Rêves de profs... ou plutôt cauchemars, car les nuits des enseignants sont parfois agitées et houleuses, notamment en fin de trimestre, quand la fatigue se fait plus pesante...
Ce métier prenant qui envahit l'esprit nous poursuit, parfois, jusque dans notre sommeil : élèves agités, bavards, indisciplinés peuvent hanter nos pensées, même pendant la nuit.
Dans ces visions nocturnes, voilà que je me sens dépassée par la situation, incapable de contrôler une classe, je me sens débordée, complètement écrasée par le poids des responsabilités...
Il m'est arrivé de me réveiller, en pleine nuit, en sursaut, en criant : TAISEZ-VOUS !
D'autres fois, je perdais des copies d'élèves... c'est, là, une des angoisses des profs les plus fréquentes, car on réceptionne, souvent, un nombre impressionnant de devoirs à corriger...
D'autres fois, pressée par le temps, je n'arrivais pas à remplir les bulletins de fin de trimestre et j'étais prise de panique...
Certains élèves dissipés, voire perturbateurs nous amènent, aussi, à élaborer des stratégies nocturnes.
Punitions à prévoir, mesures de rétorsions, sanctions diverses...
Parfois, c'est la préparation d'un cours qui envahit nos nuits : soudain, de nouvelles idées viennent à l'esprit et permettent de compléter un travail entrepris.
Les enseignants peuvent aussi faire des cauchemars d'inspecteurs : inspecteurs tyranniques et virulents qui font preuve d'abus d'autorité.
La hiérarchie peut débouler dans nos nuits agitées : une convocation dans le bureau du proviseur peut entraîner des soucis qui génèrent des nuits agitées.
Les parents d'élèves viennent, parfois, même, au coeur de la nuit, me demander des comptes, et me poursuivent de leurs récriminations...
Des notes trop sévères, des punitions qui seraient injustifiées, trop de travail pour les élèves, le défilé des parents peut être cauchemardesque...
Non, je ne rêve même pas de ces cours merveilleux où les élèves participent avec bonheur, où ils me montrent tout l'intérêt qu'ils portent à mon enseignement.
Je ne rêve pas de ces moments de complicité où les rires fusent, où l'on éprouve un bien-être et un enchantement face à certaines classes.
Le plus souvent, ce sont les soucis qui prennent le dessus et qui envahissent l'espace nocturne.
Le plus souvent, la nuit apporte son lot d'inquiétudes et d'angoisses renouvelées.
D'autres métiers génèrent, sans doute, des tourments, mais l'enseignement reste une des professions les plus exposées à ces troubles nocturnes.
De quoi rêvent les profs ?
Ce métier qui accapare l'esprit revient, parfois, hanter nos nuits, et réveiller des peurs primaires.
Photos : rosemar