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26 août 2016 5 26 /08 /août /2016 12:53
Viens voir les comédiens...

 

 

 

Comment restituer toute la magie de l'art théâtral ? Le meilleur moyen est, sans doute, de nous entraîner dans le sillage de ces comédiens qui vont de ville en ville pour donner des représentations et pour animer des soirées, de leurs spectacles...

 

Un hommage aux comédiens, à cet art ancien du théâtre qui nous fait rêver, à cet art éphémère qui reste, pourtant, gravé dans nos esprits, c'est, là, le thème d'une célèbre chanson de Charles Aznavour...


Le texte est une invitation pressante et insistante à aller voir des comédiens qui arrivent : l'impératif réitéré "viens" souligne l'exhortation, ainsi que la répétition du verbe "voir'.

Grâce à ce verbe "voir", on prend conscience que le théâtre est, avant tout, un art du spectacle : il est fait pour être représenté sur une scène, et c'est ainsi qu'il prend vie...

L'emploi de la deuxième personne du singulier "viens" apporte une tonalité familière  : l'auteur semble, ainsi, s'adresser à chacun d'entre nous.

Les comédiens sont associés dans cette invite, à des musiciens et des magiciens.
La comédie, le théâtre ne sont-ils pas des spectacles complets et magiques qui nous transportent dans d'autres univers ?

L'emploi de la fricative "v" dans le refrain peut suggérer tout le charme et toute la fascination qu'exercent ces comédiens sur le public...

Le poète nous montre, d'abord, tout ce qui précède les représentations : l'installation des tréteaux, tout un travail que révèlent des verbes d'action : "installer, dresser, tendre".

Puis, c'est l'évocation de la parade qui permet de prévenir la foule, de lui présenter le spectacle à venir. A grands bruits de tambours, les comédiens attirent "un cortège en folie". 

Le poète plante, alors, le décor coloré du spectacle, en plein air : 

"Devant l'église une roulotte peinte en vert 
Avec les chaises d'un théâtre à ciel ouvert "

Puis, il déroule, de manière très vivante, certaines intrigues mises en oeuvre dans de nombreuses pièces de théâtre : histoires de coquins qui finissent par être punis, histoires d'amours, bien sûr, qui font "trembler" ou "rire".

Les impératifs "Poussez la toile et entrez" sont, à nouveau, une invite insistante à aller suivre le spectacle.

Le poète magnifie, aussi, le théâtre en évoquant encore le cadre : "Sous les étoiles…" et le rituel théâtral qui donne tout son charme et son mystère à cet art : "les trois coups, le rideau va se lever..."
"Quand les trois coups retentiront dans la nuit 
Ils vont renaître à la vie, les comédiens."

Le poète décrit, enfin, dans le dernier couplet, le départ des comédiens, soulignant le caractère éphémère de cet art du théâtre...

"Les comédiens ont démonté leurs tréteaux 
Ils ont ôté leur estrade 
Et plié les calicots..." 

Il évoque, enfin, l'empreinte que laisseront, malgré tout, les comédiens, des souvenirs inoubliables gravés "au fond du coeur" de chacun..."sérénade, bonheur d'Arlequin", des souvenirs étincelants de musique douce, de joie.

Ils laisseront à chacun l'impression d'avoir rêvé, avant de rejoindre d'autres lieux, pour donner d'autres spectacles...

L'emploi du futur, en fin de texte, souligne bien la permanence du souvenir... "ils laisseront, nous croirons avoir rêvé..."

La mélodie entraînante, vive et virevoltante nous emporte dans le sillage de ces comédiens qui vont de ville en ville, pour jouer leur spectacle... Elle traduit un enthousiasme, celui des spectateurs mais aussi celui des acteurs, passionnés par leur art...

 

 


 
Paroles de Jacques Plante :

 

http://www.paroles.net/charles-aznavour/paroles-les-comediens


 

 

 

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11 août 2016 4 11 /08 /août /2016 13:51
Gondolier, t'en souviens-tu ?

 

 

 

 

Une chanson qui nous transporte à Venise... sur ses canaux, le long de palais aux teintes d'ocre et de lumières... De quoi rêver ! On entend, d'abord, dès l'ouverture de la chanson,  la barcarolle d'un gondolier qui égrène un air langoureux : "la la la la la la la..."

Et, aussitôt, on se laisse bercer par le balancement d'une barque, sur des flots ondoyants...

Ce gondolier est invité à se remémorer une chanson et un souvenir amoureux : il est interpellé familièrement, grâce à l'emploi de la deuxième personne du singulier, on a, ainsi, l'impression de sa présence.

"Gondolier t'en souviens tu
Les pieds nus, sur ta gondole
Tu chantais la barcarolle"

Ce personnage est esquissé rapidement : on le voit debout sur sa gondole, "les pieds nus"... et on visualise aussitôt la scène, sur un canal, à Venise, dans un décor somptueux.

Et bien sûr, il chantait pour deux amoureux : "Tu chantais pour lui et moi..."

L'expression "lui et moi", répétée de manière insistante vient souligner un attachement qui semblait éternel, comme le suggère la phrase "c'était écrit pour la vie"... Le destin semblait même présider à cet amour si fort.

Puis, on entend le chant du gondolier, en italien, une façon de restituer la scène et de lui conférer de l'authenticité... Nous voilà vraiment transportés à Venise...

 

"Io ti amo con tutt il cuor
Solo ate adorero
E sappendo che tu mi ami
Ti amero, mol ti di piu"

 

On est sensible, bien sûr, à ces serments d'amour et aux sonorités envoûtantes de la langue italienne. Le vocabulaire affectif souligne la déclaration... "ti amo... il cuor, adorero, mi ami, ti amero".

Les futurs utilisés ont valeur de promesse et semblent annoncer un avenir rempli de bonheur...

Pourtant, le dernier couplet marque une certaine désillusion, avec l'emploi du passé : "Cet air là était le nôtre."

 

On retrouve une apostrophe au "gondolier", mais les deux amoureux ne sont plus associés dans l'énoncé :

"Gondolier si tu le vois
Dans les bras, les bras d'une autre
Gondolier ne chante pas."

L'être aimé est peut-être dans les bras d'une autre, comme le montre la subordonnée de condition : "si tu le vois..."

Et la chanson s'achève sur une injonction péremptoire "ne chante pas", une façon de mettre en évidence un désarroi et un dépit amoureux. Les serments se sont évanouis, et la chanson d'autrefois n'a plus de valeur.

 

On retrouve, là, un thème éternel : celui d'un amour merveilleux qui s'est achevé dans la déception et une forme de désillusion.

 

La mélodie rayonnante nous fait rêver, elle nous emmène en Italie, vers des paysages mythiques et somptueux...

 

 

Le texte a été écrit par Jean Broussole et Robert Marcuccci et c'est Peter De Angelis qui a composé la musique.
 



 

 

 

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5 août 2016 5 05 /08 /août /2016 08:38
Et par dessus tout ça... l'accent qui se promène...

 



 

Quand un chanteur nous emmène visiter les marchés de Provence, on est sous le charme : on entend, tout d'abord, des sons de fifres et de tambourins provençaux, comme dans une farandole.


Puis, on savoure toute une ambiance : des senteurs de la mer Méditerranée toute proche, des sensations olfactives caractéristiques du midi : "fenouil, melons, céleris", autant de produits du terroir, aux effluves prononcées.

On perçoit, aussi, un air de gaieté avec des "gosses qui dansent", parmi la foule animée.

Le chanteur parle, ensuite, à la première personne, comme dans une confidence : il se définit comme un "voyageur de la nuit", belle expression qui restitue les contraintes d'un métier qui l'ont conduit à visiter de nombreux pays, sans les voir véritablement.

Habilement, Gilbert Bécaud mêle langage poétique et familier dans cette évocation : "Voyageur de la nuit, moi qui en ribambelle, Ai croisé des regards que je ne voyais pas..."

Et le poète exprime le désir de profiter pleinement de ce spectacle d'un marché de Provence, qui offre émerveillements et joie de vivre. 

Le moment où se déroule le marché, est évoqué à deux reprises : "le matin", suggérant un renouveau, un bonheur qui recommence.

Puis, le poète nous fait entendre la voix d'une marchande qui vante ses produits, une façon, encore de restituer toute une ambiance :

"Voici pour cent francs du thym de la garrigue
Un peu de safran et un kilo de figues
Voulez-vous, pas vrai, un beau plateau de pêches
Ou bien d´abricots ?"

Il semble que cette marchande s'adresse à chacun d'entre nous, et l'on retrouve, dans une énumération, des produits provençaux par excellence : le thym associé à la garrigue, le safran, les figues...

Ainsi, le poète nous fait vivre l'ambiance d'un marché de Provence, les parfums, les voix, les rires, les enfants qui dansent...

L'énumération se poursuit avec d'autres ingrédients, tout aussi parfumés : 

"Voici l´estragon et la belle échalote
Le joli poisson de la Marie-Charlotte
Voulez-vous, pas vrai, un bouquet de lavande
Ou bien quelques œillets ?"

Ce procédé suggère une idée d'abondance et permet de mettre en scène la faconde de la marchande.

Grâce à tous ces mots, on peut, aussi, entendre et savourer des sonorités du midi : "thym, garrigue, estragon, lavande".

Et, c'est, bien sûr, l'occasion d'évoquer l'accent de la Provence qui apporte un supplément d'âme à tout ce spectacle, haut en couleurs et en parfums.

"Et par dessus tout ça on vous donne en étrenne 
L'accent qui se promène et qui n'en finit pas."

Un véritable cadeau, une "étrenne", nous dit le poète : l'accent est même personnifié, ce qui lui donne plus de vivacité et de charme, encore...


Enfin, le chanteur n'oublie pas de faire allusion aux "filles jolies" de Provence :

"Mais il y a, tout au long des marchés de Provence 
Tant de filles jolies, tant de filles jolies..."


Elles aussi participent à la gaieté de ce spectacle puisqu'elles donnent des "idées qui dansent..." Et le poète a hâte de les retrouver, elles qui sont "les filles du soleil", symboles mêmes d'un bonheur rayonnant : on les entend rire, s'interpeller...


La mélodie, tantôt douce ou très rythmée nous entraîne dans une ambiance de fête et nous fait vivre tous les bonheurs d'un marché de Provence : couleurs, senteurs, rires...

Grâce à différents procédés, le poète sait restituer l'accent, la vie, l'atmosphère de ces marchés de Provence, et il nous fait participer à une véritable fête des sens.

 

 

 

 

 

Photo : rosemar

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30 juillet 2016 6 30 /07 /juillet /2016 15:19
Je passe mes nuits à te maudire...

 

 

 


La nuit exacerbe souvent les peurs, les angoisses, les sentiments : l'obscurité accentue les douleurs... et, dans les ténèbres, l'absence d'un être aimé peut même devenir une obsession...

Adamo évoque cette absence dans une de ses plus célèbres chansons, intitulée La nuit... u
ne chanson qui restitue le désarroi amoureux, les souffrances de la séparation, le manque créé par l'absence...


Le texte, à la première personne, revêt une dimension lyrique, dans l'évocation des sentiments : le jour est opposé à la nuit, car il permet l'oubli, avec le retour à une vie active.

L'utilisation de la deuxième personne, dans un discours direct, donne vie au texte, et montre, aussi, l'omniprésence de l'absente, puisque le poète s'adresse à elle, comme si elle était là.

Le mot "nuits", employé au pluriel ou réitéré, souligne le temps passé à "maudire" celle qui est partie.

La lune est le seul témoin de cette solitude et de ce désarroi, souligné par un vocabulaire affectif :"l'âme vide et le coeur lourd". L'antithèse des deux adjectifs "vide, lourd" vient aggraver la douleur.


Le couplet suivant restitue bien une amplification des sentiments dans cette expression : "La nuit tu m'apparais immense 
Je tends les bras pour te saisir..."
Les rêves s'intensifient, deviennent, alors, réalité, dans le geste conquérant de l'amoureux.

Mais la "belle" se joue de son amant : le vocabulaire du jeu et du rire apparaît comme un défi : "plaisir, se jouer, ton rire"... 
On perçoit une sorte de délire amoureux dans ces visions nocturnes.


Le refrain lancinant évoque le thème de la folie amoureuse "La nuit, je deviens fou..."

Le rire personnifié de la jeune femme "fend le noir", une belle image contrastée, où s'opposent la gaieté et l'inquiétude symbolisée par la couleur noire de la nuit.


Une négation traduit le désarroi :"Je ne sais plus où chercher"... Mais le silence ramène l'espoir : le texte nous fait vivre, alors, cette alternance entre désespoir et bonheur, associée au sentiment amoureux.

Après avoir maudit la jeune femme, le poète lui affirme à nouveau son amour : "Je me reprends à t'aimer".

Mais cet amour ne peut se concrétiser, car l'amante disparaît encore, son rire se fait narquois et exaspère le poète.

Enfin, le jour apparaît et "dissipe" l'image de la jeune femme, qui s'évanouit et dont l'amoureux sait qu'elle ne lui appartient plus et qu'elle vit près d'un autre.

La mélodie lancinante restitue bien la jalousie et l'obsession de l'amoureux qui n'arrive pas à oublier son amour perdu...

Le thème de la folie amoureuse est particulièrement bien mis en relief avec des répétitions dans le vocabulaire, des effets de contrastes, et une musique qui souligne douleur et hantise.


 


 


 

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27 juillet 2016 3 27 /07 /juillet /2016 12:10
Et si le ciel était vide...

 

 

 

 Quand le fanatisme ressurgit et s'attaque à notre pays et nos racines, il est essentiel de réécouter cette chanson...

 

 
Beau texte qui dénonce le fanatisme et l'intolérance, cette chanson, écrite par Alain Souchon, intitulée Et si en plus il n'y a personne, souligne, avec force et subtilité, toutes les incohérences des religions : au lieu d'apporter un réconfort, elles en viennent, parfois, à provoquer des conflits, des haines irréconciliables, elles sont, aussi, un instrument de manipulation redoutable...
 
La chanson s'ouvre sur trois prénoms : "Abderhamane, Martin, David", trois prénoms représentatifs des religions les plus répandues : mis sur le même plan, les trois prénoms devraient signifier une unité, une harmonie, une union...
 
Et, c'est, pourtant, la division qui l'emporte, comme le prouve la suite de la chanson.
 
Après ces apostrophes, qui interpellent chaque lecteur, l'expression : "Et si le ciel était vide" montre toutes les incohérences, la vanité des conflits religieux qui peuvent opposer les uns et les autres... On se bat, en fait, pour une entité hypothétique...
 
L'énumération qui suit restitue toutes les coutumes religieuses : "Tant de processions, tant de têtes inclinées, Tant de capuchons, Tant de mains pressées, Tant de prières empressées." L'anaphore de l'adverbe d'intensité "tant" souligne des pratiques parfois outrancières, un certain fanatisme.
 
Au passage, à l'intérieur de cette énumération, Alain Souchon nous rappelle, aussi, "les peurs" liées, depuis des siècles, à la religion, peurs entretenues, savamment, par les instances religieuses et politiques.
 
Le but est de dominer les peuples, de les asservir, ce que suggère le mot "démagogues" qui rime avec le terme "synagogues".
 
La chanson évoque, également, tous les cantiques religieux visant à endormir le peuple, à le soumettre, par des "musiques antalgiques", belle expression imagée qui insiste sur l'idée d'endoctrinement...
 
L'antithèse "tant de compassions, tant de révolvers" vient montrer que, derrière des apparences chaleureuses, se cache, parfois, une religion de haine, de violence : le fanatisme peut conduire au pire, à des actes monstrueux et inhumains...
 
On entend, ensuite, des prières représentatives de toutes les religions : "Arour hachem, Inch Allah, Are Krishhna, Alléluia", autant de références à Dieu, à sa puissance, sa volonté, sa bonté...
 
Mais des images de violence apparaissent, soudain : "Toutes les balles traçantes, Toutes les armes de poing."
On perçoit, enfin, les causes et les conséquences du fanatisme : "Toutes les femmes ignorantes, ces enfants orphelins, ces vies qui chavirent, ces yeux mouillés."
 
Et, derrière, transparaît "le vieux plaisir de zigouiller", inhérent à l'être humain. Cette expression triviale, familière vient renforcer l'idée de violence et de haine...
Le refrain vient insister, encore, sur l'inanité de tant de ferveurs et d'antagonismes : 
"Tant d'angélus
Ding
Qui résonne
Et si en plus
Ding
Y'a personne..."
L'angélus ou prière de l'ange met en évidence tous les bienfaits que devrait apporter la religion, mais c'est, trop souvent, l'intolérance qui l'emporte...
 
Ce texte contient l'essentiel : on y perçoit la collusion des pouvoirs religieux et politiques, les ravages provoqués par le fanatisme, la soumission et l'aveuglement des peuples...
La mélodie lancinante et entraînante, à la fois, souligne les douceurs inspirées par les religions et la façon dont elles sont dévoyées et détournées par la violence des hommes.

 

 

https://youtu.be/JvkMnHXtHzc
 

 

 

 

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23 juillet 2016 6 23 /07 /juillet /2016 08:18
Le bon Dieu me le pardonne, mais chacun pour soi...

 

 

Une chanson qui fait du bien, en ces temps où le fanatisme religieux réapparaît... dérision et humour au service de la dénonciation...


Brassens nous livre, dans une de ses chansons, une histoire d'amour qui reste, à jamais, gravée dans sa mémoire, il semble, aussi, éprouver le besoin de l'évoquer, pour la faire revivre par les mots et la poésie.


Cette chanson intitulée "Je suis un voyou" commence par l'évocation de ce souvenir dont on perçoit toute la valeur, pour le poète : c'est"une histoire ancienne, un fantôme", certes, mais le vocabulaire de l'affectivité "coeur, amour" en suggère toute l'importance...

L'absolu de cet amour est aussi souligné par l'adverbe "à jamais"... Et le temps personnifié dans l'expression familière :"Le temps, à grand coups de faux, peut faire des siennes", ne peut effacer ce souvenir.

L'alternance du passé "j'aimais" et du présent "mon bel amour dure encore" met en évidence cet écoulement du temps...


 Le récit de la rencontre amoureuse fait songer à un véritable coup de foudre, puisque le poète en a perdu tout repère :

"J'ai perdu la tramontane

En trouvant Margot,
Princesse vêtue de laine,
Déesse en sabots..."

La jeune femme divinisée, transformée en "princesse" a bouleversé la vie du poète amoureux : on perçoit, là, un des lieux communs de la littérature sentimentale, mais Brassens sait renouveler ce thème en jouant du contraste entre les mots... la métamorphose de la "belle" n'en est que plus frappante... "La laine, les sabots" évoquent une personne d'origine humble et modeste, une simple paysanne, devenue une "déesse" pour les yeux de l'amoureux.

L'opposition entre les verbes "perdre" et "trouver" souligne bien, aussi, ce bouleversement...

Le thème de la femme-fleur vient compléter le portrait élogieux de la jeune femme. 
Margot comparée à une fleur, est, encore une fois, magnifiée par cette image :

"Si les fleurs, le long des routes,
S'mettaient à marcher,
C'est à la Margot, sans doute,
Qu'ell's feraient songer..."

Puis, le discours du poète insiste, à nouveau, sur son éblouissement, puisqu'il assimile son amoureuse à la "Madone"... une image qui suggère, encore, le thème religieux..

Quant à l'allusion au Bon Dieu, il s'agit d'un clin d'oeil de Brassens, lui qui a, si souvent, fustigé la religion et les bigots...

Les propos qui suivent montrent, d'ailleurs, le peu de cas qu'il fait de la religion :

"Qu'il me le pardonne ou non,
D'ailleurs, je m'en fous,
J'ai déjà mon âme en peine :
Je suis un voyou."

C'est ainsi que le poète a séduit la jeune fille, et a "mordu ses lèvres" alors qu'elle "allait aux vêpres, se mettre à genoux"...
Brassens restitue cette scène avec humour, en jouant à nouveau des contrastes, en évoquant les paroles de la "belle" :

Ell' m'a dit, d'un ton sévère :
"Qu'est-ce que tu fais là ?"
Mais elle m'a laissé faire,
Les fill's, c'est comm' ça..."

Le poète se met, aussi, avec dérision, en concurrence avec Dieu :

"Le Bon Dieu me le pardonne,
Mais chacun pour soi..."

On retrouve le vocabulaire religieux dans la suite du récit, ainsi que l'impatience de l'amoureux qui ne se retient plus.

"J'ai croqué dans son corsage
Les fruits défendus...
Puis j'ai déchiré sa robe,
Sans l'avoir voulu..."

La rupture est, enfin, racontée brièvement à la fin de la chanson, dans le dernier couplet...
Et la chanson se termine en boucle, avec cette expression : 

"J'ai perdu la tramontane
En perdant Margot,
Qui épousa, contre son âme,
Un triste bigot..."

On perçoit, encore, une "pique" contre certains fous de Dieu, des bigots, dont le poète se démarque, lui qui est un "voyou"...
Le poète imagine, alors, le destin de Margot entourée de "deux ou trois marmots qui pleurent, pour avoir leur lait..." Il rappelle, à cette occasion, qu'il a lui-même "têté leur mère", quand il était amoureux.

Le vocabulaire familier, la liberté de ton, les jeux de contrastes rendent cette chanson particulièrement savoureuse...

La mélodie rythmée et vivante nous entraîne avec elle dans cette histoire d'amour inoubliable et pleine d'humour...


 


 

Photo : rosemar

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16 juillet 2016 6 16 /07 /juillet /2016 16:03
I give her all my love...

 

 



L'amour a souvent inspiré les poètes : Ronsard, Gérard de Nerval, Victor Hugo, Verlaine, Aragon ont écrit leurs plus beaux textes sur ce thème éternel...


Parfois, c'est la simplicité évidente d'une chanson d'amour qui nous touche et nous émeut : un texte des Beatles "And I love her" restitue et traduit, ainsi, un amour limpide, plein d'évidence.

Le poème s'ouvre sur une offrande, avec le verbe "donner" : "I give her all my love".

Et cet amour semble suffire à combler toute une vie : "that's all i do". On perçoit, là, une plénitude, un absolu, grâce à l'emploi de ce pronom "all", "tout"... 


La subordonnée de condition qui suit : "If you saw my love" traduit une volonté de partager cet amour démesuré... Le poète, en utilisant la deuxième personne, semble vouloir communiquer à tous des sentiments si tendres.

Le verbe "give", "donner" revient comme un partage, puisque c'est la jeune fille qui en devient, ensuite, le sujet... Ce verbe est doublé et complété par un autre verbe de sens proche, répété à deux reprises : "to bring, apporter"

Le vocabulaire affectif souligne les propos "tenderly, kiss", "tendrement, baiser..."

L'évocation du ciel noir, des étoiles brillantes immuables souligne aussi cet amour sans faille, des images, certes conventionnelles, mais pleines d'harmonie et de simplicité...

L'adverbe "never"vient encore mettre en valeur une idée d'absolu : 

"A love like ours
 Could never die..."

Le refrain réitéré en fin de strophe "and i love her", suggère la permanence de cet amour.
 

La mélodie pleine de douceur complète le texte et le rythme d'une empreinte délicate et tendre...

Le mot "love" repris plusieurs fois, sous une forme verbale ou nominale souligne cette émouvante déclaration.

La simplicité du vocabulaire, de la syntaxe traduit une évidence, et l'on est sensible au charme de cette chanson.

Le pronom personnel "her" est mis en valeur par une prononciation prolongée et insistante, comme pour magnifier la jeune femme et en montrer toue l'importance.

La guitare qui accompagne ce morceau égrène des sons pleins de clarté et de limpidité...


Essentiellement écrite par Paul McCartney, cette chanson a été publiée le 10 juillet 1964 dans l'album A Hard Day's Night.



 

Le texte :


I give her all my love
 That's all I do
 And if you saw my love
 You'd love her too
 I love her


She gives me everything
 And tenderly
 The kiss my lover brings
 She brings to me
 And I love her


A love like ours
 Could never die
 As long as I
 Have you near me


Bright are the stars that shine
 Dark is the sky
 I know this love of mine
 Will never die
 And I love her


Bright are the stars that shine
 Dark is the sky
 I know this love of mine
 Will never die
 And I love her


Songwriters
 LENNON, JOHN / MCCARTNEY, PAUL



 

 

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9 juillet 2016 6 09 /07 /juillet /2016 12:36
Regardez-les danser... dans les feux de l'aurore...

 

 

 

Quelle beauté et quelle cruauté dans ce poème de Théodore de Banville mis en musique par Georges Brassens ! Un poème sous forme de ballade, avec un refrain qui ponctue le texte....


Le cadre évoqué est une magnifique forêt, personnifiée dès le premier vers : on voit "ses larges bras étendus", belle image qui fait de la forêt un être humain. Le début du poème est empreint de douceur, et on assiste au réveil de la déesse "Flore" qui symbolise la nature, dans l'antiquité...


Mais cette forêt cache et recèle bien des horreurs : les branches ont servi de gibets et sont couvertes de pendus... Banville alterne, tout au long du texte, beauté, magnificence du décor et cruauté du sort réservé aux cadavres des pendus, ces sujets du "roi Louis", représentant d'un pouvoir absolu qui n'hésite pas à châtier des opposants, de pauvres gens sans doute....


La scène se passe le matin, à l'aurore, au lever du soleil, au moment où les doux rayons effleurent, caressent et dorent  la nature... tout est splendide et les pendus, eux-mêmes, deviennent "des chapelets, des grappes de fruits inouis" ! 


Quelle ironie dans ces images qui évoquent la religion et une nature luxuriante ! Plus loin, les pendus se mettent à "voltiger" dans l'air et à "danser dans les feux de l'aurore", vision d'horreur et de beauté, à la fois.

Le verbe "danser", associé à la mort, crée un effet de surprise et souligne l'horreur du tableau.

La nature est encore personnifiée, grâce à un impératif, puisque les cieux sont invités par le poète à "regarder" ce spectacle et cette chorégraphie macabre.


Toute la magnificence de l'aurore apparaît alors : "la rosée", l'azur qui commence à poindre, un "essaim d'oiseaux réjouis" qui gazouillent et "picorent gaiement" les têtes de ces malheureux pendus....


Le contraste entre la splendeur du décor et la vision des cadavres en suspension est saisissant... il permet, encore, de souligner la violence du châtiment, son injustice.


Les pendus, eux mêmes, qui "décorent" les arbres deviennent des images de beauté : le "soleil levant les dévore", et les cieux sont "éblouis" par leur sarabande !

Le décor semble s'illuminer  et se "tendre" de bleu, le soleil se métamorphose en "météore", comme pour souligner l'horreur du châtiment infligé aux suppliciés....


Les pendus semblent, d'ailleurs, devoir se multiplier puisqu'ils appellent d'autres pendus. On perçoit bien toute la cruauté du pouvoir royal, son pouvoir arbitraire puisque ce "verger" est celui du roi "Louis", idée reprise de manière insistante dans le refrain...


On ressent l'apitoiement du poète dans l'expression "ces pauvres gens morfondus"...


Les sonorités très douces du texte s'opposent à la vision atroce de ces suppliciés : la sifflante "s", la fricative"f", la chintante "ch" sont utilisées à maintes reprises et donnent une impression de douceur infinie....

 
"La forêt où s'éveille Flore, 
A des chapelets de pendus 
Que le matin caresse et dore. 
Ce bois sombre, où le chêne arbor
Des grappes de fruits inouïs..."

La gutturale "r", plus âpre, met en évidence la dureté du châtiment et sa violence.

Dans l'envoi final, on retrouve un contraste entre les misérables pendus confondus dans "un tas"et le décor qui est somptueux : "un tas de pendus enfouis Dans le doux feuillage sonore".
 
En associant ainsi la splendeur de la nature à l'horreur du châtiment, Banville dénonce d'autant mieux le sort réservé à ces sujets du roi : le lecteur ressent une émotion, une injustice révoltante.

 

La musique composée par Georges Brassens, très rythmée et lente restitue une ambiance moyenâgeuse et souligne la beauté du décor tout en insistant sur le message : une violence injuste et terrifiante.

 

Ce texte qui évoque le roi Louis comporte, aussi, une valeur intemporelle, puisqu'il dénonce l'horreur de tous les châtiments et de tous les pouvoirs arbitraires.

 

 

 

Le poème de Banville : 

 

http://www.crcrosnier.fr/mur4/prt4/banvillet4.htm

 

http://en.quetes.free.fr/archives/la-foret/articles/verger_banville.htm

 

 

 

 

https://www.youtube.com/watch?v=LhamMj_T4TY&feature=youtu.be
 

 
 


   
  Photo : rosemar

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30 juin 2016 4 30 /06 /juin /2016 18:43
Entends, ma brune...

 

 



Une invitation à l'amour, pleine de poésie et de charmes, tel est le thème de cette chanson célèbre de Salvatore Adamo.

Cette invitation passe par des impératifs réitérés et insistants : "Viens, viens ma brune, Viens écouter la mer..." Joli prétexte pour persuader une amoureuse...

L'apostrophe "ma brune" restitue une familiarité, une proximité : la jeune femme ne peut que se laisser séduire par cette dénomination pleine de douceur.

La mer offre un cadre propice à la rencontre des amoureux, par son "murmure" et son "chant" : elle est, ainsi, personnifiée et devient la complice du poète qui lance cet appel...

La plage et ses dunes permettent de se "cacher", alors que les "vagues vont célébrer la nuit."

Le moment, l'obscurité de la nuit favorisent, aussi, la réunion des deux amoureux...


L'amoureux incite, alors, sa "belle" à des serments éternels, afin que la passion dépasse "les tourments et les larmes de la vie"...

L'amour mérite combat pour le perpétuer, ce que suggère l'image guerrière "nous prendrions les armes..."

Le poète évoque la fuite du temps, avec simplicité, et montre que l'amour peut en sortir renforcé, avec des comparatifs insistants, "plus beau, plus pur, plus vrai..."

Ainsi, le temps de la jeunesse est passé, mais l'amour n'a pas failli...

L'alternance des temps, présent et passé souligne cet écoulement du temps.


Le poète invite, alors, sa "belle" à entendre "ce doux concert", celui de la mer et celui de ses serments d'amour qui s'entremêlent avec harmonie...

 

Un superlatif  révèle tout l'amour du poète, dans cette expression : "mon bijou le plus cher".

On perçoit une belle déclaration d'amour dans cette confidence : " Tu es toute ma fortune..."

Et le texte s'achève sur une nouvelle invitation à écouter la mer.

La simplicité des mots, le cadre marin, le bruit des vagues nous bercent et nous séduisent : on se laisse emporter par la voix du poète, on est prêt à le suivre dans ce paysage de dunes...

La mélodie restitue toute la tendresse et toute l'émotion de l'amoureux dans sa déclaration...

Les sonorités de labiale "m", "b" ponctuent le texte : on peut y voir l'image même du baiser associé à la douceur de cet amour...

 

 

 

Les paroles :

 

http://www.paroles-musique.com/paroles-Salvatore_Adamo-Viens_Ma_Brune-lyrics,p5839


 


 

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11 juin 2016 6 11 /06 /juin /2016 09:41
Une chanson pour saluer la lune...

 

 


Il suffit d'un peu d'imagination ! Et Charles Trénet n'en manquait pas quand il a écrit cette chanson : C'est un jardin extraordinaire... C'est là le don des poètes de nous faire rêver, d'inventer un monde nouveau...


 Ce jardin permet de s'évader du monde ordinaire et quotidien : lieu de fantaisie, de bonheurs, de chansons, de splendeurs....


On y voit des "canards qui parlent anglais, des statues qui dansent la nuit, des oiseaux qui tiennent un buffet "... tout un monde qui s'anime sous nos yeux...

On entend les mots de remerciement que prononcent les canards, quand le poète leur offre du pain.

L'auteur est persuadé que les statues, tranquilles le jour, s'en vont danser sur le gazon pendant la nuit...

Les oiseaux, quant à eux, "vendent du grain, des morceaux de gruyères à Monsieur le maire et au sous-préfet."

Charles Trénet évoque, ainsi, tout un univers humanisé, un monde de partage et d'harmonie.

Danse, banquet, personnages officiels : le chanteur nous fait percevoir une ambiance de fête empreinte de bonhomie.


Le poète nous entraîne entre rêve et réalité : il fallait bien"trouver un lieu pour la promenade" pour oublier les "noirs buildings, et les "passages cloutés" d'une ville ordinaire.


Le poète nous fait entrer, avec lui dans ce jardin, qu'il semble avoir découvert ! Un jardin où il est entré "par hasard un samedi"... Et c'est l'occasion de laisser l'univers triste des villes, pour visiter un monde de rêves et de beauté...


Les fleurs, les primevères donnent un bal, on entend un air de valse brune que chantent les grenouilles devant la splendeur de la lune : tableau enchanté de couleurs, de sons, d'éclats de lune et de clair-obscur.... La lune personnifiée devient "toute rose d'émotion."

 

Et bien sûr, ce jardin permet aussi de rencontrer l'amour, la"plus belle des filles, une gentille amourette"... un amour vrai, sincère loin du "commerce de la ville".

C'est la jeune fille qui fait des avances et qui, audacieuse, séduit le poète


L'agent qui garde le jardin se transforme en "un ange du bizarre" qui invite au repos, et même un poète qui sait jouer du luth !

Dans ces métamorphoses, le monde est complètement renversé : une forme d'utopie, emplie de bonheurs apparaît.
 

Les deux amants se refugient, alors, à l'abri des regards "au fond des bois"...


Et Charles Trénet conclut sa chanson en évoquant le lieu où se trouve ce jardin extraordinaire... "Au coeur même de sa chanson", bien sûr... Rien de mieux pour oublier ses chagrins et ses soucis...


Le poète a su créer un monde merveilleux,  dans lequel on peut croire : il suffit d'un peu d'imagination !

"Bal de nuit ! Les oiseaux !" Charles Trénet nous entraîne dans son jardin et l'on a envie d'y accéder !

La mélodie joyeuse et rythmée nous invite à suivre le poète dans ce rêve plein de fantaisies et d'humour...


 


http://www.charles-trenet.net/chansons/jardin.html

 

https://youtu.be/XuCELv2G_lA

 

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