

"Tels des enfants, s'ils ont pris un oiseau des cieux,
S'appellent en riant et s'étonnent, joyeux,
De sentir dans leur main la douceur de ses plumes."



Ce poème, empreint de simplicité, nous fait percevoir, à travers différentes sensations, olfactive, auditive, tactile, visuelle, tous les bonheurs offerts par  la lecture...


 



 http://poesie.webnet.fr/lesgrandsclassiques/poemes/victor_hugo/aux_feuillantines.html


 


 

 

 

Merveilles de la lecture...
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