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22 mars 2024 5 22 /03 /mars /2024 13:16
Le voyageur d'histoire...

Comédien, réalisateur, animateur télé et écrivain, Bruno Solo nous propose un voyage dans le temps, à la rencontre de personnages, dans son livre "Le Voyageur d'Histoire". Avec ce nouveau livre, Bruno Solo revendique "une curiosité insatiable". Il était invité lors du Festival de la Biographie où il a présenté son livre :

 

"Je n'ai pas la prétention de raconter la philosophie de Rabelais... je le rencontre et il me parle d'un aspect de sa philosophie, à un moment précis de son existence. Et c'est exactement comme ça que j'ai procédé pour tout le livre. Mon biographe préféré, c'est Stéfan Zweig... Quand vous lisez Marie Stuart ou Marie Antoinette ou Galilée ou Fouché, évidemment, ça se développe sur 300 ou 400 pages. Stefan Zweig rentre vraiment dans la psyché des personnages. Moi, je ne peux pas me le permettre : je n'ai ni ce talent, ni les capacités historiques pour le faire, je n'ai pas accès aux mêmes archives, aux mêmes documents.

Mais pour autant, c'est comme si je faisais une synthèse, je rencontre les personnages l'espace d'une journée, cela ne dure jamais plus de une heure à deux heures. Donc, il faut que je choisisse un moment clé de leur existence.

 

Pour évoquer Hildegarde de Bingen, j'ai écouté sa musique, elle est souvent jouée dans les églises... je suis un athée agnostique forcené, mais j'ai une admiration pour les gens qui ont une foi sincère, lumineuse et généreuse, j'ai eu envie de m'intéresser à quelqu'un qui avait la foi, donc évidemment j'ai dû lire des choses sur elle, et encore une fois, j'évoque un moment précis de son existence : le moment où elle fonde sa nouvelle abbaye, je veux la voir à ce moment-là parce que je sais qu'elle n' en a plus que pour quelques jours, et elle qui discutait avec Dieu, en connexion directe, qui parlait à Dieu et Dieu lui parlait directement... j'ai eu envie de savoir ce qu'il allait lui dire, à quelques jours de sa disparition...

Hildegarde de Bingen, c'est facile d'accès parce que sa musique est abordable, j'ai découvert Hildegarde de Bingen grâce à mon épouse, en fait : elle est maquilleuse dans le cinéma, et elle utilise certains produits estampillés Hildegarde de Bingen, il y a des produits, des onguents, des pommades, des tisanes aussi qu'elle a fabriqués parce qu'elle avait inventé toute une pharmacopée basée sur son observation de la nature et je me demandais pourquoi il y avait des produits qui s'appelaient Hildegarde de Bingen, je trouvais que ce n'était pas un nom très commercial... j'ai commencé à me renseigner sur elle...

 

 

Sur la Comtesse de Ségur, c'est parce qu'elle a marqué ma jeunesse. Moi, j'ai grandi dans une famille un peu libertaire et je lisais en cachette de mes parents la Comtesse de Ségur, mes parents m'ont initié à la curiosité, et dans ce cas, vous lisez des choses qui vont à l' inverse de votre éducation.

Parce que j'ai lu la Comtesse de Ségur, j'ai découvert que cette femme était moins caricaturale que l'image qu'on peut s'en faire et qu'effectivement elle était un peu bigote, aristocrate, enfant martyre, battue par sa mère, très catholique, très imprégnée de religiosité, mais surtout, elle a voulu montrer une éducation des enfants un peu différente : quand on lit entre les lignes de la Comtesse de Ségur, on sent qu'elle était plus progressiste que la récupération qu'on en a faite.

La Comtesse de Ségur, si elle a ce côté un peu compassé, un peu étroit, c'est surtout à cause de son fils, un de ses fils qui était une sorte de curé très radical : les enfants ne pouvaient comprendre l'éducation qu'au travers des coups et des punitions. Elle a essayé de se battre contre cette vision de son fils, mais comme elle aimait son fils plus que tout, elle a cédé de temps en temps à ses injonctions. La Comtesse de Ségur est un peu victime de son époque et elle est beaucoup plus progressiste qu'elle ne semble l'être. Alors, ce n'est pas Françoise Dolto évidemment mais il faut resituer le contexte et c'est pour cela que je l'ai trouvé passionnante et que j'ai eu envie de m'intéresser à elle, d'autant que je suis très engagé sur les combats sur l'enfance à travers La Voix de l'enfant depuis 25 ans.

 

J'ai dans ma vie rencontré beaucoup de gens habités par la foi. notamment du côté de ma maman, mon grand-père, ma grand-mère, tous étaient très imprégnés de religion, ils allaient à la messe et j'étais absolument fasciné par l'idée que la foi permet de regarder le monde avec générosité parce que je crois que les gens qui ont une foi sincère, lumineuse, sont tout à fait capables de traverser le monde peut-être mieux que ceux, comme moi, très pragmatiques qui sont persuadés qu'une fois que c'est fini, c'est terminé.

Je sais que dans des moments très douloureux dans ma vie j'aurais aimé être animé par cette foi sincère... ce que je n'aime pas, c'est le dogme, c'est l'obscurantisme, c'est la récupération, c'est la religiosité radicale, on voit les ravages que cela faisait, que cela fait et que cela continuera à faire...

 

Mais quand je vois l'abbé Pierre, la manière dont sa foi lui a permis d'ouvrir ses bras à chacun, aux plus démunis, quelles que soient leur religion, leur culture, leur race, je suis admiratif de ces gens-là."

 

Cette présentation fut l'occasion de découvrir ou de redécouvrir des personnalités attachantes du passé... 

 

 

 

 

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8 décembre 2023 5 08 /12 /décembre /2023 12:38
De la musique pour s'émerveiller : BACH, PUCCINI...

 

Le concert s'ouvre avec ce joli concerto en ré mineur pour violon et hautbois de Bach : une musique enjouée, pleine de charme et de vivacité... les deux instruments semblent se répondre dans un duo magnifique...

Le deuxième mouvement lent nous invite à une douce rêverie : on se laisse bercer par cette musique aérienne, légère, vaporeuse... un pur bonheur !

Avec le troisième mouvement, on est à nouveau emporté dans un tourbillon de notes...

 

On découvre ensuite cette composition de Giacomo Puccini : La Messa di Gloria... Cette oeuvre qui a tous les accents d'un opéra et semble d'une inspiration profane permet à Puccini de décrire l'exaltation des sentiments et des passions à travers les parties classiques d'une messe : Kyrié, Credo, Sanctus et Agnus Dei...

 

Le Kyrié d'une infinie douceur nous fait entendre la voix des anges : une musique tendre, lumineuse qui nous transporte et nous émeut...

 

Le Gloria plein d'entrain et de vivacité restitue une forme d'exaltation et de ferveur... il contient un solo de ténor : Gratias agimus tibi d'une grande ampleur.

 

Le Credo est aussi très développé et comporte le passage dramatique du Cruxifixus contenant des appogiatures comme on en verra plus tard dans les opéras. 

 

Le Sanctus et Benedictus sont beaucoup plus réduits, et contiennent le magnifique solo de baryton sur Benedictus.

 

L'Agnus Dei est encore plus bref et laisse même une impression d'inachevé... on admire pourtant le raffinement et l'originalité de cette dernière partie.

 

Il faut préciser que cette oeuvre a été écrite en 1880 à l'occasion de l'examen de fin de cycle par le jeune élève compositeur. Giacomo Puccini avait alors seulement 22 ans.

Pour une oeuvre de jeunesse, cette messe est particulièrement réussie !

 

Par la suite, Puccini compose des opéras qui lui assurent une renommée mondiale : Manon Lescaut (dans lequel il reprend le thème de l'Agnus Dei de la messe), puis La Bohème, La Tosca, Madame Butterfly...

Pour clôturer le spectacle, les musiciens et chanteurs nous offrent un extrait de Nabucco de Verdi : Le Choeur des esclaves...

 

Merci à tous les musiciens et chanteurs : pour le concerto de Bach, les solistes : Patrice BARSEY, hautbois et Norbert JESUS PIRES, violon...

Pour la Messa di Gloria : Ensemble Instrumental Sinfonietta, Ensemble Polyphonique de Nîmes, Choeur San Gervasio de Capriate...

Solistes : Marc SOUCHET, baryton... Gabriel RIXTE, ténor

 

 

 

 

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8 novembre 2023 3 08 /11 /novembre /2023 10:35
Le succès vertigineux des montagnes russes...

 

Les montagnes russes ? Vous aimez ? Encore un plaisir frelaté dans notre monde artificialisé... Ces attractions remportent pourtant un vif succès dans le monde...

Comme un besoin de sensations fortes dans un univers encadré, surveillé...


Vivre intensément ! C'est le credo de beaucoup de gens, à notre époque...

Pour ce faire, il faut à tout prix partir en vacances, se rendre dans des parcs d'attraction où l'on cultive des émotions fortes...

Ces parcs d'amusement collectif ont de plus en plus de succès : parcs nautiques, avec des toboggans, des vagues artificielles, parcs d'attractions, avec grandes roues, balançoires géantes, grand huit...

"Des chutes libres, des vrilles ou même des arrêts la tête à l'envers et toujours les mêmes réactions : des cris de terreur et des hurlements...

 

Mais comment peut-on apprécier de telles attractions ?

Pourtant, les montagnes russes sont désormais les produits d’appel des parcs d’attractions. Chaque année, ils investissent en moyenne 20% de leur chiffre d’affaires dans de nouvelles attractions. Une nécessité dans un secteur compétitif.

Les montagnes russes, stars des parcs d’attraction, attirent toujours plus de visiteurs à la recherche de sensations fortes. À coup de millions d’euros, les parcs rivalisent entre eux et en installent tous les trois à cinq ans.

 

Au Parc Astérix, c’est la nouvelle attraction à tester. Toutatis a ouvert en avril dernier. L’attraction propose des pointes à 110 km/h et jusqu’à 51 mètres de hauteur. "On vient se faire peur. On vient essayer de dépasser un peu nos limites, toujours plus vite, toujours plus haut !", assure un passionné de grands huit. Plus d’un million de personnes ont déjà embarqué à bord.

Côté sécurité, rien n’est laissé au hasard : contrôle quotidien des harnais, de l'état des roues et de leur positionnement au millimètre près.

Un budget colossal pour ces attractions : 36 millions d'euros, le plus gros investissement de l'histoire du parc.

"C'est indispensable pour se démarquer", déclare le directeur du groupe.  "Il y a une compétition, on est dans un secteur concurrentiel et il faut pouvoir offrir à nos visiteurs ce qu'ils considèrent comme étant l'offre qui fera venir les gens."


La compétition se joue à l’échelle du monde entier. Il faut innover à tout prix, alors chaque montagne russe est conçue sur mesure. Julien Simon est concepteur de montagnes russes. Pour s’inspirer, il en a testé près de 2 000 dans 30 pays. Son dernier projet est en cours de construction dans un parc en Isère... Objectif : une sensation différente toutes les 3 secondes !

"Cela donne aussi l'impression que la montagne russe est plus longue qu'elle ne l'est, parce que si on fait plusieurs fois la même chose, ça devient vite répétitif..." déclare ce concepteur.

 

Luc De Roo, directeur général de Walibi Rhône-Alpes, en est fier, car "c’est le plus gros investissement du parc". Ici depuis dix ans, 50 millions d'euros ont été investis pour doubler le nombre de montagnes russes, et ça marche ! 50% de visiteurs en plus, et ils restent plus longtemps dans le parc. Et plus ils restent, plus ils consomment : boutiques, photos souvenirs, restaurant, boissons...

 

Pour les parcs d’attraction, les montagnes russes sont des produits d’appel. Pour élargir leur offre et attirer de nouveaux clients, les parcs investissent en moyenne chaque année 20% de leur chiffre d’affaires dans de nouvelles attractions."

 

Mais comment ne pas voir l'inanité de ces loisirs ?

 

Source :

 

https://www.francetvinfo.fr/replay-jt/france-2/20-heures/parcs-d-attractions-le-bon-filon-des-montagnes-russes_6157974.html

 

 

Le succès vertigineux des montagnes russes...
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20 octobre 2023 5 20 /10 /octobre /2023 12:06
Et si on visitait un musée en musique ?

 

Et si on visitait un musée en musique ?  Voilà une idée originale mise en oeuvre par le Musée du Vieux Nîmes...

Une harpiste, une soprano et un ténor nous accompagnaient lors de cette visite exceptionnelle...

Le Musée est en fait l'ancien palais épiscopal de la ville construit à l'époque de Louis XIV. Ce palais fut transformé en musée en 1920, un musée qui restitue des modes de vie du passé : on peut y admirer des céramiques, du mobilier ainsi que des tissus, des vêtements, autant d'objets liés à l'industrie nîmoise...

Après cette présentation, place à la musique !

Installée sur le grand escalier du musée, devant une armoire peinte d'Uzès, Nathalie Cornevin, harpiste joue alors une sonate de Bach, un air enchanteur, une douce musique, emplie de charme et de gaieté... 

Un moment de rêve et d'émerveillement !

Puis, apparaît le ténor Carlos Natale qui interprète un air langoureux et plaintif "Se que me muero", une composition de Lully extraite du Ballet des Nations, le final de la comédie-ballet Le Bourgeois Gentilhomme.

"Se que me muero de amor
Y solicito el dolor.
Aun muriendo de querer
De tant buer ayrė adolezco
Que es mas de lo que padezco
Lo que quiero padecer
Y no pudiendo exceder"

 

"Je sais que je meurs,
je meurs d'amour
et je demande la douleur.

Même en mourant d'amour
je souffre d'une si grande apparence
que je souffre plus que
ce que je veux souffrir"

La voix du ténor résonne dans ce grand escalier... Magique !

 

La harpiste égrène alors des notes pleines de douceur, et la soprano Pauline Rouillard, en robe noire ornée de strass, se présente : on écoute avec ravissement un air de Haëndel "Se pieta di me non senti".

Amoureuse de César, Cléopâtre appelle sur lui la pitié des dieux, une belle chanson d'amour et de plainte...

 

Pour cette première séquence sur le grand escalier, le ténor rejoint la soprano, et tous deux interprètent un morceau connu de tous : Plaisir d'amour de Martini.

"Plaisir d'amour ne dure qu'un moment,
Chagrin d'amour dure toute la vie.
J'ai tout quitté pour l'ingrate Sylvie.
Elle me quitte et prend un autre amant.
Plaisir d'amour ne dure qu'un moment,
Chagrin d'amour dure toute la vie.
Tant que cette eau coulera doucement
Vers ce ruisseau qui borde la prairie,
Je t'aimerai, me répétait Sylvie,
L'eau coule encor, elle a changé pourtant.
Plaisir d'amour ne dure qu'un moment,
Chagrin d'amour dure toute la vie."

Un plaisir d'amour qui nous séduit toujours...

 

La visite du musée se poursuit dans la salle Textile. Dans cette salle, en même temps que la musique, c'est un vrai plaisir pour les yeux. Nîmes fut une ville ouverte sur le monde, grâce notamment à l'industrie textile... confection de bas, de robes de soie, de châles de cachemire, avec des formes stylisés de feuilles, ce qui montre toute la richesse de la ville.

Les châles de Nîmes sont reconnaissables à leurs couleurs vives et à leurs motifs ornementaux, d’origine indienne, composés d’éléments floraux stylisés et de palmes, aussi appelés botehs. Exportés en Amérique, en Espagne, en Belgique et en Hollande, les châles de Nîmes remportèrent de nombreux prix lors des expositions universelles entre 1827 et 1867. 

Au milieu des tapisseries, des tissus soyeux, des châles, la harpiste nous enchante d'un air de Gabriel Fauré limpide, aérien : "Une châtelaine en sa tour."

Le ténor revient et nous offre cet air : "Si mes vers avaient des ailes" de Reynaldo Hahn.

 

"Mes vers fuiraient, doux et frêles
Vers votre jardin si beau
Si mes vers avaient des ailes
Comme l'oiseau

Ils voleraient, étincelles
Vers votre foyer qui rit
Si mes vers avaient des ailes
Comme l'esprit

Près de vous, purs et fidèles
Ils accourraient, nuit et jour
Si mes vers avaient des ailes
Comme l'amour !"

Une belle chanson d'amour, un texte un peu désuet mais si charmant...

 

L'amour encore avec une jolie mélodie de Francis Poulenc : Les chemins de l'amour... que nous chante Pauline Rouillard.

 

"Les chemins qui vont à la mer
Ont gardé de notre passage
Des fleurs effeuillées et l'écho sous leurs arbres
De nos deux rires clairs
Hélas des jours de bonheur
Radieuses joies envolées
Je vais sans retrouver trace dans mon cœur. 

Chemins de mon amour
Je vous cherche toujours
Chemins perdus
Vous n'êtes plus
Et vos échos sont sourds
Chemins du désespoir
Chemins du souvenir
Chemins du premier jour
Divins chemins d'amour"

 

La déambulation se poursuit dans le musée : des négociants protestants ont dû fuir les persécutions et ont installé des comptoirs en Europe, ils ont alors exporté le savoir faire nîmois. Notamment la serge de Nîmes...
Cette toile du XVI ème siècle est composée d'un fil de chaîne bleu et d'un fil de trame de couleur écru. Son appellation viendrait du nom de la ville : Nîmes, et de son usine de fabrication la "Nim". A l’origine, le denim serait donc issu de la ville de Nîmes,

Avec ce tissu, l'esthétique passe au second plan : c'est avant tout une toile pratique et ordinaire.

Et on connaît le succès phénoménal de cette serge de Nîmes à travers le développement du jean qui est désormais à la mode.

Très vite, la toile de jean de Nîmes intrigue les pays étrangers, et notamment l’Angleterre et les États-Unis. En 1853, Levi Strauss commence à importer la toile de jean de Nîmes afin de réaliser ses fameux jeans Levi’s et notamment le modèle phare, le jean 501.

 

Bientôt la visite nous conduit jusqu'au grand salon d'apparat des évêques de Nîmes, avec une magnifique rosace qui orne le parquet. On admire aussi des armoires sculptées. Les armoires apparaissent au XVIIème siècle.
Elles succèdent aux coffres et aux cabinets. Elles font partie du trousseau de mariage, au même titre que le linge de maison, ustensiles domestiques divers, outils de travail.

Ces armoires dites figurées sont sculptées de motifs fleuris et de personnages racontant des histoires mythologiques ou religieuses. Caractéristiques du Bas Languedoc, elles allient le savoir-faire de deux corps de métiers : les maîtres menuisiers et les maîtres sculpteurs. 
Ces armoires sont principalement en noyer, seules les étagères et la partie arrière sont en châtaignier. Elles sont massives. Les montants sont sculptés, généralement de frises végétales. 

Le billard présent dans cette salle est encore une très belle pièce d'ébénisterie, une marquèterie en bois précieux exotique...

On peut découvrir également, dans cette salle, des poteries : un vase d'Anduze, des "demoiselles d'Avignon" : leur forme est constituée d'une panse ronde et d'un col élancé avec un bec verseur. Des décors en relief aux formes de végétaux, de volutes et de rosaces sont appliqués sur l'ensemble de la céramique. Originaires de Turquie, ces terres cuites sont très présentes dans le sud de la France. Par la suite, elles ont également été produites en France. Elles servaient aux paysans à conserver leur boisson fraîche, lors des travaux des champs...
 

C'est dans ce décor somptueux que le ténor interprète "Après un rêve" de Fauré...

 

"Après un rêve
Dans un sommeil que charmait ton image
Je rêvais le bonheur, ardent mirage ;
Tes yeux étaient plus doux, ta voix pure et sonore
Tu rayonnais comme un ciel éclairé par l’aurore ;
Tu m’appelais, et je quittais la terre
Pour m’enfuir avec toi vers la lumière ;
Les cieux pour nous entr’ouvraient leurs nues,
Splendeurs inconnues, lueurs divines entrevues
Hélas ! Hélas, triste réveil des songes !
Je t’appelle, ô nuit, rends-moi tes mensonges ;

Reviens, reviens radieuse,
Reviens, ô nuit mystérieuse !"

 

Puis, la soprano Pauline Rouillard nous invite à visiter Venise sur les pas de Charles Gounod...

"Dans Venise la rouge                 
Pas un bateau ne bouge,
Pas un pêcheur dans l'eau,
Pas un falot!
La lune qui s'efface
Couvre son front qui passe
D'un nuage étoilé
D'un nuage étoilé
Demi voilé!
Tout se tait fors les gardes
Aux longues hallebardes
Qui veillent aux créneaux
Des arsenaux.

 

Ah! maintenant plus d'une
Attend au clair de lune
Quelque jeune muguet,
L'oreille au guet.
Sous la brise amoureuse
La Vanina rêveuse
La Vanina rêveuse
Dans son berceau flottant
Passe en chantant.
Tandis que pour la fête
Narcissa qui s'apprête
Met devant son miroir
Le masque noir.

Laissons la vieille horloge
Au palais du vieux doge
Lui compter de ses nuits
Les longs ennuis.
Sur la mer nonchalante
Venise l'indolente
Ne compte ni ses jours
Ne compte ni ses jours
Ni ses amours.
Car Venise est si belle
Qu'une chaîne sur elle
Semble un collier jeté
Sur sa beauté."

 

Et l'amour encore avec cet air de Lalo, extrait du Roi d'Ys : "Puisqu'on ne peut fléchir"... en compagnie du ténor Carlos Natale.

"Puisqu'on ne peut fléchir ces jalouses gardiennes
Ah, laissez-moi conter mes peines
Et mon émoi

Vainement, ma bien aimée
On croit me désespérer
Près de ta porte fermée
Je veux encore demeurer

Les soleils pourront s'éteindre
Les nuits remplacer les jours
Sans t'accuser et sans me plaindre
Là-haut, je resterai toujours
Toujours
(Toujours, toujours)

Je le sais, ton âme est douce
Et l'heure bientôt viendra
Où la main qui me repousse
Vers la mienne se tendra

Ne sois pas trop tardive
À te laisser attendrir
Si Rozenn bientôt n'arrive
Je vais, hélas, mourir
Hélas, mourir"

 

On écoute enfin avec ravissement Clair de Lune de Debussy, mélancolie, douceur, beauté des gestes de l'instrumentiste Nathalie Cornevin qui effleure sa harpe, un moment de grâce infinie !

Merci aux artistes qui nous ont enchantés de leur talent au cours de cette visite exceptionnelle.

 

 

 

 

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11 septembre 2023 1 11 /09 /septembre /2023 12:11
Un monde inhumain : tout passe par des machines...

 

Vous devez renouveler votre carte d'identité ? Désormais, il faut remplir une pré demande sur internet, répondre à un questionnaire détaillé, puis prendre un rendez-vous dans une mairie, et cette prise de rendez-vous se fait encore sur internet, donc à l'aide d'un ordinateur, d'une machine...

On imagine les difficultés des gens qui ne savent pas bien maîtriser l'outil informatique... ou encore de tous ceux qui sont privés d'internet.

 

Vous souhaitez prendre un rendez-vous auprès d'un médecin spécialiste ?

Vous tombez sur un répondeur qui diffuse sans arrêt le même message, encore une machine, donc.

Vous téléphonez pendant des heures sans succès... car après le message, la ligne sonne occupée.

Soudain, comme par miracle, vous entendez ce message : "Ne quittez pas, une secrétaire va prendre votre appel... Ne quittez pas, une secrétaire va prendre votre appel... Ne quittez pas, une secrétaire va prendre votre appel... Ne quittez pas, une secrétaire va prendre votre appel... etc" pendant plus d'une demi-heure, et au bout du compte, la ligne sonne encore occupée.

On imagine le désarroi du patient qui ne peut obtenir de rendez-vous...

 

Dans de nombreux secteurs, les machines remplacent les humains.

Est-ce vraiment un progrès ? 

On peut se poser la question...

Certes, avec les machines, on peut penser gagner du temps... on pourrait penser que la machine libère l'homme...

Mais, en fait, l'homme doit alors vivre au rythme des machines, se plier à une forme de domination...

 

Nous vivons de plus en plus entourés de machines, et même pour nous divertir, nous utilisons des écrans de plus en plus diversifiés et nombreux : ordinateurs, tablettes, smartphones, téléviseurs...

"Un Français passe désormais huit heures par jour devant son écran, en moyenne (quatre heures de télévision, et quatre heures sur internet, tous supports confondus, hors temps de travail)... notre attention est désormais considérée comme une ressource fondamentale qu'il s'agit de capter pour accroître le profit...", écrit Cyril Dion dans son ouvrage Petit manuel de résistance contemporaine. 

Notre économie fonctionne aussi grâce à des machines... L'organisation de l'économie se fait autour des transports. La dépendance de l'économie aux moyens de transport est totale...

Encore des machines : voitures, trains, avions, bateaux...

En France, quand les gens vont au travail, c'est en voiture à 80%.

 

Dans ce monde voué aux machines, quelle place reste-t-il pour l'humain ?

 

 

 

 

Un monde inhumain : tout passe par des machines...
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8 septembre 2023 5 08 /09 /septembre /2023 12:08
Récital de piano à quatre mains : les pouvoirs merveilleux de la musique...

 

"La vie est plus belle en musique", nous dit Claire-Marie Le Guay, pianiste concertiste. Et quand on assiste à un récital ou à un concert en direct, on ressent d'autant plus les pouvoirs merveilleux de la musique.

"L'histoire de la musique suit celle de l'humanité. Par les liens qu'elle crée entre les hommes à travers le temps, elle rapproche ceux qui l'écoutent et ceux qui la transmettent, ceux qui la composent et ceux qui l'interprètent, ceux qui la jouent ensemble, unis dans le respect, la diversité et l'écoute de l'autre. La musique est fraternité..." écrit encore Claire-Marie Le Guay.

La musique est beauté, apaisement, harmonie, enchantement...

Un enchantement que j'ai à nouveau ressenti au cours de ce spectacle donné lors des Jeudis de Nîmes :

Un récital de piano à quatre mains pour découvrir les Danses hongroises de Johannes Brahms, et les Danses polovstiennes d'Alexandre Borodine.

 

Au piano, Anne Svetoslavsky et Cédric Bambagiotti...

 

On se laisse entraîner par le rythme vif de la Danse hongroise n° 1 en sol mineur, des cascades et vertiges de notes qui nous emportent dans leur tourbillon...

 

Puis, c'est la musique aérienne et légère de la danse hongroise n° 2 qui nous séduit...

 

C'est un air sautillant, bondissant, mutin, amusant qui nous charme avec la Danse hongroise n° 3.

 

Une tonalité mélancolique, langoureuse ouvre la danse n° 4, puis le rythme devient vif, endiablé et à nouveau mélancolique... Quelle douceur !

 

C'est un air très vif, très dansant que nous offrent les musiciens avec la danse n° 5.

 

On a l'impression d'entendre une musique de dessin animé avec la danse n° 7.

 

Quant aux danses polovtsiennes de Borodine, après une introduction pleine de douceur, puis très mélodieuse, le rythme s'accélère, dans un vertige de notes !

On est emporté dans un tourbillon enchanteur de notes !

Une musique enthousiasmante et vive !

 

"Les Danses hongroises de Johannes Brahms (1833-1897) sont une série de 21 compositions et arrangements de danse hongroise pour piano à quatre mains, composées entre 1867 et 1880, inspirées pour la plupart d'airs populaires de danse hongroise-traditionnelle-folklorique-tzigane-slaves.

 

Les Danses Polovtsiennes de Borodine incarnent pour l’Europe de la fin du XIXe siècle un certain exotisme oriental. Extraites de l’opéra Le Prince Igor qui s'inspire de l'ancienne Russie, elles assurent le succès aux Ballets russes de Diaghilev au début du XXe. Mais Borodine n’aura jamais vu son oeuvre acclamée.
Borodine n’eut pas le temps d’achever Le Prince Igor, débutée dès 1869 et qui allait devenir l’une des partitions emblématiques de la musique russe."

 


"Anne Svetoslavsky débute ses études musicales au Conservatoire à Rayonnement Départemental de Nîmes. Elle entre ensuite au Conservatoire à Rayonnement Régional de Lyon où elle obtient son Diplôme d’Études Musicales en piano. Puis elle s'initie à l'accompagnement au Conservatoire à Rayonnement Régional de Montpellier.
Ce domaine la passionne et, très vite, elle va être amenée à travailler avec différentes formations dans toute la région et notamment avec l'Opéra de Montpellier.
Elle se produit en concert en musique de chambre et avec des chanteurs lyriques dans de nombreux festivals régionaux. Désireuse de faire découvrir la musique de son temps, elle participe à des créations mondiales.

Enseignant, concertiste, Cédric Bambagiotti formé au Conservatoire de Nîmes dans la classe de Catherine Silie, se perfectionne par la suite avec de grands maîtres tels que Carlos Roqué Alsina, Dominique Merlet…
Avec le Trio Carré, composé de David Dussaud au violon et Céline Dussaud au violoncelle, ils font une tournée suivie par la chaîne Arte. Tout au long de son parcours musical, il trouve son langage et est reconnu pour son jeu, subtil et généreux."

 

 

 

 

https://www.guideclassique.com/brahms-danses-hongroises/

 

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1 septembre 2023 5 01 /09 /septembre /2023 10:35
Je vous invite à une promenade musicale dans les bois...

 

Et si on faisait une balade dans les bois ?


Un duo de piano et hautbois d’amour, cor anglais, hautbois... Cosima Guelfucci pianiste, et Thierry Guelfucci compositeur, hautboïste nous ont emmenés dans une merveilleuse balade champêtre, lors des Jeudis de Nîmes...

 

 On assiste au réveil de la nature au lever du soleil... C'est le piano qui ouvre ce morceau de Thierry Guelfucci : Réveil au lever du soleil dans la forêt... un air très doux...

Promenons-nous dans les bois pendant que le loup... on entend alors les notes plus sombres du piano...

Un rayon de soleil timide apparaît au travers des arbres : le piano se fait tendre et serein...

Les animaux s'étirent, bâillent, la forêt s'éveille et s'anime peu à peu...

Le hautbois d'amour s'impatiente de chanter pour vous : des notes vives et accélérées sur le piano traduisent cette impatience.

Le hautbois d'amour ! Quel joli nom !

Le hautbois d'amour a une sonorité douce et envoûtante, à la manière des sopranistes, d'où son qualificatif  "d'amour" pour sa tendresse un peu mélancolique qui se marie bien avec la musique à caractère pastoral.

Jean Sébastien Bach l'utilise beaucoup pour ses sonorités douces et voilées.

 

On écoute alors l'Air du Magnificat en ré majeur : Quia respexit humilitatem, une musique douce, langoureuse, tourbillonnante.

 

Maurice Ravel, lui, donne un solo au hautbois d'amour, avec l'oeuvre la plus célèbre du monde : le Boléro... on est toujours subjugué par cet air envoûtant.

 

Robert Schumann compose Fantasiestücke en deux jours seulement : on écoute le n°1 opus 73... un morceau tourbillonnant, fascinant...

 

Et voilà que la vie s'anime dans les arbres : la forêt et ses mystères nous enveloppent... puis arrive l'orage qui se déchaîne : c'est la course folle, c'est un cataclysme !

Un air joué au piano mime les mystères de la forêt, puis la musique s'accélère, s'emporte : on sent l'orage et la fuite éperdue des animaux... le piano gronde !

 

Thierry Guelfucci nous présente alors le cor anglais : "Je suis le cor anglais... mais pourquoi ce nom ? Mon ancêtre baroque était courbé et le terme "anglais" renvoie à  une compréhension erronée de l'expression allemande "engellische Horn, cor angélique", en raison de la ressemblance qu'avait l'instrument avec celui dont étaient dotés les anges dans l'iconographie religieuse. : il a un timbre particulier à la couleur douce et ouatée."

On écoute les premières minutes du 2ème mouvement de La symphonie du nouveau monde de Anton Dvořák. Ce morceau est inspiré d’un poème intitulé Song of Hiawatha et particulièrement d’une scène de funérailles d'une héroïne indienne dans la forêt :

"Alors ils enterrèrent Minnehaha

Dans la neige une tombe ils lui firent

Dans la forêt profonde et sombre

Sous les fleurs plaintives ; Ils la vêtirent de ses plus riches vêtements

Ils l’enveloppèrent dans ses robes d’hermine,

La recouvrirent de neige, comme l’hermine;

Ainsi ils enterrèrent Minnehaha"

Une musique mélancolique, un air langoureux, très doux, de plus en plus doux...

 

On est ému encore par cet extrait de Tristan et Iseult de Richard Wagner : une triste mélopée qui accompagne la mort de Tristan... on entend un air sombre qui s'anime, devient joyeux avec l'annonce de l'arrivée d'Iseult, puis qui s'assombrit encore.

 

Composée en 1938, la Sonate pour hautbois et piano de Paul Hindemith est particulièrement réussie et fidèle à la vocation bucolique de l'instrument...

 

Et comment ne pas être ébloui par le Concerto en sol majeur de Maurice Ravel ? Un chef d'oeuvre de pureté, d'harmonie ! Magnifique ! Les notes ruissellent et nous transportent : c'est une invitation à contempler la nature, à retrouver repos et sérénité...

 

Soudain, la forêt est ravagée par le feu...les flammes crépitent, les arbres deviennent des torches vivantes, c'est la désolation. Cosima Guelfucci interprète au piano ce morceau composé par son époux : des notes sombres, graves puis vives qui miment l'embrasement de la forêt.

 

On aime aussi la douceur de cette sonate op. 166 de Camille Saint Saëns : un récitatif au thème bucolique, un style pastoral : un air très doux joué au hautbois ponctué par le piano, un air qui devient chantant, joyeux, charmant...

 

L'Elégie (extrait de la Sonate) de Francis Poulenc nous offre encore un moment de paix, d'harmonie : le piano dialogue avec le hautbois dans une ambiance champêtre, un air envoûtant, empli de charme et de sérénité...

 

Enfin, on écoute avec ravissement un air amusant, empli de gaieté : Variations sur La ci darem la mano de Beethoven (à partir d'un extrait de Don Giovanni de Mozart...)

 

Après un tel programme, c'est un triomphe et un tonnerre d'applaudissements pour les deux musiciens qui nous offrent encore ce morceau célèbre : Le Hautbois de Gabriel (Gabriel's Oboe),  le thème principal du film de 1986 Mission réalisé par Roland Joffé. Le thème a été écrit par le compositeur italien Ennio Morricone. Une musique très douce qui nous transporte dans un monde de beauté et d'harmonie...

 

Et cerise sur le gâteau : la Sicilienne de Jean-Sébastien Bach, on peut fermer les yeux et goûter à une infinie douceur...

 

Premier prix du Conservatoire de Strasbourg, Cosima Guelfucci est professeur d’enseignement artistique en piano, elle enseigne au conservatoire d’Istres.
En parallèle, elle se produit en Allemagne ainsi que dans différents festivals tels que Liszt en Provence, Pays Catalans, Nuits Pianistiques d’Aix-en-Provence...
Son intérêt pour la musique de chambre l’amène à partager la scène avec des musiciens issus des orchestres d’Avignon, Marseille, Paris ainsi que de l’Orchestre Philharmonique de Berlin et du Concertgebow d’Amsterdam.

Thierry Guelfucci obtient ses premiers prix de hautbois et de musique de chambre au Conservatoire de Nîmes et intègre le Conservatoire National de Rueil-Malmaison où le premier prix d’excellence et de virtuosité lui est décerné.
Compositeur, il publie en Allemagne un recueil intitulé Suite Cévenole pour deux hautbois qu’il enregistre avec Christophe Hartmann, hautbois solo de l’Orchestre Philharmonique de Berlin.

 

 

https://www.orchestre-avignon.com/artistes/thierry-guelfucci/

 

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18 août 2023 5 18 /08 /août /2023 10:09
Brice Martin : le merveilleux pouvoir d'évocation de la musique...

 

C'est un un récital de piano où l'on a pu apprécier la virtuosité de Brice Martin, sa modestie, sa passion de la musique et de l'art...

 

Brice Martin se définit lui-même comme un pianiste amateur, au demeurant un pianiste très talentueux qui nous a offert un spectacle haut en couleurs, empli d'émotions et de sensations diverses...

 

Brice Martin a fait des études de médecine à Nîmes, s'est spécialisé en psychiatrie à Paris... parallèlement à sa formation médicale, il continue à cultiver sa passion pour le piano.

 

Et Brice Martin a fait d'abord le choix original de nous présenter l'oeuvre d'un compositeur français peu connu : Déodat de Séverac, un compositeur qui avait le goût de l'improvisation, qui maîtrisait un certain art de conteur, une sorte de "Giono du piano", nous dit Brice Martin... Et il rajoute : "c'est une musique qui sent bon."

Sa musique pour piano, au style très personnel, est souvent imagée et colorée, comme dans Le Chant de la Terre, qui décrit une idylle rustique, ou les morceaux En Languedoc et Baigneuses au soleil.

La suite Cerdaña, son chef-d'œuvre, illustre son amour pour le terroir catalan.

 Dans Les muletiers devant le Christ de Llivia, les cloches de l'ancienne église fortifiée sonnent dans une représentation vivante de la scène, alors que les fidèles offrent leurs prières...

 La prière des Muletiers devant le Christ de Llivia est peut-être le sommet spirituel de l’œuvre de Déodat de Séverac. "Il est impossible, me semble-t-il, d’aller plus loin et plus haut dans l’expression du sentiment religieux." selon le poète François-Paul Alibert...

On écoute avec ravissement ce morceau interprété par Brice Martin : intensité, profondeur, ferveur,  rêverie...

 

Dans Le retour des muletiers, on entend les muletiers remonter sur les routes de montagne.

On a l'impression, en écoutant cet extrait, de percevoir le pas cadencé des mules, une scène pittoresque et vivante se dessine... On voit les mules en train de trotter, on voit les muletiers dans la poussière de la route et des fumées bleues...

Tout le pouvoir d'évocation de la musique !

 

Brice Martin nous présente ensuite un autre compositeur Maurice Ravel et ses sortilèges harmoniques... son oeuvre comporte de nombreuses références à la littérature et à la poésie.

Ainsi, la partition de Jeux d'eau porte en épigraphe une citation d'Henri de Régnier : "Dieu fluvial riant de l'eau qui le chatouille."

Et Brice Martin nous joue cette partition avec toute sa sensibilité : on entend le doux bruissement de l'eau, l'eau qui coule, ruisselle, rejaillit, rebondit, s'envole... Magique ! Un moment de rêverie et de douceur...

 

Brice Martin évoque aussi une autre oeuvre de Maurice Ravel : Gaspard de la nuit : Trois poèmes pour piano d'après Aloysius Bertrand est un triptyque composé en 1908, d'après trois poèmes en prose extraits du recueil du même nom d'Aloysius Bertrand...

Le pianiste nous lit alors le poème Ondine :

 

- " Ecoute ! - Ecoute ! - C'est moi, c'est Ondine qui
frôle de ces gouttes d'eau les losanges sonores de ta
fenêtre illuminée par les mornes rayons de la lune ;
et voici, en robe de moire, la dame châtelaine qui
contemple à son balcon la belle nuit étoilée et le beau
lac endormi.

" Chaque flot est un ondin qui nage dans le courant,
chaque courant est un sentier qui serpente vers mon palais,
et mon palais est bâti fluide, au fond du lac, dans le
triangle du feu, de la terre et de l'air.

" Ecoute ! - Ecoute ! - Mon père bat l'eau coassante
d'une branche d'aulne verte, et mes soeurs caressent de
leurs bras d'écume les fraîches îles d'herbes, de nénu-
phars et de glaïeuls, ou se moquent du saule caduc et
barbu qui pêche à la ligne ! "

 

Sa chanson murmurée, elle me supplia de recevoir son
anneau à mon doigt pour être l'époux d'une Ondine, et
de visiter avec elle son palais pour être le roi des lacs.

Et comme je lui répondais que j'aimais une mortelle,
boudeuse et dépitée, elle pleura quelques larmes, poussa
un éclat de rire, et s'évanouit en giboulées qui ruisse-
lèrent blanches le long de mes vitraux bleus."

On écoute l'interprétation de Ondine, un air encore plein de fluidité, de légèreté, de limpidité...

 

Le récital nous fait enfin découvrir un autre musicien : Alexandre Scriabine, poète et compositeur russe.

Brice Martin évoque son oeuvre d'abord inspirée par les romantiques comme Chopin, puis une période de transition et enfin le Scriabine fou, exalté qui touche à la démesure.

 

Et Brice Martin se met au piano pour interpréter L'Etude op.8 en ré dièse mineur, Patetico : une oeuvre de la première période, un air de chanson romantique douce et sombre à la fois.

 

Enfin, on écoute Vers la flamme, op.72 : un crescendo, un vertige de notes, un morceau exalté, tourmenté, très intense...

 

Merci à Brice Martin pour ce récital qui a enchanté le public : le pianiste a fait une brillante démonstration des pouvoirs de suggestion et d'évocation de la musique...
 

Un spectacle présenté dans le cadre des Jeudis de Nîmes...

 


 

https://naxosdirect.co.uk/items/severac-cerdana-en-languedoc-146035

 

 

https://fr.wikisource.org/wiki/F%C3%AAte_d%E2%80%99eau

 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Jeux_d%27eau_(Ravel)

 

 

 

FÊTE D’EAU

 
Le dauphin, le triton et l’obèse grenouille
Diamantant d’écume et d’or Latone nue,
Divinité marine au dos de la tortue,
Dieu fluvial riant de l’eau qui le chatouille ;

La vasque qui retombe ou la gerbe qui mouille,
La nappe qui décroît, se gonfle ou diminue,
Et la poussière humide irisant la statue
Dont s’emperle la mousse ou s’avive la rouille ;

Toute la fête d’eau, de cristal et de joie
Qui s’entrecroise, rit, s’éparpille et poudroie,
Dans le parc enchanté s’est tue avec le soir ;

Et parmi le silence on voit jaillir, auprès
Du tranquille bassin redevenu miroir,
La fontaine de l’if et le jet du cyprès.

 

 

 

 

 

 

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11 août 2023 5 11 /08 /août /2023 11:12
Jazz, blues et poésie...

 

Léa Amable chanteuse,  musicienne de blues et Marc Simon musicien composent un duo enthousiaste, généreux, plein d'imagination...

Ils nous ont offert un spectacle chaleureux lors des Jeudis de Nîmes.

 

Le duo AMALéA nous emporte dans un jazz-blues poétique, joyeux...

Le spectacle s'ouvre sur un doux air de trompette, et on entend la voix de Léa Amable : "Je suis fou de galoper jusqu'au ciel sur mon cheval de papier...", une chanson onirique qui nous transporte dans un monde imaginaire...

Puis, il est question d'amour avec cette autre chanson : If this is love... une chanson rythmée par un air de guitare.

On est ensuite subjugué, comme envoûté par cette mélodie de la musique créole :

"Salangadou, Salangadou
Salangadou, Salangadou
Kote piti fi la ye?
Kote piti fi la ye?
Kote piti fi la ye?
Kote piti fi la ye?
La ye?

 

Salangadou, Salangadou
Salangadou, Salangadou
Où est la petite fille?
Où est la petite fille?
Où est la petite fille?
Où est la petite fille?
La ye?"

 

"Salangadou" de Leyla McCalla est une chanson captivante qui invite les auditeurs à une expérience culturelle riche et vibrante. À travers ses paroles répétitives et sa mélodie envoûtante, "Salangadou" capture l'essence d'une chanson folklorique traditionnelle haïtienne, et en plongeant dans ses paroles et son contexte, nous pouvons découvrir des significations plus profondes et explorer la signification de ce voyage musical.

À la base, "Salangadou" est une chanson d'appel et de réponse, une forme couramment utilisée dans les traditions musicales africaines et de la diaspora africaine, qui met l'accent sur la participation et l'unité de la communauté. La phrase répétée "Kote piti fi la ye?" sert d'appel, demandant où est la petite fille...

"Salangadou" est en fait un jeu traditionnel haïtien dans lequel les enfants forment un cercle, se tiennent par la main et chantent en se déplaçant en rythme. Ce jeu symbolise l'unité et l'harmonie de la communauté."


Puis, le duo de musiciens sollicite la participation du public pour une chanson très facile : c'est en 1971 que David Crosby a exhumé cet air du 15ème siècle : le carillon de Vendôme...

Cette chanson a une histoire très ancienne : il s'agit d'une comptine écrite en 1420 ! Le carillon de Vendôme énumère les dernières possessions du futur Charles VII, surnommé le "Petit roi de Bourges". Nous sommes alors en pleine guerre de Cent Ans, et les rois d'Angleterre successifs estiment que le royaume de France leur revient par héritage. En 1420, les derniers fiefs du roi de France se réduisent à peau de chagrin.

Parmi ces derniers, Orléans mais aussi trois autres villes de la région : Beaugency et Notre-Dame-du-Cléry dans l'actuel Loiret, et Vendôme dans le Loir-et-Cher...

 

"Mes amis, que reste-t-il ?

À ce Dauphin si gentil ?

Orléans, Beaugency,

Notre-Dame du Cléry,

Vendôme, Vendôme !"

 

Vendôme, Orléans, Beaugency, Notre Dame du Cléry... Et le public partagé en deux se prête au jeu de l'interprétation...

 

Nous sommes alors invités sous un marronnier avec une mélodie composée par Marc Simon : "Le chemin est court qui nous mène au ciel, lorsqu'on est allongé sous un marronnier... un moustique m'a piqué au mollet"...

Humour et poésie se conjuguent dans cette chanson pleine de douceur...

 

C'est encore la poésie qui est à l'honneur avec Those dancing days are gone de William Butler Yeats :

 

"Come, let me sing into your ear
Those dancing days are gone
All that silk and satin gear
Crouch upon a stone
Wrapping that foul body up
In as foul a rag 
I carry the sun in a golden cup
The moon in a silver bag

 


Viens que je te chante à l’oreille
Les jours dansants ne sont plus
Qui portaient soie et satin.
Accroupis-toi sur la pierre,
Enveloppe ce sale corps
Dans un haillon aussi sale
Je porte le soleil dans une coupe d’or
La lune en un sac d’argent"

 

Une chanson d'amour encore : I love my man de Billie Holiday...

 

Puis, on part en voyage dans un train fantôme, Mystery Train, un air très rythmé plein de gaieté...

 

Certains sont tièdes, d'autres sont brûlants comme Lily Flame, Lily la Flamme... et le public bat le rythme en tapant des mains...

 

 

On écoute encore un standard de jazz : une chanson de Luis Armstrong St-James Infirmary...

 

Marc Simon nous annonce alors que Les loups sont revenus ! Une chanson pleine de fantaisie et d'imagination où les loups se font hommes... 

 

Merci à ces deux artistes pour ce moment d'évasion, de rêves et d'harmonie...

 

 

 

 

 

 

 

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4 août 2023 5 04 /08 /août /2023 12:24
A la découverte d'un instrument : le basson...

 

Les CrocoBassons forment un ensemble constitué de cinq bassonistes : Eléanore Hege, Célia Verseils, Adrien Génevrier, Guillaume Brun, Lomic Lamouroux, issus du Conservatoire de Nîmes...

On connaît bien le violon, la guitare, la contrebasse, la trompette, la flûte, mais beaucoup moins le basson...

Un instrument qui mérite d'être mis à l'honneur !

"On ne fait pas du basson par hasard : on tombe amoureux de l'instrument, ou du professeur ou de la professeur ou de la fille du professeur de basson..."

Hélène Castel, professeur au conservatoire de Nîmes évoque le plaisir, les émotions, le bonheur que procure cet instrument peu connu...

Mais qu'est-ce que le basson ?

Bruno Paternot, comédien nous en fait, alors, une présentation humoristique :

"Le basson n'est pas contagieux, c'est une grosse pipe moins pratique mais moins toxique... l'avantage, c'est qu'il joue moins faux que le violon...etc."

 

Le quintette de bassons nous propose alors un programme de pièces chaleureuses, envoûtantes, parfois comiques... tous vêtus de noir, comme s'ils s'effaçaient devant leur art...

 

D'abord une Danse espagnole : Zapateado de Pablo de Sarasate, un air plein de gaieté, d'entrain et d'humour dans les graves...

 

Puis, une musique baroque, un concerto de Michel Corrette, le Phénix, un morceau enjoué, vif d'abord, puis un adagio plus sombre, langoureux, plaintif... et retour à l'allégro, dansant, léger, aérien...

 

On est séduit par ce concerto pour deux violons RV517 de Vivaldi adapté pour le basson : une musique emplie de gaieté, tourbillonnante, envoûtante dans la répétition qui devient langoureuse, douce, puis à nouveau un air pirouettant, dansant...

 

On apprécie ce morceau de Philippe Hersant : Sefarad, une musique lancinante, redondante qui s'assombrit puis qui devient dansante, avec des notes moyenâgeuses...

 

On est ensuite emporté par le rythme rapide, vertigineux du Tambourin chinois de Fritz Kreisler, un rythme qui s'alanguit doucement et qui "s'enchinoise" encore dans un tourbillon qui fait penser à un dessin animé rapide...

 

On est encore charmé par ces Histoires vraies de Jean-Philippe Audin, un morceau swingué, très dansant...

 

 

Enfin, on se laisse entraîner par un air très vif, enlevé : une pièce pour 6 bassons de Allan Stephenson. Et pour la circonstance, Hélène Castel accompagne ses élèves...

Merci à tous ces musiciens pour cette découverte du basson, un instrument qui demande du souffle, de l'énergie, et du travail...

 

Un spectacle présenté dans le cadre des Jeudis de Nîmes...

 

 

 

 

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