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16 août 2024 5 16 /08 /août /2024 12:04
En chantant...

 

Une ode à la joie de vivre et à l’optimisme et aussi un bel hommage à la chanson et à la musique  dans ce texte interprété par Michel Sardou... un hommage qui commence avec l'évocation de l'enfance et qui suit le déroulement de la vie quotidienne du narrateur : le poète raconte ses expériences à la première personne, comme une confidence faite aux auditeurs... il semble ainsi très proche de nous... Le vocabulaire utilisé est très simple, familier, et fait songer à du style parlé :

"Quand j'étais petit garçon
Je repassais mes leçons
En chantant..."

Le chant, la musique favorisent la mémorisation, c'est là, on le sait, une bonne méthode d'apprentissage... La chanson nous aide ainsi dans notre quotidien, elle nous accompagne tout au long de notre vie depuis l'enfance. Nous nous sentons tous concernés par cette évocation familière de l'enfance...

La chanson est aussi une assurance de bonne humeur qui permet de "chasser les idées noires". Elle offre la possibilité de transcender des moments difficiles et d'apporter réconfort et joie de vivre. 

Et le poète d'énumérer des situations plutôt désagréables que les chansons permettent de dépasser :

"C'est beaucoup moins inquiétant
De parler du mauvais temps
En chantant
Et c'est tellement plus mignon
De se faire traiter de con
En chanson
La vie c'est plus marrant
C'est moins désespérant
En chantant"

On apprécie au passage l'humour du narrateur qui accepte volontiers de "se faire traiter de con" en chanson...

Et c'est naturellement en chantant qu'il a rencontré pour la première fois l'amour.

On découvre alors et on suit sa première expérience amoureuse racontée encore avec un certain humour et une certaine autodérision :

"La première fille de ma vie
Dans la rue je l'ai suivie
En chantant
Quand elle s'est déshabillée
J'ai joué le vieil habitué
En chantant
J'étais si content de moi
Que j'ai fait l'amour dix fois
En chantant"

Avec cette chute amusante encore :

"Mais je n'peux pas m'expliquer
Qu'au matin elle m'ait quitté
Enchantée"

Mais la chanson n'est pas seulement une expérience personnelle enrichissante, elle  a aussi le pouvoir de réunir les humains, de les relier entre eux en maintes circonstances, elle renforce le sentiment d'appartenance : on passe alors de la première personne du singulier à un pluriel : "Tous les hommes".

"Tous les hommes vont en galère
À la pêche ou à la guerre
En chantant
La fleur au bout du fusil
La victoire se gagne aussi
En chantant"

La religion est encore une occasion de chanter ensemble, comme le souligne  l'emploi du pronom indéfini : on...

"On ne parle à Jéhovah
À Jupiter à Bouddha
Qu'en chantant
Quelles que soient nos opinions
On fait sa révolution
En chanson"

Et même l'épreuve ultime, la mort peut être une occasion de chanter : sont alors évoqués les membres de la famille, femme, enfants, donnant une tonalité encore plus intimiste et en même temps universelle à la chanson...

"Puisqu'il faut mourir enfin
Que ce soit côté jardin
En chantant
Si ma femme a de la peine
Que mes enfants la soutiennent
En chantant"

Et la chanson est  encore un soutien et un réconfort par delà la mort, avec l'évocation de la figure du père et des bons copains...

"Quand j'irai revoir mon père
Qui m'attend les bras ouverts
En chantant
J'aimerais que sur la Terre
Tous mes bons copains m'enterrent
En chantant
La mort c'est plus marrant
C'est moins désespérant
En chantant"

Humour, bonne humeur, optimisme font de cette chanson un magnifique hymne à la joie de vivre. Le texte souligne aussi l'importance de la musique et du chant dans la vie quotidienne... . La musique, et en particulier le chant ont des effets bénéfiques. Oui, chanter, c'est bon pour le moral et pour la santé. En chantant, les gens peuvent aussi exprimer leurs émotions et se relier aux autres.

 

Pour mémoire :

"En chantant" est une chanson de Michel Sardou, sortie en 1978 et parue sur l'album Je vole. Écrite par Pierre Delanoë et Michel Sardou et composée par le chanteur italien Toto Cutugno, la chanson remporte un grand succès en France.

 

Les paroles :

 

https://genius.com/Michel-sardou-en-chantant-lyrics

 

Les paroles en italien :

 

https://lyricstranslate.com/fr/toto-cutugno-cantando-en-chantant-french

 

 

 

 

 

 

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24 mai 2024 5 24 /05 /mai /2024 11:42
Un spectacle burlesque dans un cadre champêtre : les Jardins de la Fontaine...

 

Un spectacle burlesque en déambulation dans un cadre champêtre et prestigieux : les Jardins de la Fontaine à Nîmes, l'occasion de découvrir aussi ce lieu chargé d'Histoire, le canal, la source, le temple de Diane... un spectacle savoureux qui mêlait humour et culture... 

Ce spectacle a été présenté lors des Journées Romaines de Nîmes... par la Compagnie Art Scène Lutin.

Dans l'allée principale des Jardins, cette farce intitulée TRAHISON s'ouvrait sur un contrôle d'identité à la romaine : la Police Prétorienne interpelle une femme qui, apeurée, décline péniblement son identité : "Je m'appelle Polyvalencia, je suis guide touristique..." un contrôle suivi d'un "alcooletum testum".

Une scène amusante où l'un des policiers se révèle lui-même positif à ce test d'alcoolémie, un procédé comique : un renversement de situation... qui provoque les rires des acteurs et du public...

 

Arrive alors un autre personnage, un Romain qui se présente : "Mythomarcius Balivernus, narrateur et grand historien de Rome..." On sourit, bien sûr, de ce nom parodique à souhait...

Balivernus présente aussi sa complice : "Polyvalencia, issue des tribus ibériques de barbares, comme on dit...", appellation aussitôt contestée par l'intéressée.

"Je suis venu pour vous dire que rien ne va plus dans notre Rome tant aimée. Des Romains haut placés complotent dans l'ombre et rien ne va plus", poursuit Balivernus.

"Tout a commencé en l'an 8 après JC", précise Polyvalencia. "Et on va vous narrer toute la petite histoire qui a fait que c'est devenu la grande et qui a fait que c'est devenu le déclin de l'Empire."

Et Balivernus ajoute :"Alors, il y a des espions partout, nous sommes sur le qui vive, alors moi, Balivernus, je vais vous donner un secret pour ne jamais être contrôlé par la garde prétorienne. Dès que vous avez le soupçon sur qui que ce soit, il vous suffit de faire ce que l'on appelle : "l'extase."

Comique de gestes à l'appui : pied droit en avant, bras ouverts, buste penché en arrière, tout cela souligné par un "ooooh !" prolongé...

La foule participe au spectacle et se prête aussi au jeu de l'extase...

 

Le spectacle se poursuit dans un autre lieu des Jardins : près du canal que nous présente Balivernus :

"Vous êtes ici devant ce que l'on appelle non pas des bains, non pas un bassin, mais une chose extrêmement importante : le canal qui va amener les eaux jusqu'à la ville de Nemausus. Pourquoi il est intéressant de s'arrêter ici ? Le canal alimente des fontaines, des abreuvoirs, etc. Mais je dois vous révéler une chose : nous avons réglé un petit problème qui prenait beaucoup d'ampleur... figurez-vous que le canal, on l'a submergé, car on pouvait marcher entre les arcades et s'y promener. Et voyant cela, nous avons mis des poissons, et pour éviter que les gens ne s'y promènent, ce sont des piranhas... le moindre petit doigt, le moindre pied qui s'aventureraient dans le canal seraient immédiatement dévorés... alors, vous allez me dire : "Pourquoi vous avez fait ça ?" Eh bien, c'est assez simple : la jeunesse de Nemausus, pleine de vigueur, pleine d'amour, venait le soir, à la nuit tombée, se promener en dessous, ils amenaient de la nourriture, ils amenaient du vin, ils s'enivraient, on pouvait dire que c'étaient les premières boîtes de nuit, et ça faisait du bruit !

Et donc, ce canal est situé en contrebas de la colline d'en face et, quand les jeunes se donnaient rendez-vous, ils disaient : "On se retrouve ce soir au canal, on se retrouve ce soir au BAS CANAL" aux Bacchanales, vous savez ce que c'est que les Bacchanales ? C'est un lieu de perdition, où on boit, où on mange... les enfants, bouchez-vous les oreilles ! Et il y a également des hommes nus."

"Où ça ?" demande, intéressée, Polyvalencia.

"Et aussi des femmes nues et ça batifole, et ça batifole, d'où l'expression, grâce au canal des Jardins de la Fontaine de Nemausus : "Allons faire une bas canale, bacchanale"...

Voilà une étymologie originale, étonnante qui provoque le rire des spectateurs...

 

Nouvelle scène, cette fois devant le temple de Diane...

"La plupart d'entre vous pensent qu'ici c'est le temple de Diane, c'est normal,  c'est écrit sur les prospectus, partout... mais que nenni, pas du tout ! car c'est un Augusteum, un hommage à Auguste, nous, on va dire que c'est un Augusteum..." explique alors Polyvalencia.

"Tu as tout à fait raison, Polyvalencia... nous allons descendre... en bande organisée." poursuit Balivernus.

Rires de la foule devant cette expression empruntée au droit, en complet décalage avec le contexte...

"Alors, comme vous le disait Polyvalencia, ce ne peut pas être le temple de Diane, je vous rappelle que maintenant nous sommes en l'an 9 après JC, et là ce ne peut être qu'un Augusteum, car je connais personnellement l'empereur Auguste, premier empereur de Rome ! Et quand il est venu ici en villégiature, de passage, il m'a dit : "Balivernus, sois la mémoire de mon passage à Nemausus et fais donner en mon honneur une cérémonie de façon à ce qu'ils s'en souviennent toujours. Nous sommes arrivés à la date fatidique, ça se produit tous les 200 ans, c'est pour vous dire que vous avez beaucoup de chance !"

S'ensuit une cérémonie avec fumées, danses des Vestales transformées pour la circonstance en pom-pom girls, battement de tambour...

Balivernus mène la cérémonie : "Oh grand Augustus, tus, tus ! Là, je fais l'écho, parce que je vous explique : avant, il y avait des murs, et malheureusement, après un terrible incendie, tout s'est écroulé, mais avant, ça résonnait fort, très fort ! Donc vous allez faire aussi l'écho avec moi."

Et le public participe à la création de l'écho : 

"Oh grand Augustus !" TUS, TUS, crie la foule. Premier empereur des Romains, MAIN, MAIN ! Prends nos enfants par la main, MAIN, MAIN ! Pour les emmener vers demain, MAIN, MAIN !

Et la scène s'achève avec une version parodique et décalée de la chanson d'Yves Duteil : Prendre un enfant par la main, entonnée par la foule et avec une séance d'extase...

Plus loin, Balivernus remonte le temps et fait un cours d'histoire sur Jules César qui n'a jamais été empereur, il a été gouverneur de Rome, grand commandant en chef  de toutes les armées, avec des pouvoirs économiques, politiques. Et Balivernus évoque, de manière pittoresque, le complot fomenté par Brutus pour assassiner César.

Dernière volonté de César : "Je veux que celui qui me remplace s'appelle Octave..." Octave qui deviendra Auguste, premier empereur de Rome.

 

Nouveau tableau devant la source de Nemausus, dieu celte qui a donné son nom à la ville : "Les celtes ont ont été les premiers à venir s'installer ici", explique Polyvalencia...

"Ils sont venus pas par hasard mais parce qu'il y a des résurgences d'eau de pluie qui s'infiltrent dans le sol et qui font qu'ils avaient de l'eau..."

Et Balivernus en vient à raconter sa rencontre avec les nymphes de la source, un soir de pleine lune :

"Derrière moi, sur le côté, j'entends : "Balivernus ! Balivernus !" Je me retourne, un peu interloqué, qui m'appelle ? Et j'entends une autre voix : "Balivernus ! Comme tu es beau !" Et une troisième voix : "Balivernus ! Balivernus ! On t'aime !"

Je me retourne et je regarde et qu'est-ce que je vois ? A la surface de l'eau, trois nymphes... et je dis : "Mais que faites vous là ?" 

"Mais c'est parce qu'on voulait te voir et l'une d'entre nous voulait te faire un cadeau..."

"Ces nymphes s'appellent Oxygénia, Métania, Azotia...

Mais elles souffrent d'un problème, nous dit Balivernus : elles font de l'aérophagie, et ces trois nymphes pètent dans l'eau, et si vous voyez des bulles revenir à la surface, c'est qu'elles sont là.

Et Oxygénia est la fille de Chronos et là elle me dit : "Tiens Balivernus, ceci est un de mes présents. C'est mon père qui l'a fabriqué... cette chose que j'ai dans la main me permet d'arrêter le temps, quand je le veux, je peux le bloquer, le débloquer, le rebloquer, le débloquer, le faire repartir en arrière, en avant. Je vous en ferai la démonstration dans quelques secondes..."

 

La scène finale se déroule devant le grand mur des Jardins : le couple Germanicus, Agrippine s'apprête à recevoir des invités : un autre couple, Arminius, (conseiller du gouverneur Varus, ambassadeur de Rome après des tribus barbares germaniques) et sa femme Thusnelda.

 

Agrippine et Germanicus sont vraiment d'origine romaine, alors que Thusnelda et Arminius sont, eux, des barbares, des Germains qui ont été élevés tout petits par Rome et ils vont commencer à vouloir trahir Rome.

Les deux couples se querellent et décident de régler leur différent dans une partie de "chifoumium" ! La partie est remportée par Agrippine et Germanicus, ce qui provoque la colère d'Arminius et de Thusnelda qui s'en vont dépités. Ils vont remonter sur le front de l'est pour fomenter un complot...

 

Bien que le spectacle soit éminemment comique (avec nombre de procédés : comique de gestes, de situation, de mots, de caractère, de répétition, grossissements burlesques),  il est émaillé de faits réels qui ont constitué l'histoire de Rome : le sanctuaire dédié au dieu celte Nemausus, près de la source, intégré ensuite par les Romains dans l'Augusteum, lieu de culte dédié à l'empereur Auguste, premier empereur de Rome.

Le temple de Diane s'inscrit dans ce sanctuaire mais sa fonction première est discutée. Son plan basilical exclut le fait qu'il s'agisse d'un temple romain et le terme "de Diane" ne s'appuie sur aucune donnée archéologique ou historique connue à ce jour. On date bien l'édifice de l'époque d'Auguste.

Autre fait historique réel : l'assassinat de César par Brutus.

La trahison d'Arminius, chef d'origine chérusque a valu à Rome une de ses plus cuisantes défaites lors de la bataille de Teutobourg, en l'an 9 après J.C.

Enfin, les noms pittoresques de tribus germaniques cités dans la dernière scène sont bien réels : les Chauques, les Chérusques, les Chattes, les Angrivariens, les Usipètes, les Bructères.

 

Merci à tous les acteurs de la troupe pour ce bon moment passé en leur Compagnie dans ce lieu mythique : Les Jardins de la Fontaine à Nîmes...

 

 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Teutobourg

 


 

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16 juin 2023 5 16 /06 /juin /2023 11:20
Une farce romaine : l'histoire extraordinaire de Cléopâtre...

 

Un spectacle hilarant, rempli de références à l'antiquité romaine, un spectacle érudit et loufoque en même temps, un spectacle parodique qui fait appel à toutes les ressources du comique : comique de gestes, de mots, de situation, de caractère, de répétition...

Un spectacle en plein air à la façon antique...

Un spectacle vivant qui fait intervenir les spectateurs invités à participer à toutes les péripéties de cette farce romaine.... un spectacle musical avec danses, accompagnement d'instruments de musique antiques...

Un spectacle complet auquel ont pu assister, pendant les Journées Romaines, les habitants de Nîmes, anciennement Nemausus.

 

Et comme les acteurs ne sont que trois, les spectateurs sont immédiatement conviés à jouer le rôle du choeur...

"Je vous propose d'être le choeur de cette comédie antique. A tous moments, on viendra vous solliciter, on vous donnera une phrase et vous devrez la répéter ensemble. On va s'entraîner un peu : Nous sommes le choeur !" déclame en préambule un des acteurs de la pièce.

"Nous sommes le choeur !" répètent les spectateurs.

"Pas mal ! vous avez déjà fait choeur dans votre vie, non ?" commente le comédien...

Puis il appelle l'auteur de la pièce qui dit-il "nous fait la grande joie, le grand honneur d'être là parmi nous cet après midi. On va l'appeler par son nom, il s'appelle Cubitus Radius !"

Et la foule de répéter Cubitus Radius !

"Mais comme il a un ego surdimensionné, comme il est un peu sourd, surenchérit le comédien, il faut y aller vraiment, vraiment, vraiment..."

Et la foule de se prêter au jeu de la répétition...

 

Et voici qu'apparaît Cubitus Radius !

"Nous nous trouvons à Rome, au moins pour le premier acte de cette comédie." et le choeur est invité à acclamer les musiciens qui entrent pour commencer la pièce de théâtre...

"Némausiens, Némausiennes, nous sommes en - 36, avant qui on ne sait pas ! Vous allez découvrir l'histoire extraordinaire des trois personnages les plus importants de tous les temps ! J'ai nommé : Octave... j'ai nommé également Marc Antoine, et enfin, la grande, la belle, la fabuleuse  Cléopâtre !

Vous verrez de la rébellion, de la haine, de l'amour, de l'audace et du sang Rhésus A +."

 

La pièce met en scène la rivalité entre Octave et Marc Antoine, les deux consuls désireux de devenir les maîtres de Rome... tout en prenant quelques libertés avec l'histoire...

 

Sont évoquées les moeurs et les institutions romaines : l'appel aux dieux, les sacrifices, les Vestales, avec des allusions à l'actualité de notre époque.

 

Les comédiens mêlent fiction et réalité dans un aller-retour continuel entre les faits historiques et la farce humoristique afin de nous plonger dans un univers antique aussi divertissant qu’instructif.

 

Bravo aux comédiens de la Compagnie Effet Tchatche et aux spectatrices et spectateurs qui ont joué les rôles de la Vestale, de la mer, des mouettes, de la tortue, de Cléopâtre...

 

 

La vraie histoire de Cléopâtre :

 

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/le-cours-de-l-histoire/cleopatre-marc-antoine-vs-octave-passer-a-l-actium-2755632

 

 

 

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18 novembre 2022 5 18 /11 /novembre /2022 12:31
Marcel Proust à l'honneur : Le jet d'eau et Madame d'Arpajon...

 

 

Pour célébrer Marcel Proust dont on commémore aujourd'hui le centenaire de la disparition...

 

L’humour tient une place trop souvent méconnue dans l'oeuvre de Proust... L'écrivain a fréquenté les gens du "grand Monde" dont il s'attache parfois à montrer les travers et le ridicule...

Ainsi, dans un extrait de Sodome et Gomorrhe, il évoque une soirée chez la princesse de Guermantes : un personnage de la haute société, Madame d'Arpajon, en tenue de soirée, voit sa belle toilette inondée par un jet d'eau, et devient la risée d'un autre protagoniste.

Proust peint une véritable scène de comédie, et fait aussi une satire de la noblesse et du grand monde. Le comique est surtout souligné par la technique du romancier.

 

I Nous analyserons d'abord les ressorts du comique...

La situation est en elle-même amusante : une dame du grand Monde est trempée comme si on l'avait plongée dans un bain.

Le comique est fondé aussi sur des contrastes : entre le cadre, une soirée mondaine dans la haute société et la situation burlesque de Mme d'Arpajon, inondée jusque dans son intimité : "son décolletage."

On perçoit un vocabulaire quelque peu vulgaire qui surprend dans le contexte pour des gens du grand monde : "dégoulinait", le grognement du duc", le terme "décolleté" est transformé de manière ridicule en "décolletage".

Contraste aussi entre la dignité apparente des personnages, notamment celle de Wladimir, prince de la famille impériale et leurs manières ou leur langage : "grognement", puis "grondement", et le compliment douteux adressé à Mme d'Arpajon :"Bravo, la vieille !"

On sourit des exagérations comiques : Mme d'Arpajon complètement trempée... la situation n'est pas grave et nécessiterait pourtant "des condoléances" de la part du duc...

 

II C'est là pour l'auteur une manière de montrer aux lecteurs l'envers du grand Monde...

Les titres de noblesse n'empêchent pas la rustrerie des hommes... ou bien faut-il voir ici une satire des moeurs barbares de la cour de Russie ? On perçoit une satire de la noblesse militaire : Wladimir est un bon vieux militaire, sans gêne, un rustre. L'assistance devient pour lui une armée.

La noblesse est aussi ridiculisée avec le personnage de Mme d'Arpajon. Proust se moque de l'amour propre chatouilleux des femmes à propos de leur âge. Et celles-ci  savent reporter charitablement sur d'autres les observations qui les gênent.

 

III Mais le comique est surtout dû à l'art du romancier...

L'organisation des éléments du récit apparaît comme une parodie des pièces antiques, avec protagonistes et choeur : "quelques personnes charitables", qui commentent l'action.

On perçoit des indications qui font penser à des didascalies : le décor est planté, avec "les colonnades", au début du texte, on relève le champ lexical du théâtre : "en battant des mains comme au théâtre."Le duc Wladimir apparaît ici comme au spectacle, ce que suggère aussi le verbe "assister".

La présentation est délibérément comique, avec un portrait-charge de Wladimir, réduit à une série de bruits cacophoniques, et de Mme d'Arpajon essayant d'éliminer les dégâts de l'eau :  "cette femme, en s’épongeant avec son écharpe, sans demander le secours de personne, se dégageait malgré l’eau qui souillait malicieusement la margelle de la vasque".

Le commentaire de l'auteur souligne aussi les pensées profondes des personnages :  "c’était le grand-duc Wladimir qui riait de tout son cœur en voyant l’immersion de Mme d’Arpajon, une des choses les plus gaies, aimait-il à dire ensuite, à laquelle il eût assisté de toute sa vie"..."Mme d'Arpajon ne fut pas sensible à ce qu'on vantât sa dextérité."

Le narrateur souligne aussi les titres ronflants de Wladimir : "le Grand Duc... Monseigneur, son Altesse impériale."

Enfin, la brièveté de la réponse de Mme d'Arpajon montre malicieusement son désir de préserver à tout prix sa dignité : "Non! c'était à Mme de Souvré", répondit-elle."

 

Si Proust est un personnage mondain, ce texte nous montre qu'il n'est pas dupe de la comédie du grand Monde. Oui, Proust est capable de nous faire rire, de nous amuser aux dépens des grands de ce monde...

 

 

Le texte :

Or, au moment où Mme d’Arpajon allait s’engager dans l’une des colonnades, un fort coup de chaude brise tordit le jet d’eau et inonda si complètement la belle dame que, l’eau dégoulinante de son décolletage dans l’intérieur de sa robe, elle fut aussi trempée que si on l’avait plongée dans un bain. Alors, non loin d’elle, un grognement scandé retentit assez fort pour pouvoir se faire entendre à toute une armée et pourtant prolongé par période comme s’il s’adressait non pas à l’ensemble, mais successivement à chaque partie des troupes ; c’était le grand-duc Wladimir qui riait de tout son cœur en voyant l’immersion de Mme d’Arpajon, une des choses les plus gaies, aimait-il à dire ensuite, à laquelle il eût assisté de toute sa vie. Comme quelques personnes charitables faisaient remarquer au Moscovite qu’un mot de condoléances de lui serait peut-être mérité et ferait plaisir à cette femme qui, malgré sa quarantaine bien sonnée, et tout en s’épongeant avec son écharpe, sans demander le secours de personne, se dégageait malgré l’eau qui souillait malicieusement la margelle de la vasque, le Grand–Duc, qui avait bon cœur, crut devoir s’exécuter et, les derniers roulements militaires du rire à peine apaisés, on entendit un nouveau grondement plus violent encore que l’autre. « Bravo, la vieille ! » s’écriait-il en battant des mains comme au théâtre. Mme d’Arpajon ne fut pas sensible à ce qu’on vantât sa dextérité aux dépens de sa jeunesse. Et, comme quelqu'un lui disait, assourdi par le bruit de l'eau, que dominait pourtant le tonnerre de Monseigneur : "Je crois que son altesse impériale vous a dit quelque chose." -"Non! c'était à Mme de Souvré", répondit-elle.

 

 

La grande librairie :

 

https://www.france.tv/france-5/la-grande-librairie/la-grande-librairie-saison-15/4274188-speciale-marcel-proust.html

 

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2 novembre 2022 3 02 /11 /novembre /2022 10:40
Chanson pour un espion...

 

Au cours d'une conférence, Marc Simon, musicien-poète, nous emmène dans un film sonore... celui des films et des séries d'espionnage... Suspense et péripéties sont portés par des lignes mélodiques empreintes d’inquiétante étrangeté.

 

Marc Simon, musicien-poète, nous propose un voyage musical à travers les bandes originales de films et séries d’espionnage. Du Prisonnier (1967-1968) mis en son par l’Australien Ron Grainer, au Bureau des Légendes (France 2015-2020) composé par le Français Rob, des compositeurs célèbres tels Lalo Schifrin (Mission Impossible), Monty Norman puis John Barry (James Bond) sont sans doute pour beaucoup dans le succès rencontré !

 

Marc Simon cite d'abord Monty Norman compositeur du célèbre thème de James Bond... On parle plus souvent de John Barry qui est l'arrangeur...

 On constate que pour de nombreux films, il n'y a pas un seul compositeur, mais des équipes...

On écoute alors Marc Simon égrener à la guitare quelques notes de ce thème...

 

Puis, Marc Simon évoque la vie de Victor Young, célèbre compositeur américain : il est né à Chicago dans une famille de musiciens juifs, son père est membre d'une troupe d'opéra itinérante. Il fait étudier à Victor le violon à l'âge de six ans puis l'envoie en Pologne en 1910 séjourner chez ses grands-parents et étudier la musique au Conservatoire impérial de Varsovie. Victor travaille ensuite le piano à Paris avec Isidor Philipp. Il revient en 1920 aux États-Unis et entre dans l'orchestre du Central Park de Chicago. Il part pour Los Angeles et est engagé comme violoniste.

Il est nommé directeur musical des théâtres de la Paramount puis au milieu des années 1930 part pour Hollywood où il compose de la musique de film, enregistre de la musique populaire et fournit des arrangements pour des chanteurs populaires comme Bing Crosby.

On lui doit également la musique de grands classiques comme Rio Grande et L'homme tranquille pour John Ford, Pour qui sonne le glas de Sam Wood, le film d'aventures Scaramouche de George Sidney, les westerns L'Homme des vallées perdues et Johnny Guitare (chanson Johnny Guitar).

On lui doit encore la musique du film de Fritz Lang : Espions sur la Tamise... titre original : Le Ministère de la peur.

Voici le scénario :

Un homme gagne, lors d'une vente de charité, un gâteau bourré de microfilms et se retrouve mêlé, malgré lui, à une inquiétante affaire d'espionnage au cours de laquelle il est poursuivi par les services secrets nazis. 

Marc Simon nous fait écouter la bande annonce de ce film : la lumière s'éteint, cris de terreur, coups de feu tirés dans le noir... on est dans l'hyperbole, l'exagération. Le héros est accablé de malheurs; mais le film déroule aussi une belle histoire d'amour, une sorte de paradis dans l'enfer de cette histoire...

 

Mais au fait, qu'est-ce qu'un espion ? Un agent de renseignements qui vit dans un monde obscur, non familier, entouré de forces maléfiques... Et on peut se poser cette question : quelle est la véritable vie d'un espion ? Dans les films, il est souvent représenté comme un être invincible...

 

Imaginons sa vie, sa vraie vie :

Il s'appelle Jean John, qu'est-ce qu'il fait ? Il mène la grande vie dans des hôtels de luxe ?

Non, en fait, il fouille les poubelles pour se nourrir, il saute des repas, il souffre, alors que dans les films, les espions ne souffrent jamais.

Il souffre aussi moralement, car il est loin de sa famille, il attend souvent, comme le fait un acteur de cinéma, il est caché...

Puis, soudain, il saute dans un train, il voyage dans un pays étranger : là, il surveille des gens qui ont une double vie. Jean John se glisse dans une ambassade, prend part à une fête, il doit faire bonne figure, il danse avec la femme du consul... il a déjà repéré 3 personnes, pendant que l'orchestre joue...

Jean John reprend des amuse-gueules, il profite de la soirée, mais il a trop mangé de caviar : pour digérer, il danse avec la maîtresse de l'ambassadeur...

Les derniers invités sont partis, mais il a mal au ventre, il a trop mangé... Eh oui, un espion, ça peut avoir mal au ventre !

Il arrive tout de même à s'éclipser.

 

Ainsi, les films d'espionnage ont des points communs avec les films noirs : une vie nocturne, interlope pour les personnages.

On songe au Faucon maltais (The Maltese Falcon),  un film américain de John Huston sorti en 1941, d’après le roman policier du même nom de Dashiell Hammett paru en 1930. Le Faucon Maltais est considéré comme l'archétype du "film noir" et celui qui a révélé l'acteur Humphrey Bogart, dans le rôle du détective privé Sam Spade.

Dans ces films, on trouve trois types de personnages : le truand, le policier et la femme fatale.

Et cette femme est souvent une chanteuse...

Ici brigade criminelle (titre original : Private Hell 36) est un film américain réalisé par Don Siegel, sorti en 1954, encore un film noir : la musique de Leith Stevens a toutes les caractéristiques d'une musique qui évoque le suspense : des coups de percussion, vibraphone, saxophone... et voici qu'apparaît la femme fatale, une chanteuse qui a des rôles multiples : activité de renseignements, elle connaît des malfrats, c'est un personnage de femme libre, complexe...

 

 

Mais revenons à Jean John : il est dans la panade...enfermé dans les toilettes d'un club de jazz, il réfléchit, il s'est caché dans les toilettes des femmes... on va vite le repérer... il temporise... Mais comment va-t-il s'en sortir ?

 

Alfred Hitchcock s'est aussi lancé dans le film d'espionnage avec L'Homme qui en savait trop (The Man Who Knew Too Much), sorti en 1956. Le réalisateur avait déjà tourné une première version du film en 1934. Musique : Bernard Herrmann.

Le scénario :

Des comploteurs ont prévu d’assassiner un politicien assistant à un concert donné au Royal Albert Hall de Londres. Afin d’éliminer sa cible discrètement, le tueur a prévu son coup. Caché dans une loge de la prestigieuse salle de concert, l’assassin doit synchroniser son tir avec un coup de cymbale puissant qui couvrira la détonation de son pistolet. Il s’agit de la cantate The Storm Clouds, Les nuages de tempête une musique composée par un certain Arthur Benjamin. 

Arthur Benjamin était le compositeur du tout premier film L’Homme qui en savait trop d’Hitchcock sorti en 1934. Lorsque le réalisateur a tourné le remake de ce film en 1956, il a demandé à Arthur Benjamin l’autorisation de réutiliser cette musique pour la scène de meurtre. Le compositeur a accepté et la cantate a donc été réarrangée par Bernard Herrmann. C’est d’ailleurs ce dernier que l’on peut voir à l’écran dans la seconde version de L’Homme qui en savait trop, il dirige l’Orchestre Symphonique de Londres lorsque le coup de cymbale fatal est donné. Une magnifique orchestration !

 

Bientôt va apparaître le héros de Ian Fleming : en 1962, James Bond contre Dr No avec Sean Connery et Ursula Andress. La musique est signée Monty Norman, orchestrée par John Barry. Une des musiques les plus célèbres et les plus réussies...

 

Retour à Jean John : poursuivi dans le métro, il court dans les couloirs, il galope... Il va se réfugier au Rugby Bar de La Placette, à Nîmes. Là, une TV est allumée : on passe une vieille série britannique des années 60, Chapeau Melon et Bottes de Cuir. Musique de Laurie Johnson.

 

En fait, plusieurs musiques ont été écrites : Johnny Dankworth (saisons 1-3) Laurie Johnson (saisons 4-6) Howard Blake (saison 6).

Dans cette série, homme et femme sont presque à égalité : c'est inédit !

Une autre série va lui emboîter le pas : Des Agents très Spéciaux, une série télévisée américaine totalisant 105 épisodes de 49 minutes chacun, dont 29 en noir et blanc. Deux espions, l'Américain Napoleon Solo (Robert Vaughn) et le soviétique Illya Kuryakin (David McCallum), doivent travailler ensemble au service du "Commandement uni du réseau pour la loi et son application". Ils doivent lutter contre une organisation criminelle internationale baptisée THRUSH. Deux espions américain et russe travaillent de concert, difficile à imaginer de nos jours !

 

Une des musiques les plus réussies est celle de la série : Mission impossible. Lalo Schifrin, un compositeur argentin, en est l'auteur. 171 épisodes au total !

 

Et puis, Le Prisonnier (The Prisoner) est une série télévisée britannique en dix-sept épisodes de 52 minutes, créée par l'écrivain et ancien agent des services secrets1 George Markstein et Patrick McGoohan, acteur principal, scénariste et producteur délégué de la série. 

Le Prisonnier utilise les ficelles du roman d'espionnage, teintées de science-fiction, d'allégorie et de drame psychologique. Une série équivoque, glauque, pas très loin de l'univers de Kafka.

La musique fait appel à des percussions, des timbales, des bongos, et les orchestrateurs s'en donnent à coeur joie pour restituer une ambiance mystérieuse.

"Vous êtes le numéro 6 ! Je ne suis pas un numéro ! Je suis un homme libre !"

Ainsi, Le Prisonnier parle surtout de la condition humaine de plus en plus contrôlée dans la modernité.  Et si le Village du Numéro 6 n'était autre que celui, global, qu'on nous propose aujourd'hui ?

 

Patrick McGoohan avait joué dans une série précédente : Destination Danger qui avait obtenu beaucoup de succès.

On peut évoquer aussi L'homme invisible : Après un accident de laboratoire, Peter Brady, un scientifique londonien, devient invisible. Devenu détective privé, il collabore également avec les services secrets britanniques, tout en continuant à mener des recherches afin de retrouver sa " visibilité ". Inspiré du roman de Wells, la série est tirée vers l'espionnage : le personnage peut espionner partout, grâce à son invisibilité, c'est pratique...

 

Puis, très rapidement, des réalisateurs ont tourné des pastiches et des parodies...

En 1965, Max la Menace, série télévisée américaine en 138 épisodes de 25 à 26 minutes, créée par Mel Brooks et Buck Henry. Le personnage s'appelle Maxwell Smart mais il fait beaucoup de bêtises.


Autres parodies : Les Tontons flingueurs de Georges Lautner, musique de Michel Magne...

Les Barbouzes en 1964, Le Monocle rit jaune de Georges Lautner, encore.

 

On peut citer aussi un film italien, Cet espion qui venait du surgelé,  réalisé par Mario Bava, avec Vincent Price, un film d'un grotesque monstrueux... ce n'est pas une réussite.

 

Les Anglais ne sont pas en reste avec Mr Bean, une série télévisée britannique en 15 épisodes. Elle met en scène le personnage de Mr Bean, créé par Rowan Atkinson (qui joue lui-même le rôle de Mr Bean) alors qu'il était à l'université. Il s'agit, comme le décrit son créateur, d'un "enfant dans le corps d'un adulte" pour qui tout événement de la vie de tous les jours devient une source d'ennuis et prend parfois des proportions insoupçonnées. Il se caractérise également par sa tendance à trouver une solution totalement improbable à ses problèmes. 

 

Au service de la France est une série télévisée française de deux saisons créée par Jean-François Halin, Claire Lemaréchal et Jean-André Yerlès, réalisée par Alexandre Courtès (saison 1) et Alexis Charrier (saison 2) et diffusée, pour la première saison du 29 octobre au 12 novembre 2015 sur la chaîne franco-allemande Arte. La deuxième saison est diffusée à partir du 5 juillet 2018 toujours sur Arte. 

La série parodie les films d'espionnage sur les services secrets français du début des années 1960, symbole d'une France coloniale en déclin.

 

 

 

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1 juillet 2022 5 01 /07 /juillet /2022 11:38
Boby Lapointe : l'enchanteur du verbe...

 

Voilà 50 ans que disparaissait Boby Lapointe, chanteur, compositeur, interprète, poète de l'absurde, des jeux de mots. Ce virtuose des calembours nous a laissé des textes d'une drôlerie inouïe...


Boby Lapointe nous surprend encore par les trouvailles de langage dont il fait preuve : poète incontestable des mots, il nous fait rire, sourire de sa bonne humeur...
 
Né le 16 avril 1922 dans le sud de la France, à Pézenas dans l'Hérault, le jeune Boby ne se destinait pas initialement à une carrière de chanteur : féru et passionné de sciences et de mathématiques, il envisageait un métier dans l'aviation et ambitionnait de devenir pilote d'essai. Après l'obtention du baccalauréat, il prépare deux écoles : centrale et supaéro...
 
Mais la guerre l'empêche alors de poursuivre ses ambitions : il doit partir en 1943 à Linz en Autriche, pour rejoindre le STO. Il parvient à s'évader et se retrouve à La Ciotat où il exerce le métier de scaphandrier.


 
Après avoir touché à différents métiers, vendeur de layettes, installateur d'antennes de télévision, électricien, livreur, Boby Lapointe entre dans la carrière musicale en 1956...
 
A défaut de voler sur des avions, Boby va devenir voltigeur de mots, il va faire virevolter les mots dans des chansons devenues célèbres...


 
Il fait ses débuts en tant que chanteur dans un cabaret parisien, le Cheval d'Or. Il y rencontre des chansonniers célèbres de l'époque : Anne Sylvestre, Raymond Devos, Ricet Barrier et Georges Brassens, avec qui naît une amitié réciproque... Il connaît un certain succès et attire l'attention du réalisateur François Truffaut. Celui- ci imagine de lui faire jouer un rôle de chanteur de bar dans son nouveau film Tirez sur le pianiste, avec Charles Aznavour. Ses chansons" Framboise" et" Marcelle" sont mises en valeur dans ce film. Il est ensuite engagé dans un autre cabaret parisien ,les Trois baudets et commence à enregistrer des chansons : Marcelle, Bobo Léon, Aragon et Castille ...


 
D'autres compositions célèbres suivront : Ta Katie t'a quitté, Saucisson de cheval, Comprend qui peut, Méli-mélodie, Le tube de toilette, La maman des poissons.


 
Quel magicien des mots, quel virtuose fut Boby Lapointe ! Son originalité, sa verve font de lui un poète à part : jeux de mots, créativité verbale incroyable, humour et inventivité nous surprennent encore... Quelle bonne humeur, quelle joie de vivre transparaissent dans sa musique et ses textes ! Boby Lapointe sait , comme nul autre, nous transmettre ce bonheur des mots... Il nous parle de la maman des poissons, avec tant de drôlerie, il manie le verbe et les sonorités avec talent dans Ta Katie t'a quitté... Sa fantaisie fait de lui un poète à part, peu connu et reconnu de son vivant, jugé à la fois trop intellectuel par certains et trop rigolard par d'autres, ce jongleur, ce troubadour, ce trouveur, cet inventeur, ce prestidigitateur génial de mots nous entraîne dans un univers inédit...
 
On n'a pas fini de redécouvrir ses chansons et ses textes qu'il faut aussi lire et relire pour en percevoir toute la saveur.
 
Disparu trop tôt le 29 juin 1972, à l'âge de 50 ans,  Boby Lapointe a connu une carrière fort brève mais il nous a laissé de nombreuses chansons hilarantes : il faut réécouter, par exemple les calembours en tous genres de la chanson, Tube de toilette ou encore la fraîcheur du texte, La fille du pêcheur...


 
Personnage farfelu, amuseur, enchanteur du verbe, mathématicien de génie puisqu'on lui doit aussi un système de numération bibi- binaire utilisé en informatique et qui sera validé par des scientifiques en 1968, acteur à ses heures, chansonnier, Boby Lapointe apparaît comme un artiste hors du commun...et des sentiers battus.
 

 
 

 

 
 

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17 juin 2022 5 17 /06 /juin /2022 11:20
Mais qu'est-ce qu'ils ont inventé, les pauv' Gaulois ?

 

Une farce pour se moquer des Romains et de leur prétention à avoir tout inventé...

La pièce de théâtre met en scène deux légionnaires benêts qui se rencontrent.

Deux soldats romains, de retour de la guerre des Gaules, font un point sur leur condition. Prouesses et vantardises dictent la rencontre. 

 

Les deux légionnaires se présentent d'abord puis énumèrent leurs innombrables campagnes :  ils  commencent alors à se plaindre du mauvais état de leurs caligae.

"On me donnerait des sandales en papyrus que ce serait pareil..."

"-Pourquoi ils nous donnent pas la caligae gauloise ? ça, c'est de la godasse ! Jamais une réparation !"

"-De l'entretien, c'est tout !"

-" ça te tient toute la vie !"

-"Même pendant les batailles !"

-"Ah sacrés Gaulois !"

"-Faut quand même leur apporter la civilisation !"

"Ah les Gaulois ! Pauvres Gaulois ! Qu'est-ce qu'ils ont inventé ? A part la caligae ?"

"Ah si ! La cotte de mailles !"

-" Ah les Gaulois ! Non, mais mise à part la cotte de mailles, qu'est ce qu'ils ont inventé, les pauv 'Gaulois ?"

 

Et le dialogue se poursuit, énumérant toutes les inventions des Gaulois et elles sont nombreuses !

Jugez plutôt : le casque à protège joues, la faux, la moissonneuse mécanique, la forge, l'extraction des minéraux, le cerclage des tonneaux, le travail du bronze, l'orfèvrerie, les pantalons (les braies), les tuniques avec des manches, la capuche (le cucullus)...

 

La farce utilise un des ressorts essentiels de la comédie : le procédé de répétition qui transforme les personnages en marionnettes...

"Du mécanique plaqué sur du vivant", c'est ainsi que Bergson définit ce procédé comique.

Ce procédé a été amplement utilisé par Molière : on se souvient de cette réplique réitérée par le vieux Géronte dans les Fourberies de Scapin : "Mais que diable allait-il faire dans cette galère ?"

Ou encore de cette autre réplique d'Orgon dans Tartuffe : 'Le pauvre homme !"

Un procédé très efficace qui déclenche immanquablement le rire des spectateurs.

On retrouve aussi le comique de caractère avec des personnages de soldats romains fanfarons, infatués, imbus de leur personne, pleins d'arrogance...

Cette farce fait songer à une comédie antique de Plaute : Le soldat fanfaron, Miles gloriosus, en latin. Adaptée d'une pièce grecque, la comédie de Plaute met en scène un soldat vaniteux prompt à s'attribuer des exploits guerriers imaginaires.

 

Ce spectacle qui mêle humour et culture était présenté à Nîmes, lors des Journées Romaines, par la Compagnie Le Rouge et le Vert...  avec Thierry Paillard et Valérie Barral...

 

Un bon moment de détente et d'humour pour ce spectacle en plein air, selon la tradition antique...

 

 

 

Photo et vidéos : rosemar

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10 juin 2022 5 10 /06 /juin /2022 11:40
Farce romaine : un carambolage sur la Via Domitia...

 

Des étincelles sur la Via Domitia ! Lorsque le chariot d'une gauloise forte en gueule est percuté par le char d'un Romain bellâtre et arrogant, genre play-boy attardé, avec lunettes noires et écharpe blanche, cela fait forcément des étincelles !

Un spectacle savoureux qui mêle humour et  culture, un spectacle présenté à Nîmes, lors des Journées Romaines... une farce antique modernisée, éclats de rires et bonne humeur garantis !

 

Les personnages : Un présentateur ayant un défaut d’élocution. Une chauffeuse routière gauloise.
Un Romain à l’Italienne...


Sur une route, quelque part entre Italie et Espagne… Cette farce confronte deux façons de conduire : deux cultures qui se rencontrent et se confrontent, deux visions du monde !
 Tout commence donc par un accident de la route, un carambolage sur la Via Domitia...

 

Un spectacle haut en couleurs, avec peu de moyens, quelques accessoires seulement... une cithare, deux chaises...

Des dialogues amusants, savoureux ! Un bon moment de détente sur la Via Domitia...

 

Au son d'une cithare, un présentateur annonce le sujet de cette farce romaine : 

"A présent, empruntons la Via Domitia, cet axe routier aménagé dès 121 avant J C que nous ne connaissons pas encore...

Très usitée et très entretenue du delta du Rhône à la Narbonnaise, elle s'étire jusqu'en Espagne... osons nous arrêter pour de petites pauses régulières et méritées sur les aires de relaxes prévues à cet effet.

Faisons y boire les bêtes de trait, de chars rapides, restaurons y nous de délicieux haricots aux lards ou de brochettes de cochleas, des escargots ! mmm !"

 

Une simple chaise pour figurer un chariot conduit par une gauloise...

Et sur l'air célèbre de Nationale 7 :

"Via Domitiète, faut la prendre qu'on aille à Rome ou à Sète ! Allez ! C'est une route pour faire les sesterces ! On est heureux via Domitiète ! La la la la !"

 

Et voici qu'un char romain vient heurter la carriole de la Gauloise !

"-Et alors, jamais tu regardes la signalétique dans ton cisium à deux roues, là !" s'exclame la Gauloise...

"-Et tu pouvais pas le ranger ton arrière train de quatre roues ?! " rétorque le Romain.

"-Mais, c'est marqué ! Portion de route de trois passus ! Si tu sais pas lire le romain !"

"-Ah si c'était moi qui le dictais, le code de la Via, tu ne roulerais même pas sur une portion de trois passus ! Va donc, eh, cochlea !" 

"-Va donc eh cucurbita !

"-Eh même j'interdirais les raeda,  à 4 roues, tiré par  8 à 10 chevaux et même les carruca à deux roues et quatre chevaux, à dégager sur les pistes de détresse !"

 

Un dialogue savoureux ponctué d'insultes à la romaine : 

-"Tête de brassica !

-"La Via est à tous ceux qui la pratiquent", argumente la Gauloise.

-"Il ne faut pas mélanger les peniculum et les mappa !" rétorque le Romain.

-"Quoi ! Les torchons et les serviettes ! Mais mon engin n'est pas un torchon !

 

Comique de mots, comique de gestes, comique de situation, de caractère, toute la panoplie du registre comique dans cette petite farce burlesque ! Sans oublier la saveur des mots latins qui ponctuent le dialogue !

 

"L'écriture du spectacle est conçue pour un jeu moderne, se rapprochant du théâtre de cabaret, critique et pamphlétaire, accumulant humour, gags et effets comiques, tant dans les jeux de mots que dans les effets visuels.

Le principe dégagé des saynètes en duo de personnages "marqués" permet de traiter dans une action courte plusieurs éléments d'histoire passée ou présente, en superposition ou non.

On reste attaché de ce fait et malgré la densité du texte à la "petite" histoire (le conte) pour mieux appréhender la "grande." "

 

Un spectacle en plein air qui renoue avec l'ancienne tradition du théâtre... Bravo aux acteurs et concepteurs de cette amusante farce romaine !

Un spectacle de la Compagnie Le Rouge et le Vert...

 

"Valérie Barral et Thierry Paillard ont choisi la forme du théâtre pauvre aux accessoires minimalistes, peut-on dire symboliques, aux costumes pas romains pour un sou ni gaulois d’ailleurs pour un sesterce.

Dans leur style propre de jeu et de mise en scène, ils mélangent à loisir, comparent, mettent en miroir, tant en filigrane que de matière soulignée, des situations et des personnages atypiques choisis et représentatifs d’hier comme d’aujourd’hui."

"Ces farces humoristiques réinterprètent avec les codes de notre temps, les comédies satiriques chères à Plaute et Térence tout en se référant au théâtre de tréteaux minimaliste du Bas-Empire…

En mettant en scène des personnages atypiques où les anachronismes répondent aux références historiques, ces saynètes apportent un éclairage singulier sur cette histoire vieille de plus de 2.000 ans."

sur un texte de Thierry Paillard
et des recherches de Valérie Barral

 


 

 

https://www.compagnielerougeetlevert.com/farces-romaines

 

https://www.compagnielerougeetlevert.com/_files/ugd/faeeba_db98020133ba4da1b9bd7bb8780b70b4.p

 

 

 

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31 juillet 2019 3 31 /07 /juillet /2019 10:18
L'aphorisme me plaît...

 

Formule brève, ramassée, l'aphorisme dit l'essentiel en si peu de mots...

Econome du verbe, l'aphorisme révèle pourtant bien des choses...

 

Le mot est ancien et d'autant plus précieux, il vient d'un verbe grec "aphorizein" qui signifie "délimiter".

 

L'aphorisme me plaît, me séduit : je n'aime pas les logorrhées, les longs discours interminables et amphigouriques qui tournent autour du pot...

Comme le haïku japonais, l'aphorisme est un condensé de réflexion sur le monde.

Formule frappante, percutante, l'aphorisme fait souvent appel à l'humour, à la dérision, à la poésie, à des jeux de mots.

 

Difficile de se livrer à cet exercice où le mot doit faire mouche... difficile de rédiger en peu de mots l'essence du monde...

 

Sylvain Tesson, géographe, grand voyageur, écrivain, excelle dans la maîtrise de l'aphorisme...

Il écrit notamment : "L'aphorisme s'accorde bien à la vie d'aventure. Sur la route, il faut de la légèreté : un sac vide et des projets réduits au seul et beau souci d'avancer. L'aphorisme participe au dégraissage de la vie, à la diététique de l'âme et du corps- vertus nomades."

Propos sur la nature, sur la mort, sur l'homme et ses penchants, ces aphorismes surprennent, émerveillent, font sourire, rire, parfois d'un rire désespéré...

La mélancolie affleure souvent : l'amour qui déçoit, l'homme qui détruit la nature, le tourisme mal pensé...

Il faut lire "Les aphorismes sous la lune et autres pensées sauvages" de Sylvain Tesson.

 

Quelques mots pour décrire la beauté du monde, le plaisir de la marche, la mélancolie des crépuscules...

Quelques mots pour dénoncer la bêtise, l'inconscience des hommes...

 

Par exemple :

 

"La neige : les éclats brisés du silence céleste..."

"Neige : la poudre aux yeux de l'hiver..."

"Lueur d'espoir : une petite mousse dans la fissure d'un mur."

"Sapin de Noël : on aura même réussi à rendre les arbres ridicules."

"Pâquerettes : taches de douceur sur la joue du gazon."

 

Ou encore :

"L'amour est cet intervalle de déception entre le chagrin de la vie solitaire et le désespoir de la séparation."

"Amour : jeu de jupes puis jeu de dupes."

 

"Dans une vie, il nous arrive davantage rien que quelque chose."

" Je suis sûr que Jésus préférerait une soirée avec des danseuses du ventre qu'avec des carmélites."

"Vivre, c'est attendre de regretter la jeunesse au cours de laquelle on s'ennuyait tant."

 

"Plages de la Méditerranée : champs de bataille couverts de corps morts de chaud."

" Le tourisme à Rome : preuve que, effectivement, les barbares ont gagné."

 

Etc.

 

 

 

L'aphorisme me plaît...
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19 juin 2019 3 19 /06 /juin /2019 09:09
Des clowns et des chevaux...

 

Le spectacle commence comme une parade : les clowns d'abord, perchés sur des échasses, font de grands gestes, s'élancent vers la foule, interpellent le public, puis viennent les chevaux... cheval de trait, poney, à la robe brune, cheval blanc monté par une cavalière revêtue d'une somptueuse robe, d'autres chevaux encore crinière au vent...

 

Une musique d'orphéon accompagne ce joli cortège qui défile sous les yeux éblouis des spectateurs...

 

Puis, le clown Jojo entre en scène : son poney le suit allègrement sur la piste, soudain,  il se cabre majestueusement devant lui...  le poney se livre ensuite à un exercice d'équilibriste sur une planche à bascule puis sur des briques superposées...

 

Un somptueux cheval de trait apparaît, alors, monté par une cavalière vêtue d'une robe à volants...

Le cheval marche au pas, danse, galope, caracole : sa robe luisante aux teintes brunes, sa crinière sombre contrastent avec la tenue claire de la cavalière...

Puis, c'est un pas de deux avec une mule quelque peu réticente qui se met en place.

 

Tout au long du spectacle, on peut admirer la beauté des chevaux : manifestement, ces chevaux magnifiques sont heureux de participer à ce spectacle.

Leur beauté, leurs gestes témoignent d'une grande confiance en l'homme : ils se laissent guider par la voix, ils saluent la foule...

 

Les chevaux sont soignés, bichonnés : leurs robes luisantes, leur entrain sur la piste disent toute la bienveillance dont ils sont entourés.

Et quel bonheur de les voir caracoler, virevolter !

 


Spectacle envoûtant : on est rempli d'admiration devant tout le travail mis en oeuvre... tout semble si facile, et pourtant, le dressage des chevaux est un art à part entière...

Spectacle complet : musique, costumes, chorégraphie, harmonie, élégance...

Bravo à tous ceux qui ont participé à cette fête somptueuse !

 

 

Ce spectacle a été présenté par Les Arénos, aux Jardins de la Fontaine à Nîmes.

 

 

 

 

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