ROSEMAR
L'été, le bel été nous apporte mille bonheurs, offerts par la nature : lors d'une promenade à Fontaine de Vaucluse, sur le chemin du retour, nous apercevons des ronciers, chargés de mûres noires, gorgées de soleil : la cueillette commence, mes petites nièces profitent de l'aubaine... les baies sauvages, aux grains d'ébène, font épanouir leurs fruits, emplis de sucs savoureux : nos mains d'adultes se fraient un chemin, à travers les ronces afin d'éviter les épines...
La cueillette est abondante : je tends ma main pleine de fruits aux deux fillettes, qui, en un rien de temps, happent les baies avec avidité.
Les fruits disparaissent aussitôt.... Je traite les fillettes de "galapiats"... Elles me regardent, étonnées de ce mot dont elles ignorent le sens, elles sourient de bonheur : elles adorent être traitées de "galapiats", d'autant qu'elles se gavent des fruits sombres.
Le mot "galapiats" leur a plu : elles exigent d'autres fruits, et nos mains recommencent leur quête : même avidité, même bonheur des fruits cueillis dans la nature, sous un soleil éclatant, dans un vacarme insensé de cigales.
Je goûte, moi aussi, quelques fruits, au goût sucré, aux teintes sombres...
Les baies des mûres, si petites, si légères sont vite englouties...
Après avoir vidé les ronciers, une autre quête voit le jour, sur le sentier.
Attirés par les ombelles des fenouils qui se haussent sur les bords, nous cueillons des branches rigides, aux senteurs d'anis.
L'odeur irise les alentours, les fleurs légères de fenouils aux teintes d'ocre forment des petits parasols de lumières...
Les fleurs dessinent de subtils embruns d'ocres, elles illuminent le sentier de leurs teintes douces. Elles sont si souples et si légères, qu'elles semblent danser dans les souffles du vent...
Les bois rigides du fenouil résistent à la coupe, il faut les tordre pour en prélever les branches solides.
Nous cueillons des brassées de fenouil, le parfum anisé se répand, s'exacerbe sous la chaleur redoublée de l'été.
Nouveau bonheur, nouvelle cueillette aux tons de verts et de xanthe...
Après le goût parfumé des mûres, voilà les senteurs anisées du fenouil qui nous enivrent.
Nous rejoignons la voiture, chargés de ces branches odorantes et les déposons à l'arrière : les senteurs redoublent, sous l'effet de la chaleur, à l'intérieur de l'habitacle...
Fenêtres ouvertes, nous nous imprégnons de l'odeur captivante des fenouils et de la nature environnante...
Elles ont 5 et 7 ans, et s'amusent dans la piscine gonflable du jardin : un régal de les voir plonger, s'amuser, braver l'eau...
Avec leurs petites lunettes qui protègent leurs yeux, elles s'enfoncent sous l'eau, jouent à passer entre les jambes de l'autre, elles rient aux éclats et veulent prolonger le plaisir de la baignade, le plus longtemps possible dans l'après midi.
Eclaboussements, clapotis... l'eau, dans sa fluidité, leur offre ses remous, sa transparence.
Dans le jardin, les pins, les cèdres, les rosiers, les lauriers resplendissent de senteurs et répandent des éclats pleins de douceurs...
Près de la piscine, nous observons la scène, nous sourions du bonheur des petites qui nagent, se font ondoyantes, comme l'eau.
Les fillettes oublient, même, notre présence bienveillante : elles plaisantent, rient aux éclats, mêlant leurs éclats de voix aux clapotements de l'eau...
Elles s'amusent à faire des vagues, à s'éclabousser, à voir rebondir et rejaillir l'eau.
Elles se délectent des plaisirs infinis de l'eau en été, elles plongent, crachent de l'eau, s'imprègnent de sa fraîcheur bienfaisante.
Telles des sirènes, elles ont appris à apprivoiser les ondes, elles les connaissent, les apprécient.
Un nouveau jeu s'organise : une chasse au trésor, sous les eaux de la piscine : il s'agit de lancer une jolie pierre dans l'eau et d'aller la récupérer sur le fond...
Les cris de joie redoublent, s'intensifient, les filles se bousculent pour se précipiter vers l'objet convoité.
"Tu as triché ! " dit l'une d'entre elles... Et les cris recommencent, le jeu se prolonge, il faut maintenant fermer les yeux pour retrouver la jolie pierre au fond de l'eau.
Mission impossible pour les deux fillettes qui ne peuvent s'empêcher d'ouvrir les yeux.
"Tu as triché !" redit l'une... "Toi aussi !" répond l'autre.
Heureuses de ces bonheurs de l'eau, elles prolongent leurs jeux à l'infini, se lancent des défis, mesurent leurs forces et leur habileté...
Les cheveux ruisselants, elles rivalisent de rires, d'éclats de joie, de mouvements.
L'heure tourne, le soleil est encore rayonnant, mais il faut maintenant sortir de l'eau : que de regrets et de déchirements !
On pourra retourner dans la piscine bientôt... il faut maintenant se sécher : les fillettes grelottent un peu, au sortir de l'eau.
Enveloppées de serviettes, elles goûtent le bonheur de l'apaisement, après une baignade tumultueuse, pleine de jeux et de rires...
Les yeux remplis de lumières, elles se taisent et rêvent, déjà, à d'autres baignades à venir.