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29 avril 2024 1 29 /04 /avril /2024 12:14
Les jeunes lisent de moins en moins...

"Les jeunes lisent de moins en moins : une enquête réalisée par Ipsos sur les pratiques en matière de lecture chez les 7-19 ans pointe un décrochage préoccupant de la lecture chez les jeunes. Ainsi, plus de 20% des jeunes ne lisent plus dans le cadre de leurs loisirs, alors que les temps d'écrans augmentent..."

TikTok, Youtube, les réseaux sociaux : une déferlante qui emporte les jeunes loin de l'univers de la lecture... Quel gâchis !

Pourtant, la lecture permet plus que tout autre vecteur de structurer le langage, d'enrichir le vocabulaire, la perception du monde... Elle est une ouverture sur les autres.

La lecture est un apaisement, un temps de réflexion, de concentration... une concentration qui se perd et se délite, de nos jours, devant les écrans.

On ne réfléchit plus, on éructe, on invective, on insulte et bien sûr, au bout du compte, on agresse, on use de violences au lieu d'utiliser des mots pour argumenter et discuter avec autrui. D'autant que les images violentes sont particulièrement présentes sur les réseaux sociaux et les vidéos.

 "Les 16-19 ans consacrent 1h25 par semaine à la lecture contre 5h10 par jour sur les écrans. Quotidiennement, chez les 7-19 ans, le contraste est encore plus éloquent puisque pour 3h11 passées sur les écrans, cette tranche d'âge consacre seulement 19 minutes à la lecture, soit quatre minutes de moins qu'en 2022.

Un jeune sur cinq serait incapable de lire plus de quinze minutes d'affilée...

On constate une forme de parasitage de l'activité lecture, beaucoup de sondés expliquant effectuer d'autres choses en même temps : envoi de textos, écoute de podcasts, vidéos en toile de fond... Et la tendance s'accentue à mesure que les jeunes vieillissent (69% des 16-19 ans sont concernés par ces pluriactivités)."

Il est temps de remettre le livre au centre de notre système éducatif !

Comme l'écrit Pascal Bruckner, dans son ouvrage intitulé Une brève éternité, "La démocratie du clic n'est qu'une démocratie d'ignares... Nous revenons de ces chimères d'autant que de nombreux grands patrons de la Silicon Valley interdisent à leurs propres enfants l'accès aux iPads, tablettes, et autres ordinateurs qui nuisent à la concentration et à la créativité.

Les écrans isolent les jeunes, les rendent parfois dépressifs, agressifs, moins attentifs... moins empathiques. Les écrans les rendent obèses.

Les écrans font perdre le contact avec la réalité...

Redonnons aux jeunes le goût de la lecture et de l'effort !

Les bienfaits de la lecture sont innombrables :

"La lecture rend beau", écrit Sylvain Tesson... Comme il a raison ! Le livre est une ouverture sur le monde, sur les autres.

Le livre apporte une sérénité, des bonheurs : bonheurs des mots, des idées, d'une forme d'intériorité... bonheur de la lenteur, de la réflexion...

Comme le dit Michel Desmurget, "La lecture est une machine à fabriquer de l'intelligence, cela comprend la dimension intellectuelle, parce que la lecture fait du bien au langage, aux connaissances générales, elle a des effets positifs sur la concentration, sur la créativité, elle nous aide à mieux structurer nos pensées, à mieux organiser nos idées, ce qui a des effets sur notre capacité à écrire, à communiquer à l'écrit mais aussi à l'oral.

Il y aussi toute l'intelligence émotionnelle et sociale : la lecture est très liée à l'empathie, elle nous permet de mieux nous comprendre, de mieux comprendre les autres.

Elle nous permet de mieux interagir avec les autres parce que  le livre, notamment le livre de fiction, est le seul support dans lequel vous pouvez rentrer dans la tête des personnages. Vous rentrez dans la mécanique intellectuelle des personnages, dans leurs contradictions, leur psychologie. Vous éprouvez les mêmes sentiments.

 

Le livre est un simulateur social. La lecture a des effets positifs sur tout ce qui fait notre humanité : elle va nourrir les trois piliers fondamentaux de notre humanité : notre intelligence, notre intelligence émotionnelle et aussi nos compétences sociales. Je ne sais pas si on peut trouver un meilleur rapport qualité/ prix."

 

Source :

https://www.lepoint.fr/education/chute-du-temps-de-lecture-des-jeunes-la-degradation-est-tres-brutale-s-alarme-la-presidente-du-cnl-10-04-2024-2557341_3584.php

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26 avril 2024 5 26 /04 /avril /2024 12:18
 "Ce qu’on exige de la mère du XXIe siècle est exorbitant..."

Elisabeth Badinter était l'invitée de La Grande Librairie ce mercredi 24 avril : elle a présenté son ouvrage intitulé Messieurs, encore un effort :

"Faire un bébé aujourd'hui, c'est accepter une moindre rémunération tout en assumant les contraintes de la double journée, c'est supporter, bien davantage que le père, le poids psychologique de la parentalité. Les mentalités évoluent, dit-on... Pas assez, et sûrement pas assez vite, et même les politiques natalistes sont insuffisantes, qui ciblent les aides à la petite enfance, alors que la charge mentale des mères se prolonge bien au-delà."

 

"Le problème qui se pose actuellement concerne avant tout les hommes qui, hélas, ne font pas les efforts nécessaires pour que les femmes aient envie d'avoir un enfant de plus, parce que, dans la famille, il y a encore une inégalité des sexes qui est très lourde pour les femmes...

Pourquoi cette persistante inégalité des sexes dans la famille ?

C'est dû en grande partie à ce qu'on appelle les stéréotypes de genre, à savoir si une femme fait des enfants, elle est mère, elle s'occupe de son bébé, il faut constamment penser à mille choses qui vous prennent la vie, j'avais envie de dire, qui vous bouffent la vie.

Et c'est fatigant, surtout quand on travaille à temps complet. Ce qui est quand même le cas de beaucoup de femmes aujourd'hui en France. Et donc, trop c'est trop...

Au fond, il ressort de tout cela au bout du bout, que les femmes en font toujours plus que les hommes."

 

Ménage, vaisselle, entretien du linge, rangements, cuisine : le travail accompli par les femmes reste très lourd et pesant.

Même si les hommes prennent part à certains de ces travaux, les femmes accomplissent le plus souvent la plupart de ces tâches...

C'est à elles que reste dévolu l'entretien de la maison, c'est à elles que sont réservés cuisine, ménage.

 Et, en même temps, dorénavant les femmes travaillent...

Mais quel boulot d'être une femme ! C'est un travail à part entière...

 Les femmes qui ont des enfants, qui travaillent, doivent jongler sans arrêt entre les obligations de leur profession et le temps dévolu à leur famille.

 Alors, bien sûr, certains hommes font des efforts mais le partage des tâches reste très inégalitaire.

Voyez-vous beaucoup d'hommes faire le ménage, la vaisselle, la cuisine ?

 Dans  ce domaine, les habitudes restent bien ancrées : les hommes répugnent à faire le ménage ou la cuisine...

Il est même des hommes qui adorent voir leurs femmes s'adonner à ces activités ménagères : ils regardent, avec bonheur, leur femme s'activer, tandis qu'ils s'affalent sur un canapé.

 

"La charge mentale : toutes ces pressions, toutes ces injonctions, comment les femmes réagissent face à cela ? Une partie des femmes se laisse faire, elles se laissent happer par cette nouvelle éducation qu'on appelle éducation positive, éducation bienveillante qui est née au début du XXIème siècle et qui avait pour objectif de tracer les postulats de la "bonne mère".

Et alors, au lieu de soulager les mères, cette nouvelle éducation apporte un surplus d'angoisses, d'anxiété, d'exaspération des femmes.

L'une des causes principales de la dénatalité serait la révolution féministe inachevée. On n'en a pas pris assez compte.

Pendant 40 ans, il y a eu des progrès considérables pour les femmes, à la fin du vingtième siècle, les trente dernières années, l'influence de Simone de Beauvoir, les féministes américaines ont été extrêmement bien entendues des femmes, et ainsi, on a fait des études plus longues, les femmes ont compris qu'il y avait là un moyen d'accéder à plus de liberté, à plus d'indépendance.

Et ce qui est très intéressant, c'est que le phénomène de dénatalité est le même dans tous les pays industrialisés, de l'ouest à l'est, de l'Italie à la Corée du sud, partout où l'on confond femme et mère, la natalité chute.

J'habite devant un jardin et j'avais remarqué quelque chose : c'est qu'on emmenait nos enfants au bac à sable et les mères montraient un ennui stupéfiant, et j'ai senti là une lassitude de la maternité. Je ne partageais pas cet ennui parce que je n'étais pas une mère à temps complet, je travaillais.

Il y a 50 ans, beaucoup de femmes ne travaillaient pas, elles étaient à plein temps à la maison.

Depuis 20 ans, 30 ans, on fait vraiment de gros efforts pour reculpabiliser les femmes. Pourquoi ? Parce qu'aujourd'hui, on peut ne pas avoir d'enfants, c'est votre choix. Les femmes françaises se posent de plus en plus la question : est-ce que vraiment j'ai envie d'avoir un enfant ? Et elles font une chose qu'il était impensable de faire avant, c'est à dire le calcul des plaisirs et des peines... Qu'est-ce qu'un enfant va m'apporter et aussi quel prix je dois payer ?

Les femmes de ma génération jamais n'ont imaginé se poser la question : est-ce que je vais faire un enfant ou pas ? Cela allait de soi... d'abord pour beaucoup, la maternité représentait l'achèvement d'une nature féminine, on allait jusqu'au bout de sa nature, et donc on était une femme, comme disait Beauvoir, complète. Si on n'avait pas d'enfant, on était un pruneau sec.

 

Tout change dans le début des années 70, avec la loi Veil et le droit de prendre une pilule comme contraception.

Il y a aussi un risque qui pèse sur les droits des femmes, y compris le droit à disposer de leur corps. Ce droit à disposer de son corps, à mes yeux, n'est pas négociable. C'est une liberté obtenue après des siècles de non liberté. Je considère, pour ma part, qu'une femme dispose entièrement de son corps, et je me suis même heurtée à certaines collègues féministes : si une femme voulait se prostituer, à condition qu'elle n'y soit pas contrainte par des proxénètes ou autres, elle faisait ce qu'elle voulait.

Je suis inquiète : il faut aussi tenir compte du contexte international, du contexte politique... il y a quand même de plus en plus de pays même en Europe, qui deviennent ultra conservateurs, on pourrait dire d'extrême droite, et avec l'extrême droite, souvent apparaissent des exigences religieuses extrêmement strictes...

Et cela me fait peur, je me dis que si on devait voir arriver majoritairement en Europe des réticences, voire des interdictions, voire des limitations de la maîtrise du corps des femmes, cela serait, à mes yeux, une catastrophe.

Le monde ne va pas bien, il est en révolution, est-ce que ce sera au bénéfice des libertés ou le contraire ? Il y a trop de bouleversements politiques, économiques, démographiques et je me dis que peut-être nous achevons une grande période de libertés... je ne suis pas tellement optimiste.

Je ne serais pas si étonnée que d'ici quelque temps certains pays abandonnent l'abolition pour rétablir la peine de mort, je ne pense pas à la France, mais à une atmosphère générale dans les pays occidentaux en fonction de la montée des extrémismes."

 

Source :

https://www.france.tv/france-5/la-grande-librairie/saison-16/5857521-emission-du-mercredi-24-avril-2024.html

 

 

 

 

 "Ce qu’on exige de la mère du XXIe siècle est exorbitant..."
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19 avril 2024 5 19 /04 /avril /2024 12:01
Le fabuleux destin de Jean-Baptiste Tavernier...

 

Un homme qui cultivait l'exotisme, qui aimait bien se mettre en scène dans les tenues des pays qu'il fréquentait... un garçon très peu connu, une sorte de Marco Polo ignoré... Il s'appelle Jean-Baptiste Tavernier...

Pierre Ménard est venu présenter son ouvrage intitulé Le chasseur de diamants. Les fabuleuses aventures de Jean-Baptiste Tavernier, lors du Festival de la Biographie :

"Un homme connu seulement des connaisseurs de diamants... mais qui a vie assez fascinante. C'est un libraire au départ, fils de graveur qui a un inconvénient pour un libraire, ce qui lui rendait la vie très dure, c'est qu'il détestait lire...

Il était tout de même fasciné par les livres de voyage et un jour, dès qu'il a terminé sa période chez le libraire qui l'employait, il s'est dit : plutôt que lire des livres de voyages, je vais voyager moi-même.

Il est né en 1605, et en 1623, sous Louis XIII, il part avec son petit baluchon pour l'Europe, il découvre un monde qui est en pleine mutation, notamment en Hollande : il y a énormément d'échanges, beaucoup de richesses qui arrivent d'un peu partout dans le monde...

C'est quelqu'un qui navigue à vue : il se laisse porter par les événements, il fait des rencontres, il tombe à moitié amoureux de la femme d'un colonel de l'armée allemande, il s'engage dans l'armée, il combat d'abord les catholiques, après il va chez les protestants, puis il repasse chez les catholiques...

C'est l'époque de la guerre de Trente ans : tout le monde se bat en permanence...

Lui a des formules assez amusantes : il raconte que la guerre est bonne, il voit des personnages qui se font étriper devant lui, tout le monde se fait tuer, mais ça l'amuse beaucoup. Il combat dans énormément d'armées et à un moment, il rencontre le père Joseph qui est le bras droit de Richelieu. Et très vraisemblablement, le père Joseph souhaite l'employer comme espion, parce que la France a un grand projet : depuis des années, la France se fait sortir du commerce oriental qu'elle contrôlait en partie puisqu'elle avait un gros avantage en Méditerranée, et donc Richelieu souhaite absolument remettre la main sur ce commerce qui est pris par les Anglais et les Hollandais...

Tavernier, sans doute en tant qu'espion, est chargé d'aller voir un peu ce qui se passe en Perse.

Tavernier voyage absolument partout, il voyage à cheval, il voyage à pied, il voyage en bateau, il lui arrive chaque fois des aventures extraordinaires... dans les montagnes, les chevaux crèvent sous lui, il voit des Tartares qui se jettent sur la carcasse de son cheval, c'est le premier steak tartare qui est décrit dans la littérature !

Il raconte avec délectation des scènes de combat où les gens s'étripent devant lui, on voit des Tartares en train de dépecer le cheval et de le mettre sous leur selle et il dit qu'il est alors incapable de manger de la viande pendant une semaine.

A cette époque, la Perse est redevenue un grand empire, la Perse est une plaque tournante du commerce oriental très important notamment pour les épices, ce qui permet d'accumuler des fortunes phénoménales, donc la Perse est une route d'entrée terrestre vers les Indes. D'où cette idée d'aller remettre la main sur le commerce persan qui a été trusté par les Anglais et les Hollandais.

Honnêtement, on ne sait pas exactement ce qu'a fait Tavernier à ce moment-là. Il raconte qu'il a écrit des rapports... j'ai regardé aux archives, je ne les ai pas trouvés.

Tavernier a écrit un livre qui n'est pas vraiment merveilleux, en fait, ce n'est pas lui qui l'a écrit... mais c'est quand même mal écrit. Louis XIV lui a demandé d'écrire ses mémoires pour donner le goût du commerce aux Français. C'est une sorte de guide Michelin de l'époque, de guide du routard. C'est honnêtement assez mal écrit avec beaucoup d'erreurs, tout est faux... quand on est biographe, on se demande s'il a voulu nous nuire... je ne sais pas si c'est un mensonge ou si c'est son nègre qui a voulu se venger puisqu'ils ont été beaucoup en conflit, mais tout est faux partout : il n'y a aucune date qui coïncide, il se trompe d'année à chaque fois.

On arrive à retracer son parcours parce qu'il a été suivi de près par des espions, notamment par des Hollandais.

Après la Perse, il arrive en Inde, et ensuite il va descendre jusqu'à Ceylan, il passe toute sa vie à voyager, il revient de temps en temps en France, il a besoin d'accumuler de l'argent pour investir dans ses voyages, notamment racheter des diamants. Il a parcouru à peu près les deux tiers de la distance de la terre à la lune.

Effectivement, il parcourt les Indes, c'est là qu'il découvre les diamants et il ira jusqu'à Ceylan où il retrouvera son frère qu'il avait envoyé là-bas en éclaireur. Tavernier veut participer à la création de la Compagnie française des Indes qui était, en fait, en concurrence avec lui. Lui faisait ses petits trafics, il était très content qu'il n'y ait pas de Français, il a tout fait pour les discréditer, la moitié de son livre raconte des horreurs sur les envoyés de la Compagnie des Indes qui sont radins, qui sont tous alcooliques, dépressifs, qu'on va ramasser dans les caniveaux au petit matin parce qu'ils sont complètement saouls... il envoie ça à Louis XIV pour se faire bien voir...

On connaît surtout Tavernier pour ses diamants, dans ses voyages, il trafiquait beaucoup de diamants, il a trafiqué d'absolument tout, des métaux, de l'opium même, et le gros avantage des diamants, c'est que vous transportez d'énormes sommes d'argent de manière très discrète.

Il voyageait souvent avec une vingtaine d'hommes armés étant donné les quantités de biens précieux qu'ils convoyaient. Les diamants, ça se mettait dans la doublure d'un manteau, ça passait complètement inaperçu.

Il en a rapporté notamment de son sixième voyage- il vient de se marier, il a alors 58 ans, c'est son premier mariage avec la fille d'un joailler qui s'appelle Jean Goisse, ça prédestine le voyage ! et le voyage se passe assez mal, il force sa femme à venir, elle était assez âgée et assez laide...

Il parle avec vraiment beaucoup de compliments des femmes orientales, on peut imaginer qu'il s'est passé quelque chose, même s'il dit le contraire. On a des témoignages de Boileau, de gens qui l'ont connu à Paris, à son retour, et qui racontent qu'il était extrêmement graveleux, désinhibé par les 50 ans de voyages qu'il avait faits et qu'effectivement il racontait ses aventures avec des femmes aux Indes.

Aventurier, découvreur, trafiquant, il est tout ça, mais il n'est pas écrivain... c'est quelqu'un qui était extrêmement libre, il avait le goût du voyage et le goût de l'argent puisqu'il a fait une fortune abyssale.

Dans son dernier voyage, quand il a épousé la fille de Jean Goisse, il la kidnappe un peu, il l'emmène avec lui, elle arrive à s'échapper dès qu'ils arrivent dans l'empire Ottoman, elle rentre à Paris, et lui poursuit jusqu'aux Indes, il veut faire la plus belle cargaison de diamants qui ait jamais été faite, et donc il rassemble mille diamants là-bas, les plus beaux diamants. Il était encore en concurrence avec les Hollandais qui lui ont fait de mauvais coups puisqu'ils l'ont dénoncé aux douanes, donc il fait tout pour s'échapper et il arrive à rentrer en France avec un millier de diamants.

Et si vous avez vu le film Titanic, il y a un diamant bleu, c'est inspiré du diamant bleu qui a été rapporté par Tavernier.

Tavernier revend ses mille diamants à Louis XIV qui aime beaucoup les diamants. Il a fait une fortune immense, il a pris goût au luxe : il s'est acheté un immense hôtel particulier à Paris, il a fait construire un grand château en Suisse avec une sorte de bulbe oriental.

Au bout d'un moment, il s'ennuie un peu, Louis XIV lui ordonne d'écrire ses mémoires, et Tavernier force un collaborateur (qui écrit d'ailleurs très mal) à écrire...

Comme il veut continuer à commercer, il met tous ses efforts sur son neveu, il lui donne la moitié de sa fortune, et puis le neveu est victime d'une attaque, on sait qu'il arrive en Perse, et après, plus de nouvelles... le neveu, en fait, est parti avec la caisse ! Lui qui a passé sa vie à tromper tout le monde se fait encore berner par un aventurier qui se fait passer pour le fils caché du shah de Perse et qui lui dit : "Moi je vais chercher la fortune qui vous a été volée, donnez-moi donc le reste de votre fortune et je vais vous aider à l'attraper." Et évidemment, il part avec l'argent à Moscou, et Tavernier qui a plus de 80 ans part chercher cet aventurier et son neveu, mais il meurt en cours de route."

 

Un personnage célèbre en son temps qui a sombré complètement dans l'oubli... un personnage d'aventurier optimiste qui a toujours eu confiance en lui... un personnage haut en couleurs qui mérite d'être redécouvert...

 

 

L'histoire du diamant bleu :

https://www.lavoixdunord.fr/900843/article/2020-11-30/titanic-la-veritable-histoire-du-coeur-de-l-ocean-connu-sous-le-nom-de-hope

 

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12 avril 2024 5 12 /04 /avril /2024 11:54
De la cruauté en politique...


Cruauté et politique : il serait présomptueux de vouloir traiter ce thème dans toute son amplitude historique alors que depuis la plus Haute Antiquité les hommes ont eu une singulière tendance à obéir à l'impératif "Massacrez-vous les uns les autres !"
Si la cruauté est de toutes les époques, elle est aussi de tous les continents, même si l'ouvrage dirigé par Stéphane Courtois privilégie l'Europe " de l'Atlantique à l'Oural ", un espace géo-politico-culturel qui nous concerne au premier chef.

Stéphane Courtois est venu présenter son livre De la cruauté en politique lors du Festival de la Biographie... un ouvrage collectif puisque vingt-quatre auteurs ont participé à la rédaction.

"La cruauté commence presque déjà avec Cain et Abel et ensuite cela prend des proportions gigantesques... au départ, c'est un colloque international que j'ai organisé et cette idée m'est venue, il y a déjà pas mal d'années, parce que j'étais un peu énervé par mes collègues historiens qui travaillent sur la première guerre mondiale, sur la deuxième guerre mondiale, sur la shoah, ils ont toujours du mal à nommer les choses...

"Il y a eu de la violence, il y a eu de la violence extrême, il y a eu des exactions..." disent-ils. Mais parlons de ce qui s'est réellement passé : la cruauté... le mot "cruauté" vient du latin "crudelitas" et en latin "crudelitas", c'est la chair sanguinolente, là, on est dans le coeur du sujet.

 

Pour m'amuser dans l'introduction, j'ai évoqué une phrase que j'avais trouvée dans Le Figaro qui parlait de la cruauté des remaniements ministériels... oh ! cela m'avait fait beaucoup rire !

Ce n'est pas de cela qu'on parle dans ce livre... dans ce livre, on parle vraiment de la cruauté réelle, c'est à dire toutes les relations entre la question du pouvoir et puis le fait d'assassiner, de torturer, de violer, etc. qui est le propre de la cruauté.

Bien entendu, n'importe quel gouvernement doit avoir la force, on parle des forces de l'ordre, et la force est un élément positif... si vous n'avez pas la force, vous ne pouvez pas gouverner.

La violence, c'est déjà autre chose. La force est légale, la violence, ce sont des actes illégaux qui sont des atteintes aux personnes, des pressions, des intimidations...

La cruauté, c'est encore autre chose, parce que c'est, d'une part, la chair sanguinolente, c'est vraiment l'assassinat, et puis, il y a un élément supplémentaire dans la cruauté qui est l'élément du plaisir : le bourreau, celui qui assassine prend du plaisir à assassiner ses ennemis. C'est quelque chose qu'il faut avoir bien en tête, surtout au XXème siècle. Cela dit, il n'y a pas que le XXème siècle.

 

Dans ce livre, j'ai recruté des collègues et amis, surtout des historiens, des professionnels, depuis l'antiquité avec Eric Teyssier qui a écrit un chapitre sur la gladiature... tout le monde est persuadé à cause des péplums que la gladiature, c'est abominable, c'est d'une cruauté épouvantable, avec du sang partout... Que nous raconte Teyssier ? Pas du tout, la gladiature, c'étaient des choses très codifiées...

La cruauté est d'abord liée à la nature humaine, parce que, si chacun se regarde un peu dans la glace, n'a-t-il pas eu un jour l'envie d'étrangler un ministre, un président, un professeur, que sais-je, un voisin  ? 

ça, c'est quelque chose qui est vraiment dans la nature humaine. Dans la relation à la politique, il est tout à fait clair que depuis la haute antiquité, depuis la guerre de Troie, la violence, la violence extrême, la cruauté, c'est à dire le plaisir d'exterminer ses ennemis a été constante.

 

Et il faut bien dire que c'est plutôt dans la période la plus récente depuis le milieu du XIXème siècle, que la progression des régimes démocratiques a quand même contribué à rejeter aux limites extérieures de la société la cruauté dans le cadre de sa relation au pouvoir.

 

Bien sûr, vous ne pouvez pas empêcher des citoyens pour des raisons lambda de s'entretuer, ce sont des affaires privées, mais pour ce qui est du pouvoir, la démocratie parlementaire justement en concentrant les conflits au sein d'une enceinte réglementée, le parlement, une constitution, le vote qui donne un certain état des rapports de force qui est accepté par les partis, a quand même contribué à rejeter très fortement vraiment le plus loin possible du centre de la société, et du pouvoir de l'état, ce qu'était la cruauté.

 

C'est quand l'état est faible que les éléments de cruauté peuvent se multiplier.

Par exemple, au Haut Moyen âge, l'état monarchique est très faible, et il y a toutes sortes de petits barons, de petits chevaliers qui règnent sur leurs territoires, ils sont particulièrement cruels et ils agissent en toute impunité. Même certains hauts personnages de l'état, à commencer par le fameux Gilles de Rais qui est le compagnon de Jeanne d'Arc, connétable de France, qui a commis ensuite des crimes abominables, des assassinats d'enfants.

Mais finalement, quand l'état monarchique est assez fort, il commence à mettre de l'ordre, il commence à mettre les petits méchants au pas, et même dans l'affaire de Gilles de Rais qui est pourtant un notable extraordinaire, eh bien, à un moment donné, l'église a dit : "ça suffit !" On le fait arrêter, et on le remet à l'état monarchique qui l'a fait condamner en bonne et due forme.

Pas assez d'état provoque de très nombreux actes de cruauté parce qu'il y a des petits pouvoirs qui sont incontrôlables et qui agissent en toute impunité.

 

Par contre, l'effet inverse est encore plus dramatique : quand l'état devient tout puissant, et au XXème siècle Dieu sait si on a eu des états tout puissants, que ce soit le nazisme, que ce soit le communisme, alors là on atteint des niveaux de cruauté qui étaient inconnus jusque là.

Des millions de morts dans des conditions abominables, il suffit de voir l'extermination des juifs, il suffit de voir comment le camarade Staline se conduisait avec les paysans Ukrainiens, avec la fameuse famine de 1933 qui fait mourir de faim 5 millions de paysans, hommes, femmes et enfants en dix mois, de manière tout à fait volontaire.

On trouve aussi la cruauté dans les guerres civiles... en cas de guerre civile, l'état est affaibli par la force des choses, donc on a alors un affrontement entre deux parties qui en général vise à l'extermination d'une des deux parties : par exemple la Saint Barthélémy, la population parisienne devient enragée contre les protestants, c'est une tuerie incroyable entre "chrétiens", entre guillemets...

C'est vrai que les guerres civiles sont des moments de cruauté extrême, alors que pendant la guerre de 14, la cruauté n'est pas tellement présente, c'est une guerre qui a fait énormément de morts de tous les côtés... dans les premières semaines, c'est vrai qu'on se tue de près, à la baïonnette, mais ensuite on se tue de loin à coups d'artillerie... mais il y a un code très important : on n'extermine pas les prisonniers... mon grand-père a été blessé pendant la guerre de 14, il s'est fait ramasser par les Allemands, il a été soigné et en 1918, il est rentré.

 

Ce point est très important : en temps de guerre, est-ce qu'on massacre des civils ?

Comme vous le voyez avec ce qui se passe au Moyen Orient, nous sommes en plein dedans, il y a eu une attaque extraordinaire contre Israël le 7 octobre et à partir de ce moment on a d'autres actes de cruauté, il est très difficile d'ailleurs de départager, de dire qui a tort, qui a raison...

C'est un des problèmes de la cruauté : quand les phénomènes de cruauté se déclenchent, en général ils sont  contagieux, c'est à dire qu'on rentre dans un enchaînement qu'il est extrêmement difficile d'arrêter.

Regardez la deuxième guerre mondiale : les nazis sont partis dans un déchaînement pas seulement de violence, mais de cruauté : ils ont martyrisé, torturé, assassiné des gens par millions. D'un autre côté, les Soviétiques ont fait la même chose, ils le faisaient déjà chez eux, ils l'ont fait dans les pays où ils ont pénétré, on ne faisait alors pratiquement pas de prisonnier.

Les Khmers rouges, un petit groupe de révolutionnaires, s'emparent du pays et ils tuent à peu près le quart de la population dans des conditions abominables. A Phnom Penh, il y avait un centre de mise à mort où quinze mille personnes ont été emmenées et il n'y en a pas une qui est sortie vivante, elles ont toutes été torturées à mort. Et Duch, le monsieur qui dirigeait ça a quand même été arrêté par la suite, il est passé dans un procès international, et il a expliqué : "Oui, c'est moi qui ai tenu ce centre, c'est moi qui ai formé tous les bourreaux à torturer pour obtenir des aveux complètement bidons d'ailleurs... et puis ensuite comment il fallait achever le travail, assassiner... Tout ça pourquoi ? Pour une idéologie... ça c'est un élément nouveau de l'histoire de la cruauté, l'émergence d'idéologies modernes, les grandes idéologies, communisme, nazisme, etc. qui légitiment non plus quelques crimes, quelques massacres, mais qui légitiment des crimes de masse, des crimes contre l'humanité.

Dans ce livre, vous avez un chapitre d'un collègue russe sur les bourreaux de Staline, un de ces bourreaux Vassili Blokhine a assassiné d'une balle dans la tête environ quinze mille personnes.

Vous avez des sadiques et des psychopathes et comme par hasard ce type de régime recrute ce type de personnes pour faire le travail. Chez un type comme Blokhine, il tue, cela ne lui pose aucun problème, c'est comme s'il allait au bureau, c'est comme s'il fumait une cigarette, il tue, il tue toute la nuit. Alors quel plaisir a-t-il ? Il a le plaisir d'être un bon communiste qui fait le travail qu'on lui demande de faire. Mais il a un autre plaisir : ce sont des gratifications très importantes... en tant que bourreau en chef, reconnu par Staline, il reçoit un ordre de Lénine, un ordre du drapeau rouge, avec chaque fois des gratifications financières importantes, il reçoit une montre en or, il reçoit une voiture, à l'époque dans les années 30, c'étaient des gratifications extraordinaires."

 

 

 

 

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1 avril 2024 1 01 /04 /avril /2024 12:05
"La chaise nous tue..."

 

On ne dira jamais assez les bienfaits de la marche : bienfaits pour la santé, bienfaits pour la pensée, bienfaits pour l'esprit, pour le mental, pour la créativité...

Pourquoi est-ce qu'on marche ? Et si c'était lié avec le fait de créer ? C'est l'intuition de Pascal Picq dans son essai intitulé "La Marche... Sauver le nomade qui est en nous", un essai qui interroge les liens entre la marche et la pensée, qui démystifie aussi les origines de la bipédie.

Pascal Picq est venu présenter son ouvrage sur le plateau de La Grande Librairie.

Pourquoi et comment l'homme s'est-il mis sur ses deux pieds ?

 

"A l'inverse de ce que montre la fameuse image de l'évolution, on ne se serait pas redressé, mais on serait tombé des arbres... La bipédie et la marche debout descendent tout droit des arbres...

La bipédie n'est pas descendu comme un fruit mûr, mais c'est une histoire qui remonte au temps où notre groupe à nous, les grands singes - aujourd'hui, nous ne sommes plus que cinq- gorilles, chimpanzés, orangs outans, bonobos et nous...

 

Et quand vous êtes dans le monde des arbres et que vous avez une grande taille, là ça devient très compliqué. Parce qu'au dessus de 10 kg, si vous loupez la branche, vous êtes mort.

Donc, là, il n'y a que deux possibilités de s'adapter : une qu'on connaît chez les paresseux, et l'autre qui est de se suspendre, de se mettre sous la branche et toute notre anatomie est l'héritière de cette suspension...

 

La marche humaine est l'une des plus efficaces du règne animal... une caractéristique qui est la nôtre est l'endurance. Nous sommes les bestioles qui ont l'endurance la plus incroyable dans l'histoire de toute la biologie. 

Et nous pouvons déployer une diversité extraordinaire de mouvements qu'on ne connaît pas dans la nature : sports, danses, art du cirque...

 

Sur une fresque de Raphaël qui s'appelle L'école d'Athènes, qui date du début du 16ème siècle, tous les philosophes sont assis, en train de penser, et puis on voit Aristote à côté de Platon, un qui montre le ciel et l'autre qui montre la terre et ils marchent tous les deux...

Au moment où je préparais ce livre, je me retrouve avec Michel Serres et il me dit : "Alors, c'est quoi ton prochain livre ?" Et je lui réponds : "C'est autour de la marche et de la pensée" Il dit : "Tu sais, il y a beaucoup de poètes, beaucoup d'écrivains qui marchent... En fait, il y a très peu de philosophes qui marchent... alors quand même, il y a Kant, Kierkegaard" Je dis : " oui, mais ils marchaient en ville, je te parle des philosophes qui cherchent leur inspiration, en partie, en marchant dans la nature..."

Là, la liste est extrêmement courte : il y a Thoreau en Angleterre, Rousseau, il y a  Nietzsche, (j'en ai oublié un au passage) et je lui dis : "Il y en a un cinquième..." Alors, il cherche, il cherche... et je lui dis : "Tu le connais très bien, c'est toi !"

 

Je me suis aperçu que je suis toujours intéressé par des écrivains qui font de longues phrases, Julien Gracq, Proust, etc. J'adore ces longues phrases qui n'en finissent pas, qui vous amènent à cheminer avant d'en trouver le sens.

Plus on marche, moins on vieillit, et les grands ethnologues marchaient, ils arrivaient sur des terrains inconnus, et la manière d'approcher dans la marche permet, en fait d'établir, à distance, une relation de confiance avec les gens qu'on va rencontrer, et là va se mettre en place, ce qu'on ignore complètement dans notre modernité, ce qu'on appelle l'hospitalité : accueillir les gens dans sa maison, on a complètement perdu cela. Et la marche le permet, parce qu'elle a un rythme, toute une signification profonde.

Dans un passage de Proust, il est sur une calèche et au loin, il voit une jeune femme, et là il est fasciné et se construit une image de cette femme, superbe, sublime, et plus il approche, plus il devient déçu, parce que quelles que soient sa beauté et sa grâce, elle ne répond pas à l'image idéale qu'il avait construite autour de ça.

 

Le progrès renforce notre immobilisme : c'est catastrophique, un médecin célèbre a dit :"La chaise nous tue". C'est le cas des jeunes générations. L'armée s'est inquiétée du recrutement devenu extrêmement difficile parce que la moitié des jeunes Français sont en surpoids, 30% qui sont obèses, en Amérique du Nord, c'est une catastrophe encore pire. On est en train de perdre tout ce qui a fait notre évolution. Tout ce qui a fait le progrès, tout est fait pour ne plus marcher.

Aux Etats-Unis, l'espérance de vie est en train de chuter de manière catastrophique.

 

Notre survie dépend de la marche parce que la marche est ce qui mobilise le plus toutes les parties de nos organismes, c'est aussi un contact avec les environnements. 

Et Pascal Picq de citer une chanson interprétée par Yves Montand : "Moi je suis venu à pied tout doucement sans me presser, à pied, à pied..."

Voilà un admirable plaidoyer pour la marche...

 

Source : à 41 minutes, 29 secondes 

https://www.france.tv/france-5/la-grande-librairie/saison-16/5784402-emission-du-mercredi-27-mars-2024.html

 

 

https://www.paroles.cc/chanson,je-suis-venu-a-pied,39951

"La chaise nous tue..."
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29 mars 2024 5 29 /03 /mars /2024 13:34
Dictionnaire amoureux d'Albert Camus...

 

Mohammed Aïssaoui s'est construit avec l'œuvre d'Albert Camus. Il nous livre avec ce dictionnaire "son" Camus, celui qui illumine sa vie, qui élargit le cœur et l'esprit, qui console des chagrins du monde.
Avec la complicité de Catherine Camus qui lui a donné accès à des documents exclusifs.

Mohammed Aïssaoui est venu présenter son ouvrage lors du Festival de la Biographie :

"Je crois que, comme beaucoup, on découvre Camus quand on est est au lycée, notamment l'Etranger ou La Peste et après, je trouve qu'on n'a pas la maturité nécessaire pour tout comprendre et saisir.

Et j'ai eu la chance d'être accompagné par les oeuvres de Camus tout au long de ma vie, étudiant et même après en tant que critique littéraire, de toujours pouvoir découvrir Camus, parfois de le lire techniquement, c'est à dire comment il écrit L'Etranger, comment il écrit La Peste et plus ça allait et plus c'était une compagnie non pas quotidienne mais presque hebdomadaire.

Il faut lire et relire Camus, parce que, par exemple, ses nouvelles, dont on parle un peu moins, sont juste sublimes : elles exaltent le lyrisme, elles exaltent la beauté, elles exaltent le présent et ce Dictionnaire Amoureux, j'ai vraiment voulu faire avec la complicité de Catherine Camus qui est la fille d'Albert Camus.

C'est un partage que je voulais faire avec les lecteurs. Je pensais, quand j'étais plus jeune, que j'étais le seul à connaître et à comprendre Albert Camus. Heureusement, j'ai découvert que nous étions quelques-uns...

 

Il y a eu un pamphlet d'un ami de Sartre qui voulait casser Camus, 10 ans après sa mort : c'était en 70, Camus est mort en 1960, et donc il a écrit ce pamphlet : Albert Camus, philosophe pour classes terminales, qui était censé être une insulte, censé dénier la qualité de philosophe de Camus.

Or, j'en ai discuté avec Catherine Camus, il n'y a pas de raison que ce soit une insulte, cela veut dire  simplement que Camus est accessible au plus grand nombre. Et Camus a énormément de lecteurs, alors que d'autres ont des commentateurs. Camus est lu aujourd'hui par des jeunes et, pour moi, ce n'est pas une insulte que Camus soit confiné à être compris par des adolescents.

Et sa littérature, ses romans, ses nouvelles, son théâtre, Le Malentendu, Les Justes, Caligula sont d'une limpidité extraordinaire. Il y a un critère objectif : c'est que Camus, alors qu' il est mort en 1960, a traversé, a répondu au défi du temps : aujourd'hui, il se lit encore plus que de son vivant.

 

Cela veut dire qu'aujourd'hui Camus nous parle encore, Camus nous éclaire encore, il a ce courage du sens de la nuance.

J'ai vu, il n'y a pas longtemps, une projection d'une série de 4 fois cinquante minutes, qui s'appelle La Peste, ce sera une dystopie, produite par Georges-Marc Benamou qui est un grand camusien, et on voit à quel point Camus nous parle encore... je voulais juste citer cet exemple qui a été frappant. La Peste a été publiée en 1947. En 2020, quand nous avons subi ce que nous avons subi, pour comprendre ce que nous vivions, nous avons ouvert un roman qui a été publié en 1947 et écrit évidemment un peu plus tôt.

Cela a été une des meilleures ventes de 2020, parce que Camus, à travers son regard de la peste à Oran, en fait, décrivait tout ce que nous vivions : les questions administratives, ceux qui voulaient échapper aux règles, ceux qui voulaient avoir des passe-droits, et même les histoires de masques. On se rend compte que La Peste, c'est aussi le roman de la séparation, nous étions séparés de ceux que nous aimions, confinés à rester enfermés, à ne plus comprendre, à rechercher quelque sens, c'est cela qu'on a vécu pendant le confinement.

 

Ce dictionnaire est entrecoupé de petites respirations : ce sont les mots préférés d'Albert Camus... Le fait d'avoir travaillé avec Catherine Camus a été une chance extraordinaire, je l'ai rencontrée il y a 24 ans, c'est une femme qui n'est pas facile d'accès, une femme qui a besoin d'être en confiance pour parler.

En fait, j'ai eu ce sentiment d'être orphelin avec elle. Elle a perdu son père quand elle avait 14 ans, moi, c'est un auteur que j'aime, qui m'accompagne, Camus, c'est mon père, c'est mon professeur, mon frère, c'est mon ami. Quand j'ai envie d'être consolé des chagrins du monde, je me plonge dans une de ses oeuvres.

 

Je voulais que Catherine participe à ce Dictionnaire Amoureux parce que d'abord c'est la meilleure spécialiste de Camus. Et quand je lui ai écrit que j'aimerais connaître les mots préférés de Camus, elle a répondu : "Mais, tu sais qu'il les a donnés ces dix mots préférés", il y a la douleur, le désert, la terre, le monde, les hommes, l'honneur, la misère, l'été, la mer, la mère... et ces dix mots, j'ai voulu leur donner un sort un peu particulier, c'est la définition écrite par Camus lui-même.

Par exemple, sur "les hommes", qui est un de ses mots préférés, j'ai pris une citation dans La Peste, où il dit que c'est l'un des fléaux qui lui a appris qu'il y avait plus de choses à admirer chez les hommes que de choses à blâmer, et pour que quelqu'un dise ça, c'est qu'il croit en l'humanité, et on a envie de croire avec lui..."

 

 

 

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22 mars 2024 5 22 /03 /mars /2024 13:16
Le voyageur d'histoire...

Comédien, réalisateur, animateur télé et écrivain, Bruno Solo nous propose un voyage dans le temps, à la rencontre de personnages, dans son livre "Le Voyageur d'Histoire". Avec ce nouveau livre, Bruno Solo revendique "une curiosité insatiable". Il était invité lors du Festival de la Biographie où il a présenté son livre :

 

"Je n'ai pas la prétention de raconter la philosophie de Rabelais... je le rencontre et il me parle d'un aspect de sa philosophie, à un moment précis de son existence. Et c'est exactement comme ça que j'ai procédé pour tout le livre. Mon biographe préféré, c'est Stéfan Zweig... Quand vous lisez Marie Stuart ou Marie Antoinette ou Galilée ou Fouché, évidemment, ça se développe sur 300 ou 400 pages. Stefan Zweig rentre vraiment dans la psyché des personnages. Moi, je ne peux pas me le permettre : je n'ai ni ce talent, ni les capacités historiques pour le faire, je n'ai pas accès aux mêmes archives, aux mêmes documents.

Mais pour autant, c'est comme si je faisais une synthèse, je rencontre les personnages l'espace d'une journée, cela ne dure jamais plus de une heure à deux heures. Donc, il faut que je choisisse un moment clé de leur existence.

 

Pour évoquer Hildegarde de Bingen, j'ai écouté sa musique, elle est souvent jouée dans les églises... je suis un athée agnostique forcené, mais j'ai une admiration pour les gens qui ont une foi sincère, lumineuse et généreuse, j'ai eu envie de m'intéresser à quelqu'un qui avait la foi, donc évidemment j'ai dû lire des choses sur elle, et encore une fois, j'évoque un moment précis de son existence : le moment où elle fonde sa nouvelle abbaye, je veux la voir à ce moment-là parce que je sais qu'elle n' en a plus que pour quelques jours, et elle qui discutait avec Dieu, en connexion directe, qui parlait à Dieu et Dieu lui parlait directement... j'ai eu envie de savoir ce qu'il allait lui dire, à quelques jours de sa disparition...

Hildegarde de Bingen, c'est facile d'accès parce que sa musique est abordable, j'ai découvert Hildegarde de Bingen grâce à mon épouse, en fait : elle est maquilleuse dans le cinéma, et elle utilise certains produits estampillés Hildegarde de Bingen, il y a des produits, des onguents, des pommades, des tisanes aussi qu'elle a fabriqués parce qu'elle avait inventé toute une pharmacopée basée sur son observation de la nature et je me demandais pourquoi il y avait des produits qui s'appelaient Hildegarde de Bingen, je trouvais que ce n'était pas un nom très commercial... j'ai commencé à me renseigner sur elle...

 

 

Sur la Comtesse de Ségur, c'est parce qu'elle a marqué ma jeunesse. Moi, j'ai grandi dans une famille un peu libertaire et je lisais en cachette de mes parents la Comtesse de Ségur, mes parents m'ont initié à la curiosité, et dans ce cas, vous lisez des choses qui vont à l' inverse de votre éducation.

Parce que j'ai lu la Comtesse de Ségur, j'ai découvert que cette femme était moins caricaturale que l'image qu'on peut s'en faire et qu'effectivement elle était un peu bigote, aristocrate, enfant martyre, battue par sa mère, très catholique, très imprégnée de religiosité, mais surtout, elle a voulu montrer une éducation des enfants un peu différente : quand on lit entre les lignes de la Comtesse de Ségur, on sent qu'elle était plus progressiste que la récupération qu'on en a faite.

La Comtesse de Ségur, si elle a ce côté un peu compassé, un peu étroit, c'est surtout à cause de son fils, un de ses fils qui était une sorte de curé très radical : les enfants ne pouvaient comprendre l'éducation qu'au travers des coups et des punitions. Elle a essayé de se battre contre cette vision de son fils, mais comme elle aimait son fils plus que tout, elle a cédé de temps en temps à ses injonctions. La Comtesse de Ségur est un peu victime de son époque et elle est beaucoup plus progressiste qu'elle ne semble l'être. Alors, ce n'est pas Françoise Dolto évidemment mais il faut resituer le contexte et c'est pour cela que je l'ai trouvé passionnante et que j'ai eu envie de m'intéresser à elle, d'autant que je suis très engagé sur les combats sur l'enfance à travers La Voix de l'enfant depuis 25 ans.

 

J'ai dans ma vie rencontré beaucoup de gens habités par la foi. notamment du côté de ma maman, mon grand-père, ma grand-mère, tous étaient très imprégnés de religion, ils allaient à la messe et j'étais absolument fasciné par l'idée que la foi permet de regarder le monde avec générosité parce que je crois que les gens qui ont une foi sincère, lumineuse, sont tout à fait capables de traverser le monde peut-être mieux que ceux, comme moi, très pragmatiques qui sont persuadés qu'une fois que c'est fini, c'est terminé.

Je sais que dans des moments très douloureux dans ma vie j'aurais aimé être animé par cette foi sincère... ce que je n'aime pas, c'est le dogme, c'est l'obscurantisme, c'est la récupération, c'est la religiosité radicale, on voit les ravages que cela faisait, que cela fait et que cela continuera à faire...

 

Mais quand je vois l'abbé Pierre, la manière dont sa foi lui a permis d'ouvrir ses bras à chacun, aux plus démunis, quelles que soient leur religion, leur culture, leur race, je suis admiratif de ces gens-là."

 

Cette présentation fut l'occasion de découvrir ou de redécouvrir des personnalités attachantes du passé... 

 

 

 

 

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1 mars 2024 5 01 /03 /mars /2024 13:12
Gustave Caillebotte, l'impressionniste inconnu...

À la fois collectionneur, mécène et peintre, Gustave Caillebotte a été un personnage central du mouvement impressionniste. Grâce à des archives familiales inédites, Stéphanie Chardeau-Botteri nous emmène sur la piste d’un homme qui a marqué le milieu artistique du XIXe siècle, symbole d’un Paris en proie au renouveau.
 

Invitée lors du Festival de la Biographie, Stéphanie Chardeau-Botteri a présenté son ouvrage : Gustave Caillebotte, l'impressionniste inconnu...

"Gustave Caillebotte a aidé énormément le mouvement impressionniste et 130 ans après, très peu de personnes le connaissent, donc je me suis dit : Il faut absolument que j'écrive sa biographie, je suis une des descendantes de Caillebotte par son frère parce que l'artiste n'a pas eu d'enfant.

 

Sa vie m'a été racontée par sa nièce, Geneviève Caillebotte (Caillebotte avait 3 frères, l'ainé était un prêtre, le deuxième est mort à 25 ans, très jeune donc sans enfant, et le dernier, c'était mon arrière arrière grand-père qui a eu deux enfants, le premier est mort pendant la guerre de 14, donc il ne restait plus que Geneviève...) Geneviève que j'ai connue jusqu'à mes 14 ans, et qui nous a baignés d'histoires impressionnistes, jusqu'à ce qu'elle décède à à peu près cent ans. C'est elle la principale source, relayée par mon grand-père qui était très proche de sa maman et qui nous a baignés aussi dans cet univers impressionniste.

 

Gustave Caillebotte avait plusieurs casquettes, il n'est pas qu'un peintre impressionniste, mais aussi un très grand collectionneur (Monet, Manet, Renoir, Sisley, Pissarro, Cézanne), il était  un grand régatier, un grand horticulteur, et un philatéliste renommé.

Il a suivi les cours des beaux arts, c'est là qu'il a peint ses Raboteurs de parquet, il a présenté cette oeuvre au Salon officiel, le tableau a été refusé, parce qu'il choquait trop. Donc, à partir de ce moment-là, il s'est dit : "Je vais me tourner vers de nouveaux peintres, la nouvelle peinture et là, il a rencontré Degas qui lui a permis de rencontrer Renoir, Manet, Cézanne et tous les autres. Il est devenu très ami avec Renoir et Monet.

 

Caillebotte avait hérité jeune de son papa, il était relativement aisé, il n'avait pas besoin de vendre ses tableaux, il était très peu vendu à l'époque, il offrait beaucoup de ses tableaux, les oeuvres offertes au Musée d'Orsay sont souvent des cadeaux qui ont été faits à ses descendants. Pendant cent ans, son oeuvre a été oubliée parce qu'il est mort très jeune à 45 ans et qu'il n'a pas cherché à vendre...

 

Ses sources d'inspiration ? D'abord, la nature, avec les régatiers, les rameurs, un sport qui commençait à devenir à la mode, Caillebotte était lui-même un grand régatier, il a gagné énormément de régates, il a construit ses propres bateaux, et aussi le Paris d'Hausman, les rues, les pavés, la pluie qui tombe, les ponts, tout ce qui était moderne. Il a voulu montrer le nouveau Paris, la gare Saint-Lazare, le Pont de l'Europe, il était très attiré par la nouveauté...

 

Il était très proche de sa famille, mais malheureusement, son père, sa mère, son frère sont morts en trois ans à la suite. Avec un autre frère, ils ont vendu leur maison en Essonne, et leur maison rue de Miromesnil à Paris, après ces trois décès, ils ne pouvaient plus vivre dans cette maison, c'était trop triste. Donc, ils ont habité tous les deux ensemble, boulevard Haussmann, ils louaient un appartement très moderne. Après, mon arrière grand-père s'est marié, et Caillebotte est parti vivre au Petit Gennevilliers, et là il vivait avec sa compagne Charlotte.

 

Il a peint environ 500 tableaux... à sa mort, les oeuvres n'étaient pas vendues, elles n'étaient pas sur le marché. La famille ne cherchait pas à les vendre, il n'était pas connu du marché de l'art. Il avait beaucoup aidé Monet, Renoir, Pissarro en leur donnant beaucoup d'argent et en achetant leurs oeuvres. A cette période, il est très connu parmi le mouvement impressionniste, mais quand il est mort, avec les années, on l'a un peu oublié...

 

Caillebotte avait une vision très moderne de la vie : les peintures en perspective, peintes de haut, en haut des toits de Paris, avec de nouveaux points de vue... Pour lui, c'était important d'innover, il a beaucoup influencé les peintres actuels.

 

Je suis moi-même experte en tableaux et cela vient de la famille, j'ai été bercée dans cet univers-là. Mon grand-père m'emmenait voir des expositions. Il nous expliquait tout, tous les mouvements, j'ai fait des études de droit et rapidement, je me suis dit : "Non, ce n'est pas pour moi..."

Caillebotte a peint aussi des nus, mais ça ne plaisait pas du tout, c'était beaucoup plus rude, sans aucune mythologie...

 

Le journaliste qui interroge Stéphanie Chardeau-Botteri lui pose alors cette question : "Est-ce qu'on ne peut pas dire aujourd'hui que le marché de l'art est devenu un peu fou ?", le journaliste citant alors l'exemple d'un peintre qui a mis une merde, un étron dans un tube, qui s'est vendu une fortune. "ça, moi je sais le faire.", commente le journaliste.

"Un petit peu, le marché de l'art accepte trop de choses", répond la jeune femme.

Le journaliste insiste : "L'art est devenu un marché spéculatif."

"Oui, un  peu plus... je pense que l'histoire de l'art fera son travail, et à la fin, ne resteront que les bons.", répond Stéphanie Chardeau-Botteri.

"Est-ce que le truc qu'on a payé 300 millions de dollars, demain ça vaudra des cacahuètes ?"

Réponse : "Je pense peut-être. L'histoire de l'art va choisir certains artistes et d'autres seront éjectés."

 

 

 

 

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9 février 2024 5 09 /02 /février /2024 13:40
Pour redécouvrir Victor Hugo...

 

Victor Hugo : un des auteurs les plus célèbres de notre littérature... on connaît ses romans, nombre de ses poèmes, mais que sait-on de l'homme, de cet écrivain si renommé ?

Agnès Sandras porte un regard nouveau sur cet auteur qui a été déjà décrit dans de nombreux ouvrages.

Dans son livre, Victor Hugo, Le forçat des Lettres, elle répond d'abord à un défi d'éditeur : quand on lui a proposé d'écrire sur Victor Hugo, elle a eu envie de relever le défi.

"Ce qui m'a intéressée, c'était ce que propose cette collection, une collection qui est un partenariat entre Perrin et la Bibliothèque nationale de France, elle a recours à toute l'iconographie que peut posséder la BNF, à tous les manuscrits, les photographies, etc. parce qu'il y a un fonds Hugo absolument somptueux.

C'était là le premier défi absolument génial : faire une biographie illustrée de Victor Hugo, ce qui n'avait jamais été fait jusqu'à ce jour.

Il existe un Victor Hugo que tout le monde ne connaît pas : c'est quelqu'un qui dessine, qui peint de manière fabuleuse... et je trouve que c'est équivalent à la force de ses romans, c'est vraiment un homme multi-facettes, capable de tout faire...

Comment un écrivain travaille ? On s'imagine souvent le romantique inspiré, en train de se balader et tous les poèmes lui arrivent, non ce n'est pas du tout comme ça.

Victor Hugo, c'est certes quelqu'un qui a beaucoup d'imagination, mais c'est aussi quelqu'un qui travaille ses poésies, ses romans. Quand il écrit des discours politiques, il prévoit jusqu'aux interruptions de la Chambre, et il prévoit jusqu'à ce qu'on va lui dire...

Ce qui m'a intéressée, c'est de montrer Victor Hugo en train de travailler... il travaille ses alexandrins, et en revanche, dans ses dessins, dans ses peintures, il se laisse totalement aller à son inspiration, aux matériaux qui lui tombent sous la main... ses peintures révèlent une part assez sombre, il faut dire que ses dessins sont pour la majorité des dessins d'exil.

Victor Hugo a été obligé de s'exiler en raison de son opposition à l'empereur Napoléon III, il pensait que ça durerait quelques années, en fait, ça a duré 20 ans !

Même si les îles de Jersey, de Guernesey sont fabuleuses, 20 ans loin de Paris, loin d'une partie de sa famille, loin de ses amis, c'est vraiment très compliqué et par conséquent, il y a une part tourmentée, une inspiration tourmentée.

C'est Hugo qui dessine la couverture de la pièce Les Burgraves, il a dessiné aussi pour les décors des pièces, il a des idées pour les décors, pour les costumes.

 

Victor Hugo, c'est aussi quelqu'un qui construit son image, il a absolument envie de passer à la postérité, c'est pour cela qu'il est le premier écrivain à léguer son fonds à la Bibliothèque Nationale de France, et les écrivains par la suite vont l'imiter.

Donc, il va construire sa maison de Guernesey de manière à ce que ce soit une pièce de théâtre... on rentre, c'est tout sombre en bas, ça ressemble à Notre Dame, on monte les étages et cela devient absolument fabuleux : c'est éclairé, c'est plein de lumières.

 

Il y a une autre facette de Victor Hugo : c'est quelqu'un qui ne donne pas toutes les clés de son inspiration et de son écriture. En fait, très peu de gens l'ont approché dans ce travail d'écriture.

Il y a peut-être son petit fils qui a un peu pu voir, Juliette, sa maîtresse, forcément à certains moments, mais pour les autres personnes, la porte est fermée, et on ne saura pas comment il écrit.

Juliette Drouet est absolument indispensable à son inspiration, elle meurt deux ans avant Victor Hugo, elle l'a accompagné pendant 50 ans, et à partir du moment où Juliette Drouet meurt, Victor Hugo n'écrit plus de choses nouvelles. Il va juste trier ses documents, ses manuscrits, il ne peut plus écrire.

 

Juliette Drouet lui écrit tous les jours, c'est lui qui l'exige et elle va avoir un oeil très affûté sur ses manuscrits, puisque c'est elle qui les copie tant qu'elle le peut. Juliette est de très bon conseil... c'est elle qui va lui dire quand ils sont à Jersey et Guernesey : " *Dis-donc tu avais commencé à écrire un livre qui s'appelait Les Misères, c'était vraiment bien, moi j'aimais bien Les Misères, pourquoi tu le continues pas ?"

Et ce sera évidemment Les fameux Misérables qui nous sont arrivés grâce à Juliette... c'est Juliette qui va convoyer les manuscrits entre la France et les îles Anglo-Normandes, parce qu'évidemment la police surveille Victor Hugo. Donc, nous devons énormément de choses à Juliette Drouet.

 

Avant l'exil, Hugo va dans les salons littéraires, il est à la cour, lors de son exil, quelques journalistes viennent le voir mais ils ne peuvent pas être très nombreux, bien entendu, car ils sont surveillés par la police impériale, dans la troisième partie de sa vie, Hugo est une star, puisque les journalistes vont essayer de guetter la moindre de ses apparitions et les gens aussi... Lorsque Victor Hugo va à la plage en Normandie, des gens viennent lui demander des autographes. Donc, c'est une vraie star...

Dans son enfance, tout n'a pas été linéaire pour lui, il a connu quelques vicissitudes avec des parents qui n'ont pas forcément été très présents pour lui. Il naît pendant les guerres napoléoniennes, de deux parents qui se déchirent, son père est général d'empire et le petit Victor Hugo va se retrouver sur les routes au fur et à mesure des dissensions entre ses parents, sa mère vient voir son père, repart avec les enfants, puis son père lui impose à Madrid de rester dans un collège pendant plusieurs mois.

Hugo a dû fabriquer quelque chose avec l'écrit, la lecture pour se sortir de cette situation compliquée pour un enfant.

On appelé Victor Hugo le grand-père de la France pour deux raisons, d'abord Hugo a écrit un recueil extrêmement attendrissant sur l'art d'être grand-père qui est consacré à ses petits-enfants, parce que son fils était mort et qu'il a dû s'occuper de l'éducation de ses petits-enfants. Et c'est un grand-père très laxiste avec ses petits-enfants, et c'est une révolution sociétale... c'est plus qu'un grand-père parce qu'à l'époque ils étaient sévères. Tandis que pour Victor Hugo, s'ils ont le doigt dans le pot de confiture, lui trouve cela ravissant...

Et cela va entraîner une révolution sociétale : on va considérer les petits enfants de manière différente grâce à Victor Hugo.

Victor Hugo est considéré comme celui qui a permis le legs de la République et cette naissance de la III ème République, c'est un choix pour les Républicains qui est très facile de se dire : qui on pourrait choisir comme figure tutélaire ? Eh bien, il y a ce vieux monsieur qui a 80 ans, qui se définit comme un grand-père et qui a travaillé à cela.

Si vous regardez les photographies, vous avez Victor Hugo qui s'est laissé pousser la barbe, qui s'est taillé les cheveux, c'est un charmant grand-père et il devient le grand-père de tout le monde..."

 

 

 

 

http://editions.bnf.fr/victor-hugo-0

https://www.bonjourpoesie.fr/lesgrandsclassiques/poemes/victor_hugo/jeanne_fait_son_entree

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/poeme-du-jour-avec-la-comedie-francaise/jeanne-fait-son-entree-et-georges-et-jeanne-deux-poemes-de-victor-hugo-5891704

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2 février 2024 5 02 /02 /février /2024 13:33
Fellini Blues...

 

Une lecture-concert : une idée originale pour ce spectacle présenté lors du Festival de la Biographie...

 

Des extraits du nouveau roman de Jean-Pierre Milovanoff intitulé Fellini Blues ont été lus par son auteur avec un accompagnement des musiciens Raphaël Lemonnier au piano et Marc Simon, à la guitare, batterie, aux percussions tonales, à la trompette...

Un joli moment de grâce et de bonheur musical avec des airs de Nino Rota et des notes de blues...

 

"Valentin, 50 ans, vit avec sa mère. Il a peu lu, alors qu’il travaille comme magasinier dans une bibliothèque, et nourrit un complexe d’infériorité intellectuelle. Il est fin cuisinier et amateur de bons vins.

Il s'agit d'un modeste employé d'une bibliothèque de quartier qui est en fait manutentionnaire, il trimbale toute la journée des livres qu'il n'a pas lus. C'est un homme jeune, grand amateur de vins, ce n'est pas un séducteur mais il plaît presque malgré lui à des femmes qui apprécient son allure, sa discrétion et sa bienveillance.

On a donc un portrait de ses différentes compagnes...

Lorsqu'il rencontre Tancrelle qui est professeur de lettres et passionnée de cinéma et surtout des films de Fellini, toutes ses routines de célibataire s'effondrent. C'est le grand amour qui commence."

Une musique de jazz vient ponctuer cette présentation du roman...

 

"Valentin n'ignore pas que sa mère veille sur lui comme l'apiculteur sur les abeilles. Aussi se croit-il tenu, par une délicatesse de sentiment qui va bien au delà du respect filial, de lui cacher ses espérances et plus encore ses penchants assez éloignés de ceux qu'elle attend de son fils...

Impossible de lui confier sa secrète prédilection qui s'apparente à de la tendresse pour certains crus du Languedoc, les rouges surtout quand ils possèdent des notes denses, calcaires, avec des fragrances de mûres et de figues de ronciers, lesquelles s'assortissent merveilleusement à ses cordes vocales un brin éraillées au point qu'il n'est pas rare de les entendre résonner harmoniquement dès le premier cruchon. Cet attrait pour la production locale de qualité ne témoigne d'aucun chauvinisme. Si un supermarché vend en promotion des Bordeaux déclassés ou des vins chiliens, Valentin ne manque jamais d'en faire une ample collecte, quitte à s'attirer une remontrance de sa banquière pour ces dépenses imprévues.

Dans un registre différent (mais à peine), Valentin cache à sa mère qu'il fréquente peu, voire pas du tout, les sages demoiselles de la Haute Société financière, destinées à devenir chefs d'entreprise du Cac 40, qu'elle rêve d'avoir pour belles filles.

Soyons plus clair : Valentin s'amourache exclusivement de partenaires à grande valeur ajoutée, il aime les beautés fruitées, fardées, maquillées, millésimées, souvent trafiquées, longues en bouche et dotées d'une belle réputation, qui ont connu avant lui des transports nombreux et parfois la vie de château, et lui procurent une griserie joyeuse sans remords.

Peu lui importe que ces séductrices aient grandi en Bourgogne, en pays d'Oc ou sous le soleil d'Algérie. Amateur de vendanges tardives, il apprécie la saveur généreuse des Vénus expérimentées, qu'elles aient mûri en Alsace ou au Portugal, c'est pourquoi il fréquente en fin de semaine les bodégas propices aux rencontres sans lendemain."

Jusqu'à ce qu'il rencontre Tancrelle, après avoir subi un accident cardiaque et avoir changé de mode de vie...

 

Après le récit de son accident, on écoute le thème du film de Fellini : Huit et demi, un régal de fantaisie, de gaieté...

(Huit et demi (Otto e mezzo est un film franco-italien réalisé par Federico Fellini, sorti en 1963. Il est considéré comme l'un des meilleurs films jamais réalisés.

Le film suit un cinéaste dépressif qui fuit le monde du cinéma et se réfugie dans un univers peuplé de souvenirs et de fantasmes. Surgissent des images de son passé, son enfance et l'école religieuse de sa jeunesse, la Saraghina qui dansait sur la plage pour les écoliers, ses rêves fous de "harem", ses parents décédés.)

Puis, après la rencontre avec Tancrelle, on est ému par la célèbre musique de La Strada...

 

Ensuite, on reconnaît le thème enjoué de Amarcord... 

 

"Un roman "humain", chaleureux, nostalgique, aussi imprévisible que l’est la vie, aussi guetté par la fin que nous le sommes tous  : comme un blues de nos existences trop brèves…" peut-on lire dans quatrième de couverture de ce roman...

 

Merci aux musiciens et au conteur pour ce délicieux moment de fantaisie et de nostalgie...

 

 

 

https://books.google.fr/books?id=6OraEAAAQBAJ&pg=PA1897&lpg=PA1897&dq=Impossible+de+lui+confier+sa+secr%C3%A8te+pr%C3%A9dilection+qui+s%27apparente+%C3%A0+de+la+tendresse+pour+certains+crus+du+Languedoc.&source=bl&ots=HBMMcwxrMc&sig=ACfU3U3rqZzrymi7vuTnmZ5OyyPzY_YGrg&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwjmnOPj1ISEAxX2caQEHXMNAtMQ6AF6BAglEAM#v=onepage&q=Impossible%20de%20lui%20confier%20sa%20secr%C3%A8te%20pr%C3%A9dilection%20qui%20s'apparente%20%C3%A0%20de%20la%20tendresse%20pour%20certains%20crus%20du%20Languedoc.&f=false

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