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13 avril 2017 4 13 /04 /avril /2017 13:55
L'étymologie ou la science du vrai...

 

 

 

L'étymologie est essentielle : elle nous fait remonter aux origines des mots, à leur essence : issu du grec " ἔτυμος, étumos" qui signifie "vrai", le terme désigne bien la science du "vrai"...

Cette science nous fait comprendre le véritable sens des mots, leur évolution, leur histoire...

De nombreux termes remontent aux langues grecques et latines : l'étymologie, c'est le retour aux sources, elle nous fait comprendre le sens premier des mots, elle permet de mémoriser l'orthographe.

 

On trouve, ainsi, des familles de mots qui ont une même origine : "misanthrope, anthropophage, anthropologie, anthropomorphe", autant de mots qui renvoient au nom grec "ἄνθρωπος, anthropos" qui désigne l'homme.

 

C'est le terme latin "homo" qui a donné naissance à cette autre famille : "homme, humain, humanité, humanisme" et ce substantif  doit être rattaché au nom latin de la terre "humus".

C'est de là que viennent, aussi,  les mots "humilité, humble".

 

Ainsi, l'homme se définit , dès les origines comme un être vivant sur la terre, attaché à elle, soumis à ses lois, et en ce sens, il devrait faire preuve d'une certaine humilité, une humilité qu'il semble avoir perdue, car l'homme s'acharne souvent à détruire la terre, en la polluant, en se livrant à toutes sortes d'exactions : gaspillage, déforestations, mépris de la nature.

 

Les terriens que nous sommes oublient le respect dû à cette planète pleine de ressources et de merveilles.

L'homme lié à la terre, au cosmos, à l'ordre du monde en vient à pervertir cet ordre et cette harmonie par cupidité, appât du gain.

L'homme, dans son inconscience, en vient à détruire ce qui lui permet de vivre, d'aimer, d'admirer ce "cosmos,  κόσμος," qui désigne en grec "l'ordre".

 

Pourtant, l'homme n'est qu'un "microbe" devant l'immensité du cosmos...

"Microbe", encore un mot venu du grec ! Issu de l'adjectif " μικρός, mikros", comme "microscope, microcosme."

Ainsi, l'étymologie nous permet de comprendre la place de l'homme dans l'univers, elle nous donne des leçons, nous apprend une forme de modestie et de mesure.

On avait envisagé, il y a quelques années, de supprimer l'orthographe d'usage, et de pratiquer une écriture phonétique, mais on voit bien là tout ce que l'on aurait perdu...

La phonétique, justement ! Encore un mot forgé sur un terme grec "phoné" : "la voix", qui doit être associé au "phonème", à l'adjectif "aphone", "sans voix".

 

Si la phonétique est utile, il ne faut pas oublier l'orthographe et l'origine des mots : ceux-ci s'inscrivent dans une longue histoire, ils sont un témoignage précieux du passé.

 

Les mots nous donnent des leçons d'humilité : ils ont traversé des siècles d'histoire, ils nous parlent du passé, nous relient à tous ceux qui nous ont précédés.

 

Les mots, leur étymologie doivent être préservés précieusement, comme la terre sur laquelle nous vivons et qui nous offre tant de sources d'émerveillements...

 

 

 

 

 

 

L'étymologie ou la science du vrai...
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4 avril 2017 2 04 /04 /avril /2017 08:53
Appel aux candidats à la Présidentielle : il faut restaurer l'enseignement du latin et du grec...

 

 

 

Que serions-nous sans mémoire ? Le passé nous construit et nous aide à vivre le présent... Nous avons tous besoin de connaître nos racines, d'où nous venons, qui sont nos parents, nos grands-parents.

Nous avons tous besoin de cet ancrage qui nous donne des repères essentiels...

 

Notre vie même est faite de mémoire, d'acquis, d'apprentissages divers : nous avons tant appris, tant accumulé de savoirs, tant expérimenté...

Le savoir de ceux qui nous ont précédés nous construit ainsi que leur façon de vivre, leurs pensées, leurs perceptions...  Notre culture est faite de lectures, de mots, de sensations...

Elle est, elle-même, ancrée dans le passé...

 

La plupart des mots de notre langue nous viennent du passé : le latin, le grec sont le substrat de la langue française...

 

Or, ces disciplines ont été sacrifiées, annihilées par la réforme du collège initiée par Najat Vallaud-Belkacem.

Cette transmission des savoirs essentielle a été mise au rebut.

Pourtant, les humanités sont si formatrices pour l'apprentissage de notre langue, elles constituent le terreau de nos sociétés, nous sommes les héritiers des romains, des grecs, de toutes ces civilisations qui nous ont précédés et à qui nous sommes redevables.

 

Notre monde a tendance à privilégier l'instant, l'intensité des émotions : il faut vibrer devant des films où la violence se déchaîne, il faut se livrer à des jeux de guerre, il faut se défouler dans des parcs d'attraction où la vitesse, la peur sont créées artificiellement...

Il faut s'évader dans l'illusion d'un monde virtuel, éloigné de la réalité et de la vraie vie...

 

Le latin, le grec, l'orthographe, la grammaire sont la mémoire de notre langue, un passé commun qui nous soude et nous structure... 

Ils nous ouvrent un horizon de réflexions, et nous permettent d'envisager plus sereinement l' avenir.

 

Notre langue nous vient du passé et même si elle évolue, si de nouveaux mots apparaissent, ces mots sont souvent constitués de racines anciennes.

Les gens qui nous ont précédés, nos parents, nos grands-parents font partie de notre héritage.

Ils sont présents en nous, nous aident à vivre, à avancer et par delà la mort, ils nous donnent encore des leçons de vie.

 

Oui, le passé est essentiel, comme l'est l'étude de l'histoire.

Quand je vois un monument du passé, un amphithéâtre, un aqueduc, un vieux mur, je me dis que je fais partie de cette humanité laborieuse, pleine de force et d'inventivité...

Je me dis que l'être humain a su bâtir des merveilles d'architecture...

Je me dis que nous sommes les héritiers de tout ce passé qui nous a permis toujours plus de créativité.

 

Quand je m'exprime, j'utilise tant de mots venus du passé, tant de mots issus de ces langues anciennes, le latin et le grec...

Notre culture, nos arts sont imprégnés de ces humanités, littérature, philosophie, architecture, peinture...

Il est important de rendre hommage à ce passé, de l'avoir en mémoire pour mieux construire l'avenir.

Il est important de restaurer ces disciplines, le latin, le grec.

 

 

Des articles sur l'Odyssée :

http://rosemar.over-blog.com/2015/09/les-deux-premiers-vers-de-l-odyssee-tout-un-art-de-la-seduction.html

 

http://rosemar.over-blog.com/2015/04/des-que-fille-du-matin-parut-l-aurore-aux-doigts-de-rose.html

 

Source :

http://www.lepoint.fr/editos-du-point/sophie-coignard/coignard-presidentielle-le-grec-et-le-latin-s-invitent-dans-la-campagne-30-03-2017-2115824_2134.php

 

Appel aux candidats à la Présidentielle : il faut restaurer l'enseignement du latin et du grec...
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18 mars 2017 6 18 /03 /mars /2017 09:23
Dix mots pour évoquer la toile...

 

 

 

Dans le cadre de la semaine de la langue française et de la Francophonie...


Une sélection de mots pour évoquer la toile, et l'univers informatique : au fond, c'est dans l'air du temps...

La révolution numérique est en marche : elle nous apporte son lot de bonheurs, de découvertes, de surprises plus ou moins bonnes.

 

Comment évoquer le monde du web sans parler d'avatar, de canular, d'émoticônes, et tant d'autres termes expressifs ?

 

Nous possédons presque tous, désormais, un avatar, une représentation virtuelle de notre personnalité, une image symbolique à laquelle nous tenons...

 

"L'avatar" a traversé les siècles pour désigner cette réalité moderne de la toile : ce mot venu du sanskrit désignait dans la religion hindouiste les différentes incarnations du dieu Vishnou. La voyelle "a" redondante signe un mot issu de cette ancienne langue indienne...

"Mahabharata, maharaja, avatar", ces mots résonnent d'un passé prestigieux... et de sonorités exotiques.

 

Autrefois, les "pirates" écumaient les mers, dorénavant ils naviguent sur la toile pour piéger des internautes... Voilà encore un mot ancien puisqu'il remonte au latin "pirata"et au grec "peiratès"..., issu lui-même d'un verbe "peiro" : essayer, se mesurer avec, tenter la fortune.

Le "pirate" évoque tant d'images : des aventures, des combats, des trésors dérobés et enfouis sur quelque île mystérieuse...

On songe à ce roman de Stevenson, L'île au trésor, au personnage de Long John Silver, le pirate à la jambe de bois, aux mille ruses et à la fausse bonhomie.

Il faut se méfier des pirates ! Ils peuvent être machiavéliques...

Ce mot en arrive à désigner une réalité très moderne liée au monde informatique...

 

Le "nomade" permet un échange sans que l'on soit relié à une installation fixe. Encore un mot ancien, venu d'un terme grec "nomas", désignant celui qui change de pâturage, qui erre à la façon des troupeaux.

Voilà un terme agricole intégré dans l'univers de la toile !

 

On connaît, aussi, le "fureteur" qui consulte des articles sur internet, qui cherche des informations. Et une fois de plus, la modernité rejoint le passé : le mot fureteur est formé sur le nom de cet animal "le furet", qui court sans arrêt, lui-même venu du latin "fur", le voleur...

 

Comment ne pas évoquer aussi le "nuage" informatique ? Issu du latin "nubes", la nuée, ce mot nous fait encore remonter vers les origines de notre langue, et vers un passé mythique.

 

On peut, dorénavant, "héberger" un site internet, l'accueillir sur son ordinateur, comme on le faisait pour un hôte, en vertu des lois de l'hospitalité, sacrées pour les grecs de l'antiquité...

 

On peut enregistrer aussi des "favoris", des sites, des adresses internet qui ont notre faveur : encore un mot que nous devons à la langue latine : "favor" signifie la faveur...

 

Et même un mot comme "l'émoticône", qui paraît si moderne, nous vient de l'antiquité... Issu du latin "motio, l'action d'émouvoir, le trouble" et du grec "eikon, l'image", ce terme qui désigne ces petits visages stylisés, accompagnant des messages, nous est maintenant familier..

 

Quant au "canular" de plus en plus fréquent sur la toile, il doit être rapproché du terme "canule" par allusion au caractère désagréable des lavements administrés avec cet objet. Le canular vise à tromper, à abuser les internautes qui se laissent souvent piéger. Et nous devons la canule à un radical latin "canna" : la canne, le tuyau...

 

Il reste un mot qui semble bien éloigné des langues anciennes "télésnober" : si le deuxième élément du mot est anglais, le premier remonte à la langue grecque : "télé" signifie "loin"...

"Télésnober", c'est le fait d' ignorer des personnes physiquement présentes en consultant son téléphone ou un autre appareil mobile : une pratique de plus en plus courante...
 

 

Dans ce voyage à travers la toile, comment ne pas être étonné de tout ce vocabulaire si ancien qui désigne des réalités de notre monde ?

Ainsi, les mots de la toile prennent racine dans des langues anciennes, le latin, le grec, le sanskrit qui sont le substrat de la langue française...


 


  

 
 

http://www.dismoidixmots.culture.fr/ressources/depliant-2016-2017

 

http://www.dismoidixmots.culture.fr/ressources/thematique-dix-mots-2016-2017

Dix mots pour évoquer la toile...
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8 janvier 2017 7 08 /01 /janvier /2017 10:23
L'épiphanie remonte aux origines du monde...

 

 


 

L'épiphanie : voilà un mot plein de mystères et chargé d'histoire... Le mot "épiphaneia" remonte à la langue grecque où il désigne une apparition divine, parfois, aussi, le jour qui se lève et fait surgir la lumière.

 

Le terme a été, ensuite, adapté dans la religion chrétienne, il évoque la visite des Rois mages venus célébrer la naissance du  Messie et lui offrir des cadeaux somptueux : l'or, la myrrhe et l'encens.

 

La myrrhe, résine aromatique, baume cutané, symbole de vie, l'encens, résine aux senteurs divines, l'or si rare et précieux...

La myrrhe, l'encens, des mots mystérieux, emplis de poésie, suggèrent des trésors recherchés et prisés.

 

Melchior, Gaspard, Balthazar, venus d'Europe, d'Asie, d'Afrique rendent hommage au nouveau-né.

De nombreux tableaux représentent cette scène : peintures de Fra Angelico, Botticelli, fresques de Cappadoce, icônes byzantines, tant d'oeuvres qui suscitent l'imagination...

Les Rois Mages installés dans la crèche sont des personnages somptueusement vêtus d'habits et de brocarts colorés...

 

Mais, comme la fête de Noël, l'épiphanie est, à l'origine, une célébration païenne de la lumière...

 

Le mot rayonne : il symbolise, d'abord, une manifestation de la lumière qui renaît après le solstice d'hiver...

 

Labiale, fricative confèrent de la douceur à ce nom venu d'un lointain passé, douceur de la lumière qui s'annonce, douceur des jours qui grandissent et qui préparent un renouveau.

 

L'épiphanie remonte aux origines du monde : une envie de célébrer une forme de renaissance, un espoir attendu.

 

En ce début de l'hiver, quand les froids sont rudes et glacés, on aspire plus particulièrement à des horizons plus chaleureux. On guette, au fil du temps, la croissance des jours.

 

L'épiphanie renvoie, aussi, à l'enfance, à ce jour unique où l'on tirait les rois : de nos jours, la galette est devenue le quotidien de beaucoup de familles, au mois de janvier.

 

Mais, autrefois, on fêtait l'Epiphanie le 6 janvier : c'était un jour unique où l'on se réunissait devant la galette et où était élu le roi ou la reine de la fête.

 

En Provence, c'était une couronne des rois, garnie de fruits confits qui faisait office de galette... un rituel ancien qui s'est perpétué : les enfants sont invités à désigner le morceau de gâteau qui revient à chaque convive.

 

L'occasion de se réunir autour d'un dessert festif, l'occasion de couronner un roi ou une reine, celui ou celle qui a découvert la fève ou la petite figurine cachée dans la brioche...

 

Un rituel païen, malgré l'origine chrétienne de cette fête, un rituel sympathique, chaleureux...

 

Un rituel qui mérite d'être préservé, même si l'on n'est pas croyant.

 

Désormais, l'Epiphanie se fête souvent  le premier dimanche qui suit le 1er janvier : cette année, le 8 de ce mois... dès aujourd'hui, nous allons, donc, guetter des clartés nouvelles...

 

 

Frédéric Mistral raconte, dans ses souvenirs d'enfance, cette merveilleuse rencontre de la lumière et des Rois mages : les mères invitent les enfants à aller au-devant de ces Rois... On perçoit toute la naïveté et tout l'enthousiasme de la jeunesse.

 

"Et de courir, et de courir, à la rencontre des Rois
avec nos gâteaux, nos petites galettes, et les poignées de
foin pour les chameaux. Puis, le jour défaillait. Le soleil, obstrué par un
nuage énorme, s’évanouissait peu à peu. Les babils
folâtres calmaient un brin. La bise fraîchissait et les
plus courageux marchaient en retenant.

Tout à coup :
– Les voilà !
Un cri de joie folle partait de toutes les bouches... et
la magnificence de la pompe royale éblouissait nos
yeux. Un rejaillissement, un triomphe de couleurs
splendides, fastueuses, enflammait, embrasait la zone
du couchant ; de gros lambeaux de pourpre
flamboyaient ; et d’or et de rubis, une demi-couronne,
dardant un cercle de long rayons au ciel, illuminait
l’horizon.
– Les Rois ! les 
– Les Rois ! les Rois ! voyez leur couronne ! voyez
leurs manteaux ! voyez leurs drapeaux ! et leur
cavalerie et les chameaux qui viennent !
Et nous demeurions ébaubis... Mais bientôt cette
splendeur, mais bientôt cette gloire, dernière échappée
du soleil couchant, se fondait, s’éteignait peu à peu
dans les nues ; et, penauds, bouche béante, dans la
campagne sombre, nous nous trouvions tout seuls :
– Où ont passé les Rois ?
– Derrière la montagne.
La chevêche miaulait. La peur nous saisissait ; et,
dans le crépuscule, nous retournions confus, en
grignotant les gâteaux, les galettes et les figues, que
nous apportions pour les rois..."

 

Plus loin, l'auteur provençal évoque la crèche installée dans l'église :

 

"Nous autres, affolés, nous nous faufilions, entre les
jupons des femmes, jusques à la chapelle de la Nativité,
et là, suspendue sur l’autel, nous voyions la Belle
Étoile ! nous voyions les trois Rois Mages, en manteaux
rouge, jaune, et bleu, qui saluaient l’Enfant Jésus : le roi
Gaspard avec sa cassette d’or, le roi Melchior avec son
encensoir et le roi Balthazar avec son vase de myrrhe !
Nous admirions les charmants pages portant la queue de
leurs manteaux traînants ; puis, les chameaux bossus
qui élevaient la tête sur l’âne et le bœuf ; la Sainte
Vierge et saint Joseph ; puis, tout autour, sur une petite
montagne en papier barbouillé, les bergers, les bergères,
qui apportaient des fouaces, des paniers d’œufs, des
langes ; le meunier, chargé d’un sac de farine ; la bonne
vieille qui filait ; l’ébahi qui admirait ; le gagne-petit
qui remoulait ; l’hôtelier ahuri qui ouvrait sa fenêtre, et,
bref, tous les santons qui figurent à la Crèche. Mais
c’était le Roi Maure que nous regardions le plus."

 

Le texte de Mistral :

http://elg0002.free.fr/pdf/mistral_mes_origines.pdf

 

 

L'épiphanie remonte aux origines du monde...
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30 novembre 2016 3 30 /11 /novembre /2016 11:52
La moitié d'un grand soleil rouge nous regardait...

 

 


"Le voisin attela son cheval, la tante enveloppa Augustine dans des châles, et nous voilà partis au petit trot, tandis que sur la crête des collines la moitié d'un grand soleil rouge nous regardait à travers les pins."
 

C'est ainsi que Marcel Pagnol anime une scène familière d'un soleil aux teintes de pourpre, dans un extrait de son roman, La Gloire de mon père...

 

L'adjectif "rouge" nous fait admirer de belles couleurs de feux, des éclats rubescents, des fleurs aux teintes flamboyantes, coquelicots, hibiscus, roses, dahlias...

Le mot rayonne de ses consonnes gutturale et chuintante, emplies l'une de force, l'autre d'une certaine douceur : le rouge évoque la violence, le sang, mais aussi l'amour, la passion...

 

Le rouge fait vibrer et briller les lèvres, il attire, séduit, rutile, flamboie...

Rouge des fruits, des fleurs, rouge des soleils couchants qui éclaboussent les paysages.

 

Ce mot ancien remonte au latin "rubeus" et "ruber", "rouge"... On retrouve ce radical dans quelques mots "rubescent, rubicond, rubéole, rubis, rubicelle, rubiette..."

Des termes, aux sonorités antiques, des mots qui évoquent des pierres précieuses, un oiseau à plumage rouge, des couleurs très vives.

La rubiette nous étonne, nous fait rêver, avec son joli suffixe de diminutif, comme la rubicelle, un rubis de couleur claire...

Ces vocables sont pleins de charmes, par leur rareté, leurs sonorités, leurs significations...

 

Tous ces mots remontent, aussi, à un plus lointain ancêtre grec, "éruthros, rouge". Le mot Érythrée, du grec "Ἐρυθραίᾱ, la rouge", désigne la partie africaine des côtes méridionales de la mer Rouge...

 

Ainsi, la couleur "rouge" nous éblouit de mots anciens, aux éclats divers...

Le mot suggère tant de réalités, le vin, le cuivre, le sang, la terre argileuse et rouge...

 

Tant de paysages de couchers de soleils aux teintes rougeoyantes !

Tant de fleurs aux éclats de pourpre ! Des feuilles d'automne aux couleurs de rouille, d'un rouge vif étincelant !

Des épices flamboyantes aux goûts relevés, des brasiers de lumières !

Grenats, spinelles, rubis, noms flamboyants de pierres précieuses !

 

Rouge de colère, de plaisir, de confusion, la couleur rouge évoque tant de sentiments !

Rouge la vie, rouge, la beauté ! Rouge du danger et de la passion, de la fête et du pouvoir !

Rouge de la révolte et de l'indignation !

 

 

 

http://expositions.bnf.fr/rouge/bande/bande.htm

 

 

 

 

Photos : Pixabay

La moitié d'un grand soleil rouge nous regardait...
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8 novembre 2016 2 08 /11 /novembre /2016 16:34
Des archipels de nuages...

 

 

 

"J'aime les soirs sereins et beaux, j'aime les soirs,
Soit qu'ils dorent le front des antiques manoirs
Ensevelis dans les feuillages ;
Soit que la brume au loin s'allonge en bancs de feu ;
Soit que mille rayons brisent dans un ciel bleu
A des archipels de nuages."


C'est ainsi que  Victor Hugo décrit des Soleils couchants dans un poème extrait de son recueil  intitulé Les feuilles d'automne : les nuages évanescents deviennent des "archipels"...
 
Le mot "archipel" désigne, d'abord, un groupe d'îles formant une unité géographique : on connaît l'archipel des Antilles, des Philippines, celui des Cyclades...
Victor Hugo emploie ce terme dans un sens imagé : les nuages, au soleil, couchant, dispersés dans le ciel, font souvent penser à des îles...
 
Venu du grec ancien "Αἰγαῖον πέλαγος, Aigaîon pélagos,  Mer Égée", devenu "arcipelago" en italien, puis "archipel" en français, ce nom propre s'est transformé, par antonomase, en un nom commun : la mer Egée parsemée d’îles, est devenue un nom générique, a fini par évoquer un ensemble d'îles !

Le premier élément du mot pourrait provenir, aussi, du verbe grec "archo, mener, gouverner, commander", le terme, dans son ensemble, désignant, alors, la Mer principale.

Etonnante étymologie !
 
Ce mot aux sonorités de gutturale, chuintante, labiale, aux voyelles diverses nous séduit, nous emmène dans un monde exotique et lointain, vers des îles secrètes, aux paysages pleins de charmes.
 
L'archipel évoque des images de soleil, de mers, de vagues : le mot contient anciennement le nom même de la mer, "pelagos", qui lui a donné sa finale abrégée -pel. Ce substantif, employé surtout en poésie, désigne, en grec ancien, la haute mer...
 
L'adjectif "pélagique" vient de ce radical et désigne tout ce qui est relatif au milieu marin, à la haute mer, notamment.
 
Tout le monde connaît l'autre mot grec, plus classique, qui sert à évoquer la mer : "thalassa".
 
La mer Egée, connue pour ses archipels d'îles, notamment les Cylades aux noms remplis de poésie : Amorgos, Délos, Naxos, Paros, Santorin, est bien une mer chargée de symboles, d'histoires et de mythes anciens.
 
Le nom même des "cyclades" suggère une forme de cercle et vient du mot grec "kuklos" : les îles forment un cercle autour de l'île sacrée de Délos.
 
Cet archipel comporte 2200 îles et îlots !
 
Quel éclat dans ce mot, quelle luminosité ! L'archipel est comme un éclat d'îles disséminées dans la mer, comme un envol d'oiseaux qui se dispersent dans le ciel !
 
On voit, aussi, des galets épars sur le sol, de formes diverses, aux couleurs variées...
 
Ce mot "archipel" aux sonorités éblouissantes est souvent utilisé dans un sens imagé : images de nuages qui se dissipent, ou d'embruns moutonnants sur la mer...
 
 
 

 

Le poème de Victor Hugo :

http://www.poetes.com/hugo/soleils.htm

 

 

Photos : rosemar

Des archipels de nuages...
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26 septembre 2016 1 26 /09 /septembre /2016 16:10
La saison du bonheur des vendanges...

 

 


C'est la saison des vendanges, le temps de récolter le vin nouveau ! Des grappes de fruits dorés, aux teintes de pourpre sombre s'offrent à nous...

Les fruits ronds s'alourdissent des chaleurs de l'été finissant.

C'est le moment de la fructification, du bonheur de la récolte, savamment préparée, c'est la promesse de vins nouveaux et chaleureux...

Les vignes chargées de fruits déroulent des grappes aux teintes bleutées, aux couleurs de soleil et de lumières.
Les grains forment des cascades...des ruisseaux ondoyants où s'étagent les fruits... 
L'automne ! La saison du bonheur des vendanges !

Le mot danse grâce à sa voyelle nasalisée redoublée, il évoque la joie, le plaisir de la récolte nouvelle qui s'annonce...

Les différentes consonnes, fricative initiale, dentale "d", chuintante "g" nous disent tant d'éclats emplis de douceur...

Les vendanges... le mot souvent au pluriel traduit aussi une abondance, il annonce une générosité, une prodigalité.

Les romantiques ont souvent décrit l'automne comme la saison du déclin, et de la mélancolie. Mais c'était oublier que l'automne est aussi la saison des vendanges, associées au vin nouveau... Le vin qui symbolise la vie, parfois la connaissance, notamment dans l'oeuvre de Rabelais...

Le mot a, bien sûr, des origines lointaines : on ne s'en étonnera pas, les grecs, les romains pratiquaient la culture de la vigne.
 Les vins étaient, pour les romains, adeptes de Bacchus, un breuvage sacré, un nectar digne des dieux.


Le mot vient du latin "vindemia", terme composé de deux radicaux : "vinum", le vin, et un verbe "demo" qui signifie "prendre, retirer".

"Prendre le vin" ! récolter cette moisson de nectars attachés à des terroirs si nombreux et divers...

"Le vin, la vigne, les vendanges", tous ces mots ont un ancêtre commun : le nom qui désigne le vin, en grec ancien "woinos, oinos", de là viennent les termes savants : "oenologie, oenologue".

Le mot "vendémiaire" désignait, dans le calendrier républicain, le mois des vendanges qui allait du 22 septembre au 21 octobre... encore un joli mot rattaché au radical latin "vindemia'...

Bien sûr, depuis toujours, les vendanges sont soumises à des aléas climatiques : cette année, la chaleur tardive et intense de la fin du mois d'août, les orages, la grêle ont parfois anéanti des vignobles, réduisant à néant les efforts des paysans.

Les vignobles demandent un travail lent et patient, les vignes réclament des soins réguliers. Et les vendanges sont la récompense d'un dur labeur et d'un savoir ancestral.

Les vendanges représentent la fête du vin nouveau, elles évoquent des images lumineuses de fruits mûris au soleil, elles ouvrent la douce saison de l'automne... 


 

 

 

 

 

Photos : Pixabay

La saison du bonheur des vendanges...
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24 septembre 2016 6 24 /09 /septembre /2016 10:17
Avec le pampre de la vigne...

 

 

 

 

On se souvient de ces vers célèbres de Brassens, extraits de la chanson Dans l'eau de la claire fontaine...

 

"Avec le pampre de la vigne

Un bout de cotillon lui fis
Mais la belle était si petite
Qu’une seule feuille a suffi"...

 

 

Le mot "pampre"associé à la vigne fait surgir des images de plaisirs, et un certain hédonisme.

Le pampre... voilà un mot plein de sensualité et de charme, avec sa labiale réitérée, sa voyelle nasalisée, "am", avec une pointe d'âpreté que suggère la gutturale "r"...

Avec le pampre, on admire des feuilles, des fruits gorgés de soleil, des couleurs sombres ou éclatantes de noir, de xanthe...

Des grappes enroulent leurs grains autour des feuilles découpées, elles montrent des fruits serrés, denses...

Les fruits s'arrondissent, renvoyant la lumière, nimbés de nuées, ivres de sucs...

Les pampres forment des décors en arabesques, des tourbillons de feuilles, des enroulements sinueux qui envoûtent.

La voyelle nasalisée "an" suggère ces envols de feuilles...

Le pampre, c'est toute la poésie de la nature : branche, feuilles, fruits, couleurs...

Le pampre, c'est le vin, la gaieté, l'insouciance, les rires qui fusent.


Ce mot plein de résonances, évoque tant d'images de lumières : fruits mûrissants sous le soleil, fruits qui s'épanouissent et s'offrent à nous...

Les grappes s'écoulent comme des sources, elles épanchent leurs grains avec générosité...

Les feuilles forment des verdures abondantes autour des fruits, elles les enserrent, les entourent de leurs éclats découpés.

Les pampres évoquent la fête, le dieu Bacchus d'autrefois, les Bacchanales où le vin coulait à flots...

Le mot nous vient, ainsi, de l'antiquité : issu du latin "pampinus", à rapprocher du grec "ampélos, la vigne", ce terme ancien aux sonorités de labiale évoque des idées de séduction.


Le pampre contient le monde par ses formes, ses couleurs : nourriture, vin, rondeur des fruits, sources abondantes...






 Photo : Pixabay

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15 septembre 2016 4 15 /09 /septembre /2016 12:16
Des cours de latin, le mercredi après-midi !

 

 

 

Du jamais vu au lycée ! Des cours de latin et de grec ont été placés le mercredi après-midi, alors que cette plage horaire est normalement consacrée à un temps de repos, en milieu de semaine...

Une façon de décourager les élèves de suivre ces options, déjà sacrifiées en collège par la dernière réforme mise en place dès cette année.

 

Ces langues anciennes sont, ainsi, mises au rebut, alors qu'elles sont si formatrices....

Comment peut-on espérer promouvoir le latin et le grec, quand ces enseignements sont relégués en fin de journée, de 16 h à 18 heures ou le mercredi après-midi ?

 

Les professeurs de lettres classiques ont bien du mérite : ils essaient contre vents et marées de maintenir leur discipline dans les lycées.

Mais dans une société utilitariste, à quoi bon faire du latin et du grec ?

A quoi bon apprendre des langues "mortes" ?

Comme si ces langues du passé n'étaient pas essentielles, comme si ces langues ne survivaient pas à travers notre propre langue : la plupart des mots que nous utilisons viennent du latin et du grec, nos grands auteurs se sont, maintes fois, inspirés de la littérature antique.

 

Le latin et le grec permettent, ainsi, de remonter aux sources de notre culture, de mieux l'assimiler, de mieux la comprendre.

Ces langues anciennes offrent un cadre rigoureux pour l'apprentissage de la grammaire, on peut, aussi, grâce à elles, mieux appréhender la formation des mots, leur étymologie, leur sens originel, souvent révélateur.

 

Le latin et le grec sont, de plus, une ouverture sur l'histoire de l'antiquité, l'archéologie, ou encore les arts du passé, l'architecture, la peinture, la statuaire...

 

Ainsi, ces deux langues favorisent et développent la curiosité des élèves.

Or, de plus en plus, ces enseignements sont jugés inutiles, ils sont dépréciés et dévalorisés.

Une formation humaniste est pourtant essentielle dans une société en perte de repères. Tous les jeunes ont besoin de cet ancrage dans le passé.

 

La culture antique est si riche d'oeuvres diverses : théâtre, poésie, littérature, philosophie, histoire...

Il suffit de lire l'Odyssée d'Homère pour comprendre tout l'héritage que nous devons à cette culture venue du passé : un récit d'aventures passionnantes où l'homme est confronté à de nombreuses épreuves, un récit qui nous permet de saisir le sens de la vie, une épopée, un poème, un roman aux multiples péripéties... Une histoire universelle aux messages pleins d'enseignements.

 

Il suffit de lire les fables d'Esope, de Phèdre pour percevoir ce que nous devons à ces auteurs anciens...

La lecture de L'âne d'or d'Apulée nous offre une plongée dans un univers fantastique, plein de fantaisie...

C'est, là, tout le creuset de notre littérature, un retour aux sources qui permet de comprendre notre histoire littéraire.

Le latin et le grec ne méritent pas cette mise au rebut : ces langues si formatrices sont à l'origine de notre culture, et il paraît essentiel de préserver et de perpétuer cet héritage.

 

 

 

 

Des cours de latin, le mercredi après-midi !
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9 septembre 2016 5 09 /09 /septembre /2016 15:56
Un poète d'autrefois : l'aède...

 

 

 

La langue grecque, par ses sonorités, ses graphies, n'est-elle pas, en elle-même, une ode à la poésie ? Et l'aède de l'antiquité symbolise tout un univers poétique...

 

Voici un extrait de l'Odyssée qui illustre bien le rôle essentiel de ces poètes du passé, que l'on appelait des aèdes :

 

Ἀλκίνοε κρεῖον, πάντων ἀριδείκετε λαῶν,
ἦ τοι μὲν τόδε καλὸν ἀκουέμεν ἐστὶν ἀοιδοῦ
τοιοῦδ', οἷος ὅδ' ἐστί, θεοῖσ' ἐναλίγκιος αὐδήν.
οὐ γὰρ ἐγώ γέ τί φημι τέλος χαριέστερον εἶναι
ἢ ὅτ' ἐϋφροσύνη μὲν ἔχῃ κάτα δῆμον ἅπαντα,
δαιτυμόνες δ' ἀνὰ δώματ' ἀκουάζωνται ἀοιδοῦ
ἥμενοι ἑξείης, παρὰ δὲ πλήθωσι τράπεζαι
σίτου καὶ κρειῶν, μέθυ δ' ἐκ κρητῆρος ἀφύσσων
οἰνοχόος φορέῃσι καὶ ἐγχείῃ δεπάεσσι·


 "Roi Alkinoos, le plus illustre de tous les peuples, il est doux d'écouter un aède tel que celui-ci, semblable aux dieux par la voix. Je ne pense pas que rien soit plus agréable. La joie saisit tout ce peuple, et tes convives, assis en rang dans ta demeure, écoutent l'aède. Et les tables sont chargées de pain et de chairs, et l'échanson, puisant le vin dans le cratère, en remplit les coupes et le distribue...", ainsi parle Ulysse, dans un extrait du chant IX de l'Odyssée...




Le mot "aède" évoque immanquablement l'antiquité grecque, le poète Homère, des oeuvres qui sont à l'origine de notre littérature, deux épopées illustres : L'Iliade et l'Odyssée...

L'aède est à la fois poète et chanteur : il accompagne ses poèmes, au son d'un instrument de musique, une cithare ou une lyre.

Le mot vient du verbe grec "
ἀείδω,aeido, ou ado, chanter"... 


Ce radical est à l'origine de nombreux autres mots français, même si on ne le perçoit pas toujours : "l'ode, la mélodie, la tragédie, la comédie, la monodie" comportent ce même radical, avec un timbre '"o". Le rhapsode, étymologiquement celui qui "coud ou ajuste des chants", est proche de l'aède, mais il ne compose pas, lui-même, ses chants.

L'aède est mis en scène, à plusieurs reprises, dans les épopées anciennes : dans l'Odyssée, on le voit apparaître sous les traits de Démodocos, le poète aveugle, image probable de l'auteur grec, lui-même, Homère.

Il est aède à la cour d'Alkinoos et apparaît aux chants VIII et IX de l'épopée. Ulysse, échoué sur l'île des Phéaciens, après avoir été malmené par une terrible tempête, assiste à un banquet donné en son honneur. Démodocos chante, alors, des épisodes de la guerre de Troie : notamment la querelle entre Ulysse et Achille, ce qui déclenche les larmes du héros.

La lyre est l' instrument de l'aède : selon la légende, la lyre ou phorminx fut inventée par Hermès à partir d'une carapace de tortue à laquelle étaient fixées deux cornes d'antilope et des cordes de boyau. Hermès l'offrit à Apollon dont elle devint l'instrument privilégié et l'un des attributs. 

La littérature, à l'époque d'Homère, était essentiellement orale : les aèdes composaient et apprenaient des poèmes qu'ils récitaient, au son d'un instrument de musique.

Musique et poésie étaient, ainsi, dès les origines intimement liées et indissociables : la poésie fait intervenir des rythmes, des effets sonores, des échos...


L'aède symbolise bien cette association : il est représenté, dans l'antiquité, sous les traits d'un aveugle, inspiré par les dieux, comme si la cécité lui conférait un statut divin, et lui donnait une intériorité particulière, propice à la créativité.

L'aède, celui qui chante et fait vivre la poésie était essentiel, à l'époque d'Homère : il représentait la mémoire des peuples, il était aussi, à lui tout seul, un spectacle vivant, grâce à la musique, à la beauté des textes, il avait la capacité d'émouvoir tout un auditoire : l'aède revêtait un caractère sacré, il était souvent assimilé à un dieu...


"L'illustre aède, le divin aède" : ces épithètes soulignent la vénération que suscitaient ces poètes de l'antiquité.

Créateurs, musiciens, chanteurs, ils étaient des artistes complets qui provoquaient le respect et l'admiration...


 

 

 

Homère :

 

http://expositions.bnf.fr/homere/it/13/01.htm

 

http://expositions.bnf.fr/homere/it/12/05.htm

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