ROSEMAR
L'amour qui s'enfuit, l'amour qui s'altère, la difficulté d'aimer, tels sont les thèmes de cette chanson d'Alain Souchon, L'amour à la machine... thèmes, maintes fois, traités, mais le poète a su renouveler ces lieux communs et créer un texte original et plein de modernité.
L'auteur imagine de passer un amour ancien à la machine, pour restaurer le bonheur d'antan, symbolisé par des "couleurs d'origine"... Voilà une idée étonnante qui surprend et amuse à la fois !
Il imagine, aussi, d'utiliser de l'eau de javel pour retrouver une "pureté originelle" !
L'idée de "blancheur éternelle " renvoie à des sentiments d'autrefois qui se sont étiolés et qu'il faudrait renouveler.
Des couleurs se sont perdues : "le rose d'une joue a pâli, le bleu des baisers" a disparu, belles images de teintes associées traditionnellement à l'amour...
La couleur bleue évoque, immanquablement, Matisse et ses tableaux, mais aussi la difficulté de la vie, des bleus à l'âme, les caresses font naître des images d'ardeur et de rouge mais le soleil les anéantit, les "tabasse", terme très fort.
L'auteur semble vouloir inventer des recettes pour résoudre d'autres problèmes : le désarroi des gens âgés, le racisme, l'intolérance.
On peut imaginer, aussi, que du "rouge" puisse faire disparaître la misère des gens âgés, que des "mains noires" soient associées à des "boucles blondes", pour réunir des gens venus d'horizons différents...
Le texte se présente comme une recette, une expérience à tenter pour faire ressurgir un amour disparu : l'auteur emploie des impératifs :" passez, faites le bouillir, allez."
On retrouve, dans ce texte, un thème éternel : celui du temps qui passe, qui affaiblit les sentiments et les ternit : mais quelle modernité et quelle originalité dans la façon d'évoquer ces couleurs disparues et qui pourraient être ravivées par un simple lavage !
Vaine illusion, vaine recette ! La machine à laver évoque et suggère, aussi, immanquablement la vie quotidienne qui use et érode les sentiments...
L'alternance de vers longs et de vers très courts crée des effets de surprise, des décalages entre le présent et le passé : l'averbe de temps "avant" est ainsi rejeté dans un autre vers, en fin de phrase.
Le rythme de la mélodie très vif semble restituer la rapidité du temps qui passe, une accélération de la vie, à laquelle personne n'échappe.
A travers cette chanson, Alain Souchon renouvelle complètement un thème éternel : la fuite du temps qui nous emporte dans ses tourbillons et qui altère les sentiments, les affadit.
Dans cette belle chanson d'amour, forte et passionnée, Francis Cabrel évoque les tourments de celui qui aime : la chanson s'ouvre sur le pronom "elle", qui désigne la femme aimée... celle-ci semble dotée de tous les pouvoirs : capable de "faire changer la course des nuages", capable de "balayer les projets" de l'amoureux.
L'amour emporte tout, sur son passage, il est si fort, provoque tant de tortures qu'il "fait vieillir, bien avant l'âge".
La femme, même volage, même disparue et perdue, dans "les vapeurs des ports", est toujours présente, à l'esprit de l'homme qui aime et on perçoit, malgré toutes ses infidélités, un amour qui reste immuable.
Malgré les trahisons, les révoltes, l'amour s'impose. Le verbe "hurler", la malédiction, à laquelle est vouée la femme, suggèrent toute la violence de la passion.
L'emploi du futur : "elle te fera, tu la perdras, elle rentrera" souligne une sorte de fatalité inéluctable, à laquelle l'amoureux ne peut échapper.
Et même le pardon est inéluctable : "Elle voudra que tu pardonnes et tu pardonneras"... La volonté de la femme aimée l'emporte sur tout.
Une phrase, brève, récurrente et péremptoire, "c'est écrit", restitue cette fatalité irréversible.
L'utilisation de la deuxième personne "tu", tout au long du poème, confère une sorte d'universalité et de familiarité au message... Tout le monde a pu connaître ce sentiment du caractère impérieux de l'amour.
Le thème de l'attente transparaît dans les prières, dans les nuits passées à regarder dehors, dans les bars écumés, pour retrouver l'amoureuse perdue. Les pluriels : "les heures, tous les bars, les nuits" soulignent cette attente et cette quête inlassable.
Une succession de questions restitue l'angoisse de l'amoureux : "Qu'est-ce qu'elle aime, qu'est-ce qu'elle veut ? Qu'est-ce qu'elle rêve, qui elle voit ?"
Le hasard d'une rencontre espérée, le bonheur entrevu, alors que les âmes sont "grises", un bonheur que l'on sent fragile, tels sont les motifs de cette chanson de Mouloudji : Un jour, tu verras...
En même temps, une sorte de certitude transparaît, à travers l'emploi du futur : "tu verras, on se rencontrera, nous nous regarderons, Et nous nous sourirons... nous irons... Il y aura un bal."
Le poète s'adresse à quelqu'un qu'il ne connaît pas, mais la force de l'espoir le conduit à affirmer une rencontre prochaine : le tutoiement, "tu verras" marque une familiarité, une proximité évidentes...
La réunion des deux amoureux semble assurée, quel que soit le lieu, ou le moment.
Regards, sourires, gestes identiques scellent une union de deux âmes... Le pronom "nous", utilisé à plusieurs reprises, marque cet accord.
Une inquiétude se fait jour, pourtant, avec l'évocation du temps qui passe "si vite."
Il faut presque "cacher" son bonheur dans le soir qui tombe, pour le préserver : on perçoit, là, toute la fragilité de ces instants volés dans une vie de doute, de douleurs...
Alséides, citharèdes aux couleurs d'ambre, éloquentes cigales, vous voici, enfin revenues !
Hyléores aux noms de lumières, aux trilles sonores, aux ailes diaprées !
Enfin, les nymphes de l'été commencent à bruire et grésiller dans les pins du midi, elles font resplendir, enfin, la rondeur des pins, les cèdres tourbillonnants, les cyprès ciselés de verts et de noirs.
Brunes cigales du midi, ramages et murmures prégnants qui enserrent les paysages du sud !
Les pins lumineux se remplissent de ces éblouissements de voix, de ces paroles chaleureuses, de ces frémissements intenses...
Cigale ! Nymphe aux ailes d'or, dryade, hamadryade ! Somptueuse habitante des pins rayonnants de l'été !
Chants de lumières ! Dans le lointain, les arbres teints de verts, aux mille nuances écoutent, paisibles, les voix sereines et impérieuses des cigales !
Majestueuses, les cigales envahissent les jardins, font retentir leurs voix à l'unisson dans une souveraine harmonie...
Dans le lointain, les cigales s'emparent de l'espace, envahissent le ciel, la terre, les arbres, elles font vibrer le monde de lumières !
Elles se gorgent de vie, de soleil, inondent les paysages de leur crissement sonore...
Elles remplissent la nature de leurs voix renouvelées, de leurs paroles douces comme le miel.
Les cigales sont là, enfin ! Elles annoncent la saison des merveilles, le moment des bonheurs simples retrouvés...
Elles disent l'harmonie du monde : voix, couleurs, éclats de lumières, caresse des chants du soleil, murmures infinis, splendeur des arbres.
Elles disent les chaleurs sourdes, les pins retentissants d'ardeurs, les collines du sud, les chemins irradiés de luminosités...
Elles racontent toutes les ivresses, toutes les sensations, tous les plaisirs de l'été rayonnant...