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24 mars 2018 6 24 /03 /mars /2018 09:58
Quel bagou !

 


 

Pour célébrer la semaine de la langue française et de la Francophonie du 17 au 25 mars 2018...

Dis-moi dix mots sur tous les tons...

 

 

Quel bagou ! Voilà un mot familier, issu du langage populaire, aux sonorités évocatrices, la labiale "b" pouvant suggérer le plaisir de parler, la gutturale "g" traduisant une certaine audace, le son "ou" langoureux révélant un désir de subjuguer, de tromper, de faire illusion.

 

Venu de l'argot "bagouler", "parler inconsidérément", ce nom contient aussi le mot "goule", qui désigne anciennement la "gueule".

En latin "gula"fait référence à la gorge, au gosier. Le terme "gueule" est souvent employé dans un sens péjoratif et a aussi une connotation populaire.

 

Le "bagou", c'est le plaisir de parler, de manière effrontée, excessive, sans mesure... pour en imposer à autrui.

Le terme implique une envie de tromper, de dominer les autres par la parole.

Le bagou est une arme, mais on décèle assez facilement ses faiblesses : marqué par le mensonge, la tromperie, le bagou comporte parfois une nuance péjorative.

 

Le bagou, la parlote, le baratin, la tchatche, le blablabla, le boniment, le bobard, la gouaille... que de termes familiers et évocateurs ! 

 

Ceux qui ont du bagou font preuve d'audace mais ne sont guère crédibles : certains n'hésitent pas à mentir, inventer, se contredire, usent d'un langage outrancier, sans vergogne.

 

Mais le bagou peut comporter des aspects plus sympathiques quand il s'agit de raconter de belles histoires, d'embellir une réalité ordinaire...

 

J'aime ce mot car il semble avoir aussi des accents du sud : il nous fait entendre le bagou des bonimenteurs, des poissonnières du port de Marseille, leur parler haut en couleurs, leurs cris tonitruants.

 

On voit des scènes familières, des vendeurs de rues qui vantent leurs marchandises, des éloges appuyés, des voix qui se haussent.

 

Ce mot populaire a des accents de bonheur : on entrevoit le plaisir des mots, la joie des phrases qui s'enchaînent.

 

Ce nom dégage une impression de gaieté de liberté, on perçoit un certain brio, une volupté dans cette envie de s'exprimer, de dérouler des idées, de les magnifier.

 

Le "bagou" est un mot du sud, il représente bien ces hâbleurs de Marseille, ces gens volubiles qui ne s'arrêtent pas de raconter des histoires.

Ce nom évoque des personnages pittoresques, des Tartarins parfois comiques, des conteurs qui s'animent et font vivre leurs propos.

 

 

  
 

 

Les dix mots sélectionnés cette année :
 

accent, bagou, griot, jactance, ohé, placoter, susurrer, truculent, voix, volubile

 

 

 

 

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20 mars 2018 2 20 /03 /mars /2018 13:38
Pour célébrer la langue française : l'accent !

 


 

Pour célébrer la semaine de la langue française et de la Francophonie du 17 au 25 mars 2018...

Dis-moi dix mots sur tous les tons...

 

L'accent ! Tout le monde connaît ces signes orthographiques, qui ornent les voyelles, l'accent aigu, grave, circonflexe...

Mais ce mot désigne, aussi, une intonation sur certaines syllabes, une façon d'élever la voix.

Certains accents chantent, modulent les mots dans une ronde musicale : on rejoint, ainsi, l'étymologie de ce terme, venu du nom "accentus" issu, lui-même,"d'un verbe latin "accino", composé sur un autre verbe "cano", "chanter"...

De nombreux mots appartiennent à cette famille : "chanson, chansonnette, chansonnier, chant, chanterelle, chanteur, chantonner, chantre", avec des évolutions phonétiques différentes.

Le nom lui-même, "accent" virevolte, avec sa voyelle nasalisée "an", les consonnes gutturale et sifflante juxtaposées qui forment un contraste saisissant.

Certains accents sont reconnaissables entre mille : l'accent de Toulouse, celui de Marseille, celui du Nord.

L'accent, lié à la musique, nous fait entendre des voix chantantes, des mots qui résonnent de prononciations particulières... 

L'accent rocailleux de Toulouse, la ville rose, l'accent de Claude Nougaro, aux éclats du sud...

L'accent de Pagnol, celui de Giono qui chante des collines imprégnées de lumières et de soleils, les paysages du sud, la garrigue, des parfums de thym, de romarin...

L'accent de Marseille, celui de l'Estaque qui nous fait sentir les embruns de la Méditerranée et des collines environnantes...

L'accent de la langue grecque, si ondoyante, qui chante les îles, Paros, Amorgos, Samos, Santorin, les vagues redoublées de la Méditerranée, des temples antiques de marbre blanc.

L'accent permet, aussi, dans chaque langue, d'exprimer des sentiments divers : joie, surprise, désarroi, tristesse, colère, indignation.

L'accent nous fait entendre la vie, ses joies, ses peines, ses difficultés... des éclats de voix qui s'exaspèrent, qui souffrent, se révoltent, d'autres qui exultent de bonheur.

Les accents ornent, aussi, les mots, les voyelles, de petits signes qui sont comme des repères : l'accent circonflexe coiffe harmonieusement certaines voyelles, indique, parfois, des consonnes disparues ou un allongement... "pêcheur, âpre, pâle, vêtement, tâche, icône, île, pâtre, théâtre..."

Les mots sont comme embellis par ces légers embruns qui les auréolent... ils en acquièrent plus de mystères, de charmes.

Le nom "théâtre" revêt, ainsi, une dimension particulière avec sa voyelle "a", surmontée d'un accent circonflexe, venu d'une ancienne voyelle longue.

Ce mot issu d'un verbe grec "théaomai", "voir, regarder" semble suggérer toutes les harmonies du spectacle théâtral, on peut percevoir, dans l'accent circonflexe, toute la solennité de l'art théâtral.

L'accent n'est-il pas l'image même de la vie ? Associé à la musique, au chant, il révèle de nombreuses nuances, il signe une région d'origine, il peut exprimer des sentiments, nous faire remonter à l'étymologie des mots.

Quelles richesses dans ce seul mot ! L'accent nous fait découvrir un univers plein d'harmonie, de diversité, de contrastes, d'exotisme...

 

 

 

Les dix mots sélectionnés cette année :
 

accent, bagou, griot, jactance, ohé, placoter, susurrer, truculent, voix, volubile

 

 

 

Photo : rosemar

 

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10 mars 2018 6 10 /03 /mars /2018 09:06
Au temps du Lagarde et Michard...

 

 

Qui ne se souvient de cette collection littéraire en 6 volumes depuis le Moyen-âge jusqu'au XXème siècle ?

Des extraits, des textes choisis, des fiches de présentation des auteurs, un classement chronologique, une vue d'ensemble de notre littérature...

Des synthèses littéraires précédaient les textes, des illustrations ponctuaient cette collection, oeuvres picturales, photos, gravures...

 

Ces ouvrages nous accompagnaient tout au long de notre scolarité, nous avions le loisir de les feuilleter, de découvrir aussi, au hasard des pages, des textes que nous n'avions pas étudiés en classe...

 

Le classement chronologique permettait une approche progressive de la littérature : on en percevait les différents courants, au fil du temps, on comprenait les évolutions et les mouvements littéraires, en relation avec l'histoire...

Pourquoi a-t-on abandonné cette démarche chronologique ?

Au nom de quelle lubie de pédagogiste ?

 

Désormais, c'est l'approche thématique qui prévaut, brouillant les pistes et les repères chronologiques...

Les manuels sont classés par genres littéraires : poésie, roman, nouvelle, théâtre, essai... et par thèmes : l'éducation, l'autre, les portraits, à quoi sert la littérature ?

Des livres particulièrement lourds, compacts, différents en fonction des niveaux d'étude : seconde, première, terminale...

 

De nouvelles collections sont apparues, suivant les nouveaux programmes, des ouvrages sans cesse renouvelés, car il faut que les éditeurs vendent leurs livres...

Ne vivons-nous pas dans  dans un monde de marchandisation permanente ?

 

Si autrefois des générations d'élèves se transmettaient les éditions du Lagarde et Michard, désormais les livres ne durent qu'un temps : 5 ou 6 ans...

Le temps qu'intervienne une nouvelle réforme des programmes...

 

Les élèves ne disposent plus d'ouvrages de référence : en lycée, les livres leur sont prêtés par l'administration et ils les restituent à la fin de l'année.

Le Lagarde et Michard, c'était la culture littéraire à portée de mains pour chaque élève, c'était une sorte de Bible du savoir.

Mais la culture classique n'est plus à la mode : "trop difficile,  trop élitiste...", affirment certains pédagogistes...

Il convient de baisser le niveau au nom d'une prétendue égalité des chances..

Le Lagarde et Michard donnait une synthèse riche et documenté de notre histoire littéraire.

Hélas ! Notre culture est en péril : il convient de réhabiliter l'étude des classiques, il convient d'expliquer et d'enseigner les racines de notre culture.

Il convient de valoriser une culture en péril face à la mondialisation.

 

 

 

 

 

 

 

Au temps du Lagarde et Michard...
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7 mars 2018 3 07 /03 /mars /2018 10:04
L'histoire des mots est passionnante...

 

 

Les mots de notre langue remontent souvent à des origines lointaines : 80 % des mots français viennent du latin et du grec...

 

Le sens premier de ces mots permet de mieux comprendre la signification profonde de notre vocabulaire, de percevoir des évolutions notables.

La langue, les mots façonnent et disent notre rapport au monde : ils reflètent une façon de voir le réel...

 

Ainsi, le nom  "κόσμος, cosmos" a des origines grecques : il désigne l'ordre du monde, une forme d'harmonie et de beauté à laquelle les Grecs étaient sensibles...

On peut remarquer que ce mot a gardé en français la forme exacte qu'il avait en grec ancien, avec sa terminaison en -os bien caractéristique.

Le terme "cosmétique" vient aussi de ce radical, avec une spécialisation de sens.

Ce mot a lui-même pris deux significations : il désigne "un produit qui sert à entretenir la peau, à la rendre belle", et il a aussi un sens ironique : "inefficace, qui n'a d'effet qu'en apparence..."

Chute bien misérable pour ce dérivé d'un mot qui désignait d'abord l'ordre du monde !

 

On connaît de nombreux autres mots qui viennent de ce radical : "microcosme, macrocosme, cosmopolite, cosmogonie, cosmologie, cosmique, cosmonaute..."

Cette famille de mots remonte au grec, et on en voit toute la productivité : même un terme qui désigne une réalité moderne "cosmonaute" vient du grec ! Le cosmonaute étant celui qui navigue dans le cosmos...

Le nom "kosmos" ne nous montre-t-il pas toute l'admiration qu'éprouvaient les Grecs pour l'agencement du monde ? Une admiration que nous avons quelque peu perdue... hélas !

Nous oublions, de nos jours, de contempler le monde et ses merveilles, nous ne percevons plus les leçons qu'il nous délivre...

 

Il est utile aussi parfois de connaître l'origine des mots pour mieux comprendre la réalité qu'ils désignent : ainsi, le nom "théâtre" est bâti sur le radical d'un verbe "θεάομαι, theáomai voir, regarder"... on perçoit aussitôt ce qu'est l'art théâtral : un art visuel qui se prête à une mise en scène.

Le nom de la "poésie" est, quant à lui, issu d'un verbe grec : "ποιεῖν poiein", "faire, créer".

On conçoit  bien que la poésie est l'art de créer un nouveau langage qui n'est pas le parler ordinaire.

Ainsi, l'étymologie nous révèle parfois l'essence même des mots.

Autre exemple : la plupart des noms d'arbres nous viennent du latin ou du grec :  "πλάτανος, platanos, platanus, le platane", "populus, le peuplier", "laurus, le laurier", "alnus, l'aulne", "arbutus, l'arbousier", "cedrus, le cèdre", "κυπάρισσος, le cyprès", "ficus, le figuier"...

Le nom générique de l'arbre est lui-même issu d'un terme latin "arbor".

Et tous ces substantifs sont anciennement de genre féminin, les arbres étant reliés à la terre nourricière.

Les anciens pensaient que chaque arbre était habité par une nymphe, chaque arbre était considéré comme un être vivant.

On perçoit ainsi tout le respect qu'avaient nos ancêtres pour la nature, un respect que nous avons, hélas, tendance à négliger, de nos jours.

Les mots ont une histoire révélatrice : ils mettent en évidence la signification profonde de notre vocabulaire, ils traduisent aussi des valeurs, une façon de concevoir le monde...

 

 

 

 

 

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28 février 2018 3 28 /02 /février /2018 09:18
Une question d'héritage...

 

 

Est-il possible de faire du passé table rase ? Non, bien sûr : nous sommes tous les héritiers d'une culture, d'un passé riche d'événements.

La France est ainsi l'héritière d'une culture millénaire...

Il n'est pas étonnant que nous soyons attachés à cette culture si ancienne... Il n'est pas étonnant que dans le droit français, il soit interdit de déshériter ses propres enfants, car les enfants sont ceux qui sont le plus à même de transmettre ensuite cet héritage.

 

Ce n'est d'ailleurs pas le cas aux Etats-Unis, où certains milliardaires peuvent déshériter leurs enfants pour leur apprendre à ne compter que sur eux-mêmes.

Aux Etats-Unis, le lien avec le passé est plus accessoire... sans doute parce que c'est un pays dont l'histoire est très récente.

 

On l'a vu avec le débat sur le testament de Johnny Halliday : le chanteur a exclu de la succession son fils et sa fille biologiques, et a tout légué à son épouse.

"On ne déshérite pas ses enfants, ça ne se fait pas..." a déclaré notamment Jacques Dutronc, un des amis du chanteur.

Eddy Mitchell, une autre "vieille canaille" a exprimé le même point de vue : "Je ne comprends pas que l'on puisse déshériter ses enfants."

Un tel héritage n'est pas dans la tradition française sans doute aussi parce que notre pays est attaché au principe d'égalité...

Bien sûr, Laura Smet et David Halliday ont déjà reçu une infime partie de cet héritage, grâce à des donations.

Bien sûr, ils ne sont pas dans le besoin.

 

Mais on comprend leur tristesse : ils doivent se sentir rejetés et désavoués par leur propre père, puisqu'ils sont écartés de la succession.

 

Désormais, une bataille judiciaire et médiatique est engagée : deux clans s'opposent irrémédiablement.

Une famille éclatée et déchirée, des années de procédure qui s'annoncent, des déclarations contradictoires : voilà le résultat de dispositions testamentaires qui créent la division et l'incompréhension.

Le mal est fait : les commentaires vont bon train, les fans prennent parti pour l'un ou l'autre clan.

On peut imaginer aussi la tristesse des deux fillettes Jade et Joy prises dans une tempête médiatique.

Cette famille recomposée ne pourra pas retrouver une harmonie perdue.

 

Que reste-t-il de la belle union affichée lors des obsèques de la star ?

Que reste-t-il des liens familiaux tissés entre les enfants de Johnny ?

Quel gâchis !

"L'héritage qu'il soit matériel ou immatériel est ce qui nous inscrit dans une généalogie..." nous rappelle Natacha Polony dans un de ses ouvrages.

L'héritage permet de se construire : comment ne pas comprendre le désarroi de ceux qui ont été déshérités ?

 

 

 

 

 

 

 

Une question d'héritage...
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23 février 2018 5 23 /02 /février /2018 12:50
Honneur aux vulgarisateurs !

 

 

Le journal Marianne rend hommage, dans une de ses récentes publications, à ceux que l'on appelle "les passeurs de savoir"...

Voilà des auteurs qui mettent à la portée de tous  la philosophie, la musique, la médecine, l'économie ou l'histoire.

 

Sont ainsi  célébrés Frédéric Lenoir qui s'est attaché dans son dernier ouvrage à vulgariser l'oeuvre de Spinoza, les philosophes Luc Ferry et Raphaël Enthoven, ou encore des passionnés d'histoire, Stéphane Bern, Laurent Deutsch, un musicien Jean-François Zygel...

Ces auteurs ont le mérite de nous ouvrir des portes vers la connaissance et le savoir.

Grâce leur soit rendue !

Les médias leur ont assuré une certaine notoriété : on les voit dans des émissions de télévision, sur internet... 

 

Mais, curieusement, dans cette liste d'auteurs, on constate qu'un des philosophes les plus connus de notre époque n'est même pas cité.

Pourtant, Michel Onfray, puisque c'est à lui que je pense, est un des premiers à avoir oeuvré pour la vulgarisation de la philosophie.

Son Université populaire a connu un grand succès et un grand retentissement.

Pourquoi cet oubli ?

 

Un Stéphane Bern ou un Frédéric Lenoir font tout de même pâle figure face à un philosophe de l'étoffe de Michel Onfray ! Il n'y a pas photo, il me semble !

Je trouve, pour ma part, cet oubli (volontaire ?) injustifié : même si Michel Onfray a pu, parfois, manquer de rigueur, son oeuvre est à bien des égards utile notamment pour comprendre l'histoire de la philosophie.

C'est certain : Michel Onfray est un magnifique passeur de culture.

 

J'ai particulièrement apprécié la lecture de Cosmos, un ouvrage riche de savoirs, écrit dans un style lyrique et poétique.

Michel Onfray rend hommage à son père, simple ouvrier agricole, homme de la terre et du terroir qui lui a appris à vivre en harmonie avec la nature.

Un hommage émouvant et empli d'humanité...

 

Onfray se livre aussi à une réflexion sur le temps : l'oubli du temps virgilien est pour lui une des causes du nihilisme contemporain, car l'homme qui vit dans le béton et le bitume des villes "ignore les cycles de la nature, les mouvements des saisons"...

Il met en évidence "notre méconnaissance de la vie végétale, notre ignorance de la capacité des plantes, des fleurs, des arbres à entretenir une relation intelligente avec le monde, car notre temps n'est pas le leur."

Onfray analyse aussi nos relations avec les animaux, dénonce la pratique de la corrida...

Ce livre révèle la curiosité de ce philosophe épris de savoirs et de rencontres...

Oui, Onfray est un grand vulgarisateur ; il nous fait découvrir les lois du cosmos, une sorte de "sagesse existentielle qui permettait aux hommes de vivre selon lui."

Il explore aussi le monde des arts : le haîku, les toiles d'Arcimboldo, le Land Art, les tableaux de Caspar David Friedrich, peintre du sublime...

Esprit curieux, Onfray aborde toutes sortes de sujets passionnants et sait nous les rendre accessibles...

 

 

 

 

 

 

Honneur aux vulgarisateurs !
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16 février 2018 5 16 /02 /février /2018 15:01
Célébrer la culture...

 

 

Notre époque se veut nihiliste et elle a tendance à rejeter le passé pourtant si riche de culture : nous vivons dans le culte de l'immédiateté et de l'instantanéité.

Nous sommes abreuvés d'un flux continu d'informations qui se bousculent et nous en oublions l'héritage culturel du passé.

Et pourtant, que ce passé est riche d'auteurs, de penseurs, de philosophes, d'écrivains !

 

Déjà, dans l'antiquité, Démocrite, philosophe grec avait imaginé un monde composé d'atomes et de vide ! 

Le philosophe grec Leucippe et son disciple Démocrite ont, les premiers, suggéré que toute matière était composée de particules infimes et invisibles à l'œil nu. 

Plus tard, le poète latin Lucrèce a repris cette théorie des atomes dans son ouvrage intitulé De natura rerum.

Ainsi, des hommes qui nous ont précédés ont réussi à percer les mystères de la nature et ont eu des intuitions géniales.

 

D'autres ont crée et inventé des histoires fabuleuses qui nous font encore rêver par delà les siècles : les aventures d'Ulysse, son périple à travers la Méditerranée...

Homère, un des premiers poètes de l'humanité réussit à nous émouvoir avec cette histoire aux multiples péripéties.

La poésie dont il émaille son récit est emplie d'humanité.

Et cette humanité nous touche, elle nous est si proche et si familière.

Elle atteint l'universel, quand Homère évoque "l'Aurore aux doigts de rose, Nausicaa aux bras blancs, la divine Calypso..."

 

On est sensible à la beauté de certaines descriptions... ainsi, au chant V, cette évocation du dieu Hermès :

"Le messager céleste effleure les vagues comme la mouette qui, dans les gouffres profonds de la mer stérile, poursuit les poissons et plonge ses ailes épaisses dans l'onde amère : tel paraît Hermès penché sur l'immense surface des eaux. Quand il touche à l'île lointaine, il quitte la mer azurée et marche sur le rivage ; bientôt il atteint la grotte spacieuse qu'habite Calypso, la nymphe à la belle chevelure. Mercure trouve la déesse dans l'intérieur de sa demeure : un grand feu brillait dans le foyer, et au loin s'exhalait le suave parfum du cèdre et du thuya fendus. Calypso, retirée du fond de la grotte, chantait d'une voix mélodieuse, et s'occupait à tisser une toile avec une navette d'or..."

Le style qui fait intervenir comparaison, sensations visuelle, olfactive, auditive suscite le rêve.

 

Nous sommes les héritiers de cette culture qu'il nous appartient de préserver et de transmettre.

Cette culture nous nourrit et signe notre appartenance à une humanité.

Ne rejetons pas le passé, et cet héritage précieux.

 

La poésie, la littérature, le savoir nous renvoient à notre humanité.

Ce sont des valeurs qui méritent d'être défendues, ce sont nos valeurs...

La culture nous fait retrouver nos racines, elle nous relie à tous ceux qui nous ont devancés sur le chemin de la connaissance.

Elle tisse des liens entre les humains, elle est l'essence même de l'humanité.

 

 

 

 

 

Célébrer la culture...
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5 février 2018 1 05 /02 /février /2018 14:25
Les langues anciennes enfin réhabilitées ?

 

 

On se souvient que la réforme des collèges initiée par la ministre Najat Vallaud-Belkacem avait annihilé l'enseignement du latin et du grec.

Ces disciplines avaient été mises au rebut puisque les horaires dédiés à ces deux langues avaient été supprimés au profit d'EPI, ou enseignements pratiques interdisciplinaires, sortes de fourre-tout où ces langues n'étaient plus vraiment enseignées.

Les humanités avaient été aussi depuis longtemps reléguées, placées dans les emplois du temps des élèves en fin de journée....

A terme, était programmée la disparition de ces disciplines, avec un recrutement toujours plus réduit d'enseignants de lettres classiques...

Ainsi, avec la réforme du collège, le nombre d'établissements situés en REP+ qui ne proposent pas de latin est passé de 40 à 160 !

Au nom de l'égalitarisme, on s'est attaqué à ces disciplines comme si elles avaient tendance à creuser les inégalités.

 

Mais c'est une absurdité : ce n'est pas en supprimant des enseignements exigeants et formateurs que l'on va sauver l'école.

On a prétendu que ces disciplines sont élitistes : quelle erreur !

Elles permettent, au contraire, à des élèves volontaires d'approfondir leur connaissance de la langue, d'acquérir une certaine rigueur, de s'intéresser à l'histoire, la mythologie, la littérature antique.

 

Comme le souligne un rapport de Pascal Charvet, ces enseignements sont bel et bien des "facteurs d'intégration scolaire".

Dans ce rapport intitulé "les humanités au cœur de l'école" qu'il vient de rendre au ministre de l'Éducation nationale, Pascal Charvet réhabilite enfin ces disciplines.

 

Le latin, le grec développent la curiosité des élèves qui peuvent ainsi s'intéresser à l'étymologie, l'origine des mots, leur histoire.

Les élèves ont l'occasion de traduire des textes antiques qui sont le substrat de notre culture : poésie, théâtre, comédie, tragédie, fables, discours, tous ces grands genres littéraires sont nés en Grèce...

 

Oui, ces disciplines sont exigeantes : elles réclament des efforts, de la volonté, de la persévérance, et en ce sens elles sont particulièrement formatrices.


Le latin et le grec ne sont pas des langues mortes, comme on le dit trop souvent : ces langues vivent à travers le français, elles sont omni-présentes, elles survivent même là où on ne le soupçonne pas, des termes très modernes sont, ainsi, empruntés au grec, "le canapé, la vidéo, la télévision, le cinéma, l'astronomie", pour ne citer que quelques exemples...
 

Il faut souhaiter que ces enseignements soient effectivement remis à l'honneur le plus rapidement possible, qu'ils retrouvent toute leur place dans les établissements scolaires, que soit enfin rétabli un véritable recrutement de professeurs de lettres classiques.


Dans un monde en perte de repères, comment ne pas voir que ces disciplines sont essentielles ? Elles nous relient au passé, à notre histoire, au substrat de notre culture et de notre langue.
 

 

 

 

Source : un article du journal Le Point :

 

http://www.lepoint.fr/editos-du-point/sophie-coignard/coignard-latin-grec-le-requisitoire-contre-najat-vallaud-belkacem-01-02-2018-2191295_2134.php#xtmc=latin-grec&xtnp=1&xtcr=1

 

 

 

 

 

Les langues anciennes enfin réhabilitées ?
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2 février 2018 5 02 /02 /février /2018 09:10
Les profs seraient déconnectés du réel ?

 

 

On tombe des nues quand on voit ce rapport pondu par Aurore Bergé et Béatrice Descamps sur les relations parents-professeurs...

 

Selon les deux députés auteurs du texte, Aurore Bergé (LREM) et Béatrice Descamps (UDI), il existe un problème majeur dans les établissements scolaires en difficulté : les professeurs ne seraient pas en phase avec les quartiers dans lesquels ils peuvent être mutés, ils seraient même "déconnectés de la réalité". "Ainsi donc, les professeurs ne peuvent pas comprendre leurs élèves car ils ne leur ressemblent pas."

 

Les enseignants déconnectés ? Alors qu'ils sont confrontés tous les jours à des problèmes innombrables : classes surchargées, élèves indisciplinés, bavardages, insolence, incivilité...

 

Il semble que ces deux députés aient l'art d'inverser les rôles : ce sont les hommes et les femmes politiques qui sont déconnectés du réel, qui n'ont pas conscience de toutes les difficultés que rencontrent les enseignants.

 

D'ailleurs les conseils donnés par ces "responsables" politiques relèvent d'une rare inconscience : par exemple, "les enseignants devraient se retenir d'écrire des "remarques désobligeantes, voire stigmatisantes sur le bulletin scolaire..."

ou encore "les enseignants devraient arrêter d'utiliser un vocabulaire volontairement opaque..."

 

On est sidéré par de tels conseils venus d'un personnel politique totalement éloigné des réalités du terrain.

On est sidéré par ces remarques désobligeantes pour le corps professoral, comme si les enseignants usaient à dessein d'un vocabulaire compliqué, comme s'ils n'avaient pas à coeur d'expliquer et de transmettre des savoirs accessibles à tous.

 

On exige aussi des professeurs qu'ils soient bienveillants voire indulgents dans leurs appréciations, il serait peut-être même bienvenu de leur part qu'ils mettent de bonnes notes à tous leurs élèves ?

Comment ose-t-on donner de telles directives aux enseignants ?

Quel est ce mépris dans lequel est tenue la fonction enseignante ?

 

Il serait temps de prendre conscience des réelles difficultés de ce métier au lieu de faire semblant de prodiguer des conseils absurdes au personnel de l'Education nationale...

 

Plus loin dans le rapport, on trouve encore cette proposition surréaliste : la création d’une "semaine du goût où chaque parent pourrait apporter une spécialité culinaire de son pays".  Une façon de vivre de meilleures relations avec les parents !

 

On a vraiment l'impression que ces "responsables" politiques se moquent de ceux qui sont sur le terrain, confrontés tous les jours à un métier exigeant et complexe... confrontés à des élèves qui ne lisent plus, qui sont branchés sur Facebook, qui sont obnubilés par toutes sortes d'écrans.

Qui est déconnecté du réel ? Qui ne voit plus le monde tel qu'il est ?

Qui vit dans sa bulle ?

Qui prétend donner des leçons à ceux qui travaillent dans des conditions difficiles ?

 

Je le constate et je l'ai constaté à plusieurs reprises dans mon activité d'enseignante : ce métier est complètement déconsidéré par la société, l'administration  et par les instances politiques...

Et encore une fois, ce rapport en est la preuve...

 

 

 

 

 

 

 

Les profs seraient déconnectés du réel ?
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27 janvier 2018 6 27 /01 /janvier /2018 10:38
Pour relire Rabelais... La lettre de Gargantua à son fils Pantagruel...

 

 

 

Il faut lire et relire la magnifique lettre de Gargantua à son fils Pantagruel : un éloge de la connaissance et de la culture qui apportent sérénité et bonheur à tout être humain.

Insérée dans le premier ouvrage de François Rabelais, publié en 1532, cette lettre est un véritable manifeste humaniste qui montre que le savoir est essentiel pour l'homme, qu'il lui permet de progresser et de devenir plus humain...

 

La lettre définit un véritable programme intellectuel, une culture encyclopédique : elle vise à développer la curiosité du jeune Pantagruel et à lui faire comprendre que le savoir est source de bonheur et de sagesse.

 

Il s'agit d'abord pour le jeune garçon de profiter des nouvelles conditions qui sont mises à sa disposition dans le domaine culturel, au XVIème siècle : développement de l'imprimerie, extension de la réflexion et du savoir, remise à l'honneur des langues anciennes.

Et qui ne voit là toute la modernité et l'actualité de cette lettre ? De nos jours, encore, de nouveaux moyens de connaissance sont accessibles grâce à internet et la diffusion du savoir est ainsi multipliée à l'infini.

 

La lettre est constituée d'une succession de recommandations soulignées par l'emploi répété du subjonctif et de l'impératif :

"J'entends et je veux que tu apprennes parfaitement les langues...  que tu formes ton style sur celui de Platon pour le grec, sur celui de Cicéron pour le latin... Qu'il n'y ait pas d'étude scientifique que tu ne gardes présente en ta mémoire...  De l'astronomie, apprends toutes les règles, mais laisse-moi l'astrologie et l'art de Lullius...  Du droit civil, je veux que tu saches par cœur les beaux textes, et que tu me les mettes en parallèle avec la philosophie. Et quant à la connaissance de la nature, je veux que tu t'y donnes avec soin : qu il n'y ait mer, rivière, ni source dont tu ignores les poissons... Puis relis soigneusement les livres des médecins grecs, arabes et latins...

Somme, que je voie un abîme de science..." 

Le texte a ainsi une valeur didactique, et on perçoit une sorte d'enthousiasme et de ferveur pour la culture, grâce à de nombreux procédés : les énumérations, les anaphores à valeur d'insistance, les hyperboles, le vocabulaire plein de fermeté...

 

Un extrait restitue plus particulièrement cet enthousiasme et l'on y retrouve anaphore, énumération, hyperboles, le tout souligné par une antithèse "tous... rien" :

"tous les oiseaux du ciel, tous les arbres, arbustes, et fructices des forêts, toutes les herbes de la terre, tous les métaux cachés au ventre des abîmes, les pierreries de tous les pays de l'Orient et du midi, que rien ne te soit inconnu."

 

En plusieurs étapes, sont exprimées les orientations de l'éducation humaniste, les domaines envisagés qui sont divers et multiples, le respect des règles morales et religieuses.

On trouve aussi dans cette lettre deux formules célèbres : "Sapience n'entre point en âme malivole"... "Science sans conscience n'est que ruine de l'âme".

Deux maximes essentielles qui définissent l'humanisme.

La science doit s'accompagner d'une réflexion, d'une prise de conscience et d'un souci de valeurs morales et éthiques.

Et encore une fois, qui ne voit toute l'actualité de ces maximes ?

Alors que l'homme cherche à dépasser sa condition de mortel, alors qu'il s'applique à polluer la nature, à détruire la terre sur laquelle il vit, il a besoin plus que jamais d'une prise de conscience.

L'homme saccage les écosystèmes, il extermine les espèces animales, il perturbe le climat pour soutenir des choix absurdes, qui ne le rendent même pas heureux.

Le message de Rabelais est plus que jamais d'actualité...

Le savoir, l'humanisme restent de magnifiques projets de vie.

En un temps où le nihilisme gagne du terrain, il est bon de se ressourcer auprès de ce grand humaniste que fut Rabelais, et de relire des messages essentiels pour l'humanité.

La connaissance, le savoir nourrissent l'être humain, le font progresser, à cette condition : le progrès doit avoir pour but le bonheur de l'humanité, il ne doit pas être aliénant, et la connaissance doit rester au service de l'homme.

 

 

Le texte :

 

- François Rabelais, Pantagruel, chapitre VIII, « Comment Pantagruel, étant à Paris, reçut lettres de sonpère Gargantua, et la copie d'icelles » (1532).


Maintenant toutes disciplines sont restituées, les langues rétablies : Grecque, sans laquelle c'est honte qu'une personne se dise savante, Hébraïque, Chaldaïque, Latine (1), les impressions tant élégantes et correctes, en usage,qui ont été inventées de mon âge par inspiration divine, comme, à contre-fil, l'artillerie par suggestion diabolique.
Tout le monde est plein de gens savants, de précepteurs très doctes, de librairies (2) très amples, qu'il m'est avis que, ni au temps de Platon, ni de Cicéron, ni de Papinien (3), n'était telle commodité d'étude qu'on y voit maintenant, et ne se faudra plus dorénavant trouver en place, ni en compagnie, qui ne sera bien expoli en l'officine de Minerve (4).
Je vois les brigands, les bourreaux, les aventuriers, les palefreniers de maintenant plus doctes que les docteurs etprêcheurs de mon temps. Que dirai-je? Les femmes et filles ont aspiré à cette louange et manne céleste de bonne doctrine. Tant y a qu'en âge où je suis, j'ai été contraint d'apprendre les lettres grecques, lesquelles je n'avais
méprisées comme Caton, mais je n'avais eu loisir de comprendre en mon jeune âge ; et volontiers me délecte à lireles Moraux de Plutarque, les beaux Dialogues de Platon, les Monuments de Pausanias et Antiquités d'Atheneus, attendant l'heure qu'il plaira à Dieu, mon Créateur, m'appeler et commander sortir de cette terre.
C'est pourquoi, mon fils, je t'admoneste (5) qu'emploies ta jeunesse à bien profiter en études et en vertus. Tues à Paris, tu as ton précepteur Epistemon, dont l'un par vives et vocales instructions, l'autre par louables exemples, te peuvent endoctriner.


J'entends et veux que tu apprennes les langues parfaitement: premièrement la Grecque, comme le veut Quintilien, secondement la Latine, et puis l'Hébraïque pour les Saintes Lettres, et la Chaldaïque et Arabique pareillement ; et que tu formes ton style, quant à la Grecque, à l'imitation de Platon, quant à la Latine, à Cicéron.
Qu’il n’y ait histoire que tu ne tiennes en mémoire présente, à quoi t'aidera la Cosmographie de ceux qui en ont écrit.


Des arts libéraux : géométrie, arithmétique et musique, je t'en donnai quelque goût quand tu étais encore petit, en l'âge de cinq à six ans ; poursuis le reste, et d'astronomie saches-en tous les canons(6). Laisse-moi l'astrologie divinatrice et l'art de Lullius(7), comme abus et vanités.
Du droit civil, je veux que tu saches par cœur les beaux textes et me les confères avec philosophie.

 Et, quant à la connaissance des faits de nature, je veux que tu t'y adonnes avec soin ; qu'il n’y ait mer, rivière, ni fontaine, dont tu ne connaisses les poissons, tous les oiseaux de l'air, tous les arbres, arbustes et buissons des forêts, toutes les herbes de la terre, tous les métaux cachés au centre des abîmes, les pierreries de tout Orient et
Midi : rien ne te soit inconnu.
Puis, soigneusement pratique les livres des médecins grecs, arabes et latins, sans mépriser les Talmudistes et Cabalistes(8), et par fréquentes anatomies acquiers-toi parfaite connaissance de l'autre monde, qui est l'homme. Et par quelques heures du jour commence à visiter les saintes lettres, premièrement en grec le Nouveau Testament et Épîtres des Apôtres, et puis en Hébreu le Vieux Testament.


Somme, que je voie un abîme de science : car dorénavant que tu deviens homme et te fais grand, il te faudra sortir de cette tranquillité et repos d'étude et apprendre la chevalerie et armes pour défendre ma maison et nos amis secourir en toutes affaires contre les assauts malfaisants.
Et veux que, sans tarder, tu essayes combien tu as profité, ce que tu ne pourras mieux faire que tenant conclusions(9) en tout savoir, publiquement, envers tous et contre tous, et hantant les gens lettrés qui sont tant à Paris qu'ailleurs.


Mais - parce que, selon le sage Salomon, sapience n'entre point en âme malivole et science sans conscience n'est que ruine de l'âme -, il te convient servir, aimer et craindre Dieu, et en lui mettre toutes tes pensées et tout ton espoir, et par foi formée de charité être à lui adjoint, en sorte que jamais n'en sois désemparé par péché. Aie suspects les abus du monde. Ne mets ton cœur à vanité, car cette vie est transitoire, mais la parole de Dieu demeure éternellement. Sois serviable à tout ton prochain et l'aime comme toi-même. Révère tes précepteurs. Fuis les compagnies des gens auxquels tu ne veux point ressembler, et les grâces que Dieu t'a données, icelles ne reçois en vain.

Et quand tu connaîtras qu'auras tout le savoir de par delà acquis, retourne vers moi, afin que je te voie et donne ma bénédiction avant de mourir.


Mon fils, la paix et grâce de Notre-Seigneur soit avec toi, amen.
D'Utopie, ce dix-septième jour du mois de mars.
Ton père,
Gargantua.

 


Notes :
1. Variété de l’hébreu employée dans certains passages de la Bible. Erasme avait recommandé l’étude de cette langue. 2.Bibliothèques. 3. Ces écrivains représentent trois âges de la civilisation : après l’âge de la philosophie et celui de l’éloquence, l’âge de Papinien (IIIe siècle après J.-C.) est celui des savants, notamment en droit et en grammaire. 4. Poli, cultivé, en la boutique placée sous la protection de la déesse du savoir, c’est-à-dire à l’école des humanistes. 5. Je te demande solennellement. 6. Règles. 7. L’alchimie (de Raymond Lulle, savant espagnol, (1235-1315). 8. Spécialistes du Talmud (commentaire de la Loi judaïque) et de la kabbale (interprétation symbolique de la Bible). 9. Soutenant des controverses

 

 


 

http://blog.ac-versailles.fr/lelu/public/sciences/rabelais

 

Pour relire Rabelais... La lettre de Gargantua à son fils Pantagruel...
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