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13 mai 2024 1 13 /05 /mai /2024 12:19
Concours eurovision de la chanson : un spectacle affligeant...

 

J'avoue que je n'ai pas eu la patience de regarder longtemps le concours eurovision de la chanson : dès les premières images, un torrent de lumières criardes déferlaient sur la scène alors que des cris hystériques accueillaient les chanteurs et chanteuses...

Partout, le règne du mauvais goût, dans les décors, les costumes, les chorégraphies...

La plupart des participants semblaient se livrer à un concours d'originalité dans les tenues et les pas de danse...

Ainsi, par exemple, le gagnant du concours, Nemo, représentant de la Suisse, était revêtu d'un veste en plumes, et d'une jupette roses... sa prestation relevait, il faut le dire, d'une véritable performance : il chantait sur une plateforme ronde en mouvement qui le mettait souvent en déséquilibre ! Quasiment un exploit sportif !

Les yeux cernés de perles, les cheveux bouclés, le torse dénudé, les ongles démesurés, c'est original, c'est sûr !

Et assez vulgaire, tout de même...

 

Dans l'ensemble, beaucoup de mises en scène, à la façon des clips vidéos, et une certaine médiocrité dans les textes des chansons...

C'était tonitruant, coloré, bruyant mais décevant et carrément ennuyeux...

 

Ce concours devient ainsi une foire aux excentricités... un concours d'extravagances...

Un spectacle qui laisse trop de place aux apparences au détriment de la qualité des chansons interprétées par les concurrents... un signe des temps, sans doute.

 

Partout, le clinquant gagne du terrain : les voitures, les vêtements, les objets qu'on nous vend sont de plus en plus sophistiqués. Dans le domaine alimentaire, il s'agit aussi d'attirer l'oeil, de séduire les consommateurs grâce à toutes sortes d'artifices... Peu importe, au fond, la composition du produit, c'est l'apparence qui s'impose... L'industrie agro-alimentaire nous vend des produits artificiels qui perdent leur authenticité.

Pourquoi le concours eurovision de la chanson échapperait-il à cette règle ?

 

Le talent, le vrai se nourrit, il me semble, de simplicité, d'une certaine modestie.

Les artifices, la sophistication à outrance qui envahissent nos sociétés constituent des pièges trompeurs et néfastes.

Que dire des polémiques qui ont émaillé ce concours concernant la chanteuse israélienne, Eden Golan ? Menaces de mort, attaques sur les réseaux sociaux. C'est lamentable ! On mélange tout !

 

 

 

 

 

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23 février 2024 5 23 /02 /février /2024 13:11
Ces airs qui jamais ne nous quitteront...


Pour clôturer le Festival de la Biographie, un joli moment musical nous a été offert...

En se remémorant la découverte et l’apprentissage de la musique et du chant, la soprano Cecilia Arbel et la pianiste Hyejin Park se souviennent de ces musiques et ces airs qui ne les quitteront  jamais… Parmi ceux-ci, Habanera (Carmen, Bizet), On me nomme Hélène la blonde (La belle Hélène, Offenbach), La méditation de Thaïs (Massenet) ou encore Por una cabeza (Carlos Gardel).

Un florilège qui va de l'opéra français à l'opérette, avec aussi des chansons espagnoles...

On écoute, d'abord, avec bonheur la Habanera de Carmen : 

"L'amour est un oiseau rebelle
Que nul ne peut apprivoiser
Et c'est bien en vain qu'on l'appelle
S'il lui convient de refuser
Rien n'y fait, menaces ou prières
L'un parle bien, l'autre se tait:
Et c'est l'autre que je préfère
Il n'a rien dit mais il me plaît
L'amour!
L'amour!
L'amour!
L'amour!
L'amour est enfant de Bohême
Il n'a jamais, jamais connu de loi
Si tu ne m'aimes pas, je t'aime
Si je t'aime, prends garde à toi!
Si tu ne m'aimes pas
Si tu ne m'aimes pas, je t'aime!
Mais, si je t'aime
Si je t'aime, prends garde à toi!
Si tu ne m'aimes pas
Si tu ne m'aimes pas, je t'aime!
Mais, si je t'aime
Si je t'aime, prends garde à toi!
L'oiseau que tu croyais surprendre
Battit de l'aile et s'envola
L'amour est loin, tu peux l'attendre
Tu ne l'attends plus, il est là!
Tout autour de toi, vite, vite
Il vient, s'en va, puis il revient
Tu crois le tenir, il t'évite
Tu crois l'éviter, il te tient
L'amour!
L'amour!
L'amour!
L'amour!"

On est ensuite comme envoûté par la Méditation de Thaïs de Massenet, interprétée au piano par Hyejin Park  ...La Méditation est un intermède instrumental joué entre les deux scènes de l'acte II de l'opéra Thaïs et constitue un pivot narratif juste au milieu de l'œuvre...

 

Puis, on reconnaît un air amusant extrait de La Belle Hélène d'Offenbach :

"On me nomme Hélène la blonde, la blonde fille de Léda j’ai fait quelque bruit dans le monde, Thésée, Arcas et cætera ... et pourtant ma nature est bonne, mais le moyen de résister, alors que Vénus la friponne se complaît à vous tourmenter ; dis-moi, Vénus, quel plaisir trouves-tu  à faire ainsi cascader la vertu ? ah ! malheureuses que nous sommes !... beauté, fatal présent des cieux !... il faut lutter contre les hommes, il faut lutter contre les dieux !... avec vaillance, moi, je lutte, je lutte et ça ne sert à rien... car si l'olympe veut ma chute, un jour ou l'autre il faudra bien... dis-moi, Vénus, quel plaisir trouves-tu a faire ainsi cascader la vertu ?"

Nous sommes alors invités à un voyage vers la lune avec un extrait de l'opéra féerie d'Offenbach : Le Voyage dans la Lune... ô reine de la nuit, reine silencieuse...

 

"Ô reine de la nuit,
Reine silencieuse !
Dans le ciel où sans bruit
Tu vas mystérieuse,
Mon cœur tout éperdu
Que ta pâleur enivre,
Mon cœur voudrait te suivre
Vers le monde inconnu !

Oui, sur terre tout m’importune
Et dans les cieux
Je serai mieux :
Papa, papa ! je veux la lune !…

II
Quand ta douce clarté
Fait pâlir les étoiles,
Quand du ciel argenté
Tu déchires les voiles,
Ô lune ! jusqu’à toi
Je sens aller mon âme,
Et ta divine flamme
M’attire malgré moi !
Oui, sur terre tout m’importune..."
Etc.

 Un pur divertissement encore avec cet air de La Périchole d'Offenbach : Ah ! Quel dîner je viens de faire ! grâce à une magnifique interprétation de la soprano Cécilia Arbel...

 

"Ah! quel dîner je viens de faire! 
Et quel vin extraordinaire! 
J'en ai tant bu, mais tant tant, tant, 
Que je crois bien, que maintenant 
Je suis un peu grise, un peu grise. 
Mais chut! 
Faut pas qu'on le dise! 
Chut! 

Si ma parole est un peu vague, 
Si tout en marchant je zigzague, 
Et si mon oeil est égrillard, 
Il ne faut s'en étonner, car... 
Je suis un peu grise, un peu grise.
Mais chut! 
Faut pas qu'on le dise! 
Chut!" 

On se laisse encore griser par ce célèbre tango de Carlos Gardel : Por Una Cabeza, interprété au piano.

On écoute ensuite une interprétation haute en couleurs et amusante de cette chanson La Tarantula du compositeur espagnol Geronimo Gimenez...

"La tarántula é un bicho mú malo;
No se mata con piera ni palo;
Que juye y se mete por tós los rincones
Y son mú malinas sus picazones.
¡Ay mare!, no zé que tengo
Que ayé pazé por la era
Y ha principiaito a entrarme
Er má de la temblaera.
 
Zerá q’a mí me ha picáo
La tarántula dañina
Y estoy toitico enfermáo.
Por su sangre tan endina.
¡Te coman los mengues
Mardita la araña
Que tié en la barriga
Pintá una guitarra!
Bailando se cura tan jondo doló.
¡Ay! ¡Mal haya la araña que a mí me picó!
 
No le temo á los rayos ni balas
Ni le temo á otra cosa más mala
Que me hizo mi pare;
Más guapo que er gayo
Pero á ese bichito lo parta un rayo.
¡Ay mare! yo estoy malito.
Me está entrando unos suores
Que me han dejaito seco
Y comío de picores.
 
Zerá que á mí me ha picáo
La tarántula dañina,
Por eso me he quedao
Más dergao que una sardina.
¡Te coman los mengues,
Mardita la araña
Que tié la barriga
Pintá una guitarra!
Bailando se cura tan jondo doló.
¡Ay! ¡Mal haya la araña que a mí me picó!"

 

"La tarentule est une bête infernale 

on ne la tue ni avec des pierres ni avec des bâtons ;
qui fuit et se cache dans tous les coins
Et ses piqûres sont très mauvaises
Oh ma mère ! Je ne sais c’que j’ai
Car hier j’suis passé sur l’aire
Et du tout début, est entré en moi
le mal de la tremblote
 
Ce sera que m’aura piqué
la nuisible tarentule
Et j’suis vraiment rendu malade.
Par son sang si infernal
Les démons te mangent
Maudit’ araignée
Qu’a sur le ventre
Une guitare peinte !
C’est en dansant qu’on soigne cette douleur si profonde
Oh ! Maudit’ araignée qui m’a piqué !
 
J’n’ai pas peur des éclairs ni des balles
J’n’ai pas peur non plus d’autres choses plus mauvaises
Car mon père m’a fait 
Plus beau qu’un coq
Mais cette p’tite’ bêt’, qu’un éclair la frappe
Oh mère ! j'suis si malade.
Me viennent des sueurs
Qui m’ont laissé tout sec
Et mangé de démangeaisons.
 
 
Ce sera que m’aura piqué
la nuisible tarentule
Et c’est pour cela que je suis resté.
Plus maigre qu’une sardine.
Les démons te mangent,
Maudit’ araignée
Qu’a sur le ventre
Une guitare peinte !
C’est en dansant qu’on soigne cette douleur si profonde
Oh ! Maudite araignée qui m’a piqué !"
 

Enfin, c'est un magnifique voyage vers l' Espagne qui nous est proposé avec cette célèbre chanson d' Agustin Lara : Granada :


"Granada, tierra soñada por mí     Grenade, pour moi terre de rêve,
Mi cantar se vuelve gitano cuando es para ti     Mon chant devient gitan quand c'est pour toi,
Mi cantar hecho de fantasía     Mon chant est fait de fantaisie,
Mi cantar, flor de melancolía     C' est une fleur de mélancolie
Que hoy te vengo a dar     Que je t'offre aujourd'hu­i.
Granada tierra ensangrent­ada en tardes de toros     Grenade, terre ensanglant­ée le soir avec les taureaux,
Mujer que conserva el embrujo de los ojos moros     Femme qui conserve le charme des yeux mores,
De sueño rebelde y gitana     Des rêves rebelles et gitane
Cubierta de flores     Couverte de fleurs
Y beso tu boca de grana, jugosa manzana     Et baise ta bouche de grenade, fruit juteux
Que me habla de amores     Qui raconte des histoires amours.
Granada manola     Grenade, fille du peuple,
Cantada en coplas preciosas     Chantée en couplets précieux,
No tengo otra cosa     Je n'ai pas autre chose
Que darte que un ramo de rosas   à t'offrir qu'un bouquet de roses.
De rosas de suave fragancia     Des roses avec un doux parfum
Que le dieron marco a la Virgen Morena     Qui ont donné de la valeur à la Vierge Noire.
Granada tu tierra está llena de linda mujeres     Grenade ta terre est remplie de jolies femmes,
De sangre y de sol     De sang et de soleil.
De rosas de suave fragancia     Des roses avec un doux parfum
Que le dieron marco a la Virgen Morena     Qui ont donné de la valeur à la Vierge Noire.
Granada tu tierra está llena de linda mujeres     Grenade ta terre est remplie de jolies femmes,
De sangre y de sol     De sang et de soleil."

 

 

Bravo et merci aux deux musiciennes pour ce moment d'évasion, de rêves, d'humour : merci à Hyejin Park (piano)  et Cécilia Arbel (chant)...
 

 

 

 

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1 janvier 2024 1 01 /01 /janvier /2024 10:39
Une bonne année à tous...

 

Une bonne année à tous...

 

 

 

Une bonne année de joie, de passion, d'étonnement, d'émerveillement...

 

 

 

 

Une bonne année de musique, de chansons, de lecture, de poésie, de partage...

 

 

 

 

Une très bonne année à tous !

 

 

 

"Le paradis est là, dans ce rayon de soleil, dans ces nuages qui roulent, cette buse qui plane en longs orbes... Le bonheur est là, offert tous les jours, tous les jours renouvelé, infini et inlassable. C'est ce qui nous ancre au monde, c'est le sens secret de nos vies : nous sommes ce monde, nous sommes ce ciel qui flamboie au couchant, nous sommes cette étoile filante qui verdit dans le ciel, cette brume blanche qui se lève sur la plaine, cette rivière tumultueuse, ces berges mouillées et brillantes, cet oiseau qui chante au loin, et si nous les laissons résonner au plus profond de nous, nous redevenons des êtres entiers, de puissants humains..."

 

Elise Rousseau, Sur le chemin des oiseaux...

 

 

 

 

 

 

 

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1 juillet 2022 5 01 /07 /juillet /2022 11:38
Boby Lapointe : l'enchanteur du verbe...

 

Voilà 50 ans que disparaissait Boby Lapointe, chanteur, compositeur, interprète, poète de l'absurde, des jeux de mots. Ce virtuose des calembours nous a laissé des textes d'une drôlerie inouïe...


Boby Lapointe nous surprend encore par les trouvailles de langage dont il fait preuve : poète incontestable des mots, il nous fait rire, sourire de sa bonne humeur...
 
Né le 16 avril 1922 dans le sud de la France, à Pézenas dans l'Hérault, le jeune Boby ne se destinait pas initialement à une carrière de chanteur : féru et passionné de sciences et de mathématiques, il envisageait un métier dans l'aviation et ambitionnait de devenir pilote d'essai. Après l'obtention du baccalauréat, il prépare deux écoles : centrale et supaéro...
 
Mais la guerre l'empêche alors de poursuivre ses ambitions : il doit partir en 1943 à Linz en Autriche, pour rejoindre le STO. Il parvient à s'évader et se retrouve à La Ciotat où il exerce le métier de scaphandrier.


 
Après avoir touché à différents métiers, vendeur de layettes, installateur d'antennes de télévision, électricien, livreur, Boby Lapointe entre dans la carrière musicale en 1956...
 
A défaut de voler sur des avions, Boby va devenir voltigeur de mots, il va faire virevolter les mots dans des chansons devenues célèbres...


 
Il fait ses débuts en tant que chanteur dans un cabaret parisien, le Cheval d'Or. Il y rencontre des chansonniers célèbres de l'époque : Anne Sylvestre, Raymond Devos, Ricet Barrier et Georges Brassens, avec qui naît une amitié réciproque... Il connaît un certain succès et attire l'attention du réalisateur François Truffaut. Celui- ci imagine de lui faire jouer un rôle de chanteur de bar dans son nouveau film Tirez sur le pianiste, avec Charles Aznavour. Ses chansons" Framboise" et" Marcelle" sont mises en valeur dans ce film. Il est ensuite engagé dans un autre cabaret parisien ,les Trois baudets et commence à enregistrer des chansons : Marcelle, Bobo Léon, Aragon et Castille ...


 
D'autres compositions célèbres suivront : Ta Katie t'a quitté, Saucisson de cheval, Comprend qui peut, Méli-mélodie, Le tube de toilette, La maman des poissons.


 
Quel magicien des mots, quel virtuose fut Boby Lapointe ! Son originalité, sa verve font de lui un poète à part : jeux de mots, créativité verbale incroyable, humour et inventivité nous surprennent encore... Quelle bonne humeur, quelle joie de vivre transparaissent dans sa musique et ses textes ! Boby Lapointe sait , comme nul autre, nous transmettre ce bonheur des mots... Il nous parle de la maman des poissons, avec tant de drôlerie, il manie le verbe et les sonorités avec talent dans Ta Katie t'a quitté... Sa fantaisie fait de lui un poète à part, peu connu et reconnu de son vivant, jugé à la fois trop intellectuel par certains et trop rigolard par d'autres, ce jongleur, ce troubadour, ce trouveur, cet inventeur, ce prestidigitateur génial de mots nous entraîne dans un univers inédit...
 
On n'a pas fini de redécouvrir ses chansons et ses textes qu'il faut aussi lire et relire pour en percevoir toute la saveur.
 
Disparu trop tôt le 29 juin 1972, à l'âge de 50 ans,  Boby Lapointe a connu une carrière fort brève mais il nous a laissé de nombreuses chansons hilarantes : il faut réécouter, par exemple les calembours en tous genres de la chanson, Tube de toilette ou encore la fraîcheur du texte, La fille du pêcheur...


 
Personnage farfelu, amuseur, enchanteur du verbe, mathématicien de génie puisqu'on lui doit aussi un système de numération bibi- binaire utilisé en informatique et qui sera validé par des scientifiques en 1968, acteur à ses heures, chansonnier, Boby Lapointe apparaît comme un artiste hors du commun...et des sentiers battus.
 

 
 

 

 
 

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6 décembre 2021 1 06 /12 /décembre /2021 12:26
Merveilleuses Chansons de la Commune !


 

Voici 150 ans que se déroula la Commune de Paris...

En mars 1871, refusant la capitulation face aux Prussiens, les Parisiens constituent un gouvernement révolutionnaire qu’ils nomment Commune et qui sera un des fleuves nourriciers des soulèvements et révolutions à venir. Ces 72 jours vont aussi propager de nombreuses musiques et chansons : chroniques,  révoltes, désillusions, espoirs, tous ces aspects ont été évoqués lors d'une conférence de Marc Simon, au Carré d'Art à Nîmes...

Pour nous mettre dans l'ambiance, Marc Simon interprète d'abord une chanson de Louis Marchand et Aristide Bruant : La commune...

"Le fracas du canon s 'entend à l'horizon

C'est la commune qu'on vient de proclamer

Chacun, chacune

Pour elle veut s'armer..."

 

En fait, la Commune a généré des chansons surtout bien des années plus tard. Cette chanson date de 1910.

La Commune a aussi recyclé des chansons précédentes.

 

Un peu d'histoire pour commencer :

Napoléon s'est fait proclamer président en 1848, et assez vite le régime a glissé vers quelque chose de plus autoritaire, vers une monarchie.

Napoléon s'est lancé dans des guerres hasardeuses au Mexique, puis il s'est piqué de déclarer la guerre à l'Allemagne. Le 2 septembre 1870, Napoléon III est fait prisonnier par les Prussiens : la guerre est perdue.

Le peuple parisien envahit la mairie de Paris et proclame la République.

Beaucoup de gens vivent mal dans une extrême pauvreté : les révoltes grondent, en province, il y a déjà eu des révoltes à Marseille, à Lyon... Le "midi rouge" s'était soulevé...

Les Prussiens assiègent Paris : les Parisiens passent l'hiver dans le froid, les privations.

Le 8 février 1870, des élections sont organisées : les conservateurs gagnent, le gouvernement est rapatrié à Versailles. Les Versaillais : c'est ainsi que l'on nomme les soldats du gouvernement.

Le 17 mars 1871, Adolphe Thiers et son gouvernement, évaluant mal l'état d'esprit des Parisiens, envoient au cours de la nuit la troupe sous le commandement du général Lecomte s'emparer des canons de la Garde nationale sur la butte Montmartre. 

Quand le gouvernement décide de désarmer les Parisiens, ceux-ci se sentent directement menacés. Il s'agit de leur soustraire les 227 canons entreposés à Belleville et à Montmartre. Les Parisiens considèrent comme leur propriété ces canons qu'ils ont eux-mêmes payés par souscription lors de la guerre contre la Prusse. Ils se voient sans défense vis-à-vis d'éventuelles attaques des troupes gouvernementales (comme en juin 1848). Cependant ils disposent de près de 500 000 fusils.

De son côté, le gouvernement craint la présence de cette artillerie en cas d'émeute ouvrière, et justifie le retrait des canons par l'application des conventions prises avec le vainqueur dont le désarmement de la capitale fait partie. Les Prussiens sont en effet toujours présents autour de la ville.

À Montmartre, au matin, le peuple parisien s'éveille et s'oppose à la troupe venue chercher les canons. Puis, rapidement, celle-ci fraternise avec lui. Un peu partout dans Paris, la population s'en prend aux représentants supposés du gouvernement, élève des barricades et fraternise avec la troupe. 

Montmartre reprend ses canons.

 

La Commune est un mouvement populaire très divers : toutes les tendances politiques républicaines et socialistes sont représentées, jusqu'aux anarchistes. 

Dans le terme "Commune" on trouve l'idée de partage...

Les réformes démocratiques de la Commune sont nombreuses : école laïque, écoles professionnelles gratuites, les filles accueillies à l'école, etc.

 

Marc Simon évoque alors une autre chanson liée à la Commune : La Canaille, un chant révolutionnaire de 1865, précurseur de la Commune de Paris, d'abord appelé La Chanson des gueux. Les paroles sont d'Alexis Bouvier et la musique de Joseph Darcier.

"Dans la vieille cité française
Existe une race de fer
Dont l'âme comme une fournaise
A de son feu bronzé la chair.
Tous ses fils naissent sur la paille
Pour palais ils n'ont qu'un taudis.
C'est la canaille, eh bien j'en suis.
Ce n'est pas le pilier du bagne
C'est l'honnête homme dont la main
Par la plume ou le marteau
Gagne en suant son morceau de pain.
C'est le père enfin qui travaille
Les jours et quelquefois les nuits.
C'est la canaille, eh bien j'en suis.
C'est l'artiste, c'est le bohème
Qu sans souper, rime, rêveur,
Un sonnet à celle qu'il aime
Trompant l'estomac par le coeur.
C'est à crédit qu'il fait ripaille
Qu'il loge et qu'il a des habits.
C'est la canaille, eh bien j'en suis.
C'est l'homme à la face terreuse
Au corps maigre, à l'oeil de hibou
Au bras de fer, à main nerveuse
Qui sortant d'on ne sait pas où
Toujours avec esprit vous raille
Se riant de votre mépris.
C'est la canaille, eh bien j'en suis.
C'est l'enfant que la destinée
Force à rejeter ses haillons
Quand sonne sa vingtième année
Pour entrer dans vos bataillons
Chair à canon de la bataille,
Toujours il succombe sans cris.
C'est la canaille, eh bien j'en suis.
Les uns travaillent par la plume,
Le front dégarni de cheveux,
Les autres martèlent l'enclume
Et se saoulent pour être heureux.
Car la misère en sa tenaille
Fait saigner leurs flanc amaigris.
C'est la canaille, eh bien j'en suis"

 

Puis, c'est l'évocation de la chanson La semaine sanglante Paroles : Jean Baptiste Clément (1871)

Ce chant tragique évoque les derniers jours de la Commune : Jean Baptiste Clément s’inspira de sa propre expérience pour rédiger ses paroles, peu de temps après avoir témoigné des exactions commises par les Versaillais contre le peuple parisien. Son refrain comprend néanmoins une note d’espoir, en proclamant que "les mauvais jours finiront !"

"Sauf des mouchards et des gendarmes
On ne voit plus par les chemins
Que des vieillards tristes en larmes
Des veuves et des orphelins
Paris suinte la misère
Les heureux mêmes sont tremblants
La mode est aux conseils de guerre
Et les pavés sont tout sanglants
Oui mais
Ça branle dans le manche
Les mauvais jours finiront
Et gare, à la revanche
Quand tous les pauvres s'y mettront
Quand tous les pauvres s'y mettront
On traque, on enchaîne, on fusille."

 

Autre chanson très connue liée à la Commune : c'est l'Internationale.

Cet hymne intemporel du mouvement ouvrier fut écrit par Eugène Pottier, vraisemblablement dans les semaines qui ont suivi la Commune de Paris. L’Internationale ne sera pourtant publiée que bien des années plus tard, avant d’être mise en musique en 1888 par  Pierre Degeyter. Chantée à l’occasion des congrès de l’Internationale, elle deviendra ensuite l’hymne national de l’URSS jusqu’en 1944. Figurant parmi les chants politiques les plus traduits au monde, l’Internationale résonne encore aujourd’hui dans les cortèges des manifestations parisiennes.

 

Les musiques de ces chants font songer à des hymnes militaires : il ne faut pas oublier que la Commune fut aussi un mouvement militaire dont le but premier était de se battre contre les Prussiens.

Pourtant, dans ce mouvement révolutionnaire, on trouvait de nombreux pacifistes : c'est donc assez paradoxal.

 

Une autre chanson célèbre : Le Temps des cerises, une chanson dont les paroles ont été écrites en 1866 par Jean Baptiste Clément et la musique composée par Antoine Renard en 1868.

Bien que lui étant antérieure, cette chanson est néanmoins fortement associée à la Commune de Paris de 1871, l'auteur étant lui-même un communard ayant combattu pendant la Semaine sanglante.

 Jean Baptiste Clément dédie sa chanson à une ambulancière rencontrée lors de la Semaine sanglante, alors qu'il combattait en compagnie d'une vingtaine d'hommes.

En fait, c'est à l'origine une chanson évoquant simplement le printemps et l'amour (particulièrement un chagrin d'amour, dans la dernière strophe).

La chanson fut ensuite interprétée comme une nostalgie de ce qu'aurait pu être cette révolution...

Le texte suffisamment imprécis parle d'une "plaie ouverte", d'un "souvenir que je garde au cœur", de "cerises d'amour [...] tombant [...] en gouttes de sang". Ces mots peuvent aussi bien évoquer une révolution qui a échoué qu'un amour perdu. 

 

Cette révolution a suscité aussi un espoir immense de fraternité, de bonheur, un monde tel que le rêve Léo Ferré dans sa chanson L'âge d'or... chanson bien postérieure à la Commune, évidemment.

On connaît moins cette chanson : Quand viendra-t-elle ?, une chanson d'Eugène Pottier écrite en 1870 : La personne semble attendre un grand changement, sous couvert de romance, on est bien dans la critique sociale.

"J'attends une belle,
Une belle enfant,
J'appelle, j'appelle,
J'en parle au passant.
Ah! je l'attends, je l'attends!
L'attendrai-je encor longtemps?
 
J'appelle, j'appelle,
J'en parle au passant.
Que suis-je sans elle?
Un agonisant.
Ah! je l'attends, je l'attends!
L'attendrai-je encor longtemps?
 
Que suis-je sans elle?
Un agonisant.
Je vais sans semelle,
Sans rien sous la dent..
Ah! je l'attends, je l'attends!
L'attendrai-je encor longtemps?"

 

Marc Simon évoque ensuite une figure importante de la Commune : Louise Michel.
 

Cette institutrice s'est engagée dans la Commune de Paris, autant en première ligne qu'en soutien. Capturée en mai, elle est déportée en Nouvelle-Calédonie où elle se convertit à la pensée anarchiste. Elle revient en France en 1880, et, très populaire, multiplie les manifestations et réunions en faveur des prolétaires.

Elle reste surveillée par la police et est emprisonnée à plusieurs reprises, mais poursuit son militantisme politique dans toute la France, jusqu'à sa mort à l'âge de 74 ans.

 

Chantée par les poètes, notamment Victor Hugo (Viro Major), Louise Michel elle-même n'a cessé d'écrire des poèmes sa vie durant. Un volume  intitulé A travers la vie et la mort- le plus complet qui soit retraçant son œuvre poétique - rassemble cent deux poèmes, dont ceux du seul recueil publié de son vivant, À travers la vie, d'autres retrouvés dans des revues oubliées, et enfin des inédits. Des années de jeunesse empreintes de romantisme à l'exil en Nouvelle-Calédonie, l'œuvre poétique de Louise Michel retrace la trame de toute une vie, les luttes révolutionnaires et, au-dessus de tout, la Commune. Chaque grand événement qui l'a fait vibrer trouve ici sa résonance lyrique.

Marc Simon chante alors cette magnifique poésie de Louise Michel qu'il a mise en musique :

 

"Sous les flots

Au fond lointain des mers sont des forêts mouvantes;
Des poissons ont leurs nids, ainsi que les oiseaux.
Dans d'étranges massifs dont les fleurs sont vivantes
Autour errent légers les colibris des eaux.
Des monstres inconnus sous les flots vont s'ébattre,
Et la méduse bleue, et le poulpe blanchâtre
          Errent à travers les rameaux.

Quand sur la mer paisible, on voit flotter les ombres
Des mornes vers le soir, de petits point brillants
S'étoilent en dansant dans les espaces sombres;
Comme on voit dans les bois briller les vers luisants
Où parfois réunis, formant un disque intense,
Ils voguent lentement, pareils dans l'onde immense,
          A des soleils étincelants.

 

La mer se retirant a laissé sur la grève
Un peu de son écume et des varechs flottants,
Et des êtres pareils à des formes de rêve,
Et l'on n'entend plus rien au loin que les brisants
C'est la paix du désert, la grande paix sauvage,
Que les flots gris du sable et les flots de la plage
Conservent dans leurs plis mouvants."

                                            Le livre du bagne (1873-1880)

 

Pour clore la séance, Marc Simon interprète une chanson de Léo Ferré bien dans l'esprit de la Commune : Graine d'ananar...

 

Merci à Marc Simon pour ce joli moment de convivialité, de musique, d'histoire, de culture autour des Chansons de la Commune.
 

 

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https://parislightsup.com/2021/02/10/les-plus-belles-chansons-de-la-commune-de-paris/

 

 

 

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6 novembre 2020 5 06 /11 /novembre /2020 11:26
Les chansons et le cinéma : tout un programme...

 

 

Un concert de chansons et des airs d'accordéon, des musiques de films : un très joli moment pour ce concert donné dans une bibliothèque, au milieu des livres, des films, des disques, des partitions...

Une ambiance chaleureuse, intimiste, grâce au bibliothéco-maestro Jean Bousquet-Véla, et à l'accordéoniste Esther Hégé....

Une belle complicité avec le public, des chansons connues de notre répertoire, ou d'autres venues d'ailleurs...

 

D'abord, les artistes nous invitent à une belle promenade au bord de l'eau... une chanson emplie de gaieté et de joie de vivre... une chanson créée en 1936 pour le film La Belle Équipe, réalisé par Julien Duvivier.

Dans le film, elle est chantée par Jean Gabin. Les paroles furent écrites par Julien Duvivier et Louis Poterat, et la musique par Maurice Yvain et Jean Sautreuil.

Le texte évoque tout un monde de sensations agréables : "l'odeur des fleurs, le bleu, le vert, le trémolo des p'tits oiseaux."

 

"Quand on s'promène au bord de l'eau
Comme tout est beau
Quel renouveau
Paris au loin nous semble une prison
On a le coeur plein de chansons
L'odeur des fleurs
Nous met tout à l'envers
Et le bonheur
Nous saoule pour pas cher
Chagrins et peines
De la semaine
Tout est noyé dans le bleu dans le vert

Un seul dimanche au bord de l'eau
Au trémolo
Des p'tits oiseaux
Suffit pour que tous les jours semblent beaux
Quand on s'promène au bord de l'eau"

 

Puis, c'est la magnifique Complainte de la butte qui raconte un beau rêve d'amour : 

 

"En haut de la rue St-Vincent
Un poète et une inconnue
S'aimèrent l'espace d'un instant
Mais il ne l'a jamais revue

Cette chanson il composa
Espérant que son inconnue
Un matin d'printemps l'entendra
Quelque part au coin d'une rue

La lune trop blême
Pose un diadème
Sur tes cheveux roux
La lune trop rousse
De gloire éclabousse
Ton jupon plein d'trous..."

 

La Complainte de la Butte a été écrite par Jean Renoir pour les paroles et Georges van Parys pour la musique. Créée originellement pour le film French Cancan (1955) de Jean Renoir, La Complainte de la Butte est devenue un classique de la chanson française.

 

Puis, on redécouvre une autre Complainte, celle des infidèles, avec laquelle Mouloudji obtint son premier grand succès, une chanson extraite du film La Maison Bonnadieu de Carlo Rim (1951).

 

"Bonnes gens
Ecoutez la triste ritournelle
Des amants errants
En proie à leurs tourments
Parce qu'ils ont aimé
Des femmes infidèles
Qui les ont trompés
Ignominieusement...

(Refrain)
Coeur pour coeur
Dent pour dent
Telle est la loi des amants
Coeur pour coeur
Dent pour dent
Telle est la loi des amants."

 

On se laisse, ensuite, charmer par la douce Chanson de Maxence, extraite du film Les Demoiselles de Rochefort...

 


"Je l'ai cherchée partout j'ai fait le tour du monde
De Venise à Java de Manille à Hankor
De Jeanne à Victoria de Vénus en Joconde
Je ne l'ai pas trouvée et je la cherche encore

Je ne connais rien d'elle et pourtant je la vois
J'ai inventé son nom j'ai entendu sa voix
J'ai dessiné son corps et j'ai peint son visage
Son portrait et l'amour ne font plus qu'une image

Je pourrais vous parler de ses yeux, de ses mains
Je pourrais vous parler d'elle jusqu'à demain..."

 

 

On écoute encore avec bonheur India Song, titre d'une chanson tirée du film éponyme, interprétée notamment par Jeanne Moreau :

"Chanson,
Toi qui ne veux rien dire
Toi qui me parles d'elle
Et toi qui me dis tout
Ô, toi,
Que nous dansions ensemble
Toi qui me parlais d'elle
D'elle qui te chantait
Toi qui me parlais d'elle
De son nom oublié
De son corps, de mon corps..."

 

 


Pour ne pas oublier le registre humoristique, Jean Bousquet-Véla interprète une chanson célèbre de Boby Lapointe "Avanie et Framboise", que l'on pouvait entendre dans le film de François Truffaut Tirez sur le pianiste (réunissant en vedettes Charles Aznavour et Marie Dubois), sorti en 1960.

 Ce virtuose des calembours nous a laissé des textes d'une drôlerie inouïe...
Boby Lapointe nous surprend encore par les trouvailles de langage dont il fait preuve : poète incontestable des mots, il nous fait rire, sourire de sa bonne humeur...

 

"Elle s'appelait Françoise
Mais on l'appelait Framboise
Une idée de l'adjudant
Qui en avait très peu, pourtant, des idées
Elle nous servait à boire
Dans un bled du Maine-et-Loire
Mais ce n'était pas Madelon
Elle avait un autre nom
Et puis d'abord, pas question
De lui prendre le menton
D'ailleurs, elle était d'Antibes !
Quelle avanie !

Avanie et Framboise
Sont les mamelles du destin !


Pour sûr qu'elle était d'Antibes !
C'est plus près que les Caraïbes
C'est plus près que Caracas
Est-ce plus loin que Pézenas ? Je ne sais pas
Et tout en étant Française
L'était tout de même Antibaise
Et, bien qu'elle soit Française,
Et malgré ses yeux de braise
Ça ne me mettait pas à l'aise
De la savoir Antibaise
Moi qui serais plutôt pour !
Quelle avanie !"

 

On remonte encore le temps avec une chanson qui était interprétée par Frehel, intitulée "Où est-il donc ?" une chanson extraite du film Pépé le Moko (Paroles de Lucien Carol et André Decaye - Musique de Vincent Scotto)

"Y’en a qui vous parlent de l’Amérique
Ils ont des visions de cinéma
Ils vous disent " quel pays magnifique
Notre Paris n’est rien auprès d’ça "
Ces boniments-là rendent moins timide,
Bref, on y part, un jour de cafard...
Encore un de plus qui, le ventre vide
A New-York cherchera un dollar
Parmi les gueux et les proscrits,
Les émigrants aux cœurs meurtris;
Il dira, regrettant Paris

{Refrain:}
Où est-il mon moulin de la Place Blanche?
Mon tabac et mon bistrot du coin?
Tous les jours pour moi c’était Dimanche!
Où sont-ils les amis les copains?
Où sont-ils tous mes vieux bals musette?
Leurs javas au son de l’accordéon
Où sont-ils tous mes repas sans galette?
Avec un cornet de frites à deux ronds
Où sont-ils donc?"

 

On écoute enfin America, extrait de West Side Story... joué magnifiquement à l'accordéon...

 

Une belle revue de chansons de cinéma au cours de ce spectacle : une occasion de remonter le temps, d'écouter des textes emplis de charme, de poésie...

 

 

 

Quand on se promène au bord de l'eau...

La Complainte de la Butte...

La chanson de Maxence...

India Song...

Avanie et Framboise...

America West Side Story

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9 octobre 2020 5 09 /10 /octobre /2020 10:30
Vent debout ! Il est temps d'écouter des chants de marins !

 

 

Vent debout ! Il est temps d'écouter des chants de marins ! L'auteur-compositeur Marc Simon nous invite à une traversée pour découvrir les chants de marins connus ou moins connus...

 

Les chants de marins sont avant tout des chants de travail et de courage : autrefois, dans tous les métiers, on chantait pour se donner du courage, pour se donner de l'allant...

Les marins chantaient lors des différentes manoeuvres qui exigeaient de la force : les bateaux n'étaient pas mécanisés... Pour sortir du port, pour rentrer au port, il fallait tracter le bateau : on parle alors de chants de déhalage...

Quelques chants de marins sont aussi des chroniques : ils évoquent des événements politiques, des naufrages, des actes de piraterie, un peu comme des journaux... Le chant permet ainsi de diffuser une information.

Par exemple, une complainte raconte cet épisode : un galion espagnol est arraisonné par un navire français...

"Un galion d'Espagne est parti d'Aligan (Alicante) chargé de marchandises et quantité d'argent.Croyant faire voyage comme à l'accoutumée un navire de France lui en a empêché."

 

Mais les chants tournent surtout autour du travail des marins : virer une ancre, hisser, affaler les voiles, remonter l'ancre...

Les bateaux servaient alors pour l'exploration, pour le commerce, ou la pêche : des cap horniers partaient de Dunkerque allaient jusqu'au sud de l'Amérique du sud puis remontaient vers Valparaiso, étymologiquement la Vallée du paradis.

Une chanson célèbre évoque ces campagnes de pêche : Hardi les gars...

 

"Hardi les gars, vire au guindeau
Good bye farewell, good bye farewell
Hardi les gars, adieu Bordeaux
Hourra! oh Mexico ooo
Au cap Horn, il ne fera pas chaud
Haul away hé, hou là tchalez
A faire la pêche au cachalot
Hale matelot et ho hisse et ho

Plus d'un y laissera sa peau
Good bye farewell, good bye farewell
Adieu misère, adieu bateau
Hourrah! oh Mexico ooo
Et nous irons à Valparaiso
Haul away hé, hou là tchalez
Où d'autres laisseront leur peau
Hale matelot et ho hisse et ho..."

Farewell est un cap au sud du Groenland... Le guindeau est un treuil à axe horizontal utilisé sur les navires pour relever l'ancre. Le travail au guindeau était particulièrement dur et dangereux.

 

De nombreuses chansons évoquent aussi la pêche à la morue : "la pêche à la morue sur les bancs de Terre-Neuve - qui remonte au 15e siècle - concernait à son apogée plus de trente ports français. Avant 1914, plus de deux cents trois-mâts et goélettes appareillaient pour les bancs, avec des équipages d'une trentaine d'hommes." 

La vie sur les bancs est décrite par tous les marins comme un des métiers les plus durs qui soient : neuf mois de campagne sans escale, en travaillant jusqu'à dix-huit heures par jour, sans dimanche, et dans une mer particulièrement rude (glaces, coups de vent, brouillard...).

Dans certains chants, il était question du travail pour saler la morue...

 

On connaît aussi des chansons de revendication où étaient évoqués les problèmes entre marins et capitaine : par exemple, Louis Tavernier, patron de pêche qui ne traite pas bien ses matelots.

" On sait bien qu'cett' année, si la pêche a manqué, ce n'est pas de notre faute, 

Ah ah Louis Tavernier, ne fais plus jamais de la misère aux hommes !"

 

Il existe encore des chants de revendication plus récents : ainsi, un chant des dockers au sud des Etats-Unis, ils protestent car ils n'ont pas été payés : Pay me my money down, interprété par Bruce Springsteen.

Certaines chansons ont une tonalité plus souriante : c'est le cas de cette chanson napolitaine, où un pêcheur évoque son activité, il fait du cabotage, il pêche aux alentours de sa ville et il invite les femmes du village à venir acheter ses poissons frais.

 

"Ueh, tenimmo lu pesce fresca stamattina!

Tenimme lu cefalo, tenimme l'anguilla e lu capitone,

Li calimeri e lu merluzza!

Ueh, bella fé, te piace lu pesce, bella fé. uhe, uhe, uhe.

Ma sent'allegra stamattina

Jei iettata la ret'ammera

Tanta pesci jei pescheta

E ma sent'addegrieta

 

Ueh, lu pesce, calameri, triglie,

Le pescheta stamattina

Ighu vegnu a bon mercheta

E perché, e perché, i me spusà.

Corrite femmene de lu paese

Aiutate la bancarella

Mettitavilla dintala gunella

Jetela frije dinta la padella."

Auteurs : Francesco Antonelli, Matteo Salvatore

 

Merci à Marc Simon pour cette conférence sur les chants de marins : un magnifique voyage dans le temps et l'espace...

 

 

 

 

 

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14 août 2020 5 14 /08 /août /2020 08:44
Honneur à la chanson française !

 

Une soirée dédiée à la chanson française : c'est l'occasion d'écouter des grands classiques connus de tous, pour la plupart.

Dans le cadre des Jeudis de Nîmes, le groupe de musique jazzy de Montpellier, Marie Jeanne Swing a donné un concert devant la Maison Carrée...

Un beau moment de détente, dans un cadre somptueux : un temple romain vieux de 2000 ans !

Deux musiciens, une chanteuse pour faire revivre ces airs d'autrefois qui restent dans nos mémoires.

On est séduit d'abord par Ménilmontant, cette chanson de l'auteur-compositeur-interprète Charles Trenet qui l'enregistre avec le succès que l'on connaît en 1938.

 

On est charmé par ces souvenirs affectifs heureux et nostalgiques de ce quartier de Paris Ménilmontant dans le vingtième arrondissement. "Ménilmontant mais oui madame, C'est là que j'ai laissé mon cœur, C'est là que je viens retrouver mon âme, Toute ma flamme, Tout mon bonheur..., Elles me racontent, Comme autrefois, De jolis contes, Beaux jours passés je vous revois, Un rendez-vous, Une musique... "

 

Puis, on écoute avec bonheur une chanson inspirée par l'amour de Brassens pour Pupchen (poupée en allemand), elle qui restera sa compagne pendant toute sa vie et qui repose auprès de lui au Cimetière des pauvres à Sète... Je me suis fait tout petit....

"Je n'avais jamais ôté mon chapeau
Devant personne
Maintenant je rampe et je fait le beau
Quand elle me sonne
J'étais chien méchant, elle me fait manger
Dans sa menotte
J'avais des dents d'loup, je les ai changées
Pour des quenottes
Je m'suis fait tout petit devant une poupée
Qui ferme les yeux quand on la couche
Je m'suis fait tout petit devant une poupée
Qui fait Ma
man quand on la touche..."

 

On découvre ensuite ou on redécouvre cette magnifique chanson sentimentale : N'oublie jamais... sur des paroles de René Rouzaud, une musique de Louis Ferrari...

"N'oublie jamais
Le jour où l'on s'est connu
Si tu l'oubliais
Mon bonheur serait perdu
J'avais mon bras
Qui s'appuyait sur son bras
Et le ciel de mai semait
Des bouquets de rêve
Un ciel si bleu
Je n'en croyais pas mes yeux
J'avais peur que tant de joie
Soudain s'achève
Et pour la première fois
J'ai compris combien je t'aimais
N'oublie, n'oublie jamais"

 

On se laisse encore  bercer par ce grand classique : "Que reste-t-il de nos amours ?",  encore une chanson de  Charles Trenet écrite en 1942. La musique a été composée par son pianiste accompagnateur Léo Chauliac. "Que reste-t-il de nos amours ?" est l'un des plus grands succès du chanteur.

C'est une magnifique chanson sur le thème du temps qui passe... les saisons qui s'égrènent, les amours d'autrefois, la jeunesse perdue...

"Ce soir le vent qui frappe à ma porte
Me parle des amours mortes
Devant le feu qui s' éteint
Ce soir c'est une chanson d' automne
Dans la maison qui frissonne
Et je pense aux jours lointains
Que reste-t-il de nos amours
Que reste-t-il de ces beaux jours
Une photo, vieille photo
De ma jeunesse
Que reste-t-il des billets doux
Des mois d' avril, des rendez-vous
Un souvenir qui me poursuit
Sans cesse
+
Bonheur fané, cheveux au vent
Baisers volés, rêves mouvants
Que reste-t-il de tout cela
Dites-le-moi..."

Un petit village, un vieux clocher
Un paysage si bien caché
Et dans un nuage le cher visage
De mon passé
Les mots les mots tendres qu'on murmure
Les caresses les plus pures
Les serments au fond des bois
Les fleurs qu'on retrouve dans un livre
Dont le parfum vous enivre
Se sont envolés pourquoi?

 

On est ensuite emporté par une musique de bal musette, un autre grand classique de la chanson française : Mon amant de Saint-Jean, une chanson française de 1942 qui connut un immense succès, une chanson réaliste relatant les amours sans lendemain d'une jeune fille pour un séducteur, les paroles sont de Léon Agel et la musique d'Émile Carrara sur un rythme de valse musette.

"Je ne sais pourquoi elle allait danser
À Saint Jean, aux musettes
Mais quand ce gars lui a pris un baiser
Elle frissonnait, était chipée
Comment ne pas perdre la tête
Serrée par des bras audacieux?
Car l'on croit toujours aux doux mots d'amour
Quand ils sont dits avec les yeux
Elle qui l'aimait tant
Elle le trouvait le plus beau de Saint Jean
Elle restait grisée
Sans volonté sous ses baisers."

 

Enfin, un chanteur nous parle de ses rêves de gloire. Au fil des années, dans son costume bleu, il a persévéré, tout donné, mais jamais le succès n'était pas au rendez-vous. Il s'agit bien sûr de cette célèbre chanson de Charles Aznavour, Je m'voyais déjà... 


"Je m'voyais déjà en haut de l'affiche
En dix fois plus gros que n'importe qui mon nom s'étalait
Je m'voyais déjà adulé et riche
Signant mes photos aux admirateurs qui se bousculaient..."

 

Merci à ce groupe pour ce moment de rêve et de nostalgie qui nous permettait de réécouter ces chansons qui font partie de notre patrimoine culturel.

 

 

 


Photo et vidéos : rosemar

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25 novembre 2019 1 25 /11 /novembre /2019 14:10
On avait un Teppaz...

 

A la maison, quand nous étions enfants, pas de télévision, pas de téléphone, pas de radio... mais on avait un Teppaz...

Un tourne-disque de couleur grise, sur lequel on passait et repassait des 45 tours...

Une autre époque !

 

Mes parents n'avaient pas beaucoup d'argent : mon père était ouvrier sur des chantiers maritimes, ma mère ne travaillait pas à l'extérieur, elle s'occupait de ses trois enfants.

 

Que de changements ont vu le jour ! 

Désormais, tous les foyers sont équipés de la télévision, de la radio, du téléphone... la plupart des jeunes disposent d'ordinateurs, de portables...

Ils suivent la mode, peuvent s'habiller avec toutes sortes de vêtements.

 

Le Teppaz de mon enfance est bien loin !

Que de temps j'ai passé à écouter des disques, toujours les mêmes, car notre collection de vinyles n'était pas très grande.

Il y avait les disques de Noël, puis les disques de chanteurs de variété : Pétula Clark, Tino Rossi, les Compagnons de la Chanson, Edith Piaf, des chansons napolitaines : O sole mio, Funiculi, Funicula... (car mes grands-parents paternels avaient des origines italiennes.)

 

Maintenant, le choix de chansons et de musiques est vraiment pléthorique...

 

Avec le Teppaz, c'était plus limité. Et, pourtant, je garde un souvenir enchanteur de ce Teppaz, unique instrument d'évasion qui permettait d'écouter de la musique.

Un petit appareil compact, facile à installer, à utiliser...

Le son qui s'échappait du microsillon, c'était magique !

 

On ne s'étonne plus de ces outils qui permettent de communiquer, de s'initier à la musique : ils sont tellement divers de nos jours !

 

La magie du Teppaz opérait à chaque fois ! Je connaissais les chansons par coeur, je m'en imprégnais, je les savourais dans chaque mot et dans chaque note de musique...

 

Désormais, les enfants sont saturés d'écrans de toutes sortes : c'est l'image qui a pris le pas sur tout le reste... c'est l'image qui fascine, attire, séduit.

On admire les chanteurs pour leurs voix, mais surtout pour leur look, leur façon de s'habiller, leurs coiffures...

Le monde de l'apparence a gagné du terrain.

Les adolescents échangent des photos sur leur portable, ils se photographient, se filment en toutes circonstances...

Le temps du Teppaz est révolu : des progrès énormes ont été accomplis dans le domaine technique, mais attention à la surconsommation des écrans qui est néfaste et dangereuse.

Le temps du Teppaz avait un charme indéniable : bien sûr, celui de l'enfance, mais aussi celui d'un temps où l'on appréciait des plaisirs simples qui paraissaient extraordinaires et précieux.

 

 

 

 

 

 

 

On avait un Teppaz...
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25 octobre 2018 4 25 /10 /octobre /2018 10:23
Une invitation à la musique des voix : la chorale éphémère Tutti Canti...

 

 

La musique des voix qui réunit un choeur, la musique des voix qui crée une harmonie dans un lieu champêtre, sous les arbres, tilleuls ou marronniers, un beau moment passé à écouter des chants apaisants ou pleins d'entrain...

C'est ce que nous a offert la chorale éphémère Tutti Canti... dans un cadre somptueux : celui des Jardins de la Fontaine, à Nîmes.

 

Des chansons folkloriques, des chants traditionnels, mais aussi des mélodies plus récentes... tout un répertoire varié à découvrir ou à redécouvrir.

 

Le public était invité à participer à la chorale, à chanter des comptines d'autrefois...

Le spectacle était ainsi vivant, en mouvement...

 

Et le public se laissait séduire et subjuguer par ces échos qui envahissaient les Jardins...

On voyait les gens s'avancer progressivement, puis s'installer devant ce spectacle, ravis d'entendre de la musique.

 

Une occasion de se laisser bercer par "Le ciel, le soleil et la mer...", de rêver à des vacances au bord de la Grande Bleue... Ou encore de voyager vers les "golfes clairs" chantés par Charles Trénet...

 

Puis on se laissait emporter par la vivacité et la gaieté de ce chant marin : Le 31 du mois d'août.

 

Un autre chant nous invitait à partir vers de grands voyages : un chant de départ de marins...

"Matelot mon bel ami 
Rage en rage les gars souque et rage 
Matelot mon bel ami 
Faut pas vivre en Laponie

Matelot vas-y gaiement 
Rage en rage les gars souque et rage 
Matelot vas-y gaiement 
Croise la barre entre les dents

Pendant quinze jours de choix 
Rage en rage les gars souque et rage 
Pendant quinze jours de choix 
On s'est soûlé comme des rois..."

 

Le mariage de la mer et du vent nous entraînait, ensuite, dans un univers poétique...

 

Puis, on pouvait découvrir les déboires et les difficultés de la navigation, avec la chanson La Marie Joseph, un bon bateau... Humour et bonne humeur étaient au rendez-vous.


"Encore heureux qu'il ait fait beau
Et qu'La Marie-Joseph soit un bon bateau
Encore heureux qu'il ait fait beau
Et qu'La Marie-Joseph soit un bon bateau..."

 

On se laissait aussi aller à la mélancolie de la ronde des ans, une belle évocation de la fuite du temps, dans cette chanson : Tournent les jours...
 

"Tournent les jours dans la ronde des ans,
Au vent s'envole la feuille,
Tournent les jours dans la ronde des ans,
Le temps effeuille la rose des vents."

 

Enfin, on pouvait rêver Sous le ciel de Paris, à la vieille cité, son fleuve, ses musiciens, ses gueux, ses amoureux...

"Sous le ciel de Paris
S´envole une chanson
Hum hum
Elle est née d'aujourd'hui
Dans le cœur d'un garçon
Sous le ciel de Paris
Marchent des amoureux
Hum hum
Leur bonheur se construit
Sur un air fait pour eux"...

 

 

Cinq répétitions seulement pour cette chorale éphémère ! avec des personnes qui chantaient là pour la 1ère fois de leur vie... LA CHORALE EPHEMERE DE L’ETE PORTEE PAR L’ASSOCIATION TUTTI CANTI ET COMPAGNIE... IL Y AURA AUSSI UNE CHORALE EPHEMERE DE NOEL pleine de gaité et de tendresse à partir du 17 novembre  2018...

 

 

 

 

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