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9 avril 2025 3 09 /04 /avril /2025 09:21
Il n'y a pas de langue morte...

Il convient de réhabiliter l'enseignement du latin, du grec qui sont des disciplines essentielles dans la formation intellectuelle...

Trop souvent, les parents considèrent sans intérêt pour leurs enfants d'apprendre une langue qui ne se pratique pas. C'est oublier toute la richesse de la culture de l'Antiquité : arts, littérature, poésie, histoire, philosophie, mythologie...

Une civilisation, une culture raffinées : voir naître la tragédie, la comédie, le théâtre en Grèce, voir apparaître la fable, l'histoire, l'épopée, un des tout premiers genres littéraires, lire Homère dans le texte, et tous les autres auteurs, Aristophane, Platon, Hérodote, lire les écrivains latins : Virgile, Catulle, Sénèque... c'est découvrir le creuset même de toute notre littérature.

 

C'est aussi façonner son cerveau, son intelligence par la pratique d'exercices comme la version, le thème...

Ces disciplines exigeantes réclament des efforts conséquents : elles sont donc particulièrement formatrices à l'heure où l'intelligence artificielle favorise et encourage la paresse.

 

Selon Raphaël Gaillard, "la culture laisse une trace en nous. 85 milliards de neurones dans notre cerveau, des millions de milliards de connexions... notre encéphale est une forme inachevée, et c'est la culture qui vient tenter, sans jamais d'ailleurs y parvenir, de la parachever... L'enjeu n'est pas ce que le cerveau stocke, mais la façon dont ce qu'il a momentanément stocké modifie son fonctionnement, sa forme.

Car ce que nous avons su un jour laisse son empreinte sur nous. Chacun de nos savoirs modifie nos réseaux cérébraux, et désormais ceux-ci fonctionneront différemment, quand bien même ce savoir n'est plus.

La matière cérébrale traversée par les savoirs en garde une trace indélébile... plus cette empreinte est précoce, plus elle est forte...

 

Ainsi tout apprentissage modifie notre cerveau, et cette transformation peut avoir toutes sortes de propriétés. Le paradigme le plus évident est celui des langues dites mortes. Elles sont qualifiées ainsi car n'étant plus parlées de nos jours. Et leur apprentissage s'étiole, les parents ne voyant pas l'intérêt que leur progéniture apprenne une langue qui ne se pratique pas.

Mais l'apprentissage du latin et du grec vaut tout d'abord par l'univers auquel il donne accès... une culture aussi puissante et raffinée pendant l'Antiquité... accéder à ce savoir par le labeur du déchiffrage d'un texte, la version latine, c'est pleinement prendre possession d'un savoir..."

Et Raphaël Gaillard ajoute : " J'affirme qu'un cerveau n'est plus le même ensuite... Contrairement à ce que l'expression consacrée laisse entendre, on ne perd jamais son latin : on le fait sien... Apprendre une langue... c'est donner une autre forme à son cerveau."


 Efforts, volonté, persévérance, concentration : le grec et le latin permettent une formation intellectuelle solide et de qualité.

 

Source :

 

https://www.babelio.com/livres/Gaillard-Lhomme-augmente/1589806

 

 

Il n'y a pas de langue morte...
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16 octobre 2024 3 16 /10 /octobre /2024 09:42
Langues anciennes en péril...

 

Comment sauver les langues anciennes dans une société où la notion d'effort se délite, où l'on vit dans l'instantanéité, où la consommation est reine ?

Pourtant, notre école est en crise, le niveau d'un certain nombre d'élèves est préoccupant : leur maîtrise de la langue française est approximative... orthographe, grammaire, syntaxe posent problème... le constat est terrible : un échec et des lacunes dans l'acquisition de la langue française...

 

Alors pourquoi ne pas rendre le latin obligatoire en collège ? Le latin est tellement présent dans notre langue, dans nos mots, dans notre vocabulaire, dans notre grammaire.

En écrivant cette phrase, je prends d'ailleurs conscience que tous les mots qui la composent viennent du latin... "latin" vient de "latinus", le verbe "être" vient du latin "esse", "tellement" de "talis", "présent" de "praesens", "dans" vient de "intus", "langue" de lingua, "mot" de "muttum", "nos, notre" de "noster", "vocabulaire" de "vocabulum" lui même issu du verbe latin "vocare", "appeler", "grammaire" vient de "grammatica", lui-même venu d'un mot grec : "gramma".

80% de nos mots sont d’origine latine.

Le latin est un retour aux sources de notre langue, il permet de connaître les racines étymologiques, l'orthographe, le sens des mots.

 

Le latin, c'est aussi une garantie de rigueur dans l'apprentissage et dans l'analyse. La version latine offre la possibilité de développer des capacités d'analyse exceptionnelles...

Faire du latin, c'est encore redécouvrir les fondements et les racines de notre culture et de notre littérature... poésie, philosophie, histoire, de nombreuses oeuvres antiques sont à découvrir...

Une école de l'effort réhabilité enfin avec l'étude du latin... car cette discipline est exigeante, elle demande des efforts, de la persévérance, de l'ambition, une volonté d'apprendre, et c'est pourquoi elle doit être préservée, une façon, sans doute, de combattre une certaine facilité, un laisser-aller qui envahissent nos sociétés.

 

Apprendre le latin, sans conteste, c’est retrouver sa langue, la vraie, sa mémoire littéraire, philosophique… c’est aussi s’imprégner d’autres langues : l’italien, l’espagnol...

Et bien sûr, c'est mieux maîtriser notre langue, le français qui vient directement du latin. Toutes les disciplines pâtissent de l'affaiblissement du niveau en français... dans toutes les disciplines, les élèves sont amenés à rédiger : histoire, géographie, philosophie, sciences et même mathématiques...

La langue, c'est l'outil essentiel de la pensée... et le latin permet de mieux l'assimiler, de mieux l'utiliser, de mieux la comprendre.

 

 

 

Source :

 

https://www.marianne.net/societe/education/a-ce-train-dans-10-ans-nous-nexistons-plus-les-langues-anciennes-des-disciplines-en-voie-de-disparition

 

 

 

Langues anciennes en péril...
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17 janvier 2024 3 17 /01 /janvier /2024 10:45
Le latin et le grec pour sauver l'Education...

 

Depuis des années, l'enseignement du latin et grec a été sacrifié dans les collèges et les lycées de France, comme si la culture et la sagesse antiques ne valaient plus rien...

Quelle erreur ! Les anciens nous ont légué tant de leçons de sagesse qu'il conviendrait de redécouvrir dans notre monde moderne saturé d'informations...

 

On se souvient, par exemple, de cette maxime inscrite au fronton du temple de Delphes : "ΜΗΔΕΝ ΑΓΑΝ (Mêdèn agan)" ... "rien de trop". Cette maxime incite les hommes à garder la juste mesure en toutes choses.

Or, n'est-ce pas la démesure, l'hybris qui règnent dans notre monde moderne ? Croissance infinie, pollutions multiples, démesure revendiquée du progrès, etc.

 

Ou encore comment ne pas percevoir toute la pertinence de cette phrase de Plutarque : "Le commencement du bien vivre, c'est de bien écouter..."

Dans un monde où tout le monde parle et où plus personne n'écoute vraiment, nous avons plus que jamais besoin de revenir à cette sagesse antique...

 

Ces enseignements sont aussi particulièrement formateurs : rigueur de l'apprentissage, de l'exercice de la traduction...

Un exercice difficile qui exige une bonne maîtrise de la langue, du bon sens, une certaine finesse.

Un exercice dont Olivier de Kersauson en personne fait l'éloge :

"Avec l'abandon du grec et du latin, on a fabriqué beaucoup d'idées fausses. C'est à dire que l'enseignement du grec et du latin forçait à faire une traduction. Traduire, c'est d'abord comprendre... C'est un vrai exercice. Vrai exercice dans lequel on faisait des contresens, parce que nous avions mal interprété, parce que la pensée n'était pas exactement affûtée pour comprendre ce qui était transmis.

 

On a complètement arrêté ces exercices de la version et du thème. Donc, les individus ont commencé à penser à côté. Il n'y a pas de pensée sans langage, et à partir du moment où on n'a pas saisi la réelle valeur du langage, on ne peut pas saisir la réelle valeur de la pensée ! ça ne tient plus. Et c'est ce qui s'est passé. Et c'est ce qui se passe.

Et on emploie de plus en plus de mots complètement incohérents, le vocabulaire est employé à tort et à travers par des types ignorants.

La sauvagerie est aussi due à l'ignorance. Or, l'ignorance s'étend comme une nappe d'huile. On la voit partout, l'ignorance, elle est partout..."

 

Le latin, le grec sont des écoles de rigueur et d'exigence : il est temps de les remettre à l'honneur !


Le grec et le latin sont le substrat de notre langue, de notre littérature : les auteurs anciens nous ont légué des textes remarquables, emplis de bon sens et de réflexion.

Pour bien vivre le présent, nous avons besoin de cette culture, de ces repères, nous devons nous référer à ce passé qui nous a nourris et nous nourrit encore...
 

 

 

 

Le latin et le grec pour sauver l'Education...
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16 février 2019 6 16 /02 /février /2019 12:35

La magnificence du mimosa...


 

Le mimosa aux fleurs exubérantes embaume les jardins de l'hiver...Des myriades de fleurs couleur d'or et de lumière tapissent les branches de l'arbre : des étincelles flamboyantes éblouissent les yeux...

Le nom même du "mimosa" intrigue, étonne : d'où vient ce mot aux sonorités de douce labiale redondante, aux voyelles variées ? Un nom issu du latin "mimus", et plus anciennement du grec μῖμος, "le mime", en raison de la contractilité de la plante.
 
Les parfums du mimosa sucrés, doux envahissent l'espace, des senteurs uniques se répandent, des effluves pleins de bonheurs de l'été rayonnant...Les fleurs explosent en bouquets remplis de luminescence...
 
 Les fleurs rondes se déclinent dans des tons de jaunes, clairs ou brillants, de blanc, de crème ou d'orangé... Un duvet subtil les garnit de filaments soyeux. Les fleurs retombent en grappes abondantes autour de l'arbre et s'épanouissent en rameaux éblouissants.
 
Les boules cotonneuses, légères, étincelantes remplissent les arbres... les feuilles, souples, fines, dentelées, d'un vert subtil se couvrent d'une multitudes de boutons d'or : de loin, on dirait de la soie, une moire d'étincelles et de luminosités...
 
Le mimosa, fleur de l'hiver nous séduit par ses couleurs chaudes, ses senteurs à la fois douces et tenaces, le mimosa fait éclater et resplendir ses petites fleurs duveteuses... qui répandent des odeurs de miel doré...
 
Les fleurs blondes, de xanthe ressortent sur les feuillages aériens, souples,aux réseaux serrés et denses...
 
Les mimosas dessinent des panaches de lumière sur l'horizon de l'hiver... ils adoucissent de leurs couleurs, de leurs parfums les froids rigoureux, les frimas au coeur de l'hiver.
 
Senteurs et splendeurs du mimosa ! Quelles images de rêve d'été et de bonheurs infinis ! Quels rivages sereins et bienheureux ! Quels effluves savoureux !
 
Les mimosas, fleurs du sud et du soleil, en imitent la couleur dorée, ils nous font songer aux douces senteurs de l'été...

 

 

https://youtu.be/ikQNFqVkNNc
     
 

 

 
 

 

 

La magnificence du mimosa...
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2 juin 2018 6 02 /06 /juin /2018 13:22
Au-dessus, les météores hirondelles...

 

 


 "Le peuple des prés m'enchante. Sa beauté frêle et dépourvue de venin, je ne me lasse pas de me la réciter. Le campagnol, la taupe, sombres enfants perdus dans la chimère de l'herbe, l'orvet, fils du verre, le grillon, moutonnier comme pas un, la sauterelle qui claque et compte son linge, le papillon qui simule l'ivresse et agace les fleurs de ses hoquets silencieux, les fourmis assagies par la grande étendue verte, et immédiatement au-dessus, les météores hirondelles ..."
 
  

C'est ainsi que René Char décrit une nature pleine de vie qui l'éblouit et l'enchante... Les hirondelles devenues des "météores" grâce à une image poétique couronnent le tableau...

 

Le nom "météore" nous fait lever les yeux vers le ciel : ce mot ancien désigne, d'abord, des phénomènes atmosphériques, comme les éclairs, le tonnerre, la pluie, la neige....

Il évoque aussi un corps solide qui se consume en traversant l'atmosphère, et dans un sens figuré, un être ou un objet qui font une impression très fugace...

 

Le mot nous laisse entendre des consonnes variées : labiale "m" pleine de douceur, dentale éclatante "t" et une gutturale "r" emplie de force...

Beauté, éclats, vivacité sont, ainsi, restitués dans ce mot aux sonorités poétiques : la voyelle "é" réitérée traduit une sorte d'écho apaisant.

 

Le météore peut briller de feux somptueux, éblouir les regards, attirer l'attention, scintiller dans les airs...

Le météore évoque un ciel parcouru d'étoiles filantes, des éclairs de feux dans la nuit, des embruns lumineux qui traversent la voûte céleste.

Fugitif, le météore s'évanouit, s'évapore, en laissant dans les yeux des images de lumières...

 

Les "Météores" désignent aussi des pitons rocheux où ont été construits, en Grèce, des monastères... Paysages abrupts de rocs qui s'élèvent vers le ciel... Paysages somptueux aux rochers abrupts et escarpés.... Visions aériennes de pics inaccessibles voués à la méditation et la contemplation.

Les Météores fascinent par leur hauteur impressionnante, leurs rochers dupliqués, leurs envols de pierres.

 

Ce mot ancien venu du grec "μετέωρος, meteôros, élevé, dans les airs" suggère des envolées aériennes.

Issu d'un verbe "airo, lever, élever", ce terme nous transporte sur des sommets, des hauteurs vertigineuses.

 

Il nous fait rêver à des visions fugitives d'étoiles à peine entrevues, éblouissantes...

Ce terme assez rare, peu employé, revêt une dimension poétique et suscite l'imagination. Ce mot aérien nous séduit par ses résonances, les images qu'il suggère...

 

Les "météores hirondelles" évoquées par René Char nous emmènent dans un univers poétique où les oiseaux sont assimilés à de fugitives apparitions d'étoiles : merveilleuse métaphore qui restitue le vol rapide et virevoltant des hirondelles !

 

 


 

 

 

 

 

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28 avril 2018 6 28 /04 /avril /2018 13:04
Certains paysages nous parlent aussi...

 

 

 

La "parole" donnée aux hommes permet d'exprimer tant d'idées, de nuances, elle passe par des mots, des intonations, des sonorités, des harmonies ou des dissonances !

Quelles richesses dans la parole humaine, quelle diversité de langues, de mots ! Quelle inventivité !

 

Ce mot de trois syllabes, avec sa première consonne labiale, sa gutturale, ses voyelles ouvertes restitue bien cette volonté de s'exprimer, de communiquer...

Voilà un mot simple dont on a oublié les origines latines : ce nom vient du latin "parabola" et plus anciennnement du grec "parabolé", "comparaison, similitude"...

Issue du verbe grec, "paraballo", "comparer, placer à côté", la parabole permettait une comparaison, un rapprochement... Le mot a été utilisé dans un sens évangélique pour évoquer une allégorie à valeur morale.

 

Les noms "parabole, parole" ont donc une même étymologie mais se sont spécialisés dans des sens différents.

Le mot s'est contracté en "paraula", puis en "parole" et a fini par remplacer l'ancien mot latin "verbum", qui désignait le mot, la parole.

Le nom "verbum", lui, a donné le terme "verbe", le mot essentiel d'une phrase ou encore dans un sens ancien, "le fait de parler, de s'exprimer".

 

Le verbe, la parole ! Deux mots si importants, pleins de résonances, d'éclats !

La parole, c'est ce qui caractérise l'homme, qui lui permet de s'épanouir, de progresser, d'inventer, de créer...

La parole, c'est une multitude de combinaisons, d'associations, c'est toute la richesse de la pensée humaine !

 

Ce mot contient tous les autres... La parole passe par la voix humaine, des articulations diverses, des mots à l'histoire parfois complexe, des mots qui évoluent, qui ont différentes significations, des mots éblouissants ou terribles.

 

La parole, c'est aussi la musique des mots qui nous charment, une harmonie de sonorités, des textes si divers, si riches de sens, de beauté...

Et certains paysages nous parlent aussi, comme si le monde reflétait une harmonie secrète, certains paysages, certains arbres, certaines fleurs, des ciels enflammés du soir nous parlent et nous disent l'essentiel...

 

La parole peut être harmonie mais elle peut être ausi vecteur de haine, de mépris, elle peut être aussi terrible qu'un orage violent qui s'abat sur la nature, elle peut être manipulatrice, trompeuse.

Elle est le meilleur et le pire de l'être humain... Essayons de l'utiliser pour en montrer toutes les richesses, tous les dangers, aussi.

La parole, les mots sur internet sont parfois terrifiants : invectives, propos de haine et de mépris...

 

La parole humaine mérite mieux que cela : elle devrait élever l'homme et non le rabaisser, elle devrait être au service d'une pensée structurée, d'une littérature humaniste au service des hommes...

Elle devrait être parole raisonnée et non un pur réflexe, elle devrait être réflexion, elle devrait servir la pensée, la poésie.

 

 

 

 

 

 

Photos : rosemar

Certains paysages nous parlent aussi...
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7 mars 2018 3 07 /03 /mars /2018 10:04
L'histoire des mots est passionnante...

 

 

Les mots de notre langue remontent souvent à des origines lointaines : 80 % des mots français viennent du latin et du grec...

 

Le sens premier de ces mots permet de mieux comprendre la signification profonde de notre vocabulaire, de percevoir des évolutions notables.

La langue, les mots façonnent et disent notre rapport au monde : ils reflètent une façon de voir le réel...

 

Ainsi, le nom  "κόσμος, cosmos" a des origines grecques : il désigne l'ordre du monde, une forme d'harmonie et de beauté à laquelle les Grecs étaient sensibles...

On peut remarquer que ce mot a gardé en français la forme exacte qu'il avait en grec ancien, avec sa terminaison en -os bien caractéristique.

Le terme "cosmétique" vient aussi de ce radical, avec une spécialisation de sens.

Ce mot a lui-même pris deux significations : il désigne "un produit qui sert à entretenir la peau, à la rendre belle", et il a aussi un sens ironique : "inefficace, qui n'a d'effet qu'en apparence..."

Chute bien misérable pour ce dérivé d'un mot qui désignait d'abord l'ordre du monde !

 

On connaît de nombreux autres mots qui viennent de ce radical : "microcosme, macrocosme, cosmopolite, cosmogonie, cosmologie, cosmique, cosmonaute..."

Cette famille de mots remonte au grec, et on en voit toute la productivité : même un terme qui désigne une réalité moderne "cosmonaute" vient du grec ! Le cosmonaute étant celui qui navigue dans le cosmos...

Le nom "kosmos" ne nous montre-t-il pas toute l'admiration qu'éprouvaient les Grecs pour l'agencement du monde ? Une admiration que nous avons quelque peu perdue... hélas !

Nous oublions, de nos jours, de contempler le monde et ses merveilles, nous ne percevons plus les leçons qu'il nous délivre...

 

Il est utile aussi parfois de connaître l'origine des mots pour mieux comprendre la réalité qu'ils désignent : ainsi, le nom "théâtre" est bâti sur le radical d'un verbe "θεάομαι, theáomai voir, regarder"... on perçoit aussitôt ce qu'est l'art théâtral : un art visuel qui se prête à une mise en scène.

Le nom de la "poésie" est, quant à lui, issu d'un verbe grec : "ποιεῖν poiein", "faire, créer".

On conçoit  bien que la poésie est l'art de créer un nouveau langage qui n'est pas le parler ordinaire.

Ainsi, l'étymologie nous révèle parfois l'essence même des mots.

Autre exemple : la plupart des noms d'arbres nous viennent du latin ou du grec :  "πλάτανος, platanos, platanus, le platane", "populus, le peuplier", "laurus, le laurier", "alnus, l'aulne", "arbutus, l'arbousier", "cedrus, le cèdre", "κυπάρισσος, le cyprès", "ficus, le figuier"...

Le nom générique de l'arbre est lui-même issu d'un terme latin "arbor".

Et tous ces substantifs sont anciennement de genre féminin, les arbres étant reliés à la terre nourricière.

Les anciens pensaient que chaque arbre était habité par une nymphe, chaque arbre était considéré comme un être vivant.

On perçoit ainsi tout le respect qu'avaient nos ancêtres pour la nature, un respect que nous avons, hélas, tendance à négliger, de nos jours.

Les mots ont une histoire révélatrice : ils mettent en évidence la signification profonde de notre vocabulaire, ils traduisent aussi des valeurs, une façon de concevoir le monde...

 

 

 

 

 

L'histoire des mots est passionnante...
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24 février 2018 6 24 /02 /février /2018 14:23
L'oeil rond du Cyclope...

 

 

 

Le mot "cyclope" évoque les origines mêmes de notre littérature et un des plus célèbres épisodes de l'Odyssée d'Homère, un des plus effrayants aussi : celui du Cyclope Polyphème... on se souvient de ce monstre cruel qui dévore les compagnons d'Ulysse, méprisant, ainsi, les lois sacrées de l'hospitalité, si chères aux grecs.

 

Le Cyclope nous fait voir la rondeur de sa voyelle "o" en son centre, et, aussitôt, on entrevoit l'oeil rond et unique de cet être fruste.

Ce personnage est décrit, dans l'Odyssée, comme l'envers de l'humanité : cruel, impitoyable, il se comporte comme un monstre avide de sang humain, une sorte d'ogre féroce...

Il fait partie d'un peuple de pasteurs qui  ne pratiquent pas l'agriculture, vivant de ce que la nature leur procure ; ce sont des bergers mangeurs de fromages et de grands consommateurs de viande. Ils n'ont aucune organisation politique.

 

L'œil unique pourrait être le symbole d'un état primitif de l'évolution et de l'intelligence. Dans la mythologie grecque, les Cyclopes sont parmi les premières créatures de l'univers, créatures imparfaites. Ce sont des forces primitives de nature explosive, volcanique, d'où leurs rapports étroits avec Héphaïstos, le dieu des volcans.

 

Le Cyclope inquiète et fascine, en même temps : le mot déroule, d'ailleurs, des consonnes variées, une sifflante initiale pleine de douceur, une gutturale plus âpre, une labiale empreinte de séduction.

Il représente une force brutale, et il aime tout de même les plaisirs de la vie : on le voit s'enivrer du vin que lui a offert Ulysse, afin de le dompter. Grâce à cette ruse, Ulysse parvient à aveugler le monstre et à sauver sa vie et celle de ses compagnons survivants...

 

Ainsi, le Cyclope semble subir un juste châtiment, lui qui n'a pas su respecter le lois saintes et sacrées de l'hospitalité : il n'a pas su accueillir des étrangers, les a méprisés et tués... Ce monstre anthropophage se comporte avec la plus grande sauvagerie.

Privé de son oeil unique, Polyphème crie alors son désespoir et sa haine...

 

Le mot "cyclope" évoque bien la rondeur de cet oeil unique : il est composé de deux éléments : "kuklos, le cercle" et "ops, l'oeil."

On reconnaît le premier radical de ce mot, dans les noms "cycle, cyclique, cyclomoteur, bicyclette." Et on retrouve le terme "ops" dans ces vocables "optique, opticien, ophtalmologie..."

 

L'oeil rond du Cyclope fait de ce personnage un être à part, une sorte de monstre qui n'a pas d'humanité et qui se conduit de manière indigne.

 

Confronté à ce géant hors norme, Ulysse montre toute son habileté et son inventivité : il parvient à abuser Polyphème, prétendant qu'il se nomme "personne", "outis", en grec, et quand les autres Cyclopes l'interrogent, au moment où le monstre aveuglé lance des appels de détresse désespérés, il s'écrie : "c'est personne !"

Et les autres Cyclopes le laissent seul face à son désespoir...

 

En tout cas, voilà un personnage digne de figurer dans les contes de notre enfance : effrayant, mystérieux, il suscite une peur panique.

On le voit : ce personnage est, en fait, un symbole, il représente une forme d'inhumanité...

Insensible à la pitié, il refuse de se plier à des règles de respect, de convivialité.

 

Ulysse confronté à cette altérité totale, à un être d'une grande cruauté, peut grâce à cet épisode évoluer...

Cette rencontre lui permet de surmonter et de vaincre ses peurs et ses angoisses.

 

Ainsi, l'Odyssée apparaît comme un véritable voyage initiatique qui offre au héros la possibilité de progresser.

Nous éprouvons tous des peurs qu'il nous faut dépasser pour mieux vivre...

L'Odyssée est bien une leçon de vie : le sage est celui qui parvient à dompter ses peurs, il peut alors accepter  la finitude humaine car il  arrive à vaincre la peur ultime, celle  de la mort.

 

 

 

 


"L'histoire d'Ulysse est celle d'un homme qui va de la guerre à la paix, de la haine à l'amour, du chaos à l'harmonie, de l'exil au retour chez soi, bref, il va de la vie mauvaise à la vie bonne. Ce n'est donc pas seulement une épopée magnifique, dont les épisodes sont encore enseignés dans les écoles du monde entier vingt-huit siècles après sa première apparition, mais c'est surtout la matrice de toute l'histoire de la philosophie." Luc Ferry

 
 

 

 

 

 

 

Photos : wikipédia

L'oeil rond du Cyclope...
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5 février 2018 1 05 /02 /février /2018 14:25
Les langues anciennes enfin réhabilitées ?

 

 

On se souvient que la réforme des collèges initiée par la ministre Najat Vallaud-Belkacem avait annihilé l'enseignement du latin et du grec.

Ces disciplines avaient été mises au rebut puisque les horaires dédiés à ces deux langues avaient été supprimés au profit d'EPI, ou enseignements pratiques interdisciplinaires, sortes de fourre-tout où ces langues n'étaient plus vraiment enseignées.

Les humanités avaient été aussi depuis longtemps reléguées, placées dans les emplois du temps des élèves en fin de journée....

A terme, était programmée la disparition de ces disciplines, avec un recrutement toujours plus réduit d'enseignants de lettres classiques...

Ainsi, avec la réforme du collège, le nombre d'établissements situés en REP+ qui ne proposent pas de latin est passé de 40 à 160 !

Au nom de l'égalitarisme, on s'est attaqué à ces disciplines comme si elles avaient tendance à creuser les inégalités.

 

Mais c'est une absurdité : ce n'est pas en supprimant des enseignements exigeants et formateurs que l'on va sauver l'école.

On a prétendu que ces disciplines sont élitistes : quelle erreur !

Elles permettent, au contraire, à des élèves volontaires d'approfondir leur connaissance de la langue, d'acquérir une certaine rigueur, de s'intéresser à l'histoire, la mythologie, la littérature antique.

 

Comme le souligne un rapport de Pascal Charvet, ces enseignements sont bel et bien des "facteurs d'intégration scolaire".

Dans ce rapport intitulé "les humanités au cœur de l'école" qu'il vient de rendre au ministre de l'Éducation nationale, Pascal Charvet réhabilite enfin ces disciplines.

 

Le latin, le grec développent la curiosité des élèves qui peuvent ainsi s'intéresser à l'étymologie, l'origine des mots, leur histoire.

Les élèves ont l'occasion de traduire des textes antiques qui sont le substrat de notre culture : poésie, théâtre, comédie, tragédie, fables, discours, tous ces grands genres littéraires sont nés en Grèce...

 

Oui, ces disciplines sont exigeantes : elles réclament des efforts, de la volonté, de la persévérance, et en ce sens elles sont particulièrement formatrices.


Le latin et le grec ne sont pas des langues mortes, comme on le dit trop souvent : ces langues vivent à travers le français, elles sont omni-présentes, elles survivent même là où on ne le soupçonne pas, des termes très modernes sont, ainsi, empruntés au grec, "le canapé, la vidéo, la télévision, le cinéma, l'astronomie", pour ne citer que quelques exemples...
 

Il faut souhaiter que ces enseignements soient effectivement remis à l'honneur le plus rapidement possible, qu'ils retrouvent toute leur place dans les établissements scolaires, que soit enfin rétabli un véritable recrutement de professeurs de lettres classiques.


Dans un monde en perte de repères, comment ne pas voir que ces disciplines sont essentielles ? Elles nous relient au passé, à notre histoire, au substrat de notre culture et de notre langue.
 

 

 

 

Source : un article du journal Le Point :

 

http://www.lepoint.fr/editos-du-point/sophie-coignard/coignard-latin-grec-le-requisitoire-contre-najat-vallaud-belkacem-01-02-2018-2191295_2134.php#xtmc=latin-grec&xtnp=1&xtcr=1

 

 

 

 

 

Les langues anciennes enfin réhabilitées ?
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17 novembre 2017 5 17 /11 /novembre /2017 14:42
Cultiver les savoirs "inutiles"...

 

 

 

Nos sociétés ont tendance à privilégier une forme d'utilitarisme...
 Désormais, il faut que tout soit utile ! On en oublie l'essentiel : le rôle de la culture dans la formation de l'individu...

 

Mieux encore ! Les savoirs qui paraissent inutiles nous libèrent : les humanités en font partie...

 

Elles ont été anéanties lors du quinquennat de François Hollande, avec la réforme des collèges initiée par Najat Valaud- Belkacem.

 

Et pourtant, le latin, le grec permettent à des élèves en difficulté de mieux maîtriser les structures de notre langue, de mieux en connaître le vocabulaire.

Ces racines sont essentielles : elles sont notre substrat, nos sources premières.

Elles suscitent la curiosité, elles donnent rigueur, esprit d'analyse à ceux qui les pratiquent.

Le terme même d'humanités associé à ces disciplines nous en montre toute l'importance : dans un monde où les machines occupent de plus en plus de place, dans un monde de technicité grandissante, il convient de préserver cet héritage du passé lié à notre humanité.

Philosophie, théâtre, tragédie, comédie, poésie, la plupart des genres littéraires sont nés en Grèce...


Pour bien vivre le présent, nous avons besoin de cette culture, de ces repères, nous devons nous référer à ce passé qui nous a nourris et nous nourrit encore...

Cette littérature venue du passé nous délivre bien des enseignements...

 

Ainsi, l'Odyssée d'Homère n'est pas un simple récit primitif : comme le montre Luc Ferry, cette épopée nous offre un véritable itinéraire initiatique et philosophique empli de sagesse, l' histoire d'un roi grec qui va du chaos à l'harmonie, de la guerre à la paix, de la haine à l'amour, de l'exil au retour à la maison.

 

L'acceptation de la mort et de la condition humaine, le refus de l'immortalité, l'amour des siens, la victoire sur l'oubli,  une vie en accord avec l'ordre du monde et le cosmos, la volonté d'habiter le présent... Telles sont les leçons philosophiques de cette épopée primitive.

 

Les adeptes du transhumanisme feraient bien de méditer ces messages venus du passé.

 

L'homme doit rester à sa place, ne pas se livrer à l'hybris et ne pas vouloir dépasser sa condition de mortel.

Ainsi, les savoirs antiques nous donnent des leçons de sagesse et de modération.

 

 


Conférence de Luc Ferry sur l'Odyssée :

 

https://www.youtube.com/watch?v=RzjVWUjRYLA&t=2864s

 

 

 

 

Cultiver les savoirs "inutiles"...
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