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30 mars 2018 5 30 /03 /mars /2018 08:46
Pour défendre notre langue française...

 

 

Une langue qui s'appauvrit, le règne de l'image qui fait que les mots perdent de leur pouvoir et de leur sens, notre langue française défigurée, meurtrie, mutilée : tel est le triste bilan que dresse Jean- Michel Delacomptée dans son ouvrage intitulé Notre langue française...

 

Quand l'image prend le pas sur le mot, elle peut accomplir des ravages et anéantir tout un patrimoine culturel.

 

Jean-Michel Delacomptée met en évidence l'appauvrissement du vocabulaire et de la syntaxe : il dénonce la lourdeur de certaines expressions de plus en plus utilisées : "par rapport à", "au point de vue de", il débusque les abréviations, le style SMS, ou encore l'emploi d'un lexique banal et répété : "être, avoir, dire, faire"...

 

Les fautes de langue se multiplient : fautes d'accord du participe passé employé avec l'auxiliaire "avoir", le non respect du "h" aspiré dans la prononciation...

 

On ne peut que regretter aussi l'invasion du "globish" en train de dévorer le globe...

Tous ces mots qui sont utilisés sur la toile et ailleurs "pour faire tendance"."News, la semaine du white, The voice, Secret story..."

Le snobisme de certains, la mode, la pub taillent en pièces notre langue.

Comme si on en avait honte... nos mots s'effacent devant l'invasion de la langue anglaise.

 

Jean-Michel Delacomptée fustige aussi l'internet vocal qui risque de prévaloir de plus en plus, les assistants vocaux se multipliant...

Une façon encore de simplifier la communication, de la rendre plus facile mais aussi plus superficielle et moins réfléchie...

Ainsi, l'auteur imagine un monde où l'humain "n'aura plus à fournir d'efforts pour se repérer dans le monde..."

 

La dématérialisation a tendance à gagner du terrain : fini, le bon vieux papier....

"Rédiger à la main devient suranné..." peut-être le geste lui-même se perdra-t-il un jour ?

On imagine facilement le danger que de telles pratiques font courir à la langue : l'écrit élaboré risque de s'évanouir.

 

Que dire de l'écriture inclusive qui massacre la langue ?

Que penser de la féminisation forcée du vocabulaire ?

On forge des mots nouveaux "auteure, autrice"... on hésite et on constate toute la maladresse de ces néologismes.

 

Notre langue mérite d'être protégée et préservée de ces atteintes multiples : à chacun de refuser ces manquements, ces agressions...

Jean-Michel Delacomptée s'inquiète devant le sort qui est réservé à notre langue française : si nous continuons à la saccager, nous risquons de "détruire notre idéal républicain, notre culture et aussi notre civilisation..."

L'enjeu est gravissime...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pour défendre notre langue française...
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24 mars 2018 6 24 /03 /mars /2018 09:58
Quel bagou !

 


 

Pour célébrer la semaine de la langue française et de la Francophonie du 17 au 25 mars 2018...

Dis-moi dix mots sur tous les tons...

 

 

Quel bagou ! Voilà un mot familier, issu du langage populaire, aux sonorités évocatrices, la labiale "b" pouvant suggérer le plaisir de parler, la gutturale "g" traduisant une certaine audace, le son "ou" langoureux révélant un désir de subjuguer, de tromper, de faire illusion.

 

Venu de l'argot "bagouler", "parler inconsidérément", ce nom contient aussi le mot "goule", qui désigne anciennement la "gueule".

En latin "gula"fait référence à la gorge, au gosier. Le terme "gueule" est souvent employé dans un sens péjoratif et a aussi une connotation populaire.

 

Le "bagou", c'est le plaisir de parler, de manière effrontée, excessive, sans mesure... pour en imposer à autrui.

Le terme implique une envie de tromper, de dominer les autres par la parole.

Le bagou est une arme, mais on décèle assez facilement ses faiblesses : marqué par le mensonge, la tromperie, le bagou comporte parfois une nuance péjorative.

 

Le bagou, la parlote, le baratin, la tchatche, le blablabla, le boniment, le bobard, la gouaille... que de termes familiers et évocateurs ! 

 

Ceux qui ont du bagou font preuve d'audace mais ne sont guère crédibles : certains n'hésitent pas à mentir, inventer, se contredire, usent d'un langage outrancier, sans vergogne.

 

Mais le bagou peut comporter des aspects plus sympathiques quand il s'agit de raconter de belles histoires, d'embellir une réalité ordinaire...

 

J'aime ce mot car il semble avoir aussi des accents du sud : il nous fait entendre le bagou des bonimenteurs, des poissonnières du port de Marseille, leur parler haut en couleurs, leurs cris tonitruants.

 

On voit des scènes familières, des vendeurs de rues qui vantent leurs marchandises, des éloges appuyés, des voix qui se haussent.

 

Ce mot populaire a des accents de bonheur : on entrevoit le plaisir des mots, la joie des phrases qui s'enchaînent.

 

Ce nom dégage une impression de gaieté de liberté, on perçoit un certain brio, une volupté dans cette envie de s'exprimer, de dérouler des idées, de les magnifier.

 

Le "bagou" est un mot du sud, il représente bien ces hâbleurs de Marseille, ces gens volubiles qui ne s'arrêtent pas de raconter des histoires.

Ce nom évoque des personnages pittoresques, des Tartarins parfois comiques, des conteurs qui s'animent et font vivre leurs propos.

 

 

  
 

 

Les dix mots sélectionnés cette année :
 

accent, bagou, griot, jactance, ohé, placoter, susurrer, truculent, voix, volubile

 

 

 

 

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20 mars 2018 2 20 /03 /mars /2018 13:38
Pour célébrer la langue française : l'accent !

 


 

Pour célébrer la semaine de la langue française et de la Francophonie du 17 au 25 mars 2018...

Dis-moi dix mots sur tous les tons...

 

L'accent ! Tout le monde connaît ces signes orthographiques, qui ornent les voyelles, l'accent aigu, grave, circonflexe...

Mais ce mot désigne, aussi, une intonation sur certaines syllabes, une façon d'élever la voix.

Certains accents chantent, modulent les mots dans une ronde musicale : on rejoint, ainsi, l'étymologie de ce terme, venu du nom "accentus" issu, lui-même,"d'un verbe latin "accino", composé sur un autre verbe "cano", "chanter"...

De nombreux mots appartiennent à cette famille : "chanson, chansonnette, chansonnier, chant, chanterelle, chanteur, chantonner, chantre", avec des évolutions phonétiques différentes.

Le nom lui-même, "accent" virevolte, avec sa voyelle nasalisée "an", les consonnes gutturale et sifflante juxtaposées qui forment un contraste saisissant.

Certains accents sont reconnaissables entre mille : l'accent de Toulouse, celui de Marseille, celui du Nord.

L'accent, lié à la musique, nous fait entendre des voix chantantes, des mots qui résonnent de prononciations particulières... 

L'accent rocailleux de Toulouse, la ville rose, l'accent de Claude Nougaro, aux éclats du sud...

L'accent de Pagnol, celui de Giono qui chante des collines imprégnées de lumières et de soleils, les paysages du sud, la garrigue, des parfums de thym, de romarin...

L'accent de Marseille, celui de l'Estaque qui nous fait sentir les embruns de la Méditerranée et des collines environnantes...

L'accent de la langue grecque, si ondoyante, qui chante les îles, Paros, Amorgos, Samos, Santorin, les vagues redoublées de la Méditerranée, des temples antiques de marbre blanc.

L'accent permet, aussi, dans chaque langue, d'exprimer des sentiments divers : joie, surprise, désarroi, tristesse, colère, indignation.

L'accent nous fait entendre la vie, ses joies, ses peines, ses difficultés... des éclats de voix qui s'exaspèrent, qui souffrent, se révoltent, d'autres qui exultent de bonheur.

Les accents ornent, aussi, les mots, les voyelles, de petits signes qui sont comme des repères : l'accent circonflexe coiffe harmonieusement certaines voyelles, indique, parfois, des consonnes disparues ou un allongement... "pêcheur, âpre, pâle, vêtement, tâche, icône, île, pâtre, théâtre..."

Les mots sont comme embellis par ces légers embruns qui les auréolent... ils en acquièrent plus de mystères, de charmes.

Le nom "théâtre" revêt, ainsi, une dimension particulière avec sa voyelle "a", surmontée d'un accent circonflexe, venu d'une ancienne voyelle longue.

Ce mot issu d'un verbe grec "théaomai", "voir, regarder" semble suggérer toutes les harmonies du spectacle théâtral, on peut percevoir, dans l'accent circonflexe, toute la solennité de l'art théâtral.

L'accent n'est-il pas l'image même de la vie ? Associé à la musique, au chant, il révèle de nombreuses nuances, il signe une région d'origine, il peut exprimer des sentiments, nous faire remonter à l'étymologie des mots.

Quelles richesses dans ce seul mot ! L'accent nous fait découvrir un univers plein d'harmonie, de diversité, de contrastes, d'exotisme...

 

 

 

Les dix mots sélectionnés cette année :
 

accent, bagou, griot, jactance, ohé, placoter, susurrer, truculent, voix, volubile

 

 

 

Photo : rosemar

 

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17 mars 2018 6 17 /03 /mars /2018 09:12
Pour le bonheur de parler...

 

 

 

Semaine de la langue française et de la Francophonie du 17 au 25 mars 2018...

Dis-moi dix mots sur tous les tons...

 


La parole, c'est ce qui caractérise l'homme, qui lui permet de s'épanouir, de progresser, d'inventer, de créer....

La parole, c'est une multitude de combinaisons, d'associations, c'est toute la richesse de la pensée humaine, la littérature, la poésie, les sciences, et toutes les connaissances humaines !

Que de mots associés à l'oralité !

 

Avant l'écriture, la littérature elle même a commencé par la parole : des poésies récitées ou chantées au son d'un instrument de musique...

Des aèdes, chez les grecs, des "griots" en Afrique contaient des histoires devant un auditoire émerveillé...

Tout un art du récit mis en oeuvre dès l'antiquité ! Tout un art du conte ! Tout un art de subjuguer ceux qui écoutent !

 

D'ailleurs, la "voix" humaine n'est-elle pas elle-même une mélodie, une façon de souligner les mots, de les faire chanter, grâce à des intonations, des "accents" variés ? Elle exprime des sentiments, des émotions, une sensibilité, colère, joie, tristesse, mélancolie, révolte...

Le nom "accent" ne vient-il pas du verbe latin "cano" qui signifie "chanter" ?

 

Et certains ont un beau "bagou"... certains ont le verbe facile...

Le mot "bagou" très expressif et familier restitue un bonheur de parler, de s'imposer par l'éloquence...

On entend des voix "volubiles", des discours qui n'en finissent pas...

 

La "jactance", quant à elle, est moins sympathique : elle se veut ostentatoire, elle est une envie de se mettre en valeur, elle traduit un certain orgueil.

 

On apprécie le verbe "truculent", haut en couleurs de Rabelais : jeux de mots, accumulation, énumérations, expressivité du vocabulaire, Rabelais fait vivre un langage populaire, il anime ses textes de termes amusants...

 

D'autres, au Québec, aiment bien "placoter"... et ça bavarde et ça papote, et ça potine, et ça fait des commérages...

Que de termes expressifs pour restituer ce bonheur de la parole !

 

Les plus discrets se contenteront de "susurrer" quelques mots à l'oreille du voisin : ce verbe restitue dans ses douces sonorités de sifflante un murmure léger, une envie de secret et de mystère...

 

Il existe ainsi tant de façons de s'exprimer ! 

On peut même interpeller familièrement quelqu'un par cette interjection "ohé !".

C'est comme un cri primitif, une façon de restituer les origines du langage...

L'interjection s'accompagne souvent d'une exclamation pleine de vivacité : c'est un cri, un appel, une façon d'attirer l'attention ou d'exprimer des sentiments.

 

L'oralité est à la mode : les nouvelles technologies font de plus en plus appel à la voix, les connexions vocales se multiplient...

La communication orale permet de faire vivre une langue, mais il ne faut pas négliger l'écriture qui est essentielle pour l'expression d'une pensée structurée et organisée...

 

 

 

 

Les dix mots sélectionnés cette année :
 

accent, bagou, griot, jactance, ohé, placoter, susurrer, truculent, voix, volubile

 

http://www.dismoidixmots.culture.fr/ressources/depliant-2017-2018

http://www.dismoidixmots.culture.fr/atom/3738

 

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16 mars 2018 5 16 /03 /mars /2018 10:18
Du mépris pour les profs...

 

 


Qui respecte, désormais, les enseignants ? Les élèves rompus à l'insolence n'hésitent pas à bavarder, à répondre, à mentir effrontément... Les parents ? Souvent, ils contestent les punitions, accordent toutes les excuses à une forme de paresse, de laisser-aller...

 

L'administration considère les enseignants comme des numéros, ne tient pas compte souvent de leurs difficultés, refuse même de les voir, ferme les yeux.

Les inspecteurs éloignés du terrain, se contentent de prodiguer quelques vagues conseils parfois inutiles.

 

La société dans son ensemble rend les enseignants responsables de tous les échecs des élèves, comme si l'éducation n'était pas l'affaire de tous, comme si les parents n'avaient aucun rôle à jouer...

 

Le ministère pond régulièrement des réformes improvisées, inadaptées et les enseignants en font les frais... les professeurs ont ainsi connu la mode des tests de début d'année : des cahiers étaient édités chaque année pour tester les compétences des élèves avec des codages très complexes...

Puis, ce fut la mode des cahiers d'évaluations rapidement abandonnés eux aussi : les enseignants devaient y noter les différents acquis et progressions de l'élève dans l'année...

 

On a connu en français de nombreuses réformes du baccalauréat : programmes obligatoires avec des oeuvres imposées à l'oral, modification des épreuves écrites, introduction du corpus de textes que les élèves doivent étudier sous forme de synthèse, exercice assez difficile qui n'est pourtant notée que sur 4 points.

 

On a expérimenté aussi des innovations dans le vocabulaire de l'analyse : il fallait utiliser l'expression : "discours narratif" qui contribue à perturber et troubler les esprits puisque les élèves avaient appris antérieurement à distinguer le discours et le récit !

Que d'incohérences ! Que d'absurdités et d'aberrations !

 

Faut-il que les enseignants aient été inquiets, soucieux de garder leur travail pour accepter de subir tant de stupidités et de contraintes !

Faut-il que les enseignants aient été dressés à obéir aveuglément à des ordres venus d'en haut !

 

Les contraintes de travail se font de plus en plus lourdes : l'enseignant est taillable et corvéable à merci, c'est un fonctionnaire, il se doit d'obéir aveuglément à tous les ordres, quels qu'ils soient, il se doit d'être un fonctionnaire zélé...

Comment ne pas voir la désaffection que connaît ce métier ? Comment ne pas voir les dérives de nos sociétés de laxisme, de gabegies ?

 

Je viens d'achever la correction d'un paquet de copies bourrées de fautes, l'exercice n'est même pas maîtrisé et compris : que font ces élèves en lycée ? Ils y sont perdus, dans un milieu qui ne leur correspond pas...

 

 

 

 

 

 

 

 

Du mépris pour les profs...
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7 mars 2018 3 07 /03 /mars /2018 10:04
L'histoire des mots est passionnante...

 

 

Les mots de notre langue remontent souvent à des origines lointaines : 80 % des mots français viennent du latin et du grec...

 

Le sens premier de ces mots permet de mieux comprendre la signification profonde de notre vocabulaire, de percevoir des évolutions notables.

La langue, les mots façonnent et disent notre rapport au monde : ils reflètent une façon de voir le réel...

 

Ainsi, le nom  "κόσμος, cosmos" a des origines grecques : il désigne l'ordre du monde, une forme d'harmonie et de beauté à laquelle les Grecs étaient sensibles...

On peut remarquer que ce mot a gardé en français la forme exacte qu'il avait en grec ancien, avec sa terminaison en -os bien caractéristique.

Le terme "cosmétique" vient aussi de ce radical, avec une spécialisation de sens.

Ce mot a lui-même pris deux significations : il désigne "un produit qui sert à entretenir la peau, à la rendre belle", et il a aussi un sens ironique : "inefficace, qui n'a d'effet qu'en apparence..."

Chute bien misérable pour ce dérivé d'un mot qui désignait d'abord l'ordre du monde !

 

On connaît de nombreux autres mots qui viennent de ce radical : "microcosme, macrocosme, cosmopolite, cosmogonie, cosmologie, cosmique, cosmonaute..."

Cette famille de mots remonte au grec, et on en voit toute la productivité : même un terme qui désigne une réalité moderne "cosmonaute" vient du grec ! Le cosmonaute étant celui qui navigue dans le cosmos...

Le nom "kosmos" ne nous montre-t-il pas toute l'admiration qu'éprouvaient les Grecs pour l'agencement du monde ? Une admiration que nous avons quelque peu perdue... hélas !

Nous oublions, de nos jours, de contempler le monde et ses merveilles, nous ne percevons plus les leçons qu'il nous délivre...

 

Il est utile aussi parfois de connaître l'origine des mots pour mieux comprendre la réalité qu'ils désignent : ainsi, le nom "théâtre" est bâti sur le radical d'un verbe "θεάομαι, theáomai voir, regarder"... on perçoit aussitôt ce qu'est l'art théâtral : un art visuel qui se prête à une mise en scène.

Le nom de la "poésie" est, quant à lui, issu d'un verbe grec : "ποιεῖν poiein", "faire, créer".

On conçoit  bien que la poésie est l'art de créer un nouveau langage qui n'est pas le parler ordinaire.

Ainsi, l'étymologie nous révèle parfois l'essence même des mots.

Autre exemple : la plupart des noms d'arbres nous viennent du latin ou du grec :  "πλάτανος, platanos, platanus, le platane", "populus, le peuplier", "laurus, le laurier", "alnus, l'aulne", "arbutus, l'arbousier", "cedrus, le cèdre", "κυπάρισσος, le cyprès", "ficus, le figuier"...

Le nom générique de l'arbre est lui-même issu d'un terme latin "arbor".

Et tous ces substantifs sont anciennement de genre féminin, les arbres étant reliés à la terre nourricière.

Les anciens pensaient que chaque arbre était habité par une nymphe, chaque arbre était considéré comme un être vivant.

On perçoit ainsi tout le respect qu'avaient nos ancêtres pour la nature, un respect que nous avons, hélas, tendance à négliger, de nos jours.

Les mots ont une histoire révélatrice : ils mettent en évidence la signification profonde de notre vocabulaire, ils traduisent aussi des valeurs, une façon de concevoir le monde...

 

 

 

 

 

L'histoire des mots est passionnante...
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19 décembre 2017 2 19 /12 /décembre /2017 13:30
Peut-on encore sauver le passé simple ?

 

 

Le constat est évident : de nombreux élèves de seconde ne maîtrisent pas le passé simple, ils confondent les différents groupes de verbes, ils commettent d'énormes barbarismes sur certaines formes... Le passé simple est en voie de disparition...

 

Pourquoi cette extinction d'un temps qui est pourtant essentiel dans la langue française ?

 La conjugaison du passé simple ne s'apprend plus qu'aux troisièmes personnes du singulier et du pluriel, en début de collège...

Par souci d'égalitarisme, on a voulu évincer ce temps jugé trop difficile, littéraire, comme on a voulu annihiler le latin et le grec...

Alors, forcément, les élèves sont à la peine pour reconnaître et utiliser ces formes.

 

Il faudrait bien sûr que cet apprentissage intervienne, comme c'était le cas auparavant, dès l'école primaire.

On le sait : le passé simple appartient à la langue écrite, on ne l'utilise jamais à l'oral, c'est pourquoi, il est important de l'enseigner le plus tôt possible.

Le passé simple fait partie de notre patrimoine littéraire : il est employé dans les récits où il marque l'enchaînement des actions, avec une idée de ponctualité, d'instantanéité.... Il indique un fait achevé, délimité dans le temps.

 

Certains disent qu'il faut "tuer ce temps désuet", car le temps s'accélère et d'autres connaissances seraient plus utiles.

"Utile ! Dorénavant, il faut que tout soit utile !"

Comme si les trésors de notre littérature ne méritaient pas d'être préservés !

Comme s'il fallait réécrire tous les textes en supprimant le passé simple !

La modernité ne devrait pas exclure le respect du passé.

Et même dans la littérature contemporaine, le passé simple a tendance à disparaître et à s'effacer.

 

Notre langue est riche de nuances : c'est ce qui en fait toute la valeur et la spécificité... Notre langue est précise, fine, avec de nombreux temps qui expriment différentes subtilités : l'imparfait marque la durée, c'est aussi le temps de la description, le plus-que-parfait indique une antériorité dans le passé, le passé simple peut aussi avoir une valeur d'imparfait à l'intérieur du passé...

 

Sans le passé simple, le récit perd de sa vitalité, il devient statique et morne : le passé composé ne saurait le remplacer à l'écrit.

Les grands récits de notre littérature sont écrits au passé simple : faut-il les jeter aux oubliettes ? Faut-il les mépriser ?

Faut-il renoncer à la poésie de nos grands classiques ? Faut-il ne plus enseigner ces vers célèbres : 

"Ariane, ma soeur, de quel amour blessée
Vous mourûtes aux bords où vous fûtes laissée !" ?

La disparition du passé simple n'est pas inéluctable : il faut restaurer son enseignement, dès l'école primaire, afin que tous les élèves aient accès aux fleurons de notre littérature.

C'est l'excellence qu'il faut viser, non la médiocrité et le nivellement par le bas.

 

 

 

Source : un article du journal Le Point

 

http://www.lepoint.fr/societe/la-fin-du-passe-simple-c-est-la-perte-d-une-nuance-de-l-esprit-19-12-2017-2181037_23.php

 

 

 

Photos : Pixabay

Peut-on encore sauver le passé simple ?
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25 août 2017 5 25 /08 /août /2017 13:24
Galets aux formes oblongues ou arrondies...






Les galets aux formes oblongues ou arrondies resplendissent de lumières, sous les flots : ils s'étirent de reflets, de blondeurs sous le soleil éclatant du sud.

Ils déploient des teintes variées de bruns, blanc, de roses, de pourpres.

Polis par l'eau, les galets aux arrondis pleins de douceurs, révèlent des formes apaisantes et lisses.

Le mot suggère bien la solidité de la substance, grâce à la gutturale "g", empreinte d'âpreté et de rudesse.

Les voyelles "a", "e" s'arrondissent comme pour nous montrer les ovales adoucis de la pierre.

Les galets sculptés par l'eau laissent voir la fluidité des vagues.

Les galets font, parfois, apparaître des micas, des étoiles brillantes, éblouissantes au regard.

Certains sont, même, sculptés par la main de l'homme et deviennent de véritables oeuvres d'art, tel ce galet ramené d'un de mes voyages en Grèce : le bas-relief d'un éphèbe au profil harmonieux...

Ce galet lumineux, d'un blanc de lys, laisse apparaître le profil d'un jeune grec, avec un oeil vu de face, à la manière antique.

Le front ceint d'un bandeau, cet éphèbe aux cheveux savamment bouclés, sourit légèrement. Le menton volontaire, le nez droit, la sérénité du visage, l'oeil épanoui donnent à ce portrait une harmonie pleine de douceur.

Ce galet, souvenir d'un voyage en Grèce, si doux au toucher évoque toute la statuaire antique : des marbres blancs, des formes élégantes, simples, des oeuvres d'art empreintes d'harmonie, de beauté.

Ce simple galet, taillé révèle un goût délicat, un charme fait de modestie, de retenue.

Des éclats de brillance nimbent légèrement la pierre...

Le visage si doux de cet éphèbe, sa limpidité émeuvent : ce galet fait surgir des images de villes antiques : Delphes et sa vallée des oliviers, Olympie, Cap Sounion, Athènes...

 

Le mot "galet", en lui-même suggère des images méditerranéennes, des flots redoublés qui s'enroulent et déferlent sur des plages irradiées de soleil, des embruns marins, des reflets éblouissants...


 





Photos : Pixabay et rosemar

Galets aux formes oblongues ou arrondies...
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19 août 2017 6 19 /08 /août /2017 09:52
N'y a-t-il pas des nymphes glacées dans l'eau des sources ?

 

 


"N' y a-t-il pas des nymphes glacées dans l'eau des sources ? -il en avait, un jour, touché une des lèvres, à même l'eau verte"...

 

Dans cet extrait de son roman intitulé Naissance de l'Odyssée, Giono donne vie aux éléments naturels qui semblent habités de divinités : l'eau des sources peuplée de nymphes, les arbres dans lesquels se cachent des dryades et des hamadryades...

 

 

Giono restitue, ainsi, des croyances antiques : une nature où tout est sensible, une nature qui révèle l'essence du divin... Belle conception animiste du monde !

 

 

Le mot "nymphe", très ancien vient du grec : "νύμφη, númphê", "jeune mariée,  promise, jeune fille..."

Ce nom désigne, d'abord, la "jeune mariée, la fiancée qui porte le voile"et pourrait être apparenté au verbe latin "nubere, prendre le voile pour se marier", et être un dérivé du mot "nubes, le nuage"...

 

La nymphe est, aussi, une divinité secondaire qui hante les bois, les forêts, les fleuves, les sources, les montagnes.

 

 

Le mot rayonne grâce à une voyelle nasalisée, une douce fricative "ph" emplie de charme et de délicatesse. La graphie de ce nom avec le "i" grec, l'ancienne consonne aspirée "ph" lui confèrent un certain mystère et une solennité majestueuse...

 

Les nymphes sont multiples, et leurs noms pleins de poésie : Oréades, Méliades, Naïades, Néréïdes, Alcéides, dryades....

 

On les entend, au détour d'un chemin, quand les arbres bruissent ou quand ruisselle une source, au coeur de l'été...

 

Les nymphes sont partout, dans la fleur qui rayonne, sous l'écorce des arbres, dans la mer où elles ondoient, dans l'eau des fleuves et des rivières...

Les nymphes sont l'âme de la nature, elles nous montrent que tout est vivant, que les arbres, l'eau, les fleuves méritent notre respect...

 

Ces divinités féminines symbolisent à la fois la fragilité et la beauté de la nature environnante.

 

Elles sont partout, tout autour de nous, il suffit d'observer les arbres, les fleurs, le ciel, les nuages pour percevoir toutes les harmonies qui les habitent.

 

Nymphéas, fleurs d'eau, divinités des étangs et de marais ! Elles éclairent les eaux sombres de leurs éclats lumineux !

 

Dryades, hamadryades, elles se cachent dans les replis des arbres !

Nymphes des arbres, cigales aux chants éblouissants, elles font vibrer les pins, les cyprès, les cèdres de leurs paroles douces comme le miel...

 

Les nymphes sont les âmes du monde, elles nous parlent, nous chuchotent l'harmonie et la beauté du monde.


 

 

 

 

 

 

 

Photos : Pixabay

N'y a-t-il pas des nymphes glacées dans l'eau des sources ?
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9 août 2017 3 09 /08 /août /2017 08:02
Il faut réapprendre le français...

 

 

Il faut réapprendre le français dans nos écoles, parce que l'apprentissage de la langue est essentiel : c'est par le langage que s'acquiert la réflexion et que se développe la curiosité.

 

La grammaire est le fondement de cet apprentissage : trop souvent délaissée, cette discipline doit absolument retrouver sa place dans les établissements scolaires.

 

L'étude de la grammaire permet de structurer le fonctionnement de la pensée et la compréhension de la langue.

Comment s'étonner de la baisse du niveau quand on sait que dans le primaire l'horaire hebdomadaire de français a été divisé par deux en moins d'un siècle ?

De la même façon, au collège, les heures de français ont été considérablement réduites.

 

On connaît aussi une des nouvelles lubies des pédagogistes : remplacer la notion de complément par celle du prédicat, une façon d'effacer toutes les nuances de notre langue : complément d'objet direct, indirect, complément circonstanciel de temps, de lieu, de but, de concession etc.

Ces nuances sont essentielles pour une bonne analyse de la langue : elles permettent des repérages, elles sont des jalons dans toutes sortes de textes : narratifs, argumentatifs, descriptifs...

 

A l'école primaire, on n'apprend plus aux élèves des modes et des temps essentiels comme le conditionnel, le subjonctif, le passé antérieur... Pourquoi ? C'est une façon d'éluder des difficultés...

C'est par des révisions successives et répétées que se consolident les apprentissages : mieux vaut aborder ces notions dès le primaire.

 

La modernisation de la grammaire qui passe par une simplification abusive est néfaste : c'est la confusion qui s'impose, alors, dans les esprits.

Ce n'est pas en supprimant les difficultés de la langue française dans l'enseignement que l'on va favoriser son apprentissage, bien au contraire.

En simplifiant à l'extrême, on empêche les élèves de percevoir toutes les subtilités de notre langue.

On leur enlève aussi la possibilité de maîtriser leur outil essentiel de communication.

 

Comment comprendre un texte littéraire ou un simple message si on ne connaît pas la grammaire de la langue et son fonctionnement ? Comment bien communiquer quand on ne sait pas utiliser toutes les nuances du langage ?

 

La grammaire n'est pas innée : elle doit être apprise avec rigueur, elle doit être assimilée progressivement, sans cesse révisée pour une maîtrise sans failles.

 

L'orthographe qui renvoie, souvent, à l'étymologie des mots donne aussi du sens à la langue : un texte bourré de fautes est peu compréhensible...

L'orthographe permet de remonter à l'origine des mots, à leur signification première qui est révélatrice.

 

Grammaire et orthographe méritent d'être réhabilitées dans notre enseignement : il y va de la survie de notre langue, de son rayonnement à travers le monde...

 

 

 

 

 


 

Il faut réapprendre le français...
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