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10 novembre 2014 1 10 /11 /novembre /2014 17:52

babouche-Daderot-libre.JPG

 

 

"Un vieux turc, homme, à ce qu'il paraissait, de grande considération, me tira de ces réflexions, pour me prouver, d'une manière encore plus sensible, que j'étais loin de mon pays... Le Tartare, entouré de ses domestiques, les uns à genoux, les autres debout, ôta son turban ; il se mira dans un morceau de glace brisée, peigna sa barbe, frisa sa moustache, se frotta les joues pour les animer. Après avoir fait ainsi sa toilette, il partit en traînant majestueusement ses babouches, et en me jetant un regard dédaigneux."

 

C'est ainsi que Chateaubriand "croque" un personnage oriental, dans un de ses plus célèbres ouvrages, un journal de voyage, intitulé Itinéraire de Paris à Jérusalem.

 

La babouche, joli nom oriental nous emmène en Perse : le mot évoque un certain luxe, une nonchalance toute orientale, un bonheur de rester chez soi, en babouches...

Ce mot turc issu du persan "پاپوش papusch" composé de deux termes, "پا, pa, le pied" et "پوشیدن pushidan, couvrir", suggère une protection, un réconfort.

 

Quelle volupté dans ce mot ! Avec sa labiale "b" réitérée, sa chuintante finale, la babouche nous entraîne dans un monde de confort, de paresse, d'oisiveté.

On se laisse aller au rythme oriental, à une douceur de vivre, une envie de profiter de l'instant présent...

 

On se laisse bercer par des mouvements de palmes apaisantes, on voit l'orient et ses splendeurs : des palais, des sérails, des fontaines bruissantes...

 

Ce mot nous fait rêver, nous fait toucher du cuir, des tissus somptueux, des brocards, des motifs d'arabesques, des guillochis, des ornements aux teintes harmonieuses.

 

Ce mot nous séduit par des sonorités à la fois familières et lointaines : ce terme exotique venu du Persan semble avoir, aussi, des airs connus...

Mieux que la pantoufle, la babouche contient, pourtant, une part de mystère : elle peut faire une démarche majestueuse, sa forme allongée séduit, signe une forme d'élégance, de légèreté.

 

J'aime ce mot, venu d'ailleurs, aux sonorités sensuelles, aux éclats de consonnes, à la voyelle "ou" qui lui donne une certaine langueur.

 

Avec la babouche, on voyage vers l'orient, vers un monde étrange, mystérieux, exotique et différent : brises légères, dattiers, palmes, barcanes, doux noms de lumières...

Images de palais orientaux, baldaquins, moucharabieh, harems secrets, vêtements soyeux, sequins, parfums orientaux... Tapis aux motifs chaleureux, miniatures, aux couleurs de lapis-lazuli, impressions de soies transparentes, fiasques aux formes aériennes, darboukas, sagattes, musiques ondoyantes...

 

Somptueux paysages d'orient : déserts, caravansérails, océan de dunes aux teintes d'or, lunes orientales...

 

La babouche nous donne l'impression de déambuler, majestueusement, dans quelque salle d'un palais d'orient.

Faste, volupté, une certaine indolence... la babouche nous séduit, et nous donne envie de l'adopter...

 

 

 

http://youtu.be/AEwBy6Y8Wug

 

 

 

 

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arabesque Yves Remédios creative

 
 
 


 

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8 novembre 2014 6 08 /11 /novembre /2014 17:09

 

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Feuilles brûlées, roussies, dorées de xanthe, chrysanlines de l'automne, marbrures d'ocres et de bruns, coulées et ruisseaux de flamboyance !

 

Les marronniers pleurent l'automne, ses splendeurs, sa douceur et sa détresse...

 

Des cascades de feuilles ruissellent sur l'azur, le bleu et le roux se mêlent dans des tableaux pleins de transparences.

 

Les feuilles se créponnent, se parent de teintes variées : vert, ocre, brun-brûlé, lumières de feux !

 

Meurtries, elles font voir, sur le sol, leurs blessures...  coulées de lave, trouées de larmes.

 

Bruit sec des feuilles sous les pas, murmures et déchirures de l'automne !

 

L'automne crie, retentit de mille éclats, les branches sombres, noires s'éclairent de fulgurances dorées, d'enluminures, de glacis de lumières...

 

Les feuilles découpées, élégantes se replient sur elles-mêmes, elles se craquellent, se fendent douloureusement.

 

Elles montrent leurs derniers éclats, leurs couleurs mordorées, des vagues nuancées, des embruns.

 

De grands panaches s'épanouissent sur les arbres, formant des résilles somptueuses, des réseaux d'entrelacs de feuilles.

 

D'immenses bouquets, couleurs de rouilles, fleurissent, s'épanchent, jaillissent sur le ciel, formant des toiles insensées de flammes...

 

Les flammèches de l'automne aux teintes brûlées, des fleurs, des efflorescences de roux et d'ocres flamboyants traversent l'azur !

 

http://youtu.be/0MYzkBiJn5Y

http://youtu.be/hOA-2hl1Vbc

 

 

 

 

 
 

 

 

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Photos : rosemar

 


 

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5 novembre 2014 3 05 /11 /novembre /2014 16:58
cytise-Jean-Pol-GRANDMONT-creative.jpg
 
"O poètes sacrés, échevelés, sublimes, 
Allez, et répandez vos âmes sur les cimes, 
Sur les sommets de neige en butte aux aquilons, 
Sur les déserts pieux où l'esprit se recueille, 
Sur les bois que l'automne emporte feuille à feuille, 
Sur les lacs endormis dans l'ombre des vallons !
 
Partout où la nature est gracieuse et belle, 
Où l'herbe s'épaissit pour le troupeau qui bêle, 
Où le chevreau lascif mord le cytise en fleurs, 
Où chante un pâtre assis sous une antique arcade, 
Où la brise du soir fouette avec la cascade 
Le rocher tout en pleurs..."
 
C'est ainsi que Victor Hugo célèbre les poètes et la poésie, dans un texte intitulé Pan, extrait du recueil, Les feuilles d'automne... Une des fonctions du poète n'est-elle pas de magnifier la nature et ses nombreux attraits ? Bois, rochers, lacs, arbres, cytises...
 
Le cytise ! Douces sonorités et doux murmure de ce mot ! Eclats de voyelles ! Arbre de lumière !
Le cytise associé à la lumière du midi, au mistral, aux arbres du sud !
 
Arbre mystérieux, tout de même, avec sa graphie "y" qui intrigue...
 
Mot venu du grec, κύτισος, "kutisos", le cytise fait miroiter ses sifflantes sourde et sonore, sa voyelle "i" dupliquée, sous deux formes distinctes...

 Le cytise, aux douces sonorités de sifflantes, de dentale "t", à la voyelle redoublée "i" assez aiguë, évoque bien les paysages du sud, faits de douceur et de rudesse, à la fois.
 
Les sons voyelles"i" crient les violences du midi, le mistral impétueux qui emporte tout, sur son passage... Les sifflantes peuvent évoquer les splendeurs méditerranéennes, la douceur du climat, au printemps, à l'automne commençant.
 
Mot du sud, le cytise, arbre flamboyant de lumières, répand des grappes éblouissantes de fleurs, attire tous les regards, embaume les paysages.
 
Genêts, cytises, lauriers, figuiers, pins, oliviers, arbres du sud, aux sonorités familières !
 
Doux murmures du nom des arbres !
 
Senteurs de genêts douces comme le miel, senteurs de pins ambrées !
 
Le cytise, cher à Giono, illumine les collines de ses éclats dorés, de ses embruns de xanthe...
 
Le cytise, mot venu du grec ancien, nous emporte vers ces temps lointains et mythiques où des nymphes peuplaient et habitaient les arbres...
 
La plupart des noms d'arbres sont féminins, en grec et en latin : on supposait, en ces temps anciens, que des divinités féminines y étaient cachées.
 
C'est aussi le cas, pour ce mot venu du grec ancien , kutisos : ce nom, de genre féminin, nous fait songer à ces dryades et hamadryades, à ces nymphes des bois aux noms magiques : alséides, méliades, hyléores, sycés...
 
Le cytise, aux douces sonorités féminines, habitée par une nymphe des bois nous fait rêver à ce monde d'autrefois, où la pensée magique voyait, en tout arbre, un être divin et sacré à préserver...
 
Le cytise en fleurs, en robe de xanthe, nous emporte vers un univers mythique et mystérieux, celui de l'Odyssée d'Homère, celui de ces arbres divins vénérés par les anciens.
Le poème de Hugo, Pan :
 
 
 
 
 
 
 
 
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Photos : Jean Pol GRANDMONT / Andrew Dunn





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31 octobre 2014 5 31 /10 /octobre /2014 16:47

 

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Le ciel bleu qui danse dans les yeux de la femme aimée, le bleu d'un tango qui chante pour les amoureux : c'est ainsi que s'ouvre cette chanson interprétée par Tino Rossi : les paroles ont été écrites par Jacques Plante, la musique composée par Leroy Anderson.

 

Dès le début, sont associés le bleu du ciel, les yeux de la jeune femme, le bleu d'un tango : fusion de sensations étonnante : couleur, air de musique se correspondent dans une danse virevoltante... sensations visuelle, auditive se rejoignent.

 

Le poète s'adresse à la jeune femme, en employant la deuxième personne du singulier : "Donne-moi ton cœur/ Donne-moi ta vie /Revivons le bonheur /Du jour où je t'ai suivie..."

 

Les impératifs restituent l'exaltation du poète qui veut revenir aux premiers jours de la rencontre amoureuse, pour retrouver un amour intact.

La sensation auditive s'impose, alors : le chant du tango se fait plus intense, et le poète hésite : est-ce le vent musicien ou son coeur qui bat ?

 

Belle interrogation remplie de poésie ! Le vent est personnifié, et on voit bien que c'est le sentiment amoureux qui prédomine.

 

L'auteur exprime le bonheur de la présence de l'être aimé, même si le rêve l'emporte comme le suggère le verbe "flotter". Le "beu pastel" initial devient, d'ailleurs, "bleu indigo du soir."

 

Et le choeur affirme que tout l'horizon du ciel tourne, restituant le vertige d'un tango... et cette impression devient un véritable "miracle", terme religieux, très fort qui souligne les pouvoirs de la musique.

 

Le choeur entrelace ses paroles à celles du poète : il faut se laisser aller à la romance, d'autant que la lune personnifiée se penche sur les amoureux et semble veiller sur eux...

 

Les reflets changeants des cheveux de la jeune femme semblent se confondre avec une étoile qui passe... et qui emporte les voeux de l'amoureux.

 

Et le texte s'achève sur une succession d'impératifs pleins de charme et de vie... 

Donne-moi tes nuits 
Donne-moi tes jours 
Faisons de l'heure qui fuit 
Un rêve qui vivra toujours...

 

Les impératifs insistants soulignent l'invitation à l'amour, l'emploi de la première personne du pluriel, à la fin du texte, réunit les deux amoureux enlacés dans le tourbillon vertigineux de ce tango.

 

http://youtu.be/KdjoFAgCWnw

 

http://youtu.be/XTAETPchKEU

 

 

 

 

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Photos : rosemar



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28 octobre 2014 2 28 /10 /octobre /2014 16:55
arabesque-Yves-Remedios-creative.jpg
"Alors, je reprenais, la tête un peu moins lasse,
Mon oeuvre interrompue, et, tout en écrivant,
Parmi mes manuscrits je rencontrais souvent
Quelque arabesque folle et qu'elle avait tracée,
Et mainte page blanche entre ses mains froissée
Où, je ne sais comment, venaient mes plus doux vers."
 
Dans ce poème célèbre, extrait des Contemplations, Victor Hugo évoque des souvenirs d'enfance de sa fille Léopoldine.
On y voit la jeune Léopoldine tracer des arabesques, sur les manuscrits du poète.
 
Quel enfant n'a pas dessiné, ainsi, des arabesques sur des livres ou du papier ?
 
Le mot "arabesque" désigne, d'abord, une sorte d’ornement dont on a attribué l’invention aux Arabes : il consiste en des entrelacs de feuillages, de fruits, de fleurs, d’animaux, assemblés pour créer une harmonie : l'arabesque est un décor architectural propre à l'orient. Puis, le mot s'applique à des courbes tracées, souvent, d’une manière aléatoire, dans le but de former un enchaînement de motifs.
 
Le suffixe -esque, avec lequel est formé ce mot, est utilisé pour des adjectifs qui indiquent une caractéristique, une ressemblance, une qualité à partir d’un radical, souvent issu d’un nom propre, pour évoquer un lieu ou encore un style artistique.
 
Moresque, picaresque, ubuesque, barbaresque, burlesque, rocambolesque, romanesque, simiesque : ce suffixe assez productif, est employé dans nombre de mots aux résonances littéraires.
 
Le terme "arabesque", avec sa voyelle "a" réitérée, ses consonnes variées de gutturales, labiale, sifflante nous fait entrevoir des entrelacs subtils, des motifs différents...
 
Ce mot nous emmène vers l'orient, ses mystères, une écriture picturale qui dessine des ondoiements, des guillochis, des lettres ouvragées.
 
On admire des pleins, des déliés, des vagues, des éclats, des tourbillons, des embruns, des pointillés, formes si variées...
 
L'écriture déroule des tableaux d'ombres chinoises, des reliefs, des envolées de lettres, des signes mystérieux.
 
La magie de l'écriture ! Véritables dessins sur la page blanche ! La magie des arabesques aux arrondis de vagues !
 
Ces dessins tout en harmonie, pleins d'élégance suggèrent des mouvements, des ballets ondoyants : des mouettes peuvent dessiner des arabesques dans le ciel, l'eau qui serpente sur les collines s'enroule en arabesques lumineuses, une rampe d'escalier nous fait voir, parfois, des arabesques sinueuses...
Quelle poésie dans ce mot, avec ses échos sonores !
 
Lié à l'enfance dans le poème de Victor Hugo, ce terme évoque des images familières et simples : celle d'un enfant insouciant qui gribouille des arabesques sur des livres d'adultes, celle de la découverte de l'écriture, de l'apprentissage du dessin, celle du plaisir de faire courir un crayon, sur du papier...
 
Le poète semble d'ailleurs inspiré par ces arabesques qui lui permettent d'écrire ses plus belles pages : tout le monde se souvient de ces poèmes de Victor Hugo consacrées à sa fille dans la section, Pauca meae des Contemplations.
 
Ces arabesques, tracées par Léopoldine enfant, nous émeuvent : on est sensible à la beauté du mot, à ces souvenirs de Hugo, pleins de tendresse : l'écrivain apparaît, alors, comme un homme ordinaire, un père attentif, plein d'admiration pour sa fille : on perçoit, aussi, son désespoir, son désarroi d'avoir perdu celle qui représentait, pour lui, le bonheur absolu.
 
arabesque Demi-coupole du mihrab, Grande Mosquée de Kairou
Photo1770
Photos d'arabesques : Yves Remédios / Tab59   : créative commons
Photo d'escaliers : rosemar
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25 octobre 2014 6 25 /10 /octobre /2014 16:39
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"Les champignons, c’était la chair même de la forêt, une chair dont la saveur tenait de l’arbre et de la terre.", a écrit Alphonse de Châteaubriant, dans son roman, Monsieur des Lourdines ou L'histoire d'un gentilhomme campagnard...
 
Issu du latin, "campania, les champs, la campagne", ce mot aux voyelles nasalisées "an" et "on" semble chanter : il nous fait parcourir des sous-bois, aux senteurs de mousse.
 
Avec sa chuintante initiale, sa labiale "p" au centre du mot, sa consonne nasale "gn", ce nom nous invite à une sorte de rêverie automnale...
 
Aussitôt, on voit apparaître la forme chapeautée du champignon... on sent des odeurs de bois, d'humus, de terre.
 
Bolet, cèpe, chanterelle, girolle, rosé des prés, truffe, autant de noms pleins de charmes et de poésie.
 
C'est la saison magique des champignons ! On admire leurs couleurs dorées, brunes, rousses, terreuses.
 
On aime leurs parfums boisés, leurs formes étonnantes de petit parasol automnal...
 
On aime leurs noms évocateurs : le cèpe nous parle d'un tronc d'arbre, la chanterelle a la forme d'un canthare, une petite coupe, le bolet est un nom ancien de champignon, la columelle évoque la forme d'une petite colonne, la morille se pare de la couleur sombre du maure, le mousseron fait songer à la mousse des bois.
 
Associé à la forêt, aux arbres, le champignon évoque l'automne, ses couleurs de roux, les feuilles qui craquent sous nos pas, un air chargé de pluie et d'humidité.
 
Le champignon, c'est bien la chair et le corps même de la forêt : près de la terre, le champignon s'imprègne de ses odeurs, près des arbres, il exhale des senteurs de bois variés.
 
Il a les couleurs mêmes de la terre, du brun à l'ocre, en passant par le crayeux, il en porte les traces car il la côtoie, sans cesse.
 
Il est l'image même de l'humilité : tout près du sol, il s'abrite sous les arbres, en mime la forme, avec des dimensions modestes.
 
Le champignon nous fait admirer toutes les splendeurs de l'automne... des arbres en fête, aux couleurs étonnantes de feux, des musiques boisées, des archipels de mousses au duvet soyeux, des lumières, des jets de soleil encore éclatants...
 
Associé à cette saison où commencent les frimas, il nous laisse entrevoir, encore, de belles journées rayonnantes, aux teintes de fauves.
 
Monde de senteurs, de couleurs, de saveurs, le champignon est un des bonheurs de l'automne...
 
Dans les sous bois, il s'offre à la découverte du promeneur, il étonne et séduit par sa rareté, ses formes hésitantes, ses approximations de couleurs, ses éclats terreux.
 
Parmi les feuilles, il montre ses teintes d'ocre, si douces, il éblouit le regard du passant, il attire l'attention, s'habille de couleurs éblouissantes, orangées, dorées ou plus terreuses.
 
Près des feuillles rousses, près des aiguilles de pins, il s'illumine d'éclats ambrés, il se pare de teintes nuancées et s'embrase de lumières !
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
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Photos : rosemar



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22 octobre 2014 3 22 /10 /octobre /2014 16:26
rossignol-Charles-lam.jpg
"Rouge-gorge, verdier, fauvette, tourterelle, 
Oiseaux, je vous entends, je vous connais. Sachez 
Que je ne suis pas dupe, ô doux ténors cachés, 
De votre mélodie et de votre langage. 
Celle que j'aime est loin et pense à moi ; je gage, 
O rossignol dont l'hymne, exquis et gracieux, 
Donne un frémissement à l'astre dans les cieux, 
Que ce que tu dis là, c'est le chant de son âme. "
 
Dans ce poème, extrait des Contemplations, intitulé En écoutant les oiseaux, Victor Hugo imagine que le chant du rossignol reproduit les paroles de sa bien aimée et symbolise son âme...
 
Le mot "rossignol" vient du nom latin "luscinia" qui désigne le rossignol, par l'intermédiaire d'un diminutif : "lusciniolus", le petit rossignol.
 
L'étymologie en est incertaine : certains font dériver le mot de deux verbes : "clueo", "être célèbre" et "cano", chanter... Le rossignol signifierait, donc, étymologiquement, "célèbre par son chant".
 
Mais, le premier élément pourrait évoquer, aussi, l'idée d'obscurité, le rossignol se mettant à chanter, surtout, dans les ténèbres de la nuit.
 
En tout cas, le mot latin "lusciniolus" et le terme français "rossignol" résonnent de sonorités pleines de charmes.
 
On aime la redondance de consonnes et de voyelles, dans le nom "lusciniolus", comme si le mot produisait des échos sonores.
 
On aime la douceur harmonieuse du vocable "rossignol" : gutturale initiale, sifflante dupliquée, voyelle "o" redoublée au début et à la fin du mot, comme dans un effet de rime.
 
Le son "ol" final est associé à une valeur de diminutif, avec une connotation affective...
 
Le mot peut, même, suggérer un envol.
 
Le chant du rossignol est particulièrement recherché, "exquis", comme l'écrit Victor Hugo... un chant mélodieux que l'on reconnaît entre tous, une envolée de trilles, des crescendos de flûtes, pleins de limpidité, un doux murmure qui éclaire les charmilles, les jardins, les pins...
 
Dans une comédie antique, intitulée Les Oiseaux, Aristophane célèbre le chant du rossignol et le présente comme une forme de poésie : c’est l’oiseau " aux doux chants, dont la voix égale celle des Muses [...] qui module sur sa flûte harmonieuse des accents printaniers."
 
Le mot grec qui désigne le rossignol, ἀηδών, aédon signifie "le chanteur"... Le rossignol est, pour les grecs, un aède. Il module des chants, comme pourrait le faire un poète.
 
Le mot français contient, anciennement, cette idée de chant mais les modifications phonétiques ont fait, quelque peu, disparaître cette notion.
 
L'étymologie nous permet de retrouver le sens initial et les sonorités mêmes du mot nous dévoilent un joli murmure qui fait songer à celui du rossignol...
 
Le rossignol associé à la poésie, au chant, à la musique apparaît bien comme un symbole de cette harmonie, liée à la création poétique.
 
 Les trilles du rossignol étaient censées calmer la douleur, accélérer les guérisons et adoucir la mort : on trouve ce thème dans un conte de Hans Christian Andersen, L'empereur de Chine et le rossignol. 
 
Le rossignol et son chant représentent, aussi, l'amour, comme le suggère le poème de Victor Hugo, extrait des Contemplations... On retrouve ce symbole dans un récit du Moyen âge : Le lai du laostic de Marie de France, belle histoire d'amour lié à l'evocation d'un rossignol...
Le lai du laostic :
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
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rossignol Portrait of Keats, listening to a nightingale on



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20 octobre 2014 1 20 /10 /octobre /2014 16:21

 

Cezanne_044-baie-de-marseille-vue-de-l-estaque.jpg
 

Ce texte, plein de poésie, intitulé Chanson pour toi, mêle l'évocation de la nature au sentiment amoureux : la chanson déroule une journée, depuis l'aube jusqu'au soir : chaque moment est associé à une oeuvre d'art, à un tableau.

 

Ce poème, écrit par Michelle Senlis, mis en musique et interprété par Jean Ferrat entrelace déclaration d'amour et admiration devant les splendeurs de la nature.

L'aube est d'abord personnifiée et devient un peintre, Matisse, pour faire naître des couleurs de bleu : c'est l'heure où les papillons "se déplissent" et naissent à la vie, comme des "fleurs de grenadier", belle image qui symbolise l'aurore, le début du jour.

 

Le soleil est doté de vie, il vient "frapper" aux volets, pour réveiller le monde. Associé à un verbe d'action, le soleil devient une entité vivante. On voit aussi un cheval, au petit matin, faire jaillir de l'écume sous ses pas...

 

Le milieu du jour rayonnant se mue en Cézanne, le peintre du midi, aux paysages tourmentés par le vent du sud, le mistral : on voit des "platanes, des oliviers, un figuier", arbres de la Provence, on perçoit la chaleur accablante qui fait "se coucher les troupeaux", on entrevoit les rues désertes, écrasées de soleil, on admire toute la splendeur colorée de jaune et d'or des tableaux de Cézanne.

 

Le soir se fait estampe japonaise, puis peintures de Renoir et de Manet, où le soleil devient "un évantail déplié" qui se reflète sur l'océan, images de lumières déformées sur le miroir des ondes.

 

Même les roses semblent s'animer, à travers leur parfum qui "s'exaspère" dans le soir...

 

Le refrain insiste sur l'importance du regard : "j'ouvre les yeux et je te vois", affirmant la présence de la femme aimée, affirmant une volonté de vivre par amour, amour du monde, de la nature si présente dans ce texte.

 

Que de tableaux somptueux nous offre cette chanson, que d'artistes et d'oeuvres d'art sont suggérés ! Quelle vie transparaît dans chacune des images évoquées !

 

La nature devient oeuvre d'art, elle peint des tableaux d'une rare beauté.

 

On perçoit un bonheur d'admirer une nature variée, sans cesse renouvelée, sans cesse différente.

 

Le texte, scandé par des subordonnées de temps, "quand, lorsque", souligne l'omniprésence de l' amour pour la femme aimée qui devient ,elle aussi, un tableau à admirer.

 

Les sonorités, les nombreuses rimes féminines ajoutent de la douceur, de la tendresse à cette déclaration d'amour.

La mélodie enlevée, éblouissante fait intervenir des accords du sud, la mélodie se fait chanson andalouse aux rythmes endiablés, pleins de vie !

 

 

 

http://youtu.be/KfoFho_EOHg

http://youtu.be/lqWaa9za-i4

http://youtu.be/Y83XFl5diAE

 

 

 

 

matisse-Pablo-opr.jpg

 

 

Van_Gogh-copie-1.jpeg

 

 

 

 

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18 octobre 2014 6 18 /10 /octobre /2014 16:04
Photo1921.jpg
"Moi, j'écoutais... - Ô joie immense
De voir la soeur près de la soeur !
Mes yeux s'enivraient en silence
De cette ineffable douceur."
 
Dans ce poème, extrait des Contemplations, intitulée Elle était pâle et pourtant rose, Victor Hugo évoque sa fille Léopoldine, qu'il a perdue très jeune : Léopoldine est morte en Seine, dans un tragique accident, à l'âge de 20 ans.
 
On voit, dans ce texte, Léopoldine, enfant, faire la lecture à sa jeune soeur, Adèle.
 
Jolie scène intimiste, où l'on perçoit toute la tendresse du poète pour ses deux filles réunies, en train de lire la Bible...
 
L'adjectif "ineffable", emprunté au latin "ineffabilis", composé du préfixe négatif in- et du radical du verbe "fari, dire, parler", désigne ce qui ne peut être exprimé par des paroles.
 
La beauté de la scène, son infinie tendresse sont, en effet, de l'ordre de l'indicible.
 
Les mots ne peuvent exprimer, pleinement, ce souvenir merveilleux des deux enfants d'autrefois...
 
L'adjectif "ineffable" restitue, pourtant, dans ses sonorités, cette harmonie que les mots ne peuvent dire : fricative "f", pleine de douceur, labiale "b", souvent associée à l'amour, l'affectivité, voyelles variées...
 
Comment exprimer certains sentiments, comment décrire certains paysages, comment raconter certains moments qui confinent au sublime ?
 
L'artiste, le poète sont, souvent, confrontés à ces difficultés de dire, faire ressentir certaines émotions.
 
Comment exprimer toute la sensibilité, liée à un souvenir, à une image ?
 
Comment dire l'ineffable ? Sans doute, en ayant recours à une forme de simplicité et d'humilité dans l'expression, pour affirmer l'évidence de la tendresse et de l'amour.
 
C'est bien ce que fait Hugo, dans ce poème au charme évident : simplicité du vocabulaire, de la syntaxe, simplicité de la scène évoquée : la grande soeur qui s'occupe de la plus petite, la beauté du texte lu avec ferveur, les enfants transformés en "anges" qui font "tressaillir le livre de Dieu..."
 
Ce texte, aux mots très simples, parvient à restituer tout l'amour d'un père pour ses deux filles : on y voit l'esquisse du portrait de l'enfant, un visage "pâle et rose", sa fragilité, sa force, une forme d'autorité à l'égard de la soeur plus petite, on y voit le regard passionné du père, on y perçoit le bonheur de la lecture dans une atmosphère intimiste, le soir, alors que s'évaporent "les souffles des nuits et des bois".
 
On y voit l'essentiel de l'harmonie du monde ! On y voit, sans doute, cette "ineffable douceur" dont parle le poète...
 
Cette poésie insérée dans la section des Contemplations, intitulée Pauca meae, Quelques vers pour ma fille, restitue bien le monde de l'enfance, fait de simplicité, de fragilité, de découvertes...
 
 
 
 
Elle était pâle, et pourtant rose,
Petite avec de grands cheveux.
Elle disait souvent : je n'ose,
Et ne disait jamais : je veux.
 
Le soir, elle prenait ma Bible
Pour y faire épeler sa soeur,
Et, comme une lampe paisible,
Elle éclairait ce jeune coeur.
 
Sur le saint livre que j'admire
Leurs yeux purs venaient se fixer ;
Livre où l'une apprenait à lire,
Où l'autre apprenait à penser !
 
Sur l'enfant, qui n'eût pas lu seule,
Elle penchait son front charmant,
Et l'on aurait dit une aïeule,
Tant elle parlait doucement !
 
Elle lui disait : Sois bien sage !
Sans jamais nommer le démon ;
Leurs mains erraient de page en page
Sur Moïse et sur Salomon,
 
Sur Cyrus qui vint de la Perse,
Sur Moloch et Léviathan,
Sur l'enfer que Jésus traverse,
Sur l'éden où rampe Satan.
 
Moi, j'écoutais... - Ô joie immense
De voir la soeur près de la soeur !
Mes yeux s'enivraient en silence
De cette ineffable douceur.
 
Et, dans la chambre humble et déserte,
Où nous sentions, cachés tous trois,
Entrer par la fenêtre ouverte
Les souffles des nuits et des bois,
 
Tandis que, dans le texte auguste,
Leurs coeurs, lisant avec ferveur,
Puisaient le beau, le vrai, le juste,
Il me semblait, à moi rêveur,
 
Entendre chanter des louanges
Autour de nous, comme au saint lieu,
Et voir sous les doigts de ces anges
Tressaillir le livre de Dieu !
 
 
fillettes renoir wikimédia
Fillette a la rose par Antoine Bourdelle

Photo1919



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17 octobre 2014 5 17 /10 /octobre /2014 15:48

 

Photo1752.jpg

 

 

Les vieux villages de Provence nous font découvrir des toits couverts de tuiles, aux teintes variées : une mosaïque de couleurs, ocre, rouge vif, prune, rose pâle...

Les tuiles dessinent des ondulations, des motifs resplendissants de teintes.

 

Elles inventent des tableaux, des étagements subtils qui semblent périlleux.

 

Sur les hauteurs des vieux villages, on aperçoit, en surplomb, des toits aux tuiles houleuses... C'est un véritable spectacle d'observer ces toits pentus, aux tuiles anciennes, éclairées par le soleil du midi, sous les voix exacerbées des cigales.

 

Les tuiles semblent se dorer au soleil, prendre des teintes nouvelles, faire exploser leurs couleurs et leurs formes, parfois, cahotiques.

Belles toitures du midi empreintes de chaleur, de vent, de mistral !

 

Les tuiles se coulent en cascades de lumières, elles semblent rivaliser d'ingéniosité, pour s'accrocher et rester calées, sur les toits.

 

Elles illuminent les paysages de leurs éclats solaires, elles semblent vouloir offrir toute une palette de teintes nuancées, à l'infini.

 

Elles ruissellent de flots de rose, de bruns, de rouilles, de beiges...

 

Du pastel aux bruns, on admire tous les contrastes et toutes les variétés de couleurs. Quel bonheur de voir ces toits de lumières, en plein été !

 

Quelle harmonie dans les tons ! Quels camaieux pleins de douceurs !

Des ombres courent, aussi, sur les toits, forment des îlots obscurs, ombres de cheminées qui s'allongent et s'étirent paresseusement...

Certains toits ressemblent à des clartés d'aubes naissantes, d'autres à des embruns d'écumes aux tons doux et légers.


Certains toits font penser à des vagues régulières qui s'étagent en plis serrés.

D'autres évoquent des ruisseaux qui s'écoulent en pente douce, des rigoles tumultueuses qui courent sur les maisons....

 

 

 

 

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Photos : rosemar



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