Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
15 mars 2024 5 15 /03 /mars /2024 12:53
"Monoloy", disait le vent...

 

Une magnifique dénonciation du racisme et de la discrimination qu'ont subis les Indiens dans cette chanson de Gilles Vigneault. Une belle chanson d'amour tragique aussi et un hymne à la nature...

La situation est résumée très simplement dès les premiers mots du texte :

"Jack Monoloy aimait une blanche
Jack Monoloy était indien
Il la voyait tous les dimanches
Mais les parents n'en savaient rien"

Un amour secret, caché, car les deux amoureux n'ont pas la même couleur de peau... L'emploi de l'imparfait à valeur durative traduit tout de même une sorte de stabilité, de sérénité. Tout de suite, le personnage de Jack nous apparaît familier et proche de nous car il désigné par son prénom et son patronyme.

 

On perçoit aussitôt une nature complice des deux amoureux dans ces deux vers :

"Tous les bouleaux de la rivière Mingan
Tous les bouleaux se rappellent"

Cette nature bienveillante sert de refuge aux deux personnages et à leurs amours clandestines. On découvre aussi le prénom de la jeune fille : la Mariouche... Le poète évoque sa beauté sans la détailler, ce qui contribue à donner au texte une valeur universelle.

 

La présentation qui est faite du personnage de Jack Monoloy souligne aussi sa proximité avec la nature, la rivière, les arbres, les oiseaux, le vent... une nature personnifiée qui répète les prénom et nom du personnage...

Le poète nous fait ainsi habilement entendre les voix des "canards, des perdrix et des sarcelles" à travers cette répétition "Jack, Jack, Jack", la gutturale "k" restituant les cris de ces oiseaux.

Et le vent, lui aussi personnifié, lance le nom du personnage : "Monoloy disait le vent". Grâce à  ces sonorités très douces et répétitives, on croirait effectivement écouter le souffle du vent...

Jack est encore associé à la nature puisqu'il a "écrit au couteau d'chasse Le nom d'sa belle sur les bouleaux..."

 

Une indication de temps marque soudain une rupture dans l'histoire des deux amoureux : "Un jour, on a trouvé leurs traces  On les a vus au bord de l'eau." Le passé composé utilisé dans ces deux vers souligne aussi cette rupture. Le pronom indéfini "on" renvoie à l'opinion commune, à la foule : un racisme généralisé. On voit aussi que les personnages sont traqués comme des bêtes avec cette expression : "on a trouvé leurs traces."

 

L'emploi du présent vient accentuer les conséquences douloureuses pour les deux personnages, un présent à valeur durative, comme une éternité de malheurs et de souffrances :

"Jack Monoloy est à sa peine
La Mariouche est au couvent
Et la rivière coule à peine
Un peu plus lentement qu'avant"

 

Jack Monoloy se suicide alors dans l'indifférence générale, en dehors de la prière énoncée par le poète :

"Jack Monoloy Dieu ait son âme
En plein soleil dimanche matin
En canot blanc du haut d'la dam
Il a sauté dans son destin"

 

Depuis, seuls les bouleaux semblent en porter le deuil :

"Tous les bouleaux de la rivière Mingan
Tous les bouleaux ont mémoire
Et leur écorce est toute noire
Depuis qu'Monoloy a sacré l'camp"

 

La mélodie enjouée restitue la beauté, la vitalité de la nature, un élan amoureux, hélas brisé par la bêtise des hommes, comme le suggère cette phrase scandée dans le refrain : "La Mariouche est pour un blanc."

 

 

Le texte :

 

http://www.chansons.lespassions.fr/chanson-vigneault-3.html

 

 


 

Partager cet article
Repost0
14 février 2024 3 14 /02 /février /2024 10:35
Fly me to the moon...

 

Une fort jolie déclaration d'amour dans cette chanson : Fly me to the moon...

Une déclaration imagée qui passe d'abord par l'évocation d'un voyage vers les astres et les étoiles... une façon de suggérer tous les bonheurs et toutes les aventures du transport amoureux...

La Lune, les étoiles, Jupiter, Mars ont toujours fait rêver les humains de mondes nouveaux à découvrir...

 

L'amour est aussi associé traditionnellement à la joie, au printemps : on retrouve ces aspects dans ces expressions :

"Laisse-moi jouer parmi les étoiles
Laisse-moi voir à quoi ressemble le printemps"

Des expressions imagées, savoureuses, et pleines de suggestions... on peut y déceler un double sens... par exemple quand il s'agit de "voir à quoi ressemble le printemps", on peut penser à une invitation pressante de l'amoureux qui souhaite découvrir les beautés de la jeune femme...

 

La déclaration se précise encore dans les vers suivants :

"En d'autres mots, prends ma main
En d'autres mots, bébé, embrasse-moi"

Les impératifs : "Envole-moi jusqu'à la lune, Laisse-moi, prends ma main, embrasse-moi" sont autant d'exhortations insistantes à l'amour, avec une gradation dans les idées, les gestes de plus en plus précis et pressants...

 

Le bonheur procuré par l'amour est aussi associé à une chanson, grâce au rapprochement de ces deux termes "coeur, chanson."

"Emplis mon coeur d'une chanson
Et laisse-moi chanter éternellement..."

Le poète en demande même toujours plus : il souhaite une éternité d'amour...

 

La déclaration s'achève avec ces mots qui impliquent un amour exclusif, total, quasiment religieux avec notamment l'emploi du  verbe "adorer" et du pronom indéfini "tout".

"Tu es tout ce que je désire,
Tout ce que je respecte et adore
En d'autres mots, s'il te plaît sois sincère
En d'autres mots, je t'aime !"

Les deux derniers vers se présentent comme une véritable supplique... et avec une grande simplicité dans cette affirmation émouvante et directe  : "je t'aime."

 

Une chanson qui n'a rien perdu de son charme, offrant une promesse de magie, de découvertes, d'aventures, de séduction...

La mélodie rythmée, enjouée participe aussi à cette magie !

 

Fly Me to the Moon (en français "Envole-moi vers la Lune") est un standard de jazz américain, chanson écrite et composée par Bart Howard en 1954. La version de Frank Sinatra dans son album It Might as Well Be Swing  enregistrée en 1964 est une des plus célèbres.

 

Les paroles :

 

https://www.lacoccinelle.net/250253-frank-sinatra-fly-me-to-the-moon.html

 

"Envole-moi jusqu'à la Lune
Laisse-moi jouer parmi les étoiles
Laisse-moi voir à quoi ressemble le printemps
Sur Jupiter et Mars
En d'autres mots, prends ma main
En d'autres mots, bébé, embrasse-moi

Emplis mon coeur d'une chanson
Et laisse-moi chanter éternellement
Tu es tout ce que je désire,
Tout ce que je respecte et adore
En d'autres mots, s'il te plaît soit sincère
En d'autres mots, je t'aime !

Emplis mon coeur d'une chanson
Et laisse-moi chanter éternellement
Tu es tout ce que je désire,
Tout ce que je respecte et adore
En d'autres mots, s'il te plaît sois sincère
En d'autres mots, je t'aime !"

 

 

 

Partager cet article
Repost0
10 novembre 2023 5 10 /11 /novembre /2023 12:30
Sous le ciel de Paris s'envole une chanson...

 

Un bel hommage à la ville de Paris avec cette célèbre chanson : Sous le ciel de Paris...

Une chanson sous le signe de l'amour et de la gaieté...

 

Dès le premier couplet, on voit une chanson "s'envoler sous le ciel de Paris", magnifique image qui assimile cette chanson à un oiseau, lui-même symbole de liberté, d'élégance.

Et cette chanson est associée à l'amour puisqu'elle est "née Dans le coeur d'un garçon" et qu'elle accompagne les pas des amoureux.

 

Puis, c'est "Sous le pont de Bercy" que nous emmène le poète, un des ponts qui enjambe la Seine : une foule diverse est évoquée : "un philosophe assis, Deux musiciens, quelques badauds, des gens par milliers."

Le savoir symbolisé par "un philosophe assis", la musique, la curiosité des badauds, la foule, grâce au procédé d'énumération, suggèrent une ville animée, pleine de vie, un réservoir de culture.

Et cette foule rassemblée "chante L'hymne d'un peuple épris De sa vieille cité." La chanson d'amour évoquée au début s'élargit pour devenir un véritable hymne à la louange de la vieille cité...

L'amour est aussi celui des habitants pour leur cité.

 

On découvre ensuite un autre lieu emblématique "Près de Notre Dame" où "Parfois couve un drame...", soudain apparaît une touche d'inquiétude et de tristesse, vite oubliée car la magie de "Paname" opère.

Ce nom familier donné à la ville de Paris qui évoque d'autres chansons suggère la joie avec aussi la lumière de "quelques rayons d'un ciel d'été et un air d'accordéon"... une ambiance festive...

Comment peindre Paris sans faire référence à la Seine associée encore à l'idée de joie ? Et même les plus humbles se plaisent dans ce décor : on voit alors "les clochards et les gueux" se laisser bercer par le murmure du fleuve :

"Sous le ciel de Paris
Coule un fleuve joyeux
Hum Hum
Il endort dans la nuit
Les clochards et les gueux"

 

On perçoit une ville bienveillante pour les humbles.

 

Et "les oiseaux du Bon Dieu" participent aussi à l'harmonie et la gaieté du décor : venus du "monde entier", ils semblent célébrer la ville de leurs bavardages. L'hyperbole vient souligner la renommée immense de Paris...

Le ciel de Paris est personnifié dans les vers suivants, ainsi que l'Ile Saint Louis : amour, sourire, habit, tristesse, jalousie...

Différents sentiments apparaissent et soulignent la vie bouillonnante de la ville, le ciel est présenté comme une entité vivante, tutélaire, "il est épris de l'Ile Saint-Louis" (encore l'amour !) qui lui sourit, il met alors "son habit bleu"... une succession d'images emplies de tendresse.

La pluie symbolise sa tristesse, le tonnerre représente sa jalousie de voir des millions d'amants (toujours l'amour !)

Enfin la chanson s'achève sur un tableau plein de gaieté :

"Mais le ciel de Paris
N'est pas longtemps cruel
Hum Hum
Pour se fair' pardonner
Il offre un arc en ciel."

 

La mélodie légère, virevoltante restitue un air de danse, une ambiance joyeuse... c'est un Paris romantique qui est décrit et qui nous fait rêver...

Cette chanson fut composée par Hubert Giraud, écrite par Jean Dréjac et originellement interprétée et enregistrée par Jean Bretonnière pour la musique du film Sous le ciel de Paris, de Julien Duvivier de 1951.

 

 

Les paroles :

 

https://www.paroles.net/edith-piaf/paroles-sous-le-ciel-de-paris
 

Partager cet article
Repost0
6 octobre 2023 5 06 /10 /octobre /2023 11:54
Le temps d'une chanson...

 

Que serions nous sans les chansons ? Elles nous accompagnent dès l'enfance, avec des comptines, elles nous charment de musiques, de poésie, de rêves, en maintes occasions...

 

Le mot "chanson" lui-même nous entraîne dans une envolée de voyelles nasalisées qui tourbillonnent... La chuintante initiale, la sifflante donnent à ce nom une douceur infinie.

 

Le nom est ancien, bien sûr : comment pourrait-il en être autrement : la chanson appartient à l'histoire de notre monde : la mer ne chante-t-elle pas des ritournelles incessantes, le vent ne murmure-t-il pas des airs apaisants ?

 

Les oiseaux se font, aussi, les chantres et les poètes de la nature...

Les cigales nous murmurent de doux refrains, dès qu'arrive l'été.

 

Le mot "chanson" remonte au latin "cantio", il est issu d'un verbe très ancien : "cano", "chanter".

Et dès les temps les plus anciens, la chanson est associée à la poésie...

 

La "cantio" désignait, aussi, en latin,  l'incantation, le charme, l'enchantement.

Et, de fait, les chansons nous envoûtent souvent, ells suscitent tant d'émotions, de bonheurs et d'hamonies.

Elles relèvent d'une forme de magie, elles nous emportent, par l'imagination, dans des univers oniriques, elles nous séduisent souvent, nous font pleurer ou rire de bonheurs...

Elles délivrent tant de messages qui restent gravés dans nos esprits !

Comment ne pas être transporté par la "Javanaise" ? Comment ne pas être ému par "l'Ame des poètes" ? Comment ne pas tomber sous le charme de cette chanson ; "Un p'tit coin de parapluie" ?

Des joies, des peines, des tourments, des détresses, des désarrois nous sont racontés dans des ritournelles inoubliables...

La chanson nous fait vivre et revivre toutes sortes de moments intenses, toutes sortes d'émotions..

Elle parle à notre sensibilité...

"Chanter, enchanter", ces mots n'ont-ils pas la même origine ?

Oui, la chanson comporte une part de rêve...

Elle est une part essentielle de notre culture, car elle s'adresse à notre sensibilité, elle participe à notre compréhension du monde .

Quoi de mieux qu'une chanson pour dénoncer la guerre et ses horreurs ?

Que de chansons pour évoquer l'amour, ses exaltations, ses souffrances !

Brassens, Brel, Ferré, Ferrat, Béart, Bécaud nous ont offert des mélodies et des textes inoubliables...

 

 http://rosemar.over-blog.com/tag/jean%20ferrat/

 

http://rosemar.over-blog.com/tag/brassens/

 

http://rosemar.over-blog.com/2018/02/quand-on-n-a-que-l-amour-pour-unique-chanson.html

 

http://rosemar.over-blog.com/2022/08/ma-petite-est-comme-l-eau-elle-est-comme-l-eau-vive.html

 

http://rosemar.over-blog.com/article-les-souliers-121740673.html

 

 

 

Partager cet article
Repost0
15 septembre 2023 5 15 /09 /septembre /2023 12:33
Dans les yeux d'Emilie...

 

L'amour qui suit le rythme des saisons, le bonheur d'aimer assimilé à un soleil rayonnant, ce sont là des thèmes traditionnels que l'on retrouve dans cette chanson de Joe Dassin dont le texte a été écrit par Pierre Delanoë et Claude Lemesle, et la musique composée par Yvon Ouazana et Vivien Vallay.

 

Les auteurs ont su renouveler ces motifs par l'évocation de paysages et de saisons contrastés... 

 

Le texte nous emporte dans un quartier du vieux Québec, où les rues chantent l'accent de ce pays et sont personnifiées, dotées de vie. On perçoit un pays de contraste où se côtoient tradition et modernité, avec de vieilles maisons et l'évocation de l'an 2000.

 

La description de l'hiver qui suit est saisissante : le fleuve Saint Laurent apparaît "prisonnier" de l'hiver, image très forte qui suggère bien les rigueurs de la saison...

Les jours et les nuits se ressemblent alors et on éprouve bien des difficultés à croire au retour de l'été : désespoir, tristesse, obscurité règnent en maîtres.

 

Mais, le refrain vient montrer que l'amour défie les saisons, il apporte au poète, malgré le froid, un soleil présent dans les yeux mêmes de la femme aimée, prénommée Emilie...

Des jeux d'opposition, "jour et nuit, mélancolie et joie de vivre" soulignent le miracle opéré par le sentiment amoureux : il transcende le monde, le sublime et le bonheur l'emporte sur tout.

 

Le printemps tant attendu par tous arrive enfin, symbolisé par la couleur verte, par "les gens qui sortent de la terre", par le renouveau du Saint Laurent.

 

Mais l'amour d'Emilie s'est évanoui et désormais, le froid envahit le poète : chaleur et lumières ont disparu... malgré l'arrivée du printemps. On retrouve des contrastes très forts entre le paysage et l'état d'âme du poète...

 

Ainsi, la chanson montre que l'amour est essentiel : il peut ensoleiller des jours tristes et une fois perdu, il fait oublier tous les bonheurs de la vie...

 

La mélodie endiablée insiste sur le tourbillon provoqué par le sentiment amoureux : un rythme rapide scande le texte et souligne la joie de vivre perdue...

 

Les sonorités de sifflantes, de chuintante dans le refrain traduisent la douceur associée à l'amour...

"Moi, j'avais le soleil
Jour et nuit dans les yeux d'Émilie
Je réchauffais ma vie à son sourire
Moi, j'avais le soleil
Nuit et jour dans les yeux de l'amour
Et la mélancolie au soleil d'Émilie
Devenait joie de vivre"

 

Cette chanson nous émeut, par sa simplicité, par ses jeux de contrastes, par cette association entre soleil et amour, par des images qui personnifient les paysages...

 

 Cette chanson de Joe Dassin a plus de 45 ans, et pourtant elle n’a jamais autant été écoutée qu’aujourd’hui. Dans les yeux d’Émilie est en train de devenir l’hymne officieux de la Coupe du monde de rugby 2023.

 

Le texte :

 

https://www.paroles.net/joe-dassin/paroles-dans-les-yeux-d-emilie

 

 

 

Partager cet article
Repost0
26 mai 2023 5 26 /05 /mai /2023 11:34
Il y avait un jardin...

 

En hommage à Georges Moustaki qui disparaissait il y a dix ans...

 

Une chanson sous forme de plaidoyer pour défendre la nature, notre terre si belle, si féconde et si malmenée... une chanson de Georges Moustaki : Il y avait un jardin...

 

Dans le premier couplet, le poète évoque le monde moderne dans lequel naissent et vivent les enfants d'aujourd'hui, un monde fait "d'acier, de bitume, de béton et d'asphalte"... L'énumération vient souligner un univers artificiel, étouffant, à l'inverse de l'image d'un "jardin".

Ce jardin qu'était autrefois la terre, comme le suggère l'emploi de l'imparfait, les enfants, eux, ne le connaîtront peut-être jamais... 

L'image du "jardin" évoque un lieu protégé où l'homme et la nature se côtoient dans une belle harmonie...

La terre assimilée à un jardin appartient alors au passé, comme le montrent les nombreux imparfaits récurrents : 

"Il y avait un jardin qu'on appelait la terre
Il brillait au soleil comme un fruit défendu
Non ce n'était pas le paradis ni l'enfer"

Ce jardin est valorisé, il apparaît comme un joyau dans l'expression : "Il brillait au soleil", il est comparé à un "fruit défendu", belle image biblique qui évoque le jardin d'Eden...

Pourtant, dit le poète, "ce n'était pas le paradis ni l'enfer", mais un lieu unique, inédit donc exceptionnel :  "rien de déjà vu ou déjà entendu".

 

Dans le couplet suivant l'image de ce jardin est esquissée en quelques mots :

"Il y avait un jardin une maison des arbres
Avec un lit de mousse pour y faire l'amour
Et un petit ruisseau roulant sans une vague
Venait le rafraîchir et poursuivait son cours"

La description suggère un lieu accueillant et protecteur : présence d'une nature bienveillante, idyllique, propice à l'amour et au bonheur. L'énumération traduit une abondance : "un jardin, une maison, des arbres, un lit de mousse, et un petit ruisseau."

Les sonorités de gutturales "r", "g", "k" nous font entendre le murmure du ruisseau : "ruisseau roulant, une vague, rafraîchir, poursuivait son cours".

La sifflante "s" réitérée donne une impression de bonheur et d'apaisement...

 

Ce jardin était aussi une terre nourricière offrant ses fruits et ses fleurs malgré la rudesse du climat fait de contrastes : "Sur la terre brûlante ou sur l'herbe gelée"...

Présence des fleurs, des arbres, de l'eau sous la forme d'un ruisseau : tous les éléments sont réunis pour favoriser la vie.

 

Dans la strophe suivante, le poète insiste sur l'idée de transmission :

"Il y avait un jardin qu'on appelait la terre
Il était assez grand pour des milliers d'enfants
Il était habité jadis par nos grands-pères
Qui le tenaient eux-mêmes de leurs grands-parents"

La terre est un héritage qu'il nous faut préserver et chérir... et cette strophe a encore plus de résonances de nos jours où on sait notre belle planète de plus en plus menacée, où on assiste à une extinction de nombreuses espèces, où la biodiversité est en danger.

 

Tout au long de la chanson, le poète nous fait entendre la voix des enfants qui regrettent ce monde perdu : la terre...

Et dans la dernière strophe, on entend ces enfants poser des questions insistantes :

"Où est-il ce jardin où nous aurions pu naître
Où nous aurions pu vivre insouciants et nus
Où est cette maison toutes portes ouvertes
Que je cherche encore et que je ne trouve plus?"

L'emploi de la première personne du pluriel, le recours au discours direct soulignent la présence de ces enfants, on entend leur désarroi, leur tristesse, leur regret suggéré par les conditionnels passés.

Le passage à la première personne du singulier dans le dernier vers permet d'individualiser le reproche qui peut nous être adressé...

 

La mélodie très douce et mélancolique restitue le bonheur perdu procuré par cette terre...

 

Les paroles :

 

https://www.paroles.net/georges-moustaki/paroles-il-y-avait-un-jardin

 

 

En complément de cette chanson :

Vivant, un film de Yann Arthus-Bertrand :

https://www.lemonde.fr/culture/article/2023/05/23/dans-vivant-sur-france-2-yann-arthus-bertrand-remet-l-humain-au-c-ur-de-la-biodiversite_6174532_3246.html

 


 

Partager cet article
Repost0
14 février 2023 2 14 /02 /février /2023 13:28
J'ai rendez-vous avec vous...

 

Un rendez-vous qui comble un amoureux... un rendez-vous avec celle qu'on aime plus que tout : tel est le thème de cette chanson célèbre de Georges Brassens...

 

Dans le premier couplet, c'est "Monseigneur l'astre solaire" qui est mis en concurrence avec l'amoureuse... La personnification du soleil, l'emploi de la périphrase et le titre de noblesse lui donnent une importance évidente... 

Et, pourtant, l'amoureux ne s'en soucie guère : ce titre ronflant ne l'impressionne pas, comme le suggère bien l'expression familière : "j'm'en fous".

 

Peu lui importe d'être privé du feu solaire, ses préférences vont à la lumière des yeux de son amoureuse.

Voilà un bel hommage adressé au regard de la jeune femme, une jolie façon de souligner l'éclat de ses yeux.

Et le refrain vient souligner toute l'importance du rendez-vous amoureux :

"Tout le restant m'indiffère
J'ai rendez-vous avec vous"

 

Dans le deuxième couplet, apparaît un autre personnage qui s'enfle aussi de son rôle, et de ses prérogatives, comme l'indique l'expression : "Monsieur mon propriétaire"... puisqu'il est prêt à chasser son locataire, mais l'amoureux n'en a cure... 

C'est la "robe à froufrous" de la jeune femme qui devient alors sa "demeure".

Evidemment, on note une progression coquine dans les idées : il ne s'agit plus seulement d'admirer les yeux de l'amoureuse, mais de s'abriter sous sa robe...

 

Encore un autre personnage avec "Madame ma gargotière" qui use de son pouvoir pour chasser l'amoureux de sa table, ce qui permet encore de ménager une malicieuse progression : le poète pourra, à la place, se rassasier d'un autre menu : la chair du cou de la jeune femme...

 

Enfin, dans le dernier couplet, une autre instance est convoquée : "sa majesté financière", encore une appellation pompeuse... et c'est alors le coeur de la jeune femme qui devient un trésor inestimable : "une fortune" ! C'est alors l'amour qui est présenté comme l'essentiel.

On retrouve dans cette chanson un Brassens dédaigneux des biens matériels : Brassens refusait le luxe, l’argent étant fait pour être redistribué.

 

La mélodie enjouée, pleine d'entrain vient souligner le bonheur de l'amoureux comblé par le rendez-vous à venir.

 

On aime la simplicité du texte qui se présente comme un discours direct, avec l'emploi du présent, l'alternance de la première et de la deuxième personne.

On aime la progression malicieuse de cette jolie déclaration d'amour...

 

 

Les paroles :

 

https://www.paroles.net/georges-brassens/paroles-j-ai-rendez-vous-avec-vous

 

 

Photo : Pixabay

Partager cet article
Repost0
18 décembre 2022 7 18 /12 /décembre /2022 13:33
Mon beau sapin, roi des forêts !

 

Un bel hommage à la nature et à cet arbre majestueux : le sapin...

 

Dès le début de cette chanson très célèbre, le sapin est magnifié grâce à une personnification : il devient le "roi des forêts" et il suscite l'admiration, la tendresse, ce que suggère bien le point d'exclamation : "Que j'aime ta verdure !"

 

Le poète s'adresse à lui, comme à un ami familier, avec l'emploi de la deuxième personne du singulier...

 

Et il souligne une caractéristique essentielle de l'arbre : sa pérennité, sa verdure inaltérable, quand vient l'hiver...

Alors que la nature est dépouillée, le sapin, lui, garde sa "parure" : encore un terme valorisant pour souligner la beauté et la magnificence de l'arbre... le mot "parure" peut évoquer un bijou précieux...

 

 

Dans le couplet suivant, le sapin associé à la fête de Noël revêt un caractère sacré, avec la référence au "saint anniversaire".

Il réunit aussi la famille autour de lui, dans le foyer, avec l'emploi de la première personne du pluriel : "chez nous".

 

Et puis, bien sûr, entouré de "bonbons et de joujoux", il évoque l'enfance et tous les cadeaux de Noël. Les termes familiers, aux sonorités redoublées "bonbons, joujoux" renvoient aussi à ce monde de l'enfance.

 

La famille est bien présente dans ce deuxième couplet avec l'image de la mère et de ses mains qui ont installé, et même "planté" le sapin à l'intérieur du foyer, comme une sorte de renaissance.

 

 

Dans le dernier couplet, le sapin devient symbole de "fidélité, de foi, de constance et de paix"...

Fidélité, foi, constance en raison de son ombrage toujours vert...

 

Symbole aussi de paix et d'harmonie car il réunit les coeurs et les corps autour de lui...

Le sapin devient la "douce image" de ces symboles...

 

La mélodie à la fois tendre, triomphante et solennelle restitue la beauté majestueuse de l'arbre roi...

 

Pour mémoire :

"Mon beau sapin est un chant de Noël d'origine allemande. Son titre original est : O Tannenbaum. La version la plus célèbre est basée sur une musique traditionnelle et un texte de 1824 composé en allemand par Ernst Anschütz, organiste et professeur à Leipzig, ville qui fait alors partie du Royaume de Prusse. 

 La version française a d’abord porté le titre Le Sapin. Elle a été publiée en 1856 à Strasbourg dans un recueil de chants populaires allemands librement traduits pour le public scolaire français. Les paroles sont de Laurent Delcasso (1797-1887), recteur de l’académie de Strasbourg."

 

 

Les paroles :

Mon beau sapin, roi des forêts,
Que j’aime ta verdure !
Quand par l’hiver bois et guérets
Sont dépouillés de leurs attraits,
Mon beau sapin, roi des forêts,
Tu gardes ta parure.

Toi que Noël planta chez nous,
Au saint anniversaire,
Joli sapin, comme ils sont doux
Et tes bonbons et tes joujoux,
Toi que Noël planta chez nous
Par les mains de ma mère.

Mon beau sapin, tes verts sommets,
Et leur fidèle ombrage,
De la foi qui ne ment jamais,
De la constance et de la paix,
Mon beau sapin, tes verts sommets,
M'offrent la douce ima
ge.

 

 

Autres chants de Noël :

 

http://rosemar.over-blog.com/article-chant-de-noel-113740165.html

 

http://rosemar.over-blog.com/article-dans-les-grands-sapins-verts-125249781.html

 

http://rosemar.over-blog.com/2017/12/dormez-petits-c-est-noel.html

 

http://rosemar.over-blog.com/article-adeste-fideles-121754183.html

Partager cet article
Repost0
19 octobre 2022 3 19 /10 /octobre /2022 09:48
S’endavalèm de vos... Nous descendons de vous...

 

 Voici un bel hommage aux troubadours, à ces poètes d'autrefois, chanteurs, musiciens, créateurs qui se sont illustrés au Moyen Age, par des oeuvres d'une diversité et d'une créativité étonnantes... un hommage que l'on doit à Francis Cabrel dans sa chanson "Rockstars du Moyen Âge".

Le mot "troubadour" chante le sud, la langue d'oc, celle du soleil, de la mer, des collines, des paysages méditerranéens.

 

Et c'est cette langue du sud, l'occitan que Cabrel met à l'honneur dans ce texte.

 

Le titre lui-même de la chanson unit et réunit le présent et le passé : Rockstars del Media d'Atge...

Pourquoi donc parler de "langues anciennes" ? L'occitan, c'est aussi notre langue, notre littérature qui a brillé pendant des siècles et qui a raconté l'humanité, ses joies, ses peines, ses amours... La répétition du mot "même" souligne bien ce lien avec le passé dès la première strophe.

 

Et le poète s'adresse directement à ces écrivains du passé, en employant la deuxième personne du pluriel, une façon de faire revivre ces précurseurs que nous avons tendance à oublier :

"C’est écrit dans vos pages
en mieux et bien avant nous."

 

Dans la strophe suivante, Cabrel restitue toute une époque, une ambiance, grâce à quelques détails bien choisis : la plume des poètes,  leurs chants dédiés à des dames, la lenteur du pas des chevaux...

"Vous, c’est un trait de plume,
c’est le pas des chevaux,
c’est chanter à vos Dames
tout ce qu’il y a de plus beau..."

Les sonorités de sifflantes  "s" et chuintantes "ch" traduisent toute la délicatesse de ces poètes d'autrefois...

 

Cabrel évoque ces poèmes de l'Amour courtois, des chants qui honoraient la beauté des visages et des coeurs... Le superlatif et des équivalents de superlatifs "loin au dessus de tout" viennent souligner la profondeur et la sincérité des sentiments.

 

Et la réussite de ces chants d'amour, c'est que chacun peut s'y associer et s'y reconnaître, comme le fait une simple "fille à la fenêtre" :

"La fille à la fenêtre
qui chante les yeux clos
cherche à se reconnaitre
dans chacun de vos mots.
Ça vaut bien davantage
que le plus lourd bijou."

Cabrel peint là un véritable tableau en quelques traits : on voit l'encadrement de la fenêtre, les yeux clos de la jeune fille, on entendrait presque sa voix qui chante...

Et les mots du troubadour deviennent alors un trésor inestimable, comme le suggère le superlatif : "le plus lourd bijou."

 

On voit dès lors une scène de l'époque : le troubadour sous le balcon de la dame, armé d'un tambourin, dans la nuit venir chanter ses poèmes pour une "Belle en cage". La dame étant jalousement gardée et enfermée, le troubadour prend aussi des risques, avec pour "seule armure un tambourin"... cette image guerrière souligne ainsi une forme de danger à courtiser la belle...

 

La strophe suivante en occitan nous permet d'entendre cette belle langue :

"La filha a son fenestron
canta los uèlhs barrats
e dins cada cançon
espera se trobar.
Aquò val fòrça mai."

« La fille à sa fenêtre
chante les yeux fermés
et dans chaque chanson
espère se trouver.
Cela vaut bien plus. »

Il s'agit d'une version en occitan du troisième couplet...

 

Enfin, dans la dernière strophe, Cabrel rend précisément hommage à ces poètes d'autrefois, en citant quelques noms, autant de poètes du passé dont on a oublié les noms, et les oeuvres, autant d'auteurs dont les noms aux sonorités lointaines nous émeuvent et nous intriguent :

 
"Jaufré Rudel, Guillaume
Bernard de Ventadour
Pèire, Bertran de Born,
cent autres troubadours."

Francis Cabrel se veut l'héritier de ces troubadours oubliés, comme le soulignent les derniers mots de la chanson...


"On veille à l’héritage
guitares autour du cou."

Le refrain "Rockstars du Moyen Âge, nous descendons de vous." vient insister sur cette idée tout au long de la chanson.

 

La mélodie très douce, délicate, les choeurs, la langue occitane nous transportent au Moyen Age...

 


 


Paroles de « Rockstars du Moyen Âge »
 

https://lyricstranslate.com/fr/francis-cabrel-rockstars-du-moyen-age-lyrics.html

 

 

 

Partager cet article
Repost0
26 août 2022 5 26 /08 /août /2022 10:30
Ma petite est comme l'eau, elle est comme l'eau vive...

 

 

Une chanson limpide ! Une chanson qui célèbre l'amour, l'enfance, la jeunesse, la beauté, la liberté !

Cette chanson, c'est L'eau vive de Guy Béart...

Quelle tendresse, quel amour on perçoit dans cette expression qui ouvre la chanson : "Ma petite" !

On entre alors dans l'intimité d'un père qui évoque sa fille avec des termes dont on perçoit aussitôt toute la valeur et toute la dimension affective...

Avec cet emploi, on ressent tout l'attachement d'un père pour son enfant qu'il veut protéger...

 

D'autant que cette "petite" aime la liberté, ce que suggère bien la comparaison avec "l'eau vive, et le ruisseau." Image de fraîcheur et de beauté, elle est aussi un coeur qui ne se laisse pas facilement dompter.

Associée à des verbes de mouvement "courir, poursuivre, rattraper", la petite paraît insaisissable et incontrôlable....

Cette vivacité de l'enfant est aussi soulignée par la répétition du verbe à l'impératif :  "Courez, courez" . 

On est sensible ici à la simplicité du vocabulaire, à sa limpidité : le verbe "être" répété, le style parlé avec les impératifs, l'emploi de la deuxième personne du pluriel....

En même temps, l' enfant n'est pas nommée, ce qui donne à la chanson une valeur universelle...

 

Le deuxième couplet nous montre la jeune fille dans un cadre naturel magnifique, sensuel, avec le chant des pipeaux, la vision de l'eau qui danse, des "troupeaux", des herbes et arbres de Provence qui embellissent le paysage " l'olive, le laurier, le thym et le serpolet..."

On entend même la voix de la petite, ce qui la rend plus proche : "Venez, venez, mes chevreaux, mes agnelets..."

 

Ce tableau charmant, idyllique est brusquement interrompu par une notation temporelle, dans le couplet suivant : "Un jour", et par l'emploi d'un passé simple qui marque une rupture, un événement inattendu : "Vinrent les gars du hameau pour l’emmener captive".

Encore un double impératif pour suggérer l'idée de capture : "Fermez, fermez votre cage".

 

Mais l'eau vive ne se laisse pas si facilement emprisonner, on peut être sûr qu'elle "s'envolera", un verbe de mouvement encore qui souligne une idée de liberté infinie : c'est là l'image d'un oiseau insaisissable...

 

Nouvelle comparaison dans la strophe suivante : ce sont les jouvenceaux qui, cette fois, sont assimilés à "de petits bateaux emportés par l'eau vive", ils sont comme subjugués par les beaux yeux de la petite qui deviennent de véritables paysages  où "les jouvenceaux voguent à la dérive..."

Belle image de l'amour qui rend fou et obsède !

Cependant, ces jouvenceaux peuvent bien voguer, ils sont voués à "accoster", donc voués à l'immobilité, bien loin de l'eau vive qui "n'est pas encore à marier".

 

Pourtant, c'est inéluctable et le narrateur le sait bien : 

"un matin nouveau à l’aube, mon eau vive
Viendra battre son trousseau, aux cailloux de la rive."

Le futur montre bien que la jeune fille un jour prochain est destinée à venir battre son trousseau de mariage et à s'éloigner.

Dès lors, les autres sont invités à "pleurer" devant la solitude du narrateur.

 

Et le texte s'achève encore avec un verbe de mouvement au passé composé : "Le ruisselet, au large, s’en est allé". Comme par enchantement, la petite est devenue elle-même cette eau vive à laquelle elle était comparée au début de la chanson...

 

Cette chanson est un magnifique condensé de vie : l'enfance, le père protecteur, la beauté de la nature, les dangers que l'on peut rencontrer, l'amour, l'envol, le mariage, l'éloignement, la solitude...

 

Voilà un bel hymne à la beauté de l'enfance, à la nature, à l'eau, symbole de vie, de liberté, un bel hommage à sa fluidité, sa magie, cette chanson nous émeut aussi par sa simplicité, son évidence.

 

La mélodie limpide, le texte font songer à une comptine, une chanson enfantine, donc particulièrement adaptée au thème traité...

 

Le texte :

 

https://www.paroles.net/guy-beart/paroles-l-eau-vive

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Le blog de rosemar
  • : Pour le plaisir des mots : poésie, chanson, littérature, actualités, politique, éducation...
  • Contact

Profil

  • rosemar
  • Esprit libre et indépendant ,contestataire
  • Esprit libre et indépendant ,contestataire

Texte Libre

fleurs 4fleurs 3coqulicot

Recherche

Http://Fatizo.over-Blog.com/