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25 août 2023 5 25 /08 /août /2023 12:06
Quand la musique rencontre la littérature : Ravel...

 

Une musique d'une infinie douceur qui suscite la rêverie, une musique envoûtante qui vous enveloppe dans des tourbillons de notes... une musique qui va crescendo puis s'apaise...

Une merveille d'élégance, de subtilité, d'envolées soudaines de notes...

Tel est le quatuor en fa majeur de Ravel...

Le quatuor Les Vennes a interprété ce morceau lors des Jeudis de Nîmes... pour le plus grand bonheur des spectateurs... Ce quatuor est né en 2021, dans le cadre d'études musicales au conservatoire royal de Liège. Il est constitué de très jeunes musiciens : Agathe Lust, altiste, Georges Moissonnier, violoncelliste, Solenn Hubert et Alexandre Brun violonistes.

"Le quatuor à cordes est un genre difficile, auquel les compositeurs s'attaquent rarement avant leur maturité. Âgé de vingt-sept ans seulement au moment de sa composition, Ravel signe pourtant un chef-d'œuvre : ce n'est pas "un essai qui se répète ou se corrige, mais l'expression parfaite, dans ce genre, d'une personnalité qui dispose de tous ses moyens. […] Il appartient à cette catégorie d'œuvres où le maître a laissé parler son cœur d'une manière particulièrement délicate."

Une oeuvre raffinée, tendre, comme l'était sans doute la personnalité de Maurice Ravel...

 

Une personnalité que l'on découvre dans le roman de Jean Echenoz, intitulé Ravel.

Bruno Paternot, récitant, comédien, nous en lit alors des extraits choisis...

Ce roman retrace les dix dernières années de la vie du compositeur français Maurice Ravel (1875-1937).  L'auteur lui-même ajoute son grain de sel : "Ravel fut grand comme un jockey, donc comme Faulkner ... un artiste méticuleux et élégant, fumeur de Gauloises et amateur de viande bleue. Le voici qui sort de sa baignoire, à la fin de l'année 1927. Ravel se prépare à quitter sa maison "structurée comme un quart de brie" de Monfort-l'Amaury. Direction la gare Saint-Lazare, puis la gare maritime du Havre où le paquebot France doit le conduire en Amérique du Nord. Le compositeur a cinquante-deux ans, il lui en reste seulement dix à vivre. 

Et voici son portrait peint par Echenoz :

"Un mètre soixante et un, quarante-cinq kilos et soixante-seize centimètres de périmètre thoracique; Son visage aigu rasé de près dessine avec son long nez mince deux triangles montés perpendiculairement l’un sur l’autre. Regard noir, vif, inquiet, sourcils fournis, cheveux plaqués en arrière et dégageant un front haut, lèvres minces, oreilles décollées sans lobes, teint mat. Distance élégante, simplicité courtoise, politesse glacée, pas forcément bavard, il est un homme sec mais chic, tiré à quatre épingles vingt-quatre heures sur vingt-quatre."

 

Autour de lui gravitent les ombres de sa gouvernante Mme Révelot, son amie Hélène, la danseuse et mécène russe Ida Rubinstein, son voisin Zogheb, et les musiciens tels Paul Wittgenstein ou encore George Gershwin à qui il refuse de donner quelques cours de compositions lors d’un séjour à New York : "C’est aussi qu’il n’aime pas prendre des élèves et puis bon, Gershwin, on dirait que son succès universel ne lui suffit plus, il vise plus haut mais les moyens lui manquent, on ne va quand même pas l’écraser en les lui donnant."

 

 "Une fois qu’ils ont échangé un petit regard et un signe de tête, ils attaquent le premier mouvement de la sonate que Ravel a terminée cette année, dédiée à Hélène et créée lui-même avec Enesco au violon, toujours salle Érard, au mois de mai. C’est peu dire que Ravel est gêné, presque un peu contrarié. D’ordinaire, au concert, il sort fumer une cigarette quand c’est au tour d’une de ses œuvres d’être exécutée. Il n’aime
pas être là quand on le joue.

Mais pas moyen de se défiler, c’est de bon cœur qu’on a voulu lui faire une petite surprise, il s’efforce de sourire en maugréant intérieurement. D’autant plus que sa nouvelle sonate ils ne l’exécutent pas, juge-t-il, très bien. Et quand au bout d’un bon quart d’heure ils ont achevé le dernier mouvement, Perpetuum mobile, se pose maintenant un autre problème : applaudir ou pas : car applaudir son œuvre est aussi déplaisant que ne pas applaudir les interprètes. Dans le doute il se lève en battant ostensiblement les mains vers les deux contractuels, puis serre les leurs avec chaleur avant de saluer en même temps qu’eux sous les acclamations de toute la première classe du France..."

Lors de cette croisière, il donne à la demande générale un petit concert : 

"Légèrement assis sous le clavier que ses mains ne dominent pas mais abordent à plat, comme en contre-plongée, il fait courir ses doigts trop brefs, très noueux, un peu carrés. Ils comptent dans leurs rangs des pouces exceptionnellement puissants... pouces presque aussi longs que des index. Ce ne sont pas vraiment des mains de pianiste et d'ailleurs il ne possède pas une grande technicité, il joue rapidement, en accrochant tout le temps. Qu'il gouverne avec tant de maladresse un piano s'explique aussi par la paresse dont il ne s'est jamais défait depuis l'enfance : lui si léger n'a pas envie de se fatiguer sur un instrument tellement lourd... bref, il joue mal, mais enfin bon il joue. Il sait qu'il est le contraire d'un virtuose, mais comme personne n'y entend rien, il s'en sort tout à fait bien."

 

En mer comme ailleurs, le pauvre cherche le sommeil jusqu'à l'aube, "pour finir par n'en décrocher qu'un d'occasion, de seconde main, de qualité médiocre, voire n'en trouver aucun." 

 

La struc­ture du Boléro elle-même, qui fera son succès, ne découlerait en fait que d’un mou­ve­ment d’humeur : "Bon, ils veu­lent qu’on répète, ils tien­nent vrai­ment à ce qu’on répète, eh bien d’accord, on répè­tera. Ils en auront, de la répé­ti­tion." 

Ce qui pour­rait fonder un inté­rêt du lec­teur – le dévoi­le­ment du pro­ces­sus de créa­tion – devient en fait mons­tra­tion de tout ce qui est hasard et caprice, effets du quo­ti­dien entrant dans ce pro­ces­sus.

 

 "Quand il vient de composer le boléro qui portera son nom aux confins ultimes de toute notoriété possible et qu'il se demande si, des fois que ça marcherait comme La Madelon, une petite voix amicale, sortie des dessous de l'écriture, lui répond :  Mais ça marchera beaucoup mieux, Maurice, ça marchera cent mille fois mieux que La Madelon."

 

"Or l’ennui, Ravel connaît bien : associé à la flemme, l’ennui peut le faire jouer au diabolo pendant des heures, surveiller la croissance de ses ongles, confectionner des cocottes en papier ou sculpter des canards en mie de pain, inventorier voire essayer de classer sa collection de disques qui va d’Albéniz à Weber, sans passer par Beethoven mais sans exclure Vincent Scotto, Noël-Noël ou Jean Tranchant, de toute façon ces disques il les écoute très peu. Combiné à l’absence de projet, l’ennui se double aussi souvent d’accès de découragement, de pessimisme et de chagrin qui lui font amèrement reprocher à ses parents, dans ces moments, de ne pas l’avoir mis dans l’alimentation. Mais l’ennui de cet instant, plus que jamais démuni de projet, paraît plus physique et oppressant que d’habitude, c’est une acédie fébrile, inquiète, où le sentiment de solitude lui serre la gorge plus douloureusement que le nœud de sa cravate à pois."

" A contra­rio de cet ennui, Ravel éprouve un plai­sir évident à paraî­tre en public, non pour rece­voir l’admi­ra­tion sus­ci­tée par son œuvre mais pour la mise en scène de lui-même qu’elle permet. L’œuvre la plus com­po­sée qu’il pro­pose, c’est sa garde-robe pré­sen­tée « compte tenu du prin­cipe de la partie pour le tout."

 


Le Ravel d’Echenoz, c’est aussi l’histoire d’un déclin. L’ennui grandit, l’esprit s’égare, la maladie gagne. Et chaque seuil descendu est l’occasion de tester des méthodes d’ensommeillement.

 

Echenoz dépeint une personnalité fragile, tourmentée, particulièrement attachante.

 

 

Sources :

 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Quatuor_%C3%A0_cordes_de_Ravel

https://www.unidivers.fr/ravel-jean-echenoz/

 

http://www.pianobleu.com/ravel.html   

 

http://jeanjadin.blogspot.com/2012/05/note-de-lecture-jean-echenoz.html

 

 

 

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18 août 2023 5 18 /08 /août /2023 10:09
Brice Martin : le merveilleux pouvoir d'évocation de la musique...

 

C'est un un récital de piano où l'on a pu apprécier la virtuosité de Brice Martin, sa modestie, sa passion de la musique et de l'art...

 

Brice Martin se définit lui-même comme un pianiste amateur, au demeurant un pianiste très talentueux qui nous a offert un spectacle haut en couleurs, empli d'émotions et de sensations diverses...

 

Brice Martin a fait des études de médecine à Nîmes, s'est spécialisé en psychiatrie à Paris... parallèlement à sa formation médicale, il continue à cultiver sa passion pour le piano.

 

Et Brice Martin a fait d'abord le choix original de nous présenter l'oeuvre d'un compositeur français peu connu : Déodat de Séverac, un compositeur qui avait le goût de l'improvisation, qui maîtrisait un certain art de conteur, une sorte de "Giono du piano", nous dit Brice Martin... Et il rajoute : "c'est une musique qui sent bon."

Sa musique pour piano, au style très personnel, est souvent imagée et colorée, comme dans Le Chant de la Terre, qui décrit une idylle rustique, ou les morceaux En Languedoc et Baigneuses au soleil.

La suite Cerdaña, son chef-d'œuvre, illustre son amour pour le terroir catalan.

 Dans Les muletiers devant le Christ de Llivia, les cloches de l'ancienne église fortifiée sonnent dans une représentation vivante de la scène, alors que les fidèles offrent leurs prières...

 La prière des Muletiers devant le Christ de Llivia est peut-être le sommet spirituel de l’œuvre de Déodat de Séverac. "Il est impossible, me semble-t-il, d’aller plus loin et plus haut dans l’expression du sentiment religieux." selon le poète François-Paul Alibert...

On écoute avec ravissement ce morceau interprété par Brice Martin : intensité, profondeur, ferveur,  rêverie...

 

Dans Le retour des muletiers, on entend les muletiers remonter sur les routes de montagne.

On a l'impression, en écoutant cet extrait, de percevoir le pas cadencé des mules, une scène pittoresque et vivante se dessine... On voit les mules en train de trotter, on voit les muletiers dans la poussière de la route et des fumées bleues...

Tout le pouvoir d'évocation de la musique !

 

Brice Martin nous présente ensuite un autre compositeur Maurice Ravel et ses sortilèges harmoniques... son oeuvre comporte de nombreuses références à la littérature et à la poésie.

Ainsi, la partition de Jeux d'eau porte en épigraphe une citation d'Henri de Régnier : "Dieu fluvial riant de l'eau qui le chatouille."

Et Brice Martin nous joue cette partition avec toute sa sensibilité : on entend le doux bruissement de l'eau, l'eau qui coule, ruisselle, rejaillit, rebondit, s'envole... Magique ! Un moment de rêverie et de douceur...

 

Brice Martin évoque aussi une autre oeuvre de Maurice Ravel : Gaspard de la nuit : Trois poèmes pour piano d'après Aloysius Bertrand est un triptyque composé en 1908, d'après trois poèmes en prose extraits du recueil du même nom d'Aloysius Bertrand...

Le pianiste nous lit alors le poème Ondine :

 

- " Ecoute ! - Ecoute ! - C'est moi, c'est Ondine qui
frôle de ces gouttes d'eau les losanges sonores de ta
fenêtre illuminée par les mornes rayons de la lune ;
et voici, en robe de moire, la dame châtelaine qui
contemple à son balcon la belle nuit étoilée et le beau
lac endormi.

" Chaque flot est un ondin qui nage dans le courant,
chaque courant est un sentier qui serpente vers mon palais,
et mon palais est bâti fluide, au fond du lac, dans le
triangle du feu, de la terre et de l'air.

" Ecoute ! - Ecoute ! - Mon père bat l'eau coassante
d'une branche d'aulne verte, et mes soeurs caressent de
leurs bras d'écume les fraîches îles d'herbes, de nénu-
phars et de glaïeuls, ou se moquent du saule caduc et
barbu qui pêche à la ligne ! "

 

Sa chanson murmurée, elle me supplia de recevoir son
anneau à mon doigt pour être l'époux d'une Ondine, et
de visiter avec elle son palais pour être le roi des lacs.

Et comme je lui répondais que j'aimais une mortelle,
boudeuse et dépitée, elle pleura quelques larmes, poussa
un éclat de rire, et s'évanouit en giboulées qui ruisse-
lèrent blanches le long de mes vitraux bleus."

On écoute l'interprétation de Ondine, un air encore plein de fluidité, de légèreté, de limpidité...

 

Le récital nous fait enfin découvrir un autre musicien : Alexandre Scriabine, poète et compositeur russe.

Brice Martin évoque son oeuvre d'abord inspirée par les romantiques comme Chopin, puis une période de transition et enfin le Scriabine fou, exalté qui touche à la démesure.

 

Et Brice Martin se met au piano pour interpréter L'Etude op.8 en ré dièse mineur, Patetico : une oeuvre de la première période, un air de chanson romantique douce et sombre à la fois.

 

Enfin, on écoute Vers la flamme, op.72 : un crescendo, un vertige de notes, un morceau exalté, tourmenté, très intense...

 

Merci à Brice Martin pour ce récital qui a enchanté le public : le pianiste a fait une brillante démonstration des pouvoirs de suggestion et d'évocation de la musique...
 

Un spectacle présenté dans le cadre des Jeudis de Nîmes...

 


 

https://naxosdirect.co.uk/items/severac-cerdana-en-languedoc-146035

 

 

https://fr.wikisource.org/wiki/F%C3%AAte_d%E2%80%99eau

 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Jeux_d%27eau_(Ravel)

 

 

 

FÊTE D’EAU

 
Le dauphin, le triton et l’obèse grenouille
Diamantant d’écume et d’or Latone nue,
Divinité marine au dos de la tortue,
Dieu fluvial riant de l’eau qui le chatouille ;

La vasque qui retombe ou la gerbe qui mouille,
La nappe qui décroît, se gonfle ou diminue,
Et la poussière humide irisant la statue
Dont s’emperle la mousse ou s’avive la rouille ;

Toute la fête d’eau, de cristal et de joie
Qui s’entrecroise, rit, s’éparpille et poudroie,
Dans le parc enchanté s’est tue avec le soir ;

Et parmi le silence on voit jaillir, auprès
Du tranquille bassin redevenu miroir,
La fontaine de l’if et le jet du cyprès.

 

 

 

 

 

 

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11 août 2023 5 11 /08 /août /2023 11:12
Jazz, blues et poésie...

 

Léa Amable chanteuse,  musicienne de blues et Marc Simon musicien composent un duo enthousiaste, généreux, plein d'imagination...

Ils nous ont offert un spectacle chaleureux lors des Jeudis de Nîmes.

 

Le duo AMALéA nous emporte dans un jazz-blues poétique, joyeux...

Le spectacle s'ouvre sur un doux air de trompette, et on entend la voix de Léa Amable : "Je suis fou de galoper jusqu'au ciel sur mon cheval de papier...", une chanson onirique qui nous transporte dans un monde imaginaire...

Puis, il est question d'amour avec cette autre chanson : If this is love... une chanson rythmée par un air de guitare.

On est ensuite subjugué, comme envoûté par cette mélodie de la musique créole :

"Salangadou, Salangadou
Salangadou, Salangadou
Kote piti fi la ye?
Kote piti fi la ye?
Kote piti fi la ye?
Kote piti fi la ye?
La ye?

 

Salangadou, Salangadou
Salangadou, Salangadou
Où est la petite fille?
Où est la petite fille?
Où est la petite fille?
Où est la petite fille?
La ye?"

 

"Salangadou" de Leyla McCalla est une chanson captivante qui invite les auditeurs à une expérience culturelle riche et vibrante. À travers ses paroles répétitives et sa mélodie envoûtante, "Salangadou" capture l'essence d'une chanson folklorique traditionnelle haïtienne, et en plongeant dans ses paroles et son contexte, nous pouvons découvrir des significations plus profondes et explorer la signification de ce voyage musical.

À la base, "Salangadou" est une chanson d'appel et de réponse, une forme couramment utilisée dans les traditions musicales africaines et de la diaspora africaine, qui met l'accent sur la participation et l'unité de la communauté. La phrase répétée "Kote piti fi la ye?" sert d'appel, demandant où est la petite fille...

"Salangadou" est en fait un jeu traditionnel haïtien dans lequel les enfants forment un cercle, se tiennent par la main et chantent en se déplaçant en rythme. Ce jeu symbolise l'unité et l'harmonie de la communauté."


Puis, le duo de musiciens sollicite la participation du public pour une chanson très facile : c'est en 1971 que David Crosby a exhumé cet air du 15ème siècle : le carillon de Vendôme...

Cette chanson a une histoire très ancienne : il s'agit d'une comptine écrite en 1420 ! Le carillon de Vendôme énumère les dernières possessions du futur Charles VII, surnommé le "Petit roi de Bourges". Nous sommes alors en pleine guerre de Cent Ans, et les rois d'Angleterre successifs estiment que le royaume de France leur revient par héritage. En 1420, les derniers fiefs du roi de France se réduisent à peau de chagrin.

Parmi ces derniers, Orléans mais aussi trois autres villes de la région : Beaugency et Notre-Dame-du-Cléry dans l'actuel Loiret, et Vendôme dans le Loir-et-Cher...

 

"Mes amis, que reste-t-il ?

À ce Dauphin si gentil ?

Orléans, Beaugency,

Notre-Dame du Cléry,

Vendôme, Vendôme !"

 

Vendôme, Orléans, Beaugency, Notre Dame du Cléry... Et le public partagé en deux se prête au jeu de l'interprétation...

 

Nous sommes alors invités sous un marronnier avec une mélodie composée par Marc Simon : "Le chemin est court qui nous mène au ciel, lorsqu'on est allongé sous un marronnier... un moustique m'a piqué au mollet"...

Humour et poésie se conjuguent dans cette chanson pleine de douceur...

 

C'est encore la poésie qui est à l'honneur avec Those dancing days are gone de William Butler Yeats :

 

"Come, let me sing into your ear
Those dancing days are gone
All that silk and satin gear
Crouch upon a stone
Wrapping that foul body up
In as foul a rag 
I carry the sun in a golden cup
The moon in a silver bag

 


Viens que je te chante à l’oreille
Les jours dansants ne sont plus
Qui portaient soie et satin.
Accroupis-toi sur la pierre,
Enveloppe ce sale corps
Dans un haillon aussi sale
Je porte le soleil dans une coupe d’or
La lune en un sac d’argent"

 

Une chanson d'amour encore : I love my man de Billie Holiday...

 

Puis, on part en voyage dans un train fantôme, Mystery Train, un air très rythmé plein de gaieté...

 

Certains sont tièdes, d'autres sont brûlants comme Lily Flame, Lily la Flamme... et le public bat le rythme en tapant des mains...

 

 

On écoute encore un standard de jazz : une chanson de Luis Armstrong St-James Infirmary...

 

Marc Simon nous annonce alors que Les loups sont revenus ! Une chanson pleine de fantaisie et d'imagination où les loups se font hommes... 

 

Merci à ces deux artistes pour ce moment d'évasion, de rêves et d'harmonie...

 

 

 

 

 

 

 

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9 août 2023 3 09 /08 /août /2023 09:22
Le courage d'une pianiste russe qui s'oppose à la guerre en Ukraine...

 

Difficile d'exprimer toute forme d'opposition à la guerre menée contre l'Ukraine, quand on est une citoyen ou une citoyenne russe : la répression est féroce et menaçante...

Pourtant, certaines voix s'élèvent pour dénoncer les horreurs de cette guerre fratricide... une guerre qui tue des civils, des hommes, des femmes, des enfants.

On ne peut que saluer le courage de ces opposants à la guerre.

 

"Polina Osetinskaya, concertiste réputée en Russie n'a pas hésité à prendre position contre la guerre en Ukraine. Depuis, beaucoup de ses concerts sont annulés en Russie. Une représentation a même été interrompue le 31 mars dernier.

Cette pianiste a de plus en plus de mal à se produire dans son pays. Ses concerts sont annulés en Russie en raison de son opposition au conflit en Ukraine.

 

Dans un centre culturel de Moscou, la police a suspendu une de ses représentations...

Les policiers interviennent une première fois : "Cette représentation n'est pas autorisée", disent-ils.

Cela n'empêche pas Polina Osetinskaya de monter sur scène où elle participe à un concert de musique de chambre avec au programme Chostakovitch, mais la police revient à la charge juste avant la seconde partie.

"Des officiers de police sont entrés avec des chiens, ils nous ont montré des sortes de documents et ont dit qu'ils avaient reçu un appel qui parlait d'une bombe dans la salle de concert... ils ont dit à tout le monde de partir..."

Les musiciens et le public attendent dehors, sous la pluie.

Une demi heure plus tard, la police sort de la salle, sous les applaudissements ironiques des spectateurs.

Le concert peut reprendre : mais Polina Osetinskaya ne croit pas une seconde à l'hypothèse de l'alerte à la bombe.

 

"Ils voulaient juste que mon concert n'ait pas lieu, ils ont déjà annulé tous mes concerts durant la saison. J'ai pris position contre la guerre et je continue à m'exprimer contre la guerre. Mais la nouvelle politique du ministère de la culture russe, c'est d'empêcher de travailler tous ceux qui s'opposent à la guerre, d'empêcher qu'on leur verse un salaire. C'est une forme de pression."

 

La pianiste confie aux journalistes avoir reçu des menaces : "J'essaie de ne pas trop m'exposer, j'ai des enfants, je m'inquiète pour leur sécurité."

Les annulations successives pèsent sur ses épaules : "Je continue de faire ce que je peux et je continue ici en Russie, mais cela devient jour après jour plus difficile."

 

Ce n'est pas la première fois que la police russe intervient en plein concert : l'an dernier, elle avait interrompu une représentation du pianiste Alexeï Lubimov car il avait programmé des oeuvres d'un compositeur ukrainien..."

 

Sources :

 

 

 

 

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/journal-de-18h/journal-de-18h-emission-du-mercredi-05-avril-2023-5732847

 

https://www.radiofrance.fr/francemusique/podcasts/reportage/j-ai-recu-quelques-menaces-le-temoignage-inquietant-de-la-pianiste-russe-polina-osetinskaya-2064741

 

 

https://www.diapasonmag.fr/a-la-une/alexei-lubimov-25774.html

Le courage d'une pianiste russe qui s'oppose à la guerre en Ukraine...
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4 août 2023 5 04 /08 /août /2023 12:24
A la découverte d'un instrument : le basson...

 

Les CrocoBassons forment un ensemble constitué de cinq bassonistes : Eléanore Hege, Célia Verseils, Adrien Génevrier, Guillaume Brun, Lomic Lamouroux, issus du Conservatoire de Nîmes...

On connaît bien le violon, la guitare, la contrebasse, la trompette, la flûte, mais beaucoup moins le basson...

Un instrument qui mérite d'être mis à l'honneur !

"On ne fait pas du basson par hasard : on tombe amoureux de l'instrument, ou du professeur ou de la professeur ou de la fille du professeur de basson..."

Hélène Castel, professeur au conservatoire de Nîmes évoque le plaisir, les émotions, le bonheur que procure cet instrument peu connu...

Mais qu'est-ce que le basson ?

Bruno Paternot, comédien nous en fait, alors, une présentation humoristique :

"Le basson n'est pas contagieux, c'est une grosse pipe moins pratique mais moins toxique... l'avantage, c'est qu'il joue moins faux que le violon...etc."

 

Le quintette de bassons nous propose alors un programme de pièces chaleureuses, envoûtantes, parfois comiques... tous vêtus de noir, comme s'ils s'effaçaient devant leur art...

 

D'abord une Danse espagnole : Zapateado de Pablo de Sarasate, un air plein de gaieté, d'entrain et d'humour dans les graves...

 

Puis, une musique baroque, un concerto de Michel Corrette, le Phénix, un morceau enjoué, vif d'abord, puis un adagio plus sombre, langoureux, plaintif... et retour à l'allégro, dansant, léger, aérien...

 

On est séduit par ce concerto pour deux violons RV517 de Vivaldi adapté pour le basson : une musique emplie de gaieté, tourbillonnante, envoûtante dans la répétition qui devient langoureuse, douce, puis à nouveau un air pirouettant, dansant...

 

On apprécie ce morceau de Philippe Hersant : Sefarad, une musique lancinante, redondante qui s'assombrit puis qui devient dansante, avec des notes moyenâgeuses...

 

On est ensuite emporté par le rythme rapide, vertigineux du Tambourin chinois de Fritz Kreisler, un rythme qui s'alanguit doucement et qui "s'enchinoise" encore dans un tourbillon qui fait penser à un dessin animé rapide...

 

On est encore charmé par ces Histoires vraies de Jean-Philippe Audin, un morceau swingué, très dansant...

 

 

Enfin, on se laisse entraîner par un air très vif, enlevé : une pièce pour 6 bassons de Allan Stephenson. Et pour la circonstance, Hélène Castel accompagne ses élèves...

Merci à tous ces musiciens pour cette découverte du basson, un instrument qui demande du souffle, de l'énergie, et du travail...

 

Un spectacle présenté dans le cadre des Jeudis de Nîmes...

 

 

 

 

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28 juillet 2023 5 28 /07 /juillet /2023 12:19
Un magnifique duo de percussions...

 

Un duo de très jeunes musiciens pour ce spectacle présenté lors des Jeudis de Nîmes au Carré d'Art : ce duo Répercussions réunit Clément Charlon et Suzel Thiebaut... lui, grand, brun, une barbe légère, elle, aux longs cheveux blonds bouclés...

 

Attachés principalement au répertoire pour marimba et vibraphone, les deux percussionnistes aiment naviguer entre oeuvres originales pour cette formation et arrangements de pièces classiques ou populaires.

 

On est d'abord ébloui par un vertige de notes avec la Toccata de Anders Kopel, un mélange varié de style classique, baroque, de valse... on a l'impression d'entendre un air de valse musette, un air de fête foraine.... une musique dansante qui s'adoucit et se ralentit doucement... une mélodie qui nous donne l'impression d'être dans un rêve ! Puis, de nouveau, le rythme s'accélère et devient de plus en plus tourbillonnant...

On admire la dextérité de ces deux jeunes musiciens : deux baguettes dans chaque main, des gestes précis, vifs, en parfaite harmonie...

 

On écoute ensuite un air langoureux, mystérieux : une suite baroque de Nicolas Bacri...

 

Avec Effugonetrom de Max Leth, on est emporté dans une musique très fluide, aérienne ! On admire encore la parfaite harmonie entre les deux musiciens !

 

Le morceau suivant de Jesus Salvador Chapi, intitulé Tendresa nous emmène en Espagne entre mélancolie, douleur et espoir : une alternance de parties sombres, graves et de douceur...

 

On est ensuite emporté dans une musique enjouée, lumineuse, celle d'Astor Piazzola : Jeanne Y Paul...

 

Puis, c'est un rythme endiablé qui nous séduit avec Ragtime Medley de George Hamilton Green : un rythme saccadé, heurté de dessin animé joyeux !

 

Avec la suite Retratos du compositeur Brésilen  Radamés Gnatalli, on écoute une musique douce, rêveuse, fluide...

 

 

On est séduit encore par le  Gotan Duo d'Emmanuel Séjourné : un air saccadé, heurté puis fluide, voluptueux... encore un vertige de notes éblouissant !

 

Merci à ces deux jeunes talents qui nous ont fait découvrir ces instruments : marimba et vibraphone... . Certains musiciens, tels Keiko Abe ou Emmanuel Séjourné peuvent manier jusqu'à six baguettes (trois dans chaque main).

 

 

 

 

 

 

 

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21 juillet 2023 5 21 /07 /juillet /2023 11:44
Musiques d'ici et d'ailleurs...

 

Un duo de charme pour ce concert : Héloïse Clauss-Bezault, flûtiste, et Estelle Neidzweidz, pianiste... avec un programme qui nous entraîne dans un voyage à travers tous les continents...

 

D'abord en Asie, en Chine avec l'interprétation d'une pièce de Ma Sicong : Dance of Autumn Harvest... un air assez rapide et vif qui s'alanguit doucement... 

On perçoit comme un alliage entre musique occidentale et musique populaire de ce pays...

 

Puis, on voyage vers l'Océanie avec un air traditionnel d'Indonésie : la flûte utilisée est un suling qui vient de Bali... "Le suling ne s'accorde pas et c'est exprès pour que ça chatouille les oreilles...", nous dit  Héloïse Clauss-Bezault, et on écoute avec ravissement ce son oriental et exotique qui nous transporte au bout du monde...

 

On se laisse ensuite envoûter par une musique syrienne de Dia Succari : Danse du printemps... un air virevoltant, sautillant, une mélodie légère : on a l'impression de voir le vol d'un papillon, et d'entendre le chant d'un oiseau... un pur bonheur !

 

Nous voici bientôt en Europe centrale avec six Danses populaires roumaines de Béla Bartok : une suite de six courtes œuvres pour piano composées par Béla Bartók en 1915.

Cet ensemble de danses est composé de six mouvements et, d'après le compositeur, il devrait être interprété dans son intégralité en quatre minutes et trois secondes. Une alternance de rythmes variés, des airs sautillants, enjoués, vifs...

 

Et comment ne pas être séduit par la Sicilienne de Philippe Gaubert ? Un air charmeur, ondoyant, une merveille de limpidité, de douceur, d'harmonie...

 

Direction le Royaume-Uni, avec une composition de Ian Clarke : Hypnosis... une musique vraiment envoûtante, répétitive, tourbillonnante...

 

Le continent Africain n'est pas oublié : African Song de Abdullah Ibrahim, une mélodie joyeuse, rythmée, pleine de gaieté et d'entrain.

 

Enfin, honneur à l'Amérique du Sud avec un tango d'Astor Piazzolla... Tango Preparense, un tango renversant, enlevé...

 

Un grand merci aux deux musiciennes pour ce voyage pittoresque à travers le monde... un beau moment de rêves et d'évasion...

 

Un spectacle présenté lors des Jeudis de Nîmes au Carré d'Art...

 

 

 

 

 

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17 juillet 2023 1 17 /07 /juillet /2023 12:10
Le retour de l'orthographe ?

 

Le ministre de l'Education a précisé qu'un "chantier" allant de l'école primaire jusqu'au bac serait lancé pour améliorer l'orthographe des élèves. Il serait temps !

Est-ce un simple effet d'annonce ? On peut le craindre...

Depuis des décennies, l'orthographe a été négligée à l'école... 

L'enseignement de l'orthographe a été sacrifié, depuis des années : on a fait semblant de "faire" de l'orthographe, mais cet enseignement s'est peu à peu effacé.

 

La grammaire jugée rébarbative, l'orthographe considérée comme trop difficile ont été délaissées par les pédagogues qui dirigent l'Education nationale.

 

Pourtant, la grammaire est essentielle dans la compréhension d'une langue, de son fonctionnement, de ses structures...

Pour maîtriser une langue, il faut en connaître tous les ressorts, toutes les nuances, toutes les subtilités.

 

Certains élèves ne savent pas distinguer un futur de l'indicatif et un conditionnel, beaucoup ne connaissent pas la conjugaison du passé simple, ce qui donne lieu à des barbarismes grossiers. Les fautes d'accord élémentaires sont fréquentes. Les confusions entre participe et infinitif se multiplient.

Il serait temps de redonner leur place à l'orthographe et à la grammaire : les élèves ont besoin qu'on leur enseigne les règles essentielles pour un bon usage de leur langue.

 

Evidemment, l'apprentissage de l'orthographe demande des efforts, de l'attention, de la concentration... autant de qualités qui se perdent à une époque où triomphent les images...

Avec l'avènement de Chat GPT, les enseignants vont avoir bien des difficultés pour motiver les élèves et les inciter à l'effort...

 

Le ministre de l'Education nationale, Pap Ndiaye, s'est dit favorable dimanche 9 juillet à une prise en compte des fautes de français dans la notation des copies du bac dans les années à venir. "A partir d'un certain niveau de langue trop problématique", quelle que soit la qualité de la copie, celle-ci ne pourrait ainsi ne pas dépasser une certaine note, a-t-il prévenu lors d'une interview.

 

Mais tout cela va prendre beaucoup de temps, au vu du niveau de nombreux élèves ! 

 

 

Source :

 

https://www.francetvinfo.fr/bac/bac-pap-ndiaye-favorable-a-une-notation-plus-severe-de-l-orthographe_5940176.html

 

 

 

Le retour de l'orthographe ?
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14 juillet 2023 5 14 /07 /juillet /2023 11:58
Voyage musical chez les troubadours...

 

D'après une conférence musicale de Marc Simon... UN VOYAGE MUSICAL CHEZ LES TROUBADOURS... un beau voyage en poésie chantée... une poésie qui fera des émules en Europe et ailleurs dans les siècles suivants...

 

"Au XIème siècle, alors que les campagnes françaises sont régulièrement ravagées par les guerres seigneuriales, l’église tente de pacifier la société féodale en instaurant « La Paix de Dieu », interdisant de se battre les jours de fêtes religieuses, puis le dimanche, puis, du mercredi soir au lundi matin ! Les seigneurs se voient donc contraints à une oisiveté qu’ils vont tenter de combattre de maintes façons.

Au sud de la France actuelle, quelques-uns de ces nobles s’essaient à l’art, et notamment à la musique. Ainsi, apparaissent les troubadours, à la fois poètes et musiciens qui écrivent en langue d’Oc. Contrairement aux idées reçues, ils se déplacent rarement de château en château ou de place en place. Ce rôle est plutôt dévolu aux « jugleurs » ou jongleurs, véritables amuseurs qui reprennent les chansons des troubadours et les font connaitre partout où ils passent.

Parmi ces artistes, on compte aussi des femmes, que l’on appelle les trobairitz.

Les chansons relatent les exploits des chevaliers, mais surtout célèbrent l’amour courtois qui prône les valeurs de respect, de sincérité et de dévouement absolus pour son ou sa partenaire. Il s’agit souvent d’un amour impossible, d’une dame inaccessible, de la douleur face à l’indifférence de l’être aimé…"

 

Les troubadours sont des artistes qui ont influencé durablement de nombreux autres artistes, alors qu'ils ont exercé leur art durant une période assez brève de la fin du XIe siècle à la fin du XIIIe...

 

Le premier des troubadours était un très grand seigneur, plus puissant encore que le roi : il s'appelait Guillaume d'Aquitaine, comte de Poitiers, duc d'Aquitaine et de Gascogne... Il est le premier poète connu en langue occitane.

Les troubadours étaient des artistes de toutes classes sociales, mais le plus souvent ils étaient de grands seigneurs : il fallait de préférence savoir lire et écrire, ce qui était encore réservé à une élite.

 

Jaufré Rudel, lui, fut surnommé "le Prince de Blaye", d'après la ville dont il était le seigneur. Il est principalement connu pour avoir le premier développé le thème de "l'amour de loin" (en ancien occitan : amor de lonh) dans ses pièces lyriques.

La plupart des "cansons" commencent par un quatrain qui évoque la nature : la nature est ainsi présentée comme souveraine, et à notre époque, nous avons hélas trop tendance à l'oublier...

"Lorsque les jours sont longs en mai, il m'est bien doux d'entendre de loin le chant des oiseaux ; et quand je m'éloigne je me souviens d'un amour lointain.
Je vais le cœur triste et la tête basse, si bien que chants ni fleur d'aubépine ne me plaisent pas plus que l'hiver glacé.
Jamais je n'aurai joie d'amour, si je n'en ai de cet amour lointain ; car je ne sais, ni près ni loin, femme plus belle ni meilleure ; son mérite est si parfait que je voudrais, pour elle, vivre dans la misère, là-bas, au royaume des Sarrasins...
Je partirai triste et content, quand j'aurai vu cet amour lointain ; mais je ne sais quand je le verrai, car nos terres sont trop lointaines ; il y a bien des défilés et bien des chemins ; je ne suis pas devin, mais que tout aille comme il plaira à Dieu."

 

Un poète contemporain, Marcabru, décrit Jaufré Rudel comme un musicien "oltra mar", c'est-à-dire "de l'autre côté de la mer", ce qui suggère qu'il aurait pris part à la deuxième croisade (v. 1147-1149). Il aurait accompagné Louis VII et Aliénor d'Aquitaine lors de leur expédition, et serait mort dans l'entreprise, vers 1148 ou vers 1170.

 

Un autre poème de Guillaume d'Aquitaine s'ouvre aussi sur une évocation de la nature :

"Grâce au printemps la douceur d'eau
Couvre les bois ; et les oiseaux
Chantent sur les feuilles en leur latin
Ils suivent les vers du nouveau chant"

On peut citer aussi ce poème de Bernard de Ventadour :


         " Quand naissent l'herbe fraîche et la feuille,

          Et que la fleur boutonne au verger,

          Et que le rossignol haut et clair 

          Elève la voix et moud son chant,

Quelle joie j’ai de lui, et joie de la fleur 

Et joie de moi - même et grand’ joie de ma dame,

De toute part je sens la joie qui m’entoure,

Mais de toutes joies la plus grande vient d’elle.

          Hélas, comme je meurs de souci !

    

          Et tant je suis de soucis couvert

          Que larrons me pourraient enlever

          Sans que me doute de ce qu’ils font.

Par Dieu, amour, tu me trouves bien esclave,

Avec peu d'amis et toi pour seul seigneur. 

Pourquoi ne pas forcer le cœur de ma dame 

 Avant que de la désirer je ne meure ?

 

          Merveille est pour moi de pouvoir vivre

          Sans lui découvrir un tel amour.

          Quand je vois la belle qui m’est chère, 

          Ses yeux si beaux dans son beau visage..."
 

 

Bien peu de mélodies du haut moyen-âge sont parvenues jusqu’à nous, l’écriture musicale n’ayant pas encore été inventée. La transmission des chansons se faisait uniquement à l’oral et elles subissaient immanquablement des modifications d’un siècle à l’autre. Le plus souvent le nom de l’auteur a été perdu.

Parfois, une même mélodie servait pour trois ou quatre textes différents, au gré des époques mais aussi des régions.

 

Et on trouve aussi  tout un art de l'imagination chez les troubadours, ce qui a pu inspirer nos poètes surréalistes, avec, par exemple, ce poème de Guillaume d'Aquitaine :


"Ferai des vers de pur néant :
Ne sera de moi ni d’autres gens,
Ne sera d’amour ni de jeunesse,
Ni de rien d’autre.
Les ai trouvés en somnolant –
Sur un cheval !

Ne sais sous quelle étoile suis né.
Ne suis allègre ni irrité,
Ne suis d’ici ni d’ailleurs,
Et n’y peux rien :
Car fus de nuit ensorcelé
À la cime d’une colline.

Ne sais quand fus endormi,
Ni quand je veille si on ne me le dit.
J’ai bien failli avoir le coeur brisé
Par la douleur :
Mais m’en soucie comme d’une souris
Par saint Martial !"

 

Guillaume d'Aquitaine a vécu de 1071  à 1126 et 850 ans plus tard, un artiste américain, J J Cale publie en 1976 un album intitulé Troubadour avec cette chanson d'amour :

 

"Cherry, j'aimerais t'aimer
Cherry, tu m'aimeras aussi?
Un jour, je t'emmènerai, c'est tout ce que je veux faire
Je t'aimerai pour toujours, Cherry ... tu m'aimeras aussi?
Doux comme un lever de soleil du matin
Frais comme une rosée de montagne
Un jour, je t'aimerai Cherry, m'aimeras-tu aussi?
J'ai besoin de toi pour toujours, Cherry ... tu auras besoin de moi aussi?"

J J Cale n'est-il pas un troubadour des temps modernes ? Il a longtemps vécu dans une caravane refusant la célébrité...

 

En vérité, l'Eglise a toujours considéré avec une certaine méfiance les poèmes des troubadours, tout simplement parce qu'ils célébraient la passion... Cet art des troubadours a été battu en brèche par la papauté... Les troubadours ont été considérés comme des infidèles, ils se sont alors expatriés, ont essaimé dans différents pays et les clercs ont commencé à noter leurs chansons. C'est ainsi qu'elles nous sont parvenues...

Les troubadours chantent la force de l'amour qui se traduit par une adoration, mais l'amour et le plaisir charnels ne sont pas exclus.

Marc Simon nous interprète alors sa version de My Funny Valentine... une chanson d'amour comme auraient pu en écrire les troubadours...

"My Funny Valentine, 

Mélancolie en fleurs,

Me fait sourire du bout du coeur

Avec tes airs tragiques 

Entre rire et soupir

Tu es l'oeuvre d'art qui m'inspire

En quoi ta silhouette est-elle

De celle de Vénus moins belle

Et le dessin de ta bouche

Moins farouche

Mais pas un cheveu

Ne change rien

Et surtout si à moi tu tiens

Stay little Valentine

Le moindre de mes jours est tien..."

 

Certains troubadours étaient beaucoup plus modestes que Guillaume d'Aquitaine : c'est le cas de Marcabru, un homme du peuple, d'abord un jongleur, chargé de chanter les oeuvres des troubadours, puis il a porté ses propres textes.

Marcabru se caractérise par une langue très tonique, presque violente : c'était un homme de caractère qui se dressait contre l'ordre établi.

Le sirvente ou sirventès ou sirventés est un poème à caractère satirique, politique ou moral que chantaient, en langue occitane, les troubadours des XIIe et XIIIe siècles. Ces satires, qui étaient ordinairement divisées en couplets et destinées à être chantées comme les autres poèmes, s’attaquent aux princes, à la noblesse, au clergé, au Saint-Siège lui-même, en général aux personnes, aux événements, aux mœurs.

Bob Dylan a pu s'inspirer de ces chansons contestataires par exemple, avec ce célèbre texte : Blowin' in the wind, Ecoute dans le vent :

"Combien de routes un garçon doit-il emprunter
Avant que vous ne l'appeliez un homme ?
Combien de mers une colombe doit-elle survoler
Avant de s’endormir dans la sable ?
Combien de temps les canons tireront-ils
Avant d'être bannis à jamais ?

La réponse mon ami
Est soufflée par le vent

La réponse est soufflée par le vent

Combien d''années une montagne peut-elle se dresser 

Avant d'être balayée par la mer ?

Combien d'années les peuples attendront-ils

Avant de pouvoir être libres ?

Combien de fois un homme peut-il détourner le regard

En prétendant qu'il ne voit pas ?

 

Combien de fois un homme doit-il lever les yeux

Avant qu'il puisse voir le ciel

Combien de fois un homme doit il tendre l'oreille

Avant d'entendre les gens pleurer ?

Combien de morts faudra-t-il pour qu'il réalise 

Que trop de gens sont morts ?"

 

On connaît aussi les noms de quelques femmes troubadours :

Azalaïs de Porcairagues est une trobairitz, active dans la seconde moitié du XIIe siècle. Une seule de ses compositions a été conservée, Ar em al freg temps vengut.

L'unique source pour connaître la vie d'Azalaïs de Porcairagues est sa vida, c'est-à-dire une brève biographie occitane en prose écrite au XIIIe siècle. Selon cette vida :

« Dame Azalaïs de Porcairagues, une dame de haute noblesse et de culture, était originaire de la région de Montpellier. Elle s'éprit de sire Gui Guerrejat, le frère de sire Guillaume de Montpellier. Elle s'entendait à la poésie et composa à son propos maintes chansons de qualité. »

"Ar em al freg temps vengut,
Que ‘l gèls e’l nèus e la fanha,
E l’aucelet estàn mut,
Qu’us de chantar non s’afranha ;
E son sec li ram pels plais,
Que flors ni folha no’i nais,
Ni rossinhols non i crida
Que la en mai me reissida.

(Nous voici venus au temps froid,
Avec le gel, la neige, la boue.
Les oiseaux se sont tus,
Ils ne veulent plus chanter.
Les branches sont sèches,
Elles n’ont plus ni fleur ni feuille.
Le rossignol ne chante plus,
lui qui en mai me réveille.)"

 

La Comtesse Béatrice de Die a écrit, elle, des textes d'une grande modernité :

"Combien voudrais mon chevalier
Tenir un soir dans mes bras nus,
Pour lui seul, il serait comblé,
Je ferais coussin de mes hanches ;
Car je m'en suis bien plus éprise
Que ne fut
Flore de
Blanchefleur.
Mon amour et mon cour lui donne,
Mon âme, mes yeux, et ma vie.

Bel ami, si plaisant et bon,
Si vous retrouve en mon pouvoir
Et me couche avec vous un soir
Et d'amour vous donne un baiser,
Nul plaisir ne sera meilleur
Que vous, en place de mari,
Sachez-le, si vous promettez
De faire tout ce que je voudrais."

 

 

Hélas, souvent, la musique est perdue : sur les mélodies, rien n'est certain, sur le rythme, non plus. Il faut recréer quelque chose à partir de presque rien.

Les instruments, eux, sont faits à l'époque avec une grande variété de matériaux issus de la nature : cornes, os, bois...

 

 

 

 

https://culture-bassin-valenciennes.etab.ac-lille.fr/2020/10/13/chants-traditionnels-troubadours-et-trouveres/

 

 

 

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30 juin 2023 5 30 /06 /juin /2023 11:38
L'art méconnu des troubadours...

 

D'après une conférence donnée par Matthieu Poitavin, auteur occitan, professeur de Provençal et Yanira Martinez, née à Cuba, musicologue et ethnologue : L'inspiration des troubadours dans le monde, entre France et Cuba...

 

Pourquoi a-t-on occulté cette littérature occitane : l'art des troubadours ? Qui est capable, de nos jours, de citer un seul nom de troubadour ?

Pourtant, ils étaient pas moins de 500 dans la région occitane...

Des auteurs tombés dans l'oubli alors qu'ils ont exercé une influence considérable dans le temps et dans l'espace...

Qui connaît Bernard de Ventadour, Cercamon, Marcabru, Geoffroy Rudel, Peire Cardinal, Guillaume d'Aquitaine ? Qui connaît la Comtesse de Die ?

Qui connaît leurs oeuvres ?

L'art du trobar couvre pourtant un grand espace des Alpes aux Pyrénées, 32 départements du sud de la France...

Et cet art va se déplacer en Italie, en Catalogne jusqu'à Valence, au Portugal, en Angleterre.

Cette littérature va devenir la première littérature de l'occident, et elle va influencer la littérature moderne, et contemporaine.

Dante et Pétrarque se réfèrent à cette littérature.

Une littérature qui chante l'amour...

L'influence de cette littérature s'est étendue jusqu'à Cuba ! Comment ? C'est difficile de le préciser...

Des comédiens venus d'Espagne, d'Italie, de France débarquent à Cuba pour divertir la population et cette tradition musicale va arriver dans les villes principales à la fin du 19ème siècle et au début du 20ème siècle.


Au 19ème siècle à Cuba, des chanteurs de rues allaient de ville en ville avec leur guitare pour interpréter leurs compositions. Ce mouvement emblématique est considéré comme l’âme de la chanson cubaine. 

C'est tout un art de faire des sérénades avec des textes qui décrivent la beauté de la femme créole, on trouve aussi des textes patriotiques qui évoquent la bravoure de ceux qui se battent pour la liberté du pays.

C'est toute une génération d'auteurs-interprètes qui chantent seuls, en duo, ou trio accompagnés d'une guitare qui apparaissent au début du XXe siècle, appelés trovadores, ces groupes de troubadours chantent des habaneras, des guajiras, ou boléros, chansons sentimentales nées vers 1880 à Santiago de Cuba...

 

En Occitanie, il faut oublier l'image du troubadour qui va de château en château. L'art du troubadour appartient d'abord à de riches seigneurs, c'est un art très savant, codifié... un art porté et diffusé ensuite par des "jongleurs" qui interprètent les oeuvres des troubadours.

La femme est souvent déifiée, elle apparaît lointaine, inaccessible...

 

Le terme d'ancien occitan  "paratge" est relativement fréquent dans la poésie des troubadours où il revêt tour à tour le sens premier de "noblesse de sang" et le sens plus original de "noblesse de cœur  ou de mérite", c'est une ouverture d'esprit aux autres...

La civilisation occitane est ainsi une civilisation de progrès.

 

On distingue plusieurs genres : la cansoun, genre le plus noble, une poésie chantée consacrée à la louange et à l'amour associé à la galanterie et la politesse... l'alba, texte narratif où les personnages se séparent et sont en attente... le sirvantès, genre politique, satirique, littérature de combat... la pastourelle, chanson qui évoque l'amour pour une bergère... la romance, récit d'une aventure amoureuse.

 

Mais cette culture occitane des troubadours a été quelque peu oubliée : on ne l'enseigne que très peu dans nos écoles...

 

Certains groupes font renaître la chanson occitane : par exemple, Massilia Sound System, avec cette chanson :

"Les compagnons du fin amour
Oh braves gens de ce quartier, je viens chanter la gloire de ceux qui ont fait notre histoire : les compagnons de fin amour
Je chanterai pour tous ceux qui ont mis dans notre mémoire le plaisir, la peine et la noblesse, un trésor pour nos enfants
Hélas il nous faut le chanter car ils ne l'ont pas dit à l'école
Je vais maintenant commencer le voyage avec Guilhem d'Aquitaine qui fut le premier d'entre eux il ya plus de mille ans
Jaufré Rudel est devenu fou d'une princesse de Tripoli et sans avoir jamais vu son visage, pour elle, il fit toutes ses chansons
De Ventadorn il faut que je parle et de Vidal et de Cerveri car ils nous ont envoyé le message : le plaisir ne dure pas qu'un instant
Je chante aussi pour Peire Cardinal qui nous a appris le courage de ne jamais se taire quand gouvernent les méchants
Nous en avons plein encore dans notre camion, de quoi remplir un dictionnaire, plaisir, poésie et noblesse, un trésor pour nos enfants..."

 

 

https://www.moyenagepassion.com/index.php/2019/04/03/quan-lerba-fresch-ou-la-joie-du-troubadour-bernart-de-ventadorn-au-renouveau-printanier/


https://www.lemonde.fr/blog/mundolatino/2011/01/11/des-troubadours-a-la-trova-cubaine/

 

https://genius.com/Massilia-sound-system-lei-companhs-de-fin-amor-lyrics

 

 

 

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