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7 octobre 2015 3 07 /10 /octobre /2015 11:46
Le monde est une ampoule suspendue dans le noir...

 

 


"Le monde est une ampoule suspendue dans le noir, avec sept milliards de mouches posées dessus. Demande-t-on à une mouche si elle est pour ou contre l’ampoule qui l’attire ? Non. Elle s’accroche et attend de mourir au contact de ce qui est, malgré tout, chaud et lumineux."

On doit cette description étonnante de notre monde à François d'Epenoux, dans son roman intitulé Le réveil du coeur : il y compare la terre à une ampoule peuplée de mouches.... Nous sommes, ainsi, réduits à peu de chose...
 


L'ampoule est très ancienne : ce mot est, en fait, issu du grec "ἀμφορεύς, amphoreus", "l'amphore", par l'intermédiaire du latin "ampulla"...

Le terme "ampulla" désigne, dès les origines, une petite fiole, une amphore de dimensions réduites, contenant des onguents, des parfums...

Les romains nous ont légué des recipients d'une grande finesse, admirablement ouvragés, de véritables oeuvres d'art !

Et, désormais, pour nous, l'ampoule désigne une boule de verre, servant à l'éclairage électrique...

Le mot "ampoule" nous fait percevoir des envols de lumières, grâce à sa voyelle nasalisée, "am", sa consonne labiale, sa voyelle "ou" qui semble restituer la diffusion des éclats de lueurs.

L'ampoule et ses filaments nous sont si familiers que nous n'y prêtons plus guère attention : le mot lui-même semble si moderne qu'on en a oublié les origines latines et grecques...

L'amphore antique, on peut le rappeler, possède deux anses qui servent à la transporter : c'est d'ailleurs, l'étymologie du mot : "qui se porte des deux côtés."

Le mot "ampoule", avec son suffixe de diminutif, a pris des sens nouveaux, différents. Il évoque des formes rondes, ovalisées... l'ampoule s'embellit de lumières, sous les abat-jour, qu'elle fait rayonner, elle nous apporte un confort de vision inégalée.

L'ampoule électrique ! La modernité ! Les soirs, les nuits qui deviennent comme le jour !

L'éclat des lampes qui nous permettent de lire, de nous activer comme en plein jour ! Et tout cela, grâce à une petite amphore pleine de filaments !

La forme même de l'ampoule évoque l'amphore antique pleine d'élégance, effilée et arrondie, en même temps.

Le passé et le présent se rejoignent, ainsi, dans ce simple mot, chargé d'histoires.... 

On est admiratif devant les fioles d'opaline que nous ont transmises les romains et les grecs : elles révèlent un art raffiné, un goût pour les beaux objets...

Certains mots nous permettent de traverser les siècles, de remonter dans un passé lointain, vers les sources de notre culture, vers les origines.

Les mots nous offrent, alors, des voyages dans le temps, ils sont une évasion, des repères, des jalons dans l'évolution du monde...

Ils nous font rêver à des objets anciens, aux formes pleines d'harmonie...

L'ampoule peut prendre, aussi, un sens plus négatif, quand elle désigne une cloque produite par une blessure.

Le mot peut être, également, utilisé dans un sens imagé pour décrire des formes rondes, comme le fait François d'Epenoux, pour évoquer la terre, ramenant, ainsi, notre monde à des dimensions dérisoires...

 

Un autre article sur le mot amphore : Toute la beauté d'une amphore romaine

 

http://rosemar.over-blog.com/article-toute-la-beaute-d-une-amphore-romaine-124081320.html


 

 

 

Photos : Christelle et rosemar

Le monde est une ampoule suspendue dans le noir...
Le monde est une ampoule suspendue dans le noir...
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1 octobre 2015 4 01 /10 /octobre /2015 16:37
Une mantille noire était jetée sur sa tête...

 



"Après avoir erré longtemps, sans pouvoir retrouver sa route, Aben-Hamet entendit une porte s'ouvrir. Il vit sortir une jeune femme vêtue à peu près comme un de ces reines gothiques sculptées sur les monuments de nos anciennes abbayes. Son corset noir, garni de jais, serrait sa taille élégante... une mantille également noire était jetée sur sa tête : elle tenait, avec sa main gauche, cette mantille croisée et fermée comme une guimpe au dessous de son menton, si bien que l'on n'apercevait, de tout son visage, que ses grands yeux et sa bouche rose..."

 

C'est ainsi que Chateaubriand décrit une de ses héroïnes, Blanca, à travers le regard d'Aben-Hamet, dans la nouvelle intitulée Le dernier Abencerage.

Le récit se déroule à Grenade, au 16 ème siècle, il  relate les aventures d'un survivant de la famille Abencerage, une tribu maure...

Ce personnage s'appelle Aben-Hamet : il revient sur la terre de ses ancêtres et s'éprend de Blanca, une chrétienne descendante de Rodrigue et  Chimène.

Dans cette scène de rencontre amoureuse, le héros est sensible à la beauté de la jeune femme, mise en valeur par une mantille...



Une mantille ! Le mot, en lui-même, résonne d'éclats : il évoque l'Espagne, Grenade, l'Andalousie, la Castille, l'Estramadure, des noms aux sonorités mystérieuses, exotiques et lointaines.

On entend, aussi, des airs de fandangos et séguédilles, des cliquetis de castagnettes, des guitares, des musiques entraînantes.

La mantille déroule ses dentelles sombres, elle nous fait découvrir des douceurs de tissus soyeux, des entrelacs pleins de finesse...

La mantille qui sert à voiler la tête, les épaules des espagnoles crée un mystère, elle cache, elle dissimule, tout en révélant la beauté.

Le mot "mantille" nous émeut, par ses échos de labiale, dentale et palatale finale, des consonnes emplies de douceur et d'éclats.

La voyelle nasalisée "an" suggère la légèreté, la souplesse du tissu, des évanescences de dentelles. Elle semble mimer l'élégance de ce foulard qui sert à envelopper le haut du corps.

La mantille forme des résilles, sur les longs cheveux bruns des espagnoles, parure subtile et pleine d'attraits.

Le mot semble avoir des origines lointaines, et doit être rattaché au nom "manteau", en latin "mantellus", avec un suffixe à valeur de diminutif.

"Petite couverture", la mantille cache, à peine, les cheveux qu'elle laisse entrevoir.

Parfois vaporeuse, elle s'épanouit dans des envolées de tulles, de mousselines et de dentelles.

On entrevoit des motifs légers, aériens, des transparences : la mantille sublime la beauté des espagnoles.

Un mot plein de charmes, d'élégance,de poésie, un mot qui fait rêver à des danses virevoltantes, à des parures légères et somptueuses !

Dans l'extrait de l'oeuvre de Chateaubriand, on perçoit toute la séduction de cette parure, associée à un geste de la jeune femme.

Comparée à une "guimpe", mot plein d'étrangeté, la mantille devient un véritable objet de séduction.

 

 

Le dernier Abencerage, le texte de Chateaubriand :

 

https://fr.wikisource.org/wiki/Le_Dernier_Abencerage

 

 

http://www.chapitre.com/CHAPITRE/fr/BOOK/chateaubriand-francois-rene-de/les-aventures-du-dernier-abencerage,744499.aspx





 

Illustration : un tableau de Goya

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12 septembre 2015 6 12 /09 /septembre /2015 14:46
Le fruit nous fait découvrir des rouges incandescents...

 

 

 

Formes oblongues, couleurs lie de vin, les figues nous offrent des saveurs parfumées, des sucs de l'été, et en même temps des couleurs de l'automne...

La peau se marbre de lignes plus sombres qui encerclent le fruit. Des nuées légères semblent nimber ce fourreau obscur.

C'est la saison des figues !

L'intérieur se pare de petites graines aux réseaux infinis, le fruit recèle des filaments d'étoiles, des couleurs pourprées piquetées de blancs.

Le fruit nous fait découvrir des rouges incandescents, des résilles aux couleurs éclatantes...

La chair pulpeuse libère des fibrilles légères, vaporeuses.

Le mot, avec sa fricative initiale, "f", sa gutturale "gu" affiche, à la fois, tendresse et âpreté... tendresse des saveurs sucrées, âpreté des petites graines qui râpent le palais.

"Ficus" ! Le nom latin évoque les pays du sud, où poussent des figuiers à flancs de collines, sur des à-pics vertigineux.

L'ancêtre grec, "
σῦκον,  sukon", est, aussi, plein de charmes, avec ses sonorités de sifflante et de gutturale !

Les mots "sycomore" et "sycophante" rappellent cette forme grecque, à travers un nom d'arbre et celui moins sympathique d'un délateur, anciennement "celui qui dénonce les voleurs de figues" !

Car les figues ont toujours attiré et attisé les convoitises ! Qui n'en a jamais cueilli, sur les bords des chemins ?

La figue, le figuier ne sont-ils pas, aussi, liés aux paysages méditerranéens ?  Ces arbres aux feuillages épanouis sont nombreux, sur les rivages et les terres du sud.

Belles feuilles de figues découpées, dentelées où l'on pose les fruits de l'automne ! Verts profonds et teintes sombres se mêlent dans des harmonies et des tableaux somptueux.

Voici revenu le temps des figues, aux embruns de noirs !

Voici revenu le temps des saveurs plus âpres de l'automne !



 

 

 

Photos : rosemar

Le fruit nous fait découvrir des rouges incandescents...
Le fruit nous fait découvrir des rouges incandescents...
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7 septembre 2015 1 07 /09 /septembre /2015 17:02
L'élégance simple...

 

 


"C'est l'élégance simple qui nous charme" a écrit le poète Ovide, dans son ouvrage intitulé L'art d'aimer... 


"Simple !" J'aime ce qui est simple, naturel, j'aime ce mot qui traduit une forme de modestie, de pudeur...


Le mot "simple" nous charme et nous attire par des sonorités douces, séduisantes, une sifflante, une labiale, par sa voyelle nasalisée "im" qui suggère une liberté, une volonté d'échapper à des contraintes.

La simplicité, la clarté vont, souvent, de pair, elles se complètent agréablement et sont accessibles à tous.

Les auteurs hermétiques ou grandiloquents me rebutent assez vite, je préfère la simplicité d'une littérature qui se veut humaine, proche de nous.

Hugo qui parle de ses filles, Baudelaire qui évoque l'infini des flots, Verlaine qui épanche les "sanglots longs des violons de l'automne", Montaigne qui raconte familièrement son goût pour les voyages,  son bonheur d'aller à la rencontre des autres, de leurs différences.

J'apprécie plus que d'autres les peintres impressionnistes qui nous font admirer des réalités ordinaires, la nature, des champs de coquelicots, des bouquets de fleurs, un marronnier sauvage, des paysages marins aux reflets étonnants, des décors urbains emplis de brumes.

L'art grec et ses formes épurées me séduisent, des korès et des éphèbes aux lignes élégantes, des temples de marbre blanc aux colonnes éblouissantes...

J'avoue que le cinéma d'art et d'essai ne m'attire guère, je préfère les films qui savent distraire, tout en délivrant des messages intéressants.

L'arrogance de ceux qui se piquent de mots, de phrases compliquées me hérisse.

La simplicité des gens humbles me plaît, elle se veut accueillante aux autres, humaine et bienveillante.
La simplicité n'est jamais méprisante, elle est pleine d'humilité et de tendresse.

Ce qui est simple ne se cache pas, ne triche pas : l'étymologie du mot le prouve, l'adjectif vient du latin "simplex", qui signifie "plié une fois"...

Composé de deux éléments, l'adverbe "semel, une fois", et le verbe latin "plico, plier", ce mot révèle bien ce qu'il veut dire...

Ce qui est plié une seule fois peut être facilement ouvert, et accessible... tout en restant un peu secret et mystérieux.

J'aime, aussi, les décors simples, sans fioritures, les fleurs sans artifices, les jardins aux allées sauvages, les sentiers des collines, aux senteurs rustiques de thyms.

Les bonheurs simples me conviennent : un bain de mer, le matin, quand le soleil, plein de douceur, darde ses premiers rayons, une promenade dans la nature pour y cueillir des fleurs ou ramasser des pierres.

Photographier des couchers de soleil, dormir à la belle étoile...

Oui, la simplicité est remplie d'élégance et de bienveillance ! C'est cette simplicité qui nous apporte, aussi, une forme de sérénité, de bonheur tranquille.

 

C'est cette simplicité qu'il faut cultiver dans un monde de technicité croissante, pour éviter de perdre le contact avec la nature...

 

 

 

 

 

 

Photos : rosemar

L'élégance simple...
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22 août 2015 6 22 /08 /août /2015 09:45
L'été qui brûle...

 

"Je redécouvrais à Tipasa qu’il fallait garder intactes en soi une fraîcheur, une source de joie, aimer le jour qui échappe à l’injustice, et retourner au combat avec cette lumière conquise. Je retrouvais ici l’ancienne beauté, un ciel jeune, et je mesurais ma chance, comprenant enfin que dans les pires années de notre folie le souvenir de ce ciel ne m’avait jamais quitté. C’était lui qui pour finir m’avait empêché de désespérer. J’avais toujours su que les ruines de Tipasa étaient plus jeunes que nos chantiers ou nos décombres. Le monde y recommençait tous les jours dans une lumière toujours neuve. Ô lumière ! c’est le cri de tous les personnages placés, dans le drame antique, devant leur destin. Ce recours dernier était aussi le nôtre et je le savais maintenant. Au milieu de l’hiver, j’apprenais enfin qu’il y avait en moi un été invincible."

Dans cet extrait de son oeuvre, intitulée L'été, Camus décrit avec lyrisme, les ruines romaines de Tipasa, dans une lumière éblouissante qui rappelle celle de l'été...

 

L'été, la saison des bonheurs ! Le mot même nous ravit et nous étonne par sa simplicité et son évidence...

Une dentale éclatante, une voyelle réitérée, et l'été nous offre sa briéveté, un temps si court, comme un éclat de vif argent, comme une brûlure soudaine.

L'été brille, s'anime, étincelle et s'évanouit, l'été nous emporte dans un souffle de lumières.
Parfums touffus de l'été, parfums intenses et prégnants, cigales enivrantes, aux échos sans cesse renouvelés !

J'aime l'été qui brûle, l'été fulgurant, l'été si fugace...
Ce mot si familier venu du latin "aestas" remonte, en fait, à un lointain ancêtre grec, le verbe "aitho", "brûler".

L'été associé à l'ardeur, à la brûlure, qui pourrait s'en étonner ?

L'été, saison des soleils éblouissants, des chaleurs torrides et intenses nous fait voir des incandescences d'éclats...
L'été brûle la peau, il dore les visages de splendeurs nouvelles, il apporte des teintes brunes.

La brûlure, c'est aussi "l'estuaire" qui semble bouillonner," l'éther" où l'air est plus pur et le rayonnement du soleil plus intense.

C'est "l'Ethiopien", au visage brûlé, "aithiops", en grec, l'homme au visage d'été.

Ces mots, "l'estuaire, l'éther, l'Ethiopien" sont formés sur le même radical ancien...

Et l'été évoque des images si variées de mer étincelante, de voiles tanguant sur les vagues miroitantes, de sables aux dorures ondoyantes...

Des embrasements de couchers de soleils, des ciels sombres couverts d'étoiles, des harmonies de bleu, des envols d'hirondelles, des jets d'eau qui se parent d'enluminures.

Des calanques aux falaises calcaires, des étourdissements de rochers qui descendent vers la mer, des écumes de blancheurs.

L'été fait resplendir des parfums, des couleurs, des rayonnements...

L'été nous ravit et nous emporte dans ses replis de lumières, il fait trembler les pins de bonheurs, il prolonge les jours et nous fait appécier des nuits apaisantes d'étoiles...



 

 

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15 août 2015 6 15 /08 /août /2015 09:03
L'Assomption, un mot plein de mystères...

 

 


Aujourd'hui, nous fêtons l'Assomption, un mot venu du latin, un mot familier mais quelque peu mystérieux... qui connaît le sens exact de ce mot religieux, ancien ?

Ce terme réunit des consonnes variées, une double sifflante, empreinte de douceur, une labiale pleine de charme, une sifflante encore, et deux voyelles nasalisées qui suggèrent bien une envolée, une élévation...

Ce mot suscite la curiosité : peu employé, il évoque essentiellement une fête religieuse consacrée à la Vierge Marie, il en revêt une dimension mystique et une étrangeté supplémentaires...

Il est curieux de voir que nous utilisons certains mots, sans en connaître exactement la signification, tout le monde parle de l'Assomption de la Vierge, mais peu de gens savent ce que ce mot signifie.

On confond d'ailleurs parfois deux termes bien distincts : l'Ascension, et l'Assomption, car les deux mots se ressemblent, mais ont des sens bien distincts.

Ce nom magnifié, solennel vient, en fait, d'un verbe latin, "assumo" ou "adsumo", "prendre, recueillir".

L'Assomption est l'enlèvement miraculeux de la Vierge au ciel par les anges.

On connaît de nombreuses représentations picturales de l'Assomption de la vierge : elle est entourée d'anges qui l'enlèvent vers le ciel et l'accompagnent dans son envol céleste...

Tableaux de Rubens, Poussin, Prud'hon, Murillo, Le Titien, tant de peintres ont représenté cette scène religieuse.

Des tableaux grandioses, emplis de mysticisme, pleins d'élégance, aux couleurs contrastées de blanc, de bleu, d'ocre.

Dans ces tableaux, les anges semblent porter et enlever Marie vers le ciel, on voit des envolées de drapés du châle de Marie...

Bras levés, les yeux tournés vers le ciel, la vierge, dans un halo de nuages, semble s'envoler, grâce à des anges qui l'escortent et l'accompagnent.

Le voile bleu qui l'entoure virevolte dans les airs, avec grâce et harmonie, formant des vagues sinueuses.

Les anges, ou angelots aux cheveux longs bouclés enlèvent Marie, la transportent dans un mouvement aérien, plein de grâce et d'harmonies.

La scène nous fait ressentir les souffles du vent qui enveloppe les vêtements et les fait voler.


L'Assomption a suscité bien des oeuvres d'art : des peintures, des sculptures, des dessins, des vitraux.

Le mot lui-même suscite l'imagination, le rêve, il comporte une part de mystères dans les sonorités majestueuses qui le composent...

Les voyelles nasalisées, notamment, évoquent comme un ralentissement, la scène semble, ainsi, se dérouler dans un ralenti plein de délicatesse.

Voilà encore un mot venu du latin, un mot ancien, chargé d'histoire, de résonances religieuses, un mot qui étonne, suscite la curiosité, la ferveur, pour certains.

Voilà un mot empli de charmes mystérieux, associé à des oeuvres d'art somptueuses qu'on n'a pas fini de découvrir et d'admirer...



 

 

 

 

 

Photo en haut de l'article : tableau de Le Brun

Albâtre de Nottingham

Albâtre de Nottingham

Tableau de Otto Venius

Tableau de Otto Venius

Vitrail à Noirterre

Vitrail à Noirterre

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14 août 2015 5 14 /08 /août /2015 09:34
La persienne à demi refermée...

 

 

"Il y a un monde qui appartient à la rive du Léthé. Cette rive est la mémoire. C'est le monde des romans et celui des sonates, celui du plaisir des corps nus qui aiment la persienne à demi refermée ou celui du songe qui l'aime plus repoussée encore jusqu'à feindre l'obscurité nocturne ou qui l'invente. C'est le monde des pies sur les tombes. C'est le monde de la solitude que requiert la lecture des livres ou l'audition de la musique."

Dans cet extrait de son oeuvre, Les ombres errantes, Pascal Quignard évoque deux de ses passions, la lecture et la musique, qui exigent solitude, repliement sur soi, contemplation... Le silence, la lecture, la mort, l'amour sont ses thèmes de prédilection, et la "persienne"suggère, ici, un monde caché, secret, celui de l'amour et de la sexualité...



La persienne nous ouvre un espace de demi-pénombre, de lumières tamisées, elle protège et laisse entrevoir un semblant de jour...

En plein été, la persienne tempère les ardeurs trop vives du soleil qu'elle masque avec douceur...

Le mot "persienne" suggère sensualité, douceur, bonheur : labiale initiale, sifflante "s" donnent à ce nom des sonorités pleines d'harmonies.

La gutturale "r" lui apporte un peu d'âpreté et de mystères, un monde secret semble vivre derrière les persiennes.

Ces volets à claire voie laissent passer un jour timide, et offrent une douce intimité.

Les persiennes évoquent le sud et ses chaleurs brûlantes du midi, quand les soleils diffusent leurs ardeurs redoublées, quand les arbres s'embrasent de lumières.

Les persiennes se ferment, alors, dans une ambiance feutrée, alors que les murmures des cigales s'enflamment dans un chant exacerbé.

Douce pénombre bienvenue au coeur de l'été, doux éclats de lumières qui transpercent les entrelacs des volets.

Des rais de clarté se forment, se dispersent, éclaboussent l'obscurité apaisante, ils dessinent le soleil dans l'ombre, le magnifient...

Le soleil, divisé et dupliqué, se diffuse avec douceur, dans une ambiance de rêve et d'harmonie.

A l'intérieur des maisons, bien à l'abri, les persiennes viennent adoucir les chaleurs les plus vives, elles les tempèrent dans une douce harmonie.

La chaleur nous berce de ses murmures de cigales, elle nous entraîne dans un monde de rêves.

Les persiennes évoquent aussi l'orient, la Perse, un monde différent, fait de dunes, d'ondoyances, de mystères...

Des palais orientaux, aux luxes inouis, se dessinent, nous font voir des ombres secrètes, des moucharabiehs.


Les persiennes nous transportent vers l'orient, l'Egypte, le Nil et ses oasis, ses temples sacrés, des monuments d'autrefois, des pyramides obscures, des Sphynx lumineux....

Les persiennes restituent une douce atmosphère, nous font goûter aux bonheurs et aux harmonies de l'été.


 

 

 

 

 

Photos : rosemar

La persienne à demi refermée...
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10 août 2015 1 10 /08 /août /2015 09:16
Abreuvons-nous de la poésie de ce mot !

 

 

 


Le verbe "abreuver" est rempli de poésie : labiale, gutturale entrelacées, fricative sonore, ce mot nous imprègne de sonorités variées, et nous invite à boire avec une certaine avidité pour étancher notre soif...

Abreuvons nous de la poésie de ce mot ! D'autant que ce verbe se conjugue à toutes les personnes et nous offre aussi une variété de formes.

Ce mot associé à la soif en évoque d'autres : "breuvage, abreuvoir, beuverie..."

Le nom "breuvage" est, lui-même, empli de mystères : il fait songer à quelque philtre magique, à une boisson étrange concoctée avec des ingrédients inconnus...

J'aime cette famille de mots pleine de résonances : le verbe "abreuver" peut s'utiliser, aussi, de manière imagée pour évoquer toutes sortes de soifs : abreuvons nous de mystères, de douceur, de générosité, de livres, de mots, de phrases...

Abreuvons-nous aux sources de la connaissance !

Abreuvons-nous de culture, de sensations, de parfums, de couleurs, de sons, de musique, de peinture, de liberté !

 

Buvons à la source de la poésie, redécouvrons le monde...

Voilà un verbe empli de sens et de sensualité, un mot que l'on peut associer à tant d'autres !

Abreuvons-nous de vin, de miel, de soleil, de lumières !

Abreuvons-nous du murmure des vagues, du balancement infini des flots, des senteurs iodées de la mer...

Abreuvons-nous du parfum des fleurs !

Venu du latin "adbibere", "boire, absorber", le verbe "abreuver" se rattache aux origines de notre langue.

Ce mot ancien a subi une évolution phonétique qui l'a transformé : le verbe semble en avoir acquis une dimension et une beauté nouvelles.

Il revit à travers la langue française, avec d'autres sonorités plus suggestives encore, c'est comme si le temps lui avait apporté une autre couleur, d'autres saveurs.

C'est comme si le temps l'avait embelli, magnifié, comme si ce mot avait gagné en résonances, et en éclats !

Les mots évoluent phonétiquement, paraissent parfois très éloignés du terme originel, ils nous font entendre de nouvelles sonorités plus suggestives, plus poétiques, ils se transforment pour s'intégrer dans notre langue.

 

Chargés d'histoire et de sens, les mots nous invitent à l'analyse, la réflexion : ils sont souvent le reflet des idées et des notions qu'ils expriment...

 

Le verbe "abreuver" nous parle du bonheur de la connaissance, d'un enivrement des sens, il nous raconte tant de splendeurs et d'harmonies !

Il nous raconte des sources limpides, des eaux claires, des fluidités, des couleurs de bleu, de blanc, de vert, il nous dit des transparences...

 

 

 

 

 

 

Photos : rosemar

Abreuvons-nous de la poésie de ce mot !
Abreuvons-nous de la poésie de ce mot !
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6 août 2015 4 06 /08 /août /2015 09:59
Un apologue à méditer...

 

 

 

« Ne marche pas de travers, disait une écrevisse à sa fille, et ne frotte pas tes flancs contre le roc humide. – Mère, répliqua-t-elle, toi qui veux m’instruire, marche droit ; je te regarderai et t’imiterai. »
Quand on reprend les autres, il convient qu’on vive et marche droit, avant d’en faire leçon.

 

Ce texte bref, intitulé L'écrevisse et sa mère, constitue ce que l'on appelle, en terme littéraire, un apologue, c'est à dire un court récit à valeur morale



On doit cet apologue à Esope, poète grec, inventeur de ce genre littéraire qu'est la fable...


Esope a vécu entre le 7ème siècle et le 6ème avant JC et il nous donne là une leçon universelle que chacun devrait méditer.

 

Je laisse à chacun le soin de développer cet apologue, à sa façon...

J'en ferai bientôt un commentaire détaillé sur mon blog.

 

A suivre, donc...

 

 

 



 

https://fr.wikisource.org/wiki/Fables_d%E2%80%99%C3%89sope/L%E2%80%99%C3%89crevisse_et_sa_M%C3%A8re

 

Un apologue à méditer...
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3 août 2015 1 03 /08 /août /2015 08:52
Mais que les ruines sont belles !

 

 



Le mot "ruines" nous fait voir des vestiges d'autrefois, des temples grecs aux marbres écornés, d'une blancheur de lys... Ruines de monuments anciens aux colonnes décimées, aux chapiteaux écroulés que l'oeil se plaît à observer...

Cap Sounion, le Parthénon, les Propylées, le temple de Delphes, Ephèse, Milet, Pergame, des théâtres antiques aux échos sonores si parlants !

Mycènes, Epidaure, Dodone, Olympie !

Ruines des vieux villages de Provence, maisons de pierres sèches, aux murs éblouis de lumières !

On aime ces blocs de pierre apaisants, aux contours incertains, remplis de tant d'histoire, au passé somptueux...

On aime ces volutes harmonieuses, ces motifs épurés, ces lignes élancées.

 

Sous un soleil de plomb, les marbres se redessinent, revivent sous un ciel azuréen.

Le mot "ruines" nous fait percevoir, avec sa gutturale "r" toute la dureté de la pierre, et, aussi, la rudesse du temps qui passe, les voyelles "u" et "i" très aiguës qui s'enchaînent semblent restituer toute la douleur de ces écroulements...
Voilà encore un mot expressif ! On voit des pans de murs crouler, sous l'effet de la fuite du temps.

Venu d'un verbe latin "ruo", "s'effondrer", le mot "ruine" nous montre tant de désolation et de désarrois !

Mais que les ruines sont belles, aussi ! Que ces vestiges d'autrefois nous parlent ! Pierres usées, certes, mais polies et patinées par le temps, pierres, où l'on perçoit encore le geste du sculpteur si précis...

Fûts de colonnes écroulées, comme un château de cartes, dans un étagement de pierres amoncelées ! 
Statues brisées, meurtries, mais pleines d'harmonies !


Des noms célèbres surgissent, Phidias, Praxitèle, artistes du passé, dont les oeuvres nous sont parvenues à travers les siècles...

Les ruines nous transmettent tant de poésie, de beauté et d'élégance !

Elles nous parlent des religions et des dieux d'autrefois, Zeus, Athéna, Poséidon, Arès, Bacchus, Artémis, elles évoquent, aussi, toute l'humanité de ceux qui nous ont précédés, leurs croyances, leur vie, leur goût pour la beauté.

Elles recèlent tant de messages ! Elles sont peuplées d'une multitude de souvenirs, d'êtres qui les ont animées...

La Sicile et sa vallée des temples, Olympie et ses fûts de colonnes brisées, Delphes, la Tholos, le théâtre, Aspendos, ville turque !

Que de noms résonnent et que de splendeurs !

 

 

 

 

 

Photos : rosemar  Le temple de Diane, à Nïmes

Mais que les ruines sont belles !
Mais que les ruines sont belles !
Mais que les ruines sont belles !
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