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18 août 2023 5 18 /08 /août /2023 10:09
Brice Martin : le merveilleux pouvoir d'évocation de la musique...

 

C'est un un récital de piano où l'on a pu apprécier la virtuosité de Brice Martin, sa modestie, sa passion de la musique et de l'art...

 

Brice Martin se définit lui-même comme un pianiste amateur, au demeurant un pianiste très talentueux qui nous a offert un spectacle haut en couleurs, empli d'émotions et de sensations diverses...

 

Brice Martin a fait des études de médecine à Nîmes, s'est spécialisé en psychiatrie à Paris... parallèlement à sa formation médicale, il continue à cultiver sa passion pour le piano.

 

Et Brice Martin a fait d'abord le choix original de nous présenter l'oeuvre d'un compositeur français peu connu : Déodat de Séverac, un compositeur qui avait le goût de l'improvisation, qui maîtrisait un certain art de conteur, une sorte de "Giono du piano", nous dit Brice Martin... Et il rajoute : "c'est une musique qui sent bon."

Sa musique pour piano, au style très personnel, est souvent imagée et colorée, comme dans Le Chant de la Terre, qui décrit une idylle rustique, ou les morceaux En Languedoc et Baigneuses au soleil.

La suite Cerdaña, son chef-d'œuvre, illustre son amour pour le terroir catalan.

 Dans Les muletiers devant le Christ de Llivia, les cloches de l'ancienne église fortifiée sonnent dans une représentation vivante de la scène, alors que les fidèles offrent leurs prières...

 La prière des Muletiers devant le Christ de Llivia est peut-être le sommet spirituel de l’œuvre de Déodat de Séverac. "Il est impossible, me semble-t-il, d’aller plus loin et plus haut dans l’expression du sentiment religieux." selon le poète François-Paul Alibert...

On écoute avec ravissement ce morceau interprété par Brice Martin : intensité, profondeur, ferveur,  rêverie...

 

Dans Le retour des muletiers, on entend les muletiers remonter sur les routes de montagne.

On a l'impression, en écoutant cet extrait, de percevoir le pas cadencé des mules, une scène pittoresque et vivante se dessine... On voit les mules en train de trotter, on voit les muletiers dans la poussière de la route et des fumées bleues...

Tout le pouvoir d'évocation de la musique !

 

Brice Martin nous présente ensuite un autre compositeur Maurice Ravel et ses sortilèges harmoniques... son oeuvre comporte de nombreuses références à la littérature et à la poésie.

Ainsi, la partition de Jeux d'eau porte en épigraphe une citation d'Henri de Régnier : "Dieu fluvial riant de l'eau qui le chatouille."

Et Brice Martin nous joue cette partition avec toute sa sensibilité : on entend le doux bruissement de l'eau, l'eau qui coule, ruisselle, rejaillit, rebondit, s'envole... Magique ! Un moment de rêverie et de douceur...

 

Brice Martin évoque aussi une autre oeuvre de Maurice Ravel : Gaspard de la nuit : Trois poèmes pour piano d'après Aloysius Bertrand est un triptyque composé en 1908, d'après trois poèmes en prose extraits du recueil du même nom d'Aloysius Bertrand...

Le pianiste nous lit alors le poème Ondine :

 

- " Ecoute ! - Ecoute ! - C'est moi, c'est Ondine qui
frôle de ces gouttes d'eau les losanges sonores de ta
fenêtre illuminée par les mornes rayons de la lune ;
et voici, en robe de moire, la dame châtelaine qui
contemple à son balcon la belle nuit étoilée et le beau
lac endormi.

" Chaque flot est un ondin qui nage dans le courant,
chaque courant est un sentier qui serpente vers mon palais,
et mon palais est bâti fluide, au fond du lac, dans le
triangle du feu, de la terre et de l'air.

" Ecoute ! - Ecoute ! - Mon père bat l'eau coassante
d'une branche d'aulne verte, et mes soeurs caressent de
leurs bras d'écume les fraîches îles d'herbes, de nénu-
phars et de glaïeuls, ou se moquent du saule caduc et
barbu qui pêche à la ligne ! "

 

Sa chanson murmurée, elle me supplia de recevoir son
anneau à mon doigt pour être l'époux d'une Ondine, et
de visiter avec elle son palais pour être le roi des lacs.

Et comme je lui répondais que j'aimais une mortelle,
boudeuse et dépitée, elle pleura quelques larmes, poussa
un éclat de rire, et s'évanouit en giboulées qui ruisse-
lèrent blanches le long de mes vitraux bleus."

On écoute l'interprétation de Ondine, un air encore plein de fluidité, de légèreté, de limpidité...

 

Le récital nous fait enfin découvrir un autre musicien : Alexandre Scriabine, poète et compositeur russe.

Brice Martin évoque son oeuvre d'abord inspirée par les romantiques comme Chopin, puis une période de transition et enfin le Scriabine fou, exalté qui touche à la démesure.

 

Et Brice Martin se met au piano pour interpréter L'Etude op.8 en ré dièse mineur, Patetico : une oeuvre de la première période, un air de chanson romantique douce et sombre à la fois.

 

Enfin, on écoute Vers la flamme, op.72 : un crescendo, un vertige de notes, un morceau exalté, tourmenté, très intense...

 

Merci à Brice Martin pour ce récital qui a enchanté le public : le pianiste a fait une brillante démonstration des pouvoirs de suggestion et d'évocation de la musique...
 

Un spectacle présenté dans le cadre des Jeudis de Nîmes...

 


 

https://naxosdirect.co.uk/items/severac-cerdana-en-languedoc-146035

 

 

https://fr.wikisource.org/wiki/F%C3%AAte_d%E2%80%99eau

 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Jeux_d%27eau_(Ravel)

 

 

 

FÊTE D’EAU

 
Le dauphin, le triton et l’obèse grenouille
Diamantant d’écume et d’or Latone nue,
Divinité marine au dos de la tortue,
Dieu fluvial riant de l’eau qui le chatouille ;

La vasque qui retombe ou la gerbe qui mouille,
La nappe qui décroît, se gonfle ou diminue,
Et la poussière humide irisant la statue
Dont s’emperle la mousse ou s’avive la rouille ;

Toute la fête d’eau, de cristal et de joie
Qui s’entrecroise, rit, s’éparpille et poudroie,
Dans le parc enchanté s’est tue avec le soir ;

Et parmi le silence on voit jaillir, auprès
Du tranquille bassin redevenu miroir,
La fontaine de l’if et le jet du cyprès.

 

 

 

 

 

 

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14 juillet 2023 5 14 /07 /juillet /2023 11:58
Voyage musical chez les troubadours...

 

D'après une conférence musicale de Marc Simon... UN VOYAGE MUSICAL CHEZ LES TROUBADOURS... un beau voyage en poésie chantée... une poésie qui fera des émules en Europe et ailleurs dans les siècles suivants...

 

"Au XIème siècle, alors que les campagnes françaises sont régulièrement ravagées par les guerres seigneuriales, l’église tente de pacifier la société féodale en instaurant « La Paix de Dieu », interdisant de se battre les jours de fêtes religieuses, puis le dimanche, puis, du mercredi soir au lundi matin ! Les seigneurs se voient donc contraints à une oisiveté qu’ils vont tenter de combattre de maintes façons.

Au sud de la France actuelle, quelques-uns de ces nobles s’essaient à l’art, et notamment à la musique. Ainsi, apparaissent les troubadours, à la fois poètes et musiciens qui écrivent en langue d’Oc. Contrairement aux idées reçues, ils se déplacent rarement de château en château ou de place en place. Ce rôle est plutôt dévolu aux « jugleurs » ou jongleurs, véritables amuseurs qui reprennent les chansons des troubadours et les font connaitre partout où ils passent.

Parmi ces artistes, on compte aussi des femmes, que l’on appelle les trobairitz.

Les chansons relatent les exploits des chevaliers, mais surtout célèbrent l’amour courtois qui prône les valeurs de respect, de sincérité et de dévouement absolus pour son ou sa partenaire. Il s’agit souvent d’un amour impossible, d’une dame inaccessible, de la douleur face à l’indifférence de l’être aimé…"

 

Les troubadours sont des artistes qui ont influencé durablement de nombreux autres artistes, alors qu'ils ont exercé leur art durant une période assez brève de la fin du XIe siècle à la fin du XIIIe...

 

Le premier des troubadours était un très grand seigneur, plus puissant encore que le roi : il s'appelait Guillaume d'Aquitaine, comte de Poitiers, duc d'Aquitaine et de Gascogne... Il est le premier poète connu en langue occitane.

Les troubadours étaient des artistes de toutes classes sociales, mais le plus souvent ils étaient de grands seigneurs : il fallait de préférence savoir lire et écrire, ce qui était encore réservé à une élite.

 

Jaufré Rudel, lui, fut surnommé "le Prince de Blaye", d'après la ville dont il était le seigneur. Il est principalement connu pour avoir le premier développé le thème de "l'amour de loin" (en ancien occitan : amor de lonh) dans ses pièces lyriques.

La plupart des "cansons" commencent par un quatrain qui évoque la nature : la nature est ainsi présentée comme souveraine, et à notre époque, nous avons hélas trop tendance à l'oublier...

"Lorsque les jours sont longs en mai, il m'est bien doux d'entendre de loin le chant des oiseaux ; et quand je m'éloigne je me souviens d'un amour lointain.
Je vais le cœur triste et la tête basse, si bien que chants ni fleur d'aubépine ne me plaisent pas plus que l'hiver glacé.
Jamais je n'aurai joie d'amour, si je n'en ai de cet amour lointain ; car je ne sais, ni près ni loin, femme plus belle ni meilleure ; son mérite est si parfait que je voudrais, pour elle, vivre dans la misère, là-bas, au royaume des Sarrasins...
Je partirai triste et content, quand j'aurai vu cet amour lointain ; mais je ne sais quand je le verrai, car nos terres sont trop lointaines ; il y a bien des défilés et bien des chemins ; je ne suis pas devin, mais que tout aille comme il plaira à Dieu."

 

Un poète contemporain, Marcabru, décrit Jaufré Rudel comme un musicien "oltra mar", c'est-à-dire "de l'autre côté de la mer", ce qui suggère qu'il aurait pris part à la deuxième croisade (v. 1147-1149). Il aurait accompagné Louis VII et Aliénor d'Aquitaine lors de leur expédition, et serait mort dans l'entreprise, vers 1148 ou vers 1170.

 

Un autre poème de Guillaume d'Aquitaine s'ouvre aussi sur une évocation de la nature :

"Grâce au printemps la douceur d'eau
Couvre les bois ; et les oiseaux
Chantent sur les feuilles en leur latin
Ils suivent les vers du nouveau chant"

On peut citer aussi ce poème de Bernard de Ventadour :


         " Quand naissent l'herbe fraîche et la feuille,

          Et que la fleur boutonne au verger,

          Et que le rossignol haut et clair 

          Elève la voix et moud son chant,

Quelle joie j’ai de lui, et joie de la fleur 

Et joie de moi - même et grand’ joie de ma dame,

De toute part je sens la joie qui m’entoure,

Mais de toutes joies la plus grande vient d’elle.

          Hélas, comme je meurs de souci !

    

          Et tant je suis de soucis couvert

          Que larrons me pourraient enlever

          Sans que me doute de ce qu’ils font.

Par Dieu, amour, tu me trouves bien esclave,

Avec peu d'amis et toi pour seul seigneur. 

Pourquoi ne pas forcer le cœur de ma dame 

 Avant que de la désirer je ne meure ?

 

          Merveille est pour moi de pouvoir vivre

          Sans lui découvrir un tel amour.

          Quand je vois la belle qui m’est chère, 

          Ses yeux si beaux dans son beau visage..."
 

 

Bien peu de mélodies du haut moyen-âge sont parvenues jusqu’à nous, l’écriture musicale n’ayant pas encore été inventée. La transmission des chansons se faisait uniquement à l’oral et elles subissaient immanquablement des modifications d’un siècle à l’autre. Le plus souvent le nom de l’auteur a été perdu.

Parfois, une même mélodie servait pour trois ou quatre textes différents, au gré des époques mais aussi des régions.

 

Et on trouve aussi  tout un art de l'imagination chez les troubadours, ce qui a pu inspirer nos poètes surréalistes, avec, par exemple, ce poème de Guillaume d'Aquitaine :


"Ferai des vers de pur néant :
Ne sera de moi ni d’autres gens,
Ne sera d’amour ni de jeunesse,
Ni de rien d’autre.
Les ai trouvés en somnolant –
Sur un cheval !

Ne sais sous quelle étoile suis né.
Ne suis allègre ni irrité,
Ne suis d’ici ni d’ailleurs,
Et n’y peux rien :
Car fus de nuit ensorcelé
À la cime d’une colline.

Ne sais quand fus endormi,
Ni quand je veille si on ne me le dit.
J’ai bien failli avoir le coeur brisé
Par la douleur :
Mais m’en soucie comme d’une souris
Par saint Martial !"

 

Guillaume d'Aquitaine a vécu de 1071  à 1126 et 850 ans plus tard, un artiste américain, J J Cale publie en 1976 un album intitulé Troubadour avec cette chanson d'amour :

 

"Cherry, j'aimerais t'aimer
Cherry, tu m'aimeras aussi?
Un jour, je t'emmènerai, c'est tout ce que je veux faire
Je t'aimerai pour toujours, Cherry ... tu m'aimeras aussi?
Doux comme un lever de soleil du matin
Frais comme une rosée de montagne
Un jour, je t'aimerai Cherry, m'aimeras-tu aussi?
J'ai besoin de toi pour toujours, Cherry ... tu auras besoin de moi aussi?"

J J Cale n'est-il pas un troubadour des temps modernes ? Il a longtemps vécu dans une caravane refusant la célébrité...

 

En vérité, l'Eglise a toujours considéré avec une certaine méfiance les poèmes des troubadours, tout simplement parce qu'ils célébraient la passion... Cet art des troubadours a été battu en brèche par la papauté... Les troubadours ont été considérés comme des infidèles, ils se sont alors expatriés, ont essaimé dans différents pays et les clercs ont commencé à noter leurs chansons. C'est ainsi qu'elles nous sont parvenues...

Les troubadours chantent la force de l'amour qui se traduit par une adoration, mais l'amour et le plaisir charnels ne sont pas exclus.

Marc Simon nous interprète alors sa version de My Funny Valentine... une chanson d'amour comme auraient pu en écrire les troubadours...

"My Funny Valentine, 

Mélancolie en fleurs,

Me fait sourire du bout du coeur

Avec tes airs tragiques 

Entre rire et soupir

Tu es l'oeuvre d'art qui m'inspire

En quoi ta silhouette est-elle

De celle de Vénus moins belle

Et le dessin de ta bouche

Moins farouche

Mais pas un cheveu

Ne change rien

Et surtout si à moi tu tiens

Stay little Valentine

Le moindre de mes jours est tien..."

 

Certains troubadours étaient beaucoup plus modestes que Guillaume d'Aquitaine : c'est le cas de Marcabru, un homme du peuple, d'abord un jongleur, chargé de chanter les oeuvres des troubadours, puis il a porté ses propres textes.

Marcabru se caractérise par une langue très tonique, presque violente : c'était un homme de caractère qui se dressait contre l'ordre établi.

Le sirvente ou sirventès ou sirventés est un poème à caractère satirique, politique ou moral que chantaient, en langue occitane, les troubadours des XIIe et XIIIe siècles. Ces satires, qui étaient ordinairement divisées en couplets et destinées à être chantées comme les autres poèmes, s’attaquent aux princes, à la noblesse, au clergé, au Saint-Siège lui-même, en général aux personnes, aux événements, aux mœurs.

Bob Dylan a pu s'inspirer de ces chansons contestataires par exemple, avec ce célèbre texte : Blowin' in the wind, Ecoute dans le vent :

"Combien de routes un garçon doit-il emprunter
Avant que vous ne l'appeliez un homme ?
Combien de mers une colombe doit-elle survoler
Avant de s’endormir dans la sable ?
Combien de temps les canons tireront-ils
Avant d'être bannis à jamais ?

La réponse mon ami
Est soufflée par le vent

La réponse est soufflée par le vent

Combien d''années une montagne peut-elle se dresser 

Avant d'être balayée par la mer ?

Combien d'années les peuples attendront-ils

Avant de pouvoir être libres ?

Combien de fois un homme peut-il détourner le regard

En prétendant qu'il ne voit pas ?

 

Combien de fois un homme doit-il lever les yeux

Avant qu'il puisse voir le ciel

Combien de fois un homme doit il tendre l'oreille

Avant d'entendre les gens pleurer ?

Combien de morts faudra-t-il pour qu'il réalise 

Que trop de gens sont morts ?"

 

On connaît aussi les noms de quelques femmes troubadours :

Azalaïs de Porcairagues est une trobairitz, active dans la seconde moitié du XIIe siècle. Une seule de ses compositions a été conservée, Ar em al freg temps vengut.

L'unique source pour connaître la vie d'Azalaïs de Porcairagues est sa vida, c'est-à-dire une brève biographie occitane en prose écrite au XIIIe siècle. Selon cette vida :

« Dame Azalaïs de Porcairagues, une dame de haute noblesse et de culture, était originaire de la région de Montpellier. Elle s'éprit de sire Gui Guerrejat, le frère de sire Guillaume de Montpellier. Elle s'entendait à la poésie et composa à son propos maintes chansons de qualité. »

"Ar em al freg temps vengut,
Que ‘l gèls e’l nèus e la fanha,
E l’aucelet estàn mut,
Qu’us de chantar non s’afranha ;
E son sec li ram pels plais,
Que flors ni folha no’i nais,
Ni rossinhols non i crida
Que la en mai me reissida.

(Nous voici venus au temps froid,
Avec le gel, la neige, la boue.
Les oiseaux se sont tus,
Ils ne veulent plus chanter.
Les branches sont sèches,
Elles n’ont plus ni fleur ni feuille.
Le rossignol ne chante plus,
lui qui en mai me réveille.)"

 

La Comtesse Béatrice de Die a écrit, elle, des textes d'une grande modernité :

"Combien voudrais mon chevalier
Tenir un soir dans mes bras nus,
Pour lui seul, il serait comblé,
Je ferais coussin de mes hanches ;
Car je m'en suis bien plus éprise
Que ne fut
Flore de
Blanchefleur.
Mon amour et mon cour lui donne,
Mon âme, mes yeux, et ma vie.

Bel ami, si plaisant et bon,
Si vous retrouve en mon pouvoir
Et me couche avec vous un soir
Et d'amour vous donne un baiser,
Nul plaisir ne sera meilleur
Que vous, en place de mari,
Sachez-le, si vous promettez
De faire tout ce que je voudrais."

 

 

Hélas, souvent, la musique est perdue : sur les mélodies, rien n'est certain, sur le rythme, non plus. Il faut recréer quelque chose à partir de presque rien.

Les instruments, eux, sont faits à l'époque avec une grande variété de matériaux issus de la nature : cornes, os, bois...

 

 

 

 

https://culture-bassin-valenciennes.etab.ac-lille.fr/2020/10/13/chants-traditionnels-troubadours-et-trouveres/

 

 

 

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7 juillet 2023 5 07 /07 /juillet /2023 12:05
Bel ange à l'auréole d'or !


 
"Car vos beaux yeux sont pleins de douceurs infinies,
Car vos petites mains, joyeuses et bénies,
N'ont point mal fait encor ;
Jamais vos jeunes pas n'ont touché notre fange,
Tête sacrée ! enfant aux cheveux blonds ! bel ange
À l'auréole d'or !" 
 
Ces vers extraits des Feuilles d'automne, insérés dans le poème Lorsque l'enfant paraît..., évoquent la simplicité et l'innocence du monde de l'enfance.
 
Le mot "auréole" vient du latin "aurum, l'or", par l'intermédiaire d'une expression du latin chrétien : "aureola corona", couronne d'or....
 
Ainsi, l'expression employée par Victor Hugo fait intervenir une sorte de redondance étymologique : "une auréole d'or."
 
Le mot désigne un cercle lumineux dont les peintres entourent le plus souvent la tête des saints. et par extension certains phénomènes lumineux qui offrent l’apparence d’un cercle.
 
Ce terme, avec le son "o" répété peut traduire une forme d'admiration, d'étonnement...
 
L'auréole, aux couleurs d'or et de lumières, en forme de cercle, est utilisée dans l'art pictural religieux : figures de saints, vierge, anges...
 
On voit ces éclats de lumières dans les tableaux de Fra Angelico, Botticelli, Michel Ange...
 
Associée à l'enfant dans le poème de Victor Hugo, l'auréole souligne la fraîcheur, l'innocence, la pureté liées à cette période de la vie.
 
Image divine, l'enfant est présenté comme une sorte d'apparition dès le début du poème : "Lorsque l'enfant paraît, le cercle de famille Applaudit à grands cris..."
 
L'enfant est associé à l'idée de lumière avec les verbes "briller, éclairer". Comparé à l'aube naissante qui "luit comme un phare", qui éveille "une fanfare d'oiseaux", l'enfant est encore uni à la lumière...
 
Plus loin, l'âme du poète devient une "forêt sombre" qui se peuple de "rayons dorés", dès que l'enfant apparaît.
 
La blondeur de l'enfance devient une "auréole d'or".
 
L'enfant est, ainsi, comme divinisé tout au long du poème, l'auréole le transforme en ange rayonnant qui apporte bonheur, joie de vivre, éclats de voix, convivialité, qui fait disparaître tous les sujets d'inquiétude et d'angoisse.
 
Ce beau poème qui évoque l'enfance, la famille qui se réunit pour célébrer l'enfant, est plein de tendresse et d'émotions : très simple dans le vocabulaire, il touche chacun d'entre nous.
 
 
 

Le texte :

 

https://www.bonjourpoesie.fr/lesgrandsclassiques/poemes/victor_hugo/lorsque_lenfant_parait
 

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2 juillet 2023 7 02 /07 /juillet /2023 11:58
Vénus et la lune se donnent en spectacle...

 

Tous les soirs, l'éclatante Vénus s'allume peu après le coucher du Soleil, une vingtaine de degrés au-dessus de l'horizon ouest...

 

 

Un spectacle magique ! La planète brille de tous ses éclats !

 

 

 

Et tout proche, un croissant de lune accompagne l'apparition de Vénus...

 

 

 

Les deux planètes rivalisent de splendeur et de brillance !

 

 

 

Tandis que l'horizon se teinte de quelques vagues lueurs roses du couchant, les deux astres se donnent en spectacle !

 

 

 

"Avez-vous Vénus ?" écrit Victor Hugo dans un poème intitulé Crépuscule... Vénus, à la fois astre du soir et déesse de l'Amour... Vénus "fleur de lumière", Vénus symbole de beauté et de l'harmonie du monde...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Rappel : Le poème de Victor Hugo

 

http://rosemar.over-blog.com/article-avez-vous-vu-venus-123955814.html

 

 

 

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30 juin 2023 5 30 /06 /juin /2023 11:38
L'art méconnu des troubadours...

 

D'après une conférence donnée par Matthieu Poitavin, auteur occitan, professeur de Provençal et Yanira Martinez, née à Cuba, musicologue et ethnologue : L'inspiration des troubadours dans le monde, entre France et Cuba...

 

Pourquoi a-t-on occulté cette littérature occitane : l'art des troubadours ? Qui est capable, de nos jours, de citer un seul nom de troubadour ?

Pourtant, ils étaient pas moins de 500 dans la région occitane...

Des auteurs tombés dans l'oubli alors qu'ils ont exercé une influence considérable dans le temps et dans l'espace...

Qui connaît Bernard de Ventadour, Cercamon, Marcabru, Geoffroy Rudel, Peire Cardinal, Guillaume d'Aquitaine ? Qui connaît la Comtesse de Die ?

Qui connaît leurs oeuvres ?

L'art du trobar couvre pourtant un grand espace des Alpes aux Pyrénées, 32 départements du sud de la France...

Et cet art va se déplacer en Italie, en Catalogne jusqu'à Valence, au Portugal, en Angleterre.

Cette littérature va devenir la première littérature de l'occident, et elle va influencer la littérature moderne, et contemporaine.

Dante et Pétrarque se réfèrent à cette littérature.

Une littérature qui chante l'amour...

L'influence de cette littérature s'est étendue jusqu'à Cuba ! Comment ? C'est difficile de le préciser...

Des comédiens venus d'Espagne, d'Italie, de France débarquent à Cuba pour divertir la population et cette tradition musicale va arriver dans les villes principales à la fin du 19ème siècle et au début du 20ème siècle.


Au 19ème siècle à Cuba, des chanteurs de rues allaient de ville en ville avec leur guitare pour interpréter leurs compositions. Ce mouvement emblématique est considéré comme l’âme de la chanson cubaine. 

C'est tout un art de faire des sérénades avec des textes qui décrivent la beauté de la femme créole, on trouve aussi des textes patriotiques qui évoquent la bravoure de ceux qui se battent pour la liberté du pays.

C'est toute une génération d'auteurs-interprètes qui chantent seuls, en duo, ou trio accompagnés d'une guitare qui apparaissent au début du XXe siècle, appelés trovadores, ces groupes de troubadours chantent des habaneras, des guajiras, ou boléros, chansons sentimentales nées vers 1880 à Santiago de Cuba...

 

En Occitanie, il faut oublier l'image du troubadour qui va de château en château. L'art du troubadour appartient d'abord à de riches seigneurs, c'est un art très savant, codifié... un art porté et diffusé ensuite par des "jongleurs" qui interprètent les oeuvres des troubadours.

La femme est souvent déifiée, elle apparaît lointaine, inaccessible...

 

Le terme d'ancien occitan  "paratge" est relativement fréquent dans la poésie des troubadours où il revêt tour à tour le sens premier de "noblesse de sang" et le sens plus original de "noblesse de cœur  ou de mérite", c'est une ouverture d'esprit aux autres...

La civilisation occitane est ainsi une civilisation de progrès.

 

On distingue plusieurs genres : la cansoun, genre le plus noble, une poésie chantée consacrée à la louange et à l'amour associé à la galanterie et la politesse... l'alba, texte narratif où les personnages se séparent et sont en attente... le sirvantès, genre politique, satirique, littérature de combat... la pastourelle, chanson qui évoque l'amour pour une bergère... la romance, récit d'une aventure amoureuse.

 

Mais cette culture occitane des troubadours a été quelque peu oubliée : on ne l'enseigne que très peu dans nos écoles...

 

Certains groupes font renaître la chanson occitane : par exemple, Massilia Sound System, avec cette chanson :

"Les compagnons du fin amour
Oh braves gens de ce quartier, je viens chanter la gloire de ceux qui ont fait notre histoire : les compagnons de fin amour
Je chanterai pour tous ceux qui ont mis dans notre mémoire le plaisir, la peine et la noblesse, un trésor pour nos enfants
Hélas il nous faut le chanter car ils ne l'ont pas dit à l'école
Je vais maintenant commencer le voyage avec Guilhem d'Aquitaine qui fut le premier d'entre eux il ya plus de mille ans
Jaufré Rudel est devenu fou d'une princesse de Tripoli et sans avoir jamais vu son visage, pour elle, il fit toutes ses chansons
De Ventadorn il faut que je parle et de Vidal et de Cerveri car ils nous ont envoyé le message : le plaisir ne dure pas qu'un instant
Je chante aussi pour Peire Cardinal qui nous a appris le courage de ne jamais se taire quand gouvernent les méchants
Nous en avons plein encore dans notre camion, de quoi remplir un dictionnaire, plaisir, poésie et noblesse, un trésor pour nos enfants..."

 

 

https://www.moyenagepassion.com/index.php/2019/04/03/quan-lerba-fresch-ou-la-joie-du-troubadour-bernart-de-ventadorn-au-renouveau-printanier/


https://www.lemonde.fr/blog/mundolatino/2011/01/11/des-troubadours-a-la-trova-cubaine/

 

https://genius.com/Massilia-sound-system-lei-companhs-de-fin-amor-lyrics

 

 

 

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2 juin 2023 5 02 /06 /juin /2023 11:50
Vendredi, le jour de Vénus...

 

Avez-vous vu Vénus ? "Avez-vous vu Vénus à travers la forêt ? Avez-vous vu Vénus au sommet des collines ?", écrit Victor Hugo dans un poème intitulé Crépuscule...

Vénus, déesse de la beauté et de l'amour... Vénus est aussi la planète soeur de la Terre, Vénus la brillante, que l'on connaît encore sous le nom d'étoile du berger...

 

De plus, Vénus a donné son nom à ce jour de la semaine : Vendredi, étymologiquement le jour de Vénus...

Vendredi, "Veneris dies" ; nous devons à la mythologie romaine et aux astres les noms des jours de la semaine, lundi, jour de la lune, mardi, jour de Mars, Mercredi, jour de Mercure, jeudi, jour de Jupiter...

On voit, à travers ces exemples, l'empreinte qu'a laissée le latin sur notre langue : le latin est présent dans de nombreux mots de vocabulaire, il nous accompagne tous les jours sans qu'on en ait conscience.

Notre langue, notre culture sont latines et grecques.

 

Le vendredi, jour de Vénus devient ainsi un jour idyllique, associé à l'amour, la tendresse, il est vrai qu'il annonce de jolies perspectives avec l'arrivée de la fin de semaine et du repos dominical...

Le vendredi apparaît alors comme revêtu d'une dimension mythique, associé au nom d'une déesse, l'une des plus belles, des plus connues du Panthéon romain...

Le vendredi associé à l'amour, à la beauté, à la séduction ; quelle belle étymologie !

 

En ces jours de printemps, il nous est loisible aussi d'admirer la planète Vénus : à l'ouest, au couchant, elle brille, à la nuit tombée, d'un éclat particulièrement lumineux...

Un spectacle éblouissant !

Elle est repérable à l’œil nu au-dessus de l’horizon nord-ouest dès le coucher du Soleil et devient éclatante à mesure que le crépuscule s’installe.

Quelle brillance ! 

"Avez-vous Vénus ?" Le spectacle est magnifique...

 

Chaque soir, je l'observe quand le ciel est dégagé : on ne voit qu'elle, la brillante !

Elle scintille, lance des éclats dorés, elle rutile... elle se donne en spectacle !

Avez-vous vu Vénus ? "Avez-vous vu Vénus à travers la forêt ? Avez-vous vu Vénus au sommet des collines ?"

 

 

 Le poème de Victor Hugo :

 

http://rosemar.over-blog.com/article-avez-vous-vu-venus-123955814.html

 

 

Photos : Pixabay

Vendredi, le jour de Vénus...
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19 mai 2023 5 19 /05 /mai /2023 09:45
La glycérie flottante...

 

Dans un extrait des Travailleurs de la mer, Hugo évoque les herbes luxuriantes de l'île de Guernesey, et notamment la "glycérie flottante"...

 

"L’herbe à Guernesey, c’est l’herbe de partout, un peu plus riche pourtant ; une prairie à Guernesey, c’est presque le gazon de Cluges ou de Géménos.

Vous y trouvez des fétuques et des pâturins, comme dans la première herbe venue, plus le cynodon pied-de-poule et la glycérie flottante, plus le brome mollet aux épillets en fuseau, plus le phalaris des Canaries, l’agrostide qui donne une teinture verte, l’ivraie raygrass, le lupin jaune, la houlque qui a de la laine sur sa tige, la flouve qui sent bon, l’amourette qui tremble, le souci pluvial, l’ail sauvage dont la fleur est si douce et l’odeur si acre, la fléole, le vulpin dont l’épi semble une petite massue, le stipe propre à faire des paniers, l’élyme utile à fixer les sables mouvants.

Est-ce tout ?

non, il y a encore le dactyle dont les fleurs se pelotonnent, le pannis millet, et même, selon quelques agronomes indigènes, l’andropogon. Il y a la crépide à feuilles de pissenlit qui marque l’heure, et le laiteron de Sibérie qui annonce le temps. Tout cela, c’est de l’herbe ; mais n’a pas qui veut cette herbe ; c’est l’herbe propre à l’archipel ; il faut le granit pour sous-sol, et l’océan pour arrosoir."

 

Quelle variété dans cette évocation ! Et quelle poésie dans tous ces termes mystérieux et étranges ! Fétuques, pâturins, cynodon, brome, phalaris, agrostide, ivraie, lupin, houlque, flouve, fléole, vulpin, stipe, élyme, dactyle, pannis, crépide, laiteron !

 

On est ébloui par cette énumération de plantes, par cette profusion de mots !

 

Que de noms aux sonorités lointaines, pleines d'exotisme ! Que de végétations à découvrir !

 

Et la glycérie flottante nous semble particulièrement étrange...

 

Quelle est cette plante aquatique, qui flotte sur les ondes ? Le nom nous étonne par des sonorités discordantes : rudesse des gutturales "g" et "r", douceur de la sifflante, acuité de la voyelle "i" réitérée...

 

Ce mot ancien vient d'un adjectif grec "glykéros", "doux" qui peut qualifier dans l'antiquité le miel, une fleur, une lumière, un chant, le sommeil ou encore le retour dans la patrie, chez Homère...

Ainsi, la "glycérie" revêt une dimension mythique, elle évoque une idée de douceur, d'harmonie...

 

Associé à l'adjectif "flottante", le nom prend encore plus de relief, on perçoit des ondoiements d'herbes, des images d'eau miroitante, des frissons de lumières sur les ondes...

 

On voit des roseaux, aux tiges feuillées, des herbes vertes qui se reflètent dans les moires des étangs, des mouvements légers...

 

Un tableau digne des peintres impressionnistes nous séduit, et nous subjugue de couleurs, de lumières, de vie...
La glycérie flottante fait naître des paysages de lacs, de marécages aux miroirs éblouissants...

 

 

 

 

 

 

La glycérie flottante...
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15 mai 2023 1 15 /05 /mai /2023 12:14
"On me maltraite ici !"

 

Le témoignage de Didier Eribon sur le plateau de la Grande Librairie est particulièrement fort et émouvant : il a dû faire entrer sa mère dans un EHPAD, car elle tombait chez elle et lui et ses frères n'avaient pas d'autres solutions que de l'installer dans un EHPAD... "elle était réticente, elle a fini par accepter. Et elle est morte sept semaines après.

Ma mère me laissait des messages la nuit sur mon répondeur en me disant : "On me maltraite ici, je suis malheureuse. J'appelais le médecin de la maison de retraite car ma mère me disait : "On m'interdit de prendre des douches".

Le médecin expliquait alors : "Pour la lever, il faut deux aides soignantes, je n'ai pas assez de personnel, donc ce n'est possible qu'une fois par semaine..."

Et là, j'étais pris d'exaspération, de colère... Comment c'est possible qu'on traite les personnes âgées comme ça ? C'est un débat public, cela veut dire que le service public est tellement sous financé qu'il n'y a pas de personnel pour que les personnes âgées puissent prendre une douche chaque jour.

Une maltraitance systémique et qui sévit partout.

Les aides soignantes sont elles-mêmes maltraitées dans leur métier. C'est tout un système qui fait qu'il n'y a pas de financement.

Un livre a déjà écrit sur le sujet : EHPAD, une honte française, de Anne-Sophie Pelletier... tout est dit dans le titre. L'auteur parle d'immoralité, elle parle d'un EHPAD dans le secteur privé où la loi du profit veut faire de l'argent, le principal motif de ce qui se passe dans les EHPAD, c'est faire de l'argent pour donner de l'argent aux actionnaires.

L'idée qu'on fasse du profit sur la vieillesse, le grand âge, la perte de l'autonomie physique, parfois aussi la perte de l'autonomie cognitive, tout ça m'a tellement révolté...

Ma mère me laissait des messages et c'étaient des messages très politiques, au fond. Sa plainte était politique.

Tout un système la maltraitait mais cette plainte avait un destinataire qui était moi. Et je me suis dit : je veux faire entendre cette plainte dans l'espace public, parce que, elle, elle ne pouvait pas y accéder. Donc, je serai le porte-parole de ces milliers de femmes qui dans la nuit de leur EHPAD téléphonent à leurs enfants, en disant : On me maltraite ici."

Que raconte ce sandale de notre pays ? 

Voici l'analyse de Nicolas Mathieu :

"Cela raconte quelques chose de notre civilisation, pas seulement de notre pays... Qu'est ce que c'est que notre raison calculante, celle qui fonctionne avec des tableaux excels, qui assigne des moyens ici, qui quantifie là  le nombre de biscottes, de couches, de serviettes, de douches, de personnels.

En fait, quand vous commencez à rechercher la performance et l'efficience à tout prix, cette manière-là, cela produit des situations inhumaines dans tous les coins, partout. Et personne n'est responsable puisque c'est un dispositif. C'est une question d'idéologie, profondément.

Il y a des gens qui au bout du dispositif ont tout à coup des vies de moindre valeur. On est dans une civilisation qui donne des valeurs différentes aux vies selon qu'elles sont puissantes ou misérables, selon qu'on est jeune ou vieux, selon qu'on est étranger ou de souche, etc."

Et rien ne change...

"Un livre dénonce la loi du profit mais ceux qui font fonctionner à leur profit cette loi du profit se moquent totalement de ce qu'on peut dire dans un livre qui les dénonce. Ce qui compte pour eux, c'est de continuer à faire ce profit. C'est la loi du profit poussée à son immoralité la plus abjecte..." ajoute Didier Eribon, auteur du livre Vie, vieillesse et mort d'une femme du peuple.

"On est tous terriblement précaires devant la vieillesse, quelle que soit notre classe sociale... c'est une violence extrême exercée à l'encontre de ces personnes sans défense et sans possibilité de résistance."

Plusieurs livres ont été écrits sur le sujet mais effectivement rien ne change.

 

 

Source :

 

https://www.france.tv/france-5/la-grande-librairie/la-grande-librairie-saison-15/4859749-emission-du-mercredi-10-mai-2023.html

 

Rappel : La chanson de Ferrat :

 

http://rosemar.over-blog.com/2018/01/tu-verras-tu-seras-bien.html

 

 

"On me maltraite ici !"
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12 mai 2023 5 12 /05 /mai /2023 11:49
Nîmes et le prix Goncourt...

Une exposition intitulée Nîmes et le prix Goncourt mettait en lumières trois figures illustres, trois Nîmois : Alphonse Daudet, Marc Bernard et Jean Carrière...

L'exposition présentait aussi de nombreuses couvertures de romans qui ont obtenu le prix Goncourt.

Une exposition qui raconte l'histoire de ce célèbre prix littéraire, en mettant l'accent sur trois auteurs nîmois.

Alphonse Daudet fut d'abord l'exécuteur testamentaire d'Edmond de Goncourt, Marc Bernard fut primé en pleine guerre, L'épervier de Maheux de Jean Carrière fut l'un des prix les mieux vendus de l'histoire mais aussi l'un des plus lourds à porter pour son auteur.

 

Le premier prix Goncourt fut décerné en 1903.

Il y a 50 ans, le prix Goncourt était attribué à Jean Carrière, à cette occasion son fils a demandé une exposition sur ce thème à la ville de Nîmes.

 

 

Dans un premier espace, on découvre les prémices de l'histoire de ce prix.

Les frères Goncourt sont deux intellectuels argentés, et aussi deux affreux bonhommes : misogynes, antisémites, mais ils sont attachés à la modernité de la littérature. Ils ont soutenu de jeunes auteurs talentueux.

Edmond de Goncourt crée l'académie Goncourt. Et quand il dépose son testament, il choisit Alphonse Daudet comme exécuteur testamentaire...

Daudet est alors très connu comme un écrivain régionaliste, il a écrit aussi des romans d'aventures qui paraissent dans la presse sous forme de feuilletons...

Dans l'exposition, on pouvait voir ainsi un manuscrit d'un  roman intitulé Jack, corrigé par la femme de Daudet qui joua un rôle actif dans l'écriture de ses oeuvres.

 

Le prix Goncourt est créé en 1903 et décerné à un roman de science fiction : il est attribué à  John-Antoine Nau pour son roman Force ennemie (Editions de la Plume).

En voici le résumé :
Un homme est enfermé dans un asile d'aliénés. Est-il fou ? Ou bien sont-ce les aliénistes qu'il faudrait mettre à sa place ? Il se croit habité par un esprit d'une autre planète et tombe passionnément, follement, désespérément amoureux d'une femme, Irène, internée comme lui dans le même établissement. Il s'enfuit, elle sort de l'asile, disparaît... Il court jusqu'au bout du monde pour la retrouver...

On le comprend : cette oeuvre est complètement tombée dans l'oubli, alors que d'autres prix Goncourt restent célèbres, par exemple Le Feu de Barbusse en 1916, un ouvrage écrit en pleine guerre.

 

Marc Bernard, quant à lui, reçoit le prix Goncourt en 1942 : c'est un écrivain nîmois, issu d'un milieu populaire, il écrit des romans prolétariens, et en 1942, il est récompensé pour "Pareils à des enfants." Marc Bernard y retrace son enfance à Nîmes...

L’objectif de Marc Bernard pour Pareils à des enfants était de faire revivre des gens simples. Le récit relate les premières années du héros : son enfance, le départ de son père infidèle et coureur de jupons, la vie quotidienne difficile avec sa mère, tout cela inscrit dans le décor de sa Nîmes natale.

En raison d'une pénurie de papier, le livre s'est mal vendu à l'époque, en pleine guerre.

Les oeuvres de Marc Bernard ont été cependant constamment rééditées, il fut un homme de gauche très engagé.

L'exposition permettait des découvrir des extraits de son roman "Pareils à des enfants", qui étaient situés sur un plan de la ville de Nîmes.

On pouvait découvrir aussi un film Une journée toute simple, réalisé d'après un roman de Marc Bernard... une journée à Nîmes en 1968.

 

Enfin, Jean Carrière, né à Nîmes, est issu d'une famille de musiciens. Il écrit d'abord des essais sur le jazz et la musique du début du XXème siècle.

A 17 ans, il connaît une crise existentielle : il a l'impression de perdre son enfance, une période vécue comme une merveille, il a la nostalgie de cette époque.

Puis, il devient le secrétaire particulier de Jean Giono qu'il considère comme son père spirituel. Giono l'encourage à écrire.

En 1967, il écrit son premier roman : Retour à Uzès, couronné par le prix de l'Académie Française.

En 1972, il reçoit le prix Goncourt pour L'épervier de Maheux : un des plus gros succès de l'histoire du Prix Goncourt.

Pourtant, Jean Carrière vit mal ce succès, c'est une personnalité fragile.

Son père meurt peu après dans un accident et il fait une dépression.

En 1987, il publie Le Prix d'un Goncourt où il raconte ses difficultés à la suite de l'obtention de ce prix. Il était passé soudain de l'ombre à la lumière... il était devenu très vite l'écrivain des Cévennes. Et ce n'était pas son intention...

 

L'exposition permettait de découvrir de nombreux documents : manuscrits, extraits de romans, photos, article de journaux... ainsi que de nombreuses reproductions de couvertures de romans qui ont obtenu le prix Goncourt.

 

 

 

 

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5 mai 2023 5 05 /05 /mai /2023 11:29
La reine de l'Egyptologie...

 

Claudine Le Tourneur d'Ison a rédigé une biographie de Christiane Desroches Noblecourt, égyptologue : elle a été son élève et elle est venue présenter son ouvrage lors du Festival de la Biographie à Nîmes...

Christiane Desroches Noblecourt est une des rares femmes à avoir laissé son nom dans l'histoire de l'Egyptologie.

 

"Elle a fait beaucoup pour l'Egypte, pour le musée du Louvres qu'elle a vraiment enrichi. C'est elle qui a initié la campagne de Nubie : en 1954, Nasser qui arrive au pouvoir décide qu'il faut moderniser et industrialiser le pays. Il va faire construire un grand barrage au sud d'Assouan. Ce grand barrage va créer un lac de 500 kilomètres qui va noyer la Nubie. Il noie ainsi toute une partie de l'histoire, avec deux temples emblématiques, le temple d'Abou Simbel et les temples de l'île de Philae.

 

Christiane Desroches Noblecourt clame qu'on ne peut pas laisser disparaître un patrimoine aussi colossal. C'est elle qui génère le début de la campagne de Nubie qui va durer 20 ans, et pendant 20 ans de sa vie, elle va se battre pour que les temples soient sauvés, déplacés.

Et elle y parvient grâce à l'Unesco et au soutien des Egyptiens. C'est une énorme aventure humaine.

 

Construire ces temples a été déjà une colossale entreprise humaine. Ce qu'ont fait les Egyptiens anciens, construire ces temples, cela a déjà été colossal... Ceux qui ont déplacé le monument et qui ont découpé Abou Simbel, (parce qu' Abou Simbel, c'était un temple creusé dans la roche), tous ces hommes qui ont découpé, qui ont démonté, qui ont remis le temple dans un endroit préservé ont fait un vrai travail de génie.

 

Dans le livre, il y a deux chapitres sur la campagne de Nubie : une grande aventure humaine... on n'imagine pas aujourd'hui que cinquante nations dans le monde ont donné de l'argent pour sauver des temples...

Aujourd'hui, cela paraît vraiment inimaginable et cette grande aventure humaine nécessite d'être remise au goût du jour et racontée, parce qu'il faut voir ce que les hommes au XXème siècle ont fait aussi. L'amitié et la coordination entre les peuples, à ce moment-là, entre 1960 et 1980 a fait en sorte qu'un patrimoine mondial a été sauvé.

 

Et c'est de là qu'est issue la notion de patrimoine mondial de l'Unesco.

 

Christiane Desroches Noblecourt a aussi régné 50 ans sur le Louvres, c'est elle qui a vraiment démocratisé et popularisé l'Egyptologie. Avant, c'était quand même un domaine très intimiste et grâce aux grandes expositions qu'elle a initiées, comme en 67 l'expo Toutankhamon, en 76, l'expo Ramsès, ces expositions qui attirent énormément de monde... en 67, il y a un million deux cent mille personnes qui vont voir Toutankhamon, alors que personne n'allait en Egypte et que les voyages en Egypte, c'était pour une toute petite élite."

 

https://www.babelio.com/livres/Le-Tourneur-dIson-Christiane-Desroches-Noblecourt--La-reine-de-lg/1435086#!

 

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