Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
1 mai 2023 1 01 /05 /mai /2023 12:34
Le mot "travail" recouvre des réalités très différentes...

 

André Comte-Sponville, invité sur les Matins de France Culture a évoqué sa brève carrière dans l'enseignement : il dit qu'il a pris sa retraite très tôt à 46 ans !

 

Et il précise : "Je n'ai pas touché ma retraite à 46 ans, je la touche depuis que j'ai 62 ans... J'ai arrêté d'enseigner à 46 ans grâce au succès d'un de mes livres, Le petit traité des grandes vertus, je n'avais plus besoin de salaire pendant plusieurs années, bref, j'ai arrêté d'enseigner dès que je l'ai pu. Et donc, je serai très mal placé de faire la leçon à ceux qui veulent arrêter de travailler dès qu'ils peuvent et qui préfèrent s'arrêter à 62 ans plutôt qu'à 64ans..."

 

Et il rajoute :

"L'économiste Galbraith écrit dans un de ses livres qu'on utilise le même mot "travail", "work" en anglais pour désigner des activités tellement passionnantes qu'on les ferait, à la limite, bénévolement et pour désigner des activités tellement fastidieuses, fatigantes, désagréables que l'on fait parce qu'on y est contraint pour gagner sa vie.

Et Galbraith concluait en disant qu'utiliser le même mot pour désigner des activités tellement différentes, c'est déjà un signe évident d'escroquerie.

 

Eh bien moi, j'ai fait deux "travail" dans ma vie : il y avait l'enseignement et la correction des copies, c'est lourd, je le faisais bien, sérieusement, mais c'est lourd, et puis il y avait écrire des livres qui  était moins un métier qu'une vocation... Et dès que j'ai pu arrêter mon métier d'enseignant à 46 ans pour écrire davantage, bien sûr, je l'ai fait.

Et donc cela veut dire qu'il y a travail et travail.

 

Bien sûr, pour nous, écrire, faire de la recherche, c'est notre passion, donc on souhaite le faire si on peut jusqu'à la mort.

Mais on ne peut pas appliquer le même genre de discours à des métiers qui sont faits essentiellement parce qu'il faut bien gagner sa vie, et qui sont souvent des métiers fatigants, peu gratifiants et souvent, qui plus est, mal payés..."

 

Eh oui le mot travail recouvre des réalités très différentes : maçon, plombier, couvreur, chauffeur, aide-ménagère, aide soignante, infirmière, enseignant, banquier, informaticien, PDG etc.

Salaires, pénibilité, conditions de travail, horaires ne sont pas les mêmes..

C'est pourquoi une même réforme des retraites qui s'applique à ces différents métiers paraît totalement inadéquate, inadaptée...

André Comte-Sponville a pu s'arrêter d'enseigner à 46 ans, un privilège exorbitant... et s'il l'a fait, c'est qu'il trouvait le métier difficile, rempli de contraintes et d'aléas. Il a pu se consacrer à l'écriture, à la recherche, et s'est ainsi épanoui.

Et de nombreux métiers ne permettent pas cet épanouissement...

Notre époque réduit l'homme à une machine bonne à travailler et à produire... il faudrait redonner du sens au travail.

 

 

 

 

Vidéo : à 3 minutes, 20 secondes

Partager cet article
Repost0
28 avril 2023 5 28 /04 /avril /2023 11:50
Les Bienheureux de Julien Dufresne...

 

Un livre à la croisée du roman, du récit et du témoignage... pendant 3 ans, l'auteur Julien Dufresne a suivi le quotidien de familles qui ont un enfant atteint d'une maladie rare : le syndrome Williams.

Julien Dufresne a présenté son livre Les Bienheureux lors du Festival de la Biographie à Nîmes...

 

"C'est une maladie orpheline qui se caractérise par des déficiences cardiaques, intellectuelles mais qui présente aussi des caractéristiques merveilleuses, assez magiques, c'est pour ça que j'ai voulu écrire un livre sur le sujet...

 

Ce sont des enfants qui ont un gène qu'on n' a pas de l'hyper sociabilité, ils sont doués d' une musicalité extraordinaire, ils ont tous quasiment l'oreille absolue, capables de retenir des chiffres et des partitions pendant des années entières, alors qu'ils ont 40 à 90 de QI maximum.

Et ils auraient aussi inspiré la légende des elfes et des lutins dans les contes de fée.

 

Ces enfants ne souffrent pas de leur handicap, ils sont heureux tout le temps. Ils sont traversés d'une lumière, d'une gaieté, d'une joie, pour autant, ils se rendent compte de leurs différences, après la petite enfance, avec le regard des autres, à l'école primaire et au collège.

A ce moment là, ils entendent le terme "handicapé" et ils se rendent compte qu'ils ne sont pas exactement à l'image de ceux qui les entourent.

 

Les éducations diffèrent en fonction des modèles familiaux et des talents de ces enfants parce qu'ils ne sont pas tous atteints au même degré par cette maladie.

Assez peu de personnes atteintes par ce syndrome sont autonomes.

 

C'est une naissance sur 7000, ils sont 300 000 dans le monde. En France, c'est environ 3 à 5000 personnes.

Cette maladie a été découverte dans les années 60, c'est une maladie assez récente. L'espérance de vie est de 30, 40 ou 50 ans.

 

Les enfants Williams sont des enfants de petite taille, sveltes, avec des problèmes d'élasticité de la peau, donc des visages un peu déformés : ils ressemblent à des elfes et des lutins. Des chercheurs ont étudié l'appétence de ces enfants pour la musique, pour les travaux manuels, pour la nature, pour les animaux, et c'est aussi le cas des elfes et des lutins.

 

Au quotidien pour les familles, c'est un parcours du combattant, parcours médical, paramédical. Certains voient une quinzaine de spécialistes par trimestre, c'est un parcours très lourd.

 

Mais, la moindre petite victoire, le moindre accomplissement viennent effacer ces difficultés."

 

La sociabilité, l'empathie, des qualités essentielles qui se perdent et dont on ferait bien de s'inspirer !

Julien Dufresne écrit beaucoup sur la différence, il a voulu écrire un livre joyeux, drôle sur le sujet.

 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
21 avril 2023 5 21 /04 /avril /2023 11:25
Champollion : le dernier voyage...

 

Claudine Le Tourneur d'Ison est venue présenter son livre : Champollion, le dernier voyage, lors du Festival de la Biographie à Nîmes...

Claudine Le Tourneur d’Ison s’est passionnée pour l’Égypte dès l’adolescence. Un rêve qui s’est mêlé à celui du voyage et de l’écriture. Après des études de Lettres à la Sorbonne et d’Égyptologie à l’École du Louvre, elle devient journaliste, écrit des livres, dont des biographies consacrées à de grands égyptologues, et réalise des documentaires pour la télévision.

 

"On a du mal à l'imaginer mais ce dernier voyage de Champollion, c'est en fait le premier, le seul et unique voyage que Champollion ait fait dans sa vie. C'était son rêve d'enfant, il l' a fait en 1828, six ans après avoir découvert la clé du système hiéroglyphique.

Cela a été très compliqué pour lui de monter cette expédition, parce qu'il fallait des fonds, il fallait le soutien du roi de France.

Et donc, finalement, le roi de France Charles X a accepté de donner des fonds pour cette expédition parce que le grand duc de Toscane participait aussi pour la moitié des frais.

 

Dans ce voyage, il y avait 14 personnes, sept Français, sept Toscans. Champollion dirigeait l'expédition qui a duré un an et demi, dans des conditions qu'on imagine assez difficilement aujourd'hui, mais quand on est allé en Egypte, on se rend compte de la difficulté du voyage...

 

Pour Champollion, mettre un pied sur la terre Egyptienne, c'est un peu Moïse mettant le pied sur sa terre promise : pour lui, toute l'Egypte vibre dans son sang, dans son coeur, depuis son enfance.

Quatre ans avant sa mort, il a enfin monté cette expédition, et il fait ce voyage avec l'idée de vérifier que la clé de cette langue qu'il a découverte fonctionne bien.

 

On sait qu'en Egypte, il y a des textes partout, sur les temples, dans les tombeaux. C'est une mise à l'épreuve de son système.

Champollion passe presque un an et demi avec ses collaborateurs qui sont essentiellement des peintres et des dessinateurs, à relever les textes et à les traduire, il sort ainsi l'Egypte d'une nuit de 4000 ans.

Il révèle au monde une civilisation que tout le monde ignorait. Il nous a apporté la révélation d'une civilisation dont nous sommes issus."

 

Dès l'enfance, Champollion s'est intéressé aux langues anciennes, très jeune quand il a vu les hiéroglyphes, il a écrit à son frère qu'il serait le déchiffreur, il avait une prémonition, et il avait aussi une telle passion, il adorait les langues anciennes. A 10 ans, il connaissait déjà plusieurs langues anciennes dont le copte, et c'est grâce à cette culture qu'il a pu déchiffrer et trouver la clé du système.

 

 

https://essentiels.bnf.fr/fr/livres-et-ecritures/les-systemes-ecriture/bdf7550f-78f9-497f-85c5-e21c1dcadf2b-ecritures-dans-egypte-et-nubie-antiques/video/71f259dd-a8d8-4130-ae7c-54411b7bd9e5-comment-champollion-dechiffre-hieroglyphes

Partager cet article
Repost0
17 avril 2023 1 17 /04 /avril /2023 12:31
Humbles requêtes adressées à Vladimir Poutine...

 

"Cher commandant en chef des armées, Vladimir Poutine..."

Après ce préambule très respectueux, des soldats russes se plaignent de leur situation sur le front ukrainien...

Tous les jours, ces dernières semaines, de nouvelles vidéos de ce type ont été publiées sur les réseaux sociaux : des soldats russes masqués interpellent directement le Président russe...

"Nous ne sommes pas des morceaux de viande..."

 

Un appel au secours lancé à Vladimir Poutine en personne par des soldats de différentes unités, récemment mobilisés sur le front ukrainien...

Tous partagent ce même sentiment d'être envoyés vers une mort quasi certaine.

"Nous n'avons pas reçu d'entraînements adaptés, nous avons été envoyés dans des assauts sans en avoir les compétences, sans le soutien de l'artillerie, sans communication, sans mission de reconnaissance. Nous sommes envoyés à l'abattoir."

"Nous ne refusons pas de servir notre mère patrie, nous refusons d'être lancés dans des assauts absurdes, comme des produits consommables."

 

Les journalistes ont identifié une dizaine de vidéos de ce type, envoyées depuis l'Ukraine par des unités provenant d'un peu partout en Russie.

Un phénomène qui se propage et qui a un écho en Russie même.

 

Une vidéo a été réalisée, par exemple, par des soldats de l'unité 14 39 originaire de Sibérie. Leurs épouses ont relayé leur appel à Vladimir Poutine...

"Vous êtes notre dernier espoir. Sauvez nos hommes !"

Pas de réaction officielle du Kremlin ou de l'armée russe face à la multiplication de ces appels au secours.

 

Dans une autre vidéo, deux soldats de la ville de Samara en Russie ont été contraints de s'excuser publiquement devant leur régiment.

Deus semaines plus tôt, ils avaient publié une vidéo pour se plaindre de leur hiérarchie.

"Je me repens pour les paroles qui ont été prononcées. J'espère gagner votre pardon..."

Ces deux soldats adressent leurs excuses au Président Vladimir Poutine.

 

D'après leurs proches, ils ont été renvoyés au front."

 

On le voit : des soldats rapidement mis au pas, menacés sans doute des pires châtiments et qui n'ont qu'une solution : le repentir et les plus plates excuses... et le retour à l'abattoir.

 

Ce reportage m'a remis en mémoire cet extrait du Voyage au bout de la nuit de Céline :

"Les Aztèques éventraient couramment, qu’on raconte, dans leurs temples du soleil, quatre-vingt mille croyants par semaine, les offrant ainsi au Dieu des nuages, afin qu’il leur envoie la pluie. C’est des choses qu’on a du mal à croire avant d’aller en guerre. Mais quand on y est, tout s’explique, et les Aztèques et leur mépris du corps d’autrui, c’est le même que devait avoir pour mes humbles tripes notre général Céladon des Entrayes, plus haut nommé, devenu par l’effet des avancements une sorte de dieu précis, lui aussi, une sorte de petit soleil atrocement exigeant. Il ne me restait qu’un tout petit peu d’espoir, celui d’être fait prisonnier. Il était mince cet espoir, un fil."

Voilà ce qu'est la guerre : un abattoir en folie où l'homme est sacrifié pour satisfaire les puissants de ce monde.

 

 

 

Source :

https://www.francetvinfo.fr/monde/europe/manifestations-en-ukraine/guerre-en-ukraine-ces-militaires-russes-qui-epinglent-le-kremlin_5713367.html

 

 

 

 

Humbles requêtes adressées à Vladimir Poutine...
Partager cet article
Repost0
7 avril 2023 5 07 /04 /avril /2023 11:58
Pour étudier un conte : Barbe Bleue de Charles Perrault...

 

Le conte est issu de la tradition populaire. Il est conforme à l'idéal classique du 17ème siècle : "Instruire et plaire", en latin "docere et placere". On y trouve un récit plaisant, animé, assez bref et une ou des morales. Le conte a donc, comme la fable, une valeur argumentative...

I Le texte a toutes les caractéristiques du conte : 


1° Un récit bref, avec enchaînement d'actions, des péripéties... on y trouve les caractéristiques du récit : alternance imparfait / passé simple...
Le récit est vivant avec des scènes très théâtrales : recours au dialogue, au discours direct avec tous les indices du discours : présent, première et deuxième personne, interrogations, impératif etc.


2° Une formule initiale : "il était une fois", ni le lieu, ni l'époque ne sont précisées : un univers mythique et lointain... ce qui donne au conte une valeur universelle.


3° Le conte fait intervenir le merveilleux : ici, la clé tachée de sang indélébile : la clé est "fée", les objets sont dotés d'une vie propre, ils sont ensorcelés...
Rappel : étymologie du mot "fée" : issu de "fatum", le destin, en latin, la fée étant celle qui prédit le destin... "fatum" signifie "ce qui a été dit d'avance".
Les fées ont de nombreux pouvoirs, par exemple, celui de se métamorphoser, de prendre des identités différentes...
Autre indice du merveilleux : Barbe bleue, une couleur impossible dans la réalité.


4° Des formules faciles à retenir : ici "Anne, ma soeur, Anne.."


5° Les personnages ne sont pas nommés : ce sont des stéréotypes, plus que des personnages réels...
Au début : "Il était une fois un homme"... avec l'article indéfini "un". Il est  ensuite désigné par une caractéristique physique "barbe bleue".
Les personnages sont évoqués à travers leurs liens de parenté : "deux filles, la cadette", la mère", ou leur classe sociale : "un homme riche"...
Les personnages sont des stéréotypes : certains représentent le bien, d'autres, le mal : on trouve une schématisation, un manichéisme : une opposition simpliste entre le bien et le mal.
Ici Barbe bleue : le méchant...


II Le récit est attractif : 
1° Un schéma simple : les personnages subissent une série d'épreuves qui forment une sorte d'apprentissage : exemple : le petit Poucet affronte l'abandon.
Ici, la femme de Barbe Bleue est confrontée à l'interdit, puis à la peur de la mort.
Les personnages bienveillants sont récompensés à l'issue de ces épreuves : dignes d'être aimés et heureux. A l'inverse, les méchants sont punis : la mort frappe Barbe Bleue.


2° Un personnage effrayant est mis en scène, ce qui crée un suspense, une émotion. Le personnage de Barbe Bleue est terrifiant et redoutable, son nom connote la peur, selon l'expression "une peur bleue".
Barbe Bleue apparaît comme une variante de l'ogre : il tend des pièges à l'épouse pour vérifier sa fidélité à la parole donnée.
Il est cruel, il a un rôle d'interdicteur, il menace sa femme...


3° Un crescendo dans l'émotion
-Début : mystère des femmes disparues : emploi de la négation répétée : "on ne savait pas"
-La curiosité de l'épouse soulignée par des adverbes d'intensité "si, tant".
-L'épouse qui découvre un spectacle macabre
-Le retour imprévu de Barbe Bleue
-La clé tachée, qu'on ne peut nettoyer
-L'époux impitoyable
-La soeur Anne qui guette un secours avec des formules répétées qui créent un suspense : "ANNE, ma soeur.."


4° Le thème de la curiosité au coeur de ce conte : l'épouse de Barbe Bleue est curieuse, et le lecteur, aussi : il a envie de connaître la suite de l'histoire. une sorte de mise en abime...
La peur qui la saisit, saisit aussi le lecteur, d'autant que la victime est fragile et sans défense...


III Le récit a une valeur morale et contient des messages plus ou moins explicites...

 
1° Il reflète la société du 17 ème siècle : l'homme qui domine dans le couple, il donne des ordres, comme le montre l'emploi d'impératifs... la femme doit obéir... une vision patriarcale.


On trouve souvent dans les contes une société hiérarchisée : des rois, des princes, des riches, des paysans, des humbles.


2° Les contes sont oeuvres de sagesse, avec des leçons diverses...
Quels sont les indices de la morale ?  -le présent de vérité générale,- les formules à valeur universelle : des adverbes « souvent, toujours », le pluriel « tous les jours, mille exemples », ou encore, l’emploi du pronom indéfini « on ».

Ici, deux morales explicites : la première centrée sur la curiosité, un défaut présenté comme typiquement féminin, on retrouve là des mythes anciens : Eve dans la bible, avide de curiosité, ou encore Pandore qui ouvre la fameuse boîte contenant tous les malheurs de l'humanité : ainsi la femme est souvent représentée, dans ces mythes, comme responsable du malheur des hommes : une certaine misogynie, donc...


La deuxième morale semble presque annuler le récit : les monstres n'existent plus, il ne faut pas craindre le mariage : l'épouse change de statut : c'est, de fait, elle qui domine souvent dans le couple : voilà une lecture plus légère et plus amusante... Expression amusante et familière, concernant le mari : « on le voit filer doux ».


3° des morales plus implicites : le récit nous montre les dangers de la curiosité, de la désobéissance, et de la transgression.
Mais le message est ambigu car la curiosité a aussi aidé la femme de Barbe Bleue à mieux connaître son mari, sa véritable nature.

 


Le récit peut nous montrer aussi le danger des apparences  : la femme se laisse séduire par la richesse, les divertissements, le fait qu'il a l'air d'être "un fort honnête homme". L 'honnête homme est au 17ème siècle, celui qui a toutes les qualités de sociabilité, de raison... ici, ce n'est qu'une apparence...

 

Conclusion : les contes ont une valeur morale,  le récit est plaisant, agréable à lire.
L’humour est parfois présent, avec des grossissements, des exagérations dans les caractères… 

 

Le texte :

 

http://clpav.fr/lecture-barbe.htm

     

Pour approfondir :


https://www.radiofrance.fr/franceculture/barbe-bleue-le-feminicide-dans-la-culture-populaire-4437280

 

 

https://webtv.univ-lille.fr/video/10216/de-quoi-nous-parle-le-conte-de-fees-l%E2%80%99exemple-de-barbe-bleue

 

 

Pour étudier un conte : Barbe Bleue de Charles Perrault...
Partager cet article
Repost0
31 mars 2023 5 31 /03 /mars /2023 11:59
Fascinante Cléopâtre !

 

Qui était Cléopâtre ? Christian-Georges Schwentzel, historien spécialiste de l'Orient hellénistique et romain était invité au Festival de la Biographie... pour présenter son livre sur une des plus grandes légendes féminines  de l'histoire de l'humanité : Cléopâtre : La déesse-reine...

 

"Cléopâtre est tout à fait Egyptienne, c'est ce qui est peut-être difficile à comprendre aujourd'hui parce qu'on est un peu les héritiers des idéologies nationales ou nationalistes du 19ème siècle. On a l'impression qu'on ne peut avoir qu'une seule identité...

Cléopâtre en a deux voire trois : elle descend des conquérants gréco-macédoniens qui sont arrivés en Egypte avec Alexandre le Grand en 332-331 avant JC. Donc, elle a cette identité politique et culturelle grecque, mais elle règne sur l'Egypte, la majorité de ses sujets sont Egyptiens.

 

Et elle réussit parfaitement à s'inscrire dans la continuité des reines pharaoniques. C'est donc aussi une Egyptienne.

Et d'ailleurs le mot Pharaone est employé à cette époque, il apparaît dans des textes de démotique, elle a une titulature de Pharaone complète, comme on le voit très bien sur les bas-reliefs des temples égyptiens.

C'est une reine double dans un royaume double, biculturel, bilingue.

 

Et, en plus, elle est même Romaine : elle est la fille de Ptolémée XII qui était un roi client de Rome, son royaume n'est pas indépendant, il est sous la domination de la puissance romaine.

Or, on sait que les rois clients avaient la citoyenneté romaine, donc, en tant que fille d'un citoyen romain, elle est Romaine aussi...

 

Elle est donc Egyptienne, Grecque et Romaine et c'est ce qui fait la richesse de ce personnage...

L'une des richesses, parce que c'est bien plus que cette question des identités, elle est aussi la plus grande femme de pouvoir de toute l'histoire de l'humanité.

 

Cela fait plus de deux mille ans qu'on parle d'elle : tout le monde la connaît, le nom est universellement connu pas seulement en France. Dans le monde entier, elle fascine depuis 2000 ans.

Quelle a été sa politique dans ce contexte de domination romaine ? Elle s'en est sortie très bien...

Pourquoi, ensuite, on a fantasmé sur elle ? Pourquoi elle est devenue ce grand mythe féminin ?

Des papyrus, des documents épigraphiques, des pièces de monnaie qu'elle a fait frapper en grand nombre ou encore des représentations sur les tombes égyptiennes, dans la sculpture, des représentations de type grec aussi bien que des représentations de type égyptien : tout cela nous permet de voir comment elle-même voulait se présenter, comment elle voulait apparaître aux yeux de ses sujets...

Rien à voir avec ce qu'on a pu dire par ailleurs c'est à dire que c'était une femme fatale, un monstre féminin, une prostituée, une nymphomane qui soi disant s'offrait à son harem d'esclaves et qui n'était jamais satisfaite...

Autant de calomnies inventées par les ennemis romains : son malheur est d'avoir été vaincue à la bataille d'Actium, en 31 avant JC par Octave, le romain qui va devenir ensuite l'empereur Auguste, fondateur de l'empire romain.

Un Romain très misogyne comme beaucoup de Romains : c'est insupportable pour les Romains le pouvoir féminin.

Donc, les Romains vont salir la mémoire de Cléopâtre et vont plaquer tous les stéréotypes possibles de la misogynie, de la phallocratie romaine sur cette figure.

C'est devenu aussi un mythe pour cette raison-là : les Romains, à force de dire du mal d'elle, ont fait d'elle la plus grande légende féminine de l'histoire de l'humanité.

Elle a fait fantasmer pendant 2000 ans depuis l'antiquité où elle fait déjà fantasmer...

Lucain, qui écrit à l'époque de l'empereur Néron, fantasme déjà : il condamne Cléopâtre mais il ne peut pas s'empêcher d'être attiré par cette beauté nocive, il parle de ses seins qu'on voit sous son vêtement transparent. C'est un concentré d'érotisme et d'exotisme, déjà dans l'antiquité romaine...

Ensuite on passe par le Moyen Age : Boccace, par exemple, fantasme sur la mort de Cléopâtre, et d'autres auteurs ensuite.

Elle entre dans la peinture et jusqu'au cinéma aujourd'hui... Sa mort est fortement érotisée avec ce serpent, elle s'est sans doute suicidée au moyen d'un serpent.

Elle se suicide parce que le vainqueur Octave veut l'exhiber dans les rues de Rome : ce sera le clou de son spectacle triomphal. Il aurait remporté un immense succès s'il avait pu traîner cette prostituée.

Et elle ne veut pas être humiliée... elle se suicide selon un scénario prévu à l'avance, elle se fait apporter par un paysan un serpent caché sous un panier de figues, un serpent probablement endormi. Elle avait fait des essais, elle connaissait les poisons, elle connaissait les venins. Et c'est tout de même atroce, elle avait fait des essais sur des condamnés à mort, nous dit Plutarque..."

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
22 mars 2023 3 22 /03 /mars /2023 10:38
Les nuits de la lecture : Clara Dupont-Monod...

 

Pour les nuits de la lecture, le Carré d'Art de Nîmes recevait Clara Dupont-Monod...

Un joli moment où l'on a pu apprécier l'humour de cette romancière, sa bonhomie...

 

En 2021, son roman S'adapter, qui raconte l'arrivée d'un enfant handicapé dans une famille,  est récompensé du prix Femina. Un mois plus tard, le roman reçoit également le Prix Goncourt des lycéens.

Présentée comme une historienne, médiéviste, journaliste, Clara Dupont-Monod réfute d'abord le statut d'historienne : elle se dit simplement passionnée de Moyen Age et de langue française.

 

Dans ses oeuvres, elle affirme s'intéresser souvent à la marge. Elle a écrit des romans médiévaux avec des personnages en marge, par exemple, dans La Folie du roi Marc où elle raconte l'histoire du roi Marc, rendu fou de douleur par l'amour qui unit Yseut, sa femme, à Tristan, son neveu, son quasi-fils.

Elle cite aussi Nestor rend les armes, l'histoire d'un obèse pour qui tout est effort et douleur. Cette histoire lui a été inspirée par un événement vécu : un obèse qui monte dans un bus et qui subit la réprobation générale. On reproche souvent à une personne son obésité : "c'est de sa faute..."

Et Clara Dupont-Monod de rajouter : On écrit toujours le même livre.

 

"Comment vous est venue l'idée de faire parler les pierres des murs de la maison ?" demande-t-on à la romancière.

"Elles parlent des Cévennes, de Nîmes, c'est un peu magique... les pierres sont donc les narratrices dans le roman. Le but était aussi de faire passer une émotion, sans que ce soit trop lourd, poisseux..."

Clara Dupont-Monod rappelle que "son père donnait des prénoms aux pierres des Cévennes, un univers minéral... un paysage qui se mérite, ce n'est pas la Riviera, c'est à l'homme de s'adapter à la nature."

 

La romancière a réussi à restituer toute la sensualité de la nature et elle se met à la hauteur de l'enfant inadapté : seuls l'ouïe et le toucher fonctionnent : on sent, on goûte... 

 

De plus, les enfants de la fratrie ne sont pas nommés, ce qui donne au récit une allure de conte ou de fable et une valeur universelle...

L'aîné apprend à son frère les couleurs par les sons (car il est privé du sens de la vue). Il faut donc s'adapter à l'inadapté, un être dénué fondamentalement de malveillance.

La cadette, elle, n'admet pas cet enfant, elle trouve cela parfaitement injuste, et elle a raison ; c'est injuste. Elle est dégoûtée par ce corps mou, défaillant, elle est pleine de colère, de violence...

Clara Dupont-Monod rappelle ensuite que la fratrie est un thème littéraire peu exploité.

 

Il y a aussi le petit dernier qui arrive quand l'enfant inadapté est mort... et qui se pose des questions : "Si tu n'étais pas mort, est-ce que je serais là ?"

C'est l'enfant de la renaissance, c'est gratifiant mais aussi encombrant.

Le livre de Clara Dupond-Monod a connu un beau succès et a été traduit en plusieurs langues...

 

J'avoue que cette rencontre avec la romancière m'a donné envie de lire ses oeuvres... un bon moment passé en sa compagnie dans une ambiance chaleureuse et conviviale...

 

https://www.francetvinfo.fr/culture/livres/livres-sadapter-un-recit-poetique-sur-larrivee-dun-bebe-dans-une-famille_4766711.html

 

 

 

Les nuits de la lecture : Clara Dupont-Monod...
Partager cet article
Repost0
24 février 2023 5 24 /02 /février /2023 13:14
La crucifixion de l'Ukraine...

 

Un des anniversaires les plus douloureux de son histoire pour l'Ukraine : il y a un an, le 24 février 2022, Vladimir Poutine lançait son armée pour envahir le territoire ukrainien, il espérait une victoire rapide mais aujourd'hui ses soldats sont enlisés dans le Donbass...

Une guerre sans merci dont les origines sont lointaines : depuis le XVIe siècle, quels que soient les régimes, Moscou prétend défendre la tradition chrétienne originelle et s'élever en rempart contre les ambitions d'une Europe jugée décadente et barbare.

 La "Sainte Russie" semble toujours se situer dans une perspective messianique...
 

Jean François Colosimo, essayiste, invité au Festival de la Biographie est venu présenter son ouvrage : La crucifixion de l'Ukraine... un décryptage du conflit russo-ukrainien à la lumière de l'histoire des guerres de religion en Europe...

Il y a quelques mois, Jean François Colosimo annonçait déjà que la Russie avait perdu la guerre.

"L'illusion, la faute, qui résultent d'une immense tragédie pour les Ukrainiens mais pour les Russes aussi, puisque Poutine massacre les Ukrainiens et en même temps sacrifie les Russes comme de la chair à canon à sa guerre insensée, criminelle, fratricide, cette guerre est perdue parce que nous savons depuis très longtemps depuis le 18ème siècle que les guerres d'invasion qui débouchent sur une occupation sont toujours des guerres qu'on appelle dissymétriques, entre le soldat qui vient de son pays pour occuper un autre pays et celui qui est dans son pays, qui n'est pas nécessairement un soldat, qui peut être un résistant, mais qui tient à sa liberté.

 

Et, évidemment, un jour, le soldat occupant ne rêve que d'une chose, c'est de rentrer chez lui, d'en finir avec une occupation qu'il sait de plus en plus être illégitime puisqu'aucune occupation ne réussit jamais avec les abus que les troupes d'occupation commettent inévitablement sur les populations civiles.

 

Et, en face, il y a un résistant qui, lui, est toujours plus convaincu qu'il doit gagner sa liberté.

Alors regardez l'Algérie pour la France, le Vietnam pour les Etats-Unis, regardez l'Afghanistan pour les Soviétiques et pour les Américains, toute guerre de ce type est nécessairement perdue d'avance.

 

En plus, cette guerre s'est soldée pour Poutine par une véritable débâcle politique, une déroute militaire, une faillite morale aussi extrême que Poutine ne lutte plus pour conquérir l'Ukraine ni même tenir la Russie, il lutte pour la survie de son régime qui est un régime maffieux, un régime cleptomane et un régime fondé sur le culte de la force, de la violence et de la cruauté.

 

La gauche a été aveugle sur le goulag, une droite conservatrice a été aveuglée par Poutine, a cru que c'était le défenseur des valeurs chrétiennes, traditionnelles, familiales, le grand défenseur du christianisme de l'occident européen.

Poutine est un tchékiste, c'est l'héritier des polices politiques soviétiques, c'est un homme qui est dans une logique totalitaire.

 

C'est vrai que Zelensky n'avait pas une image formidable avant la guerre, mais aujourd'hui, il incarne sa nation."

 

Le journaliste qui interroge Jean François Colosimo intervient alors : "Hubert Védrine a dit : "On aime détester Poutine".

"Hubert Védrine est un immense analyste des relations géopolitiques, dont la méthode d'analyse est fondée sur un certain cynisme mitterrandien, mais je dis : Nous ne détesterons jamais assez Poutine." répond l'essayiste.

Une réponse cinglante et sans ambiguïté...

 

 

 

Partager cet article
Repost0
18 février 2023 6 18 /02 /février /2023 13:26
Romanesque et réalisme dans Manon Lescaut...

 

On constate dans l'oeuvre de l'Abbé Prévost un mélange étonnant de romanesque et de réalisme...

 

I)Le romanesque est particulièrement présent : 

Qu'est-ce que le romanesque ? Tout ce qui est extraordinaire, imaginaire, presque invraisemblable... Les personnages sont souvent trop parfaits en regard de la vie courante, le romanesque se caractérise aussi par un style particulier : la déclamation, les hyperboles...

1)D'abord, l'oeuvre ressemble à un roman d'aventures extraordinaires : on y retrouve tous les ingrédients du genre :

-des rencontres fortuites : l'homme de qualité qui rencontre Des Grieux, à deux reprises, au début du roman, à Pacy sur Eure avec le convoi de déportées, puis à Calais, quand Des Grieux est revenu d'Amérique...

La rencontre de Des Grieux avec Manon est elle-même fortuite.

-des enlèvements : Des Grieux enlève Manon alors qu'elle doit rentrer dans un couvent.

-des séparations, des retrouvailles : Manon et Des Grieux se trouvent plusieurs fois séparés, puis se retrouvent.

-des arrestations et des évasions : Des Grieux s'évade de la prison de St Lazare, Manon s'évade de l'hôpital. Chaque fois, le hasard fait bien les choses : on s'évade assez facilement.

C'est une suite d'aventures extraordinaires, parfois sanglantes : Des Grieux tue un garde de Saint Lazare, lors de son évasion. Le frère de Manon est tué par un garde du corps.

Les personnages complotent : Des Grieux recrute des hommes de main pour essayer d'arracher Manon au convoi des déportées.

-les personnages se déguisent parfois : Des Grieux se déguise en jeune écolier pour abuser le vieux GM, il se fait passer pour le frère de Manon. Manon, elle, se déguise en homme pour s'évader de l'hôpital.

Prévost utilise là des situations assez conventionnelles, et se conforme à une mode littéraire...

Un auteur du 18 ème siècle se moque volontiers de ce goût pour le romanesque : c'est Voltaire qui, dans Candide, se livre à une parodie du romanesque, grâce à des exagérations burlesques.

 

2)Par ailleurs, on note le caractère peu vraisemblable ou factice des événements qui jalonnent la vie des personnages :

-la même situation se reproduit trois fois : Manon trompe le chevalier Des Grieux à trois reprises, avec M de B, fermier général, avec le vieux GM, puis avec le fils de ce dernier. 

Et chaque fois, Des Grieux lui pardonne ces trahisons, et chaque fois, une nouvelle vie commence.

Les personnages connaissent le comble du bonheur, puis les abîmes du malheur.

-le hasard joue un grand rôle dans l'ensemble du roman : c'est par un hasard malheureux que Manon est mise en présence de son frère, il loge dans la même rue et la reconnaît à sa fenêtre.

-d'autre part, certains faits demeurent inconnus et surprenants : nous ne savons rien des parents de Manon, ont-ils été mis au courant de son arrestation, de sa déportation ?

-malgré leurs défauts, les personnages sont souvent présentés sous un aspect favorable : c'est le cas de Manon, "la plus parfaite des créatures". Les deux héros sont de "parfaits amants." Cette perfection est romanesque, loin de la réalité.

 

II ) Pourtant, les réalités de l'existence sont très présentes dans le roman...

C'est même une réalité sordide qui fait irruption dans le roman français : le héros apparaît comme un escroc, Manon est une fille des rues, on peut parler d'une certaine ambiance de débauche.

1)-Le cadre est bien  réel : l'action ne se passe pas dans un univers lointain et mythique.

-C'est une époque bien précise qui est évoquée : la Régence... Des Grieux et Manon sont présentés comme contemporains de l'auteur : le roman paraît en 1731 et l'action se déroule en 1719 sous la Régence de Philippe d'Orléans, pendant la minorité de Louis XV.

-Les lieux sont réels : les aventures débutent à Amiens avec la première rencontre des deux héros et se terminent tragiquement en Louisiane. Mais, pour l'essentiel, elles se déroulent dans le Paris de la Régence.

Quelques lieux parisiens sont ainsi rapidement évoqués : le Luxembourg, le jardin des Tuileries, le bois de Boulogne, le café Féré rue Saint André des Arts, le pont Saint Michel, l'hôpital de la Salpêtrière (qui était alors une prison destinée aux femmes), la prison Saint Lazare.

2)-L'argent joue un rôle essentiel dans le roman : avec de l'argent, on peut tout se permettre... pour se le procurer, tous les moyens sont bons...

Le couple Des Grieux Manon a sans cesse des problèmes d'argent.

Pour s'en procurer, Des Grieux recourt aux moyens les plus indignes : il triche au jeu, entre dans une "académie", c'est à dire une maison de jeux fréquenté par des truands et des gentilshommes.

Manon et Des Grieux essaient d'abuser les riches amants de Manon, et de les voler.

Pour s'en procurer, Des Grieux recourt aussi à l'aide de Tiberge, son ami.

Le couple est lui-même victime de vol : les domestiques s'emparent de leur argent.

C'est une société où l'argent tient une place importante, où tout s'achète, la complicité d'un valet de la prison, les charmes de Manon, par exemple.

C'est un récit assez moderne : il fait penser à notre société où l'argent est une valeur essentielle.

Dès lors, on ne peut s'étonner du scandale que produisit le roman au 18ème siècle.

Les deux héros apparaissent comme des victimes d'une société corrompue par l'argent : c'est la contagion du Paris corrompu de la Régence qui pèse sur Manon. D'ailleurs, l'amour de Manon semble se purifier sur le continent américain.

3)L'action se déroule dans les bas-fonds de la société : tripots, cafés, prisons, et tous les personnages qui fréquentent ces lieux.

Les personnages ont des moeurs douteuses : il y a des tricheurs professionnels (le frère de Manon en fait partie). Les amants de Manon sont riches et dépravés...

On assiste à un dérèglement des moeurs, caractéristique de la Régence.

4)Les réalités de cette époque sont évoquées : les déportations en Louisiane, on cherchait alors à peupler cette colonie. Les déportées voyageaient dans de mauvaises conditions : elles étaient enchaînées.

Un de ces convois avait été attaqué par le célèbre bandit, Cartouche, et l'une de ces déportées était devenue sa maîtresse.

Pourtant, dans l'ensemble, ce réalisme reste discret : Prévost ne décrit pas longuement les lieux, il donne seulement quelques détails significatifs.

 

En conclusion, un roman fait de contrastes : un mélange d'invraisemblances et de réalités.

Contraste entre les actions commises (mensonges, vol, meurtre, tricherie, escroquerie) et la présentation qui est faite des personnages (Manon exquise, douce, tendre.)

Contraste entre le cynisme de Manon et sa candeur...

Contraste entre les deux héros : Des Grieux destiné à l'état ecclésiastique et Manon, la courtisane...

 

Prévost arrive ainsi à exprimer toute l'ambiguïté de la condition humaine : l'être humain apparaît complexe, mystérieux. Ces contrastes suggèrent que la nature humaine est nuancée, complexe, pleine de possibilités diverses.

Bien sûr, Prévost a le souci d'authentifier son récit, en l'insérant dans une réalité qu'il connaît : il réussit à faire sonner vraie et juste une histoire parfois à la limite du vraisemblable. Il nous livre aussi un témoignage sur son temps, et il mêle à l'analyse de la passion des remarques contemporaines.

Le roman lui-même reste ambigu : dans l'avis au lecteur, l'auteur affirme sa volonté d'écrire une histoire morale pour instruire le lecteur, mais, en fait, il veut rester sans doute fidèle à la tradition des moralistes français. C'est aussi un bon moyen pour Prévost de parler, malgré tout, de sujets interdits tout en mettant en avant le prétexte de la morale.

 

 

 

 

 

Romanesque et réalisme dans Manon Lescaut...
Partager cet article
Repost0
10 février 2023 5 10 /02 /février /2023 13:51
L'Amérique des grands espaces...

 

A la découverte du Montana : l'Amérique des grands espaces, un endroit où se dessine un nouvel âge environnemental...

Sylvie Brieu, grand reporter et écrivain, nous entraîne dans un road-trip captivant à la rencontre d’Indiens, de champions de rodéo, d’auteurs, d’artistes et de spécialistes de la faune sauvage... Son livre : L'âme de l'Amérique...

Sylvie Brieu est venue présenter son livre au Festival de la Biographie à Nîmes...

 

"Le Montana est un endroit où la légende est toujours vivante, un endroit où se créent des alliances entre des anciens ennemis qui étaient les Indiens et les cowboys et ensemble, ils sont en train de créer un nouveau modèle alternatif de société.

 

Depuis les années 70, il y a un renouveau au niveau culturel : pendant une période qui a duré plusieurs décennies, on a interdit aux Amérindiens de pratiquer leur culture et leur spiritualité. Mais certains, comme les Lakotas ou les Blackfeet, les Crows ont continué à la pratiquer dans la clandestinité.

Et aujourd'hui, il y a des écoles en immersion où l'on apprend aux jeunes la langue, et, comme on le sait, la langue véhicule la cosmogonie et permet de se relier à ce passé, à cette histoire, à cette culture...

On trouve ce phénomène un peu partout, des Rocheuses aux grandes plaines... les gens sont en train de retisser des liens avec leur culture et cela les aide à lutter contre le fléau de l'alcool et de la drogue qui touche particulièrement ces communautés, parce qu'elles ont été déracinées, parce qu'on leur a supprimé le lien à la spiritualité, on a exterminé les bisons dans cette région.

 

Les bisons, pour les Indiens des plaines, cela représentait tout : c'était le lien spirituel, le lien économique, le lien social, c'était la nourriture... et à partir du moment où il y a eu une volonté d'exterminer les bisons pour contraindre les Indiens à cesser de nomadiser et à rester dans les réserves, les gens ont été perdus, déracinés et on leur a fourni de l'alcool pour anesthésier la révolte.

 

Aujourd'hui, il y a de gros problèmes avec l'alcool et la drogue, mais c'est en train de changer parce que beaucoup de gens luttent.

Les Indiens ont failli disparaître avec la conquête de l'Ouest : il y a eu une sorte de quasi génocide. Les Indiens représentent 2% de la population totale des Etats-Unis. Dans le Montana, c'est 6%. C'est un des états les plus grands des Etats-Unis mais il n'y a qu'un million d'habitants, c'est dire à quel point les grands espaces sont importants.

 

Il y a 12 peuples amérindiens et aujourd'hui, avec le retour de la culture, on assiste à une fierté de l'appartenance à la tribu, ce qui fait que la démographie est en train d'augmenter.

Dans une période où on s'inquiète du réchauffement climatique et de la préservation d'un environnement qui est fortement abîmé par les prédations industrielles, il y a une tendance à se tourner vers les pratiques amérindiennes qui sont très respectueuses de l'environnement.

On se tourne vers les peuples autochtones pour récolter leur savoir et leurs pratiques.

 

Dans le Montana, les gens vivent de l'élevage : il y a beaucoup de cowboys dont la traduction littérale est "garçon vacher".

Le mythe est toujours présent car les gens ont toujours ce mode de vie lié à l'élevage...

Aujourd'hui, il y a un retour des bisons dans les plaines. Les Indiens font revenir les bisons en accord avec les autorités gouvernementales.

Donc, il y a des ranchers et des cowboys qui élèvent aussi des bisons.

 

Le Montana est réputé pour sa faune et sa flore : c'est là qu'a été inaugurée la porte d'entrée du Parc National de Yellowstone, le premier Parc National au monde. Il y a ce contact avec le monde sauvage et on se sent reconnecté au monde du vivant.

On a l'impression qu'à un moment donné, on avait tous un langage commun et qu'on devenu des illettrés de la nature... l'animal essaie de communiquer et on se retrouve démuni.

 

Les Sioux et les Blackfeet, les Cheyennes sont réputés être les plus guerriers et ils sont toujours dans la résistance : ils font peur aux autorités fédérales, encore aujourd'hui.

Le personnage de Sitting Bull reste dans les mémoires. Il y a toujours gravées dans la pierre des marques des visions de Sitting Bull, notamment dans le Montana, la vision qu'a eue Sitting Bull de la défaite des troupes du général Custer face à la coalition des Cheyennes du nord, la bataille de Little Bighorn.

Un personnage fascinant, un guerrier mais aussi un chamane. Les descendants de Sitting Bull sont toujours présents et racontent des anecdotes sur cette bataille. D'ailleurs, il existe des photos de Sitting Bull et de Crazy Horse.

Cependant, les Indiens restent très minoritaires : 2% de la population. Mais ce qui a changé depuis l'élection de Joe Biden, c'est que la secrétaire d'état américaine est amérindienne, c'est une laguna pueblo, elle a en charge la gestion des terres fédérales et le bureau des affaires amérindiennes : c'est une grande avancée par rapport à tous les problèmes de spoliation de ces dernières décennies.

Les Indiens se battent pour récupérer des terres et même s'ils sont très pauvres, ils refusent l'argent qu'on leur propose en échange de leurs terres : pour eux, la terre n'a pas de prix, la terre porte le sang de leurs ancêtres.

La gestion des casinos a pu sortir certains Indiens de la pauvreté : certaines tribus prêtent de l'argent aux autres.

Le culte du colt, de l'arme reste très présent au Montana. Ainsi, un auteur s'est  vanté devant Sylvie Brieu de posséder plusieurs armes, 5 ou 6 au total... Dans les grands espaces, les gens privilégient la liberté : "Tu es libre de faire ce que tu veux, tant que tu m'embêtes pas, par contre, j'ai le droit de porter une arme, au cas où tu volerais ma liberté."

Les gens des grandes villes, des gens fortunés viennent chercher dans ces grands espaces de l'authenticité, un lien avec la nature. Des geeks de la Silicon Valley viennent aussi dans le Montana : avec le télé travail, on peut désormais travailler de n'importe où, tout en profitant des randonnées dans la région... ils allient ainsi revenus économiques et qualité de vie.

Quand j'ai voulu aller au Montana, les réactions de certains Américains : "Oh la la ! Le Montana ! Mais qu'est-ce que tu vas faire là-bas ? C'est arriéré, c'est isolé, c'est surarmé... ils ne mangent que de la viande..."

Il y a ce type de réactions mais le mythe de l'Ouest est encore vivant, il fascine."

 

 

 

https://www.lemonde.fr/vous/article/2010/05/22/hollywood-et-les-indiens_1361719_3238.html

 

 

 

 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Le blog de rosemar
  • : Pour le plaisir des mots : poésie, chanson, littérature, actualités, politique, éducation...
  • Contact

Profil

  • rosemar
  • Esprit libre et indépendant ,contestataire
  • Esprit libre et indépendant ,contestataire

Texte Libre

fleurs 4fleurs 3coqulicot

Recherche

Http://Fatizo.over-Blog.com/