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22 avril 2015 3 22 /04 /avril /2015 16:28
Quelques vers des troubadours...

 


"Quelques vers des troubadours ont su exprimer la joie d'une manière si pure qu'à travers elle, transparaît la douleur poignante, la douleur inconsolable de la créature finie. "Quand je vois l'alouette mouvoir De joie ses ailes contre le rayon, Comme elle ne se connaît plus et se laisse tomber Par la douceur qui au cœur lui va."

C'est ainsi que Simone Weil évoque les oeuvres des troubadours du Moyen Age, dans ses Ecrits historiques et politiques...



Le mot "troubadour" résonne d'éclats, de tourbillons, ce nom n'est-il pas un poème, à lui tout seul, avec ses échos de sonorités qui se répondent et s'inversent dans la dernière partie ?

Le troubadour, (le "trobador", en ancien occitan), n'est-il pas l'inventeur par excellence, le poète, le trouveur de mots ?


Dentale, gutturale, labiale, dentale à nouveau... des consonnes variées expriment, dans ce seul nom, toute l'inspiration de ces poètes, aux talents étonnants et multiples.

Poètes, chanteurs, musiciens, créateurs, les troubadours se sont illustrés au Moyen Age, par des oeuvres d'une diversité et d'une créativité étonnantes.

Le mot "troubadour" chante le sud, la langue d'oc, celle du soleil, de la mer, des collines, des paysages méditerranéens.

Et ces poètes ont su, aussi, par leur lyrisme, évoquer les tourments, les désarrois de la vie humaine.

Les troubadours, orfèvres de la langue et des mots, chantent l'amour, ses charmes, ses détours, ses blessures...


Guillaume de Cabestaing, Geoffroy Rudel, Bernard de Ventadour, Arnaud de Marveil, Folquet de Marseille, Raimond de Miravals... autant de poètes du passé dont on a oublié les noms, et les oeuvres, autant d'auteurs dont les noms aux sonorités lointaines nous émeuvent et nous intriguent.


Ils excellent, pourtant, dans les chants de la fin'amor, une sublimation de l'amour courtois envers la Dame vertueuse, belle et inaccessible. L'exaltation du désir devient, pour eux, une quête mystique, et l'amour rejoint une sorte de ferveur religieuse.

"Alba, ballade, canso, chanson de toile, lai, madrigal, rondeau, pastourelle, virelai, chansons de gestes", les troubadours se sont illustrés dans de nombreux genres littéraires.

"Alba", la chanson d'aube réunit les deux amoureux, dans un dialogue où ils connaissent des moments délicieux, ils en viennent à oublier l'aube qui paraît, le chant d'un oiseau les avertit du danger de se faire surprendre.

"La canso" exalte l'amour coutois, la fin'amor où le poète suggère, à la fois, la sensualité et l' idéalisation de l'être aimé.

Dans "la chanson de toile", ou chanson à filer, à tisser, on entend une amoureuse qui se lamente sur la mort de son amoureux, ou sur son entrée au couvent...

"La pastourelle" évoque les amours d'un seigneur et d'une bergère qui ne se laisse pas facilement séduire.

Ces poésies, pleines de fraîcheur, méritent d'être remises à l'honneur...

Les chansons de Bernard de Ventadour sont riches et limpides, nourries de sentiments personnels. Il fut l’un des meilleurs musiciens de son temps et figure parmi les plus grands poètes de l’amour en langue d’oc.

 

 Bernard de Ventadour (en ancien occitan Bernartz de Ventedorn),  poète et troubadour du 12 ème siècle écrivit de nombreux poèmes, parmi lesquels on peut citer celui-ci : 


"J’ai le cœur si plein de joie,
Qu’il transmute Nature :
C’est fleur blanche, vermeille et jaune
Qu’est pour moi frimas ;
Avec le vent et la pluie
S’accroît mon bonheur.
Aussi mon Prix grandit, monte ;
Et mon chant s’épure.
J’ai tant d’amour au cœur
De joie et de douceur,
Que gelée me semble fleur,
Et neige, verdure.


Je puis aller sans habits,
Nu dans ma chemise,
Car pur amour me protège
De la froide bise...


D’amitié elle m’écarte !
Mais j’ai confiance,
Car d’elle j’ai du moins conquis
La belle apparence.
Et j’en ai, en la quittant,
Tant d’aise en mon âme
Que le jour de la revoir
Serai sans tristesse.
Mon cœur est près d’Amour :
Donc l’esprit là-bas court,
Mais le corps ici, ailleurs,
Est loin d’elle, en France.


Je garde bonne espérance,
– Qui m’aide bien peu –
Car mon âme est balancée
Comme nef sur l’onde.
Du souci qui me déprime
Où m’abriterai-je ?
La nuit il m’agite et jette
Sur le bord du lit :
Je souffre plus d’amour
Que l’amoureux Tristan
Qui endura maints tourments
Pour Iseult la blonde.


"Ah Dieu ! que ne suis-je aronde
Pour traverser l’air,
Voler dans la nuit profonde
Jusqu’en sa demeure ?
Bonne dame si joyeuse,
Votre amant se meurt ;
Je crains que mon cœur se fonde
Si mon mal ne cesse…
Dame, je joins les mains,
Je prie : je vous adore.
Beau corps aux fraîches couleurs,
Bien cruel vous m’êtes !...


Messager, va et cours,
Dis moi à la plus belle
Que je pâtis pour elle
Douleur et martyre."



 Dans ces vers, l'amour transfigure le monde, il procure des souffrances démesurées, mais aussi des bonheurs inouis, des sensations de joie débordantes...

 

Les troubadours, souvent oubliés, ont écrit des oeuvres attachantes, ils méritent d'être redécouverts : la langue du Moyen Age, avec ses tournures et ses mots d'autrefois, revêt un charme lointain et particulier.

Les troubadours nous font voyager dans le temps, nous font entendre des voix et des musiques anciennes, un monde plein d'harmonie et de tourments...


 

 

Quelques repères sur Bernard de Ventadour :

 

http://fr.wikipedia.org/wiki/Bernart_de_Ventadour

 

En haut de l'article : Paolo et Francesca   Tableau de Ingres



 

Manuscrit  auteur de la photo : Fabricio Cardenas  creative commons

Manuscrit auteur de la photo : Fabricio Cardenas creative commons

Miniature du Moyen-Age

Miniature du Moyen-Age

Nymphe et troubadour  Tableau de Hans Makart

Nymphe et troubadour Tableau de Hans Makart

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19 avril 2015 7 19 /04 /avril /2015 08:57
Cyparissos, arbre divin !

 


Cyprès ! Longs fuseaux qui étourdissent les regards ! Arbres de brumes aux élans infinis ! Des vertiges de bruns s'élèvent, surgissent soudain,  se hissent vers des hauteurs...


Les cimes effilées lancent leurs épis verts et noirs, sur des cieux d'une clarté d'azur,  jettent sur l'horizon des fûts de verdures, aux teintes somptueuses.


Cyparissos ! Arbre divin, peuplé de dryades et d'hamadryades !


Arbres célestes, aux teintes sombres, qui escaladent le ciel et s'en emparent, pinceaux éblouissants sur l'azur, éclats de verts !


Les cyprès immuables dressent leurs fûts de verdures sur l'horizon bleuté, les cyprès s'élancent et vrillent le ciel de leurs parures ombrés.


Ils nous parlent du Sud, de la lumière, des soleils, des vents impétueux du Sud,  des chaleurs prégnantes, des parfums odorants de la garrigue, du thym, du romarin...

Ils chantent la Méditerranée, l'Italie, la Grèce, des temples anciens, où la pierre côtoie le vert, où les arbres font resplendir l'éclat du marbre !

Ils racontent toute l'harmonie du monde : le vert entrelacé au noir, au bleu, à la lumière !


Ils déploient des formes aériennes, impassibles, sereins, silencieux.


Douces sonorités de sifflante, de labiale ! Apreté de la gutturale "r" ! Délicatesse et rudesse des paysages du sud !

Les cyprès au nom grec murmurent la langue originelle, celle du sud, celle des paysans d'autrefois, celle d'Ulysse et d'Homère, celle de l'aède aux chants mystérieux...

Kuparissos ! Eclats solaires ! 

Les cyprès dont les fuseaux côtoient des bouquets d'arbres, des oliviers, des pins, aux rondeurs anisées, dessinent des envols...  ils tracent des lignes élancées, sur les nuées légères et subtiles...

Les cyprès dessinent des paysages, deviennent sculptures de bronze, sur les ciels lumineux du Sud.




 

 

 

 

Photos : rosemar

Cyparissos, arbre divin !
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15 avril 2015 3 15 /04 /avril /2015 15:50
L'épingle si fine, si légère...



 L'épingle, si fine, si légère, si pointue, nous fait sentir sa légéreté et sa piqûre à travers ses sonorités : douceur de la labiale "p", envolée de la voyelle nasalisée "in", et pointe acérée de la gutturale "g"...


L'épingle chère à la couturière, moins utilisée de nos jours, petite tige de métal, à bout pointu,  servait à fixer, à assembler des tissus pour confectionner toutes sortes de vêtements...

Mais on connaît, de nos jours, aussi d'autres épingles : épingle à cheveux, épingle à nourrice, anglaise, épingle à linge... de petits objets utiles.

Ce mot vient  d'un nom latin "spinula", diminutif de "spina", l'épine. Ce petit mot latin"spina" restituait bien, aussi, par sa brièveté, sa voyelle "i", très aiguë, la finesse de l'objet, du piquant d'un végétal.


"Epine, épingle", les deux termes sont formés sur un même radical, et l'épingle comporte un suffixe de diminutif qui ajoute de la délicatesse à l'objet !

L'épingle peut être si fine ! Elle est de si peu de poids qu'elle désigne, parfois, une chose de peu d'importance, de peu de valeur...
L'épingle traduit une légèreté, une évanescence, et paraît à la fois fragile et rude, à la fois douce et âpre.

Ce mot entre dans des expressions familières, connues de tous : "tirer son épingle du jeu" ou encore "être tiré à quatre épingles"... Habileté, élégance, parfois guindée, sont, ainsi, associées à ce terme.

Ce mot symbolise, aussi, la petitesse, une forme de modestie...

L'épine, elle, se fait sentir sur les ronces, les rosiers, elle évoque une difficulté, une nature rebelle, parfois... L'épine acérée blesse, abîme, meurtrit, fait retentir sa piqûre.

 

Que d'épines rencontrons-nous, tout au long de nos vies ! Que de tourments, que de blessures ! Que d'obstacles à franchir, à dépasser ! Ces épines, à n'en pas douter, nous font progresser,  évoluer et nous offrent des expériences renouvelées... et ce ne sont pas, souvent, de simples piqûres d'épingles !

Epine, épingle, aubépine, épineux, épi, épinette, épinard, épinoche : tous ces mots appartiennent bien à la même famille...

L'aubépine, la blanche épine, arbrisseau épineux de la famille des rosacées, décline de petites fleurs blanches, quelquefois roses ou rouges, d’une odeur très agréable, disposées en bouquets.

L'aubépine, "alba spina" réunit la blancheur de l'aube et la pointe de l'épine en un seul mot... Une belle association, pour cette fleur sauvage !

Tous ces mots, venus du latin offrent une parenté de sens, ils remontent aux origines de notre langue, à des temps très anciens.

Ils nous parlent d'une certaine poésie de notre langue, ils évoquent des formes, des couleurs, des idées, des sensations, des difficultés, tout un monde contenu dans les mots !

Couleurs de l'aube et de l'aubépine, blondeurs des épis, piqûres des ronces, éclats de rosiers, senteurs de fleurs, espoirs, renouveau, obstacles !

 

Ils suggèrent des images variées : fleurs épineuses, rosiers, églantiers, ronces aux mûres couleurs d'ébène, ondoyances d'épis, âpreté, finesse, légèreté...

 

Ils nous révèlent tout un univers de formes, de couleurs, de sonorités éblouissantes !


 

Auguste Renoir  Le chapeau épinglé, esquisse

Auguste Renoir Le chapeau épinglé, esquisse

Epines, auteur de la photo : 0X010C     creative commons

Epines, auteur de la photo : 0X010C creative commons

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13 avril 2015 1 13 /04 /avril /2015 16:25
Les humanités vont-elles disparaître ?

 



La nouvelle réforme des collèges entérine, bel et bien, la disparition du latin et du grec qui deviennent des Enseignements Pratiques Interdisciplinaires, mis en concurrence avec tous les autres projets de l’établissement, qui aura la charge de faire le « choix » entre ceux-ci, selon les moyens qui lui auront été accordés...


Ainsi, se trouve programmée la disparition de l’enseignement des Langues et Cultures de l’Antiquité, là où elles sont présentes aujourd’hui, car leur maintien ne tiendra qu’au bon vouloir local, après une mise en concurrence avec d’autres nouveaux projets. 


Que chacun en prenne conscience : les humanités sont essentielles, dans la formation intellectuelle, elles apportent une culture de base qui permet une réflexion sur notre monde, elles offrent une meilleure compréhension de notre langue et de notre culture...


Comment peut-on prétendre que le latin et le grec sont des "langues mortes", alors qu"elles vivent à travers la plupart des mots que nous utilisons ?


Alors que la langue anglaise exerce, un peu partout, une suprématie triomphante, il est temps de réagir et de défendre notre propre langue, composée essentiellement de latin et de grec.

Alors que l'anglais nous envahit de ses "like", de ses "hashtags", il faut préserver cet héritage précieux que nous avons reçu de l'antiquité.

Certaines réactions me font bondir, notamment, celle d'un commentateur parue sur le Journal Le Point, à la suite d'un article intitulé : Les humanités, avenir de l'humanité.

 

Voici ce qu'il écrit :

"Je suis passionné par Rome, mais...
Au XXIème siècle, la langue universelle est l'anglais, et non plus le latin, langue morte depuis des siècles. 
Apprendre une langue que plus personne ne parle sur Terre est absurde : il vaut mieux apprendre des langues... Latines, comme l'Espagnol, l'Italien ou le Portugais. 
Il vaut mieux étudier les passionnantes civilisations Grecques et Romaines que dégoûter les enfants en leur imposant des langues mortes. 
Dans leur collège, mes enfants me disent que tous les élèves latinistes détestent cette matière : on ne la conserve que pour la carrière des professeurs de grec et de latin !"

 


Tout d'abord, le fait de présenter l'anglais comme une langue universelle me semble pour le moins dangereux. Il faut, justement, lutter contre cette tendance qui fait de l'anglais une langue de référence.

Le langage informatique nous impose ce jargon, alors qu'on pourrait fort bien s'en passer.

Par ailleurs, utiliser l'expression "langues mortes" pour évoquer le latin et le grec est une hérésie, ce sont des langues anciennes qui restent présentes dans la plupart du vocabulaire que nous utilisons !

L'étymologie, ne l'oublions pas, permet de comprendre le sens essentiel des mots, elle offre un retour aux sources et souvent, elle restitue la définition même du mot.

Affirmer de manière péremptoire que la plupart des élèves détestent les langues anciennes est totalement abusif et absurde.

De nombreux élèves s'intéressent non seulement aux civilisations antiques, mais aussi à l'étude de la langue, qui apporte rigueur, solidité, ou encore à l'étymologie qui leur permet de maîtriser des notions essentielles : comment comprendre les spécificités du théâtre, de la poésie, sans se référer à l'étymologie de ces mots ?

Comment ne pas évoquer l'origine de nombre de mots littéraires qui remontent à l'antiquité ?

Le terme même d'humanités associé à ces disciplines nous en montre toute l'importance : dans un monde de technicité accrue, il est essentiel de ne pas perdre contact avec nos propres racines, avec ce qui constitue notre humanité et notre passé.

Dans un monde où la violence s'impose, où triomphe, parfois, la barbarie, les humanités nous permettent de retrouver un humanisme qui se perd et se délite, elles sont sources d'épanouissement et de réflexion, elles consolident les connaissances, elles montrent l'importance de l'effort, de la rigueur.

Elles constituent tout un passé, qui est le fondement de notre propre culture : le théâtre, la tragédie, la comédie, la fable, la philosophie sont nés en Grèce, tous ces mots viennent du grec.

Les mots "rhétorique, éloquence, grammaire, lettre" sont issus du grec et du latin, comme de nombreux mots de notre vocabulaire.

Les humanités vont-elles disparaître ? Seront-elles, désormais, réservées à une élite éprise de curiosité et de savoir ? Comment ne pas percevoir tout l'apport culturel, intellectuel, humain qu'elles nous délivrent ?

Comment peut-on envisager de réduire à neant ces enseignements aux multiples facettes qui sont les sources mêmes de notre culture ?


 
Une pétition à signer pour le maintien de l'étude du latin et du grec :

https://secure.avaaz.org/fr/petition/Madame_la_Ministre_Latin_et_grec_ancien_pour_tous_les_eleves_dans_tous_les_etablissements/?tiPHxbb

 

Deux articles sur le sujet :
 
http://www.lepoint.fr/chroniques/les-humanites-avenir-de-l-humanite-04-04-2015-1918618_2.php


 
http://www.lepoint.fr/editos-du-point/sophie-coignard/coignard-education-nationale-la-haine-de-l-excellence-13-04-2015-1920587_2134.php

 



 

La fresque du pêcheur

La fresque du pêcheur

Le début de l'Iliade

Le début de l'Iliade

Muse jouant de la cithare

Muse jouant de la cithare

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11 avril 2015 6 11 /04 /avril /2015 16:58
Naias ! mystères des ondes...

 

 

Des enroulements, des volutes, des tourbillons vertigineux, des efflorescences d'écumes naissent à la surface des ondes...

 

Naias ! Mystère des ondes et des marécages, roseaux entrelacés, nénuphars, fleurs éblouissantes de candeurs, ondoyances des eaux, les nymphes se fondent dans les flots et imitent le mouvement des vagues...


Naïades, nymphes des eaux et des fleuves ! Divinités des ondes, algues ondoyantes, toisons de longues chevelures !


Ondines venues d'un lointain passé ! 

Naïade ! Echos sonores de voyelles emplis de poésie ! Charme de ce mot étrange, avec ses trois voyelles successives, son tréma... Nom grec venu d'un lointain passé !


Des enroulements, des volutes, des tourbillons vertigineux, des efflorescences d'écumes naissent à la surface des ondes...
 

Aréthuse, Harmonia, Mélité surgissent du fond des fleuves et des sources, elles murmurent les échos renouvelés des flots.... Elles bruissent du chant de la vie.

Les algues roulent sous les eaux, forment des nuées de verts, les algues disent toute l'harmonie des sources...

Les murmures se perpétuent, les ondes se répondent, comme les échos des naïades !

Vert, bleu, reflets irisés de l'eau, les couleurs se mêlent, se confondent, les vagues se hérissent, se teintent de soleils, de lumières...

L'eau glisse, rivalise de tournoiements, de souplesse, de lucidité, de transparence....

L'eau devient naïade, elle parle, elle dit la splendeur des ondoyances, des rives couvertes de mousses, des soleils qui illuminent l'onde...




 

 

 

Photos : rosemar

Naias ! mystères des ondes...
Naias ! mystères des ondes...
Naias ! mystères des ondes...
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9 avril 2015 4 09 /04 /avril /2015 20:01
Le printemps est un barbare qui déchire les robes...

 


"Le printemps est un barbare qui déchire les robes, s'engouffre dans les villes, saccage les citadelles de la raison. Le printemps est une cathédrale de feuillage et de désir qui surgit dans les ruines de l'hiver."

C'est ainsi que René Frégni décrit l'irruption du printemps, dans un tableau à la fois brutal et poétique... Le printemps assimilé à un barbare semble tout emporter sur son passage...


 "Un barbare" ! Quelle violence, quelle cruauté, quelle sauvagerie surgissent, à la seule évocation de ce mot ! Les sonorités nous révèlent un être primitif et fruste.

 

La répétition redondante de la même syllabe restitue une sorte d'aspect primaire, d'autant que la gutturale "r" , consonne assez dure correspond bien à cette notion d'âpreté et de férocité...

La labiale "b" réitérée semble, aussi, nous montrer un être dont le langage est hésitant, rudimentaire, peu développé.

Ce mot très ancien nous vient directement du grec, "barbaros" : il désigne, à l'origine, l'étranger, celui qui parle un autre langage peu compréhensible, celui qui ne maîtrise pas la langue grecque...

Le "barbarisme" s'applique, ainsi, à des incorrections, des fautes de langue...

Terme particulièment expressif, le mot "barbare", formation d'onomatopée, évoque des bruits incompréhensibles... Il qualifie, à l'origine, tous les peuples qui ne sont pas gréco-latins...

Il en vient à désigner, ensuite, des êtres sauvages, grossiers, inhumains, cruels...

Quel mot éloquent ! Ce mot nous parle de langues différentes, jugées vulgaires, inintéressantes, il nous dit aussi toute la cruauté du monde : les guerres, les meurtres, les destructions, les exactions, la violence...

Il nous raconte des siècles de férocité, d'inhumanité, il nous dit également une forme d'intolérance puisque le barbare est, dans l'antiquité, celui qui parle une langue différente...

Il nous raconte notre monde fait de fureur, de fanatisme, de haines, il nous dit la brutalité, le mépris, l'arrogance des êtres humains.


L'homme n'a-t-il pas été le plus barbare des animaux, au cours des siècles et ne l'est-il pas encore, maintenant ?

Des guerres inhumaines se perpétuent, irrémédiablement, elles révèlent toutes les formes de barbarie qui traversent le monde.

Ce terme peut être utilisé aussi, dans un sens imagé, comme le montre la description du printemps, dans l'extrait de René Frégni. On y voit le printemps s'emparer du monde, dans une personnification pleine de violence et d'expressivité...

On apprécie ce type de barbarie qui s'abat sur la nature, la transforme, lorsque des feuillages et des désirs nouveaux apparaissent.

Le mot restitue, alors, toute cette force de la nature qui balaie les rigueurs de l'hiver.

On le voit : le mot "barbare", venu directement du passé, a connu une belle continuité, dans notre langue, avec une évolution de sens notable.

Ce terme à connotations péjoratives peut être employé dans un sens figuré, pour traduire une forme d'impétuosité et d'emportement. Venu du grec, il nous fait remonter aux sources de notre langue... plein de résonances, il évoque tout un passé et toute une histoire.

Comment ne pas apprécier toutes les nuances de ce mot, si riche de sens ?

Comment ne pas en voir tous les éclats et toute la force ?



 

Le printemps est un barbare qui déchire les robes...
Le printemps est un barbare qui déchire les robes...
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7 avril 2015 2 07 /04 /avril /2015 16:39
Désormais, un mot à bannir : chrétiens ?

 


 Devant le tollé général suscité par sa décision de censurer une affiche d'un concert des Prêtres, au "bénéfice des chrétiens d'Orient", la RATP a annoncé qu'elle revenait sur sa décision. Les nouvelles affiches, concernant le concert du choeur des prêtres du 14 juin prochain, comporteront, bel et bien, la mention "En faveur des chrétiens d'Orient."


Ouf ! On s'étonne, tout de même, de la première réaction de la RATP qui, à la suite de différentes pressions, avait décidé de supprimer l'expression "en faveur des chrétiens d'Orient", au nom de la laïcité.

La laïcité deviendrait -elle synonyme de bannissement et de censure ?

Après la vaine polémique des crèches installées dans certains lieux publics, on a vu renaître des délires invraisemblables sur une simple mention "au bénéfice des chrétiens d Orient" !

Ce mot "chrétien" serait-il une insulte, serait-il à bannir de tous les lieux publics ?


 

C'est absurde ! Alors qu'il s'agit de dénoncer les exactions, les crimes commis par des barbares sur des êtres humains, en l'occurrence, des chrétiens, on mégote sur l'emploi du terme chrétien...

La laïcité ne doit-elle pas se mettre au service des justes causes ? Quand des chrétiens se font massacrer par l'Etat islamique, peut-on rester indifférent au sort qui leur est réservé, faut-il fermer les yeux ? L'espace public doit -il être coupé du monde et de ses réalités ?

C'est, d'ailleurs, une attitude qui se répand : un mépris de ce qui se passe hors de nos frontières, un refus de voir ce qui se passe au loin, une forme de lâcheté confortable...


Faudra-t-il même s'interdire de prononcer certains mots ou de défendre des causes qui le méritent ?

On se souvient, aussi, que des crèches installées dans des lieux publics avaient suscité des révoltes et des indignations. Pourtant, les crèches sont une tradition bien vivante, dans nombre de régions, notamment en Provence...

Et ces crèches ne sont, pas du tout, une publicité pour la religion chrétienne, elles répondent à des habitudes, des traditions anciennes.

Dans le cas de cette affiche, un moment censurée, on perçoit les dérives d'une laïcité intransigeante, sans nuances, qui ne sait pas s'adapter à la vie des gens, à la réalité.

On voit bien les excès auxquels on aboutit : un simple mot provoque des réactions inadaptées et démesurées.

Un simple mot devient une affaire d'état, alors que ce mot fait partie, aussi, de notre culture !


Assez de polémiques inutiles qui ne traitent pas des vrais problèmes ! Va-t-on en arriver à renier toutes nos racines chrétiennes, au nom de la laïcité ?

C'est absurde et on voit que certains s'emparent de la notion de laïcité pour s'attaquer à la liberté d'exprimer des idées, ou encore pour stigmatiser des traditions qui font partie de notre culture... Les français sont, aussi, en majorité des chrétiens, de culture chrétienne.

Défendre les chrétiens d'Orient n' est-il pas un devoir, ne faut-il pas s'opposer à tous les massacres et toutes les oppressions, d'où qu'elles viennent ? Evitons de confondre neutralité et aveuglement...

La neutralité ne doit pas non plus nous conduire à une forme de lâcheté : le refus de voir des oppressions, des crimes, des horreurs...


 


 
http://www.20minutes.fr/societe/1580055-20150406-affiche-censuree-metro-bevue-ratp-devient-affaire#xtor=RSS-145



 

Désormais, un mot à bannir : chrétiens ?
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6 avril 2015 1 06 /04 /avril /2015 07:44
La galline, un mot qui rayonne d'éclats solaires...

 

 

La galline, un mot bien connu en Provence, venu du latin "gallina", désigne la poule, dont les oeufs, symboles de vie, de fécondité, de renaissance sont traditionnellement associés à la fête de Pâques.

Le mot "galline" a été remplacé, en français, par le nom "poule", issu, lui, du latin "pullus", "le petit d'un animal".

La "galline" ! Voilà un mot qui rayonne d'éclats solaires, un mot du sud, dont les sonorités évoquent le parler de Provence...

La galline nous fait entendre des éclats de rires, avec sa voyelle "a", très ouverte, le son "i" plus fermé.

Il existe, à Marseille, une chapelle dédiée à la Galline, chapelle située au lieu-dit la Nerthe, dans le 16e arrondissement, sur les hauteurs de l'Estaque...

 Le nom de la chapelle "Notre Dame de la galline", lui vient d'une statue de la vierge et de l'enfant Jésus qui porte, sur son bras, une poule. La statue en bois richement décorée d'or, aux couleurs de bruns et de bleu suscite l'intérêt et l'admiration de tous les visiteurs... La vierge et l'enfant  couronnés de diadèmes scintillants, esquissent un léger sourire, empli d'apaisement...

La poule qui protège ses oeufs, ses poussins n'est-elle pas un symbole de maternité et de bienveillance ?
La vie, si précieuse, représentée par l'oeuf doit être entourée de protections, d'autant plus lorsqu' elle en est à ses débuts...
Ainsi, la galline nous montre l'importance de la vie, si fragile, soumise à tant d'aléas et de difficultés.

Dans un monde de haine, où sévissent encore tant de guerres cruelles et inutiles, où des barbares tuent, assassinent, en ces jours de fêtes de Pâques, il serait temps de prendre conscience que, seule, la vie a de l'importance : toute vie mérite notre attention, et notre protection.

La poule connaît le prix de la vie, la galline protège sa couvée, comme une mère peut le faire...

Le mot, lui même, "la galline" résonne d'échos bienveillants, avec le suffixe  -ine qui a, souvent, une valeur de diminutif, à connotation affective...

La galline évoque aussi le sud, la beauté des paysages, et des collines, autour de l'Estaque, le thym, le romarin, la lavande, la garrigue, des parfums de Provence...

La mer toute proche, ses enroulements de vagues, ses murmures infinis, ses embruns de liberté et d'audace, ses colères et ses tempêtes.

 

Le soleil du sud, quand souffle le mistral et  que le ciel s'embrase de bleus...
La "galline" nous raconte tous les parfums, toutes les couleurs, toutes les harmonies, les chants du sud !

La "galline" nous raconte des ruissellements d'oliviers, des gringoles couvertes de pins, des calanques de pierres blanches.

Elle nous emmène vers le Sud rayonnant, vers le soleil, source de vie, de bonheur...
 

 

 

Photo  en haut de l'article, auteur : Eponimm  creative commons

Notre Dame de la Galline : la statue de la Vierge et de l'enfant Jésus qui porte une poule  Photo de Fr Latreille   creative commons

Notre Dame de la Galline : la statue de la Vierge et de l'enfant Jésus qui porte une poule Photo de Fr Latreille creative commons

Le vitrail de Notre Dame de la Galline  Photo de Fr  Latreille  creative commons

Le vitrail de Notre Dame de la Galline Photo de Fr Latreille creative commons

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1 avril 2015 3 01 /04 /avril /2015 13:58
Un poisson pour ouvrir le mois d'avril...

 


 
Le mot "poisson" remonte à l'antiquité : issu du latin "piscis", ce terme générique désigne toutes sortes de variétés : sole, sardine, rascasse, thon, cabillaud, loup, truite, brochet, dorade, girelle, lotte, autant de noms différents et évocateurs pour ces habitants des mers et des fleuves...

Ce terme "poisson" suggère des images marines étonnantes : des poissons irisés de soleil sous l'eau, aux reflets ondoyants, des éclats de couleurs variés, des brillances, des dorures. Le mot lui-même, avec sa labiale initiale "p", ses deux sifflantes "ss", sa voyelle nasalisée "on", nous emmène dans une autre dimension, celle des profondeurs marines, mystérieuses, envoûtantes, secrètes.

Le mot résonne d'éclats grâce à ses deux sifflantes qui nous font percevoir des éclats de soie, des écailles somptueuses. La voyelle nasalisée nous montre les ondoyances de l'animal sous les flots : le poisson ondule, se meut avec souplesse dans l'élément marin.

 

De nombreux mots sont des dérivés du nom latin "piscis" : le pêcheur, le pescadou, le verbe "pêcher", l'adjectif "piscivore", la piscine, la pisciculture. Et dans certains de ces mots, on retrouve le radical ancien "piscis", non altéré, alors qu'il a subi des évolutions phonétiques notables dans le terme "poisson"...


Le nom "poisson" révèle, ainsi, une formation populaire et familière, ce mot n'en paraît que plus précieux : issu du peuple, il a donné, lui-même, lieu à des dérivés : poissonneux, poissonnier, poissonnerie.


En grec, c'est le terme "ichthys" qui désigne le poisson : il est à l'origine de quelques termes savants : "ichtyophage, ichtyosaure, ichtyologie". Ce mot suggère bien, par sa graphie et ses consonnes aspirées, toute l' étrangeté de cet animal lié au monde marin.

 

Le poisson revêt toutes sortes de formes et de dimensions : certains de ces êtres aquatiques ressemblent à des galets posés au fond de l'eau, d'autres sont hérissés d'antennes aux reflets d'ocres, d'autres brillent de reflets argentés... Certains s'irisent d'écailles sombres ou luisantes...

Les poissons évoquent, ainsi, le monde de la mer, des odeurs iodées, des embruns, des images de vagues redoublées souvent impétueuses, des images d'infini et de liberté...

Les vagues se hérissent d'écumes, de brumes éblouissantes, la mer fait entendre son chant redoublé, ses murmures infinis, elle déroule ses couleurs variées et nuancées : verts, bleus, ocres, blancs. Les vagues déferlent sur la grève... et sur le bord, on peut entrevoir ce monde marin, où ondoient des muges, des gobies, du menu fretin.

 

Le poisson lié à la mer, aux fleuves et aux rivières, à l'eau, à la fluidité des ondes, nous laisse entrevoir des transparences, des clartés, des limpidités, il nous emporte dans les replis des flots, il nous fait rêver à un monde ondoyant, plein de mystères...

 

 

 

 

 

 

Un poisson pour ouvrir le mois d'avril...
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31 mars 2015 2 31 /03 /mars /2015 16:09
Voici revenu le temps des asperges...

 

Voici revenu le temps des asperges ! Temps si court, si rapide, où nous sont offertes ces pousses délicieuses, qu'on aime savourer à la vinaigrette.

L'asperge annonce le printemps, les beaux jours, elle se cache sous la terre, et il faut la cueiilir dans les profondeurs du sol.

Le mot lui-même révèle des sonorités pleines de douceur, sifflante "s", labiale "p", chuintante "g". Seule la gutturale "r" lui apporte une pointe d'amertume...

Blanche, verte, ou violette, l'asperge est un mets délicat et précieux. Sa saveur pleine de finesse, de fraîcheur, de simplicité nous donne un avant-goût du printemps.

Délices d'asperges ! Pousses sauvages qu'on peut découvrir en pleine nature !

Le mot "asperge", venu du latin "asparagus" et plus anciennement du grec "asparagos", comporte des origines lointaines. Le terme "asparagos", avec sa voyelle "a" réitérée, nous fait entendre des sonorités emplies de poésie : ce mot redondant déroule ses syllabes dans une belle harmonie...

L'asperge a des racines gecques, elle renvoie à un passé mythique, celui de la Grèce antique, "l'asparagos", avec sa finale grecque, nous fait entendre cette langue d'autrefois qui est si présente dans de nombreux mots français !

Le nom "asparagos" nous fait goûter à des sonorités lointaines, exotiques et étranges...

"L'asparagos" nous montre que notre langue est constituée de latin, de grec et que ces langues vivent, encore, dans des mots très simples du quotidien, que tout le monde connaît.

L'asperge, plante grecque et latine était très appréciée par les anciens : elle entrait dans des recettes raffinées qui nous sont parvenues, grâce à Apicius, un célèbre gastronome du premier siècle, par exemple, la Patina de asparagis frigida ou Patina froide d'asperges...
 
  PATINA DE ASPARAGIS FRIGIDA
 Accipies asparagos purgatos, in mortario fricabis, aqua suffundes, perfricabis, per colum colabis. Et mittes <in caccabum> ficedulas curatas. Teres in mortario piperis scripulos VI, adicies liquamen, fricabis, <postea adicies> vini cyathum unum, passi cyathum unum, mittes in caccabum olei uncias III. Illic ferveant. Perunges patinam, in ea ova VI cum oenogaro misces, cum suco asparagi impones cineri calido, mittes impensam supra scriptam. Tunc ficedulas compones. Coques, piper asperges et inferes.
Apicius, Art Culinaire, livre IV, 132
Vocabulaire du texte
 
Traduction :
Patina froide d'asperges
Prenez des asperges bien nettoyées, écrasez-les dans un mortier, arrosez-les d'eau, écrasez-les complètement, et passez au tamis. Mettez <dans un plat> des becfigues vidés. Pilez dans un mortier six scrupules de poivre, ajoutez du garum et triturez, puis un cyathe de vin et un de vin paillé. Mettez trois onces d'huile dans une cocotte où vous ferez bouillir le tout. Graissez une casserole, mélangez-y six oeufs avec du garum au vin et placez-la avec la purée d'asperges dans la cendre chaude. Versez-y la préparation indiquée ci-dessus et disposez alors les becfigues. Faites cuire, saupoudrez de poivre et servez.



L'asperge, appréciée des romains reste un mets de choix : la blanche, la plus délicate, la plus fine est, sans nul doute, la meilleure... L'asperge violette au goût fruité est aussi délicieuse.

Voici revenu le temps des asperges ! Profitons-en pour goûter ce légume de choix, au parfum savoureux ! Source de vitamines, l'asperge contribue à une bonne santé, et à un parfait équilibre nutritionnel.


 
Des recettes antiques :

http://www.domainelacroixdubattut.com/recettes-romaines.html

 

Pour en savoir plus sur l'asperge :

 http://www.passeportsante.net/fr/Nutrition/EncyclopedieAliments/Fiche.aspx?doc=asperge_nu

 

http://www.marmiton.org/magazine/diaporamiam_asperge_1.aspx

 

 

 

 

Miniature du Moyen-age

Miniature du Moyen-age

Un tableau de Maria Vos

Un tableau de Maria Vos

Tableau de Adriaen Coorte

Tableau de Adriaen Coorte

Tableau de Louise Moillon

Tableau de Louise Moillon

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