Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
12 février 2017 7 12 /02 /février /2017 14:46
Un vrai froid de l'hiver...

 

 


Un vent tempétueux qui rugit dans les arbres, qui glace les paysages... la balade au jardin nous fait sentir les morsures de l'hiver.

 

L'air vif fait tournoyer les branches noircies des arbres, sous un ciel bleu...

 

Le soleil, lui-même, semble pâli par le froid.

 

Sur le plan d'eau, les cygnes imperturbables, souverains, ignorent le froid : on les voit glisser majestueusement sur l'onde, avec une sérénité impérieuse.

 

Leur ronde, lente, somptueuse ne faiblit pas...

Leurs plumes frémissent sous le vent de l'hiver, avec tant de légèreté et d'élégance !

 

Sur le sol, des plaques d'eau glacée découpent des îlots de givre qui se morcellent...

 

C'est le grand froid de l'hiver : un soleil finissant dessine les silhouettes sombres des arbres...

 

La promenade est si vivifiante sous ce froid intense : elle glace les visages, elle les fouette, les empourpre.

 

Cette marche, dans ce froid de l'hiver, donne de l'énergie, de l'élan...

 

Un vrai froid de l'hiver qui nous offre des plaisirs nouveaux, un air vif, une intensité dans les paysages et les sensations...

 

 

 

 

 

 

 

 

Photos et vidéo : rosemar

Un vrai froid de l'hiver...
Partager cet article
Repost0
5 février 2017 7 05 /02 /février /2017 15:04
Cèdres, balanciers sur l'azur...

 

 


Les cèdres, arbres majestueux, aux branches aériennes... balanciers sur l'azur... les cèdres aux broderies de velours vert pâle nous enivrent de leurs parfums de sève.

 

Tout autour, des arbres somptueux, derrière lesquels s'éclaire un pâle soleil d'hiver : les branches sombres se détachent sur la douce lumière du soleil couchant.

 

Silhouettes imposantes sur le ciel, ramures en ombres chinoises, les cèdres s'élancent impérieusement vers le ciel...

 

Tableau de l'hiver aux teintes contrastées d'or et de crêpes sombres.

 

Les cèdres font surgir des broderies de dentelles somptueuses.

 

Des éblouissements de soleil sur les cèdres !

Des envols de branches qui escaladent l'azur !

 

Le paysage s'éblouit d'un soleil couchant qui magnifie les arbres, les entoure d'un halo évanescent de lueurs éclatantes.

 

 

 

 

 

 

 

Photos : rosemar

Cèdres, balanciers sur l'azur...
Cèdres, balanciers sur l'azur...
Cèdres, balanciers sur l'azur...
Cèdres, balanciers sur l'azur...
Cèdres, balanciers sur l'azur...
Partager cet article
Repost0
3 février 2017 5 03 /02 /février /2017 17:13
Voici le mirage de l'Art.... La chambre, Léo Ferré...

 

 


Comment transformer une misérable chambre en un lieu de rêves ? C'est bien ce que permet la transfiguration poétique. Léo Ferré nous offre, ainsi, une chanson où la métamorphose se produit, sous nos yeux émerveillés.

 

Le poète s'exprime à la première personne et nous fait découvrir sa chambre désignée par l'expression "quatre vieux murs", qu'on lui a prêtés. On perçoit le dénuement de l'artiste qui a accepté ce "réduit très obscur" pour y "installer sa chambre."

 

Léo Ferré loge ses "quatre membres" dans ces "quatre murs", soulignant, ainsi, combien ce logis lui correspond, lui le malheureux poète, un parallélisme qui vient souligner sa pauvreté.

 

Et le poète égrène tous les objets qui décorent cette chambre, destinés à lui donner "un air coquet", mais il s'agit, chaque fois, d'une négation même de ces objets, ce qui vient encore accentuer le dénuement du narrateur...

 "je suspendis aux murs enpente
Les diplômes que j'ai manqués et mes décorations absentes
Sur une table les photos de celles qui se refusèrent
Sur des rayons les in-quarto des livres que je n'ai su faire..."

 

Le poète suggère, ainsi, avec une certaine auto-dérision, une vie ordinaire faite de manques, d'échecs, de renoncements.

 

Il évoque aussi de grands vins qu'il aurait cachés "derrière les fagots", des "Chambertin et des Margaux", mais il précise aussitôt qu'il "ignore jusqu'à l'arôme" de ces grands crus...

 

Il nous étonne en parlant d'un coffre fort, "où il a rangé en piles régulières Toutes les valeurs et tout l'or..." 

La relative qui suit, au conditionnel passé, "que j'aurais pu gagner" montre que ce n'est qu'un leurre.

Une façon de tourner en dérision la richesse et tous ses attributs...

 

Mais, il suffit d'un "doux rayon bleuâtre, se glissant par la fenêtre", pour transformer cet intérieur en un "théâtre" rempli d'un "mobilier éblouissant."

 

Ainsi, le poète transfigure et sublime la réalité qu'il a sous les yeux, grâce à un simple rayon de lumière.

"Voici des tapis d'ambition, voici des tentures de rêve
Voici qu'un rideau se soulève sur un chevalet d'illusions..."

 

Le poète se met à rêver, à voir, sous le décor de sa chambre, de nouveaux rêves, des ambitions, des illusions dont il n'est pas dupe, mais qui rendent la vie plus douce.
Les "coussins" sont associés à des "serments, les "fauteuils" à des "promesses".

 

L'amour, l'affection sont suggérés grâce au vocabulaire de l'affectivité : "des colliers de tendresse, des bouquets de sentiments".

 

"Voici le mirage de l'Art, voici des songes en rasades...", précise le poète, et c'est bien du miracle de la poésie dont il est question ici : un simple rayon de soleil peut redonner l'espoir à l'artiste.

 

"Voici... Le divan de Shéhérazade et le clavecin de Mozart..." soudain apparaissent des éléments de mobilier mythiques : sont convoqués les histoires merveilleuses des Mille et une nuits, la musique de Mozart...

 

La littérature, la musique viennent compléter cette magie de l'art qui transfigure une simple réalité et la magnifie.

 

L'imagination symbolisée par le mot "chimère" a transformé et transfiguré cette misérable chambre, ces "quatre vieux murs", et la voilà devenue "la plus belle chambre du monde."

L'emploi de ce superlatif, à la fin du texte, suggère bien la transmutation opérée par la poésie, l'imaginaire...

La mélodie légère nous transporte dans un univers de rêves...

 

Ce texte de René Baer, mis en musique et interprété par Léo Ferré restitue une vision onirique, propre à la poésie.

 

 

 

 

https://youtu.be/3FJ_8YxRbxU

 

https://youtu.be/QBIopJ5Br2k

https://youtu.be/qVC7fJMxkdI

https://youtu.be/rC5z0c9KO4k

 

https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Chambre_(chanson)

 

 

 

 

Photo : Pixabay

Partager cet article
Repost0
29 janvier 2017 7 29 /01 /janvier /2017 15:06
Soleil et arbre d'hiver...

 

 

 

Le soleil éclaire les ramures sombres de l'arbre, les dessine en ombres brunes sur l'azur...

 

Des résilles, des tourbillons apparaissent, tout un réseau de figures géométriques, un écheveau qui s'enroule sur le ciel...

 

Le ciel bleu parcouru de ces ramilles légères, aériennes se pare de motifs somptueux : des dentelles si fines, si douces...

 

Nids d'abeilles, festons, damas, arabesques sur l'azur...

 

Des lassos s'emparent du ciel,  sillonnent et envahissent l'horizon. 

 

L' arbre échevelé, ébouriffé se couvre de cripures sombres...

 

Une toile d'araignée géante surgit.

 

L'arbre semble tisser des résilles sur l'azur...

 

 

 

 

 

 

Photos : rosemar

Soleil et arbre d'hiver...
Soleil et arbre d'hiver...
Partager cet article
Repost0
28 janvier 2017 6 28 /01 /janvier /2017 14:49
Et la neige sur Liège, pour neiger, met des gants...

 

 


Comment restituer le mouvement léger et doux de la neige ? Comment évoquer toute la mélancolie, la beauté et l'élégance de la neige ? Jacques Brel nous fait voir et ressentir ce lent tourbillonnement, dans une de ses chansons, Il neige sur Liège...

 

Les sonorités de chuintante "g" réitérée ainsi que la répétition de la voyelle "é" traduisent cette délicatesse, cette harmonie, ce ballet incessant des flocons.

 

La neige personnifiée "met des gants", devient une entité, l'image d'une jolie femme qui revêt une parure...

 

Et la Meuse devient "croissant noir" sur le "front d'un clown blanc"... le poète dessine des images nouvelles suscitées par la neige, nous en faisant percevoir toute la beauté dans le jeu des contrastes.

 

Le poète nous fait aussi entendre l'effacement des bruits sous la neige... Il parvient, ainsi, à nous faire ressentir une atmosphère, la présence de la neige...

"Il est brisé le cri 
Des heures et des oiseaux
Des enfants à cerceaux
Et du noir et du gris..."

 

Il mêle d'ailleurs, dans cette évocation, la sensation auditive et la sensation visuelle : tout s'estompe sous les flocons : les sons, mais aussi, toutes les couleurs sombres de la ville de Liège...

 

Ainsi, la neige semble apaiser les douleurs symbolisées par le mot "cri", par les couleurs "noir et gris".

 

Le fleuve lui-même traverse la ville "sans bruit", comme si son cheminement était soudain interrompu, tout paraît s'arrêter sous la neige..

 

Le poète joue habilement de la paronymie des mots "neige, Liège", qui riment et se ressemblent : la répétition de ces mots semble mimer la chute tourbillonnante des flocons...

 

Dans ce paysage, tout se confond, le ciel, la terre... Et cette confusion est marquée par une incertitude : "on ne sait plus..."

"Et tant tourne la neige entre le ciel et Liège
Qu'on ne sait plus s'il neige s'il neige sur Liège
Ou si c'est Liège qui neige vers le ciel"...

 

La neige qui unit le ciel et la terre est ensuite associée à l'union des amants débutants que la neige "marie"... une nouvelle harmonie qui apparaît dans cette évocation.

 

Dans la dernière phrase, l'emploi de l'adjectif possessif  de la première personne," il neige sur mes rêves", nous montre le poète isolé, à l'inverse de ces amants unis par la neige... Le moment "ce soir" évoque bien, aussi, la solitude associée souvent à la tombée du jour...

 

Les rêves semblent inaboutis, et on perçoit une sorte de blessure dans ces mots : " sur Liège Que le fleuve transperce sans bruit..."

 

La mélodie monotone traduit bien toute la mélancolie des paysages transformés par la neige...

 

https://youtu.be/dCX9n8jJiMc

 

 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
22 janvier 2017 7 22 /01 /janvier /2017 14:36
Une journée d'hiver à Fontaine de Vaucluse...

 

 

 

 

En hiver, le spectacle de l'eau et des sources nous fait découvrir des paysages somptueux : l'eau tempétueuse bouillonne, s'emporte, dans des remous tumultueux et vaporeux....

 

L'eau chargée d'écumes, se teinte de verts, de blancheurs tourbillonnantes, d'embruns éclatants.

 

Les rochers couverts de mousse subissent l'assaut des vagues et des remous : des camaieux de verdures se dessinent sous nos yeux.

 

L'eau se fait tempête d'écumes éblouissantes, l'eau d'une blancheur éclatante côtoie le vert profond de la mousse...

 

Sur les bords, des fougères s'épanouissent, une mousse abondante envahit les rochers.

 

L'eau se donne en spectacle : elle frémit, bouillonne, submerge les rochers, les recouvre de ses éclats. Elle cascade, ruisselle, tourmente les rives...

 

L'eau transparente s'exalte, s'emporte, laisse voir des algues, des végétaux ondoyants, des limpidités verdoyantes.

 

La lumière de l'hiver, légère, tamisée adoucit toutes les teintes...

 

Sur les hauteurs de la roche, un pan de mur du château s'éclaire d'une douce clarté...

 

 

 

 

 

 

 

 

Photos : rosemar

Une journée d'hiver à Fontaine de Vaucluse...
Une journée d'hiver à Fontaine de Vaucluse...
Une journée d'hiver à Fontaine de Vaucluse...
Une journée d'hiver à Fontaine de Vaucluse...
Une journée d'hiver à Fontaine de Vaucluse...
Une journée d'hiver à Fontaine de Vaucluse...
Une journée d'hiver à Fontaine de Vaucluse...
Une journée d'hiver à Fontaine de Vaucluse...
Partager cet article
Repost0
15 janvier 2017 7 15 /01 /janvier /2017 14:45
Etoiles de mousse...

 

 

 

La mousse soyeuse se décline en étoiles de vert pâle, elle dessine des milliers d'éclats d'anis...

 

Elle répand des harmonies de couleurs et de formes... et tisse des motifs légers, aériens, des broderies somptueuses.

Des vagues d'étoiles sur la mousse, des embruns de verdures...

 

La mousse, sur le sol, devient ciel étoilé... les étoiles se multiplient, rayonnent de douceur.

 

La mousse nous fait voir sa finesse, sa délicatesse, ses dentelles légères.

 

Elle brille modestement dans les sous-bois, elle s'épanouit, dessine des tapis de tendresse...

 

La mousse adoucit l'hiver, répand des senteurs de terre, de campagne verdoyante.

 

Elle éclaire les jours qui s'étiolent, elle embellit les rudesses de l'hiver de ses éclats lumineux.

 

 

 

 

 

 

 

Photo : rosemar

Partager cet article
Repost0
7 janvier 2017 6 07 /01 /janvier /2017 16:39
L'oursin, nourriture divine...

 

 

 


L'oursin ne se laisse pas facilement approcher... couverte de piquants, cette châtaigne des mers montre des aiguilles acérées de couleur sombre.

 

Ce fruit des mers et des océans, de forme ronde, fait luire ses épines qui n'en sont pas... car l'oursin n'est pas une plante mais un être marin étonnant.

 

L'aspect extérieur a de quoi surprendre et inquiéter : des aspérités brunes qui révulsent, des tentacules raides et fines...

 

L'objet est difficile à saisir... il réclame doigté et délicatesse pour éviter les blessures, il réclame patience et obstination avant qu'on puisse parvenir à l'ouvrir.

 

Hérisson des mers, il mérite bien ce nom : il se hérisse de mille pointes vives...

 

Cet échinidé, ce chardon, ce cactus marin porte des noms divers qui suggèrent un corps garni de piquants...

 

L'ouverture demande une main experte et avisée. Dès lors, on découvre la coquille ronde qui renferme un nectar : des raies safranées de couleurs changeantes, rose, doré, corail, rouge, brun, orangé.

 

Nourriture divine au goût de mer, de sel.... aux senteurs iodées, aux parfums d'ambre...

 

Elle peut se cueillir avec du pain et l'on découvre, alors, des sucs savoureux et légers.

Couleurs et saveurs en harmonie permettent une gustation unique...

Les papilles peuvent apprécier les sucs de l'animal, en savourer la splendeur....

 

Comme cela arrive parfois, l'extérieur et l'intérieur se contredisent : piquant à l'extérieur, l'oursin révèle, à l'intérieur, des saveurs délicieuses et inédites...

 

 

 

 


 

Photos : Pixabay

L'oursin, nourriture divine...
Partager cet article
Repost0
4 janvier 2017 3 04 /01 /janvier /2017 13:29
Quelques brumes fumaient sur les pentes des Alpes...

 

 

"Nous étions assez près des côtes, en face d’une ville, San Remo, sans espoir de l’atteindre. D’autres villages ou petites cités, s’étalant au pied de la haute montagne grise, ressemblaient à des tas de linge blanc mis à sécher sur les plages. Quelques brumes fumaient sur les pentes des Alpes, effaçaient les vallées en rampant vers les sommets dont les crêtes dessinaient une immense ligne dentelée dans un ciel rose et lilas."
 

C'est ainsi que Guy de Maupassant évoque des paysages alpestres, entourés de brumes, dans un récit de voyage, intitulé La vie errante...
 
 
 Les brumes qui encerclent les pentes des montagnes rendent ce tableau irréel et mystérieux.


Ce mot "brume" venu du latin "bruma", "solstice d'hiver, temps froid", est curieusement issu d'une expression latine abrégée, "brevissima (dies)", le jour le plus court.

Le sens a, ensuite dérivé, et le mot désigne un brouillard léger qui se lève, souvent, les matins d'hiver.

La brume, le jour le plus court ! Etonnante étymologie !

Joli mot aux sonorités de labiales, de gutturale, la "brume" est donc associée à l'hiver, aux jours les plus courts de l'année.

L'hiver, la saison des brumes, du froid, des jours raccourcis nous enveloppe de ses lueurs affaiblies, de ses éclats glacés et humides.

La brume peut enserrer les paysages, les couvrir d'un voile laiteux, aux nuées étonnantes : la terre se pare de nuages, rejoint le ciel, tout se confond et se mêle...

La brume rend tout incertain et flou, les paysages deviennent des ombres blanches, des fantômes de blancs.

La brume, souvent liée à l'aurore, au début du jour se lève le matin pour se dissiper, après les premières lueurs de l'aube.

On évoque parfois"le berceau de brumes", cette belle métaphore associée à l'aurore, utilisée par Homère....

Evoquant la naissance du jour, le poète nous montre un paysage inondé et baigné de brumes, avant que n'apparaissent les premières clartés de l'aube.

Le mot "brume", à la finale féminine, pleine de douceurs nous emporte vers des matins aux lueurs hésitantes, aux embruns cotonneux, vers des jardins aux contours incertains.

Les brumes rappellent les nuages, des voiles nuancés et chargés d'humidité.

Brumes, nuées, nuages, voilà des mots remplis de poésie et de charmes...

Les brumes nuageuses de l'hiver transforment les paysages en des mondes mystérieux et étranges.

Les berceaux de brumes évoquent des images de levers de jours aux teintes de rose-rouges, des images feutrées aux formes floues et ouatées....

Ce mot "brume" aux sonorités à la fois rudes et douces, traduit bien la rudesse de ces journées d'hiver si brèves et la douceur de ces vapeurs de brouillards, au petit matin...


 
 Le texte de Maupassant :

https://fr.wikisource.org/wiki/La_Vie_errante




  Photos : Pixabay

Quelques brumes fumaient sur les pentes des Alpes...
Partager cet article
Repost0
2 janvier 2017 1 02 /01 /janvier /2017 10:06
Et si on se laissait aller à une rêverie du nouvel An...



Colette, dans ses oeuvres, a souvent mis en scène des animaux, qu'elle sait rendre particulièrement attachants...

Ainsi, dans un extrait des Vrilles de la vigne, un chapitre intitulé Rêverie du nouvel an, l'écrivain raconte une promenade, avec ses deux chiennes, sous la neige, à Paris.

Colette nous montre la sympathie qu'elle éprouve pour ses animaux, elle évoque tout le bonheur qu'elle ressent, un bonheur lié à de nombreuses sensations, enfin elle utilise le procédé du retour en arrière, pour suggérer l'intensité et la permanence du souvenir... 


Voici l'extrait :
 

"Toutes trois nous rentrons poudrées, moi, la petite bull et la bergère flamande… Il a neigé dans les plis de nos robes, j’ai des épaulettes blanches, un sucre impalpable fond au creux du mufle camard de Poucette, et la bergère flamande scintille toute, de son museau pointu à sa queue en massue.
 
Nous étions sorties pour contempler la neige, la vraie neige et le vrai froid, raretés parisiennes, occasions, presque introuvables, de fin d’année… Dans mon quartier désert, nous avons couru comme trois folles, et les fortifications hospitalières, les fortifs décriées ont vu, de l’avenue des Ternes au boulevard Malesherbes, notre joie haletante de chiens lâchés. Du haut du talus, nous nous sommes penchées sur le fossé que comblait un crépuscule violâtre fouetté de tourbillons blancs ; nous avons contemplé Levallois noir piqué de feux roses, derrière un voile chenillé de mille et mille mouches blanches vivantes, froides comme des fleurs effeuillées, fondantes sur les lèvres, sur les yeux, retenues un moment aux cils, au duvet des joues… Nous avons gratté de nos dix pattes une neige intacte, friable, qui fuyait sous notre poids avec un crissement caressant de taffetas. Loin de tous les yeux, nous avons galopé, aboyé, happé la neige au vol, goûté sa suavité de sorbet vanillé et poussiéreux…
 
Assises maintenant devant la grille ardente, nous nous taisons toutes trois. Le souvenir de la nuit, de la neige, du vent déchaîné derrière la porte, fond dans nos veines lentement et nous allons glisser à ce soudain sommeil qui récompense les marches longues…"
 



On perçoit, dès le début de l'extrait, toute la tendresse qu'éprouve Colette pour ses animaux..

Les deux chiennes sont humanisées et personnifiées : elles sont associées à Colette, tout au long du texte, on remarque l'emploi de la première personne du pluriel "nous", "nos robes".

Colette s'assimile, elle-même, à ses animaux, dans ces expressions :"notre joie haletante de chiens lâchés, nous avons gratté de nos dix pattes"..."nous avons galopé, aboyé, happé la neige".

On est sensible à l'humour de cette présentation, et on voit la connivence qui unit Colette à ses deux chiennes, on perçoit, là, une affection hors du commun.

Le texte est, aussi, l'occasion, pour Colette, de retranscrire sa conception du bonheur...

C'est un bonheur simple qui est ici évoqué, les sensations sont nombreuses, elles permettent de décrire la neige, avec précision et une certaine poésie.

La sensation visuelle est, d'abord, mise en jeu : le paysage obscur où scintille la neige devient un "crépuscule violâtre fouetté de tourbillons blancs". Les couleurs contrastées attirent le regard, et forment un tableau plein de vie. On perçoit la beauté des paysages, à travers ces contrastes qui font songer à une peinture impressionniste : " Levallois noir piqué de feux roses, derrière un voile chenillé de mille et mille mouches blanches vivantes, froides comme des fleurs effeuillées..." Les images utilisées servent à magnifier cette neige, traduisant à la fois abondance et beauté.

Colette fait, aussi, appel au sens du toucher : la neige se transforme en "fleurs fondantes sur les lèvres, sur les yeux, retenues un moment aux cils, au duvet des joues."

La sensation auditive intervient, également, dans cette description : on entend un "crissement caressant de taffetas". Les sonorités de sifflante "s" et de fricative "f" restituent toute la douceur de ce bruit léger produit par la neige, sous les pas de la narratrice.

Le goût est évoqué, enfin, à travers cette image de la neige :"un sucre impalpable"... Plus loin, les personnages vont jusqu'à goûter une "suavité de sorbet vanillé et poussiéreux".

Colette parvient à nous faire ressentir un sentiment inoui de liberté, une sorte de folie qui anime les personnages, comme le suggèrent les énumérations, le procédé de parataxe, c'est à dire l'absence de mots de liaison entre les différentes phrases. Ce sont des bonheurs simples, instinctifs qui sont, ici, décrits.


Enfin, la construction de cet extrait et particulièrement intéressante...

Au début du texte, nous assistons au retour de la promenade, comme le montre cette expression : "nous rentrons poudrées", Colette emploie, alors, le présent et elle décrit les traces de neige sur les robes.

Puis, elle revient en arrière, avec le récit lui-même de la promenade, elle donne des circonstances précises de temps, de lieu et elle utilise le plus que parfait et le passé composé.

A la fin de l'extrait, Colette revient au présent, le temps du retour de la promenade : c'est un moment de repos, d'intense communion malgré le silence qui s'instaure :"nous nous taisons toutes trois..." Le rythme est lent, la phrase longue, les voyelles nasalisées contribuent à amplifier une impression de bonheur très intense :"Le souvenir de la nuit, de la neige, du vent déchaîné derrière la porte, fond dans nos veines lentement et nous allons glisser à ce soudain sommeil qui récompense les marches longues…"

Ce procédé du retour en arrière permet de restituer la permanence du souvenir qui reste gravé dans l'esprit de la narratrice.


Grâce à ce récit d'une promenade sous la neige, Colette nous dévoile son amour pour la nature, pour des bonheurs simples... Elle sait nous faire partager ses sensations et ses sentiments, la joie d'une liberté retrouvée dans un Paris désert où la nature redevient reine, et ce, grâce à un style poétique qui transforme le paysage et les êtres....
Colette nous fait revivre un moment magique, en harmonie avec la nature : elle savoure des sensations diverses, pour goûter le bonheur le plus intense.




 

Voici le texte complet des Vrilles de la vigne : l'extrait cité s'achève sur une réflexion pleine de nostalgie et de mélancolie, ayant pour thème principal le temps qui passe...

 

 

http://www.ebooksgratuits.com/html/colette_vrilles_de_la_vhuhigne.html

 

 

Et si on se laissait aller à une rêverie du nouvel An...
Partager cet article
Repost0